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Eudoxie (Ă©pouse de Flavius Arcadius)

Eudoxie, en grec ancien : Î•áœÎŽÎżÎŸÎŻÎ± (Aelia Eudoxia), nĂ©e vers 375/380 (?) et dĂ©cĂ©dĂ©e en 404, est une impĂ©ratrice byzantine par son mariage avec l'empereur Flavius Arcadius en 395.

Eudoxie
Illustration.
Piùce de monnaie d'Eudoxia Ælia.
Fonctions
Impératrice byzantine
–
PrĂ©dĂ©cesseur Ælia Galla
Successeur Eudoxie II
Biographie
Titre complet Impératrice byzantine
Nom de naissance Ælia Eudoxia
Date de décÚs
Lieu de décÚs Constantinople
Nature du décÚs fausse couche
SĂ©pulture Ă©glise des Saints-ApĂŽtres Ă  Constantinople
Nationalité Franque
PÚre Bauto, général franc
Conjoint Flavius Arcadius, empereur byzantin
Enfants Théodose II, empereur byzantin
Pulchérie, impératrice byzantine
deux filles
Religion Arianisme

Biographie

Origines

Elle est la fille d'un gĂ©nĂ©ral franc de ThĂ©odose Ier, Bauto, et peut-ĂȘtre sƓur du gĂ©nĂ©ral Arbogast[1]. Elle vit Ă  la cour de Constantinople oĂč son pĂšre est chargĂ© de fonctions importantes[2]. À la mort de son pĂšre, son ami Promote se charge de l'Ă©ducation d'Eudoxie avant d'ĂȘtre Ă©liminĂ© par Flavius Rufinus, le prĂ©fet du prĂ©toire d'Orient. Ce sont alors les deux fils de Promote, Ă©levĂ©s avec Arcadius qui la prennent en charge. Le futur Ă©vĂȘque de NicomĂ©die, Pansophius, l'instruit dans la religion chrĂ©tienne.

Un couple impérial soudé

L'eunuque Flavius Eutropius, ennemi affiché de Flavius Rufinus, ruine par un stratagÚme l'organisation du mariage de la fille de Rufinus avec Flavius Arcadius. Grùce à sa beauté exceptionnelle, Eudoxie est choisie par l'eunuque Eutropius pour épouser l'empereur. Lors d'une absence de Rufinus en Syrie, en avril 395, Eutropius organise les préparatifs du mariage d'Arcadius avec Eudoxie dans le plus grand secret ; personne à la cour hormis le prince n'est au courant que la future épouse n'est pas la fille de Rufinus. Celui-ci, revenu de voyage, est persuadé que les préparatifs du mariage qu'il observe au palais sont ceux de sa fille avec Arcadius. La manipulation est si bien montée que le nom de l'épouse n'est dévoilé qu'au dernier moment. Rufinus perdit alors beaucoup d'influence sur l'empereur.

Eudoxie prend rapidement l'ascendant sur son Ă©poux. Son chambellan, Amantius, s'occupe d'organiser les bonnes Ɠuvres de l'impĂ©ratrice, mais elle a aussi de mauvais conseillers parmi ses femmes et ses eunuques, tels que Marsa, Castricia et Eugraphia[3]. Elle a quatre enfants, dont en 399, une fille, PulchĂ©rie et en 401, un fils qui deviendra l'empereur ThĂ©odose II. Mais sa fidĂ©litĂ© Ă  l'empereur n'est pas avĂ©rĂ©e : lorsqu’elle met au monde son quatriĂšme enfant, en 401, la ville entiĂšre le baptisa, en haussant les Ă©paules, du nom de « fils du comte Jean », un des conseillers d’Arcadius et ministre omnipotent[4]. Elle fait construire des thermes et un palais Ă  Constantinople[5].

Le couple impĂ©rial apprĂ©cie le patriarche de Constantinople Jean Chrysostome, mais celui-ci s'attire rapidement l'inimitiĂ© des classes supĂ©rieures et des Ă©vĂȘques par ses critiques sĂ©vĂšres de leur mode de vie non conforme Ă  l'idĂ©al Ă©vangĂ©lique. Lorsque Jean ordonne la translation des reliques de saint Phocas de Sinope, l'impĂ©ratrice Eudoxie se charge en personne de porter la chĂąsse Ă  travers la ville, ce dont Jean la remercie ensuite vivement dans une homĂ©lie.

Une princesse ambitieuse

Princesse ambitieuse, Eudoxie a laissĂ© un souvenir dĂ©testable qui lui a valu, de la part des historiens, le surnom de « la Barbare »[6] - [7] : « Cruelle, haineuse, avide d'argent et d’honneurs, Ăąme emportĂ©e, nature viciĂ©e, conscience dĂ©voyĂ©e, Eudoxie a sa troupe d’adulateurs et prĂ©tend faire tout plier devant son autocrate et injuste volontĂ©[8]. » Elle n'hĂ©site pas Ă  se dĂ©barrasser d'Eutropius en 399 afin de dominer le faible esprit de son Ă©poux. Elle obtient alors le soutien du gĂ©nĂ©ral goth GaĂŻnas, ancien alliĂ© d'Eutropius. Mais Jean Chrysostome reçoit Eutropius et le protĂšge grĂące au droit d'asile des Ă©glises. Pourtant, Eutropius s'Ă©tant aventurĂ© hors de l'Ă©glise, est arrĂȘtĂ© et menĂ© devant Arcadius. Eudoxie le fait exiler Ă  Chypre, d'oĂč il est peu de temps aprĂšs ramenĂ© vers ChalcĂ©doine, pour y ĂȘtre jugĂ© et dĂ©capitĂ©.

Le second Ă  ĂȘtre Ă©liminĂ© est le remuant gĂ©nĂ©ral goth GaĂŻnas en 400, dont elle fait massacrer les soldats par la foule, ce qui provoque la fuite de ce dernier.

La ville de Sélymbrie en Thrace demande l'autorisation de changer son nom en Eudoxiopolis en hommage à l'impératrice. Flattée, Eudoxie leur assure une augmentation de revenus[5].

L’opposition avec Jean Chrysostome

Eudoxie scandalise les chrétiens par son luxe et son amour du faste. Elle se voit reprocher par Jean Chrysostome l'accaparement d'une somme appartenant à la veuve Callitrope et des biens d'une autre veuve : il aurait comparé l'impératrice à l'infùme reine Jézabel de l'Ancien Testament. Mais Jean Chrysostome, qui a déjà tenté de protéger Eutropius de la vengeance d'Eudoxie, se trouve en mauvaise posture à la cour.

Pour se venger, Eudoxie profite d'une controverse canonique avec ThĂ©ophile, patriarche d'Alexandrie, pour faire exiler Jean Chrysostome. En juin 403, ThĂ©ophile arrive Ă  Constantinople pour ĂȘtre jugĂ© par le patriarche de Constantinople, mais le patriarche et son entourage savent se faire apprĂ©cier de la cour et l'affaire se retourne contre Jean qui est alors dĂ©posĂ© et condamnĂ©, condamnation ratifiĂ©e par l'empereur Flavius Arcadius qui est dominĂ© par sa femme. Cependant, confrontĂ© Ă  la rĂ©action outrĂ©e de la population de Constantinople, Jean est aussitĂŽt rappelĂ© Ă  la demande de l'impĂ©ratrice[5] qui, Ă  la suite d'un mystĂ©rieux accident — une fausse couche — y voit un avertissement du Ciel. Eudoxie le fĂ©licite de ce prompt retour. Cependant, l'impĂ©ratrice ne peut souffrir la prĂ©sence d'un prĂ©lat aussi indĂ©pendant d'esprit.

Souhaitant ĂȘtre adorĂ©e comme l'empereur, elle obtient du sĂ©nat qu'une statue la reprĂ©sentant soit Ă©rigĂ©e sur le forum de la citĂ© en face de la basilique Sainte-Sophie. En septembre 403, une statue d'Eudoxie en argent, posĂ©e sur une colonne de porphyre[note 1], donne lieu Ă  des jeux de thĂ©Ăątre et Ă  des danses Ă  l'occasion de sa dĂ©dicace. Jean Chrysostome, indignĂ©, se plaint dans une homĂ©lie que ces rĂ©jouissances perturbent l'office religieux. Ses propos sont rapportĂ©s Ă  Eudoxie qui enrage. Alors que la tension avec Eudoxie est Ă  son comble, Jean se montre peu diplomate, commençant une oraison par une allusion Ă  HĂ©rodiade rĂ©clamant la tĂȘte de Jean le Baptiste : « De nouveau HĂ©rodiade est frappĂ©e de dĂ©mence. De nouveau elle danse. De nouveau elle rĂ©clame la tĂȘte de Jean sur un plat[note 2]. » L'allusion Ă  Eudoxie est trĂšs claire. Elle envoie chercher les Ă©vĂȘques opposants de Chrysostome, qui prĂ©tendent qu'il a Ă©tĂ© condamnĂ© par un concile et ne peut donc diriger l'Église. Il n'a pas la possibilitĂ© de se dĂ©fendre contre les accusations dont il est l'objet devant l'empereur, car Eudoxie s'arrange pour empĂȘcher que le patriarche rencontre l'empereur et le persuade de renoncer Ă  l'exiler. Des troubles importants secouent alors la communautĂ© chrĂ©tienne de Constantinople. Finalement, en 404, il est une deuxiĂšme fois condamnĂ© et exilĂ© Ă  Cucusus, en ArmĂ©nie.

Eudoxie meurt peu aprÚs, le 6 octobre 404 à la suite d'une seconde fausse couche[5]. Elle est enterrée dans l'église des Saints-ApÎtres prÚs des tombeaux de son époux et de son fils Théodose II.

Notes et références

Notes

  1. Un fragment de la colonne se trouvait encore dans l'Ă©glise Sainte-IrĂšne d’Istanbul au dĂ©but du XXe siĂšcle.
  2. Cette citation est rapportée par l'historien Socrate le Scolastique. Mais l'historiographie du XIXe siÚcle tend à la considérer comme apocryphe.

Références

  1. Werner 1984, p. 298.
  2. Jacques Bloeme, L'Europe avant l'an mil : Du déclin de l'Empire romain au démembrement de l'Empire carolingien, tome 2, L'harmattan.
  3. J. Gottwald 1907, p. 275.
  4. Henriette Dacier 1907, p. 56-57.
  5. Charles Le Beau, Histoire du Bas-Empire.. Tome 3, Paris, Ledoux et Tenré, (lire en ligne), p. 203.
  6. Philostorge, XI, 6.
  7. Henriette Dacier 1907, p. 56.
  8. Henriette Dacier 1907, p. 47.

Annexes

Bibliographie

  • Laurence Brottier, « L'impĂ©ratrice Eudoxie et ses enfants », Revue des Sciences Religieuses, t. 70, no 3,‎ , p. 313-332. (lire en ligne).
  • Henriette Dacier, Saint Jean Chrysostome et la femme chrĂ©tienne au IVe siĂšcle de l’Église grecque, Paris, H. Falque, , 384 p. (lire en ligne), p. 45-103.
  • J. Gottwald, « La statue de l'impĂ©ratrice Eudoxie Ă  Constantinople », Échos d'Orient, t. 10, no 66,‎ , p. 274-276. (lire en ligne).
  • Karl Ferdinand Werner, Les Origines (avant l'an Mil), Livre de Poche, coll. « Histoire de France », (rĂ©impr. 1992) (ISBN 2-253-06203-0).

Article connexe

Liens externes

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