Shahmir Sanni
Shahmir Sanni est un informaticien (digital strategist), qui lors de la campagne du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne s'est proposé comme bénévole pour la campagne Vote Leave[1]. Il y a été introduit par C Wylie (à l'époque directeur de Cambridge Analytica). Il devient ensuite, en avril 2016, trésorier du groupe politique « BeLeave », l'un des groupes partisans de la sortie du Royaume-Uni hors de l'Europe (Brexit)[1].
Il a été, à ce titre, l'un des lanceurs d'alerte ayant contribué à révéler une partie du scandale Facebook-Cambridge Analytica/AggregateIQ. Il a montré que la campagne référendaire de Vote Leave (le parti officiel du Brexit) cachait un processus manipulatoire et illégal. Ce processus a, certainement selon lui, le jour du vote du Référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne, conduit à une victoire usurpée par le camp des pro-Brexit.
De l'aveu mĂȘme de « Vote Leave », le Brexit n'aurait pas pu avoir lieu sans les logiciels d'agrĂ©gation de donnĂ©es et d'influence psychologique mis au point par AggregateIQ (qui a Ă©tĂ© alimentĂ© par les bases de donnĂ©es de Cambridge Analytica, notamment construites Ă partir de donnĂ©es captĂ©es par Kogan dans Facebook, en accord avec le GAFA.
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Refusant de cautionner une Ă©lection manipulĂ©e, Shahmir Sanni a permis de mettre au jour les implications cachĂ©es et croisĂ©es de Facebook, du parti conservateur anglais (dont Boris Johnson, des personnalitĂ©s clĂ©s travaillant pour Theresa May Ă Downing Street et l'extrĂȘme droite ; Nigel Farage en particulier) et de Cambridge Analytica dans le processus qui a abouti au Brexit.
Il a, avec d'autres (C Wylie en particulier), permis de dĂ©montrer qu'Aleksandr Kogan et Cambridge Analytica n'ont pas pu agir seuls, mais que dans les derniers mois de la campagne du rĂ©fĂ©rendum, via Darren Grimes, les partisans du Brexit ont aussi fait appel Ă la Start-up canadienne AggregateIQ (start-Up sĆur de Cambridge Analytica, alors encore moins connue du grand public qu'elle et que le Groupe SCL).
Au fur et Ă mesure des enquĂȘtes qui ont suivi, Cambridge Analytica et AggregateIQ sont apparues, malgrĂ© leur dĂ©nĂ©gation, comme deux filiales respectivement anglaise et canadienne de SCL Elections, crĂ©Ă©es et majoritairement financĂ©es et contrĂŽlĂ©es par des intĂ©rĂȘts amĂ©ricains politiques et privĂ©s, et agissant de concert. Une autre entreprise, Crow Business Solutions MENA pourrait ĂȘtre impliquĂ©e[2]. Selon The Guardian, ces personnes et entitĂ©s semblent avoir bafouĂ© l'Ă©thique dĂ©mocratique, les rĂšgles de dĂ©penses rĂ©fĂ©rendaires, et tentĂ© de dĂ©truire les preuves de leur forfaiture[1].
Face Ă ces rĂ©vĂ©lations, la justice et la commission Ă©lectorale anglaises se sont nĂ©anmoins trouvĂ©es dĂ©munies : d'une part ce processus s'est dĂ©roulĂ© dans une « zone grise » du droit Ă©lectoral qui n'a pas encore Ă©tĂ© adaptĂ© Ă l'encadrement des nouveaux types de propagande politique exercĂ©s dans l'Internet et ses rĂ©seaux sociaux ; d'autre part, cette Ă©lections n'a pas Ă©tĂ© truquĂ©e par bourrage d'urne, par des menaces ou des empĂȘchements physiques d'aller voter. Dans le cas prĂ©sent, un groupe ciblĂ© d'internautes a Ă©tĂ© influencĂ©e en amont, sans en avoir conscience, par des techniques de manipulation mentale d'origine militaire et publicitaire, amĂ©liorĂ©es dans les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes par des bases plus scientifiques d'une part, et par des logiciels d'« intelligence artificielle » d'autre part. Un nombre suffisant d'Ă©lecteurs-clĂ© ont Ă©tĂ© judicieusement choisis sur la base de leur profil psychologique montrant qu'ils Ă©gaient instrumentalisables par des messages ciblĂ©s. Ils ont Ă©tĂ© simplement subrepticement et subliminale ment « encouragĂ©s » Ă voter pour un parti ou Ă ĂȘtre abstentionniste le jour du vote[3]. Le vote n'a pas Ă©tĂ© annulĂ©. Les partis politiques en cause n'ont eu que des amendes modestes Ă payer, uniquement au Royaume-Uni. Facebook nĂ©anmoins subi des amendes plus importantes, et a vu son image et sa cote de confiance dĂ©gradĂ©es. La plupart des entreprises responsables se sont dĂ©clarĂ©es en faillites, Ă©chappant Ă la justice, pour semble-t-il presque immĂ©diatement se reconstituer sous d'autres noms[4] - [5] - [6] - [7].
Contexte
Au Royaume-Uni, des groupes conservateurs, libertariens de droite, parfois d'extrĂȘme droite et dans tous les cas europhobes, se sont peu Ă peu concertĂ©s, dont au sein du parlement europĂ©en avec comme ambition commune de faire sortir ce pays de l'Union europĂ©enne. Ces projets Ă©taient notamment portĂ©s par l'association «Business for Britain» (qui est prĂ©curseur de Vote Leave).
En 2018, aprĂšs avoir rĂ©ussi Ă lancer une procĂ©dure de rĂ©fĂ©rendum, ce lobby rassemble ses moyens pour faire advenir le Brexit, en s'appuyan notamment sur l'Institut Adam Smith, le Center for Policy Studies, l'Institute of Economic Affairs[8], Ă©galement trĂšs impliquĂ©s dans la diffusion du dĂ©ni du rĂ©chauffement climatique[9] - [10] âŠet Leave Means Leave, qui promeut un « Brexit dur »).
Ces acteurs s'organisent en groupes de pression ou de "sensibilisation». Ils le font autour du Parti Vote Leave, lĂ©galement crĂ©Ă© pour la circonstance, et reconnu par la commission Ă©lectorale comme « parti officiel » du Brexit. Ce rĂ©seau comprend l'Institut Adam Smith, le Center for Policy Studies, l'Institute of Economic Affairs et Leave Means Leave. Nombre des groupes constituĂ©s autour de ce rĂ©seau, supposĂ©ment pour reprĂ©senter les Ă©lecteurs pro-Brexit et leurs intĂ©rĂȘts, ont ensuite Ă©tĂ© accusĂ©s d'ĂȘtre des organismes fantoches, utilisĂ©es par Vote Leave pour drainer et rĂ©orienter de l'argent illĂ©gal, delĂ de ce qu'autorisait son plafond autorisĂ© de dĂ©penses[11] - [12] - [13]. Ces entitĂ©s sont secrĂštement coordonnĂ©es Ă Londres (au rythme de deux rĂ©unions par semaine environ) par M. Elliott en lien avec Dominic Cummings (le directeur officiel de la campagne pro-Brexit)
Parmi les groupes militant pour le Brexit figure BeLeave, une « association non constituĂ©e en sociĂ©tĂ© »[14] spĂ©cifiquement crĂ©e par un jeune Ă©tudiant militant conservateur (Darren Grimes), avec le soutien juridique et stratĂ©gique de « Vote Leave », pour spĂ©cifiquement encourager les jeunes anglais Ă voter en faveur du Brexit[15]. Shahmir Sanni en est alors le trĂ©sorier, tout en restant presque quotidiennement proche de Vote Leave, ce qui lui permet de rapidement dĂ©tecter des anomalies comptables. De plus, BeLeave est si proche de Vote Leave qu'il est initialement basĂ© dans le siĂšge social mĂȘme de Vote Leave[16]. Shahmir Sanni est donc aussi l'un des tĂ©moins des stratĂ©gies mises en place pour emporter le rĂ©fĂ©rendum.
Shahmir Sanni, lanceur d'alerte
Shahmir Sanni entend d'abord autour de lui parler de dépassement et de moyens de contournement des plafonds légaux de dépenses autorisées lors de cette campagne référendaire[1].
Il s'inquiĂšte plus encore lorsque le 17 mars 2017 - une semaine aprĂšs que la Commission Ă©lectorale ait ouvert une enquĂȘte - il se rend comptes que Vote Leave a rapidement supprimĂ©, pour nombre de ses membres et associĂ©s, l'accĂšs aux documents antĂ©rieurement partagĂ©s entre les responsables et organisateurs de la campagne et notamment avec « BeLeave » et avec Aggregate IQ (sur Google Drive)[1] - [17] - [18].
Il décide donc de révéler au public qu'en dépit des alertes internes qu'il a émis, des dépenses excessives illégales, et parfois dissimulées ont lieu dans le camp des pro-Brexit[17] : Il affirme qu'un don de 625.000 £ a été fait par « Vote Leave » à « BeLeave », et que cet somme a été transférée à AggregateIQ (AIQ). Fin mars 2018 Jeff Silvester, directeur de l'exploitation d'AIQ (et cofondateur de la start-up en 2013 avec Zack Massingham), niait encore vivement tout lien avec les data-miners responsables du vol de données personnelles des détenteurs de plus de 50 millions de comptes sur Facebook. Dans un courriel envoyé à , il affirme au Times Colonist « AggregateIQ n'a jamais été, et ne fait pas partie de, Cambridge Analytica ni SCL [société mÚre de Cambridge Analytica]. AggregateIQ n'a jamais conclu de contrat avec Cambridge Analytica »[19].
Faits dénoncés
S. Sanni dénonce plusieurs faits qui s'entrecroisent :
Collusions
Shahmir Sanni a notamment contribué à mettre à jour une collusion entre la TaxPayers' Alliance et plusieurs think tanks et groupes de pression, impliquant notamment Peter Whittle, l'ancien chef-adjoint de l'UKIP, Civitas, l'Adam Smith Institute, Leave Means Leave, la Global Warming Policy Foundation, Brexit Central, le Center for Policy Studies et l'Institute for Economic Affairs)[20]. Durant la campagne référendaire, la TaxPayers' Alliance (TPA) a travaillé en faveur du Brexit de concert avec les Think tanks de droite et divers groupes de pression, notamment liées au 55 Tufton Street[21], dite « rue de la dark money » par Open Democracy[22]. Là , c'est un groupe parfois surnommé «les neuf entités» qui semble piloter secrÚtement la campagne. Ce groupe animé par M. Elliott semble notamment élaborer les coups médiatiques (2 à 3 par jour selon la TPA)[23] et les discours portés vers les médias, mais de plus en plus surtout vers les réseaux sociaux, et de maniÚre de plus en plus ciblée les derniers mois de la campagne[21] - [24].
Les neuf groupes de pression Ă©taient, outre la TaxPayers' Alliance, le bureau de Peter Whittle (ancien chef adjoint de l'UKIP), Civitas, l'Adam Smith Institute, Leave Means Leave, la Global Warming Policy Foundation, Brexit Central, le Center for Policy Studies et l' Institute for Economic Affairs[25].
Cette collusion ne se limitait pas au territoire britannique : le camp du Brexit a trouvĂ© un important soutien (tactique et financier) aux Ătats-Unis, de la part de plusieurs milliardaires, d'hommes politiques et rĂ©seaux de think-tanks (RĂ©seau Atlas et RĂ©seau de Stockholm, liĂ©s Ă ceux du 55 Tufton Street Ă Londres[26] - [27], et en particulier de la famille Mercer aux Ătats-Unis.
Manipulation mentale
S. Sanni a indirectement attirĂ© l'attention sur des utilisations dĂ©tournĂ©es, cachĂ©es et non Ă©thiques de la psychologie sociale croisĂ©e avec l'analyse statistique intelligente de donnĂ©es (personnelles ou non) issues du big data. Ces deux activitĂ©s Ă©taient revendiquĂ©es par SCL et ses deux filiales, comme sciences utilitaires, pouvant ĂȘtre mises au service de partis politiques et/ou de personnalitĂ©s politiques (toujours de droite quand ces entreprises ont agi au Royaume-Uni et aux Etats-Unis)[28] - [29] - [30].
S. Sanni, et plus encore Christopher Wylie ont permis que des journalistes d'enquĂȘte puissent remonter vers le Groupe SCL et suspecter, puis mettre en Ă©vidence certains liens entre les promoteurs du Brexit et des pratiques issues des expĂ©riences de guerre psychologique, en partie au moins liĂ©es au complexe militaro-industriel, croisĂ©es avec le Marketing d'influence.
SCL (crĂ©Ă© le 20 juillet 2005 et encore inconnu du grand public en 2016), via sa filiale SCL-Elections, a Ă©tĂ© la maison mĂšre de Cambridge Analytica et de Aggregate IQ. Selon son site Internet, SCL-Ă©lections a participĂ© Ă plus de 25 campagnes politiques et Ă©lectorales internationales depuis 1994, le plus souvent dans des pays en dĂ©veloppement[31] ; ce « focus » sur les pays en dĂ©veloppement date de 1997 est a une explication. SCL-Ă©lections a constatĂ© Ă cette date que quand elle travaillait Ă influencer les Ă©lections au Royaume-Uni, son personnel ne faisaient pas preuve de la mĂȘme « sensibilitĂ© distante » que pour les projets rĂ©alisĂ©s Ă l'Ă©tranger[32]. Mais ses sociĂ©tĂ©s-filles, Cambridge Analytica et/ou (selon les cas) AggregateIQ poursuivront activement ce travail, par exemple au service d'Ă©lus conservateurs d'Irlande du Nord et - comme l'a montrĂ© S. Sans - des promoteurs du Brexit[28] (dont Vote Leave et Boris Johnson). Concernant les Etats-Unis, SCL-Ă©lections y avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© impliquĂ©e aux Ă©lections de mi-mandat de 2014 dans 44 Ă©lections (au CongrĂšs amĂ©ricain, au SĂ©nat amĂ©ricain et dans divers Ătats)[33] ; « Cambridge Analytica a dĂ©clarĂ© publiquement qu'il dĂ©tenait jusqu'Ă 5000 points de donnĂ©es sur chacun des plus de 230 millions d'Ă©lecteurs amĂ©ricains »[34].
Le Groupe SCL, depuis des dĂ©cennies, Ă©tait conseiller ou formateur (au moins pour l'armĂ©e anglaise et l'OTAN) « dans des campagnes de dĂ©sinformation militaires », par exemple en en Afghanistan, pour des opĂ©rations dites « Psyops » [35]. Ces « opĂ©rations psychologiques », souvent imagĂ©es par la formule « Gagner les cĆurs et les esprits » se dĂ©roulent dans les contextes d'opĂ©rations dites de stabilisation, de contre-insurrection, de dĂ©fense de lâavant et de reconstruction d'un Etat ; cette notion a Ă©tĂ© (re)dĂ©finie comme suit par le gĂ©nĂ©ral David Petraeus dans le nouveau manuel sur la contre-insurrection de terrain (Counterinsurgency Field Manual) rĂ©Ă©crit pour les troupes dĂ©ployĂ©e en Irak et Afghanistan[36] : « Gagner les cĆurs signifie persuader la population que leur meilleur intĂ©rĂȘt est servi par les succĂšs des contre-insurgĂ©s. Gagner les esprits signifie convaincre la population que la force peut les protĂ©ger et que la rĂ©sistance est inutile »[37].
Fin mars 2018, a posteriori Channel 4 a qualifié la campagne pro-Brexit de « totalement illégale »[16].
Aspects financiers et ingérences étrangÚres
Une telle opération a nécessité l'accÚs à de puissants serveurs, ordinateurs et logiciels, à des millions de données personnelles volées par Kogan sur des comptes Facebook individuels, puis vendues à Cambridge Analytica. Ceci a un coût. Vote Leave drainé des millions de livre sterling de dark money.
Shahmir Sanni, parce que trésorier d'une des organisations du « 2Úme cercle » de la campagne pro-Brexit de Vote Leave a pressenti l'ampleur des financements cachés de ces opérations d'influence psychologiques et certains de ses ressorts.
Il est entrĂ© dans Vote Leave comme bĂ©nĂ©vole. Il explique que ce sont les juristes de Vote Leave qui ont Ă©crit les statuts juridiques de BeLeave (qui fin mai est devenu une organisation juridiquement sĂ©parĂ©e du Parti du Brexit). Au mĂȘme moment, en mai 2016, « Vote Leave » a demandĂ© au groupe de jeunes conservateurs de se crĂ©er un compte bancaire pour pouvoir recevoir des dons. Shahmir Sanni constate que dans les semaines prĂ©cĂ©dant la date du vote, « Vote Leave » a commencĂ© Ă largement dĂ©penser plus que ce qu'autorisait la loi anglaise. Une semaine avant la date du vote, un donateur a offert 1 million de livres supplĂ©mentaires à « Vote Leave » qui a alors dit que BeLeave en recevrait une partie.
Ses rĂ©vĂ©lations ont aussi permis au journalisme d'enquĂȘte de remonter jusqu'Ă la famille du milliardaire conservateur amĂ©ricain Robert Mercer, qui a parfois Ă©tĂ© requalifiĂ© de « Banquier du Brexit », ainsi qu'Ă Steve Bannon, et aux rĂ©seaux d'influence des Conservateurs amĂ©ricains.
Selon The Guardian, un vote historique pour le Royaume-Uni et l'Europe semble avoir Ă©tĂ© prĂ©parĂ© et manipulĂ© par des fonds et intĂ©rĂȘts privĂ©s, avec des groupes politicofinanciers Ă©trangers, et sans que les Ă©lecteurs concernĂ©s aient eu l'impression d'avoir Ă©tĂ© manipulĂ©s. Mercer s'est immiscĂ© dans les affaires europĂ©ennes en jouant secrĂštement d'une carte-clĂ© avantageant les partisans du Brexit lors du rĂ©fĂ©rendum ; il a offert Ă Nigel Farage l'accĂšs Ă son systĂšme d'influence, basĂ© sur la crĂ©ation de profil psychologique et sur des moyens de Propagande (de type astroturfing), basĂ©s sur l'analyse du big data notamment illĂ©galement extrait de comptes Facebook privĂ©s[3].
Conséquences pour Shahmir Sanni
Shahmir Sanni est alors licencié et diffamé. Le lobbyiste et stratÚge politique anglais Matthew Elliott a alors qualifié S. Sanni de « fantasiste à la Walter Mitty » en qualifiant les propos de Sanni de mensonge complet.
La TaxPayers' Alliance reconnaitra peu aprÚs (et sur la BBC, et sur le site Web «Brexit Central») l'avoir illégalement licencié et vilipendé parce qu'il avait révélé des dépenses excessives illégales dans sa campagne lors du Référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne) ; l'alliance avoue aussi avoir coordonné ses actions avec Downing Street et avec neuf think tanks "de droite" liés, qui opÚrent dans et autour des bureaux du 55 Tufton Street à Westminster.
Suites, conséquences
Outre les consĂ©quences pour Shahmir Sanni lui-mĂȘme[17].
Avec Christopher Wylie, Shahmir Sanni est Ă l'origine d'enquĂȘtes ouvertes notamment au Canada, aux Etats-Unis (par l'Agence fĂ©dĂ©rale de rĂ©gulation du commerce ou FTC) et bien entendu au Royaume-Uni. Mais la commission Ă©lectorale anglaise est limitĂ© Ă son champ de compĂ©tence, c'est-Ă -dire le seul respect de la loi Ă©lectorale ; et l'organisme chargĂ© de la protection des donnĂ©es (Information Commissioner's Office ou ICO), n'a pas le droit d'enquĂȘter au Canada oĂč est basĂ© AggregateIQ, hors de sa juridiction.
Ces enquĂȘte ont portĂ© sur les pratiques de Facebook d'une part, et sur les irrĂ©gularitĂ©s de financements et processus Ă©lectoraux relevĂ©es lors de la campagne du rĂ©fĂ©rendum d'autre part : irrĂ©gularitĂ©s qui avec des fausses nouvelles (fake news) ou messages jouant sur la peur des rĂ©fugiĂ©s et une crainte entretenue vis Ă vis de l'Union europĂ©enne semble avoir permis le Brexit, en dĂ©pit des sondages qui donnait ce camp perdant.
Dans l'Union europĂ©enne et pour de nombreux particuliers, une des consĂ©quences a Ă©tĂ© d'attirer l'importance sur l'importance de reprendre le contrĂŽle des processus Ă©lectoraux[38], et sur le rĂŽle du RĂšglement europĂ©en RGPD (promulguĂ© le 27 avril 2016), et la CNIL en France (deux organismes qui n'ont pas d'Ă©quivalent aux Etats-Unis) pour la protection des donnĂ©es. Le RGPD interdit l'agrĂ©gation de donnĂ©es ou la dĂ©sanonymisation qui sont au cĆur du travail de sociĂ©tĂ©s comme AggregateIQ, et il semble avoir protĂ©gĂ© les Ă©lections europĂ©ennes qui ont suivi le Brexit des influences qui ont pu perturber la dĂ©mocratie au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.
Le 1er mai 2018, la sociĂ©tĂ© SCL (et la plupart de ses filiales) se dĂ©clarent en faillite. Elles annoncent clore leurs activitĂ©s faute d'entrĂ©es d'argent Ă cause de la dĂ©gradation de leur image et de leur valeur sur le marchĂ©[39], mais de nombreux observateurs notent qu'alors que la liquidation judiciaire de SCL est Ă peine entreprise, elle semble se reconstituer avec les mĂȘmes personnes et parfois dans les mĂȘmes bureaux, sous d'autres noms (Emerdata, Data Propria, Auspex InternationalâŠ)[4] - [5] - [6] - [7].
En 2020, George Monbiot dans The Guardian, s'appuie notamment le tĂ©moignage de S. Sanni, sur les Ă©crits autobiographiques de Madsen Pirie et sur les Ă©lĂ©ments rassemblĂ©s par le site Open Democracy[22]. pour confirmer que presque tous les groupes de pression, Think tank ou pseudo-associations caritatives impliquĂ©s dans ce scandale Ă©taient politiquement classĂ©s sur la droite ou l'extrĂȘme droite de l'Ă©chiquier politique. SecrĂštement, ils ont rĂ©ussi Ă coordonner « leur travail, donnant l'impression qu'au Royaume-Uni, des personnes et entitĂ©s diffĂ©rentes arrivent spontanĂ©ment Ă de mĂȘmes conclusions »[8]. La plupart prenaient selon Monbiot un «Brexit dur» en s'accordant sur un « ensemble unique des points de discussion de droite »[40] - [41].
Autres lanceurs d'alerte, pour le mĂȘme scandale (et concernant la protection des donnĂ©es personnelles)
Depuis quelques années, des lanceurs d'alerte comme Edward Snowden et Chelsea Manning ont publiquement dénoncé le développement de programmes généralisés de surveillance, et de nouveaux moyens d'écoutes et d'intrusion informatique, utilisés par de grands services publics (ex : CIA et FBI, et PRISM et XKeyscore de la NSA aux Etats-Unis) qui collectent de l'information sur toute la planÚte, chez tous et chacun, sans consentement éclairé des individus, via le réseau téléphonique et l'internet et celui des caméras de surveillances, notamment.
Puis certains se sont inquiĂ©tĂ©s de la maniĂšre dont l'intelligence artificielle (IA) est utilisĂ©e. Des bots (« robots informatiques ») peuvent certes dĂ©tecter et limiter la dĂ©sinformation ou la propagande politique sur les mĂ©dias sociaux ; mais ils peuvent aussi la propager, et l'IA peut aussi ĂȘtre utilisĂ©e pour « forcer la main » d'Ă©lecteurs en faveur de tel ou tel parti ou lobby y ayant accĂšs[42] - [43].
Plus rĂ©cemment, d'autres lanceurs d'alerte ont dĂ©noncĂ© le caractĂšre cachĂ©, souvent illĂ©gal, et ample de nouveaux processus d'influence. Ces processus, assistĂ©e par l'intelligence artificielle, orientent les « choix » faits par des Ă©lecteurs-clĂ© ciblĂ©s (choix, dans le cas prĂ©sent, orientĂ©s en faveur du Brexit, mais qui ont ailleurs artificiellement favorisĂ©s des groupes conservateurs, dans des dizaines d'autres Ă©lections). Alors que Snowden et Manning dĂ©nonçaient des secrets d'Etat, ici ce n'est plus le secteur public (supposĂ© dĂ©fendre des intĂ©rĂȘts nationaux ou l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral) qui est en cause, mais l'appropriation de donnĂ©es personnelles (ou relevant des communs) par le secteur privĂ©, au profit d'intĂ©rĂȘts privĂ©s, industriels et politiques.
Ces lanceurs d'alerte ont été :
- Vyacheslav Polonski : allemand, Dr. en informatique appliquĂ©e aux sciences sociales, chercheur Ă l'UniversitĂ© d'Oxford (spĂ©cialiste des rĂ©seaux sociaux et des comportements collectifs), fondateur et PDG dâ« Avantgarde Analytics », une sociĂ©tĂ© qui conseille des dirigeants sur l'usage d'algorithmes dans les campagnes et sur la gestion de lâintelligence artificielle. Intervenu devant le Forum Ă©conomique mondial, membre de la « Global Shapers Community », il a Ă©tĂ© interrogĂ© par Forbes, le New York Times et la BBC. Dans The Independent, il a dĂ©crit comment l'IA a aidĂ© Donald Trump Ă gagner les Ă©lections, grĂące Ă l'apprentissage automatique, le big data et les robots et fausses nouvelles qui sur les rĂ©seaux sociaux influencent les Ă©lecteurs en manipulant leurs Ă©motions. Et Ă l'UniversitĂ© de Chicago pour The Conversation il parle d'une « intelligence machiavĂ©lique » pour dĂ©crire l'IA quand elle est mise au service de la propagande politique[44] ;
- David Caroll ; Peu avant le vote anglais en faveur Brexit Caroll s'était inquiété de l'ampleur et du caractÚre secret des quantités d'informations personnelles collectées et vendues par Facebook, ainsi que du caractÚre "politique" de ces données (Facebook évaluant, sans qu'on le sache jusqu'alors, le comportement électoral probable de chacun de ses utilisateurs, pour vendre cette information, parmi beaucoup d'autres, à d'autres entités).
- Christopher Wylie ancien directeur de recherche Ă Cambridge Analytica), pris de remords aprĂšs avoir constatĂ© que son travail avait servi l'extrĂȘme droite amĂ©ricaine et conduit Ă l'Ă©lection de Donald Trump[45] - [46] - [47],
- Mark Gettleson (expert en communication et groupes de discussion, ancien conseiller libéral démocrate, connu comme anti-européen, et ami de longue date de Christopher Wylie qui l'a recruté pour Cambridge Analytica en 2014 ; tous deux seront finalement lanceurs d'alerte[48].
- Brittany Kaiser (en), ancienne directrice responsable du développement des affaires chez Cambridge Analytica, comme qui comme Christopher Wylie a été prise de remords aprÚs voir manipulé des élections a décidé, dans un livre notamment, de révéler ce qu'elle a vu et fait dans Cambridge Analytica. Comme D. Caroll et C Wylie, elle est présente dans le film The Great Hack.
- CĂŽtĂ© journalistes d'enquĂȘte, Carole Cadwalladr a au Royaume-Uni contribuĂ© a expliquer les causes, responsabilitĂ©s et consĂ©quences de ce phĂ©nomĂšne[49]
Voir aussi
Articles connexes
- Groupe SCL
- AggregateIQ
- SCL Elections
- Cambridge Analytica
- Lanceur d'alerte
- Fraude Ă©lectorale
- Scandale Facebook-Cambridge Analytica
- présidentielle américaine de 2016
- Référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne
- Retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne (Brexit)
- Astroturfing
- RGPD
Bibliographie
Vidéographie, filmographie
- (en-GB) Carole Cadwalladr Marc Silver Mustafa Khalili Charlie Phillips Ash Jenkins Jess Search Sandra Whipham Oliver Rivers et Source: The Guardian / DocSociety / Bertha Foundation, « The Brexit whistleblower: 'Not cheating is the core of what it means to be British' â video », sur The Guardian, (ISSN 0261-3077, consultĂ© le )
- Site officiel du documentaire The Great Hack
- Interview de David Caroll, jeudi 13 février 2020, mise en ligne le 5 mai 2020
- Interview de David Caroll (Professor Who Sued Cambridge Analytica Exclusive Interview), mis en ligne le 29 mars 2018, par Republic World (Inde), à propos de l'utilisation possible de données personnelles par Cambridge Analytica et SCL-India pour influencer les résultats d'élection en Inde.
Notes et références
- (en-GB) Carole Cadwalladr Marc Silver Mustafa Khalili Charlie Phillips Ash Jenkins Jess Search Sandra Whipham Oliver Rivers et Source: The Guardian / DocSociety / Bertha Foundation, « The Brexit whistleblower : 'Not cheating is the core of what it means to be British' â video », sur The Guardian, (ISSN 0261-3077, consultĂ© le )
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- (en) « Cambridge Analytica dismantled for good? Nope: It just changed its name to Emerdata », The Register,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (en-US) Casey Michel, « Is Cambridge Analytica really shutting down? », thinkprogress.org,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (en-US) « Cambridge Analytica is out of business, but its heavy hitters have reopened under a new name / Boing Boing », sur boingboing.net, (consulté le )
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- Monbiot G (2020) For Your Eyes Only. The opaque and secretive networks on which Boris Johnson builds his power. The Guardian |publié le 2020-09-02|consulté le=2021-02-11
- Henry C (2012) Bibliographie -" Les marchands de doute" de Naomi Oreskes et Eric M. Conway. Le Courrier de l'environnement de l'INRA, 62(62), 123-124.
- Claude Henry, « Incertitude scientifique et incertitude fabriquĂ©e: D'une approche rationnelle aux dĂ©nis de science », Revue Ă©conomique, vol. 64, no 4,â , p. 589 (ISSN 0035-2764 et 1950-6694, DOI 10.3917/reco.644.0589, lire en ligne, consultĂ© le )
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