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Discovery (essai clinique)

Discovery est un essai clinique annoncĂ© en mars 2020 par l'INSERM, et qui a pour but de tester des traitements contre le coronavirus SARS-CoV-2, responsable de la maladie Ă  coronavirus 2019. L'essai initiĂ© par la France a vocation Ă  ĂȘtre europĂ©en, mais peine Ă  dĂ©marrer en dehors de la France. Il s'agit d'une « dĂ©clinaison » de l'essai international Solidarity.

MĂ©thodologie

L'essai clinique Discovery, une « dĂ©clinaison » de l'essai international Solidarity[1] - [2] - [3] - [4], a dĂ©butĂ© le [5] pendant la pandĂ©mie de maladie Ă  coronavirus de 2019-2020, est coordonnĂ© par l'Institut national de la santĂ© et de la recherche mĂ©dicale (INSERM) dans le cadre du consortium REACTing[6]. MontĂ© en partenariat avec le rĂ©seau français AVIESAN et avec le soutien du ministĂšre des SolidaritĂ©s et de la SantĂ© et du ministĂšre de l’Enseignement supĂ©rieur, de la Recherche et de l’Innovation[7], il est dirigĂ© par Florence Ader, infectiologue Ă  l'hĂŽpital de la Croix-Rousse de Lyon. Cet essai est enregistrĂ© dans les bases d'essais cliniques ClinicalTrials[8] et EudraCT (2020-000936-23)[9]. Il s'agit, selon l'INSERM dans l’histoire Ă©pidĂ©mique, de la premiĂšre opportunitĂ© au moment mĂȘme de l'Ă©pidĂ©mie/pandĂ©mie, de tester des molĂ©cules existantes[10] afin de qualifier leur efficacitĂ© Ă©ventuelle qui se matĂ©rialiserait par une amĂ©lioration du statut clinique du patient. Le coĂ»t de prise en charge et de gestion des donnĂ©es dans l'essai Discovery est Ă©levĂ© : 5 000 â‚Ź par patient[11].

L'essai clinique Discovery vise à inclure environ trois milliers de patients, en France (au moins huit cents patients), en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Espagne[5]. Les patients seront divisés aléatoirement en cinq groupes[8], mais l'essai ne se déroulera pas en double aveugle. Ces études s'inscrivent dans une médecine fondée sur des données validées expérimentalement. Un groupe, nommé « branche de référence », recevra uniquement des soins standards, sans traitement antiviral. Chacun des quatre autres groupes recevra respectivement, en plus des soins standards[5] :

Les différents médicaments testés

  1. Le remdĂ©sivir est une substance active dĂ©veloppĂ©e contre Ebola, qui avait eu des rĂ©sultats intĂ©ressants[12] mais d'autres traitements se sont rĂ©vĂ©lĂ©s ĂȘtre plus efficaces.
  2. La combinaison lopinavir et ritonavir, qui a été initialement brevetée par Abbvie sous le nom de Kaletra[13], utilisée dans les infections du virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Une premiÚre étude coréenne a cependant montré des résultats décevants[14] - [15].
  3. L'hydroxychloroquine. Selon certaines sources, cette derniĂšre a Ă©tĂ© rajoutĂ©e en urgence, Ă  la suite de l'emballement mĂ©diatique qui rĂ©sulte de l'essai prĂ©liminaire de Didier Raoult[16], pourtant fortement critiquĂ© pour ses faiblesses mĂ©thodologiques engageant la fiabilitĂ© des rĂ©sultats[17]. Yazdan Yazdanpanah, l'infectiologue qui coordonne Discovery, assure que la dĂ©cision d’intĂ©grer l’hydroxychloroquine ne vient pas des rĂ©sultats de Didier Raoult[18]. Le dosage n'est pas celui de l'autorisation de mise sur le marchĂ©. Pour Discovery, le patient reçoit une dose de charge Ă  J1 de 400 mg deux fois par jour puis une dose quotidienne de 400 mg en 1 prise par jour pendant 9 jours[19]. Fin mai, faisant suite Ă  la publication dans The Lancet[20] de rĂ©sultats selon lesquels l'hydroxychloroquine augmenterait la mortalitĂ© des patients[21] - [22], ce traitement est supprimĂ© de tous les essais français (dont Discovery) toujours en cours, sauf pour les patients en cours de traitement avec de l’hydroxychloroquine[23]. La mĂȘme dĂ©cision a Ă©tĂ© prise par le comitĂ© directeur de l'essai international Solidarity[24] - [25]. DĂ©but juin 2020, l'article du Lancet est cependant critiquĂ©[26] puis trĂšs vite rĂ©tractĂ©[27], et les essais de l'hydroxychloroquine reprennent[28], puis sont abandonnĂ©s mi juin faute de rĂ©sultats probants[29] - [30].

DĂ©roulement

Difficultés

L'essai devait concerner 3 200 patients europĂ©ens dont 800 français[5]. Les premiers patients ont Ă©tĂ© enrĂŽlĂ©s le . L’essai clinique a dĂ» ĂȘtre suspendu deux semaines car le remdĂ©sivir n’était plus disponible, et Ă  cause des problĂšmes de recrutement liĂ©s Ă  la ferveur du public pour l'hydroxychlroquine[31].

La France avait enrĂŽlĂ© 540 patients dans les 25 centres le [10], 620 le , et 730 (sur un objectif de 800) le , mais la cible des 3 200 patients europĂ©ens est difficile Ă  atteindre[32] en raison de problĂšmes de collaborations internationales : l'Espagne et l'Italie ont prĂ©fĂ©rĂ© rejoindre l’essai Solidarity, dont les critĂšres mĂ©thodologiques sont moins contraignants et le coĂ»t trĂšs infĂ©rieur[33] ; le Royaume-Uni a montĂ© son propre essai, baptisĂ© Recovery ; les discussions avec l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique et le Portugal Ă©taient toujours en cours dĂ©but mai 2020[34] - [11]. La Belgique ne participe ni Ă  Discovery, ni Ă  Solidarity[35]. Le 6 mai, un seul patient hors de France avait Ă©tĂ© inclus[11]. Yazdan Yazdanpanah, l'infectiologue qui coordonne le projet, Ă©voque un Ă©chec de l'Europe sur les essais cliniques[34] - [36].

Le Dr Ader explique au SĂ©nat que si l'essai Discovery a quasiment atteint son objectif de recrutement de 800 patients en France, le faible effectif global de Solidarity « ne permettra pas de rĂ©pondre rapidement Ă  la question posĂ©e »[37] En effet, le faible nombre de patients enrĂŽlĂ©s au moment oĂč l'Ă©pidĂ©mie commence Ă  refluer affaiblit la puissance statistique de Discovery, qui pourrait peiner Ă  tirer des enseignements valides sur des mĂ©dicaments dont on sait qu'aucun n'a un effet trĂšs fort. Florence Ader prĂ©cise devant le SĂ©nat « il n’y a pas de molĂ©cule miracle, sinon les Chinois et les Italiens, qui nous ont prĂ©cĂ©dĂ©s dans l’épidĂ©mie, les auraient vues »[11]. Elle regrette la profusion des essais qui sont en compĂ©tition pour le recrutement des patients, et leur redondance: sur les 80 essais français connus, vingt comprennent un bras testant l’hydroxychloroquine[11]. Dans de nombreux pays, le « battage mĂ©diatique »[38] - [39] autour de l'hydroxychloroquine a les mĂȘmes consĂ©quences nĂ©fastes sur la redondance des essais, les problĂšmes d'inclusion des patients et l'analyse des rĂ©sultats[39] - [40].

Le 14 mai 2020, Dominique Costagliola, membre du comité d'organisation déclare : « Ceux qui ont un effet auront un effet modeste. Il va s'agir de les combiner, sans doute, pour avoir quelque chose d'efficace »[41].

Plusieurs spĂ©cialistes parlant d’« Ă©chec »: mi mai 2020 , le Pr France MentrĂ©, Ă©pidĂ©miologiste et responsable mĂ©thodologique de Discovery note un manque de « coordination » et une multiplication contreproductive du nombre d’essais Ă  travers le monde comme pour l’Italie ou l’Espagne qui ont prĂ©fĂ©rĂ© participer Ă  l’essai Solidarity, un essai clinique europĂ©en menĂ© par l’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS). « Si les EuropĂ©ens avaient travaillĂ© aussi vite que prĂ©vu, on aurait des rĂ©sultats »[42].

Au 18 août, l'essai a inclus 835 patients avec 32 centres partenaires en France, 4 en Belgique, 4 en Autriche et 2 au Luxembourg[43].

Calendrier des résultats

Selon l'annonce initiale de l'INSERM, « l’analyse de l’efficacitĂ© et de la sĂ©curitĂ© du traitement sera Ă©valuĂ©e 15 jours aprĂšs l’inclusion de chaque patient[5] ». Olivier VĂ©ran avait annoncĂ© le 22 mars des rĂ©sultats pour dĂ©but avril[44], d'autres sources estimaient que les tendances devaient ĂȘtre annoncĂ©es fin avril[45] - [46]. Karine Lacombe le 30 avril[47] et Emmanuel Macron le 4 mai[11] ont annoncĂ© des rĂ©sultats mi mai[11] - [48], date Ă  laquelle l'INSERM se met Ă  Ă©voquer des rĂ©sultats fin mai seulement[49]. Mi mai, Yazdan Yazdanpanah estime que « la probabilitĂ© » que rien n'Ă©merge et qu'il soit simplement recommandĂ© de poursuivre les inclusions de nouveaux patients « est la plus importante »[48].

Point intermédiaire

Le 30 avril, Karine Lacombe dĂ©clare que, « mĂȘme s'il est beaucoup trop tĂŽt pour parvenir Ă  une conclusion », le remdĂ©sivir de Gilead semble donner des rĂ©sultats encourageants[47]. Cependant, fin novembre 2020, l'OMS conclut Ă  l'inefficacitĂ© du remdĂ©sivir.

Le 24 mai la branche hydroxychloroquine est arrĂȘtĂ©e Ă  la suite de publications observationnelles notamment celle du Lancet[29] - [30]. Lors du point d'Ă©tape du 4 juin il est dĂ©cidĂ© de poursuivre la branche hydroxychloroquine, qui est finalement arrĂȘtĂ©e le 17 juin[50].

Lors du point d'Ă©tape du 4 juillet, par une dĂ©cision collĂ©giale des responsables de Discovery et de l'essai de l'OMS Solidarity, les branches lopinavir/ritonavir (Kaletra), avec ou sans interfĂ©ron bĂȘta, sont interrompues[29] en raison de l'absence d'efficacitĂ© sur la mortalitĂ© Ă  28 jours et de la frĂ©quence Ă©levĂ©e d’effets indĂ©sirables graves concernant la fonction rĂ©nale dans ces deux branches « notamment chez les patients hospitalisĂ©s en rĂ©animation »[50].

PremiÚre pré-publication

Le 9 janvier 2021, l'Ă©quipe de recherche de l'essai publie un prĂ©-print (version prĂ©liminaire) en langue anglaise titrĂ©e "Antiviral drugs in hospitalized patients with COVID-19 - the DisCoVeRy trial" [51] concernant uniquement le lopinavir/ritonavir, lopinavir/ritonavir-IFN-ÎČ-1a, et l'hydroxychloroquine, concluant Ă  l'absence de preuve d'efficacitĂ© pour les 3 bras.

Le bras hydroxychloroquine a Ă©tĂ© interrompu le 25 mai 2020 Ă  la requĂȘte de l'ANSM. Les deux bras lopinavir/ritonavir ont Ă©tĂ© interrompus le 29 juin. Le bras remdesivir est toujours en cours d'investigation et les patients continuent d'ĂȘtre recrutĂ©s.

Polémique autour de l'essai

Non-intégration de la combinaison hydroxychloroquine et azithromycine

Un essai clinique de l'IHU MĂ©diterranĂ©e Infection (dir. Didier Raoult) recommande contre la Covid-19 l’utilisation de la chloroquine et d'un antibiotique (hydroxychloroquine et azithromycine Ă  l'IHU MĂ©diterranĂ©e Infection)[52]. Les critiques sur les faiblesses mĂ©thodologiques de l'Ă©tude de Marseille sont nombreuses (voir l'article DĂ©veloppement et recherche de mĂ©dicaments contre la Covid-19#Chloroquine et hydroxychloroquine pour plus de dĂ©tails). Le Monde considĂšre que l'annonce provoque une « folie planĂ©taire »[53]. L'Organisation mondiale de la santĂ© l'ayant rangĂ© dans sa liste des traitements prioritaires[16], l'hydroxychloroquine est ajoutĂ©e Ă  l'essai clinique Discovery, prĂ©sentĂ© au public le 23 mars[54] - [alpha 1]. Gilles Pialoux, infectiologue, chef du service de maladies infectieuses et tropicales de l’hĂŽpital Tenon, et auteur de Nous n'Ă©tions pas prĂȘts [55], explique alors au Monde que « L’hydroxychloroquine sera comparĂ©e comme les autres molĂ©cules. Ni plus ni moins »[56]. Le ministre de la SantĂ© Olivier VĂ©ran prĂ©cise que si le traitement s'avĂ©rait efficace, il serait utilisĂ© « sans aucun dĂ©lai »[44]. Le protocole suivi, diffĂ©rent de celui recommandĂ© par l'IHU correspond Ă  celui prĂ©conisĂ© par la Chine (Hydroxychloroquine sans association avec azithromycine, 7 jours de traitement) [57].

Le 26 mars, Didier Raoult critique le protocole de Discovery : « Si on avait envie de prouver que ça ne marche pas, on ne s’y prendrait pas autrement. Il y aura une enquĂȘte parlementaire aprĂšs tout ça, et elle sera sanglante, autant que l’affaire du sang contaminĂ©. Et ce sera pire si le gouvernement dĂ©cide de refuser l’accĂšs au mĂ©dicament »[58]. Christian Perronne, qui dĂ©fend le protocole proposĂ© par le professeur Raoult, dĂ©ment Ă  plusieurs reprises l'information selon laquelle l'essai permettra de le tester[59] - [alpha 2], expliquant qu'il s'agit de tester l'hydroxychloroquine seule et dans des cas oĂč une pneumopathie est apparue[54], alors que Didier Raoult estime que la combinaison de l'hydroxychloroquine et l'azithromycine traite la Covid-19, que quand elle est administrĂ©e tĂŽt elle prĂ©vient la contagion, mais que quand le profil devient sĂ©vĂšre c’est peut-ĂȘtre trop tard pour empĂȘcher le dĂ©cĂšs[60] - [61] - [62]. Le 8 avril, Le Canard enchaĂźnĂ© affirme que « si la polĂ©mique n'a cessĂ© d'enfler, c'est avant tout par la faute des autoritĂ©s de santĂ©, qui ont d'abord refusĂ© d'expĂ©rimenter sur des patients en dĂ©but de maladie la potion que le professeur dit magique : l'association d'un antiviral, la chloroquine, avec un antibiotique, l'azithromycine. Ainsi l'Ă©tude europĂ©enne baptisĂ©e Discovery prend en compte la fameuse chloroquine mais[alpha 3] sans y adjoindre l'antibiotique susnommĂ© »[63] - [64].

LibĂ©ration clarifie le 10 avril. Xavier Lescure (investigateur principal de l’essai Discovery Ă  l’hĂŽpital Bichat), et Dominique Costagliola (du ComitĂ© d’organisation international de Discovery) justifient l'utilisation de l’hydroxychloroquine seule en expliquant que les preuves que la combinaison des deux mĂ©dicaments a un bĂ©nĂ©fice « sont encore moins bonnes que celles qui concernent l’hydroxychloroquine seule », et qu'ils ont tous les deux « le mĂȘme type d’effets indĂ©sirables, Ă  savoir augmenter le risque d’arrĂȘts cardiaques[65] ». Mais contrairement Ă  l'affirmation de Christian Perronne, Discovery concerne bien des patients prĂ©sentant des formes modĂ©rĂ©es Ă  sĂ©vĂšres, dont l’état justifie une hospitalisation, y compris des patients qui sont au dĂ©but de la maladie (le malentendu rĂ©sulte d'une formulation fautive d'un communiquĂ© de presse de l’Inserm)[65]. Mais en effet, le Pr Raoult propose son traitement Ă  des patients testĂ©s positifs au Covid19 en hospitalisation ou en ambulatoire, ce que les responsables de Discovery qualifient de « contreproductif et dangereux »[65].

L’infectiologue qui dirige l'essai explique lui que l'azithromycine n'est pas incluse dans le « bras » hydroxychloroquine pour que les mĂ©decins qui testent les autres molĂ©cules (dans les autres « bras » de Discovery) puissent ajouter ou non de l’azithromycine. Il y aura donc bien des rĂ©sultats sur la combinaison mais ils seront analysĂ©s a posteriori[18].

Dans les faits: l'Ă©tude n'a pas testĂ© l'usage prĂ©coce de l'hydroxychloroquine. Comme il en est attestĂ© page 14 [51] par un temps moyen de 9 jours entre le diagnostic et l'inclusion d'un patient, et page 19 de l'Ă©tude par : "DisCoVeRy did not target patients at the early phase of the disease" ("Discovery n'a pas ciblĂ© les patients Ă  la phase prĂ©coce de la maladie"). Et l'Ă©tude ne mentionne pas l'utilisation d’azithromycine dans les essais.

Manque d'Ă©thique ?

Christian Perronne considĂšre que l'essai manque d'Ă©thique parce qu'il ne teste pas rĂ©ellement le protocole Raoult, mais aussi parce qu'il utilise un groupe tĂ©moin traitĂ© seulement par des soins de soutien: selon lui, on dit aux patients « qu'ils vont ĂȘtre tirĂ©s au sort, et Ă©ventuellement ne pas ĂȘtre traitĂ©s, tout en connaissant trĂšs bien les chiffres de mortalitĂ© Ă©levĂ©s de cette maladie »[60] - [66]. L’infectiologue qui dirige l'essai explique que pourtant Discovery recrute des patients atteints de formes modĂ©rĂ©es Ă  sĂ©vĂšres de Covid-19 parce que « l’urgence Ă©tait de trouver un traitement pour les gens sĂ©vĂšres », soit 15 % des cas confirmĂ©s[18].

Pour la professeure Florence Ader, qui coordonne l'essai Ă  l’hĂŽpital de la Croix-Rousse des Hospices Civils de Lyon (HCL), seule l'utilisation d'une mĂ©thodologie rigoureuse permettra d'obtenir des rĂ©sultats significatifs et robustes[67]. Le , le journal Les Échos souligne qu'il s'agit d'une « expĂ©rimentation de grande ampleur dont le verdict aura Ă©tĂ© attendu comme jamais dans l'histoire de la mĂ©decine »[68].

Conséquences de la polémique sur les difficultés de recrutement

Selon certaines sources, le contexte mĂ©diatique, dĂ©noncĂ© par certains mĂ©decins[69] - [70], entraverait l'essai clinique Discovery[70]. Le professeur Xavier Lescure, infectiologue Ă  l'hĂŽpital Bichat affirme « que certains patients refusent d’ĂȘtre enrĂŽlĂ©s dans l’essai Discovery parce qu’ils ne veulent pour traitement que de l’hydroxychloroquine... Les patients n’ont du coup que 20 % de chances de se voir administrer de l’hydroxychloroquine, et cela ne leur convient pas[70] ! » ; selon Jean-François Bergmann de l'HĂŽpital Saint Louis Ă  Paris, cette attitude concernerait quatre patients sur cinq dans certains hĂŽpitaux, regrettant cette forme de « populisme mĂ©dical qui ralentit l'Ă©mergence de la vĂ©ritĂ© »[71] - [72]. Les refus de s'enrĂŽler dans l'essai clinique Discovery viendraient aussi de certains mĂ©decins[70]. Au contraire, la Pr Florence Ader observe qu'il n'y a pas de difficultĂ©s Ă  trouver des volontaires[67]. Dans une tribune au « Monde » cinquante-neuf rĂ©animateurs appellent les patients Ă  coopĂ©rer en expliquant les principes d'une recherche « la plus rigoureuse et la plus scientifique possible »[73]. Le mĂ©dia Heidi.news explique que les problĂšmes de disponibilitĂ© du remdesivir ont fait perdre 15 jours Ă  l'essai, et que « d’importantes difficultĂ©s [ont Ă©tĂ© rencontrĂ©es] aprĂšs la sortie du premier article du professeur Raoult : les patients rĂ©clamaient d’ĂȘtre traitĂ©s Ă  la chloroquine et beaucoup ont refusĂ© de participer Ă  Discovery », obligeant les responsables de l'Ă©tude Ă  fournir un travail supplĂ©mentaire pour expliquer, notamment dans les mĂ©dias, qu’il n’y avait aucune preuve de l’efficacitĂ© de la chloroquine Ă  ce stade[31].

Notes

  1. Dans une confĂ©rence de presse prĂ©sentant l'essai clinique Discovery, le professeur Bruno Lina explique que : « Le 4e bras est le bras hydroxycloroquine, c'est un bras qui a Ă©tĂ© rajoutĂ© un petit peu Ă  la fois Ă  la demande de l'OMS et de l'État français, pour qu'on puisse avoir des rĂ©sultats fiables sur cette molĂ©cule ». À la question « N'y a-t-il pas un emballement autour de cette molĂ©cule ? » la professeure Florence Ader rĂ©pond « Elle sera Ă©valuĂ©e comme les autres et comparĂ©e comme les autres ». ConfĂ©rence de presse des Pr Bruno Lina et Pr Florence Ader via Skype le 23 mars 2020, sur l'essai clinique Discovery contre la Covid-19, HCL. Citations Ă  la 7e et 19e minutes de la vidĂ©o.
  2. Depuis le dĂ©but du confinement, le traitement Ă  l’hydroxychloroquine pour guĂ©rir du Covid-19, prĂ©sentĂ© vendredi 27 mars par le professeur Didier Raoult Ă  Marseille, ne fait pas l’unanimitĂ© auprĂšs de la communautĂ© scientifique. Dans les mĂ©dias, les articles ont dĂ©ferlĂ© sur ce mĂ©dicament, porteur d’espoir. Afin de mettre un terme au dĂ©bat, le professeur Vincent DubĂ©e du CHU d’Angers a prĂ©sentĂ© le 31 mars en confĂ©rence de presse une Ă©tude de grande ampleur pour dĂ©montrer les possibles bĂ©nĂ©fices du traitement.|Victoria Geffard| Article : Coronavirus. Chloroquine : ce qu’il faut savoir de l’étude lancĂ©e par 33 hĂŽpitaux français Coronavirus. Chloroquine : ce qu’il faut savoir de l’étude lancĂ©e par 33 hĂŽpitaux français, Ouest-France, le .
  3. Le Canard ajoute « ne la teste que sur des malades sévÚrement atteints et... » mais c'est une erreur: l'information sera démentie dans Libération le 10 avril 2020 (GouthiÚre 2020).

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