Podestat
Le podestat (en italien podestĂ prononcĂ© : [podeËsta]) Ă©tait le premier magistrat des villes du centre et du nord de l'Italie mĂ©diĂ©vale, mais aussi dans les provinces du sud de la France actuelle (avant leur soumission au royaume de France), notamment dans le comtĂ© de Provence. Ce nom fut plus tard utilisĂ© pour dĂ©signer les maires de communes sous le rĂ©gime fasciste italien de Benito Mussolini.
Au Moyen Ăge
La période des communes
Le podestat remplace le conseil des consuls qui gouvernait les communes mĂ©diĂ©vales Ă partir de la fin du XIIe siĂšcle. Cette charge, contrairement au consul, devait ĂȘtre tenue par une personne Ă©trangĂšre Ă la citĂ© qu'il devait gouverner de façon Ă Ă©viter qu'il ne prenne parti dans les controverses entre les familles dirigeantes et ainsi garantir l'impartialitĂ© dans l'application des lois[1]. Le choix de recourir Ă un podestat pouvait mĂȘme laisser espĂ©rer la fin des guerres civiles presque permanentes entre les diverses factions[2], comme en 1190 Ă GĂȘnes, dans la mesure oĂč le podestat Ă©tait susceptible de jouer le rĂŽle d'arbitre.
Le podestat Ă©tait Ă©lu par la principale assemblĂ©e de la commune et sa charge durait entre 6 mois et un an. En pratique, il exerçait les pouvoirs exĂ©cutifs, administratifs, judiciaires et de police, devenant de fait l'instrument le plus important de l'application des lois. Avec les annĂ©es, la fonction fut exercĂ©e par de vĂ©ritables professionnels qui changeaient souvent de lieu de travail et recevaient un salaire rĂ©gulier. Ce continuel changement de personnel et d'expĂ©rience contribua Ă l'homogĂ©nĂ©isation des lois et de leurs applications, mĂȘme entre des villes trĂšs distantes (oĂč les mĂȘmes podestats pouvaient avoir gouvernĂ©).
Cette fonction se rĂ©pand Ă partir du XIIe siĂšcle. Elle est attestĂ©e Ă Padoue en 1175, Ă Bonifacio, Ă GĂȘnes [3]et Ă Pise dans les annĂ©es 1190, Ă Volterra en 1193[note 1], puis cet usage se gĂ©nĂ©ralise : on en a des traces Ă Florence, ModĂšne, et mĂȘme Ă Arles entre 1220 et 1250[note 2], Ă Avignon et Ă Marseille.
Il avait peut-ĂȘtre des pouvoirs plus Ă©tendus dans les grandes villes comme GĂȘnes, selon les Ă©poques. Mais sa prĂ©sence ne se limite pas Ă ces derniĂšres. La petite commune de Voltri, dans la pĂ©riphĂ©rie de GĂȘnes, avant qu'elle ne soit agglomĂ©rĂ©e au chef-lieu, avait ainsi un podestariat et un capitanat.
La période des seigneurs
Ă l'avĂšnement des grandes seigneuries, le podestat perd la majeure partie des prĂ©rogatives politiques et devient un simple haut magistrat chargĂ© d'administrer la justice et de maintenir l'ordre public. Il dĂ©pend directement du seigneur de la citĂ© et du prince de l'Ătat Ă laquelle la ville appartient. Cette Ă©volution du rĂŽle du podestat accentue encore plus l'aspect professionnel de la charge : il se dĂ©place de ville en ville suivi par toute la famille, terme qui indique l'Ă©quipe du podestat et qui se compose du vicaire, des juges du pĂ©nal et du civil, des agents du maintien de l'ordre, des serviteurs. Le podestat est nommĂ© par le seigneur ou par le prince et, seulement aprĂšs, le choix est soumis de maniĂšre formelle au conseil communal, la durĂ©e de la charge Ă©tant variable d'une ville Ă l'autre (de six mois Ă deux ans, parfois renouvelable une fois).
Sous le régime fasciste italien
Sous le rĂ©gime fasciste (loi du , n. 237), les organes dĂ©mocratiques des communes sont suspendus et toutes les fonctions occupĂ©es par le maire, les commissions et le conseil municipal sont transfĂ©rĂ©es Ă un podestat nommĂ© par dĂ©cret royal pour cinq ans et rĂ©vocable Ă tout moment. Dans les communes de plus de 5 000 habitants, le podestat est assistĂ© d'un ou deux vice-podestat(s) nommĂ©s de la mĂȘme maniĂšre et selon que la population est infĂ©rieure ou supĂ©rieure Ă 100 000 habitants. Le podestat est aussi assistĂ© d'une assemblĂ©e municipale (consulta municipale) consultative composĂ©e d'au moins six conseillers nommĂ©s par le prĂ©fet.
Une organisation particuliÚre est prévue pour la ville de Rome dont l'administration est assurée par un gouverneur nommé par le gouvernement.
Notes et références
- (it) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en italien intitulĂ© « Podestà » (voir la liste des auteurs).
Références
- Edward Gibbon (trad. François Guizot), Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, vol. 13, Paris, LefÚvre, (lire en ligne), p. 166-167
- AndrĂ©-Ă. Sayous, « Aristocratie et noblesse Ă GĂȘnes », Annales d'histoire Ă©conomique et sociale, vol. 9, no 46,â , p. 366-381.
- « authentification », sur www.universalis-edu.com (consulté le )