AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Marcien

Marcien (en latin : Flavius Marcianus Augustus), né en Thrace ou en Illyrie en 392 ou en 396 et mort le , est empereur byzantin de 450 à 457.

Marcien
Empereur byzantin
Image illustrative de l’article Marcien
Solidus Ă  l'effigie de Marcien, reprĂ©sentĂ© casquĂ© et tenant une lance. À l'avers figure une reprĂ©sentation de la Victoire, souvent prĂ©sente sur les piĂšces romaines.
RĂšgne
- 27 janvier 457 (6 ans et 5 mois)
Période Théodosienne
Précédé par Théodose II
Suivi de LĂ©on Ier
Biographie
Nom de naissance Flavius Marcianus
Naissance 392-396 - Thrace/Illyrie
DĂ©cĂšs (~ 61-65 ans)
Épouse PulchĂ©rie
Descendance Marcia Euphemia

Ses origines sont assez mal connues. Son pĂšre est militaire et, trĂšs jeune, perpĂ©tuant la tradition familiale, Marcien s'engage dans l'armĂ©e. Il sert comme lieutenant (domesticus) auprĂšs des gĂ©nĂ©raux Aspar et son fils Ardabur, durant prĂšs de quinze ans. AprĂšs la mort de ThĂ©odose II le , il est le candidat d'Aspar pour le trĂŽne impĂ©rial. Le gĂ©nĂ©ral barbare dĂ©tient alors une grande influence politique et, aprĂšs un mois de nĂ©gociations, parvient Ă  imposer Marcien Ă  la tĂȘte de l'Empire. Celui-ci Ă©pouse PulchĂ©rie, la sƓur de ThĂ©odose. L'influent Flavius ZĂ©non pourrait avoir Ă©tĂ© impliquĂ© dans les nĂ©gociations. Le , Marcien est proclamĂ© empereur d'Orient.

Il revient sur un certain nombre de dĂ©cisions de ThĂ©odose II, notamment dans les relations avec Attila ou en matiĂšre religieuse. Il rĂ©voque les concessions faites aux Huns, notamment le paiement du tribut et, en 452, Attila pille l'Italie alors que l'Empire romain d'Occident est en pleine dĂ©liquescence. Marcien rĂ©agit par l'envoi de troupes au-delĂ  du Danube, battant les Huns sur leurs propres terres. Attila, dont les troupes souffrent de la famine, se retire d'Italie en Ă©change d'un important tribut versĂ© par l'Empire d'Occident. AprĂšs la mort d'Attila en 453, Marcien profite de la dislocation de l'Empire hunnique en plusieurs royaumes rivaux pour en faire des alliĂ©s des Romains au travers d'un fƓdus.

En matiÚre religieuse, il convoque le concile de Chalcédoine, qui réaffirme la double nature de Jésus-Christ, alors que de nombreuses controverses agitent le monde chrétien à ce sujet. Dans les provinces orientales, la diffusion du monophysisme qui s'oppose à cette conception affaiblit l'unité de l'Empire.

Marcien meurt le et laisse l'Empire dans une bonne situation financiÚre qui contraste avec les grandes difficultés économiques que traverse l'Empire d'Occident. AprÚs sa mort, Aspar fait nommer comme empereur Léon Ier au détriment du beau-fils de Marcien, Anthémius.

Origines

Une grande partie de l'Europe est figurée en vert clair.
Carte de la division de l'Empire romain vers 400.

Marcien naĂźt vers 392, soit en Thrace[1], soit en Illyrie[2]. Le chroniqueur Jean Malalas le dĂ©crit comme grand et boiteux, mais peu de choses sont connues de ses premiĂšres annĂ©es de vie[3]. Son pĂšre sert dans l'armĂ©e, et Marcien s’enrĂŽle trĂšs jeune Ă  Philippopolis, en Thrace. Son ascension sociale tĂ©moigne du rĂŽle de l'armĂ©e dans la promotion d'hommes d'origine parfois modeste dans les premiers temps de l'Empire d'Orient[4]. Au moment de la brĂšve guerre contre les Sassanides, entre 421 et 422, Marcien atteint probablement le grade de tribun militaire ; l'historien ThĂ©ophane le Confesseur note qu'il dirige une unitĂ© militaire[5]. NĂ©anmoins, tombant malade en Lycie, il ne prend pas part aux combats. Il est pris en charge par deux frĂšres, Ilius et Tatianus, qui sont ensuite de solides appuis sous son rĂšgne, devenant respectivement prĂ©fet du prĂ©toire d'Illyrie et praefectus urbi (prĂ©fet de Constantinople)[6] - [7] - [8] - [9]. Marcien atteint le rang de domesticus (aide de camp) d'Aspar, le magister militum (gĂ©nĂ©ral en chef) de l'Empire d'Orient. En dĂ©pit de ses origines barbares, Aspar dĂ©tient une grande influence politique, qui constitue probablement le facteur dĂ©cisif de l'ascension de Marcien[10] - [8] - [11]. Au dĂ©but des annĂ©es 430, Marcien l'accompagne dans une campagne contre le royaume vandale d'Afrique mais est fait prisonnier par les Vandales. Évagre le Scholastique, ainsi que Procope de CĂ©sarĂ©e lui font alors rencontrer leur roi, GensĂ©ric. Celui-ci lui aurait prĂ©dit une destinĂ©e impĂ©riale aprĂšs l'avoir retrouvĂ© Ă©vanoui en plein soleil mais protĂ©gĂ© par l'ombre d'un aigle posĂ© auprĂšs de lui. ThĂ©ophane le Confesseur rapporte la mĂȘme histoire, qui serait dĂ©jĂ  intervenue quelques annĂ©es plus tĂŽt quand il Ă©tait malade en Anatolie[12], et Évagre mentionne aussi un Ă©pisode lors duquel Marcien, qui dĂ©couvre un soldat assassinĂ© et risque d'en ĂȘtre tenu pour responsable, Ă©chappe Ă  toute condamnation grĂące Ă  la divine providence[13]. Cependant, ces rĂ©cits sont des inventions classiques de l'historiographie impĂ©riale, destinĂ©es Ă  le lĂ©gitimer a posteriori[14]. AprĂšs sa capture, Marcien n'est plus mentionnĂ© dans les sources jusqu'Ă  la mort de ThĂ©odose II[15].

Ascension

RÚgne de Théodose II

Potographie d'un buste d'un homme en marbre.
TĂȘte de ThĂ©odose II. ConservĂ©e au musĂ©e du Louvre.

DĂšs son apparition en 395 Ă  la suite de la partition de l'Empire romain en deux parties, l'Empire d'Orient est confrontĂ© Ă  une multitude de menaces, mĂȘme si celles-ci fragilisent surtout celui d'Occident. Ainsi, en 429, les Vandales envahissent l'Afrique romaine et menacent Carthage. ThĂ©odose rĂ©agit par l'envoi d'une expĂ©dition dirigĂ©e par Aspar, dĂšs l'Ă©tĂ© 431. Au nord de l'empire, les Huns sont la principale menace et profitent du moindre moment de faiblesse pour attaquer. En 431, ils envoient des ambassadeurs rĂ©clamer un tribut. ThĂ©odose accepte de payer un montant annuel de 160 kg d'or. En 434, les armĂ©es de l'Empire d'Orient sont toujours aux prises avec les Vandales mais ont subi des dĂ©faites et le retrait des troupes d'Occident. Les Huns en profitent pour demander un doublement du tribut, ce que ThĂ©odose accepte par le traitĂ© de Margus pour prĂ©venir une offensive dans les Balkans[16].

Le , les Vandales dĂ©font les maigres troupes laissĂ©es par l'Empire d'Orient et prennent Carthage. Les deux empires romains montent une contre-offensive, aux dĂ©pens de la protection des Balkans. Au cours de l'automne 440, une flotte de plus de 1 000 navires fait voile depuis Constantinople vers l'Afrique, ce qui reprĂ©sente une prise de risque pour ThĂ©odose[16]. Il espĂšre alors que le limes danubien est suffisamment fortifiĂ© pour soutenir une offensive hunnique, le temps d'envoyer des renforts. Cependant, en 441, la guerre reprend, sans que les raisons exactes soient connues. Les vellĂ©itĂ©s bellicistes de l'Ă©vĂȘque de Margus ont notamment Ă©tĂ© Ă©voquĂ©es comme causes. Quoi qu'il en soit, Attila mĂšne des actions contre les citĂ©s voisines de Viminacium, Singidunum et Sirmium. ThĂ©odose doit alors rappeler Aspar et contre-attaquer, mais il subit une lourde dĂ©faite lors de la bataille de l'Utus en 447[17]. Sans solution, l'empereur revient au paiement d'un tribut annuel, jusqu'Ă  sa mort en 450[18] - [19].

Accession au trĂŽne

Photographie des deux faces d'une piĂšce en or.
Semissis représentant Marcien de profil. A l'avers figure une représentation de la Victoire, elle aussi de profil et accompagnée d'un staurogramme (ou chrisme) en bas à droite.

En 450, ThĂ©odose meurt brutalement d'une chute de cheval, sans hĂ©ritier dĂ©signĂ©[20]. L'Empire d'Orient connaĂźt alors sa premiĂšre crise de succession[21]. Certaines sources ultĂ©rieures affirment qu'il nomme Marcien comme successeur sur son lit de mort, mais ce rĂ©cit vise probablement Ă  conforter la lĂ©gitimitĂ© de Marcien. Celui-ci vient alors de servir loyalement Aspar et son fils, Ardabur, durant prĂšs de quinze ans. C'est donc un homme de confiance qu'Aspar peut promouvoir afin de servir ses intĂ©rĂȘts. Pour cela, il nĂ©gocie avec les hauts dignitaires impĂ©riaux pour dĂ©fendre son choix[8]. Pendant un mois, aucun empereur n'est dĂ©signĂ©, avant qu'Aspar n'obtienne gain de cause et que PulchĂ©rie accepte d'Ă©pouser Marcien[8]. Elle aurait eu comme unique exigence qu'il abandonne la politique religieuse de son frĂšre et convoque un concile. En effet, elle manifeste Ă  la fois une profonde dĂ©votion religieuse et un fort rejet du monophysisme[22]. Dans tous les cas, cette union permet Ă  Marcien d'ĂȘtre associĂ© Ă  la lignĂ©e de ThĂ©odose et de consolider sa prĂ©tention au trĂŽne[23]. Cependant, PulchĂ©rie, qui a fait vƓu de chastetĂ© Ă  l'Ăąge de quatorze ans, refuse de renoncer Ă  son vƓu[24]. Le rĂŽle de la sƓur de ThĂ©odose, soulignĂ© notamment par Kenneth Holum, atteste de la place des femmes comme continuatrices d'une lĂ©gitimitĂ© dynastique alors privĂ©e de reprĂ©sentants masculins, mĂȘme si son rĂŽle doit s'analyser au sein du jeu de pouvoir alors Ă  l’Ɠuvre Ă  la cour impĂ©riale et que son influence dans les annĂ©es Ă  venir demeure rĂ©duite[25].

Photographie des deux faces d'une piÚce en or représentant le portrait d'une femme de profil sur une face et un personnage ailé tenant une croix sur l'autre face.
Solidus représentant Pulchérie de profil, accompagnée de la personnification de la Victoire à l'avers.

Plus largement, les historiens ne s'accordent pas toujours sur les rĂŽles des uns et des autres dans la promotion de Marcien, mettant l'accent sur PulchĂ©rie, ZĂ©non, Aspar ou une collusion plus ou moins forte entre les trois[26] - [Note 1]. L'historien Doug Lee a Ă©mis l'hypothĂšse que les nĂ©gociations auraient Ă©tĂ© menĂ©es entre Aspar et Flavius ZĂ©non, autre haut dignitaire de l'Empire. À l'arrivĂ©e de Marcien sur le trĂŽne, il se voit confĂ©rer la dignitĂ© de patrice, ce qui suggĂšrerait qu'il ait jouĂ© un rĂŽle important, en renonçant peut-ĂȘtre lui-mĂȘme au trĂŽne. C'est une thĂšse aussi soutenue par Constantin Zuckerman[27]. Quoi qu'il en soit, ZĂ©non meurt l'annĂ©e qui suit. Quant Ă  Ardabur, il devient le maĂźtre des milices de l'armĂ©e de la prĂ©fecture du prĂ©toire d'Orient[28].

ProclamĂ© empereur le devant l'armĂ©e et le SĂ©nat, Marcien prend pour nom de rĂšgne Imperator Caesar Flavius Marcianus Augustus. Contrairement Ă  ce que rapporte la tradition byzantine ultĂ©rieure, le patriarche de Constantinople ne procĂšde pas Ă  son couronnement, et c'est son successeur qui est le premier souverain byzantin Ă  ĂȘtre couronnĂ© de la sorte[29]. NĂ©anmoins, l'onction divine de son accession au trĂŽne est rappelĂ©e par Marcien quand il annonce son intronisation au pape en Ă©crivant qu'il a Ă©tĂ© Ă©lu par dĂ©cret divin[30]. Rapidement, la composition de la cour impĂ©riale Ă©volue. L'eunuque Chrysaphios, spathaire de ThĂ©odose II, auprĂšs de qui il a exercĂ© une grande influence, est assassinĂ© ou exĂ©cutĂ©. Tant PulchĂ©rie que ZĂ©non sont alors ses adversaires, de mĂȘme qu'Aspar qui ne partage pas ses vues conciliantes avec Attila[31]. Marcien revient ainsi rapidement sur les concessions aux Huns et s'ingĂšre plus fortement dans les affaires religieuses. Si Constance Head estime qu'il agit de son propre chef[32] et que Lee affirme qu'il est bien plus capable de s'imposer que d'autres empereurs de la mĂȘme Ă©poque, il estime nĂ©anmoins que les premiĂšres dĂ©cisions de Marcien font entrevoir l'influence de ZĂ©non et de PulchĂ©rie[33]. Son choix d'une ligne dure contre les Huns pourrait aussi ĂȘtre une maniĂšre d'affirmer une forme de solidaritĂ© envers l'Empire d'Occident pour obtenir la reconnaissance de son titre impĂ©rial[34].

RĂšgne

Politique Ă©trangĂšre

La politique étrangÚre de Marcien a fait l'objet de différents commentaires, car ses actions se situent à un moment charniÚre dans l'histoire romaine, avec l'affaiblissement de plus en plus prononcé de l'Empire d'Occident. Il est parfois loué pour sa fermeté face aux Huns et sa prudence sur d'autres fronts. L'historien Robert Hohlfelder a plus particuliÚrement souligné la maniÚre dont il incarne les valeurs martiales par sa carriÚre militaire et sa posture de combat face aux adversaires de l'Empire[35]. D'autres historiens ont une vision beaucoup plus contrastée. C'est le cas d'Edward Thompson, qui considÚre que son attitude face aux Huns est particuliÚrement risquée et que Marcien a bénéficié de circonstances favorables plus que d'un réel sens stratégique aiguisé[36].

Fermeté face aux Huns

Photographie du tableau d'un homme Ă  cheval.
Attila suivi de ses hordes barbares foule aux pieds l’Italie et les Arts, vue d'artiste romantique, Eugùne Delacroix, 1847.

La rĂ©vocation presque immĂ©diate du traitĂ© avec les Huns a des consĂ©quences rapides. Alors que Marcien affirme qu'il est prĂȘt Ă  envoyer des cadeaux Ă  Attila si celui-ci se montre amical et pacifique, il n'exclut pas des reprĂ©sailles en cas d'attaques et le lui fait clairement savoir. Or, Attila est en plein prĂ©paratifs, prĂ©tendument pour une campagne de soutien Ă  Valentinien III contre les Wisigoths. Attila rĂ©agit vivement aux dĂ©cisions de Marcien mais ne renonce pas Ă  ses plans d'invasion en Occident, dont les dĂ©fenses sont alors trĂšs fragiles en comparaison de celles de l'Orient[37]. Depuis la Pannonie, il pĂ©nĂštre en terres impĂ©riales au printemps 451. Aetius, gĂ©nĂ©ralissime des armĂ©es d'Occident, tente d'organiser la dĂ©fense et fait appel aux Wisigoths, aux Alains, aux Saxons et aux Celtes d'Armorique pour le soutenir. De son cĂŽtĂ©, Attila compte dans son armĂ©e des GĂ©pides, des Alains, des Skires, des HĂ©rules et des Ruges, complĂ©tĂ©s de contingents francs, burgondes et ostrogoths[38].

Attila met d'abord à sac la ville de Metz et tente d'assiéger Orléans, avant de se confronter aux troupes coalisées lors de la bataille des champs Catalauniques. Cette grande bataille oppose deux armées largement composées de troupes barbares. Les deux camps subissent d'importantes pertes. Attila est contraint de se replier tandis qu'Aetius dissout la coalition montée hùtivement et que les différents peuples germaniques se dispersent[39]. Lors du printemps 452, Attila lance un nouveau raid contre l'Italie, laissée sans défenses. Il cherche certainement à se venger et à accumuler du butin, vital pour la survie de son Empire nomade. Il prend la ville d'Aquilée aprÚs un long siÚge et la met à sac[40]. Il pille ensuite le nord de la péninsule, s'emparant de Mediolanum et d'autres cités. Les Romains craignent qu'il ne s'en prenne à Rome dont les murailles sont peu dissuasives et qui a déjà subi des sacs. Dénué de troupes suffisantes, Aetius ne peut faire mieux que de harceler les lignes de communication de son adversaire[41].

Carte de l’Europe vers 450, comportant des lignes de divisions territoriales.
Le monde méditerranéen à l'avÚnement de Marcien, faisant figurer l'Empire hunnique aux frontiÚres des empires romains.

MalgrĂ© ses succĂšs, Attila est dans une situation prĂ©caire face Ă  l'alliance entre Rome et Constantinople. Il manque d'argent pour poursuivre son action car il ne reçoit plus les tributs des deux Empires depuis deux ans, alors mĂȘme que son effort de guerre est de plus en plus coĂ»teux. En outre, il est menacĂ© sur ses arriĂšres par l'Empire d'Orient qui mĂšne un raid punitif dans les plaines pannoniennes vers la mi-452[41]. Il est possible que cette action ait Ă©tĂ© coordonnĂ©e avec l'Empire d'Occident, en Ă©change de la reconnaissance du titre impĂ©rial de Marcien par Valentinien[42]. C'est plus prĂ©cisĂ©ment les Ostrogoths et les GĂ©pides qui sont touchĂ©s, deux peuples infĂ©odĂ©s aux Huns mais prĂȘts Ă  se rĂ©volter[43]. Plus encore, cette rĂ©gion sert Ă  l'approvisionnement des troupes d'Attila, qui commencent Ă  manquer de vivres, d'autant que l'Italie elle-mĂȘme est frappĂ©e par la famine. L'Empire d'Occident peut alors l'inciter Ă  se retirer, soutenu par une mĂ©diation du pape LĂ©on Ier, en Ă©change d'une importante quantitĂ© d'or. Une fois revenu en Pannonie, Attila envisage de s'en prendre Ă  l'Empire d'Orient en 453, projetant de s'en emparer, mais Marcien et Aspar ignorent la menace. Ils savent que mĂȘme la promesse d'une grande quantitĂ© d'or ne peut les prĂ©server de raids Ă  venir car Attila a dĂ©jĂ  rompu plusieurs traitĂ©s. Ils prĂ©fĂšrent donc utiliser cette manne pour renforcer l'appareil militaire impĂ©rial, d'autant que les provinces les plus riches, en Asie et en Afrique, sont peu exposĂ©es aux assauts des Huns. Finalement, la mort d'Attila met un terme Ă  son projet car son Empire se dissout rapidement, notamment Ă  la suite de la rĂ©bellion des Ostrogoths[44] - [45].

Quelques historiens comme Michael Babcock[Note 2] ont avancé l'idée d'un assassinat d'Attila commandité par Marcien, mais aucune preuve solide ne vient garantir cette assertion avec certitude[46].

Cette dilution de la menace hunnique permet à l'Empire d'Orient de profiter de la division des peuples germaniques pour les opposer les uns aux autres et éviter qu'une puissance trop importante n'émerge. Le roi gépide Ardaric trouve un accord avec Marcien alors qu'il vient de se coaliser avec les Ruges, les Skires et les Hérules pour combattre ce qu'il reste de la confédération hunnique. Allié avec les Ostrogoths Thiudimir, Valamir et Vidémir, il vainc les forces du fils d'Attila, Ellac, lors de la bataille de la Nedao en 455[47]. Les Huns sont alors réduits à un rÎle bien moindre dans la région. Marcien doit désormais composer avec les Ostrogoths installés dans les anciennes provinces de Pannonie Prima et de Pannonie Valéria[48]. Il les reconnaßt comme Fédérés, acceptant par là l'abandon de la frontiÚre danubienne. Les Ostrogoths remplacent peu à peu les LÚtes, groupes barbares chargés de la défense de cette frontiÚre mais intégrés au sein de l'Empire. Le statut de Fédéré, plus souple, n'entraßne qu'une subordination nominale au pouvoir romain qui cÚde ses provinces les plus exposées : elles constituent un glacis protecteur de ses possessions balkaniques[49]. Pour l'Empire d'Orient, c'est un moyen de garder une influence dans les rivalités entre différents peuples et de bénéficier d'alliés mobilisables en cas de guerre[48].

La mort d'Attila ramĂšne la paix sur le front danubien de l'Empire et Marcien ne mĂšne plus que des batailles mineures face aux incursions des Arabes en Syrie ou des Blemmyes en Égypte[50] - [51] - [52]. Ces derniers cherchent alors notamment Ă  se garantir un accĂšs Ă  l'Ăźle sacrĂ©e de PhilĂŠ et obtiennent de pouvoir maintenir leurs processions en l'honneur d'Isis, malgrĂ© les restrictions grandissantes des cultes paĂŻens au sein de l'Empire romain[53].

Conciliation avec les royaumes orientaux

En Orient, Vardan II Mamikonian, en rĂ©bellion contre les Sassanides, envoie une ambassade Ă  Constantinople en 450, comprenant plusieurs dignitaires armĂ©niens, peu avant la mort de ThĂ©odose II. Ce dernier rĂ©pond favorablement Ă  l'appui demandĂ© par les ArmĂ©niens, mais sa mort modifie la situation. Marcien, conseillĂ© par le diplomate Anatolius et le patrice Florentius dĂ©cide de se tenir Ă  l'Ă©cart d'un risque de guerre ouverte avec les Sassanides, dont le coĂ»t pourrait ĂȘtre exorbitant. Il n'intervient donc pas aux cĂŽtĂ©s des ArmĂ©niens[54] - [55].

Toujours dans le Caucase, le roi GubazÚs Ier de Lazique, vassal des Byzantins, tente en 456 de s'allier aux Sassanides pour se libérer de la tutelle impériale. Marcien réagit par l'envoi d'une armée qui envahit la Lazique et restaure la suzeraineté byzantine. En 455, Marcien fait interdire l'exportation d'armes aux peuples barbares, ainsi que de tout outil qui permettrait d'en créer[56] - [57].

Relations avec l'Empire d'Occident

Tableau représentant le pillage d'une cité antique.
Le sac de Rome représenté au XIXe siÚcle par Karl Brioullov. Toile conservée à la galerie Tretiakov.

Au moment de l'intronisation de Marcien, c’est Valentinien III qui gouverne l’Empire d’Occident mais celui-ci n'est pas consultĂ©, ce qui atteste d’une sĂ©paration accrue entre les deux entitĂ©s romaines[58] - [59]. MalgrĂ© tout, Valentinien reconnaĂźt son accession au trĂŽne, sans que la date en soit connue. Pour Doug Lee, elle intervient en mars 452[60], mais Timothy Gregory Ă©voque plutĂŽt le mois de mars 451[61]. Selon Jean d’Antioche, il pourrait mĂȘme avoir voulu dĂ©poser Marcien mais Aetius s’y serait opposĂ©[60]. En outre, l’Empereur d’Occident ne reconnaĂźt pas les consuls d’Orient en 451 et 452[62]. À l'inverse, Hydace de Chaves Ă©crit que Marcien met Ă  disposition des troupes pour contenir les Huns, en nommant Ă  leur tĂȘte un gĂ©nĂ©ral du nom d'Aetius. NĂ©anmoins, il s'agit probablement d'une confusion entre la campagne d'Aetius en Gaule et celle de Marcien sur le Danube[63]. Cela n'empĂȘche pas de soutenir la thĂšse d'une intervention militaire de l'Empire d'Orient en 452, sur les arriĂšres des Huns et en lien avec la reconnaissance impĂ©riale de Valentinien, mĂȘme si certains historiens comme Walter Burgess rejettent cette hypothĂšse[64].

Les relations se distendent un peu plus quand Marcien cĂšde une partie de la Pannonie aux Ostrogoths et la rĂ©gion de Tisza aux GĂ©pides. Il est alors accusĂ© d'empiĂ©ter sur les frontiĂšres de l'Empire d'Occident[65]. Dans l'ensemble, Marcien Ă©vite de s'impliquer dans les affaires de ce dernier. Quand les Vandales mettent Rome Ă  sac en 455 Ă  la suite de la rupture d'un accord et de l'assassinat de Valentinien III par PĂ©trone Maxime, Marcien reste Ă  l'Ă©cart, peut-ĂȘtre sous l'influence d'Aspar. Il envoie simplement un ambassadeur auprĂšs des Vandales pour rĂ©clamer la libĂ©ration de l'impĂ©ratrice douairiĂšre Licinia Eudoxia et de ses filles, emmenĂ©es comme otages en Afrique[2]. Cherchant manifestement le compromis puisqu'il envoie un Ă©missaire de confession arienne, il ne parvient pas Ă  obtenir gain de cause malgrĂ© des menaces d'interventions militaires. Son refus d'entrer en guerre contre les Vandales rejoint une politique extĂ©rieure qui refuse l'aventurisme et les expĂ©ditions aux coĂ»ts trop Ă©levĂ©s, bien que ThĂ©odore le Lecteur affirme qu'il prĂ©parait une campagne contre les Vandales juste avant sa mort[66].

AprÚs le renversement violent de Valentinien par Pétrone Maxime, Marcien ne reconnaßt plus aucun empereur d'Occident, que ce soit Maxime ou Avitus, qui tous deux ont sollicité son assentiment[50]. Selon Hydace, un ambassadeur aurait été envoyé à Constantinople pour demander que Marcien et Avitus exercent le pouvoir en concorde. L'usage de ce dernier terme n'est pas trÚs clair. Certains historiens estiment qu'il s'agit d'une preuve de reconnaissance. D'autres considÚrent qu'il s'agit d'un élément de propagande au sein de l'Empire d'Occident ou bien d'une simple marque de cordialité de Marcien envers Avitus. Ainsi, Courtenay Edward Stevens y voit un geste diplomatique, sans impact juridique sur la relation entre les deux Empires[67]. O. Stein met en exergue le fait que le nom d'Avitus ne figure pas sur les lois promulguées par Marcien, selon la coutume de collégialité théorique des empereurs, tandis que ses nominations consulaires ne sont pas reconnues non plus. Ralph Mathisen conclut pour sa part à l'absence de preuve directe d'une reconnaissance d'Avitus par son homologue d'Orient[68]. En définitive, il est possible de voir dans le rÚgne de Marcien une inflexion dans la diplomatie de l'Empire d'Orient, qui se distingue de plus en plus de celle de son homologue, comme en témoigne la passivité de Marcien quand Rome est directement menacée[69].

RĂ©formes administratives et fiscales

Photographie d'une colonne en pierre située au milieu d'un carrefour urbain.
Photographie de la colonne de Marcien, érigée au début du rÚgne de l'empereur, située aujourd'hui à Istanbul et autrefois dominée par une statue de Marcien, que certains historiens identifient parfois avec le colosse de Barletta, sans certitudes[70].

Au dĂ©but du rĂšgne de Marcien, la situation Ă©conomique de l'Empire est trĂšs fragile, en raison des tributs exorbitants payĂ©s Ă  Attila. Marcien renverse cette tendance en Ă©vitant de lever de nouvelles taxes mais aussi en rĂ©duisant les dĂ©penses. À son arrivĂ©e sur le trĂŽne, il annule toutes les dettes de l'État et tente d'amĂ©liorer l'efficacitĂ© de celui-ci de diffĂ©rentes maniĂšres. Il Ă©dicte plusieurs novelle ou codes de lois dont l'objectif est de combattre la corruption et les abus des fonctionnaires, frĂ©quents sous ThĂ©odose. Cinq de ces textes nous sont parvenus[71].

Marcien impose que l'office de prĂ©teur ne soit dĂ©cernĂ© qu'Ă  des sĂ©nateurs qui rĂ©sident Ă  Constantinople, pour Ă©viter que cette charge ne soit vendue au plus offrant, et il fait des consuls les responsables de l'entretien des aqueducs de la capitale. En parallĂšle de cette mesure, il supprime les largesses consulaires qui consistent en une obligation pour les nouveaux consuls de distribuer des cadeaux souvent somptuaires Ă  la population[72]. Il abroge le follis, une taxe sur les propriĂ©tĂ©s des sĂ©nateurs, probablement pour s'attirer leur soutien alors qu'il n'est pas lui-mĂȘme issu de l'aristocratie[73]. Il revient en partie sur une loi de Constantin Ier qui dispose qu'un homme de rang sĂ©natorial ne peut Ă©pouser une esclave, une affranchie, une actrice ou une femme sans statut social particulier (humiliores), loi dont l'objectif est de prĂ©server la puretĂ© des lignĂ©es sĂ©natoriales. Marcien prĂ©cise qu'une telle disposition ne peut exclure une femme de bon caractĂšre, peu importe sa situation sociale. Au-delĂ , plusieurs juristes romains se sont interrogĂ©s sur le contour exact de la lĂ©gislation de Constantin, notamment si elle inclut ou non les femmes pauvres. L'interprĂ©tation de Marcien est nĂ©gative, peut-ĂȘtre sous l'influence d'un christianisme qui met l'accent sur les valeurs morales plus que sur la richesse, mĂȘme si cette interprĂ©tation reste incertaine car Marcien peut aussi veiller Ă  mieux distinguer les citoyens libres, quel que soit le niveau de richesse, des esclaves ou des Ă©trangers[74] - [75].

Enfin, en évitant les guerres de grande envergure, Marcien contribue aussi à laisser un trésor excédentaire à sa mort, pour un total de 45 tonnes d'or[2].

Édifices

Sous Marcien, le prĂ©fet de Constantinople Tatianus fait Ă©riger une colonne dĂ©diĂ©e Ă  l'empereur, vers 450 ou 452[76]. Toujours prĂ©sente dans les rues d'Istanbul, elle se situe prĂšs de la branche nord de la MĂ©sĂš, l'antique voie principale Ă  Constantinople. Seule la statue de Marcien la couronnant a disparu[77] - [78]. Une autre statue Ă  son effigie figure sur le forum d'Arcadius, qui n'existe plus, aux cĂŽtĂ©s d'autres reprĂ©sentations de ses prĂ©dĂ©cesseurs[Note 3], et Marcien pourrait ĂȘtre Ă  l'origine du chrysotriklinos (sorte de salle de rĂ©ception) au sein du Grand Palais. C'est l'affirmation du Patria de Constantinople mais la Souda, vaste encyclopĂ©die du Xe siĂšcle, l'attribue plutĂŽt Ă  Justin II, ce que la plupart des historiens modernes retiennent. Pour Jean Zonaras, Justin II aurait restaurĂ© une construction plus ĂągĂ©e, peut-ĂȘtre le hall Heptaconque de Justinien[79].

Entourage

Photographie du fond d'un plat métallique comportant des figures de personnages gravées.
Missorium d'Aspar représentant celui-ci et son fils aßné, Ardabur. Conservé au musée archéologique de Florence.

Quand Marcien devient empereur, il a dans son entourage Flavius ZĂ©non, PulchĂ©rie et Aspar qui jouent les premiers rĂŽles au sein de la cour impĂ©riale. ZĂ©non est un Isaurien, issu d'un peuple d'Asie Mineure reconnu pour ses qualitĂ©s martiales et qui se montre de plus en plus influent Ă  Constantinople[80] - [81]. Rapidement, Flavius ZĂ©non meurt, ainsi que PulchĂ©rie en juillet 453. Aspar a alors la haute main sur l’entourage direct de l’empereur, d’autant que son fils est promu comme maĂźtre des milices d’Orient. En dĂ©pit de leur position de force, Aspar et Ardabur se gardent d’ĂȘtre trop visibles pour ne pas s’aliĂ©ner les Ă©lites de la capitale. De ce fait, il est difficile de connaĂźtre leur degrĂ© d’influence sur Marcien. En effet, les Ă©lites romaines gardent une certaine hostilitĂ© Ă  l’égard des peuples germaniques et apprĂ©cient peu leur prĂ©pondĂ©rance Ă  certaines fonctions. Les autres conseillers de Marcien sont le maĂźtre des offices EuphĂ©mius[82], le prĂ©fet du prĂ©toire d'Orient Palladius[83] et le gĂ©nĂ©ral Anatolius. En 453, il organise le mariage de sa fille, Marcia EuphĂ©mia, nĂ©e d'une premiĂšre femme dont le nom ne nous est pas parvenu[2]. Elle s'unit Ă  AnthĂ©mius, un gĂ©nĂ©ral important au sein de l’Empire, venant d'une puissante famille d'Asie Mineure. Marcien cherche certainement Ă  se concilier les bonnes grĂąces d'une aristocratie dont il n'est pas issu. AnthĂ©mius jouit de diverses promotions, jusqu'Ă  celle de consul en 455, qui ont pu l'imposer Ă  un moment comme un successeur dĂ©signĂ©[84]. Plus largement, une tendance s'affirme alors de promotions de personnalitĂ©s venant d'Asie Mineure, dont les Isauriens ne sont qu'une composante. Cette promotion gĂ©ographique n'est pas sans lien avec la promotion de la foi issue du concile de ChalcĂ©doine, largement acclamĂ©e en Asie Mineure[85]. Parmi les dignitaires venant de cette rĂ©gion, il faut citer le prĂ©fet du prĂ©toire d'Orient Constantinus nĂ© en Phrygie[86] ou encore Studius, consul en 455 et fondateur du cĂ©lĂšbre monastĂšre du Stoudion, sans oublier les frĂšres Tatianus et Illius[87].

Factions urbaines

Sous son rÚgne, des troubles urbains causés par les factions sont rapportés. Ces groupes de spectateurs, associés à l'une ou l'autre des équipes engagées dans les courses de chars qui se déroulent à l'Hippodrome sont aussi réguliÚrement impliqués dans des formes de contestations politiques ou sociales. Deux groupes se distinguent particuliÚrement : les Verts et les Bleus, qui sont parfois favorisés par un souverain au détriment de l'autre. En l'occurrence, Marcien semble plus proche des Bleus, surtout aprÚs l'exécution de Chrysagios, réputé favorable aux Verts. Ainsi, une émeute éclate à l'été 456 à l'instigation des Verts qui protestent contre ce favoritisme. En réaction, Marcien leur interdit l'accÚs aux fonctions civiles et militaires pour une durée de trois ans[88]. Selon Jean Malalas, l'incident aurait été suffisamment sérieux pour aggraver l'état de santé déjà précaire du souverain[89].

Le temps des controverses christologiques

Photographie représentant plusieurs personnages convoqués pour une réunion religieuse.
Le concile de Chalcédoine peint par Vassili Sourikov en 1876.

Au cours du Ve siÚcle, les questions religieuses sont de plus en plus clivantes au sein de la chrétienté, plus particuliÚrement autour de la nature du Christ. DÚs le siÚcle précédent, l'émergence de l'arianisme crée des divisions, et le développement de l'école théologique d'Alexandrie, qui met l'accent sur la nature divine du Christ, engendre de nouvelles controverses. L'école théologique d'Antioche, représentée par des théologiens comme Théodore de Mopsueste, est aussi influente et appuie au contraire sur la nature humaine du Christ. Surtout, c'est la question de la relation entre ces deux natures qui exacerbe les clivages[90].

En 449, le deuxiĂšme concile d'ÉphĂšse affirme que le Christ a une nature unique et qu'elle est divine, ayant absorbĂ© sa nature humaine, ce qui soulĂšve de nombreuses controverses car tout un pan de la chrĂ©tientĂ© n'est pas reprĂ©sentĂ©. Tant le pape que le patriarche de Constantinople s'opposent Ă  cette conclusion et condamnent le miaphysisme[Note 4] prĂŽnĂ© par ce concile[91] - [92].

Le concile de Chalcédoine

DĂšs son arrivĂ©e au pouvoir, Marcien se montre opposĂ© aux conclusions du concile d'EphĂšse et dĂ©cide d'en convoquer un nouveau, pour clarifier le dogme universel. PulchĂ©rie, trĂšs versĂ©e dans la thĂ©ologie, pourrait l'avoir influencĂ©. Il serait mĂȘme possible qu'elle ait posĂ© cette convocation en exigence pour son mariage. DĂšs 451, un concile est convoquĂ© Ă  ChalcĂ©doine, proche de Constantinople et facilitant donc l'intervention impĂ©riale. Dans un premier temps, la ville de NicĂ©e est aussi envisagĂ©e car elle revĂȘt une grande importance religieuse, en raison du concile de NicĂ©e I tenu en 325. NĂ©anmoins, ChalcĂ©doine, plus proche de la capitale a la faveur de Marcien, ce qui lui permet aussi de ne pas s'Ă©loigner trop de la frontiĂšre danubienne alors menacĂ©e[93]. PrĂšs de 500 Ă©vĂȘques participent au concile, principalement issus de l'Empire d'Orient, mĂȘme si deux lĂ©gats y reprĂ©sentent le pape LĂ©on Ier. Le concile condamne les conclusions d’ÉphĂšse et s'accorde pour affirmer la double nature du Christ, divine et humaine, unie dans une mĂȘme personne (union hypostatique), sans confusion, sans changement, sans division et sans sĂ©paration. Cette conception, qui reprend en bonne partie le Tome Ă  Flavien Ă©dictĂ© par le pape deux ans auparavant, constitue le symbole de ChalcĂ©doine[94] - [95].

Photographie du portrait d'un homme ùgé sur la page d'un manuscrit.
Portrait de Marcien dans le Mutinensis gr. 122, manuscrit du XVe siĂšcle.

Le concile condamne Ă©galement le patriarche d'Alexandrie, Dioscore Ier d'Alexandrie, qui a dirigĂ© le concile d’ÉphĂšse. Il en profite aussi pour rĂ©habiliter les Ă©vĂȘques Ibas d'Édesse et ThĂ©odoret et rĂ©affirmer que le patriarcat de Constantinople arrive juste aprĂšs Rome dans la hiĂ©rarchie ecclĂ©siastique, avec la capacitĂ© de nommer les Ă©vĂȘques de l'Empire d'Orient malgrĂ© l'objection papale[96] - [97]. Alexandrie s'oppose aussi Ă  cette hiĂ©rarchie. À la fin du mois d'octobre, accompagnĂ© de sa femme, Marcien assiste Ă  la prĂ©sentation des conclusions du concile, auxquelles il donne son assentiment. Il demande aux participants de rester quelques jours de plus pour dĂ©battre de sujets thĂ©ologiques secondaires, Ă©levant notamment le siĂšge Ă©piscopal de JĂ©rusalem au rang de patriarcat[98]. Cette nĂ©cessitĂ© d'une sanction impĂ©riale souligne les difficultĂ©s du seul concile Ă  imposer une thĂ©ologie encore largement dĂ©battue[99] et l'implication personnelle de Marcien lors de la session de clĂŽture est largement utilisĂ©e pour appuyer l'autoritĂ© des dĂ©cisions conciliaires, en particulier en Occident oĂč l'opposition Ă  toute autre doctrine religieuse est nettement rejetĂ©e. Luisa Andriollo note Ă  cet Ă©gard que des passages de l'allocution supposĂ©e de Marcien servent Ă  la papautĂ© pour rappeler le dogme chalcĂ©donien dans les controverses des dĂ©cennies Ă  venir et souligne l'impact du rĂŽle de Marcien dans la dĂ©finition de la place de l'Empereur en matiĂšre religieuse[100].

Les suites du concile

Schéma des divergences christologiques qui attisent les débats théologiques de l'époque. Alors que le nestorianisme affirme l'existence de deux natures séparées pour le Christ, le concile de Chalcédoine n'affirme que des natures distinctes mais néanmoins unies. Quant aux monophysites, ils affirment que la nature divine du Christ a absorbé sa nature humaine.

Le concile de ChalcĂ©doine entraĂźne des divisions au sein du christianisme qui perdurent encore de nos jours[101]. En Occident, les conclusions du concile sont largement acceptĂ©es et le pape s'assure de leur diffusion[102]. À Constantinople, Marcien doit parfois user d'autoritĂ© et il fait afficher par une loi du 7 avril 452 une interdiction de contester les dĂ©cisions du concile[103]. En revanche, en Orient, la rĂ©ception est largement plus problĂ©matique, dans des provinces gĂ©nĂ©ralement acquises au monophysisme[104]. Plusieurs rĂ©voltes interviennent et sont rĂ©primĂ©es dans le sang Ă  JĂ©rusalem, Antioche ou Alexandrie. Des partisans du concile sont tuĂ©s, comme l'Ă©vĂȘque de Scythopolis. À JĂ©rusalem, les insurgĂ©s nomment un des leurs, ThĂ©odose, comme patriarche qui reste en place jusqu'en 453, Ă  la place de JuvĂ©nal. Ce dernier doit faire appel aux troupes impĂ©riales pour rĂ©cupĂ©rer son siĂšge, sans parvenir Ă  mettre au pas plusieurs communautĂ©s monastiques de la rĂ©gion[105].

C'est surtout en Égypte que la contestation est la plus rude et rend nĂ©cessaire un dĂ©ploiement de forces quand ProtĂ©rius est installĂ© comme nouveau patriarche Ă  Alexandrie, Ă  la suite de la dĂ©position de Dioscore[106]. Il est d'ailleurs mis Ă  mort dĂšs l'annonce de celle de Marcien en 457[107] - [108]. Selon Alexandre Vassiliev, un profond ressentiment s'installe dans les communautĂ©s monophysites et nestoriennes des provinces orientales parfois rebelles au pouvoir de Constantinople. Pour cet historien, c'est mĂȘme l'une des premiĂšres Ă©tapes vers l'Ă©loignement de plus en plus grand de ces rĂ©gions de l'Empire, jusqu'aux invasions arabes du VIIe siĂšcle qui dĂ©tachent dĂ©finitivement la Palestine, la Syrie et l'Égypte du monde romano-byzantin[109]. Cette interprĂ©tation, en partie contestĂ©e depuis lors, n'en garde pas moins une part de vĂ©ritĂ© quand elle souligne la discorde du monde chrĂ©tien d'alors. En outre, beaucoup de nestoriens trouvent refuge chez les Sassanides qui, s'ils n'ont pas adoptĂ© le christianisme, sont prĂȘts Ă  offrir l'asile Ă  des adversaires potentiels de leur rival romain. Quoi qu'il en soit, durant plusieurs dĂ©cennies, l'Empire d'Orient est confrontĂ© au dĂ©fi de son unitĂ© religieuse, oscillant entre phases de rĂ©pressions et essais de tolĂ©rances[110].

Une christianisation en profondeur

En parallĂšle de cette politique de renforcement du dogme chrĂ©tien, Marcien contribue aussi Ă  la marginalisation progressive du paganisme, toujours prĂ©sent dans certains pans de la sociĂ©tĂ© byzantine. En 451, il dĂ©crĂšte que toute personne se livrant Ă  des rites paĂŻens se verra confisquer ses propriĂ©tĂ©s et sera condamnĂ©e Ă  mort, tandis que tout temple paĂŻen fermĂ© ne peut ĂȘtre rouvert. Pour s'assurer de la bonne application de ces mesures, tout fonctionnaire s'expose Ă  une amende de vingt-trois kilogrammes d'or en cas d'inaction[111] - [112].

Le soutien Ă  des constructions d'Ă©glises ou de bĂątiments religieux est un autre aspect de la politique religieuse de Marcien, en bonne partie influencĂ©e par PulchĂ©rie. L'Empereur aurait patronnĂ© la construction de l'Église Sainte-Marie-des-Blachernes et le monastĂšre de la Panaghia Hodegetria[113].

Mort et succession

Photographie d'une scÚne illustrée dan un manuscrit, représentant la mort d'un empereur et sa succession.
La mort de Marcien, auquel succÚde Léon Ier, représentée dans la chronique de Constantin ManassÚs.

Marcien meurt le 27 janvier 457. La date exacte fait encore débat. Ernst Stein la situe à la fin du mois et Otto Seeck entre le 26 janvier et le 7 février. Selon Théodore le Lecteur, il aurait participé le 26 janvier à une procession à pied vers l'Hebdomon, malgré une inflammation possiblement liée à la goutte, quand il aurait vu son état subitement se dégrader, menant à son décÚs le lendemain. Cette information est notamment confirmée par Théophane le Confesseur. La cause en serait la gangrÚne[114] - [115]. Il est enterré dans l'église des Saints-ApÎtres de Constantinople, aux cÎtés de Pulchérie, dans un sarcophage en porphyre décrit par Constantin VII au Xe siÚcle.

En dépit de l'importance acquise par son gendre Anthémius, c'est bien Aspar qui garde la main sur le processus de succession et lui préfÚre son protégé, Léon Ier, qui accÚde au trÎne. C'est finalement en Occident qu'Anthémius, soutenu par Léon Ier, parvient au pouvoir en 467 jusqu'en 472[2]. Son fils, Marcianus, épouse d'ailleurs la fille de Léon, Léontia PorphyrogénÚte, assurant une forme de continuité dynastique entre la famille de Marcien et celle de son successeur[116].

Historiographie et postérité

Le rĂšgne de Marcien demeure imparfaitement connu en raison du nombre relativement limitĂ© de sources abordant la pĂ©riode en dĂ©tails, d'autant que plusieurs textes ont disparu, ce qui peut expliquer que les recherches Ă  son sujet sont peu nombreuses[36]. NĂ©anmoins, plusieurs chroniqueurs, qui lui sont plus ou moins contemporains, ont dĂ©crit son rĂšgne, notamment Jean Malalas, Évagre le Scholastique qui s'attarde surtout sur les affaires religieuses, ThĂ©ophane le Confesseur qui s'appuie probablement sur des Ă©crits perdus. Les avis de ces chroniqueurs sont assez variables. Évagre cĂ©lĂšbre son sens de la justice et le qualifie de tendre, Ă©crivant que, dĂ©nuĂ© de droit de naissance, c'est par sa vertu qu'il accĂšde au trĂŽne[117]. Plus tardif, ThĂ©ophane cĂ©lĂšbre sa piĂ©tĂ©, ce qui va de pair avec la place qu'il occupe comme dĂ©fenseur de l'orthodoxie avec la convocation du concile de ChalcĂ©doine[118]. Jean de Nikiou, de confession monophysite, est autrement critique envers Marcien, qualifiĂ© d'hĂ©rĂ©tique. Il incarne une tradition monophysite qui lui est largement hostile et n'hĂ©site pas Ă  mettre l'accent sur son impiĂ©tĂ© et les conditions de sa venue sur le trĂŽne, par la corruption de l'esprit de PulchĂ©rie alors vouĂ©e Ă  la chastetĂ© mais dĂ©tournĂ©e de cette voie par Marcien[119].

D'autres auteurs en Occident Ă©voquent Marcien, comme Hydace de Chaves, qui lui est contemporain, et particuliĂšrement Priscus qui figure parmi les sources les plus sĂ©rieuses pour cette Ă©poque. Diplomate Ă  la cour impĂ©riale et ambassadeur auprĂšs d'Attila en 449, il se rend en diffĂ©rents points de l'Empire, notamment en Égypte et il est donc particuliĂšrement bien informĂ©, en particulier pour les affaires Ă©trangĂšres, mĂȘme si seuls des fragments de son rĂ©cit sont accessibles[2] - [120]. Les actes du concile de ChalcĂ©doine permettent aussi d'apprĂ©hender le contexte religieux de son temps et fournissent un matĂ©riau prĂ©cieux pour l'analyse prosopographique de l'Ă©lite impĂ©riale d'alors[121] - [122].

Dans la tradition byzantine et chrĂ©tienne orientale, deux visions s'affrontent sur la postĂ©ritĂ© de Marcien. Les auteurs monophysites, qui rejettent le concile de ChalcĂ©doine, lui sont largement hostiles et insistent sur son incompĂ©tence, son impiĂ©tĂ© ou encore sa luxure. Les auteurs qui diffusent cette vision sont notamment Zacharie le RhĂ©teur, Jean Rufus ou le Pseudo-Denys l'ArĂ©opagite qui n'hĂ©sitent pas Ă  accuser Marcien d'hĂ©rĂ©sie. Cette tradition perdure plusieurs siĂšcles, comme chez Michel le Syrien, qui Ă©crit sa Chronique universelle au XIIe siĂšcle et dĂ©crit Marcien comme « un homme ĂągĂ©, stupide et illettrĂ© [
] qui vivait dans la dĂ©bauche avec PulchĂ©rie »[123]. En revanche, les historiens byzantins font souvent rĂ©fĂ©rence au rĂšgne de Marcien comme Ă  un Ăąge d'or, marquĂ© par une certaine stabilitĂ© intĂ©rieure et des frontiĂšres solides, et une restauration de la foi religieuse au travers du concile de ChalcĂ©doine, dont les conclusions sont largement suivies par les auteurs impĂ©riaux postĂ©rieurs[2] - [124]. Des auteurs plus modernes comme Edward Gibbon suivent souvent cet avis. L'historien britannique affirme qu'il « possĂ©dait le courage et le gĂ©nie pour ranimer un Empire presque anĂ©anti ». Louant son expĂ©rience militaire et la modestie de ses origines qui impliquerait son humilitĂ©, il souligne le contraste avec Arcadius et ThĂ©odose, suspects de passivitĂ©[125]. Les historiens modernes se distancient gĂ©nĂ©ralement de ces apprĂ©ciations mais ne s'accordent pas complĂštement sur les mĂ©rites Ă  accorder Ă  Marcien. Souvent considĂ©rĂ© comme un exemple de la rĂ©sistance romaine face aux Huns, des historiens comme Edward Thompson ou Arnold Hugh Martin Jones soulignent surtout les circonstances favorables qui permettent Ă  son rĂšgne d'ĂȘtre prĂ©servĂ© de menaces vitales ou de pĂ©rils importants[126]. Thompson affirme aussi que son rĂšgne, tournĂ© vers des Ă©lites qu'il cherche Ă  se concilier, explique largement les Ă©chos favorables qu'il reçoit des auteurs liĂ©s Ă  l'Empire, qui doivent donc ĂȘtre pris avec prĂ©caution. D'autres Ă©tudes mettent plutĂŽt l'accent sur les relations privilĂ©giĂ©es qu'il a entretenues avec l'Ă©lite militaire et son impact sur une politique Ă©trangĂšre plus offensive tout en restant prudente[5].

Contemporain d'Ă©vĂ©nements qui prĂ©cĂšdent de peu la chute de l'Empire d'Occident, Marcien apparaĂźt parfois dans des Ɠuvres artistiques. Il est l'un des personnages du pĂ©plum amĂ©ricain Le Signe du paĂŻen (1954) de Douglas Sirk, dans lequel il incarne un centurion romain qui parvient sur le trĂŽne et mĂšne la lutte contre Attila. Il reprĂ©sente une forme d'archĂ©type de l'homme fort qui parvient Ă  renverser un ordre politique romain que les pĂ©plums dĂ©crivent souvent comme corrompu[127]. Il est aussi prĂ©sent dans la comĂ©die de Pierre Corneille PulchĂ©rie, qui s'inspire librement des conditions de son accĂšs au trĂŽne, en insistant sur les vertus de l'impĂ©ratrice[128].

En raison de son rĂŽle important dans la convocation du concile de ChalcĂ©doine, Marcien est canonisĂ© et est fĂȘtĂ© le 17 fĂ©vrier[129].

Notes et références

Notes

  1. Les sources primaires elles-mĂȘmes varient dans le rĂŽle qu'elles prĂȘtent Ă  l'un ou l'autre des protagonistes, en fonction notamment de l'avis portĂ© sur Marcien.
  2. Voir Ă  ce sujet l'Ă©tude approfondie sur la mort d'Attila ((en) Michael Babcock, The Night Attila Died : Solving the Murder of Attila the Hun (1st ed.)., Ann Arbor, Michigan: University of Michigan, , 344 p. (ISBN 978-0-425-20272-2)).
  3. Certains historiens comme R. DelbrĂŒck ont parfois identifiĂ© Marcien Ă  l'empereur reprĂ©sentĂ© par le colosse de Barletta, mais aucun consensus n'Ă©merge sur l'identitĂ© de ce personnage qui est trĂšs certainement un empereur romain ((Emilienne Demougeot, « Le colosse de Barletta », Bulletin de la SociĂ©tĂ© nationale des Antiquaires de France, vol. 1980-1981,‎ , p. 311-316 (lire en ligne)).
  4. Le miaphysisme et le monophysisme sont des synonymes, bien que le premier terme ait supplanté le second en raison de son caractÚre plus neutre.

Références

  1. Vassiliev 1980, p. 104.
  2. (en) Geoffrey Nathan, « Roman Emperors - DIR Marcian », An Online Encyclopedia of Roman Emperors, (consulté le ).
  3. (en) Barry Baldwin, « Some Addenda to the Prosopography of the Later Roman Empire », Historia: Zeitschrift fĂŒr Alte Geschichte, vol. 31,‎ , p. 97-111.
  4. Morrisson 2004, p. 174.
  5. Pigonski 2021, p. 68.
  6. Martindale, Jones et Morris 1980, p. 714-715.
  7. Friell et Williams 2005, p. 84.
  8. Lee 2013, p. 96.
  9. Puech 2022, p. 29-30.
  10. Friell et Williams 2005, p. 45, 75, 84.
  11. Puech 2022, p. 25.
  12. Mango et Scott 1997, p. 161.
  13. (en) Roger Scott, « From propaganda to history to literature: the Byzantine stories of Theodosius’ apple and Marcian’s eagles », dans Byzantine Chronicles and the Sixth Century, Routledge, (ISBN 9781351219464).
  14. (en) Ralph-Johannes Lilie, « Reality and Invention: Reflections on Byzantine Historiography », Dumbarton Oaks Papers, vol. 68,‎ (JSTOR 24643758), p. 193.
  15. Pigonski 2021, p. 191-192.
  16. Thompson 1950, p. 60-65.
  17. Friell et Williams 2005, p. 80.
  18. Rouche 2009, p. 174.
  19. (en) William Bayless, « The Treaty with the Huns of 443 », The American Journal of Philology, vol. 97,‎ .
  20. Burgess 1993-1994, p. 48.
  21. Lee 2013, p. 94.
  22. Lee 2013, p. 104.
  23. (en) Walter Burgess, « The accession of Marcian in the light of Chalcedonian apologetic and monophysite polemic », Byzantinische Zeitschrift, vol. 86/87,‎ 1993-1994, p. 65.
  24. Holum 1989, p. 209.
  25. Burgess 1993-1994, p. 47-48.
  26. Pigonski 2021, p. 74 (note 270).
  27. Constantin Zuckerman, « L'Empire d'Orient et les Huns. Notes sur Priscus », Travaux et mĂ©moires, vol. 12,‎ , p. 169-176.
  28. Puech 2022, p. 25-26.
  29. (en) Peter Charanis, « Church-State Relations in the Byzantine Empire as Reflected in the Role of the Patriarch in the Coronation of the Byzantine Emperor », dans Russia and Orthodoxy: Essays in Honor of Georges Florovsky, Vol. 3: The Ecumenical World of Orthodox Civilisation, The Hague and Paris: Mouton, , p. 77–90.
  30. Louis Bréhier, Les Institutions de l'Empire byzantin, Albin Michel, coll. « L'évolution de l'humanité », , p. 50-51.
  31. Sur la collusion entre ZĂ©non et Aspar pour l'adoption d'une posture plus ferme envers les Huns, voir (en) Lukasz Pigonski, « Berichus and the Evidence for Aspar’s Political Power and Aims in the Last Years of Theodosius II’s Reign », Studia Ceranea, vol. 8,‎ , p. 237-251 (lire en ligne).
  32. Head 1982, p. 20.
  33. Lee 2013, p. 97-98.
  34. (en) R.L. Hohlfelder, « Marcian’s gamble: a reassessment of eastern imperial policy toward Attila, A.D. 450-455 », AJAH, vol. 9,‎ , p. 54-69.
  35. Hohlfelder 1984, p. 63.
  36. Pigonski 2021, p. 67-68.
  37. Pigonski 2021, p. 79-80.
  38. Friell et Williams 2005, p. 85.
  39. Philippe Richardot, « Les champs catalauniques (20 juin 451) : une bataille entre fédérés », dans La fin de l'armée romaine (284-476), Economica, , 351-366 p..
  40. Friell et Williams 2005, p. 86.
  41. Friell et Williams 2005, p. 87.
  42. Pigonski 2021, p. 84-86.
  43. Escher et Lebedynsky 2007, p. 158.
  44. Morrisson 2004, p. 322.
  45. Friell et Williams 2005, p. 88.
  46. Escher et Lebedynsky 2007, p. 163.
  47. Edina Bozoky, Attila et les Huns : VĂ©ritĂ©s et lĂ©gendes, Paris, Éditions Perrin, , 310 p. (ISBN 978-2-262-03363-7, BNF 43411678), p. 64.
  48. Friell et Williams 2005, p. 89-91.
  49. (en) Frank Wozniak, « East Rome, Ravenna and Western Illyricum: 454-536 A.D. », Historia: Zeitschrift fĂŒr Alte Geschichte, vol. 30,‎ , p. 351-382.
  50. Kazhdan 1991, p. 1296.
  51. (en) Irfan Shahid, Byzantium and the Arabs in the Fifth Century, Harvard University Press, , p. 55-57.
  52. Zuckerman 1994, p. 176-179.
  53. (en) Jitse Dijkstra, « Blemmyes, Noubades and the Eastern Desert in Late Antiquity: Reassessing the Written Sources », dans The History of the People of the Eastern Desert, , 239-247 p. (lire en ligne).
  54. Martindale, Jones et Morris 1980, p. 85-86.
  55. Amirav 2015, p. 55 et 93.
  56. (en) Alexander Mikaberidze, Historical Dictionary of Georgia, Lanham (Md.), Rowman & Littlefield, , 812 p. (ISBN 978-1-4422-4146-6, lire en ligne), p. 346.
  57. Elton 2018, p. 174.
  58. Gallagher 2008, p. 243.
  59. Lee 2001, p. 42.
  60. Lee 2001, p. 43.
  61. Kazhdan 1991, p. 1296-1297.
  62. McEvoy 2013, p. 290.
  63. McEvoy 2013, p. 294.
  64. (en) R.W. Burgess, « A New Reading for Hydatius Chronicle 177 and the Defeat of the Huns in Italy », Phoe, vol. 42,‎ , p. 357-363.
  65. Grant 1985, p. 307.
  66. Pigonski 2021, p. 91-92, 100.
  67. Mathisen 1981, p. 237.
  68. (en) Ralph Mathisen, « Avitus, Italy and the East in A.D. 455-456 », Byzantion, vol. 51,‎ , p. 235-237.
  69. (en) Lukasz Pigonski, « The Western policy of emperor Marcian (450-457). The problem of Huns and its influence on the relationship between the Eastern and the Western Roman Empire », Vox Patrum, vol. 66,‎ , p. 383-409.
  70. (en) S. Basset, « Late antique honorific sculpture in Constantinople », dans Using Images in Late Antiquity, Oxford and Philadelphia, , p. 78-95.
  71. Jones 1986, p. 217.
  72. Évelyne Patlagean, PauvretĂ© Ă©conomique et pauvretĂ© sociale Ă  Byzance : 4e–7e siĂšcles, Walter de Gruyter GmbH & Co KG, , 495 p. (ISBN 978-3-11-080519-2, lire en ligne), p. 188
  73. (en) S.J.B. Barnish, « A note on the collatio glebalis », Historia, vol. 38,‎ , p. 254-256.
  74. (en) J. Evans Grubbs, Women and the Law in the Roman Empire : A Sourcebook on Marriage, Divorce and Widowhood, Londres et New-York, , p. 168
  75. Sur ce débat, voir l'analyse approfondie de (en) Caroline Humfress, « Poverty and Roman Law », dans Poverty in the Roman World, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-86211-0), p. 183-200.
  76. Martindale, Jones et Morris 1980, p. 1052-1053.
  77. (en) Richard Stillwell, « Review of Rudolf Kautzsch's "Kapitellstudien. Beitraege zu einer Geschichte des Spaetantiken Kapitells im Osten vom vierten bis ins siebenten Jahrhundert" », American Journal of Archaeology, vol. 44, no 1,‎ , p. 172 (ISSN 0002-9114, DOI 10.2307/499613, lire en ligne).
  78. (en) John Freely et Ahmet Cakmak, Byzantine Monuments of Istanbul, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-17905-8), p. 63
  79. (en) Michael Featherstone, « The Chrysotriklinos seen through De Ceremoniis », dans Zwischen Polis, Provinz und Peripherie. BeitrÀge zur byzantinischen Kulturgeschichte [= Mainzer Veröffentlichungen zur Byzantinistik 7], Wiesbaden, . L. Hoffmann, , p. 845-852.
  80. Puech 2022, p. 27.
  81. Martindale, Jones et Morris 1980, p. 1199-1200.
  82. Martindale, Jones et Morris 1980, p. 424.
  83. Martindale, Jones et Morris 1980, p. 820.
  84. Puech 2022, p. 30-31.
  85. Puech 2022, p. 32-33.
  86. Martindale, Jones et Morris 1980, p. 317-318.
  87. Puech 2022, p. 28-30.
  88. (en) Alan Cameron, Circus Factions. Blues and Greens at Rome and Byzantium, Oxford University Press, , p. 88, 95, 100.
  89. Croke 1978, p. 9.
  90. Lee 2013, p. 137.
  91. (en) Stephen Davis, The early Coptic papacy : the Egyptian church and its leadership in late antiquity, Cairo/New York (N.Y.), Americain University Press in Cairo, , 251 p. (ISBN 978-977-424-830-6), p. 81.
  92. Lee 2013, p. 145.
  93. Whitworth 2017, p. 359-360.
  94. Whitworth 2017, p. 360-363.
  95. Morrisson 2004, p. 69.
  96. Lee 2013, p. 147.
  97. Lee 2001, p. 814.
  98. Whitworth 2017, p. 364.
  99. Lee 2013, p. 148.
  100. (en) Luisa Andriollo, « The Emperor at the Council. Imperial Interventions in Late Antique Church Councils in Literary Sources and Documentary Records », Millenium, vol. 18,‎ , p. 175-202.
  101. Morrisson 2004, p. 69-70.
  102. Maraval 2017, p. 393-394.
  103. Maraval 2017, p. 394-395.
  104. Morrisson 2004, p. 70.
  105. Maraval 2017, p. 395.
  106. (en) Shaun Retallick, « The Canonical Deposition of Dioscorus of Alexandria (451): Marcian's Vindication », The Journal of the School of Religious Studies, McGill University, vol. 43,‎ , p. 41-65.
  107. Meyendorff 1989, p. 187-190.
  108. Maraval 2017, p. 396.
  109. Vassiliev 1980, p. 105-106.
  110. Meyendorff 1989, p. 194-202.
  111. (en) J. Evans, The Age of Justinian : The Circumstances of Imperial Power, Routledge, , 360 p. (ISBN 978-1-134-55976-3, lire en ligne), p. 66.
  112. Kaegi 2015, p. 61.
  113. Grant 1985, p. 306.
  114. (en) Brian Croke, « The date and circumstances of Marcian's decease, A.D. 457 », Byzantion, vol. 48,‎ , p. 5-9.
  115. (en) Fijk Meijer, Emperors don't dit in bed, Routledge, , 192 p. (ISBN 978-1-134-38406-8, lire en ligne), p. 154.
  116. Puech 2022, p. 46-47.
  117. (en) Michael Whitby, « Evagrius on Patriarchs and Emperors », dans The Propaganda of Power, Brill, , 321-344 p. (ISBN 9789004351479).
  118. Mango et Scott 1997, p. 160.
  119. « Chronique de Jean de Nikiou », Remacle (consulté le ).
  120. (de) Dariusz Brodka, « Priskos von Panion und Kaiser Marcian », Millennium, vol. 9,‎ , p. 145–162.
  121. (en) The Acts of the Council of Chalcedon (traduits, introduits et annotés par Richard Price et Michael Gaddis), Liverpool University Press, Liverpool, 2005 (ISBN 0-85323-039-0) ; 3 vol. ; vol. 1 : General introduction; documents before the Council; Session I, XVI-365 p. ; vol. 2 : Sessions II-X; Session on Carosus and Dorotheus; Session on Photius and Eustathius; Session on Domnus, X-312 p. ; vol. 3 : Sessions XI-XVI; documents after the Council; appendices; glossary; bibliography; maps; indices, X-312 p.
  122. Roland Delmaire, « Les dignitaires laĂŻcs au concile de ChalcĂ©doine : notes sur la hiĂ©rarchie et les prĂ©sĂ©ances au milieu du Ve siĂšcle », Byzantion, vol. 54,‎ , p. 141-175.
  123. Jean-Baptiste Chabot, Chronique de Michel le Syrien, tome 2, Ernest Leroux, (lire en ligne), p. 36.
  124. (en) Brian Croke, The Chronicle of Marcellinus. A Translation with Commentary (with a Reproduction of Mommsen's Edition of the Text), Brill, , 238 p. (ISBN 978-90-04-34463-1, lire en ligne), p. 90.
  125. Edouard Gibbon, Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, Guizot, (lire en ligne), p. 289-291.
  126. Jones 1986, p. 318-319.
  127. Guillaume Auvray, « Quelques observations sur les ruines du pĂ©plum - Entre Histoire, symbole et stĂ©rĂ©otype cinĂ©matographique », Histoires urbaines, vol. 58,‎ (lire en ligne).
  128. « Pulchérie », Théùtre classique (consulté le ).
  129. « Saint-Marcien », Nominis (consulté le ).

Voir aussi

Sources primaires

  • (grc) Évagre le Scholastique (trad. du grec ancien), Histoire ecclĂ©siastique, livres I Ă  III, Paris, Éditions du Cerf, coll. « Sources chrĂ©tiennes - n°542 », , 582 p. (ISBN 978-2-204-09701-7).
  • (en) Elizabeth Jeffreys et al., The Chronicle of John Malalas : A translation, Melbourne, Australian Association for Byzantine Studies, coll. « Byzantina Australiensia » (no 4), .
  • (en) Cyril Mango et Roger Scott (traduction et commentaires), The Chronicle of Theophanes Confessor. Byzantine and Near Eastern history AD 284–813, Oxford, .
  • (la) Priscus Panita, Excerpta et fragmenta, Berlin et New-York, Ă©dition de Carolla Pia, Éditions W. De Gruyter, , 140 p. (ISBN 978-3-11-020138-3, lire en ligne)

Bibliographie

  • (en) Hagit Amirav, Authority and Performance : Sociological Perspectives on the Council of Chalcedon (AD 451), Vandenhoeck & Ruprecht, , 234 p. (ISBN 978-3-647-20868-8, lire en ligne)
  • (en) John B. Bury, History of the Later Roman Empire, volume II, Macmillan & Co, (lire en ligne)
  • Sylvain Destephen, L'Empire romain tardif : 235-641 apr. J.-C, Malakoff/58-Clamecy, Armand Colin, coll. « Cursus », , 335 p. (ISBN 978-2-200-62873-4)
  • (en) Hugh Elton, The Roman Empire in Late Antiquity : A Political and Military History, Cambridge (GB), Cambridge University Press, , 374 p. (ISBN 978-1-108-45631-9)
  • Katalin Escher et Iaroslav Lebedynsky, Le dossier Attila, Paris, Éditions Errance, , 250 p. (ISBN 978-2-87772-364-0).
  • (en) Gerard Friell et Stephen Williams, The Rome that Did Not Fall : The Survival of the East in the Fifth Century, Taylor & Francis, , 294 p. (ISBN 978-1-134-73546-4, lire en ligne)
  • (en) Clarence Gallagher, « The Two Churches », dans The Oxford Handbook of Byzantine Studies, Oxford University Press, (ISBN 978-0-1992-5246-6)
  • (en) Michael Grant, The Roman Emperors : A Biographical Guide to the Rulers of Imperial Rome 31 BC – AD 476, New York: Scribner's, , 388 p. (ISBN 978-0-684-18388-6)
  • (en) Constance Head, Imperial Byzantine Portraits : A Verbal and Graphic Gallery, Ann Arbor, Michigan: University of Michigan, , 232 p. (ISBN 978-0-89241-084-2)
  • (en) Kenneth Holum, Theodosian Empresses : Women and Imperial Dominion in Late Antiquity, Oakland, California: University of California Press, , 275 p. (ISBN 978-0-520-06801-8, lire en ligne)
  • (en) Arnold H.M. Jones, The Later Roman Empire, 284-602 : A Social Economic and Administrative Survey. Vol. 1st, Baltimore, Maryland: Johns Hopkins University Press, (ISBN 978-0-8018-3353-3)
  • (en) Walter Kaegi, Byzantium and the Decline of Rome, Princeton University Press, , 306 p. (ISBN 978-1-4008-7955-7, lire en ligne)
  • (en) Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, New York et Oxford, Oxford University Press, , 1re Ă©d., 3 tom. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208)
  • (en) Christopher Kelly, The End of Empire : Attila the Hun & the Fall of Rome, New York: W. W. Norton & Company, , 368 p. (ISBN 978-0-393-07266-2)
  • (en) A.D. Lee, « The Eastern Empire: Theodosius to Anastasius », dans The Cambridge Ancient History, Volume 14, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-5213-2591-2, lire en ligne)
  • (en) A.D. Lee, From Rome to Byzantium AD 363 to 565 : The Transformation of Ancient Rome, Edinburgh University Press, , 360 p. (ISBN 978-0-7486-6835-9, lire en ligne)
  • Pierre Maraval, Le Christianisme : de Constantin Ă  la conquĂȘte arabe, PUF, coll. « Nouvelle Clio », , 460 p. (ISBN 978-2-13-054883-6)
  • (en) J. Martindale, Arnold H.M. Jones et John Morris, The Prosopography of the Later Roman Empire, AD 395-527, vol. II, Cambridge, Cambridge University Press, , 1342 p. (ISBN 978-0-521-20159-9, lire en ligne).
  • (en) Meaghan McEvoy, Child Emperor Rule in the Late Roman West, AD 367–455, Oxford, Oxford University Press, , 367 p. (ISBN 978-0-19-966481-8, lire en ligne)
  • (en) John Meyendorff, Imperial Unity and Christian Divisions : The Church 450-680 A.D. The Church in history. Vol. 2. Crestwood, NY: St. Vladimir's Seminary Press,
  • (en) Lukasz Pigonski, Military Elites and their Influence on the Eastern Roman Empire during the reigns of Theodosius II, Marcian, and Leo I, Uniwersytet Ɓódzki,
  • CĂ©cile Morrisson (dir.), Le Monde byzantin, vol. 1 : L'Empire romain d'Orient (330-641), Paris, Presses universitaires de France, coll. « L’histoire et ses problĂšmes », , 486 p. (ISBN 2-13-052006-5)
  • Vincent Puech, Les Ă©lites de cour de Constantinople (450-610), Ausonius Ă©ditions, coll. « Scripta Antiqua 155 »,
  • Michel Rouche, Attila : La violence nomade, Paris, Fayard, , 510 p. (ISBN 978-2-213-60777-1).
  • Claire Sotinel, Rome, la fin d'un Empire. De Caracalla Ă  ThĂ©odoric, Paris/impr. en RĂ©publique tchĂšque, Belin, coll. « Mondes anciens », , 688 p. (ISBN 978-2-7011-6497-7)
  • (en) E.A. Thompson, « The Foreign Policies of Theodosius II and Marcian », Hermathena, vol. 76,‎ , p. 58-75 (JSTOR 23037876)
  • Alexandre Vassiliev, History of the Byzantine Empire, 324–1453. Volume I, University of Wisconsin Press, , 385 p. (ISBN 978-0-299-80925-6, lire en ligne)
  • (en) Patrick Whitworth, Constantinople to Chalcedon : Shaping the World to Come, Sacristy Press, , 461 p. (ISBN 978-1-910519-47-9, lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.