Narsès
Narsès (arménien : Նարսես; grec : Ναρσής) (v. 478- v. 573) est un eunuque et général byzantin qui combattit sous le règne de l'empereur Justinien Ier. En 552-555, il acheva avec succès la reconquête byzantine de l'Italie entamée auparavant par le général Bélisaire.
Narsès Ναρσής | ||
Homme traditionnellement identifié comme Narsès, sur une mosaïque de la basilique de Saint-Vital à Ravenne représentant Justinien et son entourage. | ||
Naissance | v. 478 |
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Décès | |
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Origine | Arménien | |
Allégeance | Empire romain d'Orient | |
Grade | Général | |
Conflits | Guerre des Goths | |
Faits d'armes | 532 : Sédition Nika 552 : Bataille de Taginae 552 : Bataille du mont Lactarius 554 : Bataille du Volturno |
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Autres fonctions | Grand chambellan | |
Biographie
Narsès est probablement né vers 478. On sait peu de choses sur sa vie avant 530 sinon qu'il était originaire de l'Arménie perse ; on ignore en particulier les circonstances qui on fait de lui un eunuque[1]. Il passe une grande partie de sa vie dans les palais de Constantinople où il rejoint d'abord le cubiculum (appartements privés des empereurs)[2] avant de prendre le commandement des spathaires (gardes du corps).
Son intelligence et sa persévérance à surmonter sa condition humiliante lui permettent de devenir, à un âge tardif pour l'époque (presque 50 ans) le chambellan de l'empereur Justinien (au pouvoir en ) et le favori de son épouse l'impératrice Théodora. Bon connaisseur des intrigues de la cour, il avait notamment un réseau personnel d'informateurs au service de l'impératrice, en complément des fonctionnaires du palais. Son astuce, son attention aux détails et son réalisme parfois cru étaient particulièrement appréciés par cette dernière[3]. Celle-ci fait également appel à lui lorsqu'elle doit confier des missions importantes, comme l'installation du patriarche Théodose à Alexandrie en 535[4].
Son premier rôle politique majeur connu se déroule en lors de la sédition Nika. Cette année-là, il entame, avec succès, des négociations avec les rebelles de la faction « bleue » dont il achète les chefs.
Devenu l'homme de confiance de Justinien, il est envoyé en Italie afin de seconder et surveiller Bélisaire dont l'empereur se méfie. Les deux hommes s'entendent très mal, et donnent des ordres contradictoires aux officiers subalternes qui ne savent plus à qui obéir. En après la prise de la ville de Milan par les Ostrogoths, Justinien rappelle alors Narsès.
Cette semi-disgrâce dure jusqu'en quand Narsès est chargé, à 74 ans, du commandement des armées byzantines (armées comptant de nombreux mercenaires « barbares » et perses) en Italie. Ses capacités stratégiques lui permettent en trois ans (552-555) de mettre fin à la puissance des Ostrogoths.
Le roi Totila est tué en au nord de Rome sur la Via Flaminia lors de la bataille de Taginae, et son successeur Teias au pied du Vésuve lors de la bataille du mont Lactarius. Une dernière armée germanique de Francs et d'Alamans est anéantie à la bataille de Casilinum sur le Vulturne vers 554. Narsès est alors nommé gouverneur de l'Italie où il exerce le pouvoir d'un proconsul. Pendant 13 ans, il préserve l'Italie romaine des invasions et donnera asile à Gondovald, fils naturel et non reconnu de Clotaire Ier. Mais son administration rigoureuse et sa pression fiscale le rendent impopulaire.
En , la mort de Justinien marque la fin de cette brillante, quoique tardive, carrière. La femme du nouvel empereur Justin II, Sophie, lui fait envoyer une quenouille et un fuseau, ce qui est une façon méprisante de lui indiquer qu'il doit rentrer à Constantinople pour « filer la laine », par allusion à sa condition d'eunuque. Cette insulte rend Narsès furieux. Il démissionne de son poste mais reste en Italie et réside près de Naples. On l'a accusé d'avoir, lors de tractations secrètes, ouvert la frontière italienne aux Lombards vers . Il meurt vers en entrant dans Rome afin de répondre aux suppliques du pape Jean III pour défendre la ville.
Narsès est mort très âgé, sans doute à plus de 95 ans.
Narsès dans la culture moderne
Narsès est un des personnages du film d'aventure Pour la conquête de Rome I de Robert Siodmak. Le personnage est incarné par l'acteur américain Michael Dunn.
Narsès n'a que le nom de commun avec le personnage La Femme Narsès dans Électre (Jean Giraudoux).
Narsès apparait dans deux épisodes de la série télévisée française, Kaamelott (Livre I, épisode 75 ; Livre VI, épisode 4). Il est incarné par Denis Maréchal. Ce personnage ne correspond cependant pas au véritable Narsès, l'action de Kaamelott de déroulant à une époque où l'empire d'Occident est toujours debout, tandis que le Narsès historique est né deux ans après l'année conventionnelle de sa chute. Par ailleurs il est aussi fait mention dans cette série de l'empereur Justinien, accentuant l'imprécision historique du récit, faisant apparaître des personnages célèbres des Ve et VIe siècles sans distinction. Ainsi dans la série, Narsès est aussi contemporain d'Attila. L'acteur est également noir, or Narses n'était pas noir.
Annexes
Bibliographie
- L. H. Fauber, Narses, Hammer of the Goths: The Life and Times of Narses the Eunuch, St Martins Pr (1991) (ISBN 0-312-04126-8)
- Philip Rance, Narses and the Battle of Taginae (Busta Gallorum) 552: Procopius and sixth century warfare, Historia 54 (2005), 424–472.
- Paolo Cesaretti, Théodora, impératrice de Byzance, Payot, (ISBN 978-2-228-89757-0).
- Virginie Girod, Théodora, prostituée et impératrice de Byzance, Paris, Tallandier, , 300 p. (ISBN 979-10-210-1822-8).
Notes et références
- (en) Michael Edward Stewart, « The Andreios Eunuch-Commander Narses:Sign of a Decoupling of Martial Virtues and Masculinity in the Early Byzantine Empire? », Cerae: An Australasian Journal of Medieval and Early Modern Studies, (lire en ligne).
- Sidéris G., "Une société de ville capitale", p.247
- Cesaretti 2003, X, p. 193-194
- Girod 2018, V, p. 147-148