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Camille Jullian

Camille Jullian, né à Marseille le et mort à Paris le , est un historien, philologue et épigraphiste français.

Camille Jullian
Portrait de Camille Jullian
Biographie
Naissance
Marseille
Décès
6e arrondissement de Paris
Nationalité Français
Thématique
Formation Lycée Thiers
École normale supérieure
Titres Professeur des universités
Professeur au Collège de France
membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres
membre de l'Académie française
Profession Épigraphiste (d), celtiste (d), archéologue des provinces romaines (d), historien de l'Antiquité classique (d), professeur d'université (d), romaniste, historien, historien de la littérature (d), philologue (en) et archéologue
Employeur Collège de France (-)
Travaux
  • De protectoribus et domesticis augustorum (1883)
  • Les transformations politiques de l’Italie sous les empereurs romains, 43 av. J.-C.-330 après J.-C. (1884)
  • Gallia, tableau sommaire de la Gaule sous la domination romaine (1892)
  • VercingĂ©torix (1901)
  • Histoire de la Gaule en huit volumes (1908-1921)
Approche histoire de la Gaule
Distinctions Grand prix Gobert (), prix Thérouanne (), grand prix Gobert () et grand officier de la Légion d'honneur‎ (d) ()
Membre de Académie française ( - ), Académie des inscriptions et belles-lettres (-), École française de Rome (-) et Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France

Signature

Signature de Camille Jullian

Élu au Collège de France en 1905, il y crée la chaire des Antiquités nationales. Il est l'auteur d'une monumentale Histoire de la Gaule, parue entre 1907 et 1928, première approche scientifique de la Gaule.

Biographie

Années de formation

D'origine cévenole, frère de lait de Gaston Doumergue, futur président de la République française entre 1924 et 1931, il passa son enfance à Nîmes et poursuivit ses études secondaires à Marseille, au Lycée Thiers[1].

En 1877, il entra à l'École normale supérieure[2]. Il y suivit les cours de Vidal de la Blache et de Fustel de Coulanges, dont il édita l'œuvre à titre posthume, et s'y lie d’amitié avec Henri Bergson.

En 1880, il fut reçu premier à l’agrégation d’Histoire[2], puis partit étudier en Allemagne à l'Université Frédéric-Guillaume de Berlin, auprès du professeur Mommsen, l'épigraphie antique, science des inscriptions, puis à l'École française de Rome (1880-1882).

En 1883, il soutint à la Sorbonne sa thèse de doctorat[2] sur les transformations politiques dans l’Italie impériale romaine, et le jury lui rend hommage pour sa « compétence précoce »[2].

Collège de France. M. le professeur Camille Jullian (Bibliothèque de la Sorbonne, NuBIS).

Carrière universitaire

Il fut d'abord nommé professeur à l'université de Bordeaux puis fut élu professeur au Collège de France en 1905, titulaire de la chaire des Antiquités nationales. Camille Jullian a considérablement renouvelé l’histoire antique de la Gaule.

Petit, timide, il avait la voix faible et les yeux très myopes, mais il savait captiver ses auditoires. Toute sa vie, il mena un labeur écrasant et exemplaire[3].

Il fut le disciple de Fustel de Coulanges dont il acheva certaines des œuvres telles Histoire des institutions politiques de l'ancienne France, La Gaule romaine et les Origines du régime féodal ou Les transformations de la royauté pendant l'époque carolingienne à partir des notes laissées par l'auteur.

Un historien libéral, national et moral

Esprit littéraire, grand écrivain, Camille Jullian, fut cependant un historien libre d'esprit, honnête et rigoureux. Marqué comme toute sa génération par la défaite française de 1870, chargé de préparer le traité de Versailles en 1919, lui qui mourut l'année de l'avènement d'Adolf Hitler en Allemagne, se voulut toujours au service de la nation et de la patrie, d'aujourd'hui comme celle de jadis.

Marqué par le protestantisme, il a toujours considéré que l'histoire était « morale », qu'elle était « l'obéissance de la vérité ». « Au service de l'histoire » toute sa vie, il publia sous ce titre son dernier travail, les leçons d'ouverture qu'il prononça au Collège de France de 1905 à 1930 ; comme le montrent quelques lignes suivantes (presque son testament) de la leçon du 3 décembre 1924 sur la valeur de l'histoire : « L'histoire est un métier de vaillance et de dignité… L'histoire enseigne d'abord la reconnaissance… L'histoire, ensuite, enseigne la justice… L'histoire enseigne enfin la loyauté… L'histoire est un apprentissage de devoirs ».

Il est élu membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1908 et de l'Académie française en 1924.

Frappé d'une congestion cérébrale en 1930, il mourut trois ans plus tard, à l'âge de soixante-quatorze ans. Sa tombe se trouve au cimetière protestant de Bordeaux.

L'historien de Bordeaux

Camille Jullian photographié par Jean-Auguste Brutails, un de ses contemporains bordelais.

C'est par hasard des affectations que ce Marseillais vint à Bordeaux. Mais il se prit d'affection pour cette ville ; il y fit une grande part de sa carrière et devint le plus grand historien de Bordeaux.

Il s'y maria en 1890 avec Madeleine Azam (1866-1934), fille du docteur Eugène Azam, professeur à l'université de Bordeaux, et voulut y être enterré non loin du lycée sur le « mont Judaïque », dans le cimetière protestant de la ville (193, rue Judaique), créé en 1826.

Il est le grand-père de l'auteur et dessinateur Philippe Jullian (1919-1977), né Philippe Simounet.

La publication en 1895 de L’Histoire de Bordeaux est le premier grand ouvrage scientifique et synthétique sur la ville.

Apport Ă  l'histoire de la Gaule

Plaque commĂ©morative de Camille Jullian : « Parler du pays, c'est Ă©tablir entre cent gĂ©nĂ©rations humaines prĂ©sentes, disparues ou Ă  venir, un lien sacrĂ© qu'aucune mort, aucune tempĂŞte ne saurait briser Â».
Inscription 30 rue Guynemer (6e arrondissement de Paris), oĂą il est mort.

Mais son principal objet d’étude et de recherche devait être la Gaule, à laquelle il consacra une grande partie de ses recherches. Avec ses huit volumes parus entre 1908 et 1921, dont les quatre premiers avant 1914, la monumentale Histoire de la Gaule de Camille Jullian fut le premier véritable ouvrage complet sur la Gaule, qui fit référence.

C'est lui qui, pratiquement, révéla scientifiquement à la France Vercingétorix, le héros national dans un ouvrage publié en 1901 qui eut un immense retentissement.

Pour Camille Julian, la Gaule à la veille de la conquête romaine était presque une nation : si les peuples gaulois formaient un ensemble humain sans base ethnique particulière - car celle-ci était déjà le fruit de multiples métissages venus de la pré ou protohistoire - ils formaient un ensemble caractérisé par plusieurs points communs[4] :

  • l'appartenance Ă  un territoire commun nettement dĂ©fini, celui de la Gaule dĂ©crit par Jules CĂ©sar jusqu’au Rhin, aux Alpes et aux PyrĂ©nĂ©es ;
  • une communautĂ© de langage, de croyances religieuses ou morales, c'est-Ă -dire une communautĂ© de civilisation matĂ©rielle et spirituelle ;
  • une communautĂ©, certes encore morcelĂ©e ou dispersĂ©e, de formes politiques : celle des soixante « citĂ©s » en deçà du Rhin, avec leur souverainetĂ© et leur monnayage, leurs magistrats, issus peut-ĂŞtre d’une royautĂ© antĂ©rieure peu accessible Ă  la recherche, leur clergĂ© druidique, leurs aristocraties foncières et militaires.

À cette nation, Jullian attribue la première possession de la future France, le premier aménagement du territoire, la création d’une géographie historique de longue durée, la création de paysages[4].

Fondateur de la recherche historique sur la Gaule avec sa chaire au collège de France, il y eut trois successeurs : Albert Grenier (de 1935 à 1948), Paul-Marie Duval (de 1964 à 1982), qui se placèrent plus ou moins sous son patronage tout en donnant à leurs chaires des intitulés différents, et enfin Christian Goudineau, qui, depuis 1984 a repris exactement le même intitulé, rendant un hommage explicite à Camille Jullian.

Hommages et distinctions

Monument Ă  Camille Jullian Ă  Bordeaux.

DĂ©coration

Distinctions

Hommages

De nombreuses villes françaises ont donné son nom à une voie publique, un collège ou un lycée:

  • CrĂ©Ă© en 1883, le lycĂ©e de jeunes filles de Bordeaux dit lycĂ©e Barada, puis Mondenard oĂą l’historien avait donnĂ© quelques cours dans les classes prĂ©paratoires Ă  l’École normale supĂ©rieure de Sèvres, fut baptisĂ© en 1955, lycĂ©e Camille-Jullian.
  • En 1938, la ville de Bordeaux Ă©leva Ă  Camille Jullian, sur la place qui porte son nom, un petit monument fait de vestiges gallo-romains.
  • Le Centre Camille-Jullian, composante de la Maison MĂ©diterranĂ©enne des Sciences de l'Homme (MMSH), est un Laboratoire du CNRS et de l’universitĂ© de Provence, Ă  Aix-en-Provence. NommĂ© ainsi depuis 1994[5], les activitĂ©s du Centre Camille-Jullian sont axĂ©es sur l’archĂ©ologie et l’histoire du Sud-Est de la France, de l’Occident mĂ©diterranĂ©en et de l'Afrique antique.

Publications

Sur Bordeaux et la Gironde

  • Étude d’épigraphie bordelaise. Les Bordelais dans l’armĂ©e romaine. Notes concernant les inscriptions de Bordeaux extraites des papiers de M. de Lamontagne, 1884
  • Les antiquitĂ©s de Bordeaux (Revue archĂ©ologique), 1885
  • Ausone et Bordeaux. Études sur les derniers temps de la Gaule romaine, 1893 [lire en ligne]
  • Histoire de Bordeaux depuis les origines jusqu’en 1895, 1895 [lire en ligne], prix ThĂ©rouanne de l'AcadĂ©mie française en 1896
  • L'orientalisme Ă  Bordeaux, Bordeaux, Feret, , 20 p. (lire en ligne)

Travaux sur la Gaule

  • De protectoribus et domesticis augustorum, 1883
  • Histoire des institutions politiques de l’ancienne France, de Fustel de Coulanges (Ă©dition posthume des Ĺ“uvres), 1890
  • Gallia, tableau sommaire de la Gaule sous la domination romaine, Hachette, 1892
  • FrĂ©jus romain, 1886
  • Notes d’épigraphie, 1886
  • Les transformations politiques de l’Italie sous les empereurs romains, 43 av. J.-C.-330 après J.-C., 1884
  • Extraits des historiens du XIXe siècle, publiĂ©s, annotĂ©s et prĂ©cĂ©dĂ©s d’une introduction sur l’histoire de France, 1897
  • Inscriptiones Galliae narbonensis Latinae (CIL XII), en collaboration, 1899
  • VercingĂ©torix, Paris, Hachette, , 406 p. (lire en ligne)
  • La politique romaine en Provence (218-59 avant notre ère), 1901
  • Recherches sur la religion gauloise, 1903
  • Plaidoyer pour la prĂ©histoire, 1907
  • Les anciens dieux de l’Occident, 1913
  • Les Paris des Romains. Les Arènes. Les Thermes, 1924
  • Histoire de la Gaule, rĂ©Ă©d. Hachette, Coll. RĂ©fĂ©rences, 1993, 1270 pages, (ISBN 978-2010212178)
  • Au seuil de notre histoire. Leçons faites au Collège de France, 1905-1930, 3 vol. 1930-1931
  • Les invasions ibĂ©riques en Gaule et l'origine de Bordeaux, Bordeaux, Imp. G. Gounouilhou, , 15 p. (lire en ligne)

Les Ĺ“uvres du patriote

  • Le Rhin gaulois : le Rhin français, 1915
  • Pas de paix avec Hohenzollern. Ă€ un ami du front, 1918
  • La guerre pour la patrie, 1919
  • Aimons la France, confĂ©rences : 1914-1919, 1920
  • De la Gaule Ă  la France: Nos Origines Historiques, Paris: Hachette, 1922

Notes et références

  1. Albert Grenier, Camille Jullian ; un demi-siècle de science historique et de progrès français, 1880-1930, A. Michel, (lire en ligne)
  2. Christian Goudineau, « Camille Jullian : la passion de la Gaule », Le Nouvel Observateur, no 1107 (hors-série),‎ , p. 81
  3. Notice biographique sur le site du lycée Camille-Jullian de Bordeaux.
  4. Claude Nicolet, La Fabrique d'une nation. La France entre Rome et les Germains, Perrin, Paris, 2003, p. 230.
  5. « De l’IAM au CCJ », sur ccj.cnrs.fr

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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