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SĂ©nat byzantin

Le SĂ©nat byzantin ou SĂ©nat de l’Empire romain d’Orient (en grec ÎŁÏÎłÎșÎ»Î·Ï„ÎżÏ‚ [Synklētos], ou Î“Î”ÏÎżÏ…ÏƒÎŻÎ± [Gerousia]) Ă©tait la rĂ©plique, Ă  Constantinople, du SĂ©nat de Rome. Il fut fondĂ© au IVe siĂšcle par l’empereur Constantin lorsque la capitale de l’empire fut transfĂ©rĂ©e de Rome Ă  Constantinople et survĂ©cut jusqu’au XIIIe siĂšcle bien que ses pouvoirs, dĂ©jĂ  limitĂ©s au dĂ©part, aient pratiquement disparu Ă  la fin.

SĂ©nat byzantin
Personnification du Sénat selon le diptyque consulaire de Théodore Philoxenus en 525.

Le SĂ©nat de l’Empire romain d’Orient consistait, Ă  l’origine, en sĂ©nateurs romains habitant en cette partie du monde ou en sĂ©nateurs de Rome prĂȘts Ă  dĂ©mĂ©nager Ă  Constantinople et Ă  qui Constantin offrit des terres et des rations de grain. S’y ajoutaient divers fonctionnaires nommĂ©s Ă  cette assemblĂ©e. Lors de sa fondation, le SĂ©nat de Constantinople ressemblait davantage aux assemblĂ©es des grandes villes de l’empire comme Antioche, plutĂŽt qu’au SĂ©nat de Rome. Ce fut le fils de Constantin, Constance II, qui l’éleva au rang d’institution de l’empire Ă  l’instar de celui de Rome dont les pouvoirs Ă©taient dĂ©jĂ  Ă  cette Ă©poque trĂšs limitĂ©s. Comme les sĂ©nateurs romains, ceux de Constantinople portaient le titre de clarissimi. Constance II et ses successeurs immĂ©diats portĂšrent le nombre de sĂ©nateurs Ă  2 000, y faisant entrer leurs amis, courtisans et divers fonctionnaires de province. Jusqu’au dĂ©but du VIIe siĂšcle, les deux SĂ©nats existĂšrent en parallĂšle, aprĂšs quoi, celui de Constantinople demeura le seul SĂ©nat.

Admission et composition

Le consul Flavius Anastase Probus figurant sur son diptyque consulaire en 517. Il tient le sceptre de consul couronnĂ© d’un aigle dans une main et dans l’autre un morceau d’étoffe qui, jetĂ© sur le sol, marquait le dĂ©but des courses au cirque.

Depuis Auguste, la dignitĂ© sĂ©natoriale (ordo senatorius) Ă©tait hĂ©rĂ©ditaire, mais il fallait assumer une magistrature pour faire son entrĂ©e au SĂ©nat[1]. À partir de Constantin Ier, c'est l'accession Ă  la prĂ©ture qui permettra l'inscription au SĂ©nat, et non plus la questure. Lorsque la division de l’empire devint permanente en 395, les responsabilitĂ©s des prĂ©teurs sont restreintes au niveau municipal, leur seul rĂŽle Ă©tant de gĂ©rer les fonds publics destinĂ©s aux jeux du cirque et aux travaux publics. Toutefois, le dĂ©clin des autres magistratures comme le tribunat fit que la fonction de prĂ©teur demeura une porte d’entrĂ©e privilĂ©giĂ©e pour l’accĂšs au SĂ©nat, que ce soit celui de Rome ou celui de Constantinople. C’était une fonction onĂ©reuse puisque l’on s’attendait Ă  ce qu’un prĂ©teur possĂšde une fortune qui lui permette de subvenir Ă  ses charges municipales [2]. On sait qu’il y avait huit prĂ©teurs dans l’Empire d’Orient qui se rĂ©partissaient les charges financiĂšres entre eux. Jusqu’en 541, s’y ajoutaient les deux consuls dont l’un venait normalement d’Orient[3]. Mais le SĂ©nat de l’empire d’Orient diffĂ©rait sensiblement dans l’AntiquitĂ© tardive de ce qu’avait Ă©tĂ© le SĂ©nat rĂ©publicain. De plus, le SĂ©nat de Constantinople se distingua rapidement de celui de Rome. Si la plupart des sĂ©nateurs Ă©taient issus des Ă©lites municipales et assez riches pour assumer les frais allant avec leur charge, ils ne formĂšrent pas une caste hĂ©rĂ©ditaire comme Ă  Rome, ce qui rendra plus facile le renouvellement des Ă©lites. Certains empereurs, comme Constance II, nomment Ă  la prĂ©fecture de modestes bureaucrates alors que d’autres comme Justinien affectent de hauts dignitaires Ă  des fonctions d’un rang moindre que le leur[4].

Au SĂ©nat siĂ©geaient Ă©galement les principaux hauts-fonctionnaires de l’État comme le maĂźtre des offices (magister officiorum) et le maĂźtre des soldats (gĂ©nĂ©ral en chef) ainsi que les gouverneurs de province et des hauts-fonctionnaires Ă  la retraite. De façon gĂ©nĂ©rale, les familles sĂ©natoriales de Constantinople Ă©taient moins riches et moins illustres que celles de l’Empire d’Occident (oĂč le nombre de sĂ©nateurs avait Ă©galement Ă©tĂ© portĂ© Ă  2000 au IVe siĂšcle[5]). Certains aristocrates tentaient d’entrer au SĂ©nat pour Ă©chapper aux servitudes imposĂ©es par certains empereurs de l’AntiquitĂ© tardive comme DioclĂ©tien (r. 284-305). Les curiales (membres des assemblĂ©es municipales) furent souvent forcĂ©s de devenir dĂ©curions (Ă©diles municipaux) et Ă  ce titre de participer Ă  leurs propres frais aux gouvernements locaux en plus de devoir collecter les taxes et d’assumer les dĂ©ficits [6]. Les sĂ©nateurs au contraire Ă©taient exempts de telles charges. Reconnaissant que nombre d’édiles cherchaient par leur entrĂ©e au SĂ©nat Ă  ĂȘtre exempts de ces charges, ThĂ©odose Ier dĂ©crĂ©ta que tout dĂ©curion entrant au SĂ©nat devait continuer Ă  les assumer[7].

Le SĂ©nat Ă©tait le lien obligĂ© pour les communications avec l’empereur[8]. À Constantinople comme Ă  Rome, le SĂ©nat se composait de trois classes de sĂ©nateurs, les illustres, les spectabiles et les clarissimi. La classe la plus Ă©levĂ©e, celle des illustres, Ă©tait formĂ©e des titulaires en exercice ou Ă  la retraite des plus hautes fonctions de l’État comme le maĂźtre de la milice et les prĂ©fets du prĂ©toire. La classe moyenne, celle des spectabiles, comprenait d’importants fonctionnaires comme les proconsuls, les vicaires et les gouverneurs militaires des provinces (duces) et leurs plus proches collaborateurs. Enfin, les clarissimi regroupaient les gouverneurs de provinces et autres hauts-fonctionnaires. Les titulaires de ces deux derniers ordres pouvaient vivre oĂč bon leur semblait dans l’empire. Souvent riches propriĂ©taires fonciers, la plupart vivaient sur leurs terres et ne prenaient gĂ©nĂ©ralement pas part aux assemblĂ©es du SĂ©nat[4]. Les membres actifs faisaient gĂ©nĂ©ralement partie des illustres lesquels de par leurs fonctions devaient habiter Constantinople et Ă  qui il Ă©tait plus facile de prendre part aux travaux. À partir de la deuxiĂšme moitiĂ© du Ve siĂšcle, les membres des deux derniĂšres classes Ă©taient officiellement exclus des sessions tout en conservant leurs privilĂšges sociaux et honorifiques. De telle sorte qu’au plus une centaine de sĂ©nateurs constituaient l’élite des fonctionnaires de l’empire d’Orient. Pendant le rĂšgne de Justinien Ier, le nombre des clarissimi fut substantiellement accru ce qui obligea Ă  promouvoir de nombreux sĂ©nateurs au rang de spectabiles, ce qui Ă  son tour fit augmenter le nombre des illustres qui avaient constituĂ© jusque-lĂ  l’élite du SĂ©nat. Un nouvel ordre, celui des gloriosi, fut donc crĂ©Ă© pour mettre en valeur les sĂ©nateurs les plus en vue. Ce nouvel ordre ne rĂ©ussit toutefois pas Ă  s’imposer[9]. Il est important de noter que la fonction de sĂ©nateur n’était qu’une carriĂšre d’appoint pour nombre de sĂ©nateurs qui occupaient dĂ©jĂ  des postes importants dans l’administration publique.

Pouvoirs et fonctions

L’impĂ©ratrice ThĂ©odora s’entretenant avec le SĂ©nat d’aprĂšs le manuscrit Madrid SkylitzĂšs.

En Orient comme en Occident, le SĂ©nat symbolisait la puissance de Rome et de l’État, la res publica. À l’Est comme Ă  l’Ouest on ne pouvait concevoir l’État romain sans SĂ©nat. En tant qu’assemblĂ©e rĂ©unissant les dignitaires les plus Ă©levĂ©s de l’empire, elle jouissait d’un prestige et d’une influence indĂ©niables mĂȘme si, depuis le principat, ses pouvoirs effectifs avaient Ă©tĂ© considĂ©rablement rĂ©duits[5]. À partir du milieu du VIIIe siĂšcle et des rĂ©formes qui virent l’armĂ©e ĂȘtre rĂ©organisĂ©e en thĂšmes et l’administration civile divisĂ©e en de plus nombreux mais moins puissants ministĂšres, nombre de fonctions disparurent ou devinrent purement honorifiques. Les ministres les plus puissants Ă©tant le logothĂšte de la poste (logothetes tou dromou), le logothĂšte des affaires gĂ©nĂ©rales (logothetes tou genikou) et le logothĂšte des armĂ©es (logothetes tou stratiotikou). Le SĂ©nat ne se rĂ©unit plus qu’occasionnellement et devint surtout un cercle rĂ©unissant les plus hauts dignitaires de l’empire[10].

Toutefois, il pouvait encore passer des rĂ©solutions (senatus consulta) que l’empereur pouvait adopter et promulguer sous forme d’édit. Il pouvait Ă©galement suggĂ©rer des lois et agir en tant que conseil consultatif et de nombreuses tractations durent avoir lieu entre l’empereur et le SĂ©nat. Par exemple, la dĂ©cision d’aider le roi des Perses, ChosroĂšs II fut prise par l’empereur Maurice en consultation avec le SĂ©nat ; l’impĂ©ratrice ZoĂ© Karonopsina, quatriĂšme femme de LĂ©on VI discutera avec le SĂ©nat des possibilitĂ©s de faire la paix avec les Arabes pour porter les troupes contre le tsar bulgare SymĂ©on. Certaines lois impĂ©riales prirent la forme de « discours au SĂ©nat » et Ă©taient lues devant l’assemblĂ©e. Le SĂ©nat avait Ă©galement le pouvoir de nommer quelqu’un « ennemi public » comme ce fut le cas en 398 pour Stilichon.

En 446, l’empereur d’Occident Valentinien III et l’empereur d’Orient Theodose II promulguĂšrent un Ă©dit qui devait donner au SĂ©nat de nouveaux pouvoirs : toute nouvelle loi devait ĂȘtre discutĂ©e Ă  la fois par le SĂ©nat et le Consistoire avant d’ĂȘtre promulguĂ©e par l’empereur. Cette procĂ©dure fut incluse dans le Codex Justinianus et devint loi dans l’ensemble de l’empire bien que l’on ignore jusqu’à quel point elle fut mise en pratique en Orient.

L’empereur pouvait Ă©galement utiliser le SĂ©nat comme haute cour de justice et des procĂšs pour haute trahison lui furent ainsi rĂ©fĂ©rĂ©s. Ainsi, l’empereur LĂ©on en 467 traduira le fils du magister militium Aspar, le gĂ©nĂ©ral Ardabur, devant le SĂ©nat pour complot avec les Sassanides. Les crimes ordinaires Ă©taient gĂ©nĂ©ralement jugĂ©s par l’éparque de la citĂ© et cinq sĂ©nateurs tirĂ©s au sort, lorsque l’accusĂ© Ă©tait lui-mĂȘme sĂ©nateur.

Sur le plan constitutionnel, sa prĂ©rogative la plus importante Ă©tait parfois de choisir, mais toujours de confirmer avec l’armĂ©e et le peuple le choix de l’empereur[11]. En pratique, la succession devint hĂ©rĂ©ditaire, les sĂ©nateurs se contentant de jouer un rĂŽle lors d’une crise de succession. Ainsi, Justin (r. 518-527) sera choisi par le SĂ©nat et ratifiĂ© par le peuple contre l’avis de l’armĂ©e[12]. Au siĂšcle suivant, Phocas, aprĂšs son entrĂ©e Ă  Constantinople, se prĂ©sentera sur la place de l’Hebdomon et y sera acclamĂ© par le SĂ©nat et les partis populaires[13] ; mĂȘme situation pour HĂ©raclius en 610. AprĂšs la dĂ©faite de Manzikert en 1071, l’impĂ©ratrice Eudokia rappela d’exil le cĂ©sar Jean Doukas, frĂšre de Constantin X et fit prononcer par le SĂ©nat la dĂ©chĂ©ance de Romain DiogĂšne (r. 1068-1071)[14]. Lorsqu’aprĂšs l’occupation latine l’empire sera rĂ©tabli, le SĂ©nat deviendra l’arbitre de la lĂ©gitimitĂ© dans la longue lutte opposant Andronic II Ă  son petit-fils, le futur Andronic III.

Conflits avec l’empereur

Il y eut Ă©galement des cas oĂč le SĂ©nat entra en conflit avec l’empereur et tenta d’imposer son autoritĂ© sur la base de son rĂŽle constitutionnel dans le choix de l’empereur. En 457, d’importants sĂ©nateurs voulurent offrir le trĂŽne au maitre de la milice, Aspar, alors que d’autres lui prĂ©fĂ©raient Anthemius ; ce fut finalement le tribun militaire d’Aspar, LĂ©on, qui fut choisi[15]. En 532, certains sĂ©nateurs donnĂšrent leur appui Ă  la rĂ©volte de Nika contre Justinien Ier qui ne cachait pas sa mĂ©fiance Ă  l’endroit des riches sĂ©nateurs. À partir de 541, le SĂ©nat perdit un nombre important de ses membres au cours de l’épidĂ©mie de peste qui sĂ©vit et Justinien confisqua les biens de maints sĂ©nateurs qui survĂ©curent[16]. L’empereur Phocas (r. 602-610), qui avait pris le pouvoir en 602 alors qu’il n’était que sous-officier, entra trĂšs rapidement en conflit avec le SĂ©nat et fit exĂ©cuter nombre d’influents sĂ©nateurs[17]. En 608, HĂ©raclius l’Ancien et son fils, le futur empereur HĂ©raclius (r. 610-641), furent nommĂ©s consuls avec l’appui de membres du SĂ©nat Ă  Carthage. HĂ©raclius le Jeune marcha alors contre Constantinople oĂč le SĂ©nat dĂ©posa Phocas qui fut ensuite arrĂȘtĂ© dans une Ă©glise par deux sĂ©nateurs[18].

L’empire byzantin en 650.

Lorsqu’HĂ©raclius mourut en 641, il laissa l’empire Ă  ses deux fils, Constantin III, nĂ© d’un premier mariage avec son Ă©pouse Eudoxia, et HĂ©raclonas, nĂ© d’un deuxiĂšme mariage avec sa nouvelle Ă©pouse Martina. L’impĂ©ratrice rĂ©clama la rĂ©gence au cours d’une impressionnante cĂ©rĂ©monie qui se dĂ©roula Ă  l’hippodrome de Constantinople en prĂ©sence du SĂ©nat, d’autres dignitaires et du peuple de Constantinople. Le SĂ©nat et le peuple favorisant le fils d’Eudoxia, l’impĂ©ratrice dut retourner au grand palais, vaincue. Toutefois, Constantin devait mourir quatre mois plus tard, laissant son demi-frĂšre seul prĂ©tendant, ce qui donna naissance Ă  des rumeurs selon lesquelles il aurait Ă©tĂ© assassinĂ© par Martine. Peu aprĂšs, une rĂ©volte dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Valentin obligea HĂ©raclonas Ă  accepter son jeune neveu, Constant II, fils du dĂ©funt, comme coempereur. Dans un effort pour rĂ©duire les chances de Constantin, HĂ©raclonas nomma son plus jeune frĂšre David (Tiberius) coempereur. Ceci n’apaisa pas le mĂ©contentement du SĂ©nat et du peuple : en , Martine et HĂ©raclonas furent renversĂ©s, mutilĂ©s et exilĂ©s par le gĂ©nĂ©ral Valentin. Le SĂ©nat confirma la destitution des deux personnages, confirmant ainsi son regain d'autoritĂ© puisque les sĂ©nateurs se chargĂšrent aussi de la tutelle de Constant II[19] - [20].

DĂ©clin

Les pouvoirs du SĂ©nat furent progressivement rĂ©duits au cours des siĂšcles bien qu’il existĂąt toujours comme institution au XIIIe siĂšcle. On peut dire qu’il s’agissait moins d’une des institutions dirigeant l’empire que d’une assemblĂ©e de dignitaires[21], la plupart des pouvoirs qui lui restaient ayant Ă©tĂ© abrogĂ©s par les rĂ©formes de Basile Ier (r. 867 - 886) et LĂ©on VI (r. 886-912). Il conserva toutefois un prestige considĂ©rable spĂ©cialement au XIe siĂšcle lorsque l’aristocratie anatolienne vint au pouvoir aprĂšs la mort de Basile II (r. 960 – 1025). Toutefois, avec l’avĂšnement d’Alexis I ComnĂšne qui recruta ses principaux conseillers parmi sa propre famille, le SĂ©nat perdit toute influence et plusieurs sĂ©nateurs, mĂ©contents d’ĂȘtre dĂ©possĂ©dĂ©s de leur rĂŽle de conseil suprĂȘme de l’empire, prirent part aux complots fomentĂ©s contre Alexis[22] - [23].

Son dernier sursaut fut sans doute en 1197 lorsque le SĂ©nat de mĂȘme que le clergĂ© et les corporations de la capitale furent rĂ©unis par Alexis III pour approuver une taxe spĂ©ciale, l’Alamanikon. Les sĂ©nateurs refusĂšrent alors de se voir assujettis Ă  la taxe, ce qui Ă©tait contraire Ă  la coutume, et l’empereur fut forcĂ© de taxer les provinces, tout en exemptant la capitale[24] - [25]. La derniĂšre sĂ©ance connue du SĂ©nat comme assemblĂ©e se tint lors de l’élection de Nikolas Kanabos sur le trĂŽne impĂ©rial le par une assemblĂ©e du SĂ©nat et par des prĂȘtres scandalisĂ©s par l'Ă©tat des finances de l'État laissĂ©es par Isaac II et son fils Alexis IV au cours de la quatriĂšme croisade. Trois jours plus tard, celui-ci devait ĂȘtre dĂ©chu par Alexis V[26]. Durant la dynastie palĂ©ologue, le titre de sĂ©nateur survĂ©cut un certain temps, mais disparut dĂ©finitivement vers le milieu du XIVe siĂšcle.

Le Sacrum consistorum

Outre le SĂ©nat, existait une deuxiĂšme assemblĂ©e qui n’eut toutefois jamais le caractĂšre d’une institution de l’empire et conserva un caractĂšre essentiellement consultatif et cĂ©rĂ©moniel : le « consistoire sacrĂ© » (en grec : ÎžÎ”ÎŻÎżÎœ συΜέΎρÎčÎżÎœ) ; c’était un conseil plus restreint que le SĂ©nat et qui assistait l'empereur dans les diffĂ©rentes tĂąches administratives qui lui Ă©taient confiĂ©es. CrĂ©Ă© probablement sous Constantin Ier, il se composait Ă  partir du IVe siĂšcle de deux groupes de membres : (1) les principaux hauts-fonctionnaires de l’administration impĂ©riale (Magister Officiorum, Quaestor Sacri Palatii, Comes Sacrarum Largitionum et Comes Rerum Privatarum) (2) divers hauts-fonctionnaires de niveau infĂ©rieur. Ses fonctions incluaient la promulgation des lois, la rĂ©ception des ambassadeurs Ă©trangers et la discussion des dossiers de haute politique. Ses rĂ©unions Ă©taient appelĂ©es « silentium » ; lorsque des sĂ©nateurs prenaient part aux sĂ©ances, il prenait le nom de « silentium et conventus »[27]. Au VIe siĂšcle, Justinien abolit Ă  toute fin pratique la distinction entre le SĂ©nat et le Consistoire[28].

Édifice du SĂ©nat

Il y avait deux Ă©difices du SĂ©nat Ă  Constantinople. L’un bĂąti par Constantin et restaurĂ© sous Justinien Ă©tait situĂ© Ă  l’est de l’Augustaion[29], prĂšs du palais impĂ©rial de la Magnaure ; le deuxiĂšme Ă©tait situĂ© au nord du forum de Constantin. Le SĂ©nat perdit ses deux lieux de rencontre au cours du VIe siĂšcle et se rĂ©unit par la suite au Grand Palais de Constantinople[30].

Notes et références

Références

  1. Bury 1923, chap. I
  2. Chastagnol 1994, p. 214-215
  3. Treadgold 1997, p. 58.
  4. Morrisson 2004, p. 91.
  5. Treadgold 1997, p. 117
  6. Treadgold 1997, p. 22, 59, 116.
  7. Treadgold 1997, p. 74.
  8. Heather et Moncur 2001, p. 225, 285, 292.
  9. Ostrogorsky 1983, p. 65.
  10. Treadgold 1997, p. 383-384.
  11. Ostrogorsky 1983, p. 64.
  12. Bréhier 1969, p. 30
  13. Bréhier 1969, p. 163.
  14. Bréhier 1969, p. 232.
  15. Bréhier 1969, p. 4.
  16. Tate 2004, p. 340
  17. Ostrogorsky 1983, p. 113.
  18. Herrin 1987, p. 183 et sq.
  19. Bréhier 1969, p. 60
  20. Ostrogorsky 1983, p. 144
  21. Dagron 2004, p. 324.
  22. Kazhdan 1991, Senator », vol. 3, p. 1869.
  23. Bréhier 1969, p. 244.
  24. Kazhdan 1991, « Alamanikon », vol. 1, p. 50
  25. Brand 1968, p. 121.
  26. Phillips 2004, p. 222-226.
  27. Ostrogorsky 1983, p. 66.
  28. Kazhdan 1991, « Consistorium », vol. 1, p. 496.
  29. Treadgold 1997, p. 39,
  30. Kazhdan 1991, « Senate House », vol. 3, p. 1869.

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