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FƓdus

Le fƓdus (traitĂ© d'alliance, pacte, convention, alliance ou contrat, soit fƓdus, fƓderis, substantif neutre en latin) est un traitĂ© passĂ© entre la Rome antique et une citĂ© ou un peuple Ă©tranger, qui prend alors le statut de citĂ© alliĂ©e (cÄ«vitās fƓderāta) ou de « peuple fĂ©dĂ©rĂ© Â».

Le mot fƓdus s'apparente probablement au mot latin fides, qui dĂ©signe la bonne foi, la parole donnĂ©e, notion extrĂȘmement forte dans la Rome antique. Le fƓdus est un instrument important de la diplomatie romaine, surtout durant la conquĂȘte de l'Italie par la RĂ©publique romaine, et lors des derniers siĂšcles de l'Empire romain.

Sous la Monarchie

DĂšs la monarchie, les rois Ă©trusques qui rĂšgnent sur Rome passent les premiers traitĂ©s, comme avec Gabies (fƓdus Gabinum, citĂ© par Denys d'Halicarnasse).

Sous la RĂ©publique

AprĂšs la pĂ©riode de la Ligue latine (493-388 av. J.-C.), durant laquelle Rome n’est qu’un membre non prĂ©pondĂ©rant de la ligue des citĂ©s latines, le SĂ©nat de la jeune RĂ©publique romaine prĂ©fĂšre conclure des fƓdera bilatĂ©raux avec les citĂ©s voisines. Chaque accord entre Rome et une autre citĂ© latine ou italienne permet Ă  Rome de se placer le plus souvent dans une position dominante, qu'elle ne peut revendiquer au sein de la Ligue latine. Cet accord est gĂ©nĂ©ralement un pacte d’assistance mutuelle, selon le principe « mes ennemis sont vos ennemis, mes amis sont vos amis ». La citĂ© fĂ©dĂ©rĂ©e reste autonome et libre de sa gestion interne, Rome assure sa protection contre les agressions extĂ©rieures ; en contrepartie elle fournit en cas de guerre romaine des troupes auxiliaires ou des approvisionnements.

Ce systĂšme a un effet de boule de neige favorisant l’établissement de la domination romaine sur la pĂ©ninsule : chaque traitĂ© accroĂźt le potentiel d’effectifs mobilisables par Rome et Ă©tend le pĂ©rimĂštre gĂ©ographique des villes alliĂ©es (socii ou Civites Foederatii), occasion de nouveaux conflits ou de nouvelles alliances avec leurs voisins. Lorsque Rome se trouve engagĂ©e dans de durs conflits, comme les guerres samnites, la guerre de Pyrrhus en Italie, et surtout la deuxiĂšme guerre punique, le soutien des villes alliĂ©es lui permet de reconstituer rapidement ses forces militaires aprĂšs chaque dĂ©faite.

Le systĂšme du fƓdus s’étend hors d’Italie Ă  la fin de la deuxiĂšme guerre punique, toujours par des accords bilatĂ©raux, comme avec GadĂšs en Hispanie, Pergame, les citĂ©s grecques de la Ligue achĂ©enne. L’effet boule de neige joue Ă  nouveau : les menaces exercĂ©es sur ces derniĂšres citĂ©s provoquent de façon quasi automatique l’intervention romaine contre le royaume de MacĂ©doine, le royaume de Syrie, puis le royaume du Pont, avec de nouvelles extensions et la formation d’un Empire romain, qui selon l’historien Ferdinand Lot est « une fĂ©dĂ©ration de citĂ©s, groupĂ©es autour de la plus puissante d’entre elles, Rome ».

Dans l'Empire romain tardif

Le foedus ne s'Ă©tablit plus avec une citĂ©-État, comme sous la RĂ©publique, mais avec une tribu ou un peuple barbare.

Il autorise l'installation de ce peuple sur le territoire sous domination romaine, aux conditions suivantes :

  • le peuple fĂ©dĂ©rĂ© s'installe de façon indĂ©pendante, avec ses propres lois et ses dirigeants ;
  • le peuple fĂ©dĂ©rĂ© n'est soumis ni Ă  la loi romaine ni Ă  l'impĂŽt romain ;
  • les Romains qui demeurent sur le territoire du fĂ©dĂ©rĂ© dĂ©pendent de la loi romaine ;
  • l'Empire romain peut recruter des soldats chez le fĂ©dĂ©rĂ©, contre rĂ©tribution. Ces soldats combattent avec leur armement et leur chef et non un armement ou des officiers romains.

Des clauses supplémentaires peuvent garantir un ravitaillement du peuple fédéré par les autorités romaines locales. Par le contrat de l'hospitalité, le peuple barbare fédéré reçoit une partie des terres et parfois une partie des esclaves ou des impÎts prélevés sur les propriétés fonciÚres.

On constate les avantages que tire un peuple barbare de ce statut de fĂ©dĂ©rĂ©. On est loin de l'installation par petits groupes ou de l'enrĂŽlement forcĂ© de barbares vaincus comme auxiliaires, pratiquĂ© lorsque Rome Ă©tait forte. En pratique, un fƓdus constate presque toujours un rapport de force en faveur des barbares, consacre leur occupation de fait sur des territoires romains perdus et permet juste Ă  l'Empire romain d'obtenir une paix pour quelques annĂ©es et quelques troupes combatives tant qu'elles sont bien payĂ©es.

Les barbares voient généralement un traité comme un engagement de personne à personne davantage qu'un accord avec une abstraction comme l'Empire romain. Ils considÚrent donc le traité comme caduc à la disparition de l'empereur ou de sa famille.

Exemples

  • En 295, les Wisigoths s'installent en Thrace sous fƓdus avec les Romains.
  • En 332, passĂ© avec les Wisigoths, au nord du Danube, et Constantin Ier, Ă©teint en 364 avec la mort de Julien, dernier parent de Constantin.
  • En 358, les Francs Saliens se voient octroyer la Toxandrie par Julien selon Ammien Marcellin, respectant remarquablement bien l'entente avec Rome.
  • En 374, passĂ© entre les Alamans et Valentinien Ier, il installe ce peuple Ă  l’ouest du Rhin. Ce traitĂ© fut violĂ© chaque fois que les troupes romaines voisines furent dĂ©garnies.
  • En 382, passĂ© entre les Wisigoths et ThĂ©odose Ier, pour les fixer en MĂ©sie aprĂšs plusieurs annĂ©es de dĂ©vastation des Balkans. Le traitĂ© est respectĂ© jusqu'au dĂ©cĂšs de ThĂ©odose en 395.
  • En 418, les Wisigoths sont installĂ©s comme fĂ©dĂ©rĂ©s en Gaule aquitaine. En contrepartie, ils rĂ©alisent des opĂ©rations de pacification en Hispanie pour le compte de l'Empire.
  • En 435, avec les Vandales de GensĂ©ric en Afrique, qui se mĂ©nage ainsi une pause avant son attaque de Carthage en 439.
  • En 442, GensĂ©ric obtient un nouveau fƓdus, lĂ©gitimant ses conquĂȘtes en Afrique du Nord ; mais le royaume vandale, reconnu par Rome, ne le sera pas par Constantinople.

Voir aussi

Sources et bibliographie

  • Paul Petit, Histoire gĂ©nĂ©rale de l’Empire romain, Seuil, 1974, (ISBN 2020026775)

Articles connexes

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