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Comes (Rome antique)

Le terme comes (pluriel comites) signifie en latin « associé », « compagnon ». Il fut donc utilisé sous la République romaine pour désigner ceux qui accompagnaient un magistrat, comme un gouverneur de province, et formaient son escorte et son conseil, sa cohorte d'amis (cohors amicorum). À l'époque impériale le terme évolue et prend une valeur officielle pour désigner les proches de l'empereur, dans ses déplacements d'abord puis de manière permanente. Dès lors il devint un titre aulique et une dignité, et fut à l'origine du terme comte.

Au Haut-Empire

  • Dans les premiers temps de l'Empire romain, le comes Ă©tait au dĂ©but Ă©tymologiquement celui qui accompagne un magistrat ou un prĂ©fet de province et qui lui sert de conseiller. De l'Ă©poque d'Auguste Ă  celle des SĂ©vères le titre de comes est confĂ©rĂ© Ă  certains des grands personnages qui accompagnent l'empereur lors de ses dĂ©placements importants. L’empereur Claude avait recours lors de ses voyages Ă  un comes Augusti comme conseiller juridique[1]. La frĂ©quence de ses occurrences est variable et dĂ©pend de la propension de chaque empereur Ă  se dĂ©placer : ainsi on ne connaĂ®t aucun comes pour Antonin le Pieux empereur qui ne s'est pas Ă©loignĂ© de l'Italie durant son règne, ou très peu. Le titre de comes est donc un titre aulique provisoire, les comites semblant moins proches de l'empereur que ses "amis" (amici). Ce n'est pas cependant une obligation et le titre peut dĂ©signer un parent de l'empereur qui l'accompagne et n'a aucun rĂ´le militaire. Le titre est aussi confĂ©rĂ© lors de dĂ©placements pacifiques, comme lors des cĂ©lèbres voyages d'Hadrien. Il s'agit donc d'un titre provisoire et assez rare, son attribution dĂ©pendant des circonstances. Le titre apparaĂ®t dans l'Ă©pigraphie latine Ă  l'Ă©poque de Tibère.
  • Les dĂ©placements impĂ©riaux Ă©tant souvent liĂ©s Ă  des expĂ©ditions militaires le nombre des comites connu est plus important durant les règnes qui connurent des conflits longs. Sous Marc Aurèle, apparaĂ®t un collège de comites (le « comitat ») aux tâches militaires. Les comites sont en gĂ©nĂ©ral des sĂ©nateurs ayant fait preuve de capacitĂ©s militaires formant un Ă©tat-major informel autour de l'empereur au moins jusqu’au règne de Septime SĂ©vère. Les nombreux conflits difficiles du IIIe siècle, et l'Ă©loignement des empereurs par rapport Ă  Rome explique que le titre Ă©volua pour dĂ©signer des fonctions permanentes et en vienne Ă  dĂ©signer des hauts-dignitaires de l'empire.

Dans l'Antiquité tardive

Constantin Ier SOLI INVICTO COMITI, Comes du dieu Sol Invictus

À partir du IVe siècle, on utilise le titre de Comes pour qualifier certains membres de l'entourage permanent de l'empereur romain. Constantin reprend ainsi l’institution du conseil des comites, des confidents auxquels il confie des missions de contrôle dans les provinces, les comites provinciarum aux compétences judiciaires[Note 1].

À la cour impériale

À la cour, au niveau le plus élevé, les comites consistoriani sont les membres du consistoires qui entourent l'empereur ; les principaux sont le quaestor sacri palatii pour la justice, le magister officiorum à la tête de la cour et de l’administration centrale, le comes rerum privatarum largitionnum « ministre des finances » aux larges compétences. On trouve également :

  • le comes rei militaris est confĂ©rĂ© Ă  des chefs de rang spectabilis, mais les magistri militum, gĂ©nĂ©ralat crĂ©Ă© Ă  la Cour par Constantin, vont s’élever au premier rang des comites comme illustres puis gloriosi.
  • le comes sacri stabuli est responsable des Ă©curies ;
  • le comes sacrarum largitionum : « comte des largesses sacrĂ©es [dons de l'empereur] », il est le chef de l'administration financière. Il contrĂ´le Ă©galement :
    • le comes auri, trĂ©sorier ;
    • le comes sacrae vestis, qui contrĂ´le de la garde-robe impĂ©riale ;
    • le comes archiatorum, sorte de ministre s'occupant des mĂ©decins et de la mĂ©decine ;
    • les comites largitionum pour l'Italie, l'Afrique et l'Illyrie ;
  • le comes rerum privatarum : « comte des affaires privĂ©es », administrateur de la fortune privĂ©e de l'empereur, Ă  qui est subordonnĂ© le comes privatae largitionis, qui contrĂ´le certains fonds privĂ©s ;
  • le comes domesticorum : « comte des domestiques », chef d'une unitĂ© spĂ©ciale Ă  disposition directe de l'empereur. Il a sous ses ordres :
    • le comes domesticorum equitum, ;
    • le comes domesticorum peditum ;
  • le comes dispositonum, secrĂ©taire de l'empereur sous la dĂ©pendance du magister officiorum.

Dans les provinces

À partir de Constantin, on trouve en dehors de la Cour des comtes au pouvoir militaire et politique considérable[2]. Toutes les charges territoriales importantes furent affectées à un comes. Ainsi, le préfet de la ville de Rome (præfectus urbi) sera désigné comme étant comes formarum, comes riparum et alvei Tiberis et cloacarum et comes portus. Dans les provinces, des comtes reçurent des pouvoirs militaires importants en complément du titre de dux ; les comites rei militaris (« comtes des affaires militaires ») étaient affectés à des commandements militaires. Parmi ceux-ci, on trouve les maîtres de la cavalerie et ceux de l'infanterie. Certains de ces derniers portent un titre les rattachant à des territoires :

  • comes Italiae ;
  • comes Africae ;
  • comes tractus Argentoratensis : « comte du territoire d'Argentorate (Strasbourg) » ;
  • comes Avernorum : « comte chargĂ© de la dĂ©fense d'Avernorum » ;
  • comes Britanniarum « comte chargĂ© de la dĂ©fense de la Bretagne », charge probablement disparue vers 410 ;
  • comes Hispaniarum : « comte chargĂ© de la dĂ©fense de l'Hispanie ».

Ces fonctions sont connues grâce au Notitia Dignitatum. Dans les provinces, on a également le comes portus qui surveille les ports ; le comes formarum qui a la charge du réseau des aqueducs, le comes commerciorum qui contrôle les échanges aux frontières.

Le comes civitatis

Au Ve siècle, l'adjonction de responsabilités civiles et juridiques au duc entraîne l'inversion de la valeur des titres respectifs de comte et duc au profit de ce dernier. À la même époque, apparaît le comes civitatis, qui lui aussi réunit les deux compétences mais sur un plan plus localisé[3]. Le comes civitatis, inaugurant la série des comtes de « comté » du royaume franc est à l’origine d’un réseau administratif français et préfigure les départements de la Révolution. Joseph Calmette rappela que le comte du IXe siècle est le préfet du régime[Note 2]. La notion et l’institution comtale dominent l’Europe, du county anglais (et américain) au comitat des Hongrois et Polonais[4]. Lorsque au IXe siècle, les charges publiques ou honores devinrent héréditaires, la fonction administrative et militaire de comte évolua et devint un titre de noblesse intégré à la hiérarchie féodale.

Notes et références

Notes

  1. On note une fréquence accrue du titre qui est fort recherché en raison des privilèges et avantages fiscaux qu’il comporte.
  2. Son autre titre étant d’ailleurs praefectus.

Références

  1. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, Ă©d. Pluriel, 2012, p. 421.
  2. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, Ă©d. Pluriel, 2012, p. 422.
  3. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, Ă©d. Pluriel, 2012, p. 425.
  4. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, Ă©d. Pluriel, 2012, p. 431.

Voir aussi

Bibliographie

  • H.-G. Pflaum, Scripta Varia II, Paris, 1981, p. 107-108 (liste des comites connus au Haut-Empire).

Articles connexes

Liens externes

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