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Cambridge Analytica

Cambridge Analytica LTD (ou « CA ») est une société britannique de « Conseil en gestion autre que la gestion financiÚre » combinant des outils d'exploration et d'analyse des données. Créée le 30 juillet 2014 (selon la Companies House, le registre du commerce britannique), ou en 2013 (selon Nazzareno Tirino)[5] comme une filiale des Strategic Communication Laboratories (Groupe SCL) spécialisée en politique américaine[6]. Créée sous le régime juridique de Private limited Company avec comme adresse Fairfield Shotley Road, Chelmondiston, Ipswich dans le Suffolk (une adresse partagée par une quinzaine de compagnies), elle établit des bureaux à Londres, New York et Washington. La famille du milliardaire conservateur Robert Mercer est son principal financeur[6] - [7]. Le nom Cambridge Analytica évoque celui d'Oxford Analytica, une institution fondée en 1975 à Oxford par le Dr David R Young, mais a priori sans rapport avec elle.

Cambridge Analytica se retrouve en 2018 au cƓur d'un scandale mondial, pour avoir organisĂ© l'« aspiration » des donnĂ©es personnelles de 87 millions d'utilisateurs de Facebook dans le but de cibler des messages favorables au Brexit au Royaume-Uni et Ă  l'Ă©lection de Donald Trump aux États-Unis en 2016. Ce scandale provoque en la mise en faillite et la disparition de Cambridge Analytica dont les algorithmes et dirigeants se retrouvent ensuite chez Emerdata Limited[8] - [9] - [10] - [11], alors qu'en septembre 2020, l'ancien patron de Cambridge Analytica Alexander Nix est condamnĂ© Ă  sept ans d'interdiction de diriger une entreprise pour cause de « comportement dĂ©pourvu d'Ă©thique »[12]. En dĂ©cembre 2022, Meta, propriĂ©taire de Facebook, accepte de payer 725 millions de dollars pour mettre fin au procĂšs lancĂ© en 2018, sans pour autant reconnaĂźtre une infraction[13].

Historique

En 2012, Steve Bannon et Robert Mercer, tous deux amĂ©ricains et fortement opposĂ©s Ă  l'establishment amĂ©ricain, s'intĂ©ressent aux travaux de Patrick Caddell (Patrick Hayward Â« Pat » Caddell, nĂ© le ). Cet ancien sondeur dĂ©mocrate a identifiĂ© dans la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine un trĂšs fort « courant anti-Ă©lites » qui pourrait favoriser l'Ă©mergence d'un candidat extĂ©rieur aux Ă©lites des partis rĂ©publicain et dĂ©mocrate.
Bannon et Mercer décident de favoriser l'émergence d'un tel candidat[14].

Selon Christopher Wylie, Cambridge Analytica a pour origine un projet de Alexander Nix (PDG de SCL Group) que ce dernier a présenté à l'automne 2013, en présence de Wylie (data scientist) à Stephen Bannon et Robert Mercer, lors d'une réunion organisée dans l'appartement de Rebekah Mercer (fille de Robert).

Nix et son équipe savent que Bannon considÚre que la politique devrait se concevoir et se mener comme une guerre, mais ils découvrent qu'il souhaite aussi donner à ce projet un vernis académique et expérimental[15].
Pour le satisfaire, ils crĂ©ent un « faux bureau Ă  Cambridge ». Nix, devant Bannon et Mercer, insiste sur le fait que SCL a travaillĂ© pour l'OTAN, l'ArmĂ©e britannique, le MI6 et que Nix est lui-mĂȘme Etonien, ce qui contribue Ă  convaincre les deux amĂ©ricains d'investir 15 millions dans le projet[15].
Ils choisissent alors de nommer cette filiale de SCL Cambridge Analytica. Selon Wylie, Steve Bannon a insisté pour que « Cambridge » fasse partie du nom de la société, afin de l'associer à la science et au prestige de l'Université[15].

L'entreprise ne doit pas apparaßtre comme d'origine américaine ; les statuts sont donc déposés à Londres par Alastair MacWillson qui en sera directeur[16]. Nix en est le PDG, et Bannon l'administrateur et vice-président. Rebekah Mercer est également administratrice[14].

Wylie insistera dans l'un de ses tĂ©moignages filmĂ©s sur le fait que Cambridge Analytica n'est pas qu'un groupe de scientifiques, de psychologues et d'analystes stratĂšges utilisateurs du big data. L'entreprise s'est aussi dotĂ©e d'une Ă©quipe interne de crĂ©atifs (photographes, vidĂ©astes, designers
)[15]. Cette Ă©quipe prĂ©parait les contenus et forme de message, ensuite donnĂ©s Ă  une « Ă©quipe de ciblage » qui choisissait Ă  qui et comment les injecter dans l'internet (dont parfois via des faux sites internet ou blogs crĂ©Ă©s de toutes piĂšces aux seules fins de modifier les opinions et comportements des personnes « cibles », au risque de diviser la sociĂ©tĂ©, avec des consĂ©quences que l'on ignore Ă©tant donnĂ© la nouveautĂ© de cette « expĂ©rience »)[15].

Toujours selon Wylie, en dĂ©pit des affirmations mensongĂšres faites par Alexander Nix Ă  la commission d'enquĂȘte (Nix y avait affirmĂ© que Cambridge Analytica n'avait jamais utilisĂ© de donnĂ©es venant de Facebook), cette start-up a bien Ă©tĂ© crĂ©Ă©e et pensĂ©e, dĂšs le dĂ©part, pour utiliser les donnĂ©es de Facebook. En effet, un des premiers investissements de Cambridge Analytica, a Ă©tĂ© de consacrer 1 million de dollars Ă  acheter les donnĂ©es personnelles collectĂ©e sur Facebook par la start-up d'Aleksandr Kogan, donnĂ©es sensibles. Ces donnĂ©es seront Ă  la base des algorithmes construits par l'entreprise, afin dans un premier temps d'influencer les Ă©lections de mi-mandat de 2014, Ă  partir de 50 Ă  60 millions de profils Facebook collectĂ©s au dĂ©but 2014[15].
Robert Mercer qui est créateur et largement le premier financeur de la filiale exige en retour l'accÚs aux services de la société. L'entreprise jouera ensuite rapidement un rÎle dans bien d'autres référendums et campagnes électorales de personnalités du parti républicain[14].
En 2014, dans les mois suivant sa crĂ©ation, Cambridge Analytica est dĂ©jĂ  impliquĂ©e dans 44 Ă©lections aux États-Unis[17].

En 2015, elle est engagĂ©e dans la campagne prĂ©sidentielle de Ben Carson, puis celle de Ted Cruz[7] - [18]. La campagne de Ted Cruz dĂ©pense prĂšs de 6 millions de dollars pour les services de Cambridge Analytica[18]. AprĂšs l'Ă©chec de la campagne de Cruz, elle travaille Ă  partir de juin 2016 pour la campagne prĂ©sidentielle de Donald Trump[15], une fois celui-ci investi par le Parti rĂ©publicain[19] - [18]. Steve Bannon prend officiellement la tĂȘte de la campagne de Donald Trump deux mois plus tard[18].

En 2016, elle travaille Ă©galement pour la campagne pro-Brexit, ce qui dĂ©bouche sur un important scandale portant sur l'« aspiration » des donnĂ©es de plusieurs dizaines de millions d'utilisateurs de Facebook Ă  leur insu, et afin de les influencer (via la sociĂ©tĂ©-sƓur de Cambridge Analytica, crĂ©Ă©e en mĂȘme temps qu'elle, mais au Canada : AggregateIQ et la plateforme logicielle qu'elle a crĂ©Ă©e : Ripon).

AprĂšs que ses opĂ©rations massives et illĂ©gales en faveur de la victoire du « leave » lors du rĂ©fĂ©rendum britannique, puis de l'Ă©lection de Donald Trump, ont Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©es, la sociĂ©tĂ© annonce l'arrĂȘt de toutes ses opĂ©rations, qui semblent avoir Ă©tĂ© reprises par la sociĂ©tĂ© Emerdata Limited, basĂ©e dans les mĂȘmes bureaux et ayant en majoritĂ© les mĂȘmes directeurs[8] - [9] - [10] - [11].

Lieux d'opérations d'influence

Cambridge Analytica a Ă©tĂ© au moins Ă©tĂ© directement active aux États-Unis, en Inde et au Royaume-Uni. L’entreprise a dans ces pays aidĂ© d’autres entreprises Ă  s’impliquer dans les stratĂ©gies d'influence Ă©lectorale et politique. Selon d'anciens employĂ©s, de nombreux gouvernements de pays en dĂ©veloppement ont aussi influencĂ© les masses Ă©lectorales avec l'aide de cette sociĂ©tĂ©[20]. La stratĂ©gie la plus courante de groupe SCL/Cambridge Analytica Ă©tait de signer un contrat gouvernemental avec le parti au pouvoir (souvent un projet prĂ©sentĂ© comme en faveur de la santĂ©, mais qui Ă©tait en rĂ©alitĂ© une couverture pour faire circuler des messages favorisant la rĂ©Ă©lection d'un ministre ou prĂ©sident)[20].

Selon The Guardian (2017), les enquĂȘtes sur plusieurs affaires ont aussi mis en Ă©vidence des indices de liens organiques et d'intĂ©rĂȘts politico-industriels et/ou politico-financiers, sous-jacents, entre le Brexit, le parti de Donald Trump, certains groupes de soutiens Ă  Trump et Ă  son administration, la Russie et la Grande-Bretagne[20].

Fonctionnement

Selon l'un des anciens employés, jusque fin 2012, le groupe SCL (maison-mÚre) n'était que l'une des nombreuses sociétés d'analyse de données et de conseil existant de par le monde, utilisant divers moyens d'influence basés sur la psychologie[20].

SCL aurait radicalement changé en 2013, en adoptant de véritables méthodes de guerre psychologique, aprÚs qu'en janvier, une stagiaire ait rencontré le directeur général du groupe SCL, Alexander Nix, en lui suggérant les prémisses d'une nouvelle stratégie.
Elle lui aurait dit : Vous devez vraiment entrer dans les données, en mentionnant une entreprise appartenant à l'une des connaissances de son pÚre : Palantir Technologies.
Palantir est une sociĂ©tĂ© d'exploration de donnĂ©es qui avait dĂ©jĂ  de nombreux contrats avec des gouvernements dans le monde. Aux États-Unis, Palantir travaille avec la communautĂ© du renseignement des États-Unis, et notamment avec la NSA, la CIA et le FBI[21], ainsi qu'avec diffĂ©rents acteurs du systĂšme de dĂ©fense amĂ©ricain, comme les US Marines, l'US Air force et les OpĂ©rations spĂ©ciales. Elle travaillait aussi pour plusieurs services de police du pays comme le NYPD, le LAPD[22]. Elle a aussi travaillĂ© durant quelques annĂ©es en France avec la Direction gĂ©nĂ©rale de la SĂ©curitĂ© intĂ©rieure du pays[23], tout en se diversifiant dans les secteurs de la finance, de l'assurance, de la santĂ© et des biens de consommation. Palantir appartient Ă  Peter Thiel (milliardaire cofondateur de PayPal, principal investisseur de Facebook, et devenu premier partisan de Trump dans la Silicon Valley)[20].
Selon The Guardian, c'est aprÚs cette suggestion d'une ancienne stagiaire que Cambridge Analytica se lie à la Silicon Valley, Google, Facebook et une poignée de parties prenantes qui seront au centre d'un « changement tectonique mondial ».

Alexander Nix, PDG de Cambridge Analytica, en novembre 2017.

En 2016, selon Alexander Nix, PDG de Cambridge Analytica, « Aujourd'hui (2016), aux États-Unis, il y a quelque part quatre ou cinq mille Ă©lĂ©ments de donnĂ©es sur chaque individu... Nous modĂ©lisons donc la personnalitĂ© de chaque adulte Ă  travers les États-Unis, soit quelque 230 millions de personnes ». Cambridge Analytica avant d'organiser sa faillite, se prĂ©sentait comme spĂ©cialiste en aide Ă  la communication politique, affirmant innover dans ce domaine.

En 2017, des journalistes d'enquĂȘte et des scientifiques spĂ©cialistes de la communication par Internet s'aperçoivent alors que l'algorithme de recherche de Google est dĂ©tournĂ© par des sites extrĂ©mistes. Une cartographie de ces sites sur l'Internet et le darknet montre un vaste systĂšme d'actualitĂ©s, de communication et de fake-news « alt-right » (extrĂȘme droite amĂ©ricaine), en partie liĂ© Ă  Cambridge Analytica, qualifiĂ© par J Albright de « point nodal de la machine de propagande de la droite »[20]. Certains journalistes d'investigation comme Carole Cadwalladr dĂ©duisent de leurs enquĂȘtes que Robert Mercer et Steve Bannon (ex-vice-prĂ©sident de Cambridge Analytica, puis assistant clĂ© et stratĂšge en chef de Donald Trump) sont deux personnages clĂ© de ce systĂšme Ɠuvrant notamment Ă  contrĂŽler, contourner, discrĂ©diter, acheter ou briser les mĂ©dias traditionnels au profit de diffusions de faits alternatifs, du dĂ©ni, d'une histoire reconstruite et d'une propagande de droite (qui a notamment portĂ© Donald Trump au pouvoir et conduit Ă  l'Assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump)[20].

Les objectifs de Mercer ne sont ni clairs ni publics, mais on sait que cet informaticien, pionnier de l'intelligence artificielle, devenu milliardaire, est aussi copropriétaire de l'un des fonds spéculatifs les plus étonnamment performants de la planÚte (Renaissance Technologies)[24] - [25] - [26] au rendement annuel quasi miraculeux de 71,8 %. Il est ensuite apparu[20] qu'il était aussi un proche ami de Nigel Farage, l'ancien leader du Parti du Brexit parti (renommé Reform UK pour persister aprÚs le Brexit). Andrew Bruce Wigmore est un activiste politique anglais, ancien diplomate britannique, associé d'Arron Banks et de Nigel Farage. Ces trois personnages, brexiteurs-clé, se sont autoproclamés « les mauvais-garçons du Brexit »[27]. Wigmore était directeur de la communication de l'organisation pro-Brexit Leave.EU[28]. Selon Wigmore, Mercer a utilisé et dirigé Cambridge Analytica pour « aider » la campagne pro-Brexit Leave [20].
Selon Carole Cadwalladr, le milliardaire Robert Mercer a facilement pu contourner les lois Ă©lectorales britanniques, car ces derniĂšres sont restĂ©es dĂ©munies face aux Ă©mergences de nouvelles formes de campagnes numĂ©riques ; dans le monde des sociĂ©tĂ©s offshore, de l'argent versĂ© dans d'immenses bases de donnĂ©es, et Ă  des tiers sans entraves ni contrĂŽles, les plafonds de dĂ©penses ont perdu leur sens[20] - [29]. Mercer a ainsi utilisĂ© AggregateIQ qui n'Ă©tait alors qu'une « obscure sociĂ©tĂ© d'analyse du Web, installĂ©e dans un bureau surplombant un magasin de Victoria, en Colombie-Britannique », « Ă  propos de laquelle il n'y avait alors pratiquement rien du tout sur Internet (
) un site web d'une page, et c'Ă©tait tout » note Martin Moore (directeur du centre d’étude de la communication, des mĂ©dias et du pouvoir au King's College de Londres)[20].

AggregateIQ a alors jouĂ© un rĂŽle discret, mais majeur puisque la campagne pro-Brexit Vote Leave lui a versĂ© (selon les preuves disponibles) 3,9 millions de livres sterling, soit plus de 50 % de son budget de campagne officiel (7 millions de livres sterling). Trois autres campagnes pro-Brexit : BeLeave, Veterans for Britain et le parti dĂ©mocrate unioniste ont de mĂȘme versĂ© Ă  la sociĂ©tĂ© canadienne AggregateIQ 757 750 ÂŁ supplĂ©mentaires (alors que la « coordination » entre campagnes est interdite par la loi Ă©lectorale britannique, sauf si les dĂ©penses de campagne sont conjointement dĂ©clarĂ©es, ce qui n'a pas ici Ă©tĂ© le cas)[20].

AggregateIQ a d'abord et plusieurs fois nié avoir un quelconque lien avec Cambridge Analytica. Mais un informateur anonyme a fait constater au journal The Guardian que l'adresse et le numéro de téléphone d'AggregateIQ au Canada étaient aussi les coordonnées d'une société répertoriée sur le site Web de Cambridge Analytica comme étant « son bureau à l'étranger » : « SCL Canada » (le lendemain cette référence en ligne disparaissait)[20].
Puis un ancien employé de l'entreprise a confirmé des liens forts entre Robert Mercer, Cambridge Analytica et AggregateIQ. AggregateIQ était selon lui le « back office » de Cambridge Analytica, en détenant sa base de donnée et en construisant le logiciel nécessaire à la manipulation des votes[20]. Un personnage-clé, mais qui n'a dans un premier temps pas voulu s'exprimer a été Christopher Wylie (qui a apporté les données et le micro-ciblage [messages politiques individualisés] à Cambridge Analytica)[20].

Vote Leave a d'abord affirmĂ© que la Commission Ă©lectorale ne lui a pas reprochĂ© ces versements Ă  AggregateIQ (alors que plus d'argent a Ă©tĂ© versĂ© Ă  AggregateIQ par les quatre partisans pro-Brexit qu'Ă  n'importe quelle autre entreprise par n'importe quel autre groupe de partisans ou opposants au Brexit lors de l'ensemble du processus de rĂ©fĂ©rendum)[20], puis a refusĂ© de rencontrer les enquĂȘteurs (5 refus en 3 mois), et aprĂšs voir Ă©tĂ© sommĂ© de fournir plusieurs documents, a rĂ©pondu en retard, avec des documents « incorrects ou incomplets » et aprĂšs avoir tentĂ© de faire clĂŽturer l'enquĂȘte[30]. Mais finalement, mi-2018, Vote Leave sera accusĂ© par la commission « de graves violations des lois mises en place par le parlement pour garantir l'Ă©quitĂ© et la transparence lors des Ă©lections et des rĂ©fĂ©rendums » (sanctionnĂ©es par 61 000 ÂŁ d'amende). Et la commission confiera deux personnes : Darren Grimes, le fondateur de BeLeave qui doit dĂ©jĂ  payer 20 000 ÂŁ d'amende), et David Halsall (responsable du groupe) Ă  la police mĂ©tropolitaine dont le champ de compĂ©tence est plus Ă©tendu que celui de la commission Ă©lectorale (qui se limite au respect de la loi Ă©lectorale), qui pourra donc enquĂȘter sur d’autres Ă©ventuelles infractions[30]. InterrogĂ© par la BBC, Matthew Elliott dit avoir respectĂ© toutes les lois, et avoir envoyĂ© Ă  la Commission Ă©lectorale un dossier de 500 pages pour le dĂ©montrer.

Les révélations de plusieurs lanceurs d'alertes internes à Cambridge Analytica confortent les conclusions de la Commission électorale[20] - [30]. Selon The Guardian, c'est Darren Grimes (jeune activiste pro-Brexit, fondateur du groupe de campagne BeLeave (chargé de convaincre la jeunesse de voter plus nombreuse pour le Brexit), et ami proche de Dominic Cummings, pilote de Vote Leave (leader officiel de la campagne pro-Brexit) qui aurait suggéré de faire appel à AggregateIQ (AIQ). Mais l'ampleur du « don » financier a attiré l'attention de la Commission électorale britannique. Grimes a déclaré qu'il avait découvert AIQ en faisant des recherches sur Internet et qu'il avait été si impressionné par cette société qu'il a décidé de « faire exploser son budget sur son marketing », et c'est Vote Leave qui aurait directement versé l'argent au Canada[31], mais ajoute The Guardian, les données mises en cache montrent qu'à l'époque, AIQ n'avait pas de site Web (AIQ affirme disposer d'un site Web depuis sa création en 2013, mais ce site ne présente qu'une adresse et quelques propos trÚs généraux)[31]. Grimes aurait eu connaissance du travail de par Vote Leave, quand il travaillait dans ses locaux.

Profilage psychologique

Cambridge Analytica crĂ©ait des profils psychologiques, non seulement au Royaume-Uni et aux États-Unis, mais dans d'autres pays. Avec ses bases de donnĂ©es de profils, l'entreprise, ou d'autres entreprises ayant accĂšs Ă  ces bases de donnĂ©es pouvaient ensuite spĂ©cifiquement cibler certaines populations, et y influencer les individus ou leurs communautĂ©s, avant des votes (ex Brexit) ou des Ă©lections politiques.

Ces mĂ©thodes sont basĂ©es sur l'analyse de donnĂ©es, croisĂ©es avec les mĂ©thodes dĂ©veloppĂ©es pour la propagande, la publicitĂ© ciblĂ©e et la guerre psychologique, afin de rapidement influencer des individus selon leurs statuts socioĂ©conomiques, socioculturels et sociopolitiques et leurs habitudes de vote (les habitudes de vote Ă©tant souvent basĂ©es sur des traditions, des croyances statistiquement plus communes dans tel ou tel groupe de la population). Elles vont ĂȘtre manipulĂ©es, autant que possible, par divers rĂ©seaux et moyens proposĂ©s par Cambridge Analytica, dans le but de contrĂŽler et fausser les rĂ©sultats d’une campagne Ă©lectorale ou d'influence (ex : RĂ©fĂ©rendum sur l'appartenance du Royaume-Uni Ă  l'Union europĂ©enne)[20].

De la fouille de données aux acquisitions illégales et massives de données personnelles

Dans les années 2010, Facebook était déjà connu pour contenir un énorme ensemble de données exploitables à des fins commerciales et politiques ; notamment depuis que l'université de Cambridge y avait avec une autorisation - légale - collecté des données (anonymisées) à des fins de Recherche en sociopsychologie. Ces données ont abouti à des études évaluées par des pairs relatives à la détermination de traits individuels de personnalité (traits émotionnels, d'attitudes et de comportements), mais aussi de « partisanerie » politique ou religieuse, d'orientation sexuelle, etc., accessible rien qu'à partir des « likes » déposés sur Facebook.

Le groupe SCL/Cambridge Analytica a alors engagé l'un des scientifiques de l'université (le Dr Aleksandr Kogan) pour récolter de nouvelles données à partir de Facebook, en s'y introduisant via un quiz de personnalité qui était en fait une « porte » permettant la collecte de profils Facebook des répondants, et de leurs « amis », un processus alors non interdit par la plate-forme, mais interdit par la loi en Europe, sans consentement éclairé et préalable des individus [20].

Plus prĂ©cisĂ©ment, pour « profiler » son « public-cible », Ă  titre d'exemple, dans un premier temps, Cambridge Analytica a commencĂ© par faire passer un test (sur des plateformes de quiz en ligne), contre une rĂ©munĂ©ration de 2 Ă  5 dollars. L'Ă©chantillon Ă©tait cependant trop restreint, et pas assez reprĂ©sentatif de la population (n'y participaient que les Ă©tudiants, les chĂŽmeurs et les « femmes blanches riches »).
Cambridge Analytica a alors augmentĂ© la rĂ©munĂ©ration pour attirer d'autres catĂ©gories socioculturelles. Les questions Ă©taient construites sur le modĂšle du Big Five, le test de personnalitĂ© le plus frĂ©quemment utilisĂ© par les psychologues anglophones. Elles Ă©taient donc orientĂ©es sur cinq grands facteurs de personnalitĂ© : l’ouverture, la « conscienciositĂ© », l’extraversion, l’amabilitĂ© et le « nĂ©vrosisme »[32].

Jusque-là, rien n'était a priori illégal : les tests n'avaient pas lieu sur Facebook, mais sur deux autres sites n'ayant pas accÚs aux données détenues par Facebook sur ses utilisateurs.
Ces deux plateformes Ă©taient Amazon Mechanical Turk et Qualtrics.

Mais pour obtenir la rĂ©compense pĂ©cuniaire promise, il fallait se connecter Ă  son compte Facebook. C'est alors que Cambridge Analytica pouvait, illĂ©galement cette fois, accĂ©der Ă  des millions d'autres donnĂ©es beaucoup plus personnelles, dont le nom complet, le lieu de rĂ©sidence, les « likes », etc. Disposant alors de deux grands types de donnĂ©es (les « likes » et les informations gĂ©nĂ©rales), de logiciels Ă©tablissaient des modĂšles psychologiques et des fiches dĂ©taillĂ©es, pour les 11 Ă©tats clĂ©s (les swing states) de la campagne prĂ©sidentielle en croisant les deux types de donnĂ©es recueillies.
Dans le mĂȘme temps, l’algorithme introduit dans l'ordinateur de la victime pouvait parcourir la liste de ses « amis » (contacts dans Facebook), en effectuant pour ces derniers le mĂȘme processus d'extraction de donnĂ©es. C’est ainsi que des millions de personnes ont sans le savoir Ă©tĂ© victimes d'un gigantesque vol de donnĂ©es personnelles, qui a servi Ă  modifier leur perception du monde au profit du parti rĂ©publicain.

Selon deux anciens employĂ©s de l'entreprise, les mĂ©thodes de Cambridge Analytica ont ensuite associĂ© la psychologie, la propagande et la technologie d'une maniĂšre nouvelle et puissante, visant Ă  « capturer chaque aspect de l’environnement d’information de chaque Ă©lecteur », d'abord grĂące Ă  Facebook qui a, involontairement selon Mark Zuckerberg, fourni un ensemble de centaines de millions de donnĂ©es personnelles[20]. Dans le mĂȘme temps, Cambridge Analytica achetait — parfaitement lĂ©galement — de nombreuses bases de donnĂ©es sur les consommateurs (sur des sujets trĂšs variĂ©s allant des abonnements Ă  des magazines aux voyages en avion
). Un logiciel combinait ensuite aux fichiers d'Ă©lecteurs ces donnĂ©es trahissant leurs traits psychosociologiques. Ces donnĂ©es Ă©taient aussi associĂ©es aux fichiers d'adresses, numĂ©ros de tĂ©lĂ©phones, courriels, etc. permettant Ă  Cambridge Analytica de rĂ©diger et diffuser des millions de messages individualisĂ©s ciblant les Ă©lecteurs les plus mallĂ©ables (« persuadables ») jouant souvent sur les dĂ©clencheurs Ă©motionnels et motivationnels les plus inconscients ou secrets. Deux types d'influence peuvent alors ĂȘtre utilisĂ©s :

  • faire en sorte que l'Ă©lecteur ciblĂ© vote dans le sens demandĂ© par les clients de la sociĂ©tĂ© ;
  • faire en sorte qu'il soit abstentionniste le jour du vote, si l'analyse de son profil laisse penser qu'on ne pourra pas le faire changer d'opinion[20]. Selon une note interne lue par The Observer, aux États-Unis, la stratĂ©gie la plus utilisĂ©e a Ă©tĂ© de provoquer le « dĂ©sengagement des Ă©lecteurs » non acquis aux rĂ©publicains, en cherchant Ă  « persuader les Ă©lecteurs dĂ©mocrates de rester chez eux », une tactique jugĂ©e profondĂ©ment inquiĂ©tante par Carole Cadwalladr qui ajoute qu'il a Ă©tĂ© affirmĂ© que des tactiques de rĂ©pression ont Ă©tĂ© utilisĂ©es dans la campagne ; c'en est une[20].

Cambridge Analytica a ainsi « influencĂ© » les campagnes Ă©lectorales de plusieurs États-clĂ©s amĂ©ricains pour le compte de comitĂ©s d'action politique rĂ©publicains, ce qui a permis ou facilitĂ© l'Ă©lection de Donald Trump, mais aussi dans d'autres pays, notamment des pays en dĂ©veloppement[20].

Une enquĂȘte de l'ICO (Information Commissioner's Office, chargĂ© de faire respecter la lĂ©gislation britannique sur la protection des donnĂ©es) a rĂ©vĂ©lĂ© que de 2007 Ă  2014, Facebook a traitĂ© les informations personnelles de ses utilisateurs de maniĂšre injuste et illĂ©gale. Facebook a permis aux dĂ©veloppeurs d'applications (en particulier, Aleksandr Kogan et sa sociĂ©tĂ© GSR qui agissaient pour le compte du groupe SCL Ltd et de Cambridge Analytica) d'accĂ©der aux informations personnelles des comptes Facebook sans consentement clair et Ă©clairĂ© des personnes, et que cet accĂšs a Ă©tĂ© accordĂ© mĂȘme pour des utilisateurs qui n'avaient pas tĂ©lĂ©chargĂ© d'application, par le seul fait qu'ils Ă©taient « amis » avec des personnes l'ayant fait[33].
En octobre 2018, aprĂšs cette enquĂȘte, l'ICO a infligĂ© Ă  Facebook une amende de 500 000 ÂŁ (amende maximale autorisĂ©e par la lĂ©gislation britannique pour infractions Ă  la protection des donnĂ©es)[34].

Utilisation des données

Cambridge Analytica, avec l'aide d'AggregateIQ, n'avait plus qu'à adapter et personnaliser les messages susceptibles de modifier les points de vue, en fonction des groupes et sous-groupes qu'il avait ciblés sur Face-book ou d'autres plateformes, et à laisser circuler ces messages (via les réseaux sociaux principalement)[20].
Selon un ancien employĂ© interrogĂ© par The Guardian, avant l'Ă©lection de Trump, l'entreprise est rapidement devenue une vĂ©ritable entreprise de guerre psychologique[20] utilisant les mĂȘmes moyens que les Psyops (OpĂ©rations psychologiques mises en Ɠuvre par les militaires qui veulent opĂ©rer un changement de sentiment de masse dans une population ; ce qu'on dĂ©signe autrement en parlant de « gagner les cƓurs et les esprits »)[20]. Cambridge Analytica le faisait cependant pour faire gagner de la notoriĂ©tĂ© et des votes Ă  ses clients, et notamment dans les pays en dĂ©veloppement « qui n'ont pas beaucoup de rĂšgles »[20].

En 2017, Carole Cadwalladr fait remarquer qu'aux États-Unis la loi encadre strictement l'accĂšs du gouvernement aux donnĂ©es personnelles, mais que ce n'est pas le cas pour les entreprises privĂ©es, qui sont trĂšs peu limitĂ©es dans ce domaine. Elle y voit de possibles prĂ©misses de moyens de surveillance autoritaire, surtout quand le politique place des intĂ©rĂȘts privĂ©s au cƓur de l'administration. Les enquĂȘtes faites dans les annĂ©es 2010 ont clairement montrĂ© que Cambridge Analytica Ă©tait liĂ© Ă  de nombreux milliardaires de droite cherchant Ă  maitriser voire manipuler l'information (dont Rupert Murdoch, propriĂ©taire du Wall Street Journal) : « RM a redirigĂ© et connectĂ© avec Jamie McCauley du bureau de Robert Thomson News Corp », dit-il.

Motivations des membres du personnel

À la question « Pourquoi quelqu'un voudrait-il faire un stage dans une entreprise de guerre psychologique » posĂ©e par un journaliste du Guardian, un ancien employĂ© rĂ©pond « C'Ă©tait comme travailler pour les services secrets du MI6. Comme un travail Ă  la commande pour le MI6. C'Ă©tait trĂšs chic, trĂšs anglais, dirigĂ© par un vieil Etonien et il fallait faire des choses vraiment cool. Se dĂ©placer en avion partout dans le monde. Vous travailliez avec le prĂ©sident du Kenya ou du Ghana ou ailleurs. Ce n’est pas comme les campagnes Ă©lectorales dans les pays occidentaux. vous devez ici faire toutes sortes de conneries dingues »[20].

Liens avec le complexe militaro-industriel

Une journaliste d'investigation du Guardian a Ă©tĂ© interpellĂ©e par le « Directeur des opĂ©rations de dĂ©fense du groupe SCL », le « Commandant Steve Tatham, PhD, MPhil, retraitĂ© de la Royal Navy » et ancien chef des opĂ©rations psychologiques des forces britanniques en Afghanistan. Ce dernier se plaignait de l'utilisation par le Guardian du mot « dĂ©sinformation » dans un article sur Mercer relatif aux stratĂ©gies de type « militaires » qui auraient Ă©ventuellement pu ĂȘtre utilisĂ©es pour influer sur les votes lors d'Ă©lections britanniques et amĂ©ricaines. Remarque : Steve Tatham est (ou fut) un acteur important du complexe militaro-industriel ; The Observer a eu accĂšs Ă  des courriers montrant son rĂŽle au ministĂšre britannique de la DĂ©fense, mais aussi au Bureau des Affaires Ă©trangĂšres et du Commonwealth et au sein de l'OTAN[20]. La journaliste lui a en retour signalĂ© des rĂ©fĂ©rences de textes qu’il avait Ă©crits sur la « tromperie » et sur la « propagande » dans divers articles, estimant que ces concepts Ă©taient proches de celui de dĂ©sinformation.

Trouvant curieuse cette rĂ©action d'un ancien haut-gradĂ© de l'armĂ©e, elle s'est intĂ©ressĂ©e Ă  l'origine des donnĂ©es exploitĂ©es par les « analystes de donnĂ©es » de Cambridge Analytica et de sa discrĂšte « consƓur » canadienne Aggregate IQ. Selon elle, Cambridge Analytica n'est pas une start-up conventionnelle, mais a d'abord fait partie du complexe militaro-industriel britannique, liĂ© Ă  l'establishment militaire britannique, gĂ©nĂ©ralement conservateurs et « de la vieille Ă©cole » ; Geoffrey Pattie (ancien sous-secrĂ©taire d'État parlementaire chargĂ© des achats de la dĂ©fense et directeur de Marconi Defence Systems), ou Lord Marland (ancien reprĂ©sentant de David Cameron chargĂ© des questions de commerce, pro-Brexit, et actionnaire pourraient ĂȘtre des parties prenantes. Puis l'entreprise s'est aussi insĂ©rĂ©e dans l'establishment militaire amĂ©ricain, bien plus puissant. Ainsi Chris Naler (ancien commandant du centre des opĂ©rations de l'US Marine Corps), a rĂ©cemment rejoint Iota Global, autre partenaire du groupe SCL[20].La psychologie sociale associĂ© Ă  l'analyse statistique intelligente du big data seraient une façade de Cambridge Analytica, cachant selon Carole un entrepreneuriat utilisant des mĂ©thodes et stratĂ©gies militaires sur des populations civiles (« nous »)[20].

Le sociologue David Miller, spécialistes de la guerre psychologique et de la propagande à l'Université de Bath, abonde dans ce sens et estime que ces méthodes soulÚvent « la question de savoir si nous vivons réellement encore dans une démocratie ou non »[20].

Assistance à la République de Trinité-et-Tobago, et possibles dérives sécuritaires

Alors que Robert Mercer entamait ses négociations d'achat du groupe SCL avec son patron (Alexander Nix), SCL se voyait choisi par plusieurs ministres de la république de Trinité-et-Tobago pour un contrat d'assistance un peu inhabituel.

En 2013, c'est Cambridge Analytica, Ă  peine crĂ©Ă©e, qui est alors chargĂ© de ce contrat, pour le compte du Conseil national de sĂ©curitĂ© de TrinitĂ©-et-Tobago. Il s'agissait de crĂ©er un systĂšme informatisĂ© de micro-ciblage au service des partis au pouvoir Ă  l'Ă©poque. Comme dans le cas de la promotion du Brexit, Cambridge Analytica dĂ©lĂšguee Ă  AggregateIQ le travail de conception de la plateforme numĂ©rique de ciblage. TrinitĂ©-et-Tobago est un petit Ă©tat insulaire, dont la population est en grande partie analphabĂšte et pauvre, mais dirigĂ©e par une oligarchie pĂ©trogaziĂšre et miniĂšre trĂšs riche (grĂące aux ressources du pays en hydrocarbures). Ce pays est depuis longtemps Ă©conomiquement trĂšs liĂ© aux États-Unis, avec lesquels il a comme point commun d'ĂȘtre trĂšs dĂ©pendant du pĂ©trole et du gaz naturel (TrinitĂ©-et-Tobago est le second Ă©metteur de CO2 par habitant en 2014, aprĂšs le Qatar, avec 34,2 tonnes Ă©mises par habitant, Ă  comparer Ă  la moyenne mondiale qui est de 5,0 tonnes [35]). Des documents consultĂ©s par The Observer montrent que le plan prĂ©sentĂ© par Cambridge Analytica au ministre, semblait inspirĂ© du film Minority Report. Il visait Ă  massivement capter les historiques de navigation des citoyens, mais aussi Ă  enregistrer des conversations tĂ©lĂ©phoniques pour leur appliquer un algorithme de reconnaissance du langage naturel, afin de construire une base de donnĂ©es mise Ă  disposition de la police nationale, avec Ă©tablissement de scores dĂ©crivant la supposĂ©e propension d'un citoyen Ă  commettre un crime.

C'Ă©tait selon The Guardian la premiĂšre fois que SCL se servait intrusivement du big data pour crĂ©er un micro-ciblage, selon des principes soutenus par Mercer. Ce type de contrat montre que les technologies dĂ©veloppĂ©es par SCL et ses Ă©manations (Cambridge Analytica et sa consƓur canadienne AggregateIQ) pourraient facilement ĂȘtre vendues Ă  des rĂ©gimes autoritaires et rĂ©pressifs ou Ă  des entitĂ©s cherchant Ă  psychologiquement manipuler toute une population. AprĂšs avoir aidĂ© Trump Ă  gagner les Ă©lections, Cambridge Analytica a obtenu des contrats Ă  l'intĂ©rieur du Pentagone du dĂ©partement d'État amĂ©ricain, ce qui est « absolument terrifiant », a commentĂ© en 2017 un ancien de Cambridge Analytica, entreprise qui s'est mise en faillite, mais aprĂšs avoir transfĂ©rĂ© une partie de son personnel et ses moyens chez Emerdata Limited[8] - [9] - [10] - [11].

Acteurs

Selon the Gardian, depuis 2013 environ, le systÚme inspiré par Robert Mercer associe quelques acteurs majeurs[20] :

  • Aleksandr Kogan, psychologue formĂ© Ă  l'universitĂ© de Cambridge ,
  • AggregateIQ, sociĂ©tĂ© sƓur de Cambridge Analytica, qui travaillait trĂšs discrĂštement au Canada pour cette derniĂšre (et dans de nombreux autres pays) ;
  • Christopher Wylie (dit Chris Wylie)[36] ;
  • Mark Gettleson, expert en communication et groupes de discussion, ancien conseiller libĂ©ral dĂ©mocrate, connu comme anti-europĂ©en, et ami de longue date de Christopher Wylie qui l'a recrutĂ© pour Cambridge Analytica en 2014 (tous deux seront finalement lanceurs d'alerte dans l'affaire de la manipulation de l'opinion publique en faveur du Brexit)[37] ;
  • Thomas Borwick (fils de Victoria Borwick, dĂ©putĂ©e conservatrice de Kensington)

Dans le cas du Brexit, s'ajoutent[20] :

  • Matthew Elliott (pilote de la campagne « Vote Leave » et rĂ©dacteur en chef du site Web Brexit Central, pour le compte de Boris Johnson et Michael Gove) ;
  • Dominic Cummings (recrutĂ© par Matthew Elliott). Cet ancien d'Oxford a vĂ©cu 3 ans en Russie pour tenter, sans succĂšs, d'implanter une compagnie d'aviation reliant Samara Ă  Vienne. Il est ensuite lobbyiste dont en 2000 pour le comitĂ© Businesses for Sterling qui l'embauche pour la campagne « Europe Yes. Euro No » et a servi (comme conseiller) le conservateur Michael Gove. C'est Cummings qui contacte AggregateIQ.
  • Stephen Parkinson et Cleo Watson, trĂšs impliquĂ©s dans la campagne pro-Brexit de Vote Leave, qui ont ensuite tous deux travaillĂ© pour le Premier ministre britannique ;
  • Shahmir Sanni, lanceur d'alerte concernant les manipulations psychologiques exercĂ©es lors du rĂ©fĂ©rendum ayant abouti au Brexit[29]

Efficacité

Dans The Guardian, un ancien de Cambridge Analytica explique qu'il faut «comprendre que cette entreprise n'est en aucun cas "normale" : « Je ne pense pas que Mercer se soucie mĂȘme de gagner de l’argent. Cambridge Analytica est le produit d'un milliardaire qui dĂ©pense d'Ă©normes sommes d'argent pour construire son propre laboratoire scientifique expĂ©rimental, afin d'y tester ce qui fonctionne, pour trouver de minuscules Ă©clats d'influence pouvant faire basculer une Ă©lection. Robert Mercer n'a pas investi dans cette entreprise avant qu'elle ait menĂ© une sĂ©rie d'essais pilotes contrĂŽlĂ©s. C'est l'un des informaticiens les plus intelligents au monde. Il ne va pas dĂ©penser 15 millions de dollars pour des conneries »[20].

Tamsin Shaw (professeur agrĂ©gĂ© de philosophie Ă  l'UniversitĂ© de New York, ayant travaillĂ© sur le financement de l'armĂ©e amĂ©ricaine et sur l'usage de la recherche psychologique Ă  des fins de torture)[38] ajoute que « la capacitĂ© de cette science Ă  ĂȘtre utilisĂ©e pour manipuler les Ă©motions est trĂšs bien Ă©tablie. C'est une technologie financĂ©e par l'armĂ©e, exploitĂ©e par une ploutocratie mondiale et qui est utilisĂ©e pour influencer les Ă©lections d'une maniĂšre que les gens ne peuvent mĂȘme pas voir, ils ne peuvent mĂȘme pas rĂ©aliser qu'ils sont manipulĂ©s. Il s’agit d’exploiter des phĂ©nomĂšnes existants comme le nationalisme, puis de l’utiliser pour manipuler les gens en marge. Qu'autant de donnĂ©es seront entre les mains d'un groupe de ploutocrates internationaux pour en faire ce qu'ils veulent est absolument effrayant. Nous sommes dans une guerre de l'information, et des milliardaires rachĂštent ces entreprises, qui sont ensuite employĂ©es pour aller travailler au cƓur du gouvernement »[20]

En 2020, au Royaume-Uni, une étude de l'Information Commissioner's Office a minimisé l'efficacité probable des modÚles théoriques utilisés par la société, qui ne sont en rien, selon lui, des innovations réelles en marketing politique, et auraient en réalité une application pratique moins efficace que ce que Cambridge Analytica et ses filiales ne le laissaient croire à leurs clients[39].

Au cinéma

La chaßne américaine HBO s'est inspiré du systÚme mis en place par les partisans du Brexit, avec Cambridge Analytica et AggregateIQ, dans un film intitulé Brexit: The Uncivil War.

Activités

Élection prĂ©sidentielle de 2016

L'implication de CA lors des primaires prĂ©sidentielles du Parti rĂ©publicain amĂ©ricain de 2016 est dĂ©voilĂ©e en juillet 2015[7]. En dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e, la sociĂ©tĂ© se vante d'avoir amassĂ© jusqu'Ă  5 000 data point (en) auprĂšs de 220 millions d'AmĂ©ricains. À l'Ă©poque, Robert et Rebekah Mercer sont des importants partisans de Ted Cruz[6] - [40]. À ce moment, la sociĂ©tĂ© est financĂ©e, de maniĂšre importante, par le biais de comitĂ©s d'action politique ainsi qu'Ă  partir de fonds tirĂ©s de la campagne de Cruz[41].

Ted Cruz devient l'un des premiers gros clients de CA lors de la campagne prĂ©sidentielle de 2016. Son organisation y investit ainsi environ millions de dollars amĂ©ricains tout juste avant le « caucus » de l'Iowa[42]. D'autres fonds proviennent de Supers PAC alliĂ©s[42]. L'impact de CA pour la victoire de Cruz dans cet État a Ă©tĂ© jugĂ© significatif[43] - [44]. Au total, l'organisation de Cruz a investi 5,8 millions de dollars dans la sociĂ©tĂ©[45].

Le , le vice-prĂ©sident et directeur juridique de Facebook, Paul Grewal (en) accuse Aleksandr Kogan, professeur de psychologie[46] de l'universitĂ© de Cambridge, de nationalitĂ© amĂ©ricaine[47], d'avoir menti et violĂ© la politique de la plateforme en transmettant les donnĂ©es, rĂ©cupĂ©rĂ©es sur une application, utilisant une interface de connexion de Facebook, Ă  Cambridge Analytica[48], avec son quiz baptisĂ© « thisisyourdigitallife » tĂ©lĂ©chargĂ© par prĂšs de 270 000 utilisateurs de Facebook, rĂ©munĂ©rĂ©s 4 US$ pour rĂ©pondre aux questions du quiz. Les donnĂ©es de ces personnes ont Ă©tĂ© collectĂ©es ainsi que celles de leurs amis, sans leur permission. D'oĂč le nombre de 87 millions de personnes concernĂ©es dont prĂšs de 210 000 Français[49].

Le , Aleksandr Kogan déclare qu'il sert de bouc émissaire à Facebook[50]. D'aprÚs un ancien responsable d'exploitation de Facebook, Sandy Parakilas (en), devant une commission parlementaire britannique, déclare que « Facebook était au courant de ce qui se passait et n'a prévenu personne[51] ».

Le , une commission du parlement britannique auditionne le psychologue Aleksandr Kogan, qui affirme avoir été abusé par Cambridge Analytica et envisage d'attaquer Facebook en diffamation[49].

Référendum sur le Brexit en 2016

Le lanceur d'alerte Christopher Wylie affirme dans un entretien accordé à plusieurs journaux européens, dont Libération, que la société Cambridge Analytica a joué un « rÎle crucial » dans le vote en faveur du Brexit[52].

Selon Christopher Wylie, l'entreprise canadienne AggregateIQ (AIQ), liée à Cambridge Analytica, a travaillé avec cette derniÚre afin de promouvoir la campagne en faveur de la sortie de l'Union européenne. Ainsi Leave.EU aurait contourné son plafond de dépenses en dépensant « prÚs d'un million de livres pour cibler » les électeurs. Il estime que « sans AggregateIQ, le camp du 'Leave' n'aurait pas pu gagner le référendum, qui s'est joué à moins de 2 % des votes[53]. »

La premiĂšre Ă©tape de l’implication de la sociĂ©tĂ© dans la campagne du Brexit a Ă©tĂ© la collecte de donnĂ©es par l’entremise de rĂ©seaux sociaux, notamment Facebook. Selon Andy Wigmore, directeur des communications de la campagne Leave. EU, Facebook Ă©tait la clĂ© de leur tactique. La mĂ©thode privilĂ©giĂ©e Ă©tait de propager des images et des messages pouvant engendrer des Ă©motions nĂ©gatives. Par exemple, selon la journaliste du Guardian Carole Cadwalladr, une horde d’immigrants entrant dans le pays provoquant du mĂ©contentement pour certains types de personnes[54]. GrĂące aux donnĂ©es recueillies sur Facebook, il Ă©tait possible de cibler les gens les plus susceptibles d’ĂȘtre convaincus par ce genre de messages. Le but Ă©tait de susciter une nouvelle façon de penser « Ă  la mode », qui provoquerait Ă©galement un changement au niveau politique. Selon eux, la politique dĂ©coule directement de la culture, le vote est tout aussi subjectif que la mode vestimentaire et les gens suivent le courant sans trop se poser de questions[55]. La mĂ©thode mise en Ɠuvre a consistĂ© Ă  dominer et Ă  manipuler l’information, notamment grĂące Ă  des rumeurs, des fausses nouvelles et de la dĂ©sinformation[55].

L’un des thĂšmes les plus exploitĂ©s a Ă©tĂ© celui de l’immigration. Le camp du Brexit a donc dirigĂ© ses messages vers les personnes les plus apathiques pour tenter de les convaincre que quitter l’Union europĂ©enne amĂ©liorerait leurs conditions de vie[56].

Des enquĂȘtes de l'« House of Commons Digital, Culture, Media and Sport Select Committee » sont en cours pour tenter de dĂ©montrer que Cambridge Analytica aurait participĂ© Ă  la transmission de fausse information lors de la campagne du Brexit. La sociĂ©tĂ© est Ă©galement sous deux autres enquĂȘtes, premiĂšrement, « the Electoral Commission » tente de prouver que l'entreprise aurait participĂ© Ă  l'utilisation et Ă  la vente des donnĂ©es personnelles Ă  une tierce partie. Puis, « the British Information Commission-er’s Office » recherche sur la possibilitĂ© d’une infraction de la rĂšglementation concernant les subventions Ă©lectorales[56].

En octobre 2020, le Bureau du commissaire Ă  l'information Ă©crit dans son rapport que « ni l’entreprise ni sa filiale appelĂ©e SCL n’avaient dĂ©tournĂ© de donnĂ©es en vue d’influencer le rĂ©fĂ©rendum de 2016 sur le Brexit ou de favoriser une ingĂ©rence russe dans les mĂ©canismes politiques »[57] et que Cambridge Analytica « n’a effectuĂ© qu’un travail limitĂ© pour la campagne [pro-Brexit] Leave.eu, au-delĂ  de son implication dans l’analyse des donnĂ©es des membres du parti UKIP »[39].

Inde

Avec plus de 241 millions d’abonnĂ©s sur Facebook, l’Inde est le pays qui contient les plus grands nombres d’abonnĂ©s au monde de la plateforme[58]. Cependant, les deux principaux partis de ce pays s’accusent d’avoir eu recours Ă  Ovleno Business Intelligence, une entreprise indienne partenaire de Cambridge Analytica pour remporter plusieurs des derniĂšres Ă©lections.

Selon plusieurs documents, de l’enquĂȘte interne lancĂ©e par le gouvernement indien, publiĂ© le 28 mars 2018, la sociĂ©tĂ© Cambridge Analytica et sa maison mĂšre Strategic Communication Laboratories, travaille depuis des annĂ©es sur les Ă©lections en Inde. Ces rĂ©vĂ©lations ont suscitĂ© de grands soulĂšvements en Inde, car ces donnĂ©es ont pu ĂȘtre utilisĂ©es pour gagner les Ă©lections[59].

Selon un dĂ©nonciateur la maison mĂšre de Cambridge Analytica avait menĂ© des recherches comportementales et des sondages pour six Ă©lections lĂ©gislatives, en Inde. Ces recherches auraient Ă©tĂ© effectuĂ©es et utilisĂ©es Ă  partir de 2003 et auraient mĂȘme Ă©tĂ© utilisĂ©es lors des Ă©lections lĂ©gislatives indiennes de 2009 et majoritairement lors des Ă©lections de 2014[60]. En 2014, plusieurs partis auraient utilisĂ© cette stratĂ©gie[58].Par contre, aucune information claire ne circule sur la maniĂšre dont les informations ont Ă©tĂ© acquises.

Selon Nikhil Pahwa, un expert en technologie, ces rĂ©vĂ©lations sont troublantes, car l’Inde Ă©tant encore un pays en dĂ©veloppement, il est beaucoup plus vulnĂ©rable et instable que les États-Unis[60].

Élections lĂ©gislatives de 2014

Le scandale le plus retentissant s’est dĂ©roulĂ© lors des Ă©lections lĂ©gislatives de 2014. Lorsque le parti au pouvoir BJP soit la formation nationaliste hindoue a engagĂ© Ovleno Business Intelligence, entreprise liĂ©e Ă  Cambridge Analytica, pour remporter les Ă©lections. Sur le profil LinkedIn du directeur de cette entreprise on pouvait mĂȘme lire qu’il avait assurĂ© la victoire au parti. De plus, le parti BJP a remportĂ© la majoritĂ© absolue des siĂšges au parlement national, ce qui ne s’était jamais vu en Inde depuis plus de 20 ans[61].

Cambridge Analytica se retrouve maintenant accusĂ©, en Inde, pour vol de donnĂ©es personnelles et tentative d’influencer les Ă©lections par des moyens illĂ©gaux. Le parti du congrĂšs (BJP) a cependant Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© coupable, selon la commission Ă©lectorale, d’avoir Ă©tĂ© un client de Cambridge Analytica et doit maintenant obligatoirement prĂ©senter ses excuses Ă  la population pour vol d’information et manipulation[60].

Critiques et scandales

Cambridge Analytica a fait ingérence dans les élections présidentielles en Argentine en menant une campagne contre Cristina Fernåndez de Kirchner[62] - [63].

Cambridge Analytica aurait participé en 2016 à la campagne électorale de Donald Trump en collectant et en exploitant à leur insu les données personnelles de quatre-vingt-sept millions d'utilisateurs de Facebook[64]. La révélation de l'affaire a fait chuter de 7 % l'action Facebook à la Bourse de New York le 19 mars 2018[65] - [66].

En mars 2018, la chaĂźne britannique Channel 4 a rĂ©vĂ©lĂ© un film tournĂ© en camĂ©ra cachĂ©e entre novembre 2017 et janvier 2018, oĂč l'on voit le PDG de Cambridge Analytica, Alexander Nix, proposer le recours Ă  des pots-de-vin et Ă  des prostituĂ©es ukrainiennes pour faire chanter des hommes politiques[67]. La sociĂ©tĂ© annonce qu'Alexander Nix est suspendu, avec effet immĂ©diat, dans l’attente d’une enquĂȘte complĂšte et indĂ©pendante[68]. Le , l'entreprise annonce qu’elle cesse immĂ©diatement toutes ses activitĂ©s et qu’elle entame une procĂ©dure de faillite[69] et le 24 septembre 2020, Nix, a Ă©tĂ© condamnĂ© par un juge anglais Ă  sept ans d'interdiction de diriger une entreprise en raison de son comportement « dĂ©pourvu d'Ă©thique »[70] - [71].

En 2020, plusieurs groupes de documents provenant de Cambridge Analytica, publiés par Hindsight 2020 (Hindsight signifie en anglais Biais rétrospectif) sur Internet montrent comment cette officine politique, avec sa maison mÚre le groupe SCL démarchait de nombreux candidats politiques dans de nombreux pays, mais aussi de grands groupes, dans ces cas au Kenya, en Malaisie, en Iran ou en faveur de John Bolton (ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump)[72].

En 2020, Channel 4 a eu accĂšs Ă  la base de donnĂ©es qui a servi Ă  l’équipe de campagne de Donald Trump pour (en 2016) cibler 200 millions de personnes, classĂ©s par catĂ©gories avec des informations individuelles telles qu'adresses, dates de naissance, mais aussi sur l’origine ethnique, la possession d'armes Ă  feu ou d’animaux de compagnie
 informations lĂ©galement protĂ©gĂ©es aux États-Unis. Ce fichier plaçait plus de 3,5 millions d’Afro-AmĂ©ricains dans une catĂ©gorie « dissuasion », qui, selon Channel 4 News, visait Ă  mieux les cibler pour les pousser Ă  l'abstention le jour du vote. Ainsi, selon les Journalistes-enquĂȘteurs, « en GĂ©orgie, par exemple, bien que les Noirs reprĂ©sentent 32 % de la population, ils constituaient 61 % des membres de la catĂ©gorie d’électeurs Ă  dissuader »(de voter)[71]. Facebook n'a pas voulu communiquer sur les messages ciblĂ©s lancĂ©s lors de la campagne de 2016, mais un constat est que « Cette stratĂ©gie a prĂ©cĂ©dĂ© un effondrement du vote noir dans des Etats-clĂ©s, comme le Wisconsin », effondrement qui peut toutefois aussi ĂȘtre en partie attribuĂ© au fait qu'Hillary Clinton avait moins sĂ©duit l'Ă©lectorat noir, par rapport Ă  Barack Obama aux Ă©lections prĂ©cĂ©dentes[71]. Brad Parscale (directeur de la campagne numĂ©rique de Donald Trump en 2016) a affirmĂ© Ă  des journalistes de PBS Frontline : « Je dirais que je suis presque sĂ»r Ă  100 % que nous n’avons menĂ© aucune campagne qui ciblait les Afro-AmĂ©ricains », mais les enquĂȘteurs de Channel 4 News disent que dans un document qu'ils sont pu consulter, Cambridge Analytica reconnaĂźt avoir ciblĂ© les Afro-AmĂ©ricains[71].

Selon Christopher Wylie, le lanceur d'alerte ayant rĂ©vĂ©lĂ© le vol de millions de donnĂ©es personnelles issues de Facebook Ă  des fins politiques : « Cambridge Analytica a fermĂ©, mais ses tactiques n’ont pas disparu »[73].

Cinéma

Le scandale Cambridge Analytica est raconté dans le documentaire The Great Hack (le grand piratage), sorti en 2019, avec de nombreux témoignages de certains acteurs directs des activités de l'entreprise[74].

Notes et références

  1. « https://www.bloomberg.com/research/stocks/private/snapshot.asp?privcapId=434877108 »
  2. « Scandale Facebook : la fermeture de Cambridge Analytica ne la met pas Ă  l’abri des poursuites », Le Monde
  3. « https://www.theguardian.com/uk-news/2018/mar/20/cambridge-analytica-suspends-ceo-alexander-nix »
  4. « https://www.thedailybeast.com/rebekah-mercer-stands-by-cambridge-analytica »
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Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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