RĂ©volution sandiniste
La révolution sandiniste ou révolution nicaraguayenne (en espagnol : Revolución Nicaragüense ou Revolución Popular Sandinista) désigne, au Nicaragua, l'opposition croissante à la dictature de la famille Somoza dans les années 1960 et 1970, la campagne menée par le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) qui a conduit à la chute violente de la dictature en 1979 et les efforts subséquents du FSLN, qui a présidé à partir de 1979 jusqu'en 1990, pour réformer la société et l'économie du pays, ce en dépit de l'embargo américain. La révolution n'est pas seulement importante pour le Nicaragua, l'Amérique centrale et le continent américain, elle a également marqué l'un des moments les plus tendus du développement de la guerre froide.
Date | - |
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Lieu | Nicaragua |
Issue |
Chute de Somoza. Insurrection des Contras. Élection en 1990 de la candidate de l'Union nationale d'opposition, Violeta Barrios de Chamorro. |
Nicaragua (Régime de Somoza) (1961-1979) Contras (1979-1990) Soutiens : États-Unis Portugal Taïwan Argentine Brésil Colombie Paraguay Panama Costa Rica Honduras Guatemala Salvador Israël Iran Arabie saoudite Pakistan Philippines | Nicaragua (Régime sandiniste) (1979-1990) FSLN (1962-1990) Soutiens : Union soviétique Cuba Corée du Nord Chili France Canada Mexique Irak Bulgarie Roumanie Pologne Tchécoslovaquie Suède Libye Venezuela République démocratique allemande Grèce |
Anastasio Somoza Debayle Enrique Bermúdez Edén Pastora | Daniel Ortega Carlos Fonseca †Tomás Borge |
Histoire
En 1988, à la suite de l'incursion de troupes sandinistes au Honduras (ce dernier étant accusé de soutenir la rébellion Contras), les États-Unis déclenchent l'opération Golden Pheasant (en français : « faisan doré ») et font déployer des troupes dans le sud de ce pays, notamment à la base aérienne de Soto Cano et près de la frontière nicaraguayenne.
Les sandinistes ont été accusés de graves atteintes aux droits humains pendant le conflit, notamment de tortures, de disparitions forcées et d'exécutions massives[3] - [4]. La Commission interaméricaine des droits de l'homme a enquêté et confirmé les exactions commises par les forces sandinistes, notamment l'exécution de 35 à 40 Miskitos en décembre 1981 et l'exécution de 75 personnes en novembre 1984[5] - [6].
La guerre est aussi psychologique, livrée depuis des stations de radio financées par la CIA au Honduras, au Salvador et au Costa Rica. Les sandinistes sont accusés de brûler des églises, kidnapper des enfants pour les envoyer à Cuba, provoquer artificiellement des pénuries alimentaires et tuer les personnes âgées pour les transformer en savon[7]. Des méthodes de propagande similaires sont employées au Salvador, y compris concernant les personnes âgées changées en savon, dans la guerre psychologique livrée à la guérilla marxiste du FMLN[8]. En France, Le Figaro publie des photos truquées censées témoigner des « massacres », voire du « génocide », que feraient subir les sandinistes aux indiens Mosquitos[9].
En 1989, la guérilla des Contras prend fin avec la signature de l'accord de Tela, prévoyant la démobilisation des combattants du FSLN et des Contras. Un an plus tard, en 1990, des élections démocratiques se tiennent et voient l'élection de l'Unión Nacional Opositora (Union nationale d'opposition, une coalition de partis opposés à Daniel Ortega), présidée par Violeta Barrios de Chamorro, obtenant 54,2 % des voix, et le FSLN quitte le pouvoir.
Conséquences géopolitiques et internes
Au niveau intĂ©rieur, cet Ă©vĂ©nement commence par l'assassinat, en janvier 1978, de Pedro JoaquĂn Chamorro Cardenal, directeur du journal La Prensa, qui critiquait fortement le rĂ©gime de Somoza, ce qui provoque des manifestations massives Ă Managua provoquant ensuite la guĂ©rilla et la dĂ©mission de Anastasio Somoza Debayle le 17 juillet 1979 avec l'intermède Francisco Urcuyo Maliaños et l'arrivĂ©e de Daniel Ortega Ă la prĂ©sidence en 1984, l'AmĂ©rique soutenant ensuite en rĂ©action les Contras. Mais la guerre se termine nĂ©anmoins avec l'accord de Tela en 1989[10]. Cela a provoquĂ© Ă©galement un regain de tension entre États-Unis et URSS Ă la suite des Ă©vĂ©nements existant après la rĂ©volution de Saur en Afghanistan (27-28 avril 1978) et la RĂ©volution iranienne (7 janvier 1978-11 fĂ©vrier 1979), provoquant une nouvelle tension entre les deux blocs durant la Guerre froide et sera Ă son apogĂ©e en 1983 frĂ´lant la guerre atomique Ă©vitĂ©e grâce Ă l'officier Stanislav Petrov, puis s'apaisera avec l'arrivĂ©e de MikhaĂŻl Gorbatchev prĂ©cĂ©dĂ© de peu du retrait soviĂ©tique d'Afganistan (15 mai 1988-15 fĂ©vrier 1989), de la signature le 7 aoĂ»t de la mĂŞme annĂ©e de l'accord de Tela ainsi que de la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 mettant la fin de la rivalitĂ© entre les deux blocs accĂ©lĂ©rant la chute de l'URSS le 25 dĂ©cembre 1991 ainsi que la disparition de la Guerre froide, la Russie, État fĂ©dĂ©ral succĂ©dant Ă l'Union des rĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques dirigĂ© d'abord par Boris Etsine puis par Vladimir Poutine Ă partir du .
Notes et références
- Nicaragua : que reste-t-il de la révolution promise ?, France 24, 28 avril 2017.
- Le Nicaragua en crise célèbre le 40e anniversaire de la révolution sandiniste, Le Monde avec AFP, 20 juillet 2019.
- Moore, John Norton (1987) The Secret War in Central America. University Publications of America. p. 143. (ISBN 978-0890939611)
- Miranda, Roger and Ratliff, William (1993) The Civil War in Nicaragua. Transaction. p. 193. (ISBN 9781412819688)
- (en) « OAS Study Says Miskito Indians Suffered Abuse From Sandinistas », The Washington Post,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Annual Report 1992–1993 », Inter-American Commission on Human Rights, (consulté le )
- « War Against the Poor: Low-Intensity Conflict and Christian Faith » [archive du ]
- Jacob Wheeler, « La nouvelle gauche du Salvador », sur In These Times
- (en) « Photo cited by Haig of Nicaraguan genocide was fake », UPI,‎ (lire en ligne)
- https://www.monde-diplomatique.fr/1989/10/CHARENTENAY/42067
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- Rafael Pallais, Incitation à la réfutation du tiers-monde, Champ libre, .
- Henri Weber, Nicaragua : la révolution sandiniste, F. Maspero, , 184 p. (ISBN 2-7071-1230-5).
- Raquel Morador-Wettstein, Les frontières du pouvoir dans la révolution sandiniste au Nicaragua (thèse de 3e cycle de Sociologie), Université Toulouse 3, 515 p..
- De la Révolution française à la Révolution sandiniste nicaraguayenne : éléments pour une comparaison : Actes du Colloque de Fontaine du 29, 30 et , Association de Solidarité avec les Peuples d'Amérique Centrale, Ministère des Affaires Étrangères, , 111 p..
- (en) Morris H. Morley, Washington, Somoza, and the Sandinistas : state and regime in U.S. policy toward Nicaragua, 1969-1981, Cambridge University Press, , 343 p. (ISBN 0-521-52335-4).
- Lionel Bar, La communication politique et culturelle de la révolution sandiniste (1959-1979) (thèse de doctorat d'Études latino-américaines), Université Paris 3, , 575 p..
- (es) Salvador Martà i Puig et David Close, Nicaragua y el FSLN, 1979-2009 : ¿qué queda de la revolución?, Ediciones Bellaterra, , 465 p. (ISBN 978-84-7290-457-6).
Documentaire
- État de guerre, Nicaragua.
- Nicaragua, une révolution confisquée.