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Consistoire (Rome antique)

Le consistoire sacrĂ© (sacrum consistorum, en grec ancien : ÎžÎ”ÎŻÎżÎœ συΜέΎρÎčÎżÎœ) Ă©tait un conseil restreint Ă  vocation consultative et cĂ©rĂ©monielle crĂ©Ă© par Constantin Ier pour remplacer l'ancien consilium principis et assister l'empereur dans l'exercice du pouvoir administratif, lĂ©gislatif et judiciaire. Son rĂŽle se maintint dans l'Empire romain d'Orient jusqu'au VIe siĂšcle lorsque l'empereur Justinien le confondit avec celui du SĂ©nat de Constantinople.

Histoire

Du consilium principis au consistorium principis

Créé sous l'empereur Auguste dans les derniÚres années de son rÚgne, le consilium principis était devenu au IIIe siÚcle l'élément principal de l'administration romaine. Composé de l'empereur, des deux consuls et de 15 autres sénateurs, il avait été créé tout d'abord à des fins consultatives, avant d'exercer une influence grandissante sur l'interprétation et l'application de la loi au détriment du Sénat[1] - [2].

Sous le rĂšgne de DioclĂ©tien, marquĂ© par l'aboutissement de nombreuses rĂ©formes institutionnelles territoriales et par la sacralisation de la Cour et du Conseil impĂ©rial, le consilium principis gagne en importance dans l'appareil de l'État.

Il est renommĂ© consistorium principis et voit son organisation Ă©voluer[3]. Une hiĂ©rarchie interne est mise en place par l'empereur. Celui-ci subordonne les membres du conseil aux magistri scriniorum, chargĂ© du soin des documents personnels de l'empereur[1] - [4]. Il met Ă  sa tĂȘte Ă  la place du prĂ©fet du prĂ©toire le vicarius a consiliis sacris, qui exerçait une forme de vice-prĂ©sident du conseil ; la prĂ©sidence Ă©tant vraisemblablement exercĂ©e par l'empereur lui-mĂȘme[5].

Le consistoire sacré de Constantin

Constantin Ier transforme l'organisation du pouvoir central, demeurĂ©e sensiblement la mĂȘme depuis le Haut-Empire romain, et renforce encore le pouvoir du consistoire, dĂ©sormais dĂ©signĂ© sous le nom de sacrum consistorium. Un cĂ©rĂ©monial spĂ©cifique se met en place lors de ses sĂ©ances, qui insiste sur la sacralitĂ© de la prĂ©sence de l'empereur[6].

Le titre de vicarius a consiliis sacris est remplacĂ© par Constantin Ier par celle de quaestor sacri palatii, ou ministre du cabinet impĂ©rial[7]. Ce dernier Ă©tait aussi chargĂ© de prĂ©parer les projets de loi, de recevoir les requĂȘtes prĂ©sentĂ©es Ă  l'empereur et de contresigner les lois, Ă©dits ou rescrits sortant du cabinet de l'empereur.

Disparition sous Justinien

Le SĂ©nat de Constantinople crĂ©Ă© par Constantin diffĂ©rait fondamentalement du SĂ©nat de Rome de par la nature de ses membres. Alors que le SĂ©nat romain Ă©tait constituĂ© de vieilles familles aristocratiques et conservatrices, dont certains membres Ă©taient hostiles aux chrĂ©tiens, celui Ă©tabli dans la nouvelle capitale de l'empire comptait en son sein des personnalitĂ©s nommĂ©es par l'empereur en raison de leurs fonctions administratives. La distinction entre un conseil privĂ© placĂ© Ă  la tĂȘte de l'administration et le nouveau SĂ©nat tendait ainsi Ă  se fondre[6].

Au VIe siĂšcle, Justinien abolit Ă  toute fin pratique la distinction entre le SĂ©nat et le consistoire[8].

Fonction

Attributions

Les attributions du consistoire sont fort variĂ©es. Conseil plus restreint que le SĂ©nat, il est chargĂ© d'assister l'empereur dans l'exercice du pouvoir lĂ©gislatif et dans celui des pouvoirs judiciaires et administratif. C’est en sa prĂ©sence que j’empereur donne les audiences solennelles notamment aux ambassadeurs Ă©trangers et que les lois gĂ©nĂ©rales sont promulguĂ©es aprĂšs avoir Ă©tĂ© votĂ©es par le SĂ©nat.

Le consistoire assiste l’empereur dans l’exercice de  la juridiction, et dĂ©libĂšre, sous sa prĂ©sidence, sur les affaires importantes de l’administration gĂ©nĂ©rale et de la haute politique[9].

Fonctionnement

Les réunions du consistoire sont appelées « silentium », parce que ses membres doivent y siéger debout et silencieusement comme dans une chapelle divine (sacrarium), du fait de la présence de l'empereur[6]. Lorsque des sénateurs prennent part aux séances, ces réunions sont désignées sous le nom de « silentium et conventus »[10].

Sauf dans les affaires judiciaires, dans lesquelles, des employĂ©s des scrinia impĂ©riaux tiennent le plumitif, les procĂšs-verbaux (notĂŠ) des sĂ©ances du consistoire sont rĂ©digĂ©s et gardĂ©s par les secrĂ©taires d’État (notarii ou tribuni et notarii, avec le rang de clarissimi). À leur tĂȘte se trouve un premier secrĂ©taire d’État (primicerios notariorum, avec le rang de spectabilis). Les notaires sont par ailleurs employĂ©s par l’empereur pour des missions importantes[9].

Composition

Membres

Le consistoire réunit à partir du IVe siÚcle l'élite des fonctionnaires impériaux. Les quatre ministres palatins, qui sont les principaux hauts-fonctionnaires de l'administration romaine, en sont membres de droit[11] - [12] :

Divers hauts fonctionnaires de niveau inférieur en sont également membres[9].

Comtes du consistoire

Les quatre membres de droit du consistoire reçoivent sous Constantin le titre de comtes du consistoire (comites consistoriani), et sont placés au sommet de la hiérarchie civile et de la noblesse[13] - [14]. Sous les fils de Constantin, ceux-ci reçoivent le clarissimat puis le rang d'illustres sous l'empereur Théodose[6] - [15].

Voir aussi

Bibliographie

  • Charles Victor Daremberg, Le Dictionnaire des AntiquitĂ©s Grecques et Romaines, Paris, Hachette, 1877-1919 (lire en ligne), Article Consistorium Principis
  • Pierre Willems, Le droit public romain ou les institutions politiques de Rome depuis l'origine de la Ville jusqu'Ă  Justinien (5e Ă©dition), Louvain, Ch. Peeters, , 698 p. (lire en ligne)
  • Roland Delmaire, Les institutions du Bas-Empire romain de Constantin Ă  Justinien, I. Les institutions civiles palatines, Paris, Les Ă©ditions du Cerf - Editions du CNRS, , 202 p. (ISBN 978-2-204-05052-4)
  • Roger Remondon, La crise de l’Empire romain, Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio – l’histoire et ses problĂšmes », , 2e Ă©d. (1re Ă©d. 1964).
  • Georges Ostrogorsky (trad. de l'allemand), Histoire de l’État byzantin, Paris, Payot, , 649 p. (ISBN 2-228-07061-0).
  • AndrĂ© Piganiol, L'Empire chrĂ©tien, Paris, PUF, , 512 p. (ISBN 978-2-13-032125-5)

Notes et références

  1. Edouard Cuq, « MĂ©moire sur le Consilium principis d’Auguste Ă  DioclĂ©tien », MĂ©moires prĂ©sentĂ©s par divers savants Ă©trangers Ă  l’AcadĂ©mie,‎ , p. 311-504 (lire en ligne)
  2. (en) John Crook, Consilium Principis, Imperial Councils and Cousellors from Augustus to Diocletian, Cambridge, Cambridge University Press, (lire en ligne)
  3. Charles Victor Daremberg et Edmond Saglio, Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Latines, Paris, Hachette, 1877-1919 (lire en ligne), Article Consistorium Principis
  4. (en) William Smith, A Dictionary of Greek and Roman Antiquities, Londres, John Murray, (lire en ligne), Article Magister
  5. Thoodor Mommsen, A History of Rome Under the Emperors, Londres, Routledge, , 651 p. (lire en ligne), page 342
  6. André Piganiol, L'empire chrétien, Paris, PUF, , 512 p. (lire en ligne)
  7. Paul Petit, Histoire générale de l'Empire Romain. 3. Le Bas-Empire (284-395), Paris, Seuil, (ISBN 978-2-7578-4934-7, lire en ligne)
  8. Kazhdan 1991, « Consistorium », vol. 1, p. 496.
  9. Pierre Willems, Droit public romain ou les institutions politiques de Rome depuis l'origine de la Ville jusqu'Ă  Justinien, Louvain, Ch. Peeters, , 698 p. (lire en ligne), DeuxiĂšme Ă©poque. — L’Empire. — PĂ©riode de la monarchie. Livre I. — Le pouvoir impĂ©rial et l'administration centrale.
  10. Ostrogorsky 1983, p. 66.
  11. Jean-Marie Sansterre, « Roland Delmaire, Les institutions du Bas-Empire romain, de Constantin Ă  Justinien. I. Les institutions civiles palatines [compte-rendu] », L'AntiquitĂ© Classique,‎ (lire en ligne)
  12. Remondon 1970, p. 139.
  13. Bertrand Lançon, Constantin, Paris, Que sais-je ? PUF, (lire en ligne), Chapitre III - Le régime constantinien, pp. 37 à 62
  14. Joseph Naudet, « La Noblesse chez les Romains », Comptes rendus des sĂ©ances de l'AcadĂ©mie des Inscriptions et Belles-Lettres,‎ (lire en ligne)
  15. Claude Lepelley, « Du triomphe Ă  la disparition. Le destin de l'ordre Ă©questre de DioclĂ©tien Ă  ThĂ©odose », Publications de l'École Française de Rome,‎ , p. 629-646 (lire en ligne)

Articles connexes

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