Artémisinine
LâartĂ©misinine (chinois traditionnel : éèżçŽ ; pinyin : ) est la substance active mĂ©dicamenteuse isolĂ©e de la plante Artemisia annua (chinois traditionnel : éèż ; pinyin : ) et dont la vertu mĂ©dicinale est connue en Chine depuis plus de 2 000 ans. Il s'agit d'une lactone sesquiterpĂ©nique portant un groupe peroxyde qui semble ĂȘtre le fer de lance de son efficacitĂ© thĂ©rapeutique.
Artémisinine | |
Identification | |
---|---|
Nom UICPA | (3R,5aS,6R,8aS,9R,12S,12aR)-octahydro-3,6,9-triméthyl-3,12-époxy-12H-pyrano[4,3-j]-1,2-benzodioxépin-10(3H)-one |
Synonymes |
(3R,5aS,6R,8aS,9R,12S,12aR)-3,6,9-triméthyloctahydro-3,12-epoxy[1,2]dioxépino[4,3-i]isochromén-10(3H)-one |
No CAS | |
No ECHA | 100.110.458 |
Code ATC | P01 |
SMILES | |
InChI | |
Apparence | poudre blanche |
Propriétés chimiques | |
Formule | C15H22O5 [IsomĂšres] |
Masse molaire[1] | 282,332 2 ± 0,015 g/mol C 63,81 %, H 7,85 %, O 28,33 %, |
Liaison hydrogĂšne | donneur nul (0 kJ·molâ1) accepteur modĂ©rĂ© (5 kJ·molâ1) |
DiamÚtre moléculaire | 550 nm |
Propriétés physiques | |
T° fusion | 152 à 157 °C |
T° ébullition | décomposition ℠193 °C |
Solubilité | peu soluble dans l'eau (51,9 mg/L-1 à 20 °C) ou dans l'huile soluble dans les solvants apolaires (51,9 mg/L-1 à 25 °C, à 298 K et pH=7,2) |
Masse volumique | 1,24 g·cm-3 |
T° d'auto-inflammation | 370 °C |
Pression de vapeur saturante | 2,18Eâ06 mmHg (Ă 25 °C) |
pression constante | 4,92Eâ09 atm-m3/mol (Ă 25 °C) |
taux d'OH constant | 4,33Eâ11 cm3/molĂ©cule-sec |
Propriétés optiques | |
Pouvoir rotatoire | +76° (méthanol, 0,5 g·L-1) |
Précautions | |
SGH | |
Attention | |
Incendie | des NOx peuvent ĂȘtre libĂ©rĂ©s |
Sécurité | fiche de données de sécurité[2] |
Directive 67/548/EEC | |
O N |
|
Transport | |
Ăcotoxicologie | |
DL50 | 5 576 mg·kg-1 (rats, oral) 2 571 mg·kg-1 (rats, IM) |
CL50 | 1 ng-240 minâmL |
LogP | LogP3-AA[note 1] : 2,8 |
DJA | 1 g (oral) |
Seuil de lâodorat | inodore |
Données pharmacocinétiques | |
MĂ©tabolisme | sanguin |
Demi-vie dâĂ©lim. | 1,9 Ă 2,6 heures |
Stockage | 2 ans (entre 15 et 25 °C) |
Excrétion | |
Considérations thérapeutiques | |
Classe thérapeutique | antipaludique, anthelminthique |
Voie dâadministration | per os, intrarectale, IM, IV |
Grossesse | interdit |
Conduite automobile | pas de contre indication |
Précautions | per os, intrarectale et IM : aucune Par IV : anémie hémolytique dans 10 à 25 % des cas interaction avec le warfarin potassium[3], décomposition par les oxydes d'azote |
Mise en garde médicale | |
Composés apparentés | |
IsomĂšre(s) | gallate d'octyle |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |
Elle est la base des médicaments antipaludiques les plus récents et actuellement les plus efficaces. Les essais cliniques de phase III menés démontrent aussi sa bonne potentialité comme médicament pour traiter la bilharziose et de la distomatose. Des essais de phase pré-clinique sont également en cours, notamment avec son dérivé la dihydroartémisinine, dans le but de traiter certains cancers, dont celui du sein, avec moins d'effets secondaires que la chimiothérapie classique.
Histoire
Pharmacopée traditionnelle
La plante, qui appartient Ă la famille des Asteraceae, est utilisĂ©e en herbologie chinoise depuis plus de 2 000 ans. Son plus ancien usage formulĂ© par Ă©crit figure dans un texte appelĂ© Recettes pour cinquante-deux maladies (chinois traditionnel : äșćäșç æč ; pinyin : ) datant de 168 av. J.-C. dĂ©couvert, parmi d'autres textes ayant trait Ă 283 traitements mĂ©dicaux diffĂ©rents, dans une tombe mise Ă jour sur le site de Mawangdui et datant de la dynastie Han[4] - [5]. Une des recettes dĂ©crit « comment faire tremper les feuilles et les branches de la plante de qing hao dans l'eau pendant une nuit, puis boire cette eau en tant que traitement contre le paludisme ».
Ge Hong en parle aussi dans son ouvrage intitulĂ© Manuel de prescriptions pour les situations d'urgence (chinois traditionnel : èćć€æ„æč ; pinyin : ) rĂ©digĂ© au dĂ©but du IVe siĂšcle[6] ainsi que l'herboriste Li Shizhen dans son Grand TraitĂ© d'herbologie (chinois traditionnel : æŹèç¶±çź ; pinyin : ) Ă©crit entre 1552 et 1587 et oĂč sont codifiĂ©es 11 196 prescriptions[7]. Selon Li Shizhen, la prĂ©paration doit consister en « une touffe de feuilles, recueillie au printemps ou en Ă©tĂ©, macĂ©rĂ©e dans deux sheng (chinois traditionnel : ć ; pinyin : ) d'eau (soit 2,07 L) puis pilĂ©e avec un pilon dans un mortier pour en extraire le jus »[8].
Histoire contemporaine
Lâhistoire contemporaine de lâartĂ©misinine[note 2] commence pendant la guerre du ViĂȘt Nam lorsque lâarmĂ©e nord-vietnamienne construit tout un rĂ©seau de souterrains. Comme ces tunnels rĂ©cupĂšrent toute lâeau de pluie, les anophĂšles transporteurs du paludisme s'y reproduisent dans lâeau stagnante. Le problĂšme prend une telle ampleur, que lâarmĂ©e nord-vietnamienne aurait perdu plus de soldats par le paludisme que par les armes[9]. Les Nord-vietnamiens se sont alors tournĂ©s vers la Chine de Mao Zedong pour essayer de trouver une solution.
En 1967, des chercheurs militaires chinois se sont donc attelĂ©s Ă l'Ă©tude des remĂšdes traditionnels Ă base de plantes avec l'espoir dâen trouver un dâefficace contre la variĂ©tĂ© de paludisme endĂ©mique dans la pĂ©ninsule indochinoise. Ils ont assez rapidement trouvĂ© lâArmoise annuelle et, dans une rĂ©gion de Chine peu touchĂ©e par cette maladie, ils ont observĂ©, quâau premier symptĂŽme de paludisme, les habitants de cette rĂ©gion buvaient, selon une tradition millĂ©naire, une dĂ©coction issue de qing hao. GĂ©nĂ©ralement administrĂ©e sous forme de macĂ©ration, elle nâavait pas dâeffet secondaire visible et semblait trĂšs efficace.
AprÚs l'étude de plus de 2 000 remÚdes traditionnels et le test de 380 extraits, l'isolement de l'artémisinine fut réussie, sous la direction du professeur Tu[10]. C'est en 1972 qu'un des chercheurs, essayant d'extraire la (ou les) substance(s) active(s) de la feuille d'Armoise annuelle, eut l'idée originale d'utiliser un solvant non aqueux (hexane ou alcool suivant les versions). Il obtint (aprÚs purifications répétées sur gel de silice) une substance huileuse jaunùtre qu'il put cristalliser en une poudre blanchùtre faiblement soluble dans l'eau mais bien dans la plupart des solvants organiques (dichlorométhane, acétone) présentant une bonne stabilité thermique à température ambiante et, le plus important, capable de tuer Plasmodium falciparum in vitro. Ses actions antipaludiques et l'élaboration d'un procédé d'extraction simple ont rapidement suivi.
Sa structure a Ă©tĂ© confirmĂ©e en 1979 par des analyses cristallographiques par rayons X et l'utilisation d'un microscope Ă©lectronique Ă balayage. C'est une lactone sesquiterpĂšnique avec deux atomes d'oxygĂšne liĂ©s par un pont peroxyde au-dessus d'un cycle Ă sept atomes de carbone (cf. le tableau ci-dessus). Elle possĂšde sept centres d'asymĂ©trie autorisant un grand nombre de stĂ©rĂ©oisomĂšres, mais, par chance, Artemisia annua n'en synthĂ©tise qu'un seul ; nĂ©anmoins, le caractĂšre totalement asymĂ©trique de la molĂ©cule d'artĂ©misinine rend sa synthĂšse artificielle particuliĂšrement difficile, en particulier Ă des coĂ»ts acceptables (d'oĂč l'utilisation de dĂ©rivĂ©s semi-synthĂ©tiques comme l'artĂ©sunate, l'artĂ©mĂ©ther et l'artĂ©ether).
Ce n'est qu'aprĂšs le constat, au dĂ©but des annĂ©es 1990, de l'aggravation des phĂ©nomĂšnes de rĂ©sistance du parasite envers les mĂ©dicaments classiques comme la chloroquine ou l'amodiaquine que les laboratoires pharmaceutiques ont commencĂ© Ă s'y intĂ©resser, et il fallut attendre 2001 pour que l'Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) dĂ©clare l'artĂ©misinine « le plus grand espoir mondial contre le paludisme ». En 2006, elle recommandait toutefois d'arrĂȘter la monothĂ©rapie afin d'Ă©viter les risques de rĂ©sistance : l'artĂ©misinine affaiblit le parasite mais ne le tue pas systĂ©matiquement, et elle prĂ©sente son efficacitĂ© maximale en association avec d'autres anti-paludiques (ACT)[11]. MalgrĂ© cela, en deux Ă©tudes indĂ©pendantes ont rapportĂ© pour la premiĂšre fois une augmentation significative de la rĂ©sistance Ă l'artĂ©misinine de P. falciparum sur le terrain, au Cambodge, probablement en consĂ©quence de pratiques et de traitements incorrects, tel que cela avait Ă©tĂ© prĂ©dit en 2006 par l'OMS[12]. En 2021, cette rĂ©sistance partielle est confirmĂ©e au Rwanda[13].
En 2015 Tu Youyou reçu un prix Nobel de médecine pour sa découverte[14].
Production
Le procĂ©dĂ© de sĂ©paration des substances contenues dans les feuilles sĂšches de l'Armoise annuelle pour la production de l'artĂ©misinine est la solubilitĂ©. Le fructose-1,6-bisphosphate est d'abord Ă©liminĂ© du composĂ© amorphe qui est transformĂ© en alcool par rĂ©action d'oxydorĂ©duction avec un complexe NADPH oxydase suivie d'une oxydation pour obtenir un aldĂ©hyde qui est lui-mĂȘme transformĂ© en acide puis en hydroperoxyde par photo-oxydation avant de recevoir sa liaison pĂ©roxyde. La micronisation est obtenue Ă une tempĂ©rature dâextraction de 62 °C sous une pression de 25 MPa avec prĂ©cipitation Ă 45 °C via un tuyau de Ăž 1 000 ÎŒm. La taille du matĂ©riau granulaire ainsi obtenu est de 550 nm[15].
La biodisponibilité de l'artémisinine étant assez faible (51,9 mg/L), celle-ci est transformée en dérivés semi-synthétiques ayant tous cette liaison péroxyde :
- dihydroartémisinine (synonyme : arténimol) par réaction d'oxydoréduction, notamment, grùce à un cytochrome P450. C'est le métabolite secondaire de tous ses dérivés :
- artésunate par l'acide succinique anhydre dans un milieu alcalin et ayant une bonne hydrophilité,
- artéméther (synonyme : arténam) par le méthanol dans un milieu acide et ayant une bonne liposulubilité,
- artééther (synonyme : artémotil) par l'éthanol dans un milieu acide,
- acide artélinique,
- artélinate : (synonyme : sodium artélinate) sel de l'acide artélinique,
- artéflÚne,
- artémisinone.
- Feuilles d'Armoise annuelle.
- BiosynthÚse de l'artémisinine.
- Structure de l'artémisinine et de ses dérivés semi-synthétiques.
Le prix de revient est élevé comparativement à celui d'une quelconque molécule 100 % synthétique. Il faut 30 à 35 tonnes de plantes fraßches entiÚres à l'hectare pour produire 2,5 à 3 tonnes de feuilles sÚches dont est extrait environ 1,3 % d'artémisinine. Entre 2005 et 2008, ce prix a varié entre 120 et 1 200 USD le kilogramme[16].
La production s'améliore avec l'arrivée de nouvelles générations d'Armoise annuelle donnant un plus grand pourcentage de substance active et l'optimisation de la chaine de production[17].
Utilisant une levure transgénique, le laboratoire pharmaceutique Sanofi Pasteur annonce, en 2013, que le groupe est maintenant capable de produire l'artémisinine au prix de revient de 350 à 400 USD le kilogramme[18].
Mode d'action
LâartĂ©misinine est une lactone sesquiterpĂ©nique portant un groupe peroxyde qui semble ĂȘtre la clĂ© de son efficacitĂ©. Elle bloquerait une enzyme qui permet au parasite de pomper le calcium et l'empĂȘchant ainsi de se dĂ©velopper.
Tandis que l'artĂ©mĂ©ther, c'est-Ă -dire la molĂ©cule de peroxyde rĂ©duite de lâartĂ©misinine, rĂ©agit avec le fer des globules rouges pour crĂ©er des radicaux libres qui, Ă leur tour, dĂ©truisent les membranes du parasite ou de certaines cellules cancĂ©reuses et les tuent. Ă noter cependant que la prĂ©sence de toute substance protĂ©geant des dommages radicalaires (antioxydant) pourrait contrarier son efficacitĂ©.
Thérapies
Si l'artémisinine et ses dérivés sont surtout connus pour leur rÎle thérapeutique en premiÚre intention dans le traitement de la malaria due aux cinq espÚces de Plasmodium responsables de la maladie chez l'homme, ils sont aussi utilisés dans les cas de bilharziose, de distomatose, de leishmaniose viscérale et de pancréatite chronique ainsi que comme marqueur biologique d'une nécrose hépatique[19] - [20].
Paludisme
La prescription d'artĂ©misinine, sous forme d'infusions, dont l'eau ne doit pas ĂȘtre bouillante[note 3], de feuilles sĂ©chĂ©es de l'Armoise annuelle peut s'avĂ©rer trĂšs efficace et des rĂ©sultats acceptables ont Ă©tĂ© obtenus avec des cures sous forme de tisanes, Ă utiliser au moment des fiĂšvres. Les meilleurs rĂ©sultats sont obtenus par macĂ©ration et trituration dans l'eau froide, ou infusion dans le lait dont les lipides favorisent la dissolution de l'artĂ©misinine[21].
Pourtant, cette utilisation en tisane fut fortement et rapidement dĂ©conseillĂ©e par l'OMS, car cette approche pouvait favoriser la rĂ©sistance du parasite Ă la molĂ©cule semi-synthĂ©tique de l'artĂ©mĂ©ther. Bien que l'application du principe de prĂ©caution de la part de l'OMS soit louable, certains firent remarquer qu'aucune forme de rĂ©sistance Ă l'artĂ©misinine n'a Ă©tĂ© enregistrĂ©e en Chine, alors que cette tisane est utilisĂ©e seule depuis prĂšs de 2 000 ans[22]. L'incertitude apparue dĂ©coulait de la possibilitĂ© nouvelle d'une utilisation systĂ©matique et d'une application en masse de traitements Ă base d'artĂ©misinine de qualitĂ© plus ou moins variable sur une trĂšs nombreuse population, une situation qui jusqu'Ă prĂ©sent ne s'Ă©tait encore jamais produite avec cette substance. C'est pourquoi, dĂšs 2002, l'OMS publie une recommandation claire sur la nĂ©cessitĂ© d'utiliser lâArtemisinin-based combination therapy (ACT) dans les pays touchĂ©s par les rĂ©sistances aux antipaludiques classiques. Sur l'avis d'experts internationaux, elle recommande l'introduction de polythĂ©rapies pour remplacer les monothĂ©rapies dans le traitement du paludisme et prĂ©conise en particulier le recours Ă des associations mĂ©dicamenteuses contenant des dĂ©rivĂ©s d'artĂ©misinine.
La politique de précaution pratiquée par l'OMS s'est avérée réaliste car, dÚs 2009, les premiers cas de résistance de Plasmodium falciparum à l'artémisinine ont été signalés et confirmés en Asie du Sud-Est[23] - [24]. C'est ainsi qu'en , elle édite une mise à jour de ses recommandations[25].
Cependant, une monothérapie à base d'artémisinine, ou d'un de ses dérivés comme l'artésunate ou l'artéméther ainsi que leur métabolite commun : la dihydroartémisinine, administrée sous forme de suppositoire, comme un Rectocap[note 4] de 200 mg d'artésunate, peut s'avérer particuliÚrement utile dans les cas de paludisme simple quand les patients sont incapables d'ingérer (vomissements répétés, impossibilité de manger/boire/téter, convulsions récurrentes, absence de réactions à la douleur, coma, absence de réactions psychomotrices) ou quand les présentations injectables ne sont pas disponibles ou qu'elles sont impossibles à administrer[26]. à noter, aussi, que l'utilisation d'une capsule rectale est préférable à une injection intramusculaire (IM) car n'importe qui est capable de l'administrer, il n'y a aucun risque d'infection par l'aiguille et la durée de réponse du produit est plus rapide. Elle est aussi préconisée par injection intraveineuse (IV) en traitement de premiÚre intention dans les cas de paludisme sévÚre.
Cette monothĂ©rapie (monodose de 10 mg kgâ1, ce qui est le plus communĂ©ment conseillĂ©, ou de minimum 8,5 mg kgâ1) induit une rĂ©action parasitaire dans les douze heures et est supĂ©rieure Ă la quinine dans les vingt-quatre heures[note 5]. Elle doit impĂ©rativement ĂȘtre suivie, dĂšs que possible, par un traitement avec une association mĂ©dicamenteuse d'une ACT.
Bilharziose
Au début des années 1980, des chercheurs chinois ont découvert que l'artémisinine et ses dérivés sont aussi des anthelminthiques efficaces contre Schistosoma japonicum, un des schistosomes responsables de la bilharziose[20]. Des essais cliniques de phase III furent menés, au début des années 2000 et avec succÚs, en Afrique et en Chine sur d'autres espÚces de trématodes responsables de la bilharziose et de la distomatose[27].
L'effet antiparasitaire le plus important se produit lorsque le schistosome est au stade juvénile de schistosomule[28] - [20].
Dans l'avenir, l'artémisinine et ses dérivés, au vu de leurs faibles effets secondaires et de leur demi-vie nettement plus longue (entre 1,9 et 2,6 heures pour l'artémisinine contre 0,8 et 1,5 heure pour le praziquantel) devraient prendre une place importante au cÎté du praziquantel qui est, actuellement, le médicament le plus utilisé pour traiter la bilharziose[29].
Cancers
Des recherches in vitro ont montrĂ© l'action anticancĂ©reuse de l'artĂ©misinine combinĂ©e Ă du fer. En arrĂȘtant le facteur de transmission E2F1, l'artĂ©misine intervient dans la destruction des cellules cancĂ©reuses â essais menĂ©s sur les cancers du poumon et du sein[30].
Covid-19
L'Institut malgache de recherches appliquées (IMRA) a mis au point en 2020 le Covid-Organics, à base de plantes dont l'armoise annuelle, qui permettrait de lutter contre l'épidémie de Covid-19[31]. L'OMS, tout en se déclarant favorable aux médecines traditionnelles, rappelle toutefois que la prudence est de mise, tant que l'efficacité n'est pas prouvée scientifiquement[32].
Les recherches menĂ©es par le laboratoire californien Mateon Therapeutics indiquent que lâartĂ©misinine inhiberait fortement la multiplication du virus causant le Covid-19 avec un excellent coefficient de sĂ©curitĂ©. En juin 2020, le Dr Vuong Trieu, PDG de Mateon dĂ©clare que « lâefficacitĂ© de lâartĂ©misinine reste Ă tester dans des essais cliniques bien contrĂŽlĂ©s et suffisamment poussĂ©s, mais elle prĂ©sente de nombreux avantages pour lutter contre le Covid-19 »[33].
Effets indésirables
L'artémisinine est, en rÚgle générale, bien tolérée par voie entérale et n'a que peu d'effets secondaires de trouble du systÚme digestif le plus souvent causé par hyporexie ou dysphagie[34]. Ces effets sont plus fréquents lors d'une infection par Plasmodium falciparum. Sa dose létale médiane est légÚre (5 576 mg·kg-1 par voie entérale chez le Rat domestique). Une certaine neurotoxicité et des effets abortifs sont observés lors d'essais prolongés chez le Rat domestique mais vu la clairance rapide (demi-vie entre 1,9 et 2,6 heures dans le plasma sanguin) et l'exposition courte (3 à 5 jours) à la substance active lors d'une thérapie, ces risques sont considérés comme nuls chez les patients impaludés qui ne sont pas des femmes enceintes. Possibilité d'allergie à l'artémisinine (en infusion et en injection).
L'administration par injection intraveineuse (IV) peut entraßner dans 10 à 25 % des cas une anémie hémolytique qui apparaitra souvent post-traitement[35] - [36].
ĂcotoxicitĂ©
L'artémisinine est écotoxique pour le plancton. Sa EC50 est toxique à partir de 100 mg/L pour les Daphnies, de 0,14 mg/L pendant 72 heures pour la Chlorophyceae Selenastrum capricornutum et de 300 mg/L pendant 3 heures pour les micro-organismes de la boue activée[37].
Notes et références
Notes
- Le LogP3-AA est l'atome pur en mode additif
- L'artémisinine est parfois aussi écrite artémisine.
- Pression de vapeur saturante entre 80 °C au niveau de la mer et 90 °C en trÚs haute altitude.
- Un Rectocap est une solution colloïdale enrobée de gélatine pour former un suppositoire résistant aux manipulations et à la chaleur
- La CI50 de l'artĂ©misinine et de ses dĂ©rivĂ©s est de 1 ngâmL contre 150 ngâmL pour la quinine.
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