Rafael Alberti
Rafael Alberti Merello, nĂ© le Ă El Puerto de Santa MarĂa, province de Cadix, et mort au mĂŞme endroit le , est un poète et dramaturge espagnol appartenant Ă la gĂ©nĂ©ration de 27. Après la guerre civile espagnole, il s'exile en raison de ses convictions marxistes. Ă€ son retour en Espagne après la mort de Franco, il reçoit la distinction Hijo Predilecto de AndalucĂa en 1983 et il est nommĂ© docteur honoris causa par l'universitĂ© de Cadix en 1985.
Nom de naissance | Rafael Alberti Merello |
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Naissance |
El Puerto de Santa MarĂa Royaume d'Espagne |
Décès |
(Ă 96 ans) El Puerto de Santa MarĂa Espagne |
Activité principale | |
Distinctions |
Langue d’écriture | espagnol |
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Mouvement | Génération de 27, gongorisme, surréalisme |
Genres |
Ĺ’uvres principales
- Marinero en tierra
- Sobre los ángeles
Il reçoit le prix national de poésie en 1924 et le prix Cervantes en 1983.
Biographie
Rafael Alberti naît en Andalousie. Issu d'une famille bourgeoise d'origine italienne (son grand-père paternel, Tommaso Alberti Sanguinetti, était un garibaldien), il est placé dans un collège jésuite, mais ne s'intéresse pas aux études et se fait exclure. En 1917, il part à Madrid où son père est amené à travailler. Le bouillonnement de la ville l'inspire. Il annonce qu'il veut devenir peintre. Son père meurt en 1920. Deux ans plus tard, malgré les réticences de sa famille, il organise sa première exposition à Madrid en 1922[1].
Il se lance dans l'Ă©criture et, pour son premier recueil de poèmes, Marinero en tierra (Le Marin Ă terre), il se voit honorĂ© du prix national de poĂ©sie. Il a vingt-trois ans[1]. En 1932, Rafael Alberti Ă©pouse l'Ă©crivaine MarĂa Teresa LeĂłn (1903-1988). Il s'inscrit au Parti communiste. Ceci le conduit Ă voyager en Union soviĂ©tique avec son Ă©pouse, y rencontrant notamment Boris Pasternak, ainsi qu'Elsa Triolet et Louis Aragon. En 1934, ils fondent la revue rĂ©volutionnaire Octobre.
En 1936, la guerre civile espagnole commence. Il anime une Alliance des intellectuels antifascistes avec José Bergamin et dirige la revue El Mono Azul (es)[2]. Il s'implique alors activement dans la répression stalinienne à l'intérieur de la zone tenue par le front populaire.
Dans El Mono Azul, lui et les autres membres du ComitĂ© d'Ă©puration entretiennent une rubrique appelĂ©e A Paseo (traduisible par « Ă dĂ©gager »), dans laquelle figure le nom des intellectuels qui doivent ĂŞtre « Ă©purĂ©s » comme contre-rĂ©volutionnaires. Parmi ceux mentionnĂ©s, Miguel de Unamuno, Pedro Muñoz Seca (es), Manuel GarcĂa Morente, et mĂŞme ses amis des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes Ernesto GimĂ©nez Caballero et Rafael Sánchez Mazas.
De 1939 à 1977, il s'exile en France, en Argentine puis en Italie. Il reçoit en 1990 les insignes de docteur Honoris Causa de l'université Michel-de-Montaigne Bordeaux-III[3].
Il devient solidaire de la RĂ©volution sandiniste, au Nicaragua. Il se rend Ă Managua pour l'inauguration du Théâtre populaire RubĂ©n DarĂo après l'arrivĂ©e au pouvoir du Front sandiniste de libĂ©ration nationale. Il rencontre par ailleurs deux fois Ernesto Cardenal : ils font d'abord connaissance lors d'une rencontre d'Ă©crivains Ă Berlin avant la rĂ©volution ; puis, alors que Cardenal est ministre de la culture du Nicaragua, ils inaugurent ensemble une exposition de peintures latino-amĂ©ricaines en Espagne[4].
En 1993, il reçoit la médaille d'or du mérite des beaux-arts par le ministère de la Culture[5] et, en 1999, la Creu de Sant Jordi, distinction décernée par la Generalitat de Catalogne.
Analyse de l'Ĺ“uvre
Dans un premier temps, sa poésie se situe dans la tradition des recueils de chansons, mais sa position est celle d'un poète d'avant-garde : Marinero en tierra (1925), La amante (1926) et El alba del alhelà (1927). Proche de Garcia Lorca, il découvre avec ce dernier les dangers d'un « andalousisme » facile[2].
Une autre tradition leur sert d'antidote : celle de Góngora, maître de la poésie baroque[2]. Le résultat est Cal y canto (1929, écrit entre 1926 et 1927). Le gongorisme réside dans une transfiguration stylistique à laquelle se trouvent soumis les sujets. Dans ce livre apparaît un ton sombre qui anticipe Sobre los ángeles (1929, écrit entre 1927 et 1928).
Sobre los ángeles (« Sur les anges ») — qui ouvre une troisième étape, le surréalisme — naît comme conséquence d'une grave crise personnelle et se rattache d'autre part à la crise esthétique générale de l'époque, commune à tout l'art occidental. Le classicisme antérieur se voit soudainement malmené, et même si le poète utilise encore les formes métriques traditionnelles, la versification libre surgit de façon triomphante. Les caractéristiques de ces poèmes sont la densité des images, la violence du vers, la création d'un monde onirique et infernal.
C'est probablement le livre majeur du poète, lequel prolongera son ton apocalyptique dans Sermones y moradas écrit entre 1929 et 1930, le cercle du surréalisme se refermant sur l'humour de Yo era un tonto y lo que he visto me ha hecho dos tontos (1929). Dans ce dernier livre, se retrouvent des poèmes consacrés aux grands comiques du cinéma muet. « Ma poésie n'a rien à voir ou presque rien avec le peuple », dit-il[6]. C'est un chantre des thèmes de la vie moderne, un humoriste, un poète pur.
L'identification entre conduite privĂ©e et conduite publique, que l'on peut considĂ©rer comme une caractĂ©ristique du surrĂ©alisme, se traduit postĂ©rieurement chez Alberti par une position idĂ©ologique proche de l'anarchisme. Cela l'amène Ă se lancer dans la poĂ©sie politique, dont la première manifestation est l'Ă©lĂ©gie civique Con los zapatos puestos tengo que morir (1930). Avec l'arrivĂ©e de la Seconde RĂ©publique espagnole (1931), Alberti adopte les positions du marxisme rĂ©volutionnaire. Les poèmes de cette pĂ©riode sont rassemblĂ©s dans Consignas (1933), Un fantasma recorre Europa (1933), 13 bandas y 48 estrellas (1936), Nuestra diaria palabra (1936) et De un momento a otro (1937) ; en 1938 l'auteur rassemble tous ces recueils sous le titre gĂ©nĂ©ral El poeta en la calle. Il faut ajouter l'Ă©lĂ©gie Verte y no verte (1935), dĂ©diĂ©e Ă Ignacio Sánchez MejĂas. Le cycle est inĂ©gal, mais recèle des rĂ©ussites remarquables.
Militant engagé dans le camp républicain, Rafael Alberti est contraint de s'exiler en France en 1939 ; l'année suivante, il doit quitter ce pays vaincu par les Allemands, pour se réfugier en Argentine où il reste jusqu'en 1963. Cette année-là , il s'installe en Italie (Rome et ponctuellement Cervara di Roma) pour un séjour qui durera jusqu'à son retour en Espagne en 1977.
L'exil (1939-1977) dĂ©clenche le dernier cycle de l'Ĺ“uvre d'Alberti. De la poĂ©sie apolitique, on peut dĂ©tacher Entre el clavel y la espada (1941) ; A la pintura (1948), retable sur les thèmes et figures des arts picturaux ; Retornos de lo vivo lejano (1952) ; Oda marĂtima ; Baladas y canciones del Paraná (1953). Il s'agit de livres articulĂ©s — sauf A la pintura — sur le thème de la nostalgie, dans lesquels les vers cultes alternent avec le « neopopularismo », et qui prĂ©sentent des lignes d'une grande qualitĂ©, que l'on retrouve dans Abierto a todas horas (1964) et dans le premier livre totalement rĂ©digĂ© après le retour en Europe, Roma, peligro para caminantes (1968).
Après le retour en Espagne (1977), la production d'Alberti, très abondante, inclut en particulier la poésie érotique de Canciones para Altair (1988).
Ĺ’uvres
Poésie
- Marinero en tierra (1925), prix national de poésie 1924
- La Amante (1926)
- El alba del alhelĂ (1927)
- Cal y Canto (1929)
- Sobre los angeles (1929)
- Sermones y moradas (1929)
- Consignas (1933)
- poema del mar Caribe (1936)
- 13 bandas y 48 estrellas (1936)
- De un momento a otro (1938-1939)
- El trébol florido (1940)
- Entre el clavel y la espada (1939-1940)
- Pleamar (1942-1944)
- A la pintura (1945-1967)
- Retornos de lo vivo lejano (1948-1956)
- Coplas de Juan Panadero (1949-1953)
- Noche de guerra en el Museo del Prado (1956)
- Abierto a todas horas (1960-1963)
- Roma, peligro para caminantes (1964-1967)
- Canciones del alto valle del Aniene (1967-1971)
- Fustigada luz (1972-1978)
- Los hijos del drago y otros poemas (1986)
- Canciones para Altair (1988)
Théâtre
Ĺ’uvres traduites
Son œuvre a été traduite dans de nombreuses langues, dont en français[7] :
Poésie
- Poèmes de Rafael Alberti (sélection), GLM, 1952
- Le Marin à terre, trad. Claude Couffon, Éditions Seghers, 1957
- Revenances du vivant lointain, trad. Alice Ahrweiler, Éditions Seghers, 1955
- Sermons et demeures, suivi de Élégie civique et J'étais un imbécile et ce que j'ai vu a fait de moi deux imbéciles, trad. Robert Marrast, P.J. Oswald, 1962
- Qui a dit que nous étions morts? — Poèmes de guerre et d'exil, trad. Claude Couffon, anthologie, édition bilingue, Les Éditeurs français réunis, 1964
- Mépris et merveille, traduit et adapté par Victor Mora et Charles Dobzynski, édition bilingue, Les Éditeurs français réunis, 1974
- Picasso le rayon ininterrompu, Cercle d'art, 1974
- Sur les anges, trad. Bernard Sesé, édition bilingue, Les Éditeurs français réunis, 1976
- Marin à terre. L'Amante. L'Aube de la Giroflée, trad. Claude Couffon, Gallimard, 1985
- D'Espagne et d'ailleurs (poèmes d'une vie), trad. Claude Couffon, anthologie, Pantin, Le Temps des cerises, 1998
- À la peinture, avec des dessins de l'auteur, Le Passeur, 2001
Anthologie
- Jeanne Marie, Los caminos del alma / Les Chemins de l’âme - memoria viva de los poetas del 27’ / mémoire vive des poètes de la Génération de 1927, éditions Paradigme Orléans
Prose
- La Futaie perdue I. (MĂ©moires). (Livres I et II), trad. Robert Marrast, Belfond, 1984
Théâtre
- Le Repoussoir (fable de l'amour et des vieilles, trois actes), trad. Robert Marrast, L'Arche, 1957 puis 1984
- Théâtre 1 : Nuit de guerre dans le musée du Prado. Le Trèfle Fleuri. Radio-Séville, trad. Alice Gascar, L'Arche, 1962
- Théâtre 11 : D'un moment à l'autre. L'Homme inhabité. Cantate des héros et de la fraternité des peuples, L'Arche, 1963
Mise en musique
Parmi les plus connus des interprètes espagnols des poèmes de Rafael Alberti, Paco Ibáñez, dont le fameux A galopar, hymne des Républicains exilés après la guerre civile[8].
On trouve aussi quelques poèmes de Rafael Alberti chantés et mis en musique par Vicente Monera, auteur-interprète espagnol[9] - [10].
En 1977, la chanteuse hispano-vénézuélienne Soledad Bravo a fait, avec Rafael Alberti, un disque dans lequel ils enchaînent chansons (musique de Soledad Bravo sur des poèmes de Rafael Alberti) et des poèmes dits par Rafael Alberti lui-même. Le disque, édité par CBS a reçu le prix de l'académie Charles-Cros[11].
Dans la culture populaire
Alberti apparaît comme personnage dans différentes œuvres de fiction littéraires ou audiovisuelles :
- La hora de los valientes[12], film d'Antonio Mercero (1998)
- La Noche de los tiempos (es)[13], roman d'Antonio Muñoz Molina (2009).
Notes et références
- Géniès 1984.
- Chao 1999.
- « Les docteurs Honoris Causa d'hier à aujourd'hui », sur Université Bordeaux Montaigne, (consulté le ).
- (es) Ernesto Cardenal, La RevoluciĂłn Perdida, Madrid : Fondo de Cultura EconĂłmica, 2004 (ISBN 9788481646757), 482 p.
- (es) Juan Carlos Ier et Jordi Sole Tura, « 539/1993 de 2 de abril por el que se concede la Medalla al Mérito en las Bellas Artes, en su categoria de Oro, a las personas que se citan », Boletin de Estado, Madrid, no 95,‎ , p. 1338 (lire en ligne).
- La Gaceta Literaria (es) du .
- Liste des œuvres traduites en français, sur le site officiel de Rafael Alberti.
- mfrontere, « A galopar, hasta enterrarlos en el mar ! », Fragments, blog du Monde, , consulté le .
- (es) Vicente Monera, « Poèmes de Rafael Alberti interprétés en musique par Vicente Monera », sur musicaypoemas.com/ (consulté le )
- Chaîne YouTube de Vicente Monera, où il interprète des poèmes de Rafael Alberti [vidéo].
- Le Monde 1994.
- (en) La hora de los valientes sur l’Internet Movie Database.
- (es) Antonio Muñoz Molina, La noche de los tiempos, Barcelone, Editorial Seix Barral, , 960 p. (ISBN 978-84-322-1275-8).
Annexes
Bibliographie
- Robert Marrast, Aspects du théâtre de Rafael Alberti, SEDES, 1967, 155 p.
- (es) E. de Zuleta, « La poesĂa de Rafael Alberti », dans Cinco poetas españoles, Madrid,
- (es) K. Spang, Inquietud y nostalgia. La poesĂa de Rafael Alberti, Pampelune,
- (es) S. Salinas de Marichal, El mundo poético de Rafael Alberti, Madrid,
- (es) J. L. Tejada, Rafael Alberti entre la tradiciĂłn y la vanguardia, Madrid,
- (es) R. Senabre, La poesĂa de Rafael Alberti, Salamanque,
- (es) A. JimĂ©nez Millán, La poesĂa de Rafael Alberti (1930-1939), Cadix,
- (es) R. Alberti (prĂ©f. Luis GarcĂa Montero), Obras completas, I. PoesĂa (1920-1938), Madrid,
Articles de journaux
- Bernard Géniès, « Rafael Alberti, l'aigle de Cadix », Le Monde,‎ (lire en ligne)
- André Velter, « Rafael Alberti et l'allégresse de la poésie pure », Le Monde,‎ (lire en ligne)
- Rédaction Le Monde, « Soledad Bravo voix de toutes les révoltes », Le Monde,‎ (lire en ligne)
- Ramón Chao, « Rafael Alberti », Le Monde,‎ (lire en ligne)
Liens externes
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- MusĂ©e national centre d'art Reina SofĂa
- (de) Académie des arts de Berlin
- (de + en) Artists of the World Online
- (en) Bénézit
- (en) British Museum
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