Flamenco
Le flamenco est un genre musical et une danse datant du XVIIIe qui se danse seul, créé par le peuple andalou sur la base d'un folklore populaire issu des diverses cultures qui s'épanouiront au long des siÚcles en Andalousie. Plus précisément, le Dictionnaire de l'Académie royale espagnole définit le cante flamenco comme « le chant andalou gitanisé »[alpha 1][3].
Le Flamenco *
| |
Danseuse de flamenco, John Singer Sargent, 1881-1882. | |
Pays * | Espagne |
---|---|
Liste | Liste représentative |
AnnĂ©e dâinscription | 2011 |
* Descriptif officiel UNESCO | |
Le mĂȘme dictionnaire de la langue espagnole indique que lorsqu'il est adjectif, le mot « flamenco » renvoie d'abord Ă ce qui est originaire des Flandres (ou flamand), mais qu'il sert aussi Ă qualifier « une manifestation culturelle, ou son interprĂšte, [pour dĂ©signer] son caractĂšre populaire andalou, et souvent liĂ© au peuple gitan » (sans que le lien entre ces deux acceptions de « flamand » et de « flamenco » soit prĂ©cisĂ©ment Ă©tabli). UtilisĂ© comme substantif, le mot renvoie au genre artistique qui regroupe toutes ces manifestations culturelles, aux artistes qui le portent, ainsi qu'aux traditions sociales communes et aux styles dont elles relĂšvent ou se rĂ©clament. Le dictionnaire en donne pour exemple « un flamenco Ă la voix dĂ©chirĂ©e »[alpha 2].
Ă l'origine, le flamenco consistait en un simple cante (chant) a cappella, Ă©tabli dans le triangle formĂ© par Triana Ă SĂ©ville, Jerez et Cadix. Le mot cante s'applique essentiellement au chant flamenco, car le mot habituel en espagnol pour dire « chant » est canto. Lâappellation traditionnelle du flamenco est d'ailleurs le cante jondo (ou « chant profond », variante andalouse de l'espagnol hondo). Le Dictionnaire de la langue espagnole dĂ©finit encore le cante jondo comme le « chant andalou le plus authentique, de profond sentiment »[alpha 3]. Les chanteurs et chanteuses de flamenco sont appelĂ©s cantaor ou cantaora (variante andalouse de l'espagnol cantador / -ra : « chanteur / -teuse », qui connaĂźt aussi le mot cantante pour « chanteur lyrique »).
Les claquements des mains pour accompagner ce chant s'appellent palmas, et la danse se nomme el baile (bailaor : « danseur » ; bailaora : « danseuse », termes rĂ©servĂ©s aux danseurs de flamenco, car le terme gĂ©nĂ©rique en espagnol pour « danseur » est bailarĂn au thĂ©Ăątre ou danzante dans une procession). La percussion, en plus des palmas polyrythmiques, se fait souvent avec les pieds : le zapateado, une sorte de claquettes inspirĂ©e de la danse de groupe de type traditionnel dite chacarera, toujours pratiquĂ©e dans certains pays d'AmĂ©rique latine. Comme percussion, les castagnettes, hĂ©ritage de l'antiquitĂ© romaine, sont encore parfois utilisĂ©es, suivies du mouvement des poignets. Les mains et les doigts proposent aussi des figures trĂšs travaillĂ©es et expressives appelĂ©es floreos[4]. La danse reprĂ©sente une fusion stylistique entre la chacarera, le mouvement artistique du toreo de salon, et la danse du ventre ; elle relĂšve aussi probablement, comme source lointaine, de certaines danses indiennes et arabes, peut-ĂȘtre apportĂ©es en Andalousie par le peuple gitan, lequel se trouve au cĆur de la construction culturelle que reprĂ©sente le flamenco, lui-mĂȘme partie prenante intime de l'Ăąme espagnole.
La guitare classique, dite aussi « guitare espagnole », s'apparente[alpha 4] Ă la guitare flamenca, mĂȘme si cette derniĂšre est plus fine, plus lĂ©gĂšre et rend un son plus clair, mĂ©tallique, brillant et moins veloutĂ©. La musique qui accompagne le chant ou la danse, ou qui joue seule, est nommĂ©e el toque (jeu de guitare essentiellement, mĂȘme si aujourd'hui, dans le nouveau flamenco, on trouve aussi du piano et d'autres instruments[alpha 5]). Le musicien de flamenco est appelĂ© tocaor, par dĂ©formation dialectale andalouse de l'espagnol tocador (joueur de guitare, musicien). Ă l'Ă©poque contemporaine, la percussion se fait souvent aussi avec le cajĂłn, instrument des musiques traditionnelles pĂ©ruviennes depuis le XVIIIe siĂšcle ; celui-ci fut rapportĂ© du PĂ©rou par Paco de LucĂa.
Le flamenco a été inscrit par l'UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l'humanité le , à l'initiative des Communautés autonomes d'Andalousie, d'Estrémadure et de Murcie.
Ătymologie
Il existe de nombreuses théories concernant la genÚse exacte du terme « flamenco ».
Blas Infante, dans son livre OrĂgenes de lo Flamenco y Secreto del Cante Jondo (1929-1933)[5], dĂ©fendait l'hypothĂšse que le mot « flamenco » dĂ©rivait des termes arabes felah-menkoub, qui, associĂ©s, signifient « paysan errant ». Il reprenait une terminologie dĂ©jĂ proposĂ©e Ă partir du mot fallah, et dĂ©clinĂ©e aussi en felahikum ou felagmenku. Cependant les flamencologues ont rejetĂ© cette thĂšse, remarquant que le mot « flamenco » n'est apparu qu'au XIXe siĂšcle Ă une Ă©poque oĂč l'influence arabe sur la langue espagnole avait disparu[6].
Une autre thĂ©orie affirme que le flamenco Ă©tait le nom dâun couteau ou dâun poignard. Dans la saynĂšte El Soldado FanfarrĂłn, Ă©crite par GonzĂĄlez del Castillo au XVIIIe siĂšcle, on peut lire : El melitar, que sacĂł para mi esposo, un flamenco (« Le militaire, qui sortit pour mon Ă©poux, un flamenco »). Dans une autre copla (chanson) reprise par Francisco RodrĂguez MarĂn, il dit : Si me sâajuma er pescao (« Si le poisson brĂ»le) / y desenvaino er flamenco (« et si je dĂ©gaine mon flamenco) / con cuarenta puñalĂĄs (« avec 40 coups de poignard ») / se iba a rematar el cuento (« l'histoire allait se terminer »). Cependant, cette hypothĂšse ne sâest jamais fait une place.
LâhypothĂšse selon laquelle le nom avait Ă©tĂ© donnĂ© au genre pour lâoiseau appelĂ© flamenco (flamant rose) est due Ă RodrĂguez MarĂn. Il justifia sa position en argumentant que les chanteurs interprĂ©taient le chant avec une veste courte, quâils Ă©taient grands et brisĂ©s Ă la taille. CâĂ©tait la raison majeure pour laquelle ils ressemblaient Ă lâĂ©chassier du mĂȘme nom.
De mĂȘme que les prĂ©cĂ©dentes, l'hypothĂšse Ă©mise par des experts tels que HipĂłlito Rossy ou Carlos Almendro dans laquelle on affirme que nous devons le mot flamenco Ă la musique polyphonique de lâEspagne au XVIe siĂšcle qui se serait dĂ©veloppĂ©e sous l'influence des Pays-Bas, câest-Ă -dire, avec les anciennes Flandres (Flamenco Ă©tant la traduction espagnole de Flamand), nâa toujours pas Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©e. Cette thĂ©orie fut Ă©galement dĂ©fendue, bien que nuancĂ©e, par le voyageur romantique George Borrow et par Hugo Schuchard, entre autres. Selon ces Ă©crivains-lĂ , on croyait dans le passĂ© que les Gitans Ă©taient dâorigine germanique. Cela explique la raison pour laquelle ils auraient pu ĂȘtre appelĂ©s Flamencos.
Ce surnom de Flamencos pourrait venir aussi de ce que nombre de Gitans ont servi dans l'armée des Flandres[7].
Enfin, il existe deux hypothĂšses moins engagĂ©es. Antonio Machado Ălvarez, surnommĂ© DemĂłfilo, Ă©crit que « les Gitans appellent les Andalous gachĂłs et que ceux-ci appellent les Gitans ironiquement flamencos (flamands en français), le prototype des blonds, selon eux, en opposition Ă leur couleur de peau « noiraude[8] ».
Manuel GarcĂa Matos, quant Ă lui, affirme : « Flamenco provient de lâargot employĂ© Ă la fin du XVIIIe siĂšcle et au dĂ©but du XIXe siĂšcle pour cataloguer tout ce qui signifie ostentatoire, prĂ©tentieux ou fanfaron ou, comme nous pourrions le dĂ©terminer dâune façon trĂšs andalouse, echaâo pâalante (« "echado para adelante", lancĂ© en avant » ; la non-prononciation des consonnes est une caractĂ©ristique de l'accent du Sud de l'Espagne. » Pour ce mĂȘme auteur, ce serait un mot germanique qui signifierait « flamboyant », « ardent[9] ».
Histoire
Origines et influences
Fichier audio | |
Tango_de_triana | |
Tango traditionnel de Triana. | |
Des difficultés à utiliser ces médias ? | |
---|---|
Le flamenco, selon certains auteurs, trouverait son origine dans trois cultures : arabo-musulmane, juive et andalouse chrĂ©tienne. L'origine arabo-musulmane est dĂ©montrĂ©e. En dĂ©pit de la prĂ©conisation par les conquĂ©rants BerbĂšres almohades de l'orthodoxie religieuse, ils ont importĂ© avec eux l'art du flamenco. L'origine de cette musique doit aussi ĂȘtre recherchĂ©e dans l'ethnologie du peuple qui l'a conservĂ©e et transmise, c'est-Ă -dire le peuple gitan. Les Gitans, originaires de l'Inde, ont conservĂ© de larges franges de leur culture d'origine, Ă savoir la langue (le calĂł) et la musique. Une Ă©tude comparative de la danse indienne (bharata natyam, mudrÄ et surtout kathak) et de la danse flamenca (par exemple celle de Carmen Amaya) permet de dĂ©gager des similitudes exactes.. L'influence africaine sur la genĂšse du flamenco, par le biais des personnes d'Afrique subsaharienne esclavagĂ©es et de leurs descendants, prĂ©sents en Andalousie dĂšs le XVe siĂšcle, est Ă©galement attestĂ©e[10].
ExégÚtes, musicologues et chercheurs s'accordent à penser aujourd'hui que Triana, un quartier de Séville, est le berceau du flamenco. C'est en effet dans cette ville que des poÚtes et des musiciens trouvÚrent refuge vers le XVIe siÚcle. D'autres sources, telle la bibliothÚque de Séville, font remonter la venue de troubadours « réfugiés » en raison de persécutions au XIIIe siÚcle.
Il est souvent dit que le flamenco est né des Gitans[11]. Ce qui, comme le souligne Michel Dieuzaide n'est pas tout à fait exact, et de nuancer : « Le flamenco ne se confond pas avec les Gitans, il s'en faut ; les payos (ou gadgé pour les Roms), y jouent un rÎle important, mais les Gitans lui donnent son style. » Certains historiens considÚrent que les Gitans, par nomadisme, ont fortement contribué à la diffusion du flamenco en arrivant en Espagne, au début du XVe siÚcle. Ils ne furent pas seulement les diffuseurs de cet art, mais les importateurs de la sémantique flamenca, dont la source est indienne, aussi bien pour la danse que pour la musique[12].
Selon certains musicologues, les Gitans intégrÚrent les diverses sonorités musulmanes, telles que nous pouvons encore les entendre de nos jours avec Abdelkrim Raïs, tout en en modifiant le rythme. Mais il se pourrait que le mimétisme ait opéré en sens contraire, et que le flamenco, devenu populaire en Espagne, ait influencé la culture arabe qui en a reproduit les intonations. Il est en effet connu que le monde arabe a exercé une vive influence en Espagne, à la fois par ses auteurs, penseurs et musiciens : les meilleurs locuteurs arabophones au XVIe siÚcle étaient, du moins l'affirme l'historien Ibn Khaldoun, les Andalous. Ainsi, c'est en Espagne que le monde musulman a eu ses meilleurs philosophes et penseurs. La musique flamenca, produit typique de la terre d'Espagne, exerça son influence en terre d'Islam lors des exils dus au décret de l'Alhambra[13]. Il convient donc légitimement de s'interroger : qui influence qui dans l'élaboration d'un art, et ne point passer sous silence l'influence indienne directe qui conditionne la culture gitane.
Les Gitans s'inspirent Ă©galement des cantiques liturgiques chrĂ©tiens mozarabes, ou « rites mozarabes », dont la prĂ©sence est attestĂ©e dĂšs le dĂ©but du IXe siĂšcle[14]. Ces liturgies seront remplacĂ©es (pour ne pas dire interdites) vers le dĂ©but du XIe siĂšcle par les papes qui se succĂ©deront, ainsi que par les rois de Castille et d'Aragon. Elles seront de nouveau autorisĂ©es au XVIe siĂšcle par l'Ă©vĂȘque Cisneros de la cathĂ©drale de TolĂšde, qui voit lĂ une bonne façon de ramener au bercail les « infidĂšles ». Le mozarabe apparaĂźt pleinement dans la poĂ©sie des troubadours appelĂ©e muwachchaha, terme que l'on retrouve dĂ©formĂ© dans la langue Rom sous la forme muvaachaha.
Enfin, la profonde sensibilité musicale des Gitans puiserait également dans la douceur, l'exil et la tristesse des berceuses des mÚres juives (à confirmer).
Proto-flamenco
Il est trĂšs difficile de dĂ©terminer avant le XVIIIe siĂšcle, comment Ă©tait reprĂ©sentĂ© l'« ancĂȘtre » du flamenco. Des piĂšces de musique du XVIe siĂšcle (nĂ©es vers 930-960) et ayant circulĂ© dans le sud de l'Europe, Corse, Andalousie, et dans les Pays catalans, telles les Cant de la sibilla â tout en Ă©tant d'ailleurs interdites par l'Ăglise catholique romaine â peuvent nous donner une idĂ©e des sonoritĂ©s arabo-andalouses, qui composaient les voix et la couleur sonore des instruments de cette Ă©poque.
Ă cĂŽtĂ© des instruments traditionnels utilisĂ©s, un seul d'entre eux semble ne pas avoir changĂ©. Il s'agit du rabĂąb, ancienne viĂšle Ă deux cordes en boyau de mouton, dont on tire les sons avec un archet en crin de cheval. Le son mĂ©lodieux de cet instrument peut, sans autres prĂ©cisions, d'aprĂšs le musicologue Garcia Matos, avoir Ă©tĂ© utilisĂ© pour accompagner ceux que nous pouvons nommer les « premiers » cantaores (en espagnol, le mot « chanteur » se dit normalement cantante ; mais pour le flamenco, on utilise le terme spĂ©cifique de cantaor). Il semblerait que la mandoline ait pu ĂȘtre utilisĂ©e, mais ce, sans autre forme de prĂ©cision notable, si ce n'est quelques photographies anciennes datĂ©es des annĂ©es 1900.
Reconnaissance
Ă la fin du XVIIe et au dĂ©but du XVIIIe, le flamenco commence Ă ĂȘtre reconnu et revendiquĂ© par les exclus et les dĂ©shĂ©ritĂ©s. Le chant seul, comme dans la tonĂ , servait Ă dissimuler des remarques et critiques d'ordre politique. Ce n'est qu'au milieu du XVIIIe et au XIXe siĂšcle, que ce dernier commencera Ă ĂȘtre reconnu, et Ă avoir un rĂŽle social et culturel, qui s'exprimera d'abord dans les lieux de travail, entre amis, ou dans les rĂ©unions familiales. Il est parfois Ă©crit que le flamenco fut popularisĂ© Ă la fin du XVIIIe siĂšcle Ă Jerez de la Frontera en Andalousie, par TĂo Luis el de la Juliana. C'est en transportant de l'eau depuis la source des Albarizones jusquâĂ Jerez que le cantaor crĂ©ait ses chants. Son nom est Ă l'origine de nombreux conflits entre les flamencologues dâantan, car sa biographie nâa jamais pu faire lâobjet dâun consensus.
{Aujourdâhui, cette discussion nâa plus la mĂȘme perfection, car il est toujours impossible de dĂ©montrer le fait mĂȘme quâil ait existĂ©}.
C'est Ă Triana, que s'ouvriront les premiers cafĂ©s cantantes, ancĂȘtres des cafĂ©s-concerts. En 1881, Silverio Franconetti ouvre Ă SĂ©ville le premier cafĂ© chantant consacrĂ© au seul flamenco. Mais le succĂšs du flamenco a aussi son revers. Il perdra dans les annĂ©es 1920, jusque vers 1950 â date de son renouveau â son Ăąme. MĂȘlĂ© Ă un pseudo folklore de « bas Ă©tage », il ne servira qu'Ă plaire Ă un public toujours plus nombreux, Ă la recherche de trivialitĂ©s.
Il faudra attendre les années 1950 afin que soit entrepris un travail important pour faire découvrir aux amateurs les plus belles et vibrantes pages du flamenco passé, notamment par la premiÚre grande anthologie éditée par Ducretet-Thomson qui obtint le prix Charles-Cros en 1956. Mario Bois propose en 1985 au Chant du Monde de créer une anthologie. Les archives discographiques des plus grands interprÚtes couvrent une vingtaine de volumes. Pour ce dernier, le travail a été trÚs difficile : « Comment trouver cette musique dans le labyrinthe de l'édition ? On peut dire que 80 % de ce que l'on entend est médiocre, 15 % est de « bonne volonté », mais le reste, rarissime, est d'une force, d'une flamboyance fascinantes. »
Aujourd'hui
De nos jours, pour ce qui est de l'enseignement, des Ă©coles prestigieuses, des acadĂ©mies â Jerez, SĂ©ville, Grenade entre autres â, donnent Ă cette musique une place trĂšs importante. Ce qui fait dire Ă Sophie Galland, dans Le Courrier (no 66, janvier 1993) : « Il renferme aussi et surtout les trois mĂ©moires de l'Andalousie, mĂȘlĂ©es de façon inextricable : la musulmane, savante et raffinĂ©e ; la juive, pathĂ©tique et tendre ; la gitane enfin, rythmique et populaire. »
Le flamenco peut ĂȘtre pratiquĂ© dans les terrasses de cafĂ©s ou bars espagnols (Illa d'Or, Puerto Pollensa)[15]. Il existe aussi de nombreuses initiations pour enfants, ce qui n'Ă©tait pas le cas auparavant, cela Ă©tant plus ou moins rĂ©servĂ© aux adultes en tant que danse de l'amour, en raison du mouvement collĂ© et de la vivacitĂ© des gestes effectuĂ©s.
Une Ă©volution de la musique flamenca, menĂ©e par la gĂ©nĂ©ration hĂ©ritiĂšre de la rĂ©volution espagnole, crĂ©e le flamenco nuevo (littĂ©ralement « nouveau flamenco ») initiĂ© par Paco de LucĂa et CamarĂłn de la Isla. MĂ©langeant le flamenco traditionnel Ă des courants musicaux des XXe et XXIe siĂšcles tels que la rumba, la pop, le rock, le jazz ou encore les musiques Ă©lectroniques, il est une nouvelle Ă©tape dans le processus d'universalisation que vit le flamenco depuis le dĂ©but des annĂ©es 1970.
Dimension socio-historique
Les Gitans, aprĂšs avoir Ă©tĂ© chassĂ©s dâInde, fuient vers la Perse, la Syrie et lâArabie. Cet exode les conduit donc sur la cĂŽte mĂ©diterranĂ©enne par lâĂgypte et lâAfrique du Nord dâoĂč ils gagnent lâEspagne au XVe siĂšcle. Ils y arrivent en 1425, et le roi Alphonse V dâAragon se montre magnanime. Cependant, les Rois catholiques vont adopter envers eux une politique diffĂ©rente. Comme les Morisques et les Juifs, les Gitans connaissent une persĂ©cution implacable[16], mais ils ne seront pas chassĂ©s dâEspagne. Ils cohabitent alors dans le sud avec Morisques et Andalous, Ă©changeant coutumes et chants, partageant la misĂšre et le mĂ©pris dont ils sont victimes. Ils ont lâobligation impĂ©rieuse de sâadapter aux lois du pays et de sâintĂ©grer au milieu chrĂ©tien, mais cette intĂ©gration ne sera que sĂ©lective et partielle. AprĂšs des lois crĂ©Ă©es dans le but dâexpulser les Gitans dâEspagne Ă partir de 1484, par le Conseil de CastellĂłn et par la pragmatique de Medina del Campo des Rois Catholiques, en 1499, qui officialise et systĂ©matise la marginalisation du Gitan[17], le roi Charles III va promulguer, en 1783, une « amnistie » dont les effets rĂ©els resteront cependant bien limitĂ©s[alpha 6]. Le but est de tenter une assimilation des Gitans afin dâeffacer, Ă terme, leur identitĂ©. LâĂtat interdira que les Gitans soient appelĂ©s ainsi et fera tout pour quâeux-mĂȘmes cessent de se sentir Gitans. En dĂ©pit des contraintes qui perdurent, Ă partir du XIXe siĂšcle, le flamenco et la tauromachie ont aidĂ© ce peuple Ă survivre en lui offrant un domaine dâexpression et dâaffirmation de ses valeurs, de sa libertĂ© et de son honneur. Les Gitans cessent ainsi progressivement de vivre en nomades et sâĂ©tablissent peu Ă peu dans les foyers urbains de SĂ©ville, dans le quartier de Triana, Ă Grenade, dans le quartier de Sacromonte Ă Jerez, dans les quartiers de Santiago et Santa MarĂa. Se trouvent ainsi associĂ©s en Andalousie : les Gitans, le flamenco et le toreo.
Le flamenco, considĂ©rĂ© Ă la fois comme un acte de crĂ©ation et un spectacle, prĂ©sentait aux yeux des tenants de lâordre moral et religieux un grave pĂ©ril, une incitation Ă la dĂ©bauche quâil fallait interdire. Dâautre part, la profonde originalitĂ© et le caractĂšre totalement novateur du flamenco faisaient de lui une arme particuliĂšrement redoutable et subversive dont il fallait se protĂ©ger. Pour ces diverses raisons, le flamenco a Ă©tĂ© menacĂ© dĂšs son apparition et marginalisĂ© jusquâau XIXe siĂšcle. LâĂtat change alors de tactique devant la force de rĂ©sistance du rituel populaire et il sâefforce de le canaliser en le contrĂŽlant de lâintĂ©rieur. Câest le moment de lâapparition de normes strictes avec lesquelles le chant flamenco sâaffirme au grand jour. Il sâagit de le domestiquer en le dĂ©plaçant des rues, des places, des tavernes, des gorges et des prisons vers des lieux spĂ©cialisĂ©s. Câest alors que le flamenco passe sur la scĂšne des cafĂ©s-concerts et que Silverio Franconetti classe et rĂ©pertorie ses diffĂ©rents styles et modes dâexpression. Avant dâĂȘtre admirĂ©e et intĂ©grĂ©e, la culture populaire andalouse sera donc jugĂ©e subversive, Ćuvre dâune classe pouilleuse. Ceux-ci constituent en quelque sorte un symbole dâautonomie culturelle, une revendication de la libertĂ© et, en consĂ©quence, une rĂ©futation du programme de despotisme Ă©clairĂ© fondĂ© avant tout sur lâobĂ©issance civique. Le flamenco et la tauromachie, en vertu de leur caractĂšre ostentatoire, mais aussi en raison dâun public constituĂ© de prolĂ©taires, de paysans et de marginaux, prĂ©sentaient finalement les conditions idĂ©ales pour servir de bouc Ă©missaire Ă des intellectuels amers et dĂ©senchantĂ©s par les Ă©checs politiques, militaires, Ă©conomiques et sociaux de cette fin de siĂšcle qui annonçait des lendemains difficiles pour lâEspagne.
Aujourdâhui, quâil sâagisse de simple exotisme ou de prise de conscience vĂ©ritable, la culture populaire andalouse est en voie de rĂ©habilitation aux yeux de lâEspagne moderne. Elle est mĂȘme revendiquĂ©e comme Ă©lĂ©ment constitutif de lâidentitĂ© nationale. Câest dans les annĂ©es 1920 que se produit cette forte Ă©volution des mentalitĂ©s. En effet, les intellectuels espagnols cessent alors progressivement de vouloir Ă©dicter les normes dâune culture pour le peuple. Tout au contraire, ils se mettent Ă son Ă©coute et sâen inspirent. Federico GarcĂa Lorca revalorisera mĂȘme cette culture populaire andalouse qui peut servir alors dâĂ©lĂ©ment contestataire dans une nouvelle Ă©poque de rĂ©pression et de censure des libertĂ©s, comme le fut plus tard lâĂšre du franquisme. Le flamenco a Ă©galement Ă©tĂ© intĂ©grĂ© dans le cinĂ©ma, en particulier dans la trilogie de Carlos Saura et Antonio Gades : Noces de sang, Carmen, L'Amour sorcier. On passe ainsi Ă une vĂ©ritable sublimation dâune culture qui cesse dâĂȘtre cantonnĂ©e au cadre purement local pour ĂȘtre revendiquĂ©e au plan national, voire universel. DĂšs lors, le flamenco est intĂ©grĂ© dans le circuit production/consommation, ou encore dans le star system, qui nâont rien Ă voir avec sa philosophie de base et ses finalitĂ©s. LâaltĂ©ration des valeurs originelles a Ă©tĂ© le prix Ă payer pour la survie de ce quâUnamuno appelle encore au XXe siĂšcle « une sombre religion ». Le chanteur ou le danseur, intĂ©grĂ©s eux aussi dans la sociĂ©tĂ© qui les avait marginalisĂ©s, ne peuvent plus ĂȘtre que les dĂ©positaires plus ou moins authentiques dâun patrimoine culturel ancestral. Le professionnalisme, la demande et la mode, le besoin dâexotisme ont banalisĂ© lâexpression. Câest tout un mode dâĂȘtre, une vision du monde, une culture donc, qui sâest transformĂ©e avec le temps et lâHistoire et qui doit obstinĂ©ment protĂ©ger son identitĂ© et son intĂ©gritĂ©[18].
Lâhistoire de lâAndalousie, et celle du flamenco, câest aussi, jusquâĂ maintenant, lâhistoire dâune tentative partiellement manquĂ©e de passage du local Ă lâuniversel. EmpĂȘtrĂ©s dans le local, les Andalous ont sacrifiĂ© Ă la demande touristique qui leur Ă©tait faite : du local, de la couleur locale, encore et toujours. Depuis le XVIIIe siĂšcle et jusquâen 1960, peuple de faible Ă©migration, les Andalous sont souvent restĂ©s chez eux, Ă la diffĂ©rence des Basques, des Galiciens ou des Catalans ; leur confrontation avec le monde extĂ©rieur est restĂ©e faible. La vie andalouse sâĂ©tait ralentie. La gracia ne se nourrissait plus dâapports Ă©trangers. DerriĂšre le sang vif, derriĂšre lâĆil vif des Andalous, peu dâĂ©changes. Alors, lâouverture se fait par aspiration de cultures Ă©trangĂšres. Selon FrĂ©dĂ©ric Deval[19], câest parfois Ă lâĂ©tranger que les crĂ©ateurs andalous sont, depuis 1936, allĂ©s renouveler leur inspiration : Lorca Ă New York, Rafael Alberti Ă Buenos Aires puis Ă Rome, Manuel Angeles Ortiz Ă Paris, Manuel de Falla en Argentine, Pablo Picasso en France[20]âŠ
Dimension philosophique
Au carrefour de lâOrient et de lâOccident, le flamenco est le fruit dâun syncrĂ©tisme qui dĂ©passe le cadre purement culturel pour atteindre le domaine de la philosophie. Il est un formidable moyen de communication et dâexpression de lâessence et de lâexistence de lâhomme andalou, il constitue lâaffirmation dâun mode dâĂȘtre, de penser et de voir le monde.
« Ătre flamenco » devient en soi un mode de vie. Le monde qui sâoffre Ă lâexpression flamenca est fait de tensions et de violences, de passion et dâangoisses, de forts contrastes et dâoppositions qui engendrent le cri du retour aux origines, cri primal et cri de la mĂ©moire. Le cante jondo nâest pas un folklore ordinaire mais un art populaire, une expression Ă dimension universelle accessible Ă tous en dĂ©pit de son hermĂ©tisme apparent. Au-delĂ de sa complexitĂ© rĂ©elle, il reprĂ©sente le chant en soi, vrai, dĂ©pouillĂ© ; une expression musicale Ă vivre de trĂšs prĂšs, avec le cĆur, loin des artifices et des opĂ©rations intellectuelles. Art populaire, le cante jondo obĂ©it Ă une esthĂ©tique qui est celle de la vie dans ce quâelle a de plus authentique. Toutefois, dans le flamenco, seul le cante jondo atteint vĂ©ritablement ce registre de lâart qui va au-delĂ du folklore. Le reste du rĂ©pertoire nâatteint pas les catĂ©gories du fondamental et de lâuniversel. HĂ©tĂ©rogĂšne par ses origines, son dĂ©veloppement et ses finalitĂ©s, le flamenco possĂšde une dimension Ă la fois individuelle et collective : parcours initiatique liĂ© Ă la quĂȘte identitaire personnelle, il est aussi lâacte social qui rĂ©introduit lâindividu dans le groupe. Ă ce titre, lâart populaire andalou, quâil sâagisse du flamenco ou de la tauromachie, met en exergue ce paradoxe de lâAndalou jaloux de son indĂ©pendance et de sa libertĂ© dans une sociĂ©tĂ© oĂč tout acte pourtant est communiel et communautaire. En fait, le flamenco, et tout spĂ©cialement le cante jondo, celui des origines, permet de se situer « au-delà » : Ă lâextĂ©rieur du « moi », dans le passĂ© tout en restant « en deçà » : Ă lâintĂ©rieur, dans lâintimitĂ© du « moi », dans le prĂ©sent. Cette dialectique permet de recrĂ©er une unitĂ© projetable sur un futur et un avenir sans cesse Ă conquĂ©rir[18].
Lâart partage avec le sacrĂ© dâĂȘtre une permanente passerelle entre le dedans de soi et lâau-dehors, entre notre for intĂ©rieur et le forum extĂ©rieur du monde sensible. Trop introverti, notre regard nombrilisĂ© ne voit plus les autres ; trop extraverti, notre Ćil papillonnant nous rend sourds aux voix profondes de notre conscience et de notre intuition[20], voire aux presciences Ă©mergeant furtivement de notre inconscient par Ă©clats de symboles chiffrĂ©s[alpha 7] confĂ©rant au flamenco, par le truchement de l'expĂ©rience poĂ©tique du duende, son statut vĂ©ritablement anthropologique selon le psychanalyste espagnol Ignacio GĂĄrate MartĂnez[22]. FrĂ©dĂ©ric Deval exprime ainsi le risque paradoxal que son grand succĂšs fait courir au flamenco, dans la tension continue entre le flamenco comme spectacle et comme culture mondialisĂ©e en quĂȘte d'authenticitĂ© d'un cĂŽtĂ©, et le flamenco comme art de vivre de l'autre, seul garant de cette authenticitĂ© menacĂ©e justement par la quĂȘte (non enracinĂ©e) dont elle fait l'objet :
« Le flamenco vit depuis quelques dĂ©cennies un paradoxe, que connaissent nombre de musiques de tradition orale : plus le public international en vient Ă apprĂ©cier la spĂ©cificitĂ© de la culture flamenca, plus lâĂ©nergie que le flamenco est capable de projeter va diminuant en Andalousie et en Espagne, et plus se rarĂ©fient les conditions sociologiques de sa transmission comme façon dâĂȘtre (forma de ser). Or, la forma de ser du flamenco, en musique et hors musique, est prĂ©cisĂ©ment ce qui intĂ©resse le plus, Ă lâextĂ©rieur de lâEspagne, les musiciens, les compositeurs, les musicologues, les essayistes. Peut-ĂȘtre parce que les sociĂ©tĂ©s industrielles parviennent si peu Ă crĂ©er des formas de ser et des valeurs similaires Ă celles que la culture flamenca est parvenue Ă crĂ©er. Ces sources profondes de lâesthĂ©tique flamenca ont Ă©tĂ© perçues par des gens comme Georges Hilaire comme le vrai trĂ©sor, par delĂ la richesse formelle des musiques et des danses flamencas ; Pedro BacĂĄn disait que le flamenco Ă©tait un moyen, et non une fin : que sa plus haute finalitĂ© Ă©tait un ĂȘtre-ensemble dâune qualitĂ© hors pair. On retrouve ici la contradiction entre le flamenco comme communautĂ©, et le flamenco comme musique. Le marchĂ© international, lui, ne sây trompe pas : il fait pression pour que le flamenco soit avant tout un matĂ©riau musical et une finalitĂ© en tant que matĂ©riau musical. Sur la question du matĂ©riau musical, il y a en partie convergence entre le marchĂ© et les musiciens-passeurs. LĂ oĂč ils vont diffĂ©rer, câest sur la question de lâĂȘtre-ensemble. Mais les mĂ©tamorphoses esthĂ©tiques sont imprĂ©visibles. Lâune des clefs, dans le cas du flamenco, rĂ©side dans le nouveau public international : car il existe aujourdâhui un public exigeant en Europe, en AmĂ©rique, au Japon, qui recherche prĂ©cisĂ©ment ce que le flamenco a de spĂ©cifique ; câest ce qui pourrait indiquer que le flamenco continuera Ă livrer sa dĂ©ploration tragique et festive Ă une communautĂ© dâun nouveau type, en dĂ©pit de la distance, et avec un langage qui assimile davantage quâil ne se laisse assimiler, ceux-lĂ auront raison. Si, au contraire, la totalitĂ© de lâidentitĂ© flamenca se dilue dans dâautres matĂ©riaux, alors on devra considĂ©rer quâen sâincorporant comme simple ingrĂ©dient Ă dâautres rĂ©alitĂ©s musicales, le flamenco aura disparu comme tel[1] - [2]. »
Les Andalous et les Gitans partagent quelquefois les mĂȘmes valeurs et prĂ©sentent un certain nombre de traits particuliers communs, parmi lesquels on peut dĂ©tacher la gĂ©nĂ©rositĂ©, lâhospitalitĂ©, une religiositĂ© â ou une forme de paganisme â particuliĂšre, le culte de lâhonneur, du courage, voire dâun certain machisme, la facultĂ© de vivre au prĂ©sent et le sens de la fĂȘte. Ces points communs ont facilitĂ© une sorte dâosmose gitano-andalouse et provoquĂ© lâapparition dâune sorte de philosophie flamenca. Ils sâappliquent aussi Ă un art de vivre, Ă une façon de se comporter dans toutes les circonstances de lâexistence, Ă un ensemble de rĂ©actions ou dâattitudes parmi lesquelles dominent la prodigalitĂ©, la sensibilitĂ© Ă fleur de peau, lâamour effrĂ©nĂ© du paroxysme, le mĂ©pris des contingences et des valeurs matĂ©rielles[23].
Lexique
ÂĄOle!
Ce mot s'écrit parfois aussi en espagnol : ¥Olé! ce qui a pour effet de déplacer l'accent tonique sur la derniÚre voyelle, sinon c'est habituellement le « o » qui est accentué (les deux prononciations et les deux orthographes se rencontrent fréquemment, en alternance). Le mot est souvent traduit dans les dictionnaires par « Bravo ! », mais ole a une acception plus large que cet équivalent français, si bien qu'il est généralement repris directement en français comme une expression intraduisible donnant lieu à un emprunt lexical, à l'instar du duende (voir section suivante), du spleen anglais, du blues, du swing et du feeling afro-américains, ou de la saudade luso-brésilienne[24].
Cette interjection expressive espagnole est utilisĂ©e pour manifester lâenthousiasme et lâadmiration ou tout simplement pour encourager les artistes lors dâun spectacle. Elle est utilisĂ©e pendant les corridas ainsi que dans lâunivers du flamenco, oĂč la participation du public, et notamment des aficionados, anime le spectacle selon le jaleo, terme consacrĂ© Ă ces manifestations de partage (voir le glossaire du flamenco pour sa dĂ©finition).
Selon Adolfo Salazar, lâinterjection expressive ÂĄole!, avec laquelle on encourage les cantaores (chanteurs), tocaores (musiciens) et bailaores (danseurs) andalous, peut provenir du verbe hĂ©breu oleh, qui signifie « tirer vers le haut », mettant en Ă©vidence que les derviches tourneurs de Tunis dansent eux aussi en faisant des tours au son rĂ©pĂ©tĂ© de ole ou joleh. Dans le mĂȘme sens, il paraĂźt pointer lâusage du vocable arza, qui est la maniĂšre dialectale andalouse de prononcer le mot Ă lâimpĂ©ratif Alza (« LĂšve-toi ! »), avec lâĂ©galisation andalouse caractĂ©ristique des /l/ et /r/ en position implosive et finale. Lâemploi indiffĂ©renciĂ© des termes ÂĄarza! et ÂĄole! au moment dâacclamer et de stimuler les chanteurs et les danseurs de flamenco, permet de les considĂ©rer comme synonymes.
Mais lâorigine la plus Ă©vidente de ce mot semble se trouver dans le calĂł (le parler gitan) avec lâinterjection : OlĂĄ, qui signifie : « Viens » (Ă ne pas confondre avec le salut espagnol : ÂĄhola!, ni avec le vocable directement passĂ© en français de « la ola », la vague). De mĂȘme, ce mot de olĂĄ est connu en Andalousie comme signal de la battue lors de la chasse, câest-Ă -dire lâaction de « faire lever et rabattre » qui consiste à « mettre en fuite le gibier par des cris, des tirs, des coups ou du bruit, pour quâil lĂšve ».
En marge de lâorigine et du sens de lâexpression ÂĄole!, il existe un type de chanson populaire andalouse ainsi appelĂ©e en raison de la rĂ©pĂ©tition caractĂ©ristique de ce mot. Manuel de Falla sâest inspirĂ© de ce type de chanson dans certains passages du second acte de son opĂ©ra La vida breve (La Vie brĂšve).
Une autre hypothĂšse pour lâorigine et le sens de cette interjection, ÂĄole!, est proposĂ©e par M. Agalarrondo[25] : selon lui lâEspagne, et particuliĂšrement lâAndalousie, ont Ă©tĂ© fortement marquĂ©es par la civilisation arabe lors de la Reconquista de 711 Ă 1492, et de nombreux mots de la langue espagnole trouvent ainsi leur origine dans la langue arabe. Pour lui, câest le cas de ole qui viendrait en fait de wallah qui veut dire « Par Allah » et qui est la dĂ©monstration de lâĂ©merveillement, de lâĂ©tonnement, et mĂȘme de l'enthousiasme ressenti Ă l'approche du divin, comme lorsqu'on est touchĂ© par la GrĂące (au sens du concept thĂ©ologique appartenant Ă la symbolique chrĂ©tienne). Cette hypothĂšse Ă©tymologique pour le mot ole est d'ailleurs reprise par GarcĂa Lorca dans sa confĂ©rence sur le thĂšme du duende, dont il sera question dans les deux sections suivantes (cf. notamment la section : ÂĄOle! et le duende sont liĂ©s dans la « liturgie » flamenca).
Le duende
La notion de duende trouve sa source dans la culture populaire hispanique (dâabord dans les anciennes traditions relevant de la superstition domestique) puis, plus rĂ©cemment et plus prĂ©cisĂ©ment, dans le cante flamenco et la tauromachie qui la lui a empruntĂ©e.
Selon le Dictionnaire de lâAcadĂ©mie royale dâEspagne (en 1956), le duende en Andalousie est un « enchantement (un charme) mystĂ©rieux et ineffable », un « charisme » que les Gitans dĂ©signent par ce terme de duende. « Charisme » aux deux sens, premier (biblique) et second (psycho-social), du terme : 1. charisme : « GrĂące imprĂ©visible et passagĂšre accordĂ©e par Dieu en JĂ©sus-Christ, donnant le pouvoir temporaire de rĂ©aliser des exploits miraculeux », et aussi 2. charisme : « Inspiration donnant un prestige et un ascendant extraordinaire Ă un chef, un artiste, un performeur. » Dans lâimaginaire du flamenco, le duende va donc bien au-delĂ de la technique et de lâinspiration.
Quand un artiste flamenco fait lâexpĂ©rience de la survenue de ce mystĂ©rieux enchantement, on emploie les expressions tener duende (avoir du duende, ou possĂ©der le duende) ou bien cantar, tocar o bailar con duende (chanter, jouer ou danser avec le duende). On est proche ici des notions d'envoĂ»tement, de possession, de transe. Initialement, le terme duende Ă©voquait le lutin, dĂ©signant dans la mythologie populaire les dĂ©mons domestiques ou trasgos (pour le Dictionnaire de l'AcadĂ©mie royale espagnole en 1732). Le mot Ă l'Ă©poque, dans son sens premier donc, provenait du dominus latin (maĂźtre, seigneur [de la maison : domus] Ă©tymologie qu'on retrouve dans le français « dominer ») lequel a donnĂ© en espagnol : dueño de la casa, puis duen de la casa : maĂźtre de la maison.
Federico GarcĂa Lorca, dans sa confĂ©rence TeorĂa y juego del duende (ThĂ©orie et jeu du duende, reprise par Ignacio GĂĄrate MartĂnez) rĂ©unit les deux sens du terme (le lutin et la transe) et confirme ce caractĂšre ineffable du duende, mais aussi quasiment surnaturel, magique, vers l'envoĂ»tement et la possession chamanique, le dĂ©finissant ainsi selon le mot de Goethe : « Pouvoir mystĂ©rieux que tous ressentent et quâaucun philosophe nâexplique[27]. » Selon Lorca, « pour trouver le duende, il n'existe ni carte ni exercice ». PersonnifiĂ© en esprit malicieux, le duende semble ĂȘtre celui qui se produit, lors des reprĂ©sentations flamenco, drapĂ© dans les gestes des danseuses et les voix des chanteurs. GarcĂa Lorca nous invite Ă pĂ©nĂ©trer cet Ă©tat comme on pĂ©nĂštrerait l'Ăąme espagnole. En parlant du duende, GarcĂa Lorca veut, en fait, nous « donner une leçon simple sur lâesprit cachĂ© de la douloureuse Espagne », cette « Espagne qui est le seul pays oĂč la mort est le spectacle national, oĂč la mort souffle dans de puissants clairons pour lâĂ©closion des printemps, et [dont] lâart reste toujours rĂ©gi par ce duende Ă lâesprit perçant qui lui a donnĂ© sa diffĂ©rence et sa qualitĂ© dâinvention ».
En prolongement du sens actuel du duende, il existe d'autres termes et expressions caractĂ©ristiques du flamenco comme genre artistique et comme mode de vie : cuadro flamenco (groupe de flamenco), tablao flamenco (cabaret flamenco), juerga flamenca (faire la noce en flamenco), tercio (un set ou une performance flamenca, sachant que le tercio est un « tiers » soit l'une des trois phases ou actes de la corrida), quejĂo (variante andalouse de l'espagnol quejido : gĂ©missement, plainte, pour caractĂ©riser certains passages du cante), aflamencar (enflammer, enflamenquer), aflamencamiento (enflammement, enflamenquement), flamencologĂa (flamencologie, la musicologie du flamenco), flamenquerĂa (flamenquerie, le monde du flamenco), flamencura (flamencure ou caractĂšre inimitable de ce qui est flamenco, par exemple dans l'expression : « La Lupi (bailaora) a un style inimitable et une flamencura Ă fleur de peau[28]). »
¥Ole! et le duende sont liés dans la « liturgie » flamenca
En effet, l'interjection « olĂ©! », exprime une jubilation plutĂŽt calme et souriante (contrairement Ă l'image qu'on s'en fait ici Ă partir de la corrida), de la part du public ou des partenaires de l'artiste qui propose une performance en soliste Ă son tour. Elle survient souvent pour saluer justement le surgissement du duende dans l'interprĂ©tation de l'artiste, ou pour l'appeler de tous ses vĆux.
Au cĆur de ce qu'on pourrait appeler le cĂ©rĂ©monial du flamenco, voire sa liturgie, cette interjection joue presque le rĂŽle du Amen! (ansi soit-il) qui ponctue les transes du gospel. La fameuse Danza Ritual del Fuego (Danse rituelle du feu) ainsi que la CanciĂłn del Fuego Fatuo (Chanson du feu follet), extraites du ballet-pantomime de Manuel de Falla El Amor Brujo (l'Amour sorcier), manifestent bien cette dimension mystique et liturgique du flamenco, particuliĂšrement dans la mise en scĂšne qu'en a faite Carlos Saura pour son film L'Amour sorcier en 1986[29].
Federico GarcĂa Lorca dans la mĂȘme confĂ©rence TeorĂa y juego del duende (ThĂ©orie et jeu du duende), reprenant pour sa part une des hypothĂšses Ă©tymologiques de ce fameux « olĂ© », insiste lui aussi sur cet aspect religieux du flamenco, et relie l'interjection Ă l'inspiration divine sous la figure du duende :
« La venue du duende a toujours Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e par un changement radical de toutes les formes. Sur des dessins anciens elle apporte une sensation de fraicheur neuve, qui aurait la qualitĂ© dâune rose tout juste Ă©panouie, d'un miracle faisant surgir un enthousiasme quasi religieux. Dans toute la musique arabe, danse, chanson ou Ă©lĂ©gie, l'irruption du duende est saluĂ©e par d'Ă©nergiques « Allah ! Allah ! » ; « Dios ! Dios! » si proches du « OlĂ© ! » des corridas qu'il est possible que ce soit le mĂȘme cri, et dans tous les chants du sud de l'Espagne l'irruption du duende est suivie de cris sincĂšres : « Viva Dios ! », appel tendre, profond, humain Ă une communication avec Dieu par le biais des cinq sens, grĂące au duende qui habite la voix et le corps de la danseuse ; Ă©vasion rĂ©elle et poĂ©tique de ce monde, aussi pure que celle qui fut rĂ©ussie par Pedro Soto de Rojas[30], poĂšte du XVIIe siĂšcle au talent rare, au travers de ses sept jardins, ou par Juan Calimaco[31] grĂące Ă une fragile et tremblante Ă©chelle de pleurs. Bien sĂ»r quand cette Ă©vasion est rĂ©ussie, tous en ressentent les effets, l'initiĂ© qui voit comment le talent l'emporte sur la pauvretĂ© du matĂ©riau, et le profane, par le « je ne sais quoi » d'une Ă©motion authentique. Il y a de cela des annĂ©es, lors d'un concours de danse de Jerez de la Frontera, le premier prix fut attribuĂ© Ă une vieille de quatre-vingts ans plutĂŽt qu'Ă de belles femmes ou de jeunes hommes aux hanches fluides, simplement pour sa façon de lever les bras, de dresser la tĂȘte, et de frapper du pied sur le plancher ; au milieu de ces muses et de ces anges rĂ©unis lĂ (beautĂ© des formes et beautĂ© des sourires) devait gagner, et gagna, ce duende moribond qui trainait ses ailes de couteau oxydĂ©es sur le sol[32] - [33] »
.
Formes du flamenco
Le cante flamenco consiste en un certain nombre de formes traditionnelles (et d'autres plus modernes), ayant des structures rythmiques et harmoniques différentes.
Le palo est un terme utilisé en flamenco pour désigner chacune des variétés traditionnelles du cante (chant) flamenco, selon la définition de l'Académie royale espagnole : « Cada una de las variedades tradicionales del cante flamenco[34]. »
Le rythme, appelé compås en espagnol, est sans doute la caractéristique la plus importante pour distinguer les différentes formes du flamenco.
Les piÚces sont composées de plusieurs « phrases », ou falsetas en espagnol, dont la sensation intense, rythmique est définie par la forme principale du morceau accompagné de la guitare flamenca.
Certaines formes sont chantées sans accompagnement, alors que d'autres utilisent une guitare, voire un autre accompagnement. Certaines formes ne s'expriment que par la danse. En outre, certaines danses ou chants sont traditionnellement le privilÚge des hommes, et d'autres sont réservés aux femmes. Cependant, de nombreux aspects traditionnels perdent de leur rigidité. La farruca par exemple, traditionnellement une danse masculine, est aujourd'hui également pratiquée par les femmes. Enfin, certaines piÚces sont jouées à la guitare seule, avec ou sans accompagnement.
Une Ă©volution dans l'utilisation de la percussion a Ă©tĂ© initiĂ©e par Paco de Lucia. Dans les annĂ©es 1970, ce guitariste flamenco mondialement connu, lors dâune tournĂ©e Ă Lima accompagnĂ©e par son percussionniste brĂ©silien Rubem Dantas, fut touchĂ© par la sonoritĂ© et le rythme que Caitro Soto faisait sortir de son cajĂłn ; ce dernier en a alors vendu un Ă Paco de LucĂa, lequel, revenant en Espagne, lâa introduit dans ses prestations et ses enregistrements de flamenco[35]. Pour timbrer le son, ils ont rajoutĂ© Ă l'intĂ©rieur de la caisse de rĂ©sonance du cajĂłn des cordes de guitare.
Par la suite, Rubem Dantas a aussi utilisĂ© avec Paco de LucĂa dans la musique flamenca des percussions brĂ©siliennes comme le berimbau et la cuĂca, mais seul le cajĂłn s'est pour l'instant largement rĂ©pandu dans le flamenco[36].
Classification du cante
La classification des formes du flamenco fait l'objet de débats, mais une approche classique et pratique est de les séparer en trois groupes. Les formes les plus profondes et les plus « sérieuses » sont connues sous le nom de cante jondo (ou cante grande), alors que les formes relativement plus légÚres et frivoles sont nommées cante chico ou mineur. Les formes intermédiaires sont appelées cante intermedio. De nombreux artistes de flamenco parmi les plus grands se sont spécialisés dans une forme unique.
Cantes dans le flamenco | ||
---|---|---|
Cante jondo | Cante intermedio | Cante chico |
GarrotĂn | ||
Seguiriya | BulerĂa | AlegrĂa |
SoleĂĄ | Tango | Fandango |
Tiento | Malagueña | Farruca |
Petenera | GranaĂna | Guajira |
Sevillana | ||
Verdiales | ||
Milonga |
Aujourd'hui, cette classification n'a plus la mĂȘme signification. Le caractĂšre jondo (profond) ou chico (mineur) est moins fonction du style de compas (soleĂĄ, bulerĂa, tiento) que de l'interprĂ©tation qu'en fait le chanteur. Par exemple, de nombreux chanteurs interprĂštent le fandango libre, ou la bulerĂa, comme du cante jondo.
Par ailleurs, on peut ajouter Ă cette liste d'autres styles plus folkloriques, plus modernes, ou certains styles hybrides :
|
|
Styles auxquels il faut encore ajouter les sous-catĂ©gories propres Ă certains styles. Il existe ainsi plusieurs variantes traditionnelles de soleĂĄ, bulerĂa, tango, cantiña, fandango (qui est le style le plus riche en termes de sous-catĂ©gories : il existe quasiment un fandango par village, et par interprĂšte spĂ©cialiste des fandangos). Enfin, la tonĂĄ[37], proche du martinete, et qui s'interprĂšte Ă©galement a cappella, constitue quasiment un style en soi, et que les saetas sont Ă©galement trĂšs flamencas dans le sud de l'Espagne.
Tenues
La tenue traditionnelle de la bailaora, ou costume de danseuse de flamenco, se compose de chaussures à talons hauts (pour le taconeo) et d'une robe colorée (généralement rouge, blanche ou noire, et souvent à gros pois), longue jusqu'à la cheville et parée de volants (sur la jupe, ainsi que parfois sur les manches). Les épaules sont souvent recouvertes d'un grand chùle de soie à franges. Les cheveux sont traditionnellement attachés en chignon.
Mais aujourdâhui, de nombreuses danseuses gardent les cheveux lĂąchĂ©s (pelo suelto), et utilisent les mouvements de leur chevelure flottante comme un Ă©lĂ©ment de leur chorĂ©graphie (voir les films de Carlos Saura, notamment la cantaora et bailaora Estrella Morente).
La tenue traditionnelle du bailaor, ou danseur de flamenco, est le costume court andalou, également appelé costume campero (rustique, de la campagne).
Il se compose de chaussures cirées à talon, souvent ferrées (pour le taconeo), d'un pantalon noir à taille montante, d'une large ceinture en tissu rouge, d'une chemise (souvent blanche), d'un boléro (veste courte ou gilet) noir et d'un chapeau cordouan.
Patrimoine culturel
Le flamenco dans le sud-ouest de la France *
| |
Domaine | Musiques et danses |
---|---|
Lieu d'inventaire | Nouvelle-Aquitaine Midi-Pyrénées Pyrénées-Atlantiques Landes Mont-de-Marsan Toulouse |
* Descriptif officiel MinistĂšre de la Culture (France) | |
Le flamenco a été inscrit par l'UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l'humanité le , à l'initiative des Communautés autonomes d'Andalousie, d'Estremadure et de Murcie. De plus, il est patrimoine culturel immatériel ethnologique andalou et il est inscrit à l'Inventaire général de biens meubles de la région de Murcie établi par la Direction générale des Beaux-Arts et Biens culturels[38] - [39] - [40].
En France, le ministĂšre de la Culture intĂšgre cette pratique Ă l'inventaire du patrimoine culturel immatĂ©riel français en 2012[41]. Dans la rĂ©gion Sud-ouest du pays oĂč de nombreuses familles d'origine andalouse et espagnole se sont installĂ©es, le flamenco est une pratique culturelle courante transmise de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration et apprĂ©ciĂ©e par le grand public lors de festivals rĂ©gionaux tels que le Festival Arte Flamenco Ă Mont-de-Marsan[42] et le Festival Flamenco de Toulouse[43].
Quelques artistes de flamenco
Les noms retenus ici sont seulement ceux des artistes gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©s comme les plus cĂ©lĂšbres ou les plus importants dans lâhistoire ou sur la scĂšne mondiale actuelle, soit pour la diffusion soit pour lâĂ©volution du flamenco. Cette liste ne saurait ĂȘtre exhaustive, et doit ĂȘtre mise Ă jour sur le long terme. Son utilitĂ© principale est de servir de tremplin de navigation en regroupant les liens internes ; l'un des critĂšres de sĂ©lection est donc la prĂ©sence d'un lien interne, de ce fait cette liste est par dĂ©finition Ă©volutive. L'article consacrĂ© Ă la liste d'artistes de flamenco propose une liste beaucoup plus complĂšte mais moins dĂ©taillĂ©e. Les noms sont ici classĂ©s par ordre alphabĂ©tique du premier mot composant chaque nom (c'est-Ă -dire le plus souvent le prĂ©nom, nombre en espagnol, ou parfois le surnom, apodo, ou nom de scĂšne), la lettre en gras justifiant l'indexation. Ils sont regroupĂ©s selon sept rubriques (chant, guitare, basse, danse, percussions, cinĂ©ma, Ă©crits documentaires). Les trois rubriques principales (chant, guitare, danse) sont elles-mĂȘmes subdivisĂ©es en deux catĂ©gories : les « artistes historiques » (dĂ©cĂ©dĂ©s avant l'an 2000), et les « artistes contemporains » (toujours vivants, ou dĂ©cĂ©dĂ©s aprĂšs l'an 2000). On a aussi indiquĂ© Ă chaque fois, lorsque c'est possible, leurs dates et lieux de naissance, de dĂ©cĂšs et leur filiation, la localisation gĂ©ographique Ă©tant souvent un Ă©lĂ©ment caractĂ©ristique du style en flamenco. Enfin, pour les plus connus d'entre eux, on a ajoutĂ© quelques Ă©lĂ©ments rĂ©sumant leurs collaborations ou leur apport Ă l'histoire de leur art.
Chanteurs/chanteuses de flamenco : artistes historiques (dĂ©cĂ©dĂ©s avant lâan 2000)
- Aniya la Gitana (ou Anilla la de Ronda, Ana Amaya Molina, Ronda, 1855 â Barcelone, 1933) chanteuse, danseuse et guitariste historique.
- Antonio ChacĂłn (voir Don Antonio).
- Antonio Mairena (Antonio Cruz GarcĂa, Mairena del Alcor, SĂ©ville, 1909 â SĂ©ville, 1983), cantaor parmi les plus respectĂ©s du XXe siĂšcle, il Ă©tait aussi un musicologue du flamenco (ou flamencologue) rĂ©putĂ©.
- CamarĂłn de la Isla (JosĂ© Monje Cruz, San Fernando, province de Cadix, 1950 â Badalone, province de Barcelone, 1992), cantaor considĂ©rĂ© comme une des principales figures du flamenco moderne, des plus influentes et des plus populaires, notamment en raison de son talent expressif et de son amitiĂ©, de sa longue collaboration avec Paco de LucĂa (9 albums co-rĂ©alisĂ©s de 1969 Ă 1977, puis 5 albums oĂč Paco apparaĂźt de 1981 Ă 2006, dont un posthume) ; en compagnie de Paco, il a fortement contribuĂ© Ă faire Ă©voluer le flamenco ; son surnom CamarĂłn signifie « crevette » (en raison de sa sveltesse, sa taille et ses cheveux roux) ; il est un des rares cantaores Ă avoir obtenu en 2000, Ă titre posthume, la clef d'or du chant, prestigieuse distinction de l'univers flamenco.
- Carmen Amaya (Carmen Amaya Amaya, Barcelone, 1918 â Bagur, GĂ©rone, 1963) chanteuse, danseuse et actrice (voir aussi le chapitre Baile : artistes historiques).
- Don Antonio ChacĂłn, (Antonio ChacĂłn GarcĂa, Jerez de la Frontera, 1869 â Madrid, 1929) un des cantaores les plus cĂ©lĂšbres de l'Ă©poque des cafĂ©s cantantes (cafĂ©s chantants), souvent accompagnĂ© Ă la guitare par Javier Molina ; premier grand cantaor du XXe siĂšcle, il fut aussi l'un des premiers cantaores Ă enregistrer des disques (cylindres de cire) dans les annĂ©es 1900, accompagnĂ© par le guitariste Miguel Borrull ; sa renommĂ©e lui a valu le surnom affectueux et respectueux de Don Antonio.
- El Mellizo ou Enrique el Mellizo (Francisco Antonio Enrique Jiménez Fernåndez, Cadix 1848-Séville 1906) aujourd'hui considéré comme l'un des principaux cantaores de ce qu'on a appelé la Edad de Oro (« l'ùge d'or ») du flamenco (de la fin du XIXe siÚcle à la premiÚre moitié du XXe siÚcle) ; il fut aussi bailaor (danseur).
- El Planeta ou Planeta tout court (Antonio FernĂĄndez? ou bien Antonio Monge Rivero?, Cadix, 1789 ? â Malaga 1856?). Chanteur, auteur et guitariste historique prĂ©curseur, l'un des plus anciens jamais rĂ©pertoriĂ© avec TĂo Luis el de la Juliana. Il serait aussi lâarriĂšre grand-pĂšre de Manolo Caracol.
- Fillo ou El Fillo (Francisco Ortega Vargas, Puerto Real, Cadix, vers 1810 ? â Triana, SĂ©ville, 1878) Ă©poux de La Andonda, oncle de TomĂĄs el Nitri, dĂ©couvreur de Silverio.
- La Niña de los Peines (Pastora PavĂłn Cruz, quartier de la Promenade d'Hercule Ă SĂ©ville 1890-1969) une des grandes cantaoras du XXe siĂšcle, l'une des plus admirĂ©e par GarcĂa Lorca, qui l'a Ă©voquĂ©e Ă plusieurs reprises[44] dans ses Ă©crits autour du Cante Jondo, amie du compositeur Manuel de Falla et des peintres Ignacio Zuloaga et Julio Romero de Torres ; ses enregistrements ont Ă©tĂ© restaurĂ©s comme un legs inestimable et sa voix a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e « bien d'intĂ©rĂȘt culturel » par le gouvernement autonome d'Andalousie en 1996.
- La Serneta (Merced FernĂĄndez Vargas, quartier de San Pedro, Jerez de la Frontera, 1837 â Utrera 1910), chanteuse historique, cĂ©lĂšbre pour ses soleares.
- Lola Flores ou La Faraona (MarĂa Dolores Flores Ruiz, Jerez de la Frontera Cadix, 1923 â La Moraleja, Alcobendas [Madrid] 1995), chanteuse, danseuse et actrice, compagne un temps du chanteur Manolo Caracol, puis Ă©pouse du guitariste El PescaĂlla.
- Manolo Caracol (Manuel Ortega JuĂĄrez, SĂ©ville, 1909 â Madrid, 1973) cantaor cĂ©lĂšbre et primĂ© entre les deux guerres et aussi acteur, ses enregistrements des annĂ©es 50 avec son guitariste attitrĂ© Melchor de Marchena sont considĂ©rĂ©s comme des rĂ©fĂ©rences historiques ; chaĂźnon dĂ©cisif d'une longue lignĂ©e d'artistes de flamenco (les Ortega), arriĂšre-petit-fils d'El Planeta, petit-fils d'El Ăguila, son arbre gĂ©nĂ©alogique comprend aussi Fillo, TomĂĄs el Nitri ; compagnon un temps de la chanteuse et actrice Lola Flores (avec qui il a tournĂ©) ; il avait hĂ©ritĂ© son surnom, Caracol (escargot, mais aussi accroche-cĆur) de son pĂšre, et l'a donnĂ© Ă l'un de ses fils, eux aussi cantaores.
- Manuel Torre (Manuel Soto Loreto, quartier de San Miguel, Jerez de la Frontera (Cadix), 1878 â SĂ©ville 1933) cantaor et auteur de cantes, surnommĂ© Torre (la tour) en raison de sa grande taille et de ses prestations impressionnantes ; disciple d'El Mellizo, il est considĂ©rĂ© comme l'un des plus influents cantaors gitans du dĂ©but du XXe siĂšcle et du cante jerezano (style de chant de Jerez) ; les enregistrements de ses Ćuvres (quarante-neuf cantes flamenco en 78 tours), de 1909 Ă 1931, accompagnĂ© de grands guitaristes : tour Ă tour Habichuela el Viejo, El Hijo de Salvador, Miguel Borrull, Javier Molina, sont de prĂ©cieux tĂ©moignages du Cante du dĂ©but du XXe siĂšcle.
- Niña de Antequera (MarĂa Barrus MartĂnez, Antequera, 1920 â SĂ©ville, 1972) tant par sa participation Ă des spectacles prestigieux Ă partir des annĂ©es 1940 (notamment avec Niña de la Puebla) que par sa remarquable discographie, elle est devenue populaire Ă travers toute lâEspagne et fut surnommĂ©e « la voix d'or de l'Andalousie ».
- Niña de La Puebla (Dolores JimĂ©nez AlcĂĄntara, La Puebla de Cazalla, 1908 â Malaga, 1999) cantaora, guitariste et actrice (aveugle) parmi les plus renommĂ©es du XXe siĂšcle, elle a crĂ©Ă© et fait tourner en Espagne et en Europe de nombreux spectacles thĂ©matiques de flamenco avec de prestigieuses collaborations.
- Niño de Marchena (premier surnom de Pepe Marchena).
- Pastora Pavón Cruz, voir La Niña de los Peines.
- Pepe Marchena ou Niño de Marchena (JosĂ© Perea Tejada MartĂn, Marchena, province de SĂ©ville 1903-1976), ne pas confondre avec le danseur Pepe Marchena (1941-2007), aussi de SĂ©ville et de mĂȘme surnom.
- Silverio Franconetti (Séville, 1823 ou 1831-1889), « inventeur » des cafés cantantes et des premiers spectacles publics professionnels de Flamenco, remarqué par El Fillo, il a fait connaßtre Antonio Chacón.
- Terremoto de Jerez (Fernando Fernåndez Monge, Jerez de la Frontera 1934-1981) ne pas confondre avec son fils Fernando Terremoto (Fernando Fernåndez Pantoja), lui aussi cantaor célÚbre.
- TĂo Luis el de la Juliana ou bien TĂo Luis de la Geliana ? (Luis Montoya GarcĂ©s?, Jerez de la Frontera, vers 1760 â Jerez de la Frontera ?, vers 1830), cantaor historique prĂ©curseur presque mythique, considĂ©rĂ© comme le premier de tous, mais son existence et son Ćuvre sont peu attestĂ©es.
- TomĂĄs el Nitri (Francisco LĂĄzaro de la Santa Trinidad Ortega LĂłpez, El Puerto de Santa MarĂa, Cadix 1838-Jerez de la Frontrera 1877) chanteur historique, neveu de Fillo, il est le premier Ă recevoir la clef d'or du chant.
Chant : artistes contemporains (toujours vivants, ou dĂ©cĂ©dĂ©s aprĂšs lâan 2000)
- Agujetas Hijo, voir Manuel Agujetas.
- Antonio Carmona (Antonio Carmona Amaya, Grenade 1965), chanteur de Nouveau flamenco, fils de Juan (et neveu de Pepe) Habichuela, membre du groupe Ketama avec son frÚre Juan José Carmona Amaya, et son cousin Josemi Carmona.
- Bernarda de Utrera (Bernarda JimĂ©nez Peña, Utrera, Province de SĂ©ville, 1927-2009) avec sa sĆur aĂźnĂ©e Fernanda de Utrera, elles ont marquĂ© de leurs voix et style unique la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle par leur carriĂšre, ainsi qu'en tĂ©moignent leur abondante discographie, leurs multiples collaborations, les films dans lesquels elles apparaissent.
- Concha Buika (MarĂa ConcepciĂłn Balboa Buika, Palma de Majorque, 1972) cantaora espagnole originaire de GuinĂ©e-Equatoriale ; trĂšs Ă©clectique, elle appartient au courant du Nouveau flamenco et pratique un flamenco-fusion qu'elle mĂȘle volontiers avec soul, jazz, funk, copla ou musique africaine en une synthĂšse originale au timbre original, voilĂ©, expressif, rythmique, doux ou puissant.
- Duquende (Juan Rafael Cortés Santiago, Sabadell, 1965), a été accompagné par les plus grands guitaristes, pratique aussi le flamenco-fusion, notamment avec les musiques orientales: arabes, indienne (par exemple : Qawwalß Flamenco en 2006, collectif).
- Diego el Cigala (Diego Ramón Jiménez Salazar, Madrid, 1968) pratique aussi le flamenco-fusion, notamment avec les musiques latines (salsa, tango, milonga, jazz latino, son cubain, musique des Andes argentines, etc.).
- El Agujetas de Jerez, voir Manuel Agujetas.
- El Lebrijano (Juan Peña FernĂĄndez, Lebrija, SĂ©ville, 1941-2016), fils de MarĂa La Perrata, elle aussi cantaora.
- Enrique Morente Cotelo (quartier d'AlbaicĂn, Grenade 1942-Madrid 2010) compositeur et chanteur de flamenco moderne des plus influents, enracinĂ© dans la tradition (album Hommage Ă Antonio ChacĂłn en 1977) et innovateur infatigable, il a menĂ© le flamenco Ă la confluence de nombreux autres styles de musique (du chant grĂ©gorien et de la musique classique au jazz et au punk-rock, de la musique arabe Ă la musique cubaine); disciple de Pepe el de la Matrona, il a su imposer son style particulier, sa façon de pratiquer le mĂ©lisme (plusieurs notes pour une seule syllabe ou un son voyelle, style qu'on retrouve chez d'autres cantaores et aujourd'hui parfois bien illustrĂ© par sa fille Estrella Morente, style qui accentue la parentĂ© entre le flamenco et la musique arabo-andalouse) ; il a Ă©tĂ© accompagnĂ© par les plus grands guitaristes flamencos de l'Ă©poque : Sabicas, Pepe Habichuela, Manolo SanlĂșcar, Tomatito, Vicente Amigo, mais aussi par le groupe rock alternatif Lagartija Nick ; il a collaborĂ© avec des artistes internationalement connus comme Leonard Cohen et Khaled, et a mis en musique les plus grands poĂštes espagnols ; il apparaĂźt, comme sa fille Estrella Morente, dans certains des films de Carlos Saura consacrĂ©s au flamenco.
- Estrella Morente Carbonell (Las Gabias, Grenade, 1980) cantaora et bailaora, fille du cantaor Enrique Morente et de la bailaora Aurora Carbonell, Ă©pouse du matador Javier Conde, elle est actuellement une des chanteuses de flamenco les plus connues, souvent accompagnĂ©e de grands guitaristes (de Sabicas Ă Paco de LucĂa, Vicente Amigo, Josemi et Juan Carmona, Pepe Habichuela et Niño Josele) ; elle a participĂ© Ă plusieurs films de Carlos Saura, et Ă la bande-son de films comme Raisons de vivre (1999), Volver de Pedro AlmodĂłvar en 2006, oĂč elle prĂȘte sa voix Ă PenĂ©lope Cruz dans la chanson Ă©ponyme, le tango de Carlos Gardel.
- Fernanda de Utrera (Fernanda JimĂ©nez Peña, Utrera, Sevilla, 1923-2006) particuliĂšrement fameuse pour son interprĂ©tation des soleares, sĆur ainĂ©e de Bernarda de Utrera.
- Fosforito ou Fosforito del Genil (Antonio FernĂĄndez DĂaz, Puente Genil, CĂłrdoba, 1932) ; ne pas confondre avec Francisco Lema Fosforito, chanteur historique (sans parentĂ©).
- José Mercé (José Soto Soto, Jerez de la Frontera, 1955).
- Juanito Valderrama (Juan Valderrama Blanca, Torredelcampo, JaĂ©n, 1916 â Espartinas, SĂ©ville 2004).
- La Paquera de Jerez (Francisca MĂ©ndez Garrido, Jerez de la Frontera 1934-2004) cantaora multiprimĂ©e Ă la voix puissante, qui a marquĂ© la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, tant par sa discographie que par le nombre et le succĂšs des spectacles qu'elle a montĂ©s ; elle a chantĂ© aux cĂŽtĂ©s d'autres cantaores comme : CamarĂłn de la Isla, Fernanda et Bernarda de Utrera, Lola Flores, Farruco, El ChocolateâŠ
- Manuel Agujetas (surnommé aussi parfois « El Agujetas de Jerez » ou encore : « Agujetas Hijo »; de son vrai nom : Manuel de los Santos Pastor, Las Tablas, Jerez de la Frontera, 1939-2015), fils d'Agujetas el Viejo.
- Miguel Poveda (Miguel Ăngel Poveda LeĂłn, 1973 Barcelone) chanteur multi-primĂ©, il a collaborĂ© avec d'innombrables artistes. Partant du flamenco le plus traditionnel, il l'a ouvert, avec ses partenaires, Ă d'autres musiques comme le fado, la musique orientale (QawwalĂź Flamenco en 2006, collectif), le tango (album : DiĂĄlogos. De Buenos Aires a Granada en 2013 avec Rodolfo Mederos).
- Montse CortĂ©s (Montserrat CortĂ©s FernĂĄndez, Barcelone, 1963), elle a collaborĂ© avec La Paquera de Jerez, Sara Baras, JoaquĂn CortĂ©s, Miguel Poveda, Javier LimĂłn, Diego El Cigala, Paco de LucĂa, etc.
- Pepe de LucĂa (JosĂ© SĂĄnchez GĂłmez, Algeciras 1945) cantaor et producteur musical, frĂšre de Paco de LucĂa et pĂšre de la chanteuse de variĂ©tĂ©s MalĂș; il a fait partie, avec leur frĂšre aĂźnĂ© RamĂłn, du fameux sextet flamenco de Paco.
- RocĂo Jurado (MarĂa del RocĂo Trinidad Mohedano Jurado, Chipiona, Cadix, 1946 â La Moraleja, Alcobendas, Madrid, 2006) cantaora et actrice, nommĂ©e en Espagne la mĂĄs grande (« la plus grande »), elle apparaĂźt dans de nombreux films, et chante pour les films de Carlos Saura autour du flamenco.
- Juan el de la Vara avec Juanito Valderrama et Pepe Marchena.
Musiciens/musiciennes de flamenco : artistes historiques (dĂ©cĂ©dĂ©s avant lâan 2000)
- Aniya la Gitana (ou Anilla la de Ronda, Ana Amaya Molina, Ronda, 1855 â Barcelone, 1933) guitariste, ce qui est relativement rare pour une femme, surtout Ă l'Ă©poque, mais aussi chanteuse et danseuse.
- Carlos Montoya (Carlos GarcĂa Montoya, Madrid, 1903 â Wainscott [USA], 1993) neveu de RamĂłn Montoya, l'un et l'autre Ă©tant parfois considĂ©rĂ©s, avec Sabicas, comme les fondateurs de la guitare flamenca moderne, notamment comme instrument soliste voire seul, s'Ă©mancipant peu Ă peu du rĂŽle d'accompagnateur des cantaores, empruntant certains traits virtuoses Ă la guitare classique espagnole, dans la poursuite d'un chemin peut-ĂȘtre initiĂ© par Paco El Barbero, Miguel Borrull, et bien sĂ»r son oncle RamĂłn Montoya.
- El PescaĂlla (ou El Pescadilla, Antonio GonzĂĄlez Batista, Barcelone, 1925 â Madrid, 1999). Guitariste et chanteur de flamenco et de rumba. Il est considĂ©rĂ© comme le crĂ©ateur de la rumba catalane, genre musical dĂ©veloppĂ© par la communautĂ© gitane de Barcelone. Ăpoux de la danseuse Dolores Amaya Moreno, puis de la chanteuse Lola Flores.
- Habichuela el Viejo (Juan Gandulla Habichuela, 186?-1956) grand-pÚre de Juan et Pepe Habichuela, il a notamment accompagné le cantaor Manuel Torre.
- Javier Molina[45] (Javier Molina CundĂ, Jerez de la Frontera 1868-1956) l'un des crĂ©ateurs de l'Ă©cole du toque (jeu de guitare) de XĂ©rĂšs (Jerez), dans la lignĂ©e probable de JosĂ© Patiño et de Paco el Barbero, et professeur de Rafael del Ăguila. Il a Ă©tĂ© surnommĂ© El brujo de la guitarra (le sorcier de la guitare), et fut le premier accompagnateur de Don Antonio ChacĂłn ; il accompagna aussi Manuel Torre dans ses derniers enregistrements.
- Melchor de Marchena (Melchor JimĂ©nez Torres, Marchena, SĂ©ville, 1907 â Madrid, 1980), comme soliste il est reprĂ©sentatif avec Diego del Gastor de ce qu'on a appelĂ© le Toque Gitano (style gitan Ă la guitare); il a aussi accompagnĂ© entre autres cantaores connus : Manolo Caracol, Juanito Valderrama, La Niña de los Peines, Antonio Mairena, Diego El ClavelâŠ
- Miguel Borrull (Miguel Borrull CastellĂł, CastellĂłn de la Plana, 1866 â Barcelone, 1926), Ă©lĂšve du grand compositeur espagnol, pĂšre de la guitare classique moderne: Francisco TĂĄrrega, il fut le premier Ă introduire dans le jeu du flamenco des Ă©lĂ©ments (mĂ©lodiques entre autres) empruntĂ©s Ă la guitare classique, et Ă ce titre eut une grande influence sur tous ceux qui l'ont suivi, Ă commencer par ses disciples : RamĂłn Montoya ou JosĂ© Sirera Prats ; sa carriĂšre s'est dĂ©veloppĂ©e entre les Ă©poques appelĂ©es Edad de oro del Flamenco (Ăge d'or du flamenco) et Ăpera flamenca ; il ouvrit aussi Ă Barcelone en 1916 le cafĂ© cantante Villa Rosa ; enfin, il a participĂ© dans les annĂ©es 1900 aux premiers enregistrements (sur cylindres de cire) d'Antonio ChacĂłn.
- Niño Ricardo (Manuel SerrapĂ SĂĄnchez, Sevilla 1904-1972) initiateur d'un nouveau style Ă la guitare flamenca qu'on a appelĂ© le « ricardisme », il a Ă©tĂ© le maestro avouĂ© de nombreux guitaristes de la gĂ©nĂ©ration suivante, dont Paco de LucĂa, Enrique de Melchor, SerranitoâŠ
- Paco El Barbero[46] (Francisco SĂĄnchez Cantero, dit El Barbero, [le barbier], son premier mĂ©tier, Cadix, 1840 â SĂ©ville, 1910) Ă©lĂšve du maestro de Cadix : JosĂ© Patiño ; Fernando El de Triana le distingue comme le premier soliste de l'histoire de la guitare flamenca. Probable professeur de Javier Molina.
- Paco (el) de Lucena[47] (Francisco DĂaz FernĂĄndez, Lucena 1859-1898) guitariste historique de flamenco, considĂ©rĂ© comme le plus important du XIXe siĂšcle ; il a collaborĂ© avec le cantaor et tocaor Juan Breva, et fut l'Ă©poux de la cantaora Trinidad La Parrala.
- Rafael del Ăguila[48] - [49] (Rafael del Ăguila y Aranda, Jerez de la Frontera, 1900-1976,) disciple direct de Javier Molina et professeur reconnu de lâĂ©cole de Jerez pour de nombreux guitaristes dont Gerardo NĂșñez et Parrilla de Jerez (es).
- Ramón Montoya Salazar (Madrid, 1879-1949), oncle de Carlos Montoya et guitariste de référence pour tous ceux qui l'ont suivi; il est le premier « concertiste classique », seul en scÚne, de la guitare flamenca.
- Sabicas (AgustĂn CastellĂłn Campos, 1912-1990), un des guitaristes parmi les plus reconnus de la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, souvent considĂ©rĂ©, avec RamĂłn et Carlos Montoya, comme l'un des fondateurs de la guitare flamenca moderne, notamment comme instrument soliste.
- Paco Peña et Sabicas.
Musiciens : artistes contemporains (toujours vivants, ou dĂ©cĂ©dĂ©s aprĂšs lâan 2000)
- Anoushka Shankar (Londres, 1981) auteure-compositrice-interprÚte et sitariste indienne, fille et disciple de Ravi Shankar, elle a publié entre autres un disque trÚs remarqué de fusion flamenco/musique indienne : Traveller, produit par Javier Limón et auquel ont collaboré des artistes flamenco comme Pepe Habichuela, Buika, Sandra Carrasco, etc.
- Diego del Morao (Diego Moreno JimĂ©nez, Jerez de la Frontera, Cadix, Andalousie, 1978) hĂ©ritier de l'Ă©cole et du style de sa famille des Morao de Jerez, fils de MoraĂto Chico, lui-mĂȘme guitariste trĂšs reconnu.
- Gerardo NĂșñez (Gerardo NĂșñez DĂaz, Jerez de la Frontera, Cadix, 1961) guitariste et compositeur de flamenco et de jazz flamenco. Il a Ă©tĂ© l'Ă©lĂšve de Rafael del Ăguila, dans la grande lignĂ©e du toque de Jerez (jeu de guitare de XĂ©rĂšs): JosĂ© Patiño, Paco el Barbero, Javier Molina. Il est considĂ©rĂ© comme l'un des guitaristes contemporains de flamenco parmi les plus saillants.
- Gipsy Kings : célÚbre groupe français de rumba flamenca, fondé dans les années 70 par deux familles gitanes (Abott) de Montpellier et d'Arles, les Baliardo et les Reyes, cousins de Manitas de Plata, et dont fit partie un temps le guitariste français Chico Bouchikhi (Arles, 1954) avant de fonder son propre groupe, Chico and the Gypsies.
- Josemi Carmona Machuka (José Miguel Carmona, Madrid, 1971) fils du guitariste Pepe Habichuela et de la danseuse Amparo Bengala, il a fondé avec ses cousins (les fils de Juan Habichuela) le groupe de flamenco-fusion : Ketama.
- Juan Carmona (Lyon, 1963), guitariste plusieurs fois primĂ© et compositeur français (famille gitane) de flamenco, de Nouveau flamenco et de flamenco-fusion (avec la musique arabe et arabo-andalouse, avec l'opĂ©raâŠ); ne pas le confondre avec le suivant ni avec Juan JosĂ© Carmona Amaya El Camborio, fils de Juan Habichuela.
- Juan Habichuela (Juan Carmona Carmona, Granada, 1933 â Madrid, 2016). [Ne pas confondre avec le prĂ©cĂ©dent du fait de la proximitĂ© des patronymes]. FrĂšre du guitariste Pepe Habichuela et pĂšre des cantaores : Juan JosĂ© Carmona Amaya El Camborio (nĂ© en 1960) et Antonio Carmona Amaya (nĂ© en 1965) du groupe de flamenco-fusion : Ketama.
- Juan Manuel Cañizares (Sabadell, Barcelone, 1966) guitariste primĂ© tant dans le domaine du flamenco que dans le domaine classique, il a notamment accompagnĂ© Paco de LucĂa dans ses disques de musique classique (sur AlbĂ©niz).
- Manitas de Plata (littĂ©ralement « petites mains d'argent », correspondant Ă l'expression en français « doigts de fĂ©e »), (Ricardo Baliardo, SĂšte, 1921 â Montpellier, 2014). Guitariste gitan français.
- Manolo SanlĂșcar (Manuel Muñoz AlcĂłn, nĂ© Ă SanlĂșcar de Barrameda dans la province de Cadix en 1943), fils d'Isidro Muñoz SanlĂșcar, frĂšre d'Isidro Muñoz AlcĂłn et de JosĂ© Miguel Ăvora, tous guitaristes. Il est un des guitaristes contemporains de flamenco parmi les plus reconnus, et compositeur Ă©minent. On peut l'Ă©couter et le voir dans au moins deux films de Carlos Saura : Flamenco en 1995, et sa suite Flamenco, Flamenco quinze ans aprĂšs, ce qui permet d'illustrer l'Ă©volution de son jeu.
- Manuel Moreno JimĂ©nez, ou Manuel Morao (quartier de Santiago, Jerez de la Frontera 1929) fils d'El Morao (Manuel Moreno de Soto y Monje), frĂšre de Juan Morao et oncle de MoraĂto Chico, il est l'un des reprĂ©sentants les plus marquants du toque jerezano (jeu de guitare de XĂ©rĂšs), puisqu'il a Ă©tĂ© l'Ă©lĂšve de Javier Molina (voir ci-dessus), lui ajoutant une touche personnelle, typique du style de la saga des Morao, et qu'il appelle les « chocs rythmiques ».
- MoraĂto Chico (Manuel Moreno Junquera, quartier de Santiago, Jerez de la Frontera, 1956-2011), fils de Juan Morao (lui aussi surnommĂ© MoraĂto Chico), neveu de Manuel Morao et pĂšre de Diego del Morao, tous guitaristes Ă©minents. ReprĂ©sentant peut-ĂȘtre le plus saillant de la « dynastie » et du style des Morao de Jerez (voir ci-dessus Manuel Morao), il a Ă©tĂ© primĂ© « pour la maĂźtrise » Ă la biennale de flamenco de SĂ©ville 2010. Soliste hors pair, il a aussi Ă©tĂ© un accompagnateur recherchĂ© par de grands cantaores : Manolo Caracol, JosĂ© MercĂ©, La Paquera de Jerez, CamarĂłn de la Isla, Diego Carrasco, Agujetas Hijo, Fernando Terremoto, Rancapino, Miguel Poveda, Luis el Zambo, el Torta, La Macanita, Carmen Linares, etc.
- Paco de LucĂa (Francisco SĂĄnchez GĂłmez, AlgĂ©siras [province de Cadix], 1947 â Playa del Carmen [Mexique], 2014), frĂšre cadet du guitariste RamĂłn de Algeciras et du cantaor Pepe de LucĂa, il est souvent considĂ©rĂ© comme le plus grand guitariste et compositeur de flamenco de lâĂ©poque contemporaine, et il est certainement le plus connu dans le monde. Solidement enracinĂ© dans la tradition flamenca la plus pure, il a aussi ouvert le flamenco Ă tous les vents de la fusion avec les musiques du monde : jazz, jazz-rock, pop, musiques dâAmĂ©rique Latine, musique indienne (etc.) ; mais aussi avec la musique classique espagnole elle-mĂȘme marquĂ©e par le flamenco, en un extraordinaire « va-et-vient » de fusion (Manuel de Falla, JoaquĂn Rodrigo, Isaac AlbĂ©niz). Il a connu des duos et des collaborations marquantes avec de nombreux artistes mondialement connus, tant au sein du flamenco qu'au dehors de lui et dans tous les arts : ses frĂšres, bien sĂ»r, mais aussi CamarĂłn de la Isla, John McLaughlin, Larry Coryell, Al Di Meola, Carlos Santana, Antonio Gades, Carlos Saura, etc. Il a introduit dans le flamenco des instruments non traditionnels dans cet univers comme la flĂ»te traversiĂšre, le saxophone, la basse Ă©lectrique ou le cajĂłn, percussion andine rapportĂ©e dâune tournĂ©e au PĂ©rou et aujourdâhui incontournable dans le flamenco. Avec les tournĂ©es de son fameux sextet, il a inventĂ© le concept actuel, empruntĂ© au jazz, de « groupe de flamenco ». Enfin il a Ă©largi lâaudience du flamenco Ă lâhorizon-monde, et montrĂ© la voie au Nouveau flamenco. C'est donc peut-ĂȘtre lui qui a le plus ouvert le flamenco tant qualitativement que quantitativement. Entre autres distinctions, il a reçu en 2004 la prestigieuse distinction du Prix Princesse des Asturies qui est accordĂ©e aux artistes de toutes disciplines et de toutes nationalitĂ©s dont lâexpression et lâĆuvre reprĂ©sentent un apport dĂ©cisif au patrimoine culturel de lâhumanitĂ© ; il est le seul artiste de flamenco Ă lâavoir jamais reçue.
- Paco Peña (Francisco Peña PĂ©rez, CĂłrdoba 1942) considĂ©rĂ© comme l'un des guitaristes de flamenco parmi les plus remarquables de lâĂ©poque contemporaine.
- Pedro Soler (Narbonne, 1938) guitariste de flamenco français; nombreuses collaborations avec des artistes flamencos, de world music et de jazz[50].
- Pepe Habichuela (JosĂ© Antonio Carmona Carmona, Grenade, 1944) guitariste parmi les plus saillants de lâĂ©poque contemporaine, compositeur, il est un reprĂ©sentant Ă©minent de la « dynastie » des Habichuela : petit-fils de Habichuela el Viejo, fils de JosĂ© Carmona (TĂo JosĂ© Habichuela), frĂšre de Juan Habichuela, tous guitaristes, et pĂšre du guitariste JosĂ© Miguel Carmona Niño (ou Josemi Carmona Machuka) du groupe de flamenco-fusion Ketama. Il a souvent travaillĂ© avec le cantaor Enrique Morente. Il est lâauteur entre autres dâun rapprochement entre le flamenco et les musiques traditionnelles de lâInde (voir son disque : YerbagĂŒena /Pepe Habichuela & The Bollywood Strings en 2001, et sa participation Ă Traveller, album dâAnoushka Shankar, en 2011), mais aussi avec le jazz (voir son disque : Hands avec Dave Holland en 2010), et avec la musique baroque (collaboration avec L'Arpeggiata de la luthiste et thĂ©orbiste autrichienne Christina Pluhar).
- Rafael Riqueni (Rafael Riqueni del Canto (Sevilla, 1962), guitariste et compositeur reconnu comme soliste, multiprimé, il a aussi accompagné entre autres le cantaor Enrique Morente.
- RamĂłn de Algeciras (RamĂłn SĂĄnchez GĂłmez, Algeciras, 1938 â Madrid, 2009) frĂšre aĂźnĂ© du cantaor Pepe de LucĂa et de Paco de LucĂa, guitariste et compositeur comme lui (ils ont enregistrĂ© plusieurs fois ensemble).
- Tomatito (JosĂ© FernĂĄndez Torres, AlmerĂa. 1958) guitariste et compositeur, son surnom signifie « Petite Tomate » parce qu'il est le fils du guitariste JosĂ© FernĂĄndez Castro El Tomate (La Tomate). Soliste trĂšs reconnu, il a beaucoup jouĂ© avec Paco de LucĂa dont il est considĂ©rĂ© comme un hĂ©ritier majeur. Il a aussi accompagnĂ© de nombreux cantaores cĂ©lĂšbres, dont CamarĂłn de la Isla pendant dix-huit ans, ainsi que de nombreux autres chanteurs et musiciens. On le voit entre autres dans le film Vengo de Tony Gatlif en 2000[51].
- Vicente Amigo (Vicente Amigo Girol, Guadalcanal [SĂ©ville], 1967), guitariste et compositeur original au style fluide et aĂ©rien, il est considĂ©rĂ© comme un des plus grands virtuoses de la guitare flamenca contemporaine, d'ailleurs multi-primĂ©. Il a Ă©tĂ© le disciple des guitaristes El Tomate et El Merengue et de Manolo SanlĂșcar pendant plus de cinq ans. Soliste hors pair, il a aussi accompagnĂ© ou jouĂ© entre autres avec El Pele, JosĂ© MercĂ©, CamarĂłn de la Isla, Rosario, Carmen Linares, Khaled, Niña Pastori, Paco de LucĂa, Alejandro Sanz, Enrique et Estrella Morente, Diego el Cigala, etc.
Basse
- Carles Benavent (Barcelone 1954) bassiste virtuose de flamenco et de jazz, et mandoliniste ; il a fait partie du groupe de Paco de LucĂa, et il a aussi jouĂ© et enregistrĂ© avec CamarĂłn de la Isla, Chick Corea, Miles Davis, Jorge Pardo, etc. ; avec d'autres bassistes (de jazz-rock entre autres comme Jaco pastorius ou Stanley Clarke), il a contribuĂ© Ă faire de la basse Ă©lectrique un instrument soliste Ă part entiĂšre.
- Stanley Clarke en 1979.
- Jaco Pastorius (Italie en 1986) avec Biréli LagrÚne & Thomas Borocz.
Percussions (palmas, zapateado, castañuelas, cajón, etc.)
- Rubem Dantas (Rubem Dantas Rodrigues, Salvador de BahĂa [BrĂ©sil], 1954) percussionniste brĂ©silien ayant longtemps accompagnĂ© Paco de LucĂa, et qui a importĂ© avec lui le cajĂłn dans le flamenco depuis les musiques traditionnelles des Andes de culture afro-pĂ©ruvienne. Il faisait partie du sextet Paco de LucĂa qui s'est formĂ© en 1981[52].Il a notamment collaborĂ© avec Carles Benavent, Jorge Pardo, RamĂłn de Algeciras, Juan RamĂrez, Manolito Soler, JoaquĂn Grilo, Pepe de LucĂa, Duquende, Rafael de Utrera, Juan Manuel Cañizares, ViejĂn et JosĂ© MarĂa Bandera[53].
Danseurs/danseuses de flamenco : artistes historiques (dĂ©cĂ©dĂ©s avant lâan 2000)
- Aniya la Gitana (ou Anilla la de Ronda, Ana Amaya Molina, Ronda, 1855 â Barcelone, 1933) danseuse, chanteuse, et guitariste historique
- Carmen Amaya (Carmen Amaya, Barcelone, 1918 â Bagur, GĂ©rone, 1963) bailaora, cantaora et actrice gitane mondialement connue par ses films, elle a contribuĂ© Ă faire Ă©voluer les styles de baile et le rĂŽle traditionnellement dĂ©volu Ă la femme dans les chorĂ©graphies flamencas; elle est parfois surnommĂ©e La Capitana. Elle est la cousine de La Chunga et de Dolores Amaya Moreno La PescaĂlla.
- La Argentina (Antonia MercĂ© y Luque, Buenos Aires, 1890 â Bayonne, 1936) danseuse et chorĂ©graphe espagnole quoique nĂ©e en Argentine (pendant une tournĂ©e artistique de ses parents danseurs eux aussi), d'oĂč son surnom. Elle est trĂšs renommĂ©e pour avoir reprĂ©sentĂ© un trait d'union dĂ©cisif entre le nĂ©oclassicisme et l'avant-garde pour la danse espagnole et andalouse, notamment sur la scĂšne parisienne oĂč elle fut une des plus grandes novatrices de son art pendant la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle. Elle travailla pour l'OpĂ©ra de Paris et dirigea les Ballets Espagnols Ă Paris (hĂ©ritiers des Ballets Russes de Diaghilev). Elle a collaborĂ© avec les grands compositeurs espagnols de l'Ă©poque : Manuel de Falla, Enrique Granados, Isaac AlbĂ©niz, JosĂ© Padilla. Mais aussi avec Federico GarcĂa Lorca, le chanteur Miguel de Molina ou le danseur Vicente Escudero, figures du flamenco. Elle Ă©tait de plus une virtuose du jeu des castagnettes intĂ©grĂ©es dans sa danse.
- La Argentinita (EncarnaciĂłn LĂłpez JĂșlvez, Buenos Aires, 1895 â New York 1945) bailaora et chorĂ©graphe hispano-argentine, sĆur aĂźnĂ©e de Pilar LĂłpez danseuse elle aussi. Elle fut surnommĂ©e la Argentinita (la petite Argentine) pour Ă©viter la confusion avec Antonia MercĂ©, de cinq ans son aĂźnĂ©e et dĂ©jĂ surnommĂ©e La Argentina. Elle a participĂ© aux mouvements artistiques de l'Ă©poque, autour de la GeneraciĂłn del 27, et a collaborĂ© avec des figures comme les poĂštes Rafael Alberti, Federico GarcĂa Lorca, le cinĂ©aste et dramaturge Edgar Neville ou Ignacio SĂĄnchez MejĂas (le « torero Ă©crivain » qui fut son compagnon). Dans la compagnie de ballet qu'elle avait crĂ©Ă©e, elle a travaillĂ© avec des bailaores rĂ©putĂ©s comme Juana la Macarrona, La Malena, JosĂ© Greco, et avec le grand guitariste Carlos Montoya, et obtint des triomphes, notamment sur les scĂšnes new-yorkaise, parisienne, berlinoise.
- La Macarrona, ou Juana la Macarrona (Juana Vargas de las Heras, Jerez de la Frontera 1870-Sevilla 1947 ; lire l'article en espagnol ou en anglais, plus dĂ©veloppĂ©), fille de Juan de Vargas, guitariste de flamenco, et de Ramona de las Heras, cantaora ; considĂ©rĂ©e avec sa sĆur MarĂa comme lâune des plus grandes danseuses de l'Ăge d'Or du flamenco et de l'Ă©poque des « cafĂ©s cantantes », elles descendaient deTĂo Vicente MacarrĂłn ou de TĂo Juan MacarrĂłn, les deux frĂšres cantaores historiques (du XVIIIe siĂšcle).
- La Malena (Magdalena Seda Loreto, Jerez de la Frontera, 1872 â SĂ©ville, 1956) bailaora considĂ©rĂ©e en son temps comme la seule rivale possible de sa compatriote La Macarrona, elle a travaillĂ© aussi avec La Argentinita.
- Pastora Imperio (Pastora Rojas Monje, SĂ©ville, 1887 â Madrid, 1979) danseuse, chanteuse et actrice reconnue. Amie de GarcĂa Lorca et de Falla, c'est pour elle que Manuel de Falla a expressĂ©ment composĂ© l'Amour sorcier sous sa forme ballet-pantomime avec dialogues et chants en 1915, sur un livret de MarĂa MartĂnez Sierra.
- Musée de cire de Barcelone : Carmen Amaya (au centre), La Chunga (à droite) et Pastora Imperio à gauche.
- La Argentina en 1930.
- La Argentinita en 1916.
- Pastora Imperio en 1913.
- Pastora Imperio en 1922.
Danse : artistes contemporains (toujours vivants, ou dĂ©cĂ©dĂ©s aprĂšs lâan 2000)
- Antonio Canales (Antonio Gómez de los Reyes, Séville 1961) danseur, chorégraphe, acteur (notamment pour Tony Gatlif dans Vengo).
- Antonio Gades, (Antonio Esteve RĂłdenas ou Rodeñas, Elda, 1936 â Madrid, 2004) danseur et chorĂ©graphe, considĂ©rĂ© comme un des plus importants de lâĂ©poque contemporaine : par ses chorĂ©graphies, sa collaboration avec Paco de LucĂa, Cristina Hoyos, et les films quâil a crĂ©Ă©s avec Carlos Saura (dont la « Trilogie flamenca »), il a contribuĂ© Ă la popularisation internationale du flamenco et fut le premier directeur du Ballet Nacional de España.
- BelĂ©n Maya (BelĂ©n Maya GarcĂa, New York 1966), on la voit dans les films de Carlos Saura, et notamment sur l'affiche du film Flamenco, Flamenco (2010).
- Cristina Hoyos (Cristina Hoyos Panadero, Séville 1946) danseuse, chorégraphe, professeure, directrice de compagnie et actrice ; elle tient les premiers rÎles, aux cÎtés d'Antonio Gades, dans la Trilogie flamenca de Carlos Saura (Noces de sang (film, 1981), Carmen, L'Amour sorcier).
- Israel GalvĂĄn (Israel GalvĂĄn de los Reyes, SĂ©ville 1973) danseur et chorĂ©graphe de flamenco expĂ©rimental (tendant Ă l'abstraction), quand sa sĆur Pastora GalvĂĄn, elle aussi danseuse et chorĂ©graphe, est reconnue comme une rĂ©fĂ©rence dans le flamenco traditionnel d'aujourd'hui[54]; ils sont les enfants des bailaores et chorĂ©graphes Eugenia de los Reyes BermĂșdez et JosĂ© GalvĂĄn « maĂźtres de flamenco » traditionnels ; Israel GalvĂĄn est reconnu en Espagne, mais plus encore en France[55], oĂč il a entre autres participĂ© au Festival d'Avignon en 2009 et 2017.
- JoaquĂn CortĂ©s (Cordoue 1969) bailaor, chorĂ©graphe, acteur, rĂ©alisateur et producteur, de famille gitane espagnole d'origine Rom ; on peut apprĂ©cier son art du baile et son jeu d'acteur dans les films : La Fleur de mon secret[56] de Pedro AlmodĂłvar (1995), Flamenco de Carlos Saura (1995) et Gitano de Manuel Palacios et Arturo PĂ©rez-Reverte (2000).
- La Chana (Antonia Santiago Amador, Barcelone 1946) danseuse cĂ©lĂšbre pour son sens exceptionnel du rythme, la sĂ»retĂ© de son compĂĄs (rythme et mesure), la vigueur enflammĂ©e de son taconeo (claquettes flamencas), la prĂ©cision et la rapiditĂ© virtuose de son zapateado[57] (danse mettant en Ćuvre essentiellement le zapateo ou taconeo gracieux). La rĂ©alisatrice croate Lucija StojeviÄ lui a consacrĂ© un documentaire long-mĂ©trage en 2016[58] : « La Chana - Le flamenco est ma vie[59] ». Le bailaor et chorĂ©graphe Antonio Canales l'a toujours prĂ©sentĂ©e publiquement comme sa "maestra"[60]).
- La Chunga, (Micaela Flores Amaya, Marseille 1938) danseuse, actrice et peintre d'art naĂŻf ; La Chunga peut se traduire en français par La Craignosse ; elle est la cousine de Carmen Amaya La Capitana et de Dolores Amaya Moreno La PescaĂlla, niĂšce du cantaor Rafael « El Tuerto », et apparentĂ©e Ă CamarĂłn de la Isla[61] ; elle fut la muse de nombreux poĂštes comme Blas de Otero, Rafael AlbertiâŠ
- MarĂa PagĂ©s (MarĂa JesĂșs PagĂ©s Madrigal, SĂ©ville 1963) bailaora, costumiĂšre, chorĂ©graphe reconnue aux niveaux national et international, elle a fait partie des compagnies d'Antonio Gades et de Mario Maya, avant de crĂ©er sa propre compagnie en 1990 ; on la voit notamment dans le film Flamenco (de Carlos Saura en 1995) ; elle a Ă©tĂ© primĂ©e pour la danse Ă la biennale de flamenco de SĂ©ville 2012, et pour le meilleur spectacle Ă celle de 2010.
- Merche Esmeralda (Mercedes RodrĂguez Gamero, SĂ©ville 1947) bailaora, chorĂ©graphe, cantaora et actrice ; elle a collaborĂ© avec JoaquĂn CortĂ©s, JoaquĂn Grilo et Antonio Canales ; on la voit dans les films Flamenco de Carlos Saura et Alma Gitana de Chus GutiĂ©rrez ; elle a fondĂ© son Ă©cole de danse en 1995.
- Sara Baras (Sara Pereyra Baras, San Fernando, Cådiz, 1971) bailaora, chorégraphe et directrice de compagnie ; elle a collaboré entre autres avec Manuel Morao, Enrique Morente, Paco Peña, Merche Esmeralda, Antonio Canales ; aujourd'hui, elle crée ses propres spectacles au sein de sa compagnie : le Ballet Flamenco Sara Baras créé en 1998.
- JoaquĂn CortĂ©s dans CalĂ© (2009). Photo : StĂ©phanie Pistel.
- Sara Baras, 2015.
Cinéma
- Carlos Saura (Carlos Saura AtarĂ©s, Huesca 1932) cinĂ©aste espagnol prolifique et rĂ©alisateur parmi les plus reconnus mondialement, multi-primĂ© et certainement l'un des plus influents des soixante derniĂšres annĂ©es pour le cinĂ©ma espagnol ou hispanique avec Luis Buñuel et Pedro AlmodĂłvar. Dans sa riche filmographie, la musique et la danse en gĂ©nĂ©ral, le flamenco en particulier, sont des thĂšmes rĂ©currents. On retiendra notamment plusieurs films-ballets consacrĂ©s au flamenco. D'abord sa Trilogie Flamenca (fiction et danse avec Antonio Gades) : Noces de sang (Bodas de sangre) en 1981 inspirĂ© par GarcĂa Lorca, puis Carmen en 1983 inspirĂ© par MĂ©rimĂ©e et Bizet, enfin L'Amour sorcier (El amor brujo) en 1986 inspirĂ© par Manuel de Falla. Puis des films plus documentaires de danse pure : Sevillanas (1992), Flamenco (1995), Iberia (2005), Flamenco, Flamenco (2010). Il a aussi rĂ©alisĂ© des films sur l'univers du tango argentin, du fado portugais, du folklore argentin, de la jota aragonaise : Tango (1998), Fados (2007), Zonda folclore argentino (2015), Jota de Saura (2016).
- Edgar Neville Romrée (Madrid 1899 - 1967) cinéaste (scénariste et réalisateur), écrivain et dramaturge espagnol : entre de nombreux autres (films de fiction et documentaires), on retiendra le film Duende y misterio del flamenco (1952), qui concerne le flamenco. Entre de nombreux autres encore (poésie, théùtre, romans, essais) on retiendra les livres : El baile, cuentos y relatos cortos (Madrid, Castalia, 1996), et Flamenco y cante jondo (Madrid, Rey Lear, 2006).
- Emir Kusturica (Sarajevo, Bosnie-HerzĂ©govine, 1954) cinĂ©aste, acteur et musicien serbe et français multi-primĂ© (dont Lion d'or (1981) et d'argent (1998) Ă la Mostra de Venise, un Ours d'argent au Festival de Berlin 1993, deux Palmes d'or et un Prix de la mise en scĂšne au Festival de Cannes) ; la musique (surtout tzigane) est omniprĂ©sente dans ses films, notamment celle du trompettiste serbe Boban MarkoviÄ avec sa fanfare de onze musiciens, et celle de son propre groupe le No Smoking Orchestra ; les Gitans sont le thĂšme central de deux de ses films : Le Temps des Gitans (1988) et Chat noir, chat blanc (1998).
- Manuel Palacios[62] Ă©crivain, dramaturge, metteur en scĂšne et cinĂ©aste espagnol ; parmi ses documentaires, fictions tĂ©lĂ©visĂ©es et longs mĂ©trages, on retiendra un film musical : Bodas de gloria (1995), et son film Gitano avec Laetitia Casta et JoaquĂn CortĂ©s en tĂȘte d'affiche.
- Tony Gatlif (nĂ© Michel Boualem Dahmani Ă Alger en 1948, de pĂšre kabyle et de mĂšre gitane) rĂ©alisateur, acteur, scĂ©nariste, producteur et compositeur français; le peuple rom, la richesse et la diversitĂ© de son « univers sonore et musical » (notamment la musique tzigane, la musique manouche et le flamenco) sont souvent au centre de ses films; il a reçu deux CĂ©sars de la meilleure musique Ă©crite pour un film (1999 pour Gadjo Dilo et 2001 pour Vengo), et un prix de la mise en scĂšne au Festival de Cannes 2004 pour Exils. Parmi ses films, on retiendra notamment, pour leurs liens avec la musique et le flamenco : la trilogie Les Princes (1983), Latcho Drom (1993), Gadjo dilo (1997), puis Swing (2001) et surtout Vengo (2000) qui contient des scĂšnes oĂč le flamenco tient un rĂŽle de premier plan (dont un intermĂšde musical de flamenco-fusion avec la musique Ă©gyptienne mettant Ă l'honneur Tomatito et Sheik Al Tuni[51] - [63]).
- Carlos Saura en 2011.
- Edgar Neville Romrée en 1936.
- El Baile, piĂšce d'Edgar Neville, Palacio de Bellas Artes, repĂșblica Dominicana, 1976.
- Emir Kusturica jouant avec son groupe.
- Tony Gatlif en 2016.
Sources
Ăcrits documentaires
- Gabriel Sandoval, Flamenco attitudes, Solar, , 144 p. (ISBN 978-2263034770)
- Gabriel Sandoval et Bernardo Sandoval, Le flamenco, entre révolte et passion, Milan, coll. « Les Essentiels Milan » (no 119), , 64 p. (EAN 978-2745925428)
- (es) José Manuel Gamboa :
- VĂctor Monge Serranito. El guitarrista de guitarristas - un livre (456 pages) + un DVD / El Flamenco Vive, Madrid, 2017.
- ÂĄEn er mundo ! De cĂłmo Nueva York le mangĂł a ParĂs la idea moderna de flamenco (Flamenconautas. 1a parte : Pioneros y conquistadoras) / AthenaĂca Ediciones Universitarias, Sevilla, 2016.
- GuĂa libre del flamenco, en collaboration avec Pedro Calvo / Iberautor, Madrid, 2001.
- Una historia del flamenco / Espasa Calpe, Madrid, 2005 et 2011.
- Flamenco de la A a la Z. Diccionario de términos flamencos, en collaboration avec Faustino Nuñez / Espasa Calpe, Madrid, 2007.
- Luis Maravilla. Por derecho (en collaboration avec Miguel Espin / FundaciĂłn Machado, Sevilla, 1990).
- Perico el del Lunar. Un flamenco de antologĂa (Ediciones La Posada, CĂłrdoba, 2001).
- Sabicas. La correspondencia de Sabicas nuestro tĂo de AmĂ©rica. Su obra toque X toque (El Flamenco Vive, Madrid, 2013 - La correspondencia de Sabicas).
- Universo Morente. CreaciĂłn y vida de Enrique Morente / TF Editores, 2015.
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (es) José Manuel Caballero Bonald, Luces y sombras del flamenco.
- (es) FĂ©lix Grande, Memoria del flamenco, Alianza editorial, 1999.
- (es) FĂ©lix Grande, GarcĂa Lorca y el flamenco, 1992.
- (es) José Manuel Gamboa (es), Una historia del flamenco, Espasa Calpe, 2005.
- (es) Alfredo Grimaldos (es), Historia social del flamenco, Peninsula, 2010.
- (es) Claude Worms, Duende flamenco. Anthologie méthodique de la guitare flamenca, éd. M. Combre.
- Mario Bois, Le Flamenco dans le texte, Ăditions Atlantica, 2016, 288 p. (ISBN 978-2758802617).
- Frédéric Deval, Le Flamenco et ses Valeurs, Aubier, 1989, 89 p. (ISBN 978-2700727012).
- Frédéric Deval, Le Flamenco à la question, Fondation Royaumont, Département des musiques orales et improvisées, 2002.
- Georges Hilaire, Initiation flamenca, Ăditions du Tambourinaire, 1954.
- Victoria Hislop (trad. de l'anglais par Séverine Quelet), Une derniÚre danse [« The Return »], Paris, Les Escales, , 452 p., 23 cm (ISBN 978-2-36569-087-4, BNF 43826115).
- Bernard Leblon, Flamenco, un CD inclus, Cité de la musique/Actes sud, 2001.
- Bernard Leblon, Gitans et Flamenco. LâĂ©mergence de lâart flamenco en Andalousie, Centre de recherches tsiganes â CRDP Midi-PyrĂ©nĂ©es, 1994.
- Jean-Marie Lemogodeuc et Francisco Moyano, Le Flamenco, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1994, 127 p. (ISBN 978-2130463986).
- VĂ©ronique Mortaigne, in Le Monde, 28 mai 1993.
Filmographie
- Flamenco à 5 h 15, documentaire canadien ayant remporté l'Oscar du meilleur court métrage documentaire en 1984
- Luz del flamenco, documentaire en français (RTVE/ARTE 1997) : une histoire du flamenco des origines aux cafĂ©s cantantes, aux acadĂ©mies de danse et Ă Paco de LucĂa, avec tĂ©moignages, entretiens et images d'archives rares (Ă Ă©couter et Ă voir en ligne)
- Flamenco, Flamenco de Carlos Saura (présentation)
Notes et références
- (es) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en espagnol intitulĂ© « Flamenco » (voir la liste des auteurs).
Notes
- La citation originale est : « el cante flamenco [es] el canto andaluz agitanado ». MĂȘme si le flamenco est un art plĂ©nier appartenant au patrimoine de toute l'humanitĂ© et qui ne doit pas ĂȘtre "ethnicisĂ©" sous peine de rĂ©ductionnisme, il semble que, dĂšs sa dĂ©finition, l'attribution, aujourd'hui, de la culture flamenca au peuple gitan soit de rigueur et historiquement juste, mĂȘme si ses origines sont diverses et bien antĂ©rieures Ă l'arrivĂ©e des gitans en Andalousie, et mĂȘme si le « chant andalou profond » ne saurait ĂȘtre entiĂšrement circonscrit Ă une tradition gitane, ainsi que le notaient dĂ©jĂ Federico GarcĂa Lorca et Manuel de Falla (voir plus loin). NĂ©anmoins, quoique non exclusif, l'apport du peuple gitan Ă la culture flamenca est indĂ©niable, comme l'affinitĂ© intime qui existe aujourd'hui entre les cultures gitane et flamenca, et l'Ă©vocation de cet apparentement actuel Ă©mane d'un ouvrage de rĂ©fĂ©rence linguistiquement incontestable : (es) Diccionario de la lengua española de la Real Academia Española, « cante » , sur dle.rae.es, (consultĂ© le ). Pour autant, des musiciens, des danseurs et des chanteurs de flamenco, d'aujourd'hui comme d'hier, parmi les plus illustres et les plus crĂ©atifs, et des plus authentiques aussi, ne sont pas d'origine gitane, et certains ne sont pas mĂȘme espagnols (français ou latino-amĂ©ricains par exemple), tant il est vrai que le flamenco est aujourd'hui, comme d'autres, une "culture-monde" (plus donc qu'une musique du monde) ; mais en tant que "culture populaire", en tant que "maniĂšre d'ĂȘtre-au-monde" (ou « forma de ser »), en tant que « façon d'ĂȘtre-ensemble et de "faire communautĂ©", dâune qualitĂ© hors pair »[1] - [2], comme le dit FrĂ©dĂ©ric Deval (voir ici « Dimension philosophique »), le flamenco fait aujourd'hui partie intĂ©grante de l'identitĂ© du peuple gitan⊠et rĂ©ciproquement ; ainsi d'ailleurs que le disait aussi GarcĂa Lorca, Ă la fois grand aficionado (« amateur ») et grand connaisseur du flamenco, source inĂ©puisable de son Ćuvre
- La citation originale est : « adj. Dicho de una manifestación cultural, o de su intérprete: De caråcter popular andaluz, y vinculado a menudo con el pueblo gitano : "Cante, bailaor flamenco" (« chant, danseur flamenco »). Aplicado a una persona, usado también como sustantivo (« Peut aussi s'appliquer à une personne, ou s'utiliser comme substantif »): "Un flamenco de voz desgarrada". » : (es) Diccionario de la lengua española de la Real Academia Española, « flamenco, -ca » , sur dle.rae.es, (consulté le ).
- La citation originale est : « cante mås genuino andaluz, de profundo sentimiento » : (es) Diccionario de la lengua española de la Real Academia Española, « cante » , sur dle.rae.es, (consulté le ).
- [ressemblance entre guitare classique et guitare flamenca] : tout au moins du point de vue de l'art de la lutherie sinon tout Ă fait du jeu â car les diffĂ©rences sont marquantes, mĂȘme s'il y a des "va-et-vient" entre le jeu "classique" et le jeu "flamenco", et si les musiques classique et flamenca sont sources d'inspiration rĂ©ciproque â, voir notamment la section « Musique classique » de l'article consacrĂ© Ă Paco de LucĂa, la section « Jeu (Toque) » de l'article sur la guitare flamenca, ainsi que les articles consacrĂ©s aux guitaristes solistes RamĂłn Montoya, Carlos Montoya et Sabicas.
- Notamment, mĂȘme si la guitare reste l'instrument-roi et souvent exclusif du flamenco, on voit souvent aujourd'hui dans le nouveau flamenco, outre les claviers, intervenir la flĂ»te traversiĂšre (ou mĂȘme parfois la kena), tenue par exemple par Jorge Pardo dans l'un des sextettes que Paco de LucĂa a formĂ©s un peu sur le modĂšle des ensembles de musique classique ou jazz (voir la section « De nouveaux instruments » dans l'article consacrĂ© Ă Paco).
- Par la Pragmåtica, publiée en 1783, Charles III établit que les Gitans sont citoyens espagnols, à condition de respecter les rÚgles suivantes :
- Interdiction de se dire gitan, dans la mesure oĂč tous les citoyens sont Ă©gaux,
- Les enfants doivent aller Ă l'Ă©cole Ă partir de l'Ăąge de quatre ans,
- Les gitans sont libres de s'installer oĂč ils veulent,
- Les gitans peuvent exercer n'importe quelle activité,
- Les gitans ont droit à la protection de leur personne et de la santé,
- Les personnes qui s'opposent à l'entrée ou à l'installation de gitans seront punies,
- Les personnes qui s'opposent à l'intégration des gitans seront punies.
- abandonner leur maniĂšre de s'habiller,
- ne pas parler leur langue en public,
- se sédentariser et abandonner la vie errante.
- Il s'agit donc aussi, ici, du fragile chemin du processus psychanalytique de symbolisation permettant, ou non, à l'art d'assumer pleinement sa fonction cathartique, et à l'inconscient individuel d'entrer en résonance avec l'inconscient collectif pour le nourrir et le retremper, le vivifier mais en tant que substrat de l'Anthropos universel comme le suggÚre Edgar Morin dans L'esprit du temps[21], à la différence de la vision ethniquement segmentée qu'en donne parfois la psychologie analytique jungienne.
Références
- Frédéric Deval, Le Flamenco et ses Valeurs, Aubier, 1989, p. 17.
- « Colloques ».
- (es) Federico GarcĂa Lorca, Poema del Cante Jondo, Romancero Gitano : Conferencias y Poemas (extraits) [« PoĂšme du Chant Profond, Romancero gitan : confĂ©rences et poĂšmes »], BibliothĂšque du CongrĂšs, n° de contrĂŽle : 010942485, Washington D. C, Stockcero edition, , PDF (ISBN 978-1-934768-37-2, lire en ligne ), « El cante jondo (Primitivo canto andaluz) : importancia histĂłrica y artĂstica / Arquitectura del "cante jondo" », p. 13, 37, 39, 40.
- « https://www.danceus.org/flamenco/the-a-to-zs-of-flamenco-dance-f-is-for-floreo/ ».
- « ORĂGENES DE LO FLAMENCOY SECRETO DEL CANTE JONDO ».
- B. Leblon, Flamenco, p. 7.
- « lamediatheque.be/dec/genres_mu⊠»(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?).
- Machado Ălvarez, Antonio, Collection de chants flamencos recueillis et annotĂ©s par DemĂłfilo, SĂ©ville, 1881.
- EncyclopÊdia Universalis, « Flamenco », sur EncyclopÊdia Universalis (consulté le ).
- (es) Ăngeles Lucas, « La huella cultural de los negros esclavos en España es indeleble », El PaĂs,â (ISSN 1134-6582, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Centre Culturel Arabe, « La musique voyageuse : maqùm et flamenco », sur www.culture-arabe.irisnet.be (consulté le ).
- FrĂ©dĂ©ric Deval, « Bernard Leblon : flamenco », Cahiers dâethnomusicologie. Anciennement Cahiers de musiques traditionnelles, no 9,â , p. 329-331 (ISSN 1662-372X, lire en ligne, consultĂ© le ).
- « http://www.revues-plurielles.org/_uploads/pdf/9_10_6.pdf ».
- « Histoire et Origines du Flamenco », sur andalucia.org (consulté le )
- « Andalousie : nuit de flamenco à Grenade », Le Monde (consulté le ).
- Marcel Courthiade, « Les Rroms dans le contexte des peuples européens sans territoire compact ».
- « Compilhistoire. Roms, Gitans, Manouches et Tsiganes », sur compilhistoire.pagesperso-orange.fr (consulté le ).
- Jean-Marie Lemogodeuc et Francisco Moyano, Le Flamenco, PUF, p. 114-125.
- Patrick Labesse, « FrĂ©dĂ©ric Deval, marieur de musiques Ă la Fondation Royaumont, est mort », Le Monde.fr,â (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Frédéric Deval, Le Flamenco et ses Valeurs, Aubier, 1989, p. 62.
- Edgar Morin (prĂ©f. Ăric MacĂ©), L'esprit du temps : essai sur la culture de masse, Grasset-Fasquelle, rĂ©Ă©d. en poche : Ă©ditions de l'Aube, coll. « MikrĂłs - essai », 1962, 2017 (rĂ©Ă©d.), 224 p. (ISBN 978-2815925037 et 2815925036). Voir aussi sur ce sujet : â¶Ăric Letonturier, « L'esprit du temps d'Edgar Morin, fiche de lecture », sur EncyclopĂŠdia Universalis [en ligne], fiche de lecture (consultĂ© le ). Et : â¶Michel Matarasso, « Morin Edgar, L'esprit du temps. Essai sur la culture de masse (recension) », Revue française de sociologie, vol. 4,â , p. 80-83 (lire en ligne).
- Ignacio GĂĄrate MartĂnez, Le Duende, jouer sa vie. De l'impossible du sujet au sujet de l'impossible, La Varenne, La Versanne, coll. « Encre Marine », , 59 p. (ISBN 2-909422-95-X et 978-2909422954).
- Bernard Leblon, Gitans et Flamenco. LâĂ©mergence de lâart flamenco en Andalousie, Centre de recherches tsiganes â CRDP Midi-PyrĂ©nĂ©es, 1994.
- Voir notamment le Vocabulaire europĂ©en des philosophies. Dictionnaire des intraduisibles, Barbara Cassin (dir.). Voir aussi la prĂ©face de Nadine Ly au livre suivant : Ignacio GĂĄrate MartĂnez, Le Duende, jouer sa vie, La Varenne, Encre Marine, , 59 p. (ISBN 2-909422-95-X et 978-2909422954), prĂ©face.
- « Origine du mot âOlĂ©â », Les Alganecdotes,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Juego y teorĂa del duende.
- « https://www.editions-allia.com/files/pdf_158_file.pdf ».
- « La Lupi », sur www.flamenco-culture.com
- « El Amor Brujo - Danza Ritual del Fuego & Canción del Fuego Fatuo » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
- Pedro Soto de Rojas : poĂšte espagnol 1584 â 1658 il Ă©crivit notamment : « ParaĂso cerrado para muchos, jardines abiertos para pocos », (Paradis fermĂ© pour beaucoup, jardins ouvert pour peu) poĂšme hermĂ©tique en sept strophes. De ce poĂšte Federico GarcĂa Lorca Ă©crivit : « Soto de Rojas sâenferme dans son jardin pour dĂ©crire des jets dâeau, des dahlias, des chardonnerets et des airs suaves. Airs mi morisques mi italiens, qui agitent encore les branches, les fruits et les fourrĂ©s de son poĂšme. » Ă lire en ligne sur le site du centre culturel virtuel CervantĂšs, (club de lecture qui nĂ©cessite une inscription et un abonnement) : « Club de lecture virtuelle de la BibliothĂšque Octavio Paz de Paris », sur Instituto Cervantes (consultĂ© le ).
- Peut-ĂȘtre Juan Climaco (575 - 606 ? ou 649 ?) qui Ă©crivit un "Escala al paraiso" (Ă©chelle pour le paradis).
- « "Jeu et thĂ©orie du duende" de Federico GarcĂa Lorca, traduction en français de Claude Boisnard page 6 (sur 13 en tout) »
- Texte original en espagnol, Juego y teorĂa del Duende (1933), page 3 et 4 (sur 9 en tout)
- « http://dle.rae.es/?id=RaOp0rz ».
- « Cajon Fred historique », sur cajonfred.com (consulté le ).
- (en-US) « Cajon Flamenco: World Percussion by David Kuckhermann », World Percussion by David Kuckhermann,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- « TONà », sur EncyclopÊdia Universalis (consulté le ).
- Liste reprĂ©sentative du patrimoine culturel immatĂ©riel de lâhumanitĂ© sâenrichit de 46 nouveaux Ă©lĂ©ments.
- « https://www.mecd.gob.es/cultura-mecd/areas-cultura/patrimonio/mc/patrimonio-inmaterial/elementos-declarados/comunidad-autonoma/andalucia/flamenco.html ».
- « El Flamenco, Patrimonio Cultural Inmaterial de la Humanidad: Google Arts & Culture », sur Google Cultural Institute (consulté le ).
- « ministÚre de la Culture », sur culturecommunication.gouv.fr (consulté le ).
- « Arte Flamenco » (consulté le ).
- « Festival Flamenco Toulouse » (consulté le ).
- John Szwed, « So What: The Life of Miles Davis », sur Google Books, Random House,
- « Javier Molina », sur andalucia.org
- « Paco el Barbero », sur andalucia.org
- (es) « Paco de Lucena : 150 años, por Eusebio Rioja - Revista DeFlamenco.com », sur Revista DeFlamenco.com, (consulté le ).
- « Rafael del Ăguila », sur andalucia.org
- « RAFAEL DEL ĂGUILA -GUITARRISTAS - El Arte de Vivir el Flamenco », sur elartedevivirelflamenco.com
- « Pedro Soler », sur Jazz'halo
- « On trouvera ici l'introduction du film contenant ce passage avec Tomatito et Sheik Al Tuni »
- (en) D. E. Pohren, Paco de LucĂa and Family : The Master Plan, Society of Spanish Studies, , 169 p. (ISBN 978-0-933224-62-9, lire en ligne).
- (es) « Rubem Dantas », sur rubemdantas.com (consulté le ).
- (en) Flamenco: Conflicting Histories of the Dance de Michelle Heffner Hayes, Ă©ditions McFarland, 2009, (ISBN 9780786439232), p. 173-178.
- (es) Israel GalvĂĄn asombra en ParĂs con « La curva » dans El PaĂs du 16 janvier 2012.
- notamment un duo avec la grande Manuela Vargas sur Sketches of Spain de Miles Davis dans ce film.
- Hubert Heyrendt, « "La Chana" : Ex-reine du flamenco », La Libre Belgique,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- « La Chana », sur Cinespaña, site du festival de cinéma espagnol de Toulouse et de sa région, (consulté le ). Ce documentaire, entre autres, a fait l'ouverture du festival Cinespaña le 29 septembre 2017 à la CinémathÚque de Toulouse, et a été programmé sur la chaßne de télévision Arte le 5 avril 2020.
- On pourra voir des extraits de ce documentaire ici : Lucija StojeviÄ, « La Chana - Le flamenco est ma vie », sur replay.orange, (consultĂ© le ).
- Voir l'introduction à l'article du Wikipedia en espagnol consacrée à Antonia Santiago.
- (es) Juan JosĂ© TĂ©llez, « MĂĄs allĂĄ de Paco de LucĂa : una aproximaciĂłn a la tradiciĂłn del flamenco en el Campo de Gibraltar. », MĂșsica oral del Sur, revista internacional bianual n°8, Centro de documentaciĂłn musical de AndalucĂa., (consultĂ© le ), p. 70.
- « Manuel PALACIOS », sur musiquealhambra.com
- « Vengo flamenco gypsies dancing spain spanish music latin HD » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Ressource relative Ă plusieurs domaines :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Flamenco culture, le portail du flamenco
- Musique Alhambra, l'actualité du flamenco
- OrĂgenes de lo flamenco y secreto del cante jondo
- Encyclopedia Britannica Flamenco, music and dance