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Stilicon

Stilicon (en latin : Flavius Stilicho), né vers 360 prÚs de Constantinople, mort le à Ravenne, est un militaire et homme politique romain d'origine barbare sous les rÚgnes de Théodose, empereur d'Orient de 379 à 395, et de ses fils Honorius (Occident) et Arcadius (Orient).

Flavius Stilicho
Image illustrative de l’article Stilicon
Diptyque de Stilicon, vers 395,
cathédrale de Monza.

Titre RĂ©gent de l'Empire romain d'Occident
(395-408)
Grade militaire Magister utriusque militiĂŠ
(393-408)
Faits d'armes 394 : Bataille de la riviĂšre froide
402 : Bataille de Pollentia
403 : Bataille de VĂ©rone
405 : Bataille de Fiesole
Autres fonctions Consul ordinaire en 400 et 405
Biographie
Dynastie Dynastie théodosienne
(par alliance)
Naissance v. 360
Constantinople
DĂ©cĂšs
Ravenne
Conjoint Serena
Enfants Marie, impératrice de 398 à 407
Thermantia, impératrice en 408
Eucher

Entré tÎt dans l'armée, Stilicon devient un des principaux généraux de Théodose, dont il épouse la niÚce en 384. Nommé généralissime en 394, il prétend, à la mort de Théodose, avoir reçu la régence de l'Empire. Il ne réussit cependant pas à imposer son autorité à l'Empire romain d'Orient.

De 395 à 408, il exerce donc la régence de l'Empire romain d'Occident, Honorius devenant son gendre en 398.

Il mĂšne plusieurs campagnes contre les barbares et combat l'usurpateur Gildon en Afrique. En 403, il repousse les Wisigoths d'Alaric Ier en Italie, puis est vainqueur en 405 (ou 406) des Ostrogoths de Radagaise Ă  Fiesole.

Mais pour protĂ©ger l'Italie, Stilicon a dĂ» dĂ©garnir les frontiĂšres, et lorsque durant l'hiver 406 des armĂ©es de Vandales et d'Alains franchissent le Rhin gelĂ©, l'armĂ©e romaine n'est pas en mesure de les arrĂȘter.

Au printemps 407, Stilicon Ă©choue Ă©galement Ă  briser l'usurpation de Constantin III en Gaule et en Bretagne.

Durant sa régence, Stilicon mÚne une politique similaire à celle de Théodose : intégration des barbares dans l'armée et la société, ce qui suscite des frictions avec les notables romains. Sur le plan religieux, il concourt à la promotion du christianisme nicéen et combat à la fois les hérétiques (ariens et donatistes), et le paganisme (destruction des Livres sibyllins en 405). Il s'attire ainsi l'animosité des élites romaines, notamment celle du Sénat.

Dans la conjoncture désastreuse des années 407-408, Honorius se laisse persuader par son entourage que Stilicon complote contre lui et le fait exécuter le .

Biographie

Origines familiales

Stilicon est le fils d'un Vandale entré au service de Rome, qui commandait vraisemblablement un escadron de la cavalerie de l'empereur Valens[1] et d'une mÚre romaine originaire de Pannonie[Note 1].

Sur le plan ethnique, Stilicon est donc en partie vandale, mais sur le plan juridique, il est citoyen romain, comme l'indique son nom complet, oĂč Flavius indique le rattachement (juridique) Ă  la famille impĂ©riale. En revanche, le nom Stilicho est d'origine germanique.

Les débuts (des années 370 à 395)

Il entre trĂšs tĂŽt dans l'armĂ©e, dans le corps des protectores, puis gravit rapidement les Ă©chelons. Devenu successivement tribun militaire (tribunus), puis tribunus et notarius, il fait partie du personnel entourant directement l'empereur[1] ThĂ©odose, alors Ă  la tĂȘte des provinces orientales de l'Empire.

En 383, il participe à une ambassade auprÚs du roi des Perses, Shāpƫr III[Note 2]. La négociation aboutit à la conclusion d'un traité favorable à l'Empire[1].

À son retour en 384, l'empereur rĂ©compense Stilicon en lui accordant la main de sa niĂšce et fille adoptive, Serena[2], fille du frĂšre de ThĂ©odose, Honorius. Serena est une belle[3] jeune fille ambitieuse et Ă©coutĂ©e de son oncle[4]. Ce mariage semble avoir Ă©tĂ© un mariage d'amour[1], Ă©tant donnĂ© que Stilicon n'est pas Ă  ce stade le meilleur des partis : il obtient pourtant la prĂ©fĂ©rence parmi un grand nombre d'autres prĂ©tendants. À partir de lĂ , Serena dĂ©ploiera beaucoup d'Ă©nergie pour garantir la carriĂšre de son Ă©poux[Note 3].

DÚs 385, Théodose nomme Stilicon magister equitum (maßtre de la cavalerie) et comes domesticorum (comte des domestiques), c'est-à-dire chef de sa garde rapprochée. Deux ans plus tard, il est promu magister militum per Thracias, autrement dit commandant de la cavalerie et de l'infanterie de l'armée de Thrace, devenant le deuxiÚme officier de Théodose, aprÚs Promotus.

En 388, il suit Théodose dans la guerre contre l'usurpateur Magnus Maxime qui tente alors de prendre le contrÎle de l'Occident aux dépens de l'empereur légitime, Valentinien II, beau-frÚre de Théodose.

Peu avant 393, alors que ThĂ©odose s'efforce de reformer l'unitĂ© de l'Empire sous sa direction, Stilicon devient mĂȘme magister peditum prĂŠsentalis et magister utriusque militiĂŠ[5], c'est-Ă -dire gĂ©nĂ©ralissime des armĂ©es romaines[5]. À ce titre, le , il participe aux cĂŽtĂ©s de l'empereur Ă  la bataille de la riviĂšre froide contre l'usurpateur EugĂšne et le gĂ©nĂ©ral Arbogast, responsables de la mort de Valentinien II. Les troupes de Stilicon et du gĂ©nĂ©ral wisigoth Alaric l'emportent, ce qui permet le rĂ©tablissement de l'unitĂ© de l'Empire.

Le retrait du général Flavius Timasius laisse à Stilicon le contrÎle absolu des armées[6]. Il est dÚs lors, avec le préfet du prétoire Rufin, le principal personnage de l'Empire[7]. Si son ascendance barbare lui interdit de devenir empereur, il s'est imposé comme le premier général de Rome. C'est la raison pour laquelle Théodose mourant lui aurait confié[Note 4] la régence de l'Empire au nom de ses deux fils encore jeunes, Arcadius et Honorius, à qui il laisse respectivement l'Orient et l'Occident. Lorsque l'empereur décÚde, le , c'est à Stilicon qu'il revient de protéger les deux enfants[Note 5] - [8] et de maintenir la cohésion des deux parties de l'Empire.

Les années 395-398

Partition définitive de l'Empire romain en 395 entre l'Occident d'Honorius et l'Orient d'Arcadius.
La séparation des deux parties de l'Empire (395)

Stilicon ne se trouve cependant pas en mesure de rĂ©aliser les derniĂšres volontĂ©s de l'empereur dĂ©funt. Il doit tenir compte de l'opposition de Rufin, prĂ©fet du prĂ©toire de ThĂ©odose, protecteur d'Arcadius en Orient : l'unitĂ© de l'Empire est de nouveau rompue. Au lieu de diriger l'Empire de façon collĂ©giale, les deux frĂšres se disputent mĂȘme le contrĂŽle de certains territoires Ă  la limite des Empires d'Occident et d'Orient, notamment la prĂ©fecture d'Illyrie[9].

La guerre contre les fédérés wisigoths de Mésie (395-397)
Arcadius, empereur romain d'Orient de 395 Ă  408.

En 395, il doit aussi faire face au soulĂšvement des fĂ©dĂ©rĂ©s wisigoths d'Alaric en MĂ©sie. Stilicon conduit l'armĂ©e en direction de la Thrace et de la MacĂ©doine Ă  travers l'Illyrie ravagĂ©e par les barbares. Il reçoit cependant l'ordre d'Arcadius d'envoyer une partie de ses troupes Ă  Constantinople pour protĂ©ger la capitale[10]. PrivĂ© d'une fraction de son armĂ©e, Stilicon ne parvient pas, en dĂ©pit de plusieurs affrontements en Thessalie, Ă  empĂȘcher Alaric de pĂ©nĂ©trer en GrĂšce. En novembre, les troupes de Stilicon appelĂ©es Ă  Constantinople, sous les ordres du gĂ©nĂ©ral goth GaĂŻnas, assassinent Rufin[10], sans que Stilicon parvienne pour autant Ă  Ă©tendre sa rĂ©gence Ă  l'Empire romain d'Orient.

En 397, aprĂšs un bref passage sur le front du Rhin, Stilicon reprend la campagne contre les Wisigoths qui se livrent au pillage dans le PĂ©loponnĂšse. Corinthe, Sparte et MĂ©gare sont prises et ravagĂ©es ; AthĂšnes n'Ă©vite leur sort qu'en livrant une lourde rançon aux barbares. Mais il ne parvient pas Ă  contraindre Alaric Ă  l'affronter dans une bataille rangĂ©e[Note 6]. RĂ©solu Ă  rĂ©gler lui-mĂȘme le problĂšme, Arcadius, sur les conseils de l'eunuque Eutrope, offre aux Wisigoths de nouveaux territoires et Ă  leur chef le titre de magister militum per Illyricum (officier gĂ©nĂ©ral des troupes illyriennes). Stilicon est contraint de nĂ©gocier avec celui qui est devenu l'ennemi du seul empire d'Occident. Dans le mĂȘme temps, l'eunuque Eutrope fait dĂ©clarer Stilicon hostis publicus (ennemi du peuple) de l'Empire romain d'Orient, sous prĂ©texte qu'il est intervenu en GrĂšce sans attendre la permission d'Arcadius[11].

La guerre contre l'usurpateur Gildon (397-398)

Stilicon est contraint de revenir en Italie à la suite de la révolte du comte d'Afrique, Gildon au milieu de l'année 397. Celui-ci bloque en Afrique les cargaisons de blé nécessaires à la subsistance de Rome et des préfectures occidentales, dans le but de faire naßtre des révoltes contre l'empereur Honorius et son régent. Eutrope lui apporte le soutien de l'Empire romain d'Orient et Gildon fait acte d'allégeance à Arcadius. Stilicon réquisitionne aussitÎt du blé en Hispanie et en Gaule, parvenant à éviter la famine. Il fait décréter Gildon hostis publicus, sans pour autant entrer en conflit ouvert avec la cour d'Orient. En 398, il envoie en Afrique le général Mascezel, frÚre de Gildon, pour mettre fin à sa rébellion.

L'usurpation de Gildon prend fin en 398 lors de la bataille de l'Ardalio. La mort de Mascezel[Note 7] peu aprĂšs laisse Ă  Stilicon tout le prestige de cette victoire[Note 8]. La mĂȘme annĂ©e, il marie sa fille aĂźnĂ©e Marie Ă  Honorius. Deux ans plus tard, Stilicon est honorĂ© du consulat ordinaire pour l'annĂ©e 400.

À Constantinople, Eutrope est renversĂ© et exĂ©cutĂ© en 399 et remplacĂ© par AurĂ©lien, chef d'une faction hostile aux barbares. AprĂšs des affrontements avec les officiers supĂ©rieurs d'origine germanique de l'armĂ©e, GaĂŻnas, Tribigild et Fravitta, AurĂ©lien devient au cours de l'annĂ©e 401 le maĂźtre rĂ©el de Constantinople[12].

La défense de l'Italie (401-406)

L'attaque d'Alaric (401-402)

En novembre 401, Alaric se soulÚve de nouveau, mais cette fois, il envahit l'Italie. Il pille Aquilée et vient mettre le siÚge à Milan, résidence impériale d'Honorius. Stilicon, alors en campagne sur le Rhin, revient en Italie avec des soldats retirés de Bretagne et de Gaule. Alaric quitte alors Milan et se dirige vers Asti à travers la plaine du PÎ. Stilicon le rattrape et le défait à Pollentia le . Si les armées d'Alaric ne sont pas détruites, Stilicon pille son campement militaire et récupÚre le trésor des Wisigoths[Note 9]. Une autre bataille a lieu en 403 prÚs de Vérone ; cette fois, Alaric est obligé de quitter l'Italie[13] et se retire en Illyrie.

Pour commĂ©morer cette victoire, l'empereur et son gĂ©nĂ©ralissime sont invitĂ©s[14] Ă  mener un triomphe Ă  Rome. Stilicon et Honorius dĂ©filent devant le peuple dans le mĂȘme char ; exceptionnellement, les sĂ©nateurs sont exemptĂ©s de l'obligation de dĂ©filer Ă  pied devant l'Imperator[15]. À cette occasion, des jeux et spectacles grandioses sont organisĂ©s. C'est Ă  cette occasion que les derniers combats de gladiateurs ont lieu Ă  Rome, avant qu'Honorius ne dĂ©cide de les interdire[16]. Par la suite, Stilicon est de nouveau honorĂ© du consulat ordinaire pour l'annĂ©e 405.

L'attaque de Radagaise (405-406)

La victoire sur Alaric n'est cependant qu'un rĂ©pit : Ă  la fin de l'annĂ©e 405, un Ostrogoth du nom de Radagaise franchit les Alpes Ă  la tĂȘte d'une imposante armĂ©e[Note 10] regroupant, autour des Ostrogoths, des Vandales, des Burgondes, des SuĂšves, des Alains et des HĂ©rules et pĂ©nĂštre en Italie. Il mĂšne une sĂ©rie de pillages dans la vallĂ©e du PĂŽ, contourne la forteresse de Ravenne, devenue la nouvelle capitale impĂ©riale[Note 11], puis parvient Ă  traverser les Apennins et dĂ©bouche en Étrurie avec Rome pour objectif[17]. Stilicon dĂ©crĂšte, pour repousser les barbares, toute une sĂ©rie de mesures d'urgence[17] : des provinciaux sont intĂ©grĂ©s dans l'armĂ©e sur la base du volontariat, de mĂȘme que certains esclaves Ă  qui l'on promet en rĂ©compense la libertĂ©[18] tandis qu'un impĂŽt exceptionnel doit permettre de payer les contingents barbares au service de l'Empire[19]. Les envahisseurs attaquent Florence mais doivent se retirer aprĂšs l'intervention de l'armĂ©e de Stilicon arrivĂ©e de Pavie. Celui-ci repousse l'armĂ©e ennemie jusqu'aux hauteurs de Fiesole oĂč il rĂ©ussit Ă  les encercler Ă  l'Ă©tĂ© 406. Contraints par la famine, un grand nombre de soldats de Radagaise se rendent tandis que le reste est massacrĂ©. Le chef ostrogoth est capturĂ© et exĂ©cutĂ© le .

Stilicon est de nouveau cĂ©lĂ©brĂ© comme le sauveur de Rome. Tandis qu'un arc de triomphe, inaugurĂ© Ă  Rome, commĂ©more cette grande victoire[13], une statue d'or et d'argent dĂ©diĂ©e « Ă  Flavius Stilicon, clarissime et illustre, deux fois consul ordinaire, maĂźtre des deux milices, comte des domestiques et de l'Ă©curie sacrĂ©e (
) associĂ© Ă  toutes les guerres et victoires » est Ă©levĂ© sur les Rostres au nom du peuple, « en raison de l'affection singuliĂšre et de la prĂ©voyance qu'il a manifestĂ©es Ă  son Ă©gard »[20].

DiocĂšses de l'Empire romain en l'an 400.

Le conflit avec Arcadius autour de l'Illyrie (406-407)

Fort de ces succÚs, et alors que la cour d'Arcadius, entre les mains du parti anti-barbare, lui est résolument hostile, Stilicon envisage pour la premiÚre fois la possibilité d'une guerre avec l'Empire romain d'Orient.

Le point d'achoppement entre les deux Empires est, depuis la scission, la question de la possession de la prĂ©fecture d'Illyrie. En position de force, Stilicon exige Ă  la fin de l'automne 406 de rassembler l'Illyrie orientale, sous l'autoritĂ© nominale d'Arcadius depuis 396, Ă  la Pannonie qu'il contrĂŽle dĂ©jĂ , en rĂ©fĂ©rence au partage de l'Empire tel qu'il avait Ă©tĂ© fait par Gratien en 379[21]. Dans le mĂȘme temps, Stilicon se rapproche d'Alaric, qui contrĂŽle le territoire au nom d'Arcadius, et le nomme, Ă  son tour, magister militum per Illyricum[22].

La perspective d'une guerre et de la rupture de la concordia fratrum est assez mal perçue par les élites romaines, et une opposition sourde aux projets de Stilicon commence à se faire entendre, encouragée en cela par le parti nationaliste[23].

MalgrĂ© cela, en 407, Stilicon ordonne la fermeture des ports d'Italie aux navires venant d'Orient tandis qu'Alaric prend possession de l'Épire au nom d'Honorius. Le gĂ©nĂ©ralissime s'apprĂȘte Ă  traverser lui-mĂȘme l'Adriatique quand court la rumeur de la mort d'Alaric. Certains historiens prĂ©tendent que cette rumeur aurait Ă©tĂ© propagĂ©e par Serena, inquiĂšte quant au succĂšs d'une telle expĂ©dition, d'autres en attribuent la responsabilitĂ© Ă  la cour de Constantinople[Note 12]. Quoi qu'il en soit, si la rumeur se rĂ©vĂšle vite fausse, Stilicon a perdu du temps ; deux Ă©vĂ©nements imprĂ©vus l'obligent alors Ă  diffĂ©rer la campagne sine die[24].

La chute de Stilicon

Constantin III, usurpateur en Occident de 407 Ă  411.

Le déferlement barbare en Gaule et l'usurpation de Constantin (407)

Dans la nuit du , des groupes de Vandales, d'Alains, de SuÚves et de Burgondes traversent le Rhin gelé et submergent la garnison romaine de Mogontiacum. Ils se répandent ensuite en Gaule, qu'ils pillent et ravagent[25].

De plus, au cours de l'année 407, un général de l'armée de Bretagne[26], venu pour lutter contre les barbares, Constantin, se proclame Auguste à TrÚves, préfecture du prétoire des Gaules[27], prenant le contrÎle de la Gaule et des Germanies, puis de l'Hispanie, privant Honorius de la moitié de son Empire[Note 13].

L'Ă©chec de la campagne contre Constantin

Stilicon demande Ă  l'empereur de le laisser tout de mĂȘme partir pour l'Illyrie afin de faire jonction avec les armĂ©es d'Alaric, dans le but de reconquĂ©rir les territoires usurpĂ©s par Constantin, mais l'empereur, qui prĂȘte de plus en plus l'oreille aux ennemis de son rĂ©gent, refuse ; les accords passĂ©s avec Alaric sont annulĂ©s.

Durant l'automne 407, Stilicon doit conduire avec les seules lĂ©gions romaines la campagne contre Constantin III. EnvoyĂ© en Gaule, le gĂ©nĂ©ral Sarus assiĂšge Valence oĂč se trouve alors Constantin, mais il est repoussĂ© et doit retraverser les Alpes[28].

À la suite de cet Ă©chec, l'opposition Ă  Stilicon devient de plus en plus forte Ă  Ravenne. Mais, aprĂšs la mort de Marie, Honorius Ă©pouse tout de mĂȘme la seconde fille de Stilicon, Thermantia, au dĂ©but de l'annĂ©e 408.

NĂ©gociations avec Alaric

Cependant, Alaric, qui avait occupĂ© l'Épire en prĂ©vision de la campagne de Stilicon en Orient, n'a reçu aucune compensation pour l'annulation de l'expĂ©dition militaire prĂ©vue. Il occupe le Norique et exige le versement de 4 000 livres d'or[29]. Stilicon porte l'affaire devant le SĂ©nat, prĂŽnant l'apaisement et le versement de la somme demandĂ©e : d'aprĂšs lui elle ne saurait ĂȘtre considĂ©rĂ©e « sous le jour odieux d'un tribut ou d'une rançon arrachĂ©e par les menaces d'un ennemi barbare », attendu qu'« Alaric avait fidĂšlement soutenu les justes prĂ©tentions de la rĂ©publique sur les provinces usurpĂ©es par les Grecs de Constantinople »[15], c'est une rĂ©compense pour avoir servi les intĂ©rĂȘts de l'empereur d'Occident. Au SĂ©nat, l'opposition est trĂšs vive, mais le subside est finalement accordĂ© afin d'assurer la paix de l'Italie et de conserver l'alliance du roi des Wisigoths. Lampadius, prĂ©fet de la Ville, Ă  la tĂȘte des partisans de la guerre au nom de l'honneur de Rome s'Ă©crie : « Ceci n'est point un traitĂ© de paix mais un pacte d'esclavage ! »[Note 14]. Cette victoire politique apparaĂźt en fait une dĂ©faite morale pour le rĂ©gent.

The Favorites of the Emperor Honorius, par John William Waterhouse, 1883.

La mort d'Arcadius (408) et ses conséquences

La nouvelle de la mort d'Arcadius, datant du , se diffuse alors.

Mais Stilicon n'a plus l'autoritĂ© suffisante pour se poser en rĂ©gent des deux Empires. Il s'efforce mĂȘme de dĂ©courager Honorius d’aller Ă  Constantinople prendre la tutelle de son neveu ThĂ©odose II[30], en raison des dangers du voyage. Stilicon propose de partir lui-mĂȘme, sans aucune illusion sur le succĂšs d'un tel voyage, tant le parti anti-barbare d'AnthĂ©mius y est puissant.

Honorius, de plus en plus influencĂ© par le maĂźtre des offices, Olympius, extrĂȘmement critique envers Stilicon, se laisse convaincre d'aller s'adresser aux armĂ©es rassemblĂ©es Ă  Pavie, oĂč les opposants Ă  Stilicon sont en majoritĂ©[16]. ArrivĂ© sur place, l'empereur prononce contre Stilicon une harangue de la main d'Olympius.

Diffusant ensuite une rumeur selon laquelle le rĂ©gent veut aller Ă  Constantinople pour renverser ThĂ©odose II et mettre son fils (qui est le petit-fils de ThĂ©odose) sur le trĂŽne, Olympius dĂ©clenche, le , une Ă©meute oĂč sont massacrĂ©s tous les proches de Stilicon[Note 15].

TerrifiĂ© par ce dĂ©chainement de violence, Honorius, sur les conseils d'Olympius, condamne les victimes et pardonne aux assassins[16]. Au camp de Bologne, contre l'avis de ses gĂ©nĂ©raux, Stilicon refuse de chercher la vengeance par les armes et de mener une armĂ©e principalement barbare contre l'empereur lĂ©gitime[31]. Il quitte Bologne pour Ravenne oĂč sont retranchĂ©s Honorius et son favori.

La mort de Stilicon (22 août 408)

Sous prĂ©texte que Stilicon chercherait maintenant Ă  le renverser au profit de son fils, Olympius obtient d’Honorius l'ordre de placer le rĂ©gent aux arrĂȘts[31].

Averti, Stilicon se rĂ©fugie avec ses proches et ses domestiques dans l'enceinte protectrice d'une Ă©glise de Ravenne. Au matin, des soldats aux ordres du comte HĂ©raclien se prĂ©sentent Ă  l'Ă©vĂȘque maĂźtre des lieux, promettant de laisser la vie sauve Ă  Stilicon s'il consent Ă  se remettre entre leurs mains. Stilicon calme ses gens, qui s'Ă©taient armĂ©s pour pouvoir le dĂ©fendre[32] et, pleinement conscient du sort qui l'attend, se prĂ©sente sur le perron oĂč il est saisi par les hommes d'HĂ©raclien.

CondamnĂ© par l'empereur pour crime contre l'État, Stilicon meurt le [33].

Peu aprĂšs, son fils Eucher, qui a refusĂ© de s'enfuir, est Ă  son tour arrĂȘtĂ© et exĂ©cutĂ©[34], tandis que l'impĂ©ratrice Thermentia, sa fille, est disgraciĂ©e avant d’ĂȘtre Ă©loignĂ©e de la cour.

Les proches de Stilicon sont aussi arrĂȘtĂ©s, certains assassinĂ©s (le chef des notaires, Pierre, et le grand chambellan, Deuterius[Note 16]) et leur fortune confisquĂ©e.

Dans les villes d'Italie, une violente et sanglante réaction anti-barbare pousse de nombreux fédérés à rejoindre Alaric[30].

La politique impériale sous la régence de Stilicon

La poursuite de la « barbarisation » de l'armée

La politique de Théodose

À son accession au trĂŽne, ThĂ©odose, qui s'aperçoit que les effectifs et l'efficacitĂ© de l'armĂ©e romaine ne permettent plus de contenir les poussĂ©es des barbares, met en place une politique visant Ă  les intĂ©grer massivement. Si ses prĂ©dĂ©cesseurs avaient permis l'implantation sur le territoire de barbares vaincus et leur entrĂ©e dans l'armĂ©e, ThĂ©odose laisse des peuples entiers s'installer dans l'Empire. Ainsi, en 382, pour mettre fin Ă  plusieurs annĂ©es de guerre en Illyrie, il signe un fƓdus avec les Wisigoths d'Athanaric et leur offre des terres en MĂ©sie[35]. En parallĂšle, un grand nombre d'officiers d'ascendance barbare sont acceptĂ©s Ă  des postes de commandement importants, cette fois tant dans l'Orient de ThĂ©odose que dans l'Occident de Gratien. C'est ainsi que les Francs Arbogast et Bauto, les Goths GaĂŻnas ou Tribigild ou le demi-Vandale Stilicon atteignent le sommet de la hiĂ©rarchie militaire.

La politique de Stilicon

Cette politique, parfois qualifiée de « philobarbare »[36], est poursuivie par Stilicon devenu régent. En 401, les Vandales et Alains, aprÚs avoir envahi les provinces de Rhétie et de Norique et été vaincu par Stilicon, sont installés en Italie du Nord et incorporés dans l'armée. En 406, aprÚs la victoire sur Radagaise, plusieurs contingents de vaincus sont intégrés aux légions de l'Empire[Note 17].

La personne mĂȘme de Stilicon facilite cette alliance avec les peuples germaniques et en fait un protecteur naturel des barbares romanisĂ©s[Note 18]. Le gĂ©nĂ©ralissime est entourĂ© d’une clientĂšle barbare, comprenant les Goths Sarus et GaĂŻnas et l'Alain Saul ; il confie sa protection Ă  une garde hunnique.

Ce parti pris pro-barbare est fondé sur le constat de la gravité de la situation militaire. Le manque de soldats reste une importante source d'inquiétude et la faiblesse de l'enrÎlement oblige le régent à recourir toujours plus aux troupes auxiliaires ; ainsi lors des offensives barbares en Italie de 401 et de 406, Stilicon a beaucoup de mal à réunir suffisamment de troupes[37] pour combattre les envahisseurs. Il est contraint de rappeler les soldats des provinces moins directement menacées, en Gaule et en Bretagne, pour augmenter ses effectifs et doit engager de nouveaux fédérés, comme le Hun Uldin en 405.

Bien que certains de ces auxiliaires soient trĂšs peu romanisĂ©s, leur fidĂ©litĂ© ne se dĂ©ment pas du temps de la rĂ©gence de Stilicon. Ce sont des Francs ripuaires, dotĂ©s du statut de LĂštes, qui, durant l'hiver 406-407, dĂ©fendent quasiment seuls la frontiĂšre du Rhin[Note 19] et rĂ©sistent courageusement face aux armĂ©es barbares. Le roi des Vandales, GodĂ©gisel, est mĂȘme tuĂ©, au cours de la bataille de Mayence, avant que l'intervention des Alains de Respendial ne parvienne Ă  submerger les dĂ©fenseurs de l'Empire[38].

Mais cette fidĂ©litĂ© des troupes barbares s'attache plus Ă  Stilicon lui-mĂȘme qu'Ă  la cour d'Occident. Lorsqu'en 408, les proches du rĂ©gent sont massacrĂ©s Ă  Pavie, les fĂ©dĂ©rĂ©s poussent, en effet, leur gĂ©nĂ©ral Ă  se retourner les armes Ă  la main contre Honorius et son ministre Olympius[16].

Le sentiment anti-barbare des Romains de souche

Ce rĂŽle grandissant des peuples germaniques dans l'Empire fait naĂźtre en contrepartie un sentiment anti-barbares dans les populations romaines. Ce courant xĂ©nophobe prend une importance croissante Ă  la fin du IVe siĂšcle, se traduisant par de violentes Ă©meutes populaires, comme celle de Thessalonique en 390 contre le gouverneur Botheric, ou celle de Constantinople en 400, oĂč des milliers de Goths trouvent la mort Ă  la chute de GaĂŻnas[35]. La littĂ©rature tĂ©moigne aussi de ce sentiment, ainsi les Ă©crits de SynĂ©sios de CyrĂšne, Discours sur la royautĂ© ou Sur la Providence, qui critiquent l'influence des barbares Ă  la cour d'Orient. Le philosophe Ă©crit : « Reprenons des sentiments dignes des Romains ; accoutumons-nous Ă  ne devoir qu’à nous-mĂȘmes nos triomphes ; plus d’alliance avec les barbares ! Qu’aucune place ne leur soit laissĂ©e dans l’État ! »[39].

Le rejet de la politique de ThĂ©odose et de Stilicon s’aggrave lors des opĂ©rations militaires menĂ©es par les Wisigoths d'Alaric Ă  partir de 395, en contradiction avec le fƓdus de 382.

La lĂ©gislation impĂ©riale rĂ©pond partiellement Ă  ce souci. L'armĂ©e n'est Ă©videmment pas purgĂ©e de ses contingents barbares, mais des lois viennent rassurer les populations en dĂ©fendant les valeurs romaines. Par exemple, il est dĂ©crĂ©tĂ©, au nom des empereurs Arcadius et Honorius : « À l'intĂ©rieur de la ville de Rome, personne ne portera de pantalons ou de bottes. Quiconque persistera, aprĂšs la rĂšgle de notre clĂ©mence, sera puni selon son statut juridique et expulsĂ© de notre ville sacrĂ©e. »[35]

Mais cela ne suffit pas : la mort de Stilicon, le « brigand public » qui aurait voulu « enrichir et agiter les barbares »[35], déclenche une nouvelle série d'émeutes contre les « ennemis de l'intérieur ».

Le triomphe du christianisme nicéen

La politique de Théodose

Durant le rĂšgne de ThĂ©odose, la politique impĂ©riale est favorable au christianisme contre le paganisme, et Ă  la doctrine de NicĂ©e contre les « hĂ©rĂ©sies » chrĂ©tiennes. Le paganisme est de moins en moins tolĂ©rĂ© : les sacrifices sont proscrits[40], la frĂ©quentation des temples interdite[41], et finalement mĂȘme les pratiques religieuses en privĂ© sont frappĂ©es d'anathĂšme[42].

Les hĂ©rĂ©sies chrĂ©tiennes, notamment l’arianisme, sont vigoureusement combattues. Par l’édit de Thessalonique du ,ThĂ©odose et Gratien font du symbole de NicĂ©e la doctrine officielle du christianisme[43] - [Note 20]. MalgrĂ© cela, l'arianisme, dĂ©crĂ©tĂ© hĂ©rĂ©tique dĂšs 325, condamnation rĂ©itĂ©rĂ©e par le concile de Constantinople, n'en demeure pas moins trĂšs rĂ©pandu en Orient Ă  la mort de ThĂ©odose, tant chez les Romains que chez les Barbares.

La religion de Stilicon

En ce qui concerne Stilicon, il est chrétien, et, contrairement à ce qui est parfois avancé[Note 21], probablement nicéen, compte tenu de ses liens avec Théodose. Par ailleurs, Serena, trÚs hostile au paganisme[Note 22] est clairement nicéenne.

La politique religieuse de Stilicon
Saint Augustin, Ă©vĂȘque d'Hippone, obtient l'interdiction du donatisme pour hĂ©rĂ©sie.

Le rĂ©gent et son prince approfondissent donc les lois contre les pratiquants de l’arianisme.

Ils font Ă©galement condamner, Ă  la demande de l'Ă©vĂȘque Augustin d'Hippone, le donatisme comme hĂ©rĂ©sie[Note 23].

Stilicon maintient les lĂ©gislations contre les paĂŻens, mais semble les appliquer avec moins de zĂšle que les empereurs d'Orient. Il fait, par exemple, protĂ©ger les temples paĂŻens, avec pour argument la volontĂ© ne pas dĂ©naturer les citĂ©s romaines[44]. Il s'entoure, de plus, de paĂŻens notoires, tels son panĂ©gyriste, Claudien, et traite avec dĂ©fĂ©rence le SĂ©nat de Rome, oĂč les anciens cultes sont encore trĂšs pratiquĂ©s[45].

Néanmoins, à partir des années 404-406, alors que Stilicon est au faßte de sa puissance, plusieurs lois contraignantes pour les païens sont prises en Occident, comme l'interdiction de la gladiature[46].

Stilicon aurait mĂȘme fait brĂ»ler les Livres sibyllins, sacrĂ©s pour les paĂŻens. D'aprĂšs M. S. Reinach, il y aurait eu dans ces ouvrages une prophĂ©tie remontant Ă  la fondation de Rome, selon laquelle, Romulus ayant vu douze vautours s'envoler du mont Palatin, la puissance romaine serait limitĂ©e Ă  douze siĂšcles. En Ă©liminant la prophĂ©tie, Stilicon aurait espĂ©rĂ© faire oublier Ă  ses concitoyens que les douze siĂšcles Ă©taient presque Ă©coulĂ©s[47]. Cette destruction s'inscrit de toute façon dans un plan cohĂ©rent de lutte pour le christianisme nicĂ©en, et donc contre le paganisme.

De fait certains Romains, notamment les sĂ©nateurs de Rome, s'opposent Ă  cette politique, et les ultimes tenants du paganisme grossissent les rangs des adversaires du rĂ©gent. Ainsi, retrouve-t-on dans De Reditu suo de Rutilius Namatianus la condamnation de l'incendie des livres sacrĂ©s mise en parallĂšle avec le rejet de la politique de barbarisation. Namatianus Ă©crit : « Le traĂźtre ne s'est pas contentĂ© d'attaquer [Rome] avec les armes des Goths ; il a anĂ©anti, avec les Livres sibyllins, l'avenir rĂ©vĂ©lĂ© Ă  Rome. [
] Que les tourments de l'infernal NĂ©ron soient suspendus ! Une ombre plus coupable doit appeler sur elle les flambeaux des Furies. NĂ©ron n'a frappĂ© qu'une mortelle ; c'est une immortelle qu'a frappĂ© Stilicon : l'un a tuĂ© sa mĂšre, l'autre la mĂšre du monde. »[48].

La politique d'Honorius aprĂšs la mort de Stilicon

Sac de Rome par Alaric en août 410 vu par Joseph-Noël Sylvestre.

La mort de Stilicon signe la victoire des ennemis des barbares. De mĂȘme qu'en Orient, oĂč, sous l'Ă©gide d'AurĂ©lien puis d'AnthĂ©mius, les officiers romains d'ascendance barbare avaient Ă©tĂ© chassĂ©s ou exĂ©cutĂ©s, le parti antibarbare se dĂ©chaĂźne Ă  l'automne 408 en Occident. Dans les villes d'Italie, les femmes et enfants des soldats barbares sont agressĂ©s et parfois massacrĂ©s par les troupes[49] sans que le pouvoir impĂ©rial fasse quoi que ce soit pour enrayer la frĂ©nĂ©sie populaire. Dans le mĂȘme temps, les officiers d'origine barbare sont prĂšs de trente mille Ă  quitter Rome et l'Italie pour Alaric et l'Illyrie[50].

Dans le mĂȘme temps, si les relations d'Honorius avec l'empire d'Orient connaissent une sensible amĂ©lioration, de sorte que le blocus maritime est dĂ©finitivement levĂ© en dĂ©cembre 408[51], celles avec Alaric s'avĂšrent catastrophiques. Le roi des Wisigoths perd son titre de magister militum et exige de nouvelles compensations financiĂšres que les ministres d'Honorius rechignent Ă  payer[52]. Ne souhaitant pas rompre avec l'empereur, si Alaric demande le versement du subside, il propose un Ă©change d'otage pour garantir la paix. Il demande que lui soient envoyĂ©s Ætius et Jason, fils des deux principaux officiers de l'Empire en Ă©change de jeunes nobles wisigoths. EncouragĂ© par Olympius, Honorius refuse ce qu'il prend pour un aveu de faiblesse et se prĂ©pare Ă  la guerre. L'armĂ©e n'est pas mise sous le commandement du gĂ©nĂ©ral goth Sarus[53], un homme de Stilicon, et est confiĂ©e Ă  trois officiers moins expĂ©rimentĂ©s. PrivĂ© d'un commandant efficace, la campagne est un dĂ©sastre : dĂšs octobre 408, Alaric s'Ă©lance pour une troisiĂšme fois en Italie, pille AquilĂ©e, VĂ©rone, CrĂ©mone, Concordia et Altinum et parvient en novembre 408 sous les murs de Rome. Les cargaisons de blĂ© destinĂ©es Ă  nourrir la ville pour l'hiver, toujours embarquĂ©es sur les navires au mouillage Ă  Portus, sont saisies tandis que Rome est mise au siĂšge[52]. L'armĂ©e d'Honorius, privĂ©e de plusieurs de ses officiers supĂ©rieurs les plus compĂ©tents, ne parvient pas Ă  arrĂȘter Alaric et l'exploit de Stilicon n'est pas rĂ©itĂ©rĂ©.

Le SĂ©nat fait alors comparaĂźtre Serena pour trahison, sur la demande de Galla Placidia, fille de ThĂ©odose. AccusĂ©e d'avoir appelĂ© Alaric en Italie pour venger son mari, elle est Ă©tranglĂ©e, ce qui ne change rien aux projets du barbare[54]. Un accord finit toutefois par ĂȘtre trouvĂ©, et Alaric contre otages et rançon accepte la levĂ©e du siĂšge. Des nĂ©gociations s'ouvrent, sans rĂ©sultats probants. AprĂšs un deuxiĂšme siĂšge, entrecoupĂ© de nĂ©gociations, Alaric encercle une troisiĂšme fois la ville. Le , presque deux ans, jour pour jour, aprĂšs la mort de Stilicon, la premiĂšre ville de l'Empire tombe et est mise Ă  sac par les Wisigoths.

Points particuliers

Arbre généalogique de la dynastie de Théodose

Empire romain Valentinien Ier
321 - †375
Justine
Théodose l'Ancien
Thermantia
Aelia Galla
Empire romain Théodose Ier
379 - †395
Aelia Flacilla
Honorius
Athaulf
roi des Wisigoths
411 - †415
Galla Placidia
388 - †450
Empire romain d'Occident Constance III
†421
Empire romain d'Orient Arcadius
395 - †408
Eudoxie
Marie
fille de Stilicon et Serena
Empire romain d'Occident Honorius
395 - †423
Thermantia
fille de Stilicon et Serena
Serena
Stilicon
Théodose
Honoria
Empire romain d'Occident Valentinien III
419 - †455
Empire romain d'Orient Théodose II
401 - †450
Eudocie
Pulchérie
Empire romain d'Orient Marcien
450 - †457
Marie
Eucher
Thermantia
Licinia Eudoxia
Empire romain d'Occident PĂ©trone Maxime
†455
Genséric
roi des Vandales
428 - †477
Empire romain d'Occident Olybrius (empereur)
†472
Galla Placidia la Jeune
Eudoxia
Hunéric
roi des Vandales
477 - †484
Anicia Juliana
∞ Areobindus
Hildéric
roi des Vandales
523 - 530
IrĂšne
niĂšce d'Anastase Ier
Anicius Olybrius
Famille impériale byzantine

Bibliographie

Sources littéraires

Sources historiographiques

Livres

En français
  • Ernst Stein, Jean-RĂ©my Palanque, Histoire du Bas-Empire, tome 1, Éditions DesclĂ©e de Brouwer, Paris, 1949.
  • Émilienne Demougeot, De l’UnitĂ© Ă  la division de l’Empire romain 395-410 : Essai sur le gouvernement impĂ©rial, Adrien-Maisonneuve, 1951.
  • Roger Remondon, La Crise de l’Empire romain, PUF, coll. « Nouvelle Clio », Paris, 1964 (2e Ă©dition, 1970, pages 188-215, 2e partie, chapitre 8 : « Les problĂšmes de l'Empire et leurs solutions au temps de ThĂ©odose Ier et de Stilicon »).
  • Paul Petit, Histoire gĂ©nĂ©rale de l’Empire romain, livre 3, Éditions du Seuil, Paris, 1974 (ISBN 2020026775).
  • François Zosso, Christian Zingg, Les empereurs romains : 27 av. J.-C. - 476 ap. J.-C., Éditions Errance, 1995 (ISBN 2877722260).
  • Marcel Le Glay, Rome : Grandeur et chute de l'Empire, troisiĂšme partie, chapitre 4, Éditions Perrin, Paris, 2005 (ISBN 978-2262018986).
  • Pierre Maraval, ThĂ©odose le Grand. Le pouvoir et la foi, Éditions Fayard, Paris, 2009.
En anglais
  • John Bagnell Bury, History of the later Roman Empire from the death of Theodosius to the death of Justinian (395-565), tome I, chapitre 5, 1923.
  • Alan Cameron, Claudian. Poetry and propaganda at the court of Honorius, 1970.
  • John Michael O'Flynn, Generalissimos of the Western Roman Empire, chapitre 1 Ă  3, 1983, University of Alberta Press.
  • Justine Davis Randers-Pehrson, Barbarians and Romans: the birth struggle of Europe, A.D. 400-700, 1983, Taylor and Francis.
  • Arnold Hugh Martin Jones, John Martindale et John Morris, The Prosopography of the later Roman empire: A.D. 260-395, volume 1, 1987, Cambridge University Press.
  • Thomas S. Burns, Barbarians within the gates of Rome: a study of Roman military policy and the barbarians, ca. 375-425 A.D., 1994, Indiana University Press.
  • Averil Cameron, Peter Garnsey, The Cambridge ancient history: The late empire, A.D. 337-425, 1998, Cambridge University Press.
  • James William Ermatinger, The decline and fall of the Roman Empire, 2004, Greenwood Publishing Group.
  • Peter J. Heather, The fall of the Roman Empire: a new history of Rome and the Barbarians, 2006, Oxford University Press US.
  • Stephen Mitchell, A history of the later Roman Empire, AD 284-641: the transformation of the ancient world, 2007, Wiley-Blackwell.
Autres langues
  • Santo Mazzarino, Stilicone: la crisi imperiale dopo Teodosio, 1942.

Articles

  • Camille Jullian, « Le diptyque de Stilicon au trĂ©sor de Monza », dans MĂ©langes de l'Ă©cole française de Rome, 1882, tome 2, p. 5-35 (lire en ligne)
  • Jean Doise, « Le commandement de l'armĂ©e romaine sous ThĂ©odose et les dĂ©buts des rĂšgnes d'Arcadius et d'Honorius », dans MĂ©langes d'archĂ©ologie et d'histoire, 1949, vol.61, p. 189-193, disponible en ligne sur le site PersĂ©e.
  • Venance Grumel, « L’Illyricum de la mort de Valentinien Ier (375) Ă  la mort de Stilichon (408) », dans Revue des Études byzantines, 1951, vol.9 (p. 25-26).
  • Yves ModĂ©ran, « Gildon, les Maures et l'Afrique », dans MĂ©langes de l'École française de Rome. AntiquitĂ©, 1989, vol.101-2, p. 821-872, disponible en ligne sur le site PersĂ©e.
  • Sylvie Valente, « Stilicho, le gĂ©nĂ©ralissime contestĂ© », universitĂ© d'Ottawa, disponible en ligne sur le site de l'UQAM.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Saint JĂ©rĂŽme, contemporain de Stilicon et nĂ© Ă  Stridon, Ă  la frontiĂšre entre la Dalmatie et la Pannonie, Ă©crit : « la mĂšre de Stilicon semble ĂȘtre Romaine
 », citĂ© par Émilienne Demougeot dans De l’UnitĂ© Ă  la division de l’Empire romain 395-410 : Essai sur le gouvernement impĂ©rial, p. 130.
  2. De l’avis d’Émilienne Demougeot, « ThĂ©odose aurait choisi Stilicon Ă  cause de sa haute taille, pour reprĂ©senter avantageusement l’armĂ©e romaine », voir op. cit., p. 131.
  3. É. Demougeot, op. cit., p. 133 : « Serena veillait sur la fortune de son mari et dut tout faire pour y intĂ©resser ThĂ©odose : ce que nous savons d’elle rĂ©vĂšle une affection et un dĂ©vouement qui ne se relĂąchĂšrent jamais. »
  4. Les récits de Stilicon et de son panégyriste Claudien, présents à la mort de l'empereur sont évidemment sujets à caution.
  5. Arcadius est alors ùgé de 18 ans et Honorius de 11 ans.
  6. Acculé sur le mont Pholoë en Arcadie, Alaric parvient néanmoins à s'enfuir, selon Zosime, en traversant le golfe de Corinthe gelé par un hiver particuliÚrement rigoureux.
  7. Certains historiens attribuent la responsabilitĂ© de la mort de Mascezel Ă  Stilicon, jaloux de la gloire de son subordonnĂ©. Voir É. Demougeot, op. cit., p. 186-187.
  8. Claudien dans son Éloge de Stilicon n'Ă©voque pas le nom de Mascezel et laisse Ă  Stilicon seul la gloire de la victoire contre Gildon.
  9. Ce butin comprenait mĂȘme des richesses amassĂ©es Ă  l'occasion de la bataille d'Andrinople. Stilicon capture Ă©galement la femme d'Alaric. Voir J. B. Bury, History of the later Roman Empire from the death of Theodosius to the death of Justinian (395-565), chapitre 5.
  10. Zosime Ă©voque le chiffre de 400 000 hommes, voir Histoire Nouvelle, livre V. Ce chiffre est sans aucun doute trĂšs exagĂ©rĂ©.
  11. AprÚs le siÚge de Milan en 401, Honorius se laisse convaincre de la nécessité d'implanter la capitale de l'Empire d'Occident dans une ville mieux protégée. Son choix se porte en 404 sur la ville de Ravenne, remarquablement fortifiée, entourée de terres marécageuses et par ailleurs dotée d'un accÚs direct sur l'Adriatique.
  12. Serena, Zosime, suivi par Mazzarino ; Constantinople : Demougeot.
  13. Ne restent Ă  Honorius que l'Afrique, l'Italie et la Pannonie.
  14. « Non est ista pax, sed pactio servitutis », voir Peter J. Heather, The fall of the Roman Empire: a new history of Rome and the Barbarians, p. 222.
  15. Gibbon en fait la liste : les préfets du prétoire d'Italie et de Gaule, le questeur, le trésorier, le comte des domestiques, un maßtre des offices et deux maßtres généraux de la cavalerie et de l'infanterie. Les pillages coûtent aussi la vie à de nombreux citoyens romains. Voir op. cit., chapitre XXX.
  16. Selon Zosime, qui indique qu'ils sont torturés pour obtenir l'aveu d'une conspiration et exécutés malgré leur silence.
  17. Olympiodore en dénombre jusqu'à douze mille.
  18. « The Germans looked up to Stilicho as the most important German in the Empire, their natural protector and friend », J. B. Bury, op. cit., chapitre 5.
  19. Les légions de Gaule ont progressivement toutes été appelées en Italie entre 401 et 406. Claudien déclame, peu avant l'invasion de l'hiver 406 : « la Gaule, à l'abri des dangers, voit le Rhin désarmé », dans op. cit., I, 20.
  20. Certains ont interprété cet édit comme une interdiction des cultes païens. Il ne concerne en fait que les communautés chrétiennes de Constantinople sommées de se rallier au symbole de Nicée. Cf. Pierre Maraval, op. cit..
  21. Voir, par exemple, Zosso et Zing ou Le Glay.
  22. Serena a ainsi profané le temple de Rhéa Silvia à Rome et violenté une vestale. Voir Zosime, op. cit., livre V.
  23. Augustin attribue plutĂŽt cette mesure Ă  Stilicon. Voir sa lettre XCVII d'octobre 408 Ă  Olympius.

Références

  1. John Micheal O’Flynn, Generalissimos of the Western Roman Empire, p. 15.
  2. Pierre Maraval, Théodose le Grand. Le pouvoir et la foi, p. 185.
  3. C. Claudiani Laus SerenĂŠ XXX (XXXIX), 69 en Carmina Minora, Loeb Classical Library, 1922.
  4. É. Demougeot, op. cit., p. 8.
  5. Émilienne Demougeot, op. cit., p. 30.
  6. Jean Doise, « Le commandement de l'armĂ©e romaine », MĂ©langes de l'Ă©cole française de Rome,‎ , p. 191-192 (lire en ligne).
  7. Paul Petit, Histoire gĂ©nĂ©rale de l’Empire romain, p. 123.
  8. Pierre Maraval, op. cit, p. 282.
  9. É. Demougeot, op. cit., p. 143.
  10. Averil Cameron, Peter Garnsey, The Cambridge ancient history, p. 115.
  11. V. Grumel, « L’Illyricum de la mort de Valentinien Ier (375) Ă  la mort de Stilichon (408) ».
  12. É. Demougeot, op. cit., p. 351.
  13. Stephen Mittchel, A history of the later Roman Empire, p. 92.
  14. Par qui ?
  15. Edward Gibbon, Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, chapitre XXX.
  16. J. B. Bury, op. cit., chapitre 5.
  17. Marcel Le Glay, Grandeur et chute de l'Empire, p. 854.
  18. Codex Theodosianus, VII.13.16.
  19. Codex Theodosianus, VII.13.17.
  20. Marcel Le Glay, op. cit., p. 855.
  21. Averil Cameron, Peter Garnsey, op. cit., p. 121.
  22. É. Demougeot, op. cit., p. 369-370.
  23. É. Demougeot, op. cit., p. 373.
  24. É. Demougeot, op. cit., p. 395-396.
  25. Les Burgondes seront installĂ©s comme fĂ©dĂ©rĂ©s dans la rĂ©gion de Worms ; les SuĂšves gagneront la province de Gallaecia en Espagne ; les Vandales aprĂšs s'ĂȘtre arrĂȘtĂ©s en Espagne, passeront en Afrique.
  26. Bretagne romaine : actuelle Grande-Bretagne.
  27. La préfecture du prétoire des Gaules rassemble les diocÚses des Gaules, d'Hispanie et de Bretagne.
  28. Averil Cameron, Peter Garnsey, op. cit., p. 122.
  29. É. Demougeot, op. cit., p. 405.
  30. Stephen Mittchel, op. cit., p. 93.
  31. Averil Cameron, Peter Garnsey, op. cit., p. 124.
  32. É. Demougeot, op. cit., p. 424.
  33. É. Demougeot, op. cit., p. 425.
  34. The Prosopography of the later Roman empire, Eucherius, p. 405.
  35. Peter Garnsey et Caroline Humfress, L'Évolution du monde de l'AntiquitĂ© tardive.
  36. Paul Petit, op. cit., chapitre 4.
  37. M. O’Flynn, op. cit., p. 42.
  38. Grégoire de Tours, Histoire des Francs, t. II (lire en ligne).
  39. Synésios de CyrÚne, De la royauté.
  40. Codex Theodosianus, XVI, 10, 7.
  41. Codex Theodosianus, XVI, 10, 10.
  42. Codex Theodosianus, XVI, 10, 12.
  43. Codex Theodosianus, XVI, 1, 2.
  44. Henri Lavagne, La tolĂ©rance de l’Église et de l’État Ă  l’égard des Ɠuvres d’art du paganisme dans l’AntiquitĂ© tardive, Études littĂ©raires, 2000.
  45. Charles Albert Lécrivain, Le sénat romain depuis Dioclétien à Rome et à Constantinople, p. 145.
  46. Codex Theodosianus, XV, 12, 1.
  47. Voir M. S. Reinach, une prédiction accomplie.
  48. De Redito suo, 41.
  49. J. B. Bury, op. cit., chapitre 6.
  50. Peter J. Heather, op. cit., p. 224.
  51. Voir Codex Theodosianus.
  52. Stephen Mitchell, op. cit., p. 94.
  53. PLRE, Sarus, p. 981.
  54. Averil Cameron, Peter Garnsey, op. cit., p. 125.
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