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Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain

L’Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain est un ouvrage rédigé par l'historien britannique Edward Gibbon et originellement publié en anglais de 1776 à 1788 sous le titre de The History of the Decline and Fall of the Roman Empire. L'ouvrage a été traduit en français une première fois en 1795, repris en français plus moderne en 1812 ; d'autres éditions ont suivi jusque dans les années 2010.

Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain
Auteur Edward Gibbon
Pays Royaume-Uni
Genre essai historique
Version originale
Langue Anglais
Titre The History of the Decline and Fall of the Roman Empire
Éditeur Strahan & Cadell
Date de parution 1776–1788
Version française
Traducteur François Guizot
Éditeur Maradan
Date de parution 1812
Type de média 8 vol.

Résumé

Dans cet ouvrage encyclopédique, Edward Gibbon retrace l'histoire de la Rome antique entre 180 et 1453 et s'attache à déterminer les causes de sa décadence. De plus, il propose une histoire de l'Europe et de l'Église catholique pour la période s'étendant de 98 à 1590.

Dans le chapitre L de son ouvrage, il rédige une biographie de Mahomet sur une centaine de pages[Gibbon 1].

Publications

Cet ouvrage s'étend sur 7 volumes dans son édition originale commencée en 1776[1], et sur 13 dans une édition traduite en français de 1819[2]. De 1777 à 1785, le roi de France Louis XVI (ou son secrétaire[3]) traduit en français ancien, d'avant la réforme orthographique française de 1835, les tomes I à IV sous le nom de plume « Leclerc de Sept-Chênes » ; le reste du travail est accompli par Demeunier et Boulard, puis Cantwell et Marigné (18 volumes in-8)[4] ; l'ouvrage est publié en 1785[5]. La traduction a ensuite été revue et corrigée entièrement en 1812[6]. Pour cette édition, la révision de la traduction est confiée à « Mlle de Meulan », alors que François Guizot ajoute des notes « d’après les recherches de l’érudition moderne »[7]. Une édition en français, revue par « Madame Guizot », sort en 1828[8]. Une autre édition en français sort en 1837 sous la supervison de J.-A.-C. Buchon[9]. Une version révisée est également publiée dans les années 2000[10].

Une version en italien a été publiée de 1820 à 1824[11].

Structure

La traduction en français de la version François Guizot publiée en 1819 comprend 13 tomes répartis en 71 chapitres[Gibbon 2]. Le tome premier comprend cinq sections : (1) Préface de l’Éditeur, (2) Lettre à l’Éditeur, (3) Notice sur la vie et le caractère de Gibbon, (4) Préface de l’Auteur et (5) Avertissement de l’Auteur, qui sont suivies des 7 premiers chapitres de l'ouvrage[12]. Le tome VII comprend trois sections : Observations générales sur la chute de l'Empire romain dans l'Occident, Avertissement et Post-scriptum[Gibbon 3] qui ne sont pas des chapitres stricto sensu de l'ouvrage. Les autres tomes ne comprennent que des chapitres. Le dernier tome comprend en outre une Table générale des matières[Gibbon 4].

Vol.Épigraphes des chapitresParution
1
Paris, 1819
2
Paris, 1819
3
Paris, 1819
4
Paris, 1819
5
Paris, 1819
6
Paris, 1819
7
Paris, 1819
8
Paris, 1819
9
Paris, 1819
10
Paris, 1819
11
Paris, 1819
12
Paris, 1819
13
Paris, 1819

Critiques

Page couverture du tome 1 de l'édition anglaise de l'Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, publiée en 1818. L'auteur est appelé « EDWARD GIBBON, ESQ. »

L'ouvrage de Gibbon est le second à analyser la notion de « chute de l'Empire romain », après Montesquieu dans Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence ; cette expression a depuis été reprise dans de nombreux livres historiques et suggère parfois l'idée d'une faillite brutale du monde romain.

Selon Henri-Irénée Marrou dans Décadence romaine ou Antiquité Tardive ?, la fin de l'Empire romain aurait été une époque de renouvellement dans les domaines spirituels, politiques et artistiques, notamment avec la naissance du premier art byzantin et de l'art préroman. Pour Pierre Grimal, la « civilisation romaine n’est pas morte, mais elle donne naissance à autre chose qu’elle-même, appelé à assurer sa survie »[13]. Néanmoins, la ville de Rome perd en étendue et en habitants, les ressources de l'Empire cessant de converger vers elle.

Paul Veyne[14] remet aussi en cause les idées de Gibbon concernant la conversion de l'Empire romain au christianisme.

La plupart des commentateurs et historiens religieux qui ont critiqué l'ouvrage l'accusent d'être injuste envers l'Église, mais aussi les saints et les savants de l'Église. En particulier, le quinzième chapitre (De la religion chrétienne et de ses progrès)[Gibbon 18], qui documente les raisons de la rapide expansion du christianisme dans l'Empire romain, a été fortement critiqué et plusieurs pays ont interdit la diffusion du livre (l'Irlande, par exemple, a levé l'interdiction au début des années 1970).

En dépit de ces objections, considéré comme une critique argumentée et judicieuse de la faillibilité de la condition humaine, l'ouvrage continue à inspirer les historiens et les étudiants en littérature anglaise.

Le style de Gibbon est grave, solennel quelque peu emphatique parfois. Gibbon semble avoir eu une haute idée du devoir du dirigeant ou du simple citoyen envers l'État. Son style ressemble à celui de certains auteurs antiques.

En , The Guardian classe la version en anglais de l’Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain comme le 83e meilleur ouvrage de non-fiction de tous les temps[15].

Extraits

Page-titre du tome 1 de l’Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain.
tome 1
  • « D’un autre cĂ´tĂ©, la lâchetĂ© et la dĂ©sobĂ©issance ne pouvaient Ă©chapper aux plus sĂ©vères châtimens. Les centurions avaient le droit de frapper les coupables, et les gĂ©nĂ©raux de les punir de mort. Les troupes Ă©levĂ©es dans la discipline romaine avaient pour maxime invariable, que tout bon soldat devait beaucoup plus redouter son officier que l’ennemi[Gibbon 19]. »
tome 2
  • « Tacite a fait un ouvrage sur les Germains : leur Ă©tat primitif, leur simplicitĂ©, leur indĂ©pendance, ont Ă©tĂ© tracĂ©s par le pinceau de cet Ă©crivain supĂ©rieur, le premier qui ait appliquĂ© la science de la philosophie Ă  l'Ă©tude des faits. Son excellent traitĂ©, qui renferme peut-ĂŞtre plus d'idĂ©es que de mots, a d'abord Ă©tĂ© commentĂ© par une foule de savans[Gibbon 20] [...] »
  • « On a raison de dire que la possession du fer assure bientĂ´t Ă  une nation celle de l'or[Gibbon 21]. »
  • « Ces Barbares s'enflammaient aisĂ©ment ; ils ne savaient pas pardonner une injure, encore moins une insulte. Dans leur colère implacable, ils ne respiraient que le sang[Gibbon 22]. »
  • « Les dieux nous ont mĂ©nagĂ© jusqu'au plaisir d'ĂŞtre spectateurs du combat. Plus de soixante mille hommes ont pĂ©ri, non sous l'effort des armes romaines, mais, ce qui est plus magnifique, pour nous servir de spectacle et d'amusement[Gibbon 23]. » (citation de Tacite qui commente les guerres intestines des Germains)
  • « Comme la postĂ©ritĂ© des Francs forme une des nations les plus grandes et les plus Ă©clairĂ©es de l'Europe, l'Ă©rudition et le gĂ©nie se sont Ă©puisĂ©s pour dĂ©couvrir l'Ă©tat primitif de ses barbares ancĂŞtres. Aux contes de la crĂ©dulitĂ© ont succĂ©dĂ© les systèmes de l'imagination[Gibbon 24]. »
  • (Ă  la suite d'une invasion perse menĂ©e par Shapur Ier) « Les corps de ceux qui avaient Ă©tĂ© massacrĂ©s remplissaient de profondes vallĂ©es[Gibbon 25]. »
  • (Ă€ l'Ă©poque des Trente Tyrans) « Le spectacle de ce passage rapide et continuel de la chaumière au trĂ´ne, et du trĂ´ne au tombeau, eĂ»t pu amuser un philosophe indiffĂ©rent, s'il Ă©tait possible Ă  un philosophe de rester indiffĂ©rent au milieu des calamitĂ©s gĂ©nĂ©rales du genre humain. L'Ă©lĂ©vation de tant d'empereurs, leur puissance, leur mort, devinrent Ă©galement funestes Ă  leurs sujets et Ă  leurs partisans. Le peuple, Ă©crasĂ© par d'horribles exactions, leur fournissait les largesses immenses qu'ils distribuaient aux troupes pour prix de leur fatale grandeur[Gibbon 26]. »
  • « Dès que [‌Quintillus‌] eut appris que les lĂ©gions redoutables du Danube avaient confĂ©rĂ© la puissance impĂ©riale au brave AurĂ©lien, il se sentit accablĂ© sous la rĂ©putation et le mĂ©rite de son rival ; et s'Ă©tant fait ouvrir les veines, il s'Ă©pargna la bontĂ© de disputer le trĂ´ne avec des forces trop inĂ©gales[Gibbon 27]. »
  • « Si les lĂ©gions de la Gaule eussent Ă©tĂ© informĂ©es de cette correspondance secrète, elles auraient probablement immolĂ© leur gĂ©nĂ©ral. Il ne pouvait abandonner le sceptre de l'Occident sans avoir recours Ă  un acte de trahison contre lui-mĂŞme. Il affecta les apparences d'une guerre civile, s'avança dans la plaine Ă  la tĂŞte de ses troupes, les posta de la manière la plus dĂ©savantageuse, instruisit AurĂ©lien de toutes ses rĂ©solutions, et passa de son cĂ´tĂ©, au commencement de l'action, avec un petit nombre d'amis choisis. Les soldats rebelles, quoiqu'en dĂ©sordre et consternĂ©s de la dĂ©sertion inattendue de leur chef, se dĂ©fendirent long-temps avec le courage du dĂ©sespoir. Ils furent enfin taillĂ©s en pièces, presque jusqu'au dernier, dans cette bataille sanglante et mĂ©morable qui se donna près de Châlons en Champagne[Gibbon 28]. »
  • « La contestation qui suivit est un des Ă©vĂ©nemens les mieux attestĂ©s, mais les plus incroyables de l'histoire du genre humain. Les troupes, comme si elles eussent Ă©tĂ© rassasiĂ©es de l'exercice du pouvoir, conjurèrent de nouveau les sĂ©nateurs de donner Ă  l'un d'entre eux la pourpre impĂ©riale. Le sĂ©nat persista dans son refus, l'armĂ©e dans sa demande. La proposition fut au moins trois fois offerte et rejetĂ©e de chaque cĂ´tĂ©. Tandis que la modestie opiniâtre de chacun des deux partis est dĂ©terminĂ©e Ă  recevoir un maĂ®tre des mains de l'autre, huit mois s'Ă©coulent insensiblement : pĂ©riode Ă©tonnante d'une anarchie tranquille, pendant laquelle l'univers romain resta sans maĂ®tre, sans usurpateur, sans rĂ©volte [...][Gibbon 29]. »
  • « Une prophĂ©tie annonçait qu'au bout de mille ans il s'Ă©lèverait un monarque du sang de Tacite, qui protĂ©gerait le sĂ©nat, rĂ©tablirait Rome, et soumettrait toute la terre[Gibbon 30]. »
  • « Si nous nous bornons aux chasses de bĂŞtes sauvages, quelque blâmable que nous paraisse la vanitĂ© du dessein, ou la cruautĂ© de l'exĂ©cution, nous serons forcĂ©s de l'avouer, jamais avant ni depuis les Romains, l'art n'a fait des efforts si prodigieux ; jamais on n'a dĂ©pensĂ© des sommes si excessives pour l'amusement du peuple. Sous le règne de Probus, de grands arbres, transplantĂ©s au milieu du cirque, avec leurs racines, formèrent une vaste forĂŞt, qui fut tout Ă  coup remplie de mille autruches, de mille daims, de mille cerfs et de mille sangliers, et tout ce gibier fut abandonnĂ© Ă  l'impĂ©tuositĂ© tumultueuse de la multitude. La tragĂ©die du jour suivant consista dans un massacre de cent lions, d'autant de lionnes, de deux cents lĂ©opards, et de trois cents ours[Gibbon 31]. »
  • « La forme du gouvernement et le siège de l'empire semblaient insĂ©parables ; et l'on ne croyait pas pouvoir transporter l'un sans anĂ©antir l'autre. Mais la souverainetĂ© de la capitale se perdit insensiblement dans l'Ă©tendue de la conquĂŞte. Les provinces s'Ă©levèrent au mĂŞme niveau ; et les nations vaincues acquirent le nom et les privilèges des Romains, sans adopter leurs prĂ©jugĂ©s[Gibbon 32]. »
  • « Ce fut la vingt-unième annĂ©e de son règne que DioclĂ©tien exĂ©cuta le projet de descendre du trĂ´ne : rĂ©solution mĂ©morable, plus conforme au caractère d'Antonin ou de Marc-Aurèle qu'Ă  celui d'un prince qui, dans l'acquisition et dans l'exercice du pouvoir suprĂŞme, n'avait jamais pratiquĂ© les leçons de la philosophie. DioclĂ©tien eut la gloire de donner le premier Ă  l'univers un exemple que les monarques imitèrent rarement dans la suite[Gibbon 33]. »
tome 3
  • « L'usage du mariage fut permis, après [la chute d'Adam‌], Ă  sa postĂ©ritĂ©, seulement comme un expĂ©dient nĂ©cessaire pour perpĂ©tuer l'espèce humaine et comme un frein, toutefois imparfait, contre la licence naturelle de nos dĂ©sirs. L'embarras des casuistes orthodoxes sur ce sujet intĂ©ressant dĂ©cèle la perplexitĂ© d'un lĂ©gislateur qui ne voudrait point approuver une institution qu'il est forcĂ© de tolĂ©rer [...] L'Ă©numĂ©ration des lois bizarres et minutieuses dont ils avaient entourĂ© le lit nuptial, arracherait un sourire au jeune Ă©poux, et ferait rougir la vierge modeste[Gibbon 34]. »
  • « Après la prise de JĂ©rusalem, ÉlĂ©azar, son petit-fils, dĂ©fendit un château très-fort avec neuf cent soixante de ses compagnons les plus dĂ©sespĂ©rĂ©s. Lorsque le bĂ©lier eut fait une brèche, ils massacrèrent leurs femmes et leurs enfans, et ils se percèrent enfin eux-mĂŞmes. Ils pĂ©rirent tous jusqu'au dernier[Gibbon 35]. »
Statue en porphyre de Galère
  • « On publia le lendemain l’édit gĂ©nĂ©ral de persĂ©cution [...] Galère voulait que tous ceux qui refuseraient de sacrifier aux dieux fussent brĂ»lĂ©s vifs sur-le-champ. Quoique DioclĂ©tien, toujours Ă©loignĂ© de rĂ©pandre le sang, eĂ»t modĂ©rĂ© la fureur de son collègue, les châtimens infligĂ©s aux chrĂ©tiens paraĂ®tront assez rĂ©els et assez rigoureux. Il fut ordonnĂ© que leurs Ă©glises seraient entièrement dĂ©molies dans toutes les provinces de l’empire, et l’on dĂ©cerna la peine de mort contre ceux qui oseraient tenir des assemblĂ©es secrètes pour exercer leur culte religieux. Les philosophes, qui ne rougirent point alors de diriger le zèle aveugle de la superstition, avaient Ă©tudiĂ© soigneusement la nature et le gĂ©nie de la religion chrĂ©tienne : ils savaient que les dogmes spĂ©culatifs de la foi Ă©taient censĂ©s contenus dans les Ă©crits des prophètes, des Ă©vangĂ©listes et des apĂ´tres ; ce fut probablement Ă  leur instigation que l’on voulut obliger les Ă©vĂŞques et les prĂŞtres Ă  remettre leurs livres sacrĂ©s entre les mains des magistrats, qui avaient ordre, sous les peines les plus sĂ©vères, de les brĂ»ler solennellement en public. Par le mĂŞme Ă©dit, toutes les propriĂ©tĂ©s de l’Église furent Ă  la fois confisquĂ©es, et ses biens furent ou vendus Ă  l’encan, ou remis au domaine impĂ©rial, ou donnĂ©s aux villes et aux communautĂ©s, ou enfin accordĂ©s aux sollicitations des courtisans avides. Après avoir pris des mesures si efficaces pour abolir le culte des chrĂ©tiens, et pour dissoudre leur gouvernement, on crut nĂ©cessaire de soumettre aux plus intolĂ©rables vexations ceux de ces opiniâtres qui persisteraient toujours Ă  rejeter la religion de la nature, de Rome et de leurs ancĂŞtres. Les personnes d’une naissance honnĂŞte furent dĂ©clarĂ©es incapables de possĂ©der aucune dignitĂ© ou aucun emploi ; les esclaves furent privĂ©s pour jamais de l’espoir de la libertĂ© ; et le corps entier du peuple fut exclu de la protection des lois. On autorisa les juges Ă  recevoir et Ă  dĂ©cider toute action intentĂ©e contre un chrĂ©tien. Mais les chrĂ©tiens n’avaient pas la permission de se plaindre des injures qu’ils avaient souffertes : ainsi ces infortunĂ©s se trouvaient exposĂ©s Ă  la sĂ©vĂ©ritĂ© de la justice publique, sans pouvoir en partager les avantages[Gibbon 36]. »
  • « Le Clerc [...] suppose que les harpies n’étaient que des sauterelles, et il n’y a guère de conjecture plus heureuse. Le nom de ces insectes dans la langue syriaque et phĂ©nicienne, leur vol bruyant, l’infection et la dĂ©vastation qui les accompagnent, et le vent du nord qui les chasse dans la mer, rendent sa supposition très-vraisemblable[Gibbon 37]. »
  • « Le gouvernement, pour prouver son attention Ă  conserver la magnificence et les monumens de la capitale, payait un inspecteur particulier pour les statues : il Ă©tait le gardien de ce peuple inanimĂ©, qui, selon le calcul extravagant d’un ancien Ă©crivain, n’aurait Ă©tĂ© guère infĂ©rieur en nombre aux habitans de Rome[Gibbon 38]. »
  • « Parmi ces avocats, les plus distinguĂ©s et les plus en vogue Ă©taient ceux qui faisaient retentir le Forum de leur verbeuse et dĂ©clamatoire rhĂ©torique. Aussi indiffĂ©rens pour leur rĂ©putation que pour la justice, ils sont reprĂ©sentĂ©s pour la plupart comme des guides infidèles, qui conduisaient leurs cliens Ă  travers un dĂ©dale de dĂ©penses, de dĂ©lais, d’espĂ©rances trompĂ©es, d’oĂą, après des annĂ©es d’attente, ils ne les laissaient sortir que quand leur patience et leur fortune Ă©taient presque Ă©puisĂ©es[Gibbon 39]. »
  • « La trompeuse et dangereuse invention de la question criminelle, selon le nom expressif qu’on lui a donnĂ©, Ă©tait reçue plutĂ´t qu’approuvĂ©e par la jurisprudence des Romains. Ils n’employaient cette sanguinaire mĂ©thode d’examen que sur des corps dĂ©vouĂ©s Ă  l’esclavage, et dont ces rĂ©publicains orgueilleux pesaient rarement les douleurs dans la balance de la justice et de l’humanitĂ©. Mais ils ne consentirent jamais Ă  violer la personne sacrĂ©e d’un citoyen, jusqu’à ce que la preuve du crime fĂ»t Ă©vidente[Gibbon 40]. »
  • « Le triomphe de CĂ©sar fut ornĂ© de deux mille huit cent vingt-deux couronnes d’or massif, dont le poids montait Ă  vingt mille quatre cent quatorze livres d’or. Le prudent dictateur fit fondre immĂ©diatement ce trĂ©sor, convaincu que ses soldats en tireraient plus d’usage que les dieux[Gibbon 41]. »
tome 4
  • « Quoiqu’ils se laissassent aller volontiers Ă  l’attrait du pillage, [les Francs‌] aimaient la guerre pour la guerre ; ils la regardaient comme l’honneur et la fĂ©licitĂ© suprĂŞme du genre humain. Leurs âmes et leurs corps Ă©talent si parfaitement endurcis par une activitĂ© continuelle, que, selon la vive expression d’un orateur, les neiges de l’hiver avaient autant de charmes pour eux que les fleurs du printemps[Gibbon 42]. »
  • « [...] la fureur des donatistes Ă©tait enflammĂ©e par une frĂ©nĂ©sie d’une espèce extraordinaire et dont il n’y a jamais eu d’exemple dans aucun temps et dans aucun pays, s’il est vrai qu’ils l’aient poussĂ©e au degrĂ© d’extravagance qu’on leur attribue. Une partie de ces fanatiques dĂ©testaient la vie et dĂ©siraient vivement de recevoir le martyre. Il leur importait peu par quel supplice ou par quelles mains ils pĂ©rissaient, pourvu que leur mort fĂ»t sanctifiĂ©e par l’intention de se dĂ©vouer Ă  la gloire de la vraie foi et Ă  l’espĂ©rance d’un bonheur Ă©ternel[Gibbon 43]. »
  • « [‌L'empereur Julien] lui demanda en quoi consistaient les profits de son emploi, et il apprit qu’en outre d’un salaire et de quelques profits considĂ©rables, le barbier avait encore la subsistance de vingt valets et d’autant de chevaux. L’abus d’un luxe inutile et ridicule avait crĂ©Ă© mille charges de barbiers, mille chefs de gobelets, mille cuisiniers[Gibbon 44]. »
tome 5
Monnaie à l'effigie de Théodose Ier.
  • « L’empereur, qui rĂ©sidait alors Ă  Milan, apprit avec Ă©tonnement l’insolence et la cruautĂ© effrĂ©nĂ©e du peuple de Thessalonique. Le juge le plus modĂ©rĂ© aurait puni sĂ©vèrement les auteurs de ce crime, et le mĂ©rite de Botheric pouvait contribuer Ă  augmenter l’indignation de ThĂ©odose. Le monarque fougueux, trouvant les formalitĂ©s de la justice trop lentes au grĂ© de son impatience, rĂ©solut de venger la mort de son lieutenant par le massacre d’un peuple coupable. Cependant son âme flottait encore entre la clĂ©mence et la vengeance. Le zèle des Ă©vĂŞques lui avait presque arrachĂ© malgrĂ© lui la promesse d’un pardon gĂ©nĂ©ral ; mais Ruffin, son ministre, armĂ© des artifices de la flatterie, parvint Ă  ranimer sa colère ; et l’empereur, après avoir expĂ©diĂ© le fatal message, essaya, mais trop tard, de prĂ©venir l’exĂ©cution de ses ordres. On confia avec une funeste imprudence le châtiment d’une ville romaine Ă  la fureur aveugle des Barbares, et l’exĂ©cution fut tramĂ©e avec tous les artifices perfides d’une conjuration. On se servit du nom du souverain pour inviter les habitans de Thessalonique aux jeux du cirque ; et telle Ă©tait leur aviditĂ© pour ces amusemens, qu’ils oublièrent, pour y courir en foule, tout sujet de crainte et de soupçon. Dès que l’assemblĂ©e fut complète, au lieu du signal des jeux, celui d’un massacre gĂ©nĂ©ral fut donnĂ© aux soldats qui environnaient secrètement le cirque. Le carnage continua pendant trois heures, sans distinction de citoyen ou d’étranger, d’âge ou de sexe, de crime ou d’innocence. Les relations les plus modĂ©rĂ©es portent le nombre des morts Ă  sept mille, et quelques Ă©crivains affirment que l’on sacrifia quinze mille victimes aux mânes de Botheric[Gibbon 45]. »
tome 6
Le Cours de l'Empire – Destruction de Thomas Cole, le cycle de peinture fut souvent comparé à l'œuvre de Gibbon[16] - [17].
  • « [‌Hannibal Barca] vit avec Ă©tonnement la fermetĂ© du sĂ©nat, qui, sans lever le siège de Capoue, sans rappeler les troupes dispersĂ©es, attendait tranquillement l’approche des Carthaginois. Leur gĂ©nĂ©ral campa sur les bords de l’Anio, environ Ă  trois milles de Rome ; sa surprise augmenta quand il apprit que le terrain sur lequel Ă©tait placĂ©e sa tente venait d’être vendu dans une enchère, au prix ordinaire, et qu’on avait fait sortir de la ville, par la porte opposĂ©e, un corps de troupes qui allait joindre les lĂ©gions d’Espagne. Annibal conduisit ses Africains aux portes de cette orgueilleuse capitale, et trouva trois armĂ©es prĂŞtes Ă  le recevoir. Il craignit l’évĂ©nement d’une bataille dont il ne pouvait sortir victorieux sans immoler jusqu’au dernier de ses ennemis, et sa retraite prĂ©cipitĂ©e fut un aveu de l’invincible courage des Romains[Gibbon 46]. »
tome 7
  • « Les rois de France maintinrent les privilĂ©ges de leurs sujets romains ; mais les fĂ©roces Saxons anĂ©antirent les lois de Rome et des empereurs. Les formes de la justice civile et criminelle, les titres d’honneur, les attributions des diffĂ©rens emplois, les rangs de la sociĂ©tĂ©, et jusqu’aux droits de mariage, de testament et de succession, furent totalement supprimĂ©s. La foule des esclaves nobles ou plĂ©bĂ©iens se vit gouvernĂ©e par les lois grossières conservĂ©es par tradition chez les pâtres et les pirates de la Germanie. La langue introduite par les Romains pour les sciences, les affaires et la conversation, se perdit dans la dĂ©solation gĂ©nĂ©rale. Les Germains adoptèrent un petit nombre de mots celtiques ou latins, suffisans pour exprimer leurs nouvelles idĂ©es et leurs nouveaux besoins ; mais ces paĂŻens ignorans conservèrent et Ă©tablirent l’usage de leur idiome national. Presque tous les noms des dignitaires de l’Église ou de l’état annoncent une origine teutonique ; et la gĂ©ographie d’Angleterre fut universellement chargĂ©e de noms et de caractères Ă©trangers. On trouverait difficilement un second exemple d’une rĂ©volution si rapide et si complète ; elle peut faire raisonnablement supposer que les arts des Romains n’avaient pas poussĂ© en Bretagne des racines aussi profondes qu’en Espagne ou dans la Gaule, et que l’ignorance et la rudesse de ses habitans n’étaient couvertes que d’un mince vernis des mĹ“urs italiennes[Gibbon 47]. »
  • « L’élĂ©vation d’une ville qui devint ensuite un empire, mĂ©rite, par sa singularitĂ© presque miraculeuse, d’exercer les rĂ©flexions d’un esprit philosophique ; mais la chute de Rome fut l’effet naturel et inĂ©vitable de l’excès de sa grandeur. Sa prospĂ©ritĂ© mĂ»rit, pour ainsi dire, les principes de dĂ©cadence qu’elle renfermait dans son sein ; les causes de destruction se multiplièrent avec l’étendue de ses conquĂŞtes ; et dès que le temps ou les Ă©vĂ©nemens eurent dĂ©truit les supports artificiels qui soutenaient ce prodigieux Ă©difice, il succomba sous son propre poids. L’histoire de sa ruine est simple et facile Ă  concevoir. Ce n’est point la destruction de Rome, mais la durĂ©e de son empire qui a droit de nous Ă©tonner[Gibbon 48]. »
Buste de MĂ©nandre.
  • « Les historiens de ce prince ont mieux aimĂ© raconter en dĂ©tail une campagne au pied du mont Caucase, que les travaux de ces missionnaires du commerce, qui retournèrent Ă  la Chine, trompèrent un peuple jaloux ; et après avoir cachĂ© dans une canne des Ĺ“ufs de ver Ă  soie, rapportèrent en triomphe ces dĂ©pouilles de l’Orient. Ils dirigèrent l’opĂ©ration par laquelle, dans la saison convenable, on fit Ă©clore les Ĺ“ufs au moyen de la chaleur du fumier ; on nourrit les vers avec des feuilles de mĂ»rier ; ils vĂ©curent et travaillèrent sous un climat Ă©tranger : on conserva un assez grand nombre de chrysalides pour en propager la race, et on planta des arbres qui devaient fournir Ă  la subsistance des nouvelles gĂ©nĂ©rations. L’expĂ©rience et la rĂ©flexion corrigèrent les erreurs qui avaient accompagnĂ© une première tentative ; et les ambassadeurs de la Sogdiane avouèrent, sous le règne suivant, que les Romains n’étaient point infĂ©rieurs aux Chinois dans l’art d’élever les vers et de travailler les soies ; deux points sur lesquels l’industrie de l’Europe moderne a surpassĂ© la Chine et Constantinople. Je ne suis pas insensible aux plaisirs d’un luxe dĂ©licat ; cependant je songe avec quelque tristesse, que si, au lieu de nous apporter au sixième siècle les vers Ă  soie, on nous eĂ»t donnĂ© l’art de l’imprimerie, que les Chinois connaissaient dĂ©jĂ  Ă  cette Ă©poque, on eĂ»t conservĂ© les comĂ©dies de MĂ©nandre, et les dĂ©cades entières de Tite-Live[Gibbon 49]. »
tome 8
  • « Il est vrai que le climat de l’Asie a toujours Ă©tĂ© moins favorable que celui de l’Europe Ă  l’esprit militaire ; le luxe, le despotisme et la superstition Ă©nervaient les populeuses provinces de l’Orient, et les moines y coĂ»taient plus alors et y Ă©taient en plus grand nombre que les soldats. Les forces rĂ©gulières de l’empire s’étaient Ă©levĂ©es autrefois jusqu’à six cent quarante-cinq mille hommes ; et, sous le règne de Justinien, elles n’étaient plus que de cent cinquante mille ; et ces troupes, quelque nombreuses qu’elles puissent paraĂ®tre, se trouvaient clairsemĂ©es en Espagne, en Italie, en Afrique, en Égypte, sur les bords du Danube, sur la cĂ´te de l’Euxin et sur les frontières de la Perse. Les citoyens Ă©taient Ă©puisĂ©s, et cependant le soldat ne recevait point sa solde ; sa misère n’était adoucie que par de pernicieux privilĂ©ges de rapine et d’oisivetĂ© ; et la fraude de ces agens qui, sans courage et sans danger, usurpent les Ă©molumens de la guerre, retenait ou interceptait son tardif payement. Dans cette position, la misère publique et particulière fournissait des recrues aux troupes de l’état ; mais en campagne, et surtout eu prĂ©sence de l’ennemi, leur nombre diminuait considĂ©rablement. Pour supplĂ©er Ă  ce qui manquait de courage national, on avait recours Ă  la fidĂ©litĂ© prĂ©caire et Ă  la valeur indisciplinĂ©e des Barbares mercenaires. L’honneur militaire mĂŞme, qui s’est maintenu souvent après la perte de la vertu et de la libertĂ©, Ă©tait presque anĂ©anti. Les gĂ©nĂ©raux, multipliĂ©s Ă  un point dont on n’avait pas eu d’exemple dans les anciens temps, ne travaillaient qu’à prĂ©venir les succès ou Ă  ternir la rĂ©putation de leurs collègues ; et l’expĂ©rience leur avait appris que le mĂ©rite pouvait exciter la jalousie de l’empereur, et que l’erreur ou mĂŞme le crime avait droit de compter sur sa bienveillante indulgence. Dans ce siècle avili, les triomphes de BĂ©lisaire, et ensuite ceux de Narsès, brillent d’un Ă©clat auquel on ne peut rien comparer ; mais autour de ces triomphes, la honte et les calamitĂ©s se prĂ©sentent de toutes parts sous leurs plus sombres couleurs[Gibbon 50]. »
  • « Des obstacles naturels et civils restreignaient chez les Romains la libertĂ© de l’amour et du mariage. Un instinct presque innĂ© et presque universel semble interdire le commerce incestueux des pères et des enfans, Ă  tous les degrĂ©s de la ligne ascendante et de la ligne descendante. Quant aux branches obliques et collatĂ©rales, la nature ne dit rien, la raison se tait, et la coutume est variĂ©e et arbitraire. L’Égypte permettait sans scrupule ou sans exception les mariages des frères et des sĹ“urs ; un Spartiate pouvait Ă©pouser la fille de son père, un AthĂ©nien, la fille de sa mère, et Athènes applaudissait au mariage d’un oncle avec sa nièce, comme Ă  une union fortunĂ©e entre des parens qui se chĂ©rissaient. L’intĂ©rĂŞt ou la superstition n’excita jamais les lĂ©gislateurs de Rome profane Ă  multiplier les degrĂ©s dĂ©fendus ; mais ils prononcèrent un arrĂŞt inflexible contre les mariages des sĹ“urs et des frères ; ils songèrent mĂŞme Ă  frapper du mĂŞme interdit les cousins au premier degrĂ© ; ils respectèrent le caractère paternel des tantes et des oncles, et traitèrent l’affinitĂ© et l’adoption comme une juste analogie des liens du sang. Selon les orgueilleux principes de la rĂ©publique, les citoyens pouvaient seuls contracter un mariage lĂ©gitime : un sĂ©nateur devait Ă©pouser une femme d’une extraction honorable, ou du moins libre ; mais le sang des rois ne pouvait jamais se mĂŞler en lĂ©gitime mariage avec le sang d’un Romain ; la qualitĂ© d’étrangères abaissa ClĂ©opâtre et BĂ©rĂ©nice au rang de concubines de Marc-Antoine et de Titus. Toutefois cette dĂ©nomination de concubines, si injurieuse Ă  la majestĂ© de ces reines de l’Orient, ne pouvait sans indulgence s’appliquer Ă  leurs mĹ“urs. Une concubine, dans la stricte acception que lui donnent les jurisconsultes, Ă©tait une femme d’une naissance servile et plĂ©bĂ©ienne, la compagne unique et fidèle d’un citoyen de Rome qui demeurait cĂ©libataire. Les lois qui reconnaissaient et approuvaient cette union la plaçaient au-dessous des honneurs de la femme, et au-dessus de l’infamie de la prostituĂ©e[Gibbon 51]. »
tome 9
Portrait de Constantin IX.
  • « Les Grecs virent avec surprise deux femmes, pour la première fois, s’asseoir sur le mĂŞme trĂ´ne, prĂ©sider au sĂ©nat et donner audience aux ambassadeurs des nations. Un partage si singulier ne dura que deux mois. Les deux souveraines se dĂ©testaient secrètement ; elles avaient des caractères, des intĂ©rĂŞts et des partisans opposĂ©s. ThĂ©odora montrant toujours de l’aversion pour le mariage, l’infatigable ZoĂ©, âgĂ©e alors de soixante ans, consentit encore, pour le bien public, Ă  subir les caresses d’un troisième mari et les censures de l’Église grecque [...] Ce troisième mari prit le nom de Constantin IX et le surnom de Monomaque, seul combattant, nom relatif sans doute Ă  la valeur qu’il avait montrĂ©e et Ă  la victoire qu’il avait remportĂ©e dans quelque querelle publique ou particulière. Mais les douleurs de la goutte venaient souvent le tourmenter, et ce règne dissolu n’offrit qu’une alternative de maladie et de plaisirs. Sclerena, belle veuve d’une noble famille, qui avait accompagnĂ© Constantin lors de son exil dans l’île de Lesbos, s’enorgueillissait du nom de sa maĂ®tresse. Après le mariage de Constantin et son avĂ©nement au trĂ´ne, elle fut revĂŞtue du titre d’Augusta ; la pompe de sa maison fut proportionnĂ©e Ă  cette dignitĂ©, et elle occupa au palais un appartement contigu Ă  celui de l’empereur. ZoĂ© (telle fut sa dĂ©licatesse ou sa corruption) permit ce scandaleux partage ; et Constantin se montra en public entre sa femme et sa concubine[Gibbon 52]. »
  • « C’est ainsi que l’expĂ©rience de l’histoire Ă©lève et agrandit l’horizon de nos idĂ©es. L’ouvrage de quelques jours, la lecture de quelques heures ont fait passer devant nos yeux six siècles entiers, et la durĂ©e d’un règne, d’une vie, n’a compris que l’espace d’un moment. Le tombeau est toujours derrière le trĂ´ne ; le succès criminel d’un ambitieux ne prĂ©cède que d’un instant celui oĂą il va se voir dĂ©pouillĂ© de sa proie ; et l’immortelle raison survivant Ă  leur existence, dĂ©daigne les soixante simulacres de rois qui ont passĂ© devant nos yeux, laissant Ă  peine une faible trace dans notre souvenir[Gibbon 53]. »
  • « La suite des empereurs romains, depuis le premier des CĂ©sars jusqu’au dernier des Constantin, occupe un intervalle de plus de quinze siècles ; et aucune des anciennes monarchies, telles que celles des Assyriens ou des Mèdes, des successeurs de Cyrus ou de ceux d’Alexandre, ne prĂ©sentent d’exemple d’un empire qui ait durĂ© aussi long-temps sans avoir subi le joug d’une conquĂŞte Ă©trangère[Gibbon 54]. »
tome 10
  • « Le rapport des pensĂ©es et du langage est nĂ©cessaire Ă  la communication des idĂ©es ; le discours d’un philosophe ne ferait aucun effet sur l’oreille d’un paysan ; mais quelle imperceptible diffĂ©rence que celle qui se trouve entre leur intelligence comparĂ©e et celle qu’offre le contact d’une intelligence finie avec une intelligence infinie, la parole de Dieu exprimĂ©e par les paroles ou les Ă©crits d’un mortel ! L’inspiration des prophètes hĂ©breux, des apĂ´tres et des Ă©vangĂ©listes de JĂ©sus-Christ, peut n’être pas incompatible avec l’exercice de leur raison et de leur mĂ©moire, et le style et la composition des livres de l’ancien et du nouveau Testament marquent bien la diversitĂ© de leur gĂ©nie. Mahomet se contenta du rĂ´le plus modeste, mais plus sublime, de simple Ă©diteur : selon lui et ses disciples, la substance du Koran est incrĂ©Ă©e et Ă©ternelle ; elle existe dans l’essence de la divinitĂ©, et elle a Ă©tĂ© inscrite avec une plume de lumière sur la table de ses Ă©ternels dĂ©crets ; l’ange Gabriel qui, dans la religion judaĂŻque, avait Ă©tĂ© chargĂ© des missions les plus importantes, lui apporta, dans un volume ornĂ© de soie et de pierreries, une copie en papier de cet ouvrage immortel ; et ce fidèle messager lui en rĂ©vĂ©la successivement les chapitres et les versets[Gibbon 55]. »
  • « Depuis le règne des Abbassides jusqu’à celui des petits-fils de Tamerlan, on observa les Ă©toiles avec zèle, mais sans le secours des lunettes : et les tables astronomiques de Bagdad, d’Espagne et de Samarcande corrigent quelques erreurs de dĂ©tail, sans oser renoncer Ă  l’hypothèse de PtolĂ©mĂ©e, et sans faire un pas vers la dĂ©couverte du système solaire. Les vĂ©ritĂ©s de la science ne pouvaient rĂ©ussir dans les cours de l’Orient que par le secours de l’ignorance et de la sottise : on aurait dĂ©daignĂ© l’astronome, s’il n’avait pas avili sa sagesse et son honnĂŞtetĂ© par les vaines prĂ©dictions de l’astrologie ; mais les Arabes ont obtenu de justes Ă©loges dans la science de la mĂ©decine. Mesua et Geber, Razis et Avicène se sont Ă©levĂ©s Ă  la hauteur des Grecs : il y avait dans la ville de Bagdad huit cent soixante mĂ©decins autorisĂ©s, riches de l’exercice de leur profession. En Espagne on confiait la vie des princes catholiques au savoir des Sarrasins, et l’école de Salerne, fruit des lumières qu’ils avaient apportĂ©es, fit revivre les prĂ©ceptes de l’art de guĂ©rir en Italie et dans le reste de l’Europe. Les succès particuliers de chacun de ces mĂ©decins durent ĂŞtre soumis Ă  l’influence de plusieurs causes personnelles et accidentelles ; mais on peut se former une idĂ©e plus positive de ce qu’ils savaient en gĂ©nĂ©ral sur l’anatomie, la botanique et la chimie, les trois bases de leur thĂ©orie et de leur pratique. Un respect superstitieux pour les morts bornait les Grecs et les Arabes Ă  la dissection des singes et autres quadrupèdes. Les parties les plus solides et les plus visibles du corps humain Ă©taient connues du temps de Galien ; mais la connaissance plus approfondie de sa construction Ă©tait rĂ©servĂ©e au microscope et aux injections des artistes modernes. La botanique exige des recherches fatigantes, et les dĂ©couvertes de la zone torride purent enrichir de deux mille plantes l’herbier de Dioscoride. Par rapport Ă  la chimie, les temples et les monastères de l’Égypte pouvaient conserver la tradition de quelques lumières ; la pratique des arts et des manufactures avait appris un grand nombre de procèdes utiles ; mais la science doit son origine et ses progrès au travail des Sarrasins. Les premiers, ils se servirent de l’alambic pour la distillation, et c’est d’eux que nous en est venu le nom ; ils analysèrent les substances des trois règnes ; ils observèrent les distinctions et les affinitĂ©s des alkalis et des acides, et tirèrent des remèdes doux et salutaires des minĂ©raux les plus dangereux. Cependant la transmutation des mĂ©taux et l’elixir d’immortalitĂ© furent les recherches dont la chimie arabe s’occupa le plus. Des milliers de savans virent disparaĂ®tre leur fortune et leur raison dans les creusets de l’alchimie ; le mystère, la fable et la superstition s’unirent, dignes associĂ©s pour travailler Ă  l’accomplissement du grand Ĺ“uvre.
[...]
Cependant les musulmans s’étaient privés des plus grands avantages que donne la lecture des auteurs de la Grèce et de Rome ; je veux dire de la connaissance de l’antiquité, de la pureté de goût, et de la liberté de penser. Les Arabes, enorgueillis des richesses de leur langue, dédaignaient l’étude d’un idiome étranger. Ils choisissaient les interprètes grecs parmi les chrétiens qui leur étaient soumis ; ces interprètes faisaient leurs traductions quelquefois sur le texte original, plus souvent peut-être sur une version syriaque ; et les Sarrasins, après avoir publié dans leur langue un si grand nombre d’ouvrages sur l’astronomie, la physique et la médecine, ne paraissent pas avoir traduit un seul poète, un seul orateur, ou même un seul historien. La mythologie d’Homère aurait révolté la sévérité de leur fanatisme ; ils gouvernaient dans une paresseuse ignorance les colonies des Macédoniens et les provinces de Carthage et de Rome : on ne se souvenait plus des héros de Plutarque et de Tite-Live, et l’histoire du monde, avant Mahomet, était réduite à une courte légende sur les patriarches, les prophètes et les rois de la Perse[Gibbon 56]. »
Le mont Athos.
  • « Αγιος Πελαγος, ainsi que l’appellent les Grecs modernes ; les gĂ©ographes et les marins en ont fait l’Archipelago, l’Archipel et les Arches [...] La multitude de moines et de caloyers que renfermaient toutes les Ă®les, et le mont Athos, ou monte santo, qui est aux environs [...] pouvait justifier l’épithète de sainte, αγιος, qu’on donna Ă  cette partie de la MĂ©diterranĂ©e. C’est un lĂ©ger changement au mot primitif αιγαιος, imaginĂ© par les Doriens, qui dans leur dialecte, donnèrent le nom figurĂ© de αιγες, ou chèvres, aux vagues bondissantes [...][Gibbon 57]. »
tome 12
  • « Les croisĂ©s, dans leur cupiditĂ© incapable de sentiment, brisèrent ou fondirent les autres statues de cuivre dont je viens de donner le dĂ©tail ; le prix et le travail de ces ouvrages disparurent en un moment. Le gĂ©nie des artistes s’évapora en fumĂ©e, et le mĂ©tal grossier, converti en monnaie, servit Ă  payer les soldats. Les monumens de bronze ne sont pas les plus durables ; les Latins purent dĂ©tourner avec un mĂ©pris stupide leurs regards des marbres animĂ©s par les Phidias et les Praxitèle ; mais Ă  moins de quelque accident, ces blocs inutiles demeuraient en sĂ»retĂ© sur leurs piĂ©destaux. Les plus Ă©clairĂ©s d’entre les pèlerins, ceux qui ne partageaient pas les goĂ»ts grossiers et sensuels de leurs compatriotes, exercèrent pieusement leur droit de conquĂŞte sur les reliques des saints. Cette rĂ©volution procura aux Ă©glises d’Europe une immensitĂ© de tĂŞtes, d’os, de croix et d’images, et augmenta tellement par ce moyen les pèlerinages et les offrandes, que ces reliques devinrent peut-ĂŞtre la partie la plus lucrative du butin rapportĂ© de l’Orient. Une grande partie des Ă©crits de l’antiquitĂ©, perdus aujourd’hui, existaient encore au douzième siècle ; mais les pèlerins n’étaient empressĂ©s ni de conserver ni de transporter des volumes d’une langue Ă©trangère. La multiplicitĂ© des copies peut seule perpĂ©tuer des papiers ou des parchemins que le moindre accident peut dĂ©truire ; la littĂ©rature des Grecs Ă©tait concentrĂ©e presque en totalitĂ© dans la capitale ; et sans connaĂ®tre toute l’étendue de notre perte, nous devons vivement regretter les riches bibliothĂ©ques consumĂ©es dans les trois incendies de Constantinople[Gibbon 58]. »
tome 13
  • (Ă  la suite de la chute de Constantinople en 1492) « [Le philosophe] regrettera plus sĂ©rieusement la perte des bibliothĂ©ques de Byzance, qui furent anĂ©anties ou dispersĂ©es au milieu de la confusion gĂ©nĂ©rale. On dit que cent vingt mille manuscrits furent alors perdus, qu’avec un ducat on achetait dix volumes, et que ce prix, trop considĂ©rable peut-ĂŞtre pour une tablette de livres de thĂ©ologie, Ă©tait le mĂŞme pour les Ĺ’uvres complètes d’Aristote et d’Homère, c’est-Ă -dire des plus nobles productions de la science et de la littĂ©rature des anciens Grecs. On songe du moins avec plaisir qu’une portion inestimable de nos richesses classiques Ă©tait dĂ©jĂ  dĂ©posĂ©e en sĂ»retĂ© dans l’Italie, et que des ouvriers d’une ville d’Allemagne avaient fait une dĂ©couverte qui brave les ravages du temps et des Barbares[Gibbon 59]. »
  • « [‌Hume‌] rapporte, d’après Fitz-Stephen, un acte de cruautĂ© bien atroce et bien singulier que se permit contre les prĂŞtres Geoffroi, père de Henri II. « Ă€ l’époque oĂą il Ă©tait maĂ®tre de la Normandie, le chapitre de Seez s’avisa de procĂ©der, sans son consentement, Ă  l’élection d’un Ă©vĂŞque ; il ordonna de mutiler tous les chanoines et l’évĂŞque qu’ils avaient nommĂ©, et se fit apporter sur un plat les parties gĂ©nitales de ces malheureux. » Ils pouvaient se plaindre avec raison de la douleur et du danger de cette opĂ©ration ; mais puisqu’ils avaient fait vĹ“u de chastetĂ©, il ne les privait que d’un trĂ©sor inutile[Gibbon 60]. »
  • « Dans une ville sans lois, les conseils publics manquèrent d’union et de vigueur, et les Romains [de la ville de Rome] adoptèrent bientĂ´t une forme d’administration plus Ă©nergique et plus simple. Un seul magistrat, ou deux au plus, furent revĂŞtus de toute l’autoritĂ© du sĂ©nat ; et comme ils ne restaient en place que six mois ou une annĂ©e, la courte durĂ©e de leur exercice contrebalançait l’étendue de leurs fonctions ; mais les sĂ©nateurs de Rome profitaient de ces instans de règne pour satisfaire leur ambition et leur avarice : des intĂ©rĂŞts de famille ou de parti corrompaient leur justice ; et comme ils ne punissaient que leurs ennemis, ils ne trouvaient de la soumission que parmi leurs adhĂ©rens. L’anarchie, que ne tempĂ©rait plus le soin pastoral de l’évĂŞque, fit sentir aux Romains qu’ils ne pouvaient se gouverner eux-mĂŞmes, et ils cherchèrent au dehors un bien qu’ils n’espĂ©raient plus de leurs concitoyens. Ă€ la mĂŞme Ă©poque, les mĂŞmes motifs dĂ©terminèrent la plupart des rĂ©publiques d’Italie Ă  une mesure qui, quelque Ă©trange qu’elle puisse paraĂ®tre, convenait Ă  leur situation, et qui eut les effets les plus salutaires. Elles choisissaient dans une ville Ă©trangère, mais alliĂ©e, un magistrat impartial de famille noble et d’un caractère irrĂ©prochable, tout Ă  la fois guerrier et homme d’état, et rĂ©unissant en sa faveur la voix de la renommĂ©e et celle de son pays : elles lui dĂ©lĂ©guaient, pour un intervalle dĂ©terminĂ©, le gouvernement dans la paix et dans la guerre. Le traitĂ© entre le gouverneur et la rĂ©publique qui l’appelait, Ă©tait muni de sermens et de signatures : on rĂ©glait avec une prĂ©cision scrupuleuse leurs devoirs rĂ©ciproques ainsi que la durĂ©e du pouvoir et la quotitĂ© du salaire de ce magistrat Ă©tranger. Les citoyens juraient de lui obĂ©ir comme Ă  leur lĂ©gitime supĂ©rieur ; il jurait de son cĂ´tĂ© d’unir l’impartialitĂ© d’un Ă©tranger au zèle d’un patriote. On le nommait podesta [...][Gibbon 61]. »
  • « [...] sujet illustrĂ© par la plume des plus nobles historiens de cette Ă©poque [...] Surtout par Guichardin et Machiavel : le lecteur peut consulter l’Histoire gĂ©nĂ©rale du premier, l’Histoire de Florence, le Prince et les Discours politiques du second. Guichardin et Machiavel, Fra-Paolo et Davila, leurs dignes successeurs, ont Ă©tĂ© regardĂ©s avec raison comme les premiers historiens des peuples modernes, jusqu’au moment actuel, oĂą l’Écosse s’est levĂ©e pour disputer cette gloire Ă  l’Italie[Gibbon 62]. »

Dans la culture

  • Winston Churchill nota : « J'ouvris Histoire de la dĂ©cadence et de la chute de l'Empire romain de Gibbon et je fus dominĂ© Ă  la fois par l'histoire et le style. J'ai dĂ©vorĂ© Gibbon. Je l'ai parcouru triomphalement de bout en bout ». Il s'attacha plus tard Ă  imiter le style de Gibbon dans ses Ă©crits.
  • Isaac Asimov, Ă©crivain de science-fiction, s'inspira de cet ouvrage pour rĂ©diger la trilogie initiale de Fondation.
  • L'historien Hugh Trevor-Roper considĂ©ra Gibbon comme un modèle et s'en inspira largement pour ce qui est du style et de l'ironie[18].
  • Le musicien Iggy Pop est l'auteur d'un article dans Classics Ireland, dans lequel il livre ses rĂ©flexions quant Ă  l'applicabilitĂ© des thèses de Gibbon sur le monde moderne[19].
  • dans le roman La Nuit des enfants rois, l'un des personnages principaux (Jimbo Farrar) lit l'ouvrage dans son enfance.

Éditions

Édition de 1819

La traduction Guizot est éditée en 1983 en deux volumes dans la Collection Bouquins de Robert Laffont avec une préface de Michel Baridon.

Édition de 1970
  • Edward Gibbon (trad. Jacqueline RĂ©millet), Histoire du dĂ©clin et de la chute de l'Empire romain, Paris, Robert Laffont, coll. « Les Grands monuments de l'histoire » (no 2),
    Version abrégée qui n'inclut pas les chapitres 7–9, 12, 25, 26, 29, 30, 34, 41, 42, 44, 46, 48, 50–52, 54, 58–64 et 67.

Notes et références

  1. tome 10, chap. L, p. 72 [lire en ligne]
  2. tome 13, p. 342-343 [lire en ligne]
  3. tome 7, p. 441 [lire en ligne]
  4. tome 13, p. 348 [lire en ligne]
  5. tome 1, p. 441 [lire en ligne]
  6. tome 2, p. 474 [lire en ligne]
  7. tome 3, p. 475 [lire en ligne]
  8. tome 4, p. 525 [lire en ligne]
  9. tome 5, p. 510 [lire en ligne]
  10. tome 6, p. 539 [lire en ligne]
  11. tome 6, p. 540 [lire en ligne]
  12. tome 8, p. 475 [lire en ligne]
  13. tome 9, p. 397 [lire en ligne]
  14. tome 10, p. 540 [lire en ligne]
  15. tome 11, p. 458-459 [lire en ligne]
  16. tome 12, p. 489-490 [lire en ligne]
  17. tome 13, p. 342-343 [lire en ligne]
  18. tome 3, chap. XV, p. 1 [lire en ligne]
  19. tome 1, chap. I, p. 72 [lire en ligne]
  20. tome 2, chap. IX, p. 43 [lire en ligne]
  21. tome 2, chap. IX, p. 84 [lire en ligne]
  22. tome 2, chap. IX, p. 87-88 [lire en ligne]
  23. tome 2, chap. IX, p. 89 [lire en ligne]
  24. tome 2, chap. IX, p. 129 [lire en ligne]
  25. tome 2, chap. X, p. 161 [lire en ligne]
  26. tome 2, chap. X, p. 173 [lire en ligne]
  27. tome 2, chap. XI, p. 197 [lire en ligne]
  28. tome 2, chap. XI, p. 215 [lire en ligne]
  29. tome 2, chap. XII, p. 246 [lire en ligne]
  30. tome 2, chap. XII, p. 260-261 [lire en ligne]
  31. tome 2, chap. XII, p. 294 [lire en ligne]
  32. tome 2, chap. XIII, p. 355 [lire en ligne]
  33. tome 2, chap. XIII, p. 369-370 [lire en ligne]
  34. tome 3, chap. XV, p. 75 [lire en ligne]
  35. tome 3, chap. XVI, p. 179 [lire en ligne]
  36. tome 3, chap. XVI, p. 250-251 [lire en ligne]
  37. tome 3, chap. XVI, p. 292 [lire en ligne]
  38. tome 3, chap. XVII, p. 343 [lire en ligne]
  39. tome 3, chap. XVII, p. 352 [lire en ligne]
  40. tome 3, chap. XVII, p. 377 [lire en ligne]
  41. tome 3, chap. XVII, p. 397 [lire en ligne]
  42. tome 4, chap. XIX, p. 63 [lire en ligne]
  43. tome 4, chap. XXI, p. 271 [lire en ligne]
  44. tome 4, chap. XXII, p. 327 [lire en ligne]
  45. tome 5, chap. XXVII, p. 308 [lire en ligne]
  46. tome 6, chap. XXXI, p. 9 [lire en ligne]
  47. tome 7, chap. XXXVIIII, p. 98-99 [lire en ligne]
  48. tome 7, Observations générales..., p. 114 [lire en ligne]
  49. tome 7, chap. XL, p. 247 [lire en ligne]
  50. tome 8, chap. XLII, p. 3-4 [lire en ligne]
  51. tome 8, chap. XLII, p. 256-257 [lire en ligne]
  52. tome 9, chap. XLVIII, p. 216-217 [lire en ligne]
  53. tome 9, chap. XLVIII, p. 258 [lire en ligne]
  54. tome 9, chap. XLVIII, p. 260 [lire en ligne]
  55. tome 10, chap. L, p. 61-62 [lire en ligne]
  56. tome 10, chap. L, p. 393-397 [lire en ligne]
  57. tome 10, chap. LII, p. 457 [lire en ligne]
  58. tome 12, chap. LX, p. 83-84 [lire en ligne]
  59. tome 13, chap. LXVIIII, p. 112-113 [lire en ligne]
  60. tome 13, chap. LXVIIII, p. 143 [lire en ligne]
  61. tome 13, chap. LXVIIII, p. 166 [lire en ligne]
  62. tome 13, chap. LXX, p. 287-288 [lire en ligne]
Divers
  1. (en) Edward Gibbon, The History of the Decline and Fall of the Roman Empire, Londres, W. Strahan et T. Cadell, (lire en ligne)
  2. Voyez la liste des tomes dans Edward Gibbon (trad. François Guizot), Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, Paris, Lefèvre, (lire en ligne)
  3. « GIBBON (Édouard) », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang, Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang, Paris, Librairie Hachette, , 26e éd. (lire en ligne), p. 857
  4. Gustave Lanson, « Histoire et Mémoires », dans Manuel bibliographique de la littérature française moderne, t. 3, Paris, Librairie Hachette, (lire en ligne)
  5. Édouard Gibbon (trad. Cantwell), Histoire de la décadence et de la chute de l'empire romain, t. 17, Paris, Maradan, (lire en ligne)
  6. Édouard Gibbon (trad. F. Guizot), Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire Romain, Paris, Maradan, (lire en ligne)
  7. François Guizot, « Le Christianisme et le Spiritualisme », dans Revue des Deux Mondes, t. 83, 1869, Bureau de la Revue des deux mondes, (lire en ligne), p. 29
  8. Catalogue méthodique de la bibliothèque communale de la ville d'Amiens, Imp. de Duval et Herment, (lire en ligne)
  9. Édouard Gibbon et J.-A.-C. Buchon (éditeur et réviseur), Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire Romain, A. Desrez, (lire en ligne), p. XVII
  10. (it) Edward Gibbon (trad. Davide Bertolotti), Storia della decadenza e rovina dell'Impero romano, Milan, Nicolo Bettoni
  11. Contributeurs, Livre:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu, Wikisource en français, (lire en ligne)
  12. La Civilisation romaine, Flammarion, 1981
  13. Paul Veyne, Quand notre monde est devenu chrétien (312-394), Albin-Michel, 2007
  14. (en) Robert McCrum, « The 100 best nonfiction books: No 83 – The History of the Decline and Fall of the Roman Empire by Edward Gibbon (1776-1788) », the Guardian,‎ (lire en ligne)
  15. (en) « The Course of Empire: The Consummation of Empire », sur The New York Historical Society,
  16. (en) Charles S. Maier, Among Empires: American Ascendancy and Its Predecessors, Harvard University Press, , p. 286
  17. Adam Sisman, Hugh Trevor-Roper, 2010, passim.
  18. Classics Ireland, vol. 2, 1995.

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Ducrey (dir.) (prĂ©f. Dominique Rivier), Gibbon et Rome Ă  la lumière de l'historiographie moderne, Genève, Librairie Droz,

Articles connexes

Liens externes

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