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Daniel Ortega

JosĂ© Daniel Ortega Saavedra [ xoˈse daˈnjel oɟˈteÉŁa saːˈÎČÉ›Ă°ÉŸa̝][alpha 2], nĂ© le Ă  La Libertad, est un homme d'État nicaraguayen, membre du Front sandiniste de libĂ©ration nationale (FSLN) au sein duquel il participe au renversement de la dynastie des Somoza.

Daniel Ortega
Illustration.
Daniel Ortega en 2017.
Fonctions
Président de la république du Nicaragua
En fonction depuis le
(16 ans, 5 mois et 25 jours)
Élection 5 novembre 2006
RĂ©Ă©lection 6 novembre 2011
6 novembre 2016
7 novembre 2021
Vice-président Jaime Morales Carazo
Omar Halleslevens
Rosario Murillo
Prédécesseur Enrique Bolaños Geyer
[alpha 1] –
(10 ans, 9 mois et 7 jours)
Élection
Vice-président Sergio Ramírez Mercado
Moisés Hassan Morales
Sergio RamĂ­rez Mercado
Prédécesseur Francisco Urcuyo Maliaños
Successeur Violeta Barrios de Chamorro
Coordinateur, puis secrétaire général du
Front sandiniste de libération nationale
En fonction depuis le
(43 ans, 7 mois et 4 jours)
Prédécesseur Poste créé
Biographie
Nom de naissance Daniel José Ortega Saavedra
Surnom Le Bachi[1]
Date de naissance
Lieu de naissance La Libertad, Chontales (Nicaragua)
Nationalité Nicaraguayenne
Parti politique FSLN
PĂšre Daniel Ortega Cerda
MĂšre Lidia Saavedra Rivas
Fratrie Humberto Ortega (n. 1947)
Camilo Ortega (n. 1950- m. 1978)
Conjoint Rosario Murillo
Enfants
  • Rafael Antonio Ortega Murillo (1968)
  • Carlos Enrique Ortega Murillo (1977)
  • Daniel Edmundo Ortega Murillo (1980)
  • Juan Carlos Ortega Murillo (1981)
  • Laureano Facundo Ortega Murillo (1982)
  • Maurice Facundo Ortega Murillo (1985)
  • Camila Antonia Ortega Murillo (1987)
  • Luciana Catarina Ortega Murillo (1989)
  • ZoilamĂ©rica Ortega Murillo (adopteĂ©) (anciennement) (1967)
Religion Athéisme
RĂ©sidence Villa Carlos Fonseca

Daniel Ortega
Présidents de la république du Nicaragua

Président de la Junte de gouvernement de reconstruction nationale durant la premiÚre période de la révolution sandiniste, de 1979 à 1985, il est président de la République de 1985 à 1990. AprÚs sa défaite à la présidentielle de 1990, il se représente de nouveau en 1996, 2001 et 2006, année à laquelle il est de nouveau élu président.

Il prend ses fonctions le , puis est réélu de maniÚre controversée en 2011, 2016 et 2021, alors que sa présidence emprunte un tournant autoritaire. Le caractÚre de la répression s'intensifie durant son quatriÚme mandat, lors duquel plusieurs ONG, universités et journaux indépendants sont fermés[2] - [3] - [4]. Plusieurs opposants au régime du couple Ortega-Murillo ont le choix entre l'exil ou la prison. En , 94 d'entre eux sont privés de leur nationalité nicaraguayenne.

Jeunesse

Daniel Ortega, issu d'une famille de la classe moyenne, est le fils de Daniel Ortega et Lidia Saavedra, tous deux actifs opposants Ă  la dictature d'Anastasio Somoza GarcĂ­a. En 1963, il entre Ă  l'universitĂ© centramĂ©ricaine de Managua. Il abandonne cependant trĂšs vite ses Ă©tudes et rejoint le Front sandiniste de libĂ©ration nationale, qui lutte contre le rĂ©gime d'Anastasio Somoza Debayle. En 1967, il est arrĂȘtĂ© avec plusieurs autres militants et emprisonnĂ© ; comme tous les prisonniers politiques, il est soumis Ă  la torture durant ses annĂ©es de dĂ©tention. Il est libĂ©rĂ© en 1974, aprĂšs sept ans d'emprisonnement, Ă  la faveur d'un Ă©change de prisonniers entre la guĂ©rilla et le rĂ©gime : un commando sandiniste avait capturĂ© un membre de la famille Somoza, ainsi que les ambassadeurs amĂ©ricain et chilien au Nicaragua.

RĂ©volution sandiniste

Junte de reconstruction nationale

En juillet 1979, avec l'aide d'un soulÚvement populaire, la guérilla socialiste du Front sandiniste de libération nationale renverse le dictateur Anastasio Somoza Debayle. Une Junta de Gobierno de Reconstrucción Nacional est constituée, regroupant des représentants des différentes forces d'opposition au régime renversé : Daniel Ortega, chef de file de la faction dite tercériste du FSLN (qui insistait sur l'action militaire davantage que sur le travail idéologique pour abattre le régime) ; Sergio Ramírez Mercado (écrivain et sympathisant sandiniste), Moisés Hassan (militant sandiniste) ; Alfonso Robelo Callejas (homme d'affaires libéral) et Violeta Barrios de Chamorro (directrice du journal libéral La Prensa).

TrĂšs tĂŽt, la junte se dĂ©fit, abandonnĂ©e par ses reprĂ©sentants de mouvements libĂ©raux qui n’acceptĂšrent pas la mainmise croissante des sandinistes sur les organes essentiels du pouvoir. Sous la conduite de Daniel Ortega, se confirmĂšrent les craintes des libĂ©raux de voir s’instaurer un rĂ©gime de type socialiste avec le FSLN dans le rĂŽle de parti politique pratiquant la « dĂ©mocratie participative » encadrĂ©e par les comitĂ©s de dĂ©fense.

Le rĂ©gime nationalise les banques, les compagnies d’assurances ainsi que les ressources miniĂšres et forestiĂšres. Les importations et exportations de produits alimentaires sont placĂ©es sous contrĂŽle de l’État. La peine de mort est abolie et l'homosexualitĂ© dĂ©pĂ©nalisĂ©e[5] - [6].

Politique sociale

Le gouvernement sandiniste planifie une « croisade nationale d'alphabétisation », qui constituera sans doute sa plus grande réussite. Inspirées des programmes développés à Cuba aprÚs la révolution, des milliers de patrouilles d'alphabétisations sont envoyées partout dans le pays dotées par le gouvernement d'importants moyens. Alors que le pays était plongé dans la guerre civile, le budget consacré à l'éducation est plus que doublé, et le taux d'alphabétisation croit de 13 % à 50 % au cours des années 1980. L'UNESCO remet au Nicaragua le prix Nadejda Kroupskaïa en reconnaissance de ces efforts[7].

Le FSLN porte Ă©galement son attention sur l’amĂ©lioration du systĂšme de santĂ© nicaraguayen, notamment Ă  travers des campagnes de vaccinations et par la construction d’hĂŽpitaux publics, ce qui permet principalement de rĂ©duire de moitiĂ© la mortalitĂ© infantile en la ramenant Ă  40 pour mille[8]. Dans le domaine de la rĂ©forme agraire, les propriĂ©tĂ©s de la famille Somoza et de certains cadres du rĂ©gime dĂ©chu sont redistribuĂ©es aux paysans ou converties en fermes d’État. L'envergure de la rĂ©forme reste toutefois limitĂ©e puisqu'elle ne concernait que les propriĂ©taires les plus notoirement somozistes et non pas l’ensemble de la structure agraire[9].

Conflit avec les États-Unis et insurrection intĂ©rieure

Le gouvernement de Daniel Ortega se dĂ©clarait inspirĂ© par le socialisme dĂ©mocratique de Salvador Allende, tout en affichant une proximitĂ© diplomatique avec Cuba. En rĂ©action, les États-Unis placent le Nicaragua sous embargo et soutiennent la guerre des Contras, mouvement d'opposition armĂ© et entraĂźnĂ© par la CIA, car le prĂ©sident Ronald Reagan avait la crainte d'un pays communiste alliĂ© Ă  l'URSS en AmĂ©rique centrale.

Daniel Ortega en 1989.

Le se tint la premiĂšre Ă©lection prĂ©sidentielle depuis le soulĂšvement armĂ© de 1979, dont son parti sortit victorieux (67 %), mais les États-Unis rejetĂšrent l'Ă©lection sous motif de fraude, malgrĂ© la prĂ©sence massive d'observateurs internationaux[10]. La principale force d'opposition, la Coordination dĂ©mocratique nicaraguayenne, aprĂšs avoir initialement annoncĂ© sa participation aux Ă©lections, appelle finalement Ă  l'abstention Ă  la suite d'un voyage aux États-Unis de son dirigeant Arturo Cruz. Washington offrait alors trois cent mille dollars aux dirigeants de partis qui se retireraient des listes afin d’îter toute crĂ©dibilitĂ© Ă  des Ă©lections dont les sandinistes Ă©taient largement favoris[11]. Le , Daniel Ortega fait adopter une nouvelle constitution[10].

Les ports du pays avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© minĂ©s par les États-Unis en mars 1984 pour empĂȘcher le Nicaragua de commercer avec l'extĂ©rieur, et la guerre menĂ©e par les Contras occasionne prĂšs de 30 000 morts et de lourds dommages Ă  l'Ă©conomie. Plusieurs scandales viennent mĂ©diatiser cette guerre : rĂ©vĂ©lation en 1986 des ventes d’armes Ă  l’Iran (Irangate) ou du trafic de cocaĂŻne institutionnalisĂ© par la CIA depuis la Colombie pour financer les « contras ». Les États-Unis sont condamnĂ©s en 1987 par le Tribunal international de La Haye Ă  17 milliards de dollars d'indemnisation au Nicaragua, somme qui ne sera jamais versĂ©e[12].

Fin 1989, Daniel Ortega annonce l'anticipation de neuf mois du scrutin de 1990[13].

AprĂšs 1990

Daniel Ortega (droite) félicitant Violeta Chamorro pour sa victoire.

Le , des Ă©lections anticipĂ©es virent la dĂ©faite du FSLN au profit de Violeta Chamorro, du parti UNO (UniĂłn Nacional Opositora), alliance de partis opposĂ©s au gouvernement sandiniste. Daniel Ortega reconnut sa dĂ©faite, ce qui crĂ©dibilisa grandement la volontĂ© dĂ©clarĂ©e de transparence du rĂ©gime sandiniste, mais il dĂ©clara nĂ©anmoins que le FSLN continuerait de gouverner « d'en bas ». Ainsi, quelque temps avant la transmission du pouvoir, le gouvernement Ortega enregistra le passage Ă  la propriĂ©tĂ© de cadres du parti d’une fortune en biens fonciers privĂ©s, confisquĂ©s aux premiers jours de la rĂ©volution. S'il s'agissait prĂ©tendument d'assurer au parti des ressources financiĂšres pour continuer la lutte, beaucoup estimĂšrent que cette manƓuvre tĂ©moignait de la corruption qui s'Ă©tait insinuĂ©e au FSLN aprĂšs des annĂ©es de gestion du pouvoir.

Le , Ortega fut Ă  nouveau battu Ă  la prĂ©sidentielle, le vainqueur Ă©tant Arnoldo AlemĂĄn du parti libĂ©ral AL (Alianza Liberal), Ă  la suite d'une Ă©lection entachĂ©e de fraudes Ă©lectorales. L'ex-prĂ©sident amĂ©ricain Jimmy Carter intervient personnellement pour convaincre Ortega d'accepter « la dĂ©faite » malgrĂ© la fraude pour « prĂ©server la paix » revenue peu auparavant[11]. Ortega conclut avec son adversaire un pacte de partage des pouvoirs, qui permit aux deux partis, libĂ©ral et sandiniste, pourtant historiquement et politiquement opposĂ©s, de contrĂŽler la grande majoritĂ© des institutions. Ce pacte fut dĂ©sapprouvĂ© par beaucoup d'intellectuels de gauche, qui y virent une trahison aux idĂ©aux sandinistes. Les partisans de ce pacte assurĂšrent au contraire qu'une conquĂȘte du pouvoir nĂ©cessite des compromis et que le FSLN s'Ă©tait dĂ©jĂ  par le passĂ© alliĂ© avec certains secteurs de la bourgeoisie pour combattre la dictature.

Le , le libĂ©ral Enrique Bolaños, soutenu par les États-Unis, l'emporta largement avec 56,3 % des suffrages, loin devant Daniel Ortega, qui en recueillit 42,3 %. Daniel Ortega, qui s'Ă©tait prĂ©sentĂ© comme candidat de la Convergencia Nacional (une alliance rassemblant le FSLN et divers partis de gauche et centre-gauche), fut appelĂ© par ses dĂ©tracteurs « ami de terroristes », pour les relations qu'il maintint dans les annĂ©es 1980 avec des dirigeants arabes tels que Mouammar Kadhafi et Yasser Arafat.

En 2004, Ortega renouvela formellement le pacte avec l'ex-président Arnoldo Alemån, malgré le fait que celui-ci ait été condamné à 20 ans de détention et assigné à résidence pour corruption et blanchiment d'argent, entre autres. Ces deux leaders politiques comptent sur un fort soutien des masses populaires, sandinistes pour l'un, libérales pour l'autre. Ils sont alors opposés au président Enrique Bolaños Geyer, dont le parti, le PLC (Partido Liberal Constitucionalista), est resté fidÚle à Alemån.

Plusieurs opposants au pacte, dont Ernesto Cardenal, Herty Lewites ou encore le chanteur populaire Carlos Mejía Godoy, ont rejoint un parti dissident, le Mouvement de rénovation sandiniste (MRS), fondé en 1995 par Sergio Ramírez[14].

Selon l'ambassadeur des États-Unis Ă  Managua, Paul Trivelli, fortement impliquĂ© dans la campagne prĂ©sidentielle du candidat conservateur Eduardo Montealegre, Daniel Ortega et le Front sandiniste de libĂ©ration nationale reçoivent rĂ©guliĂšrement de l'argent des cartels de la drogue pour financer leurs campagnes Ă©lectorales au Nicaragua. En Ă©change de cet argent, ce dernier ordonnerait aux juges de prononcer des peines clĂ©mentes contre les trafiquants arrĂȘtĂ©s par les forces de sĂ©curitĂ©[15].

Élections de 2006

L'élection présidentielle du 5 novembre 2006, a opposé Daniel Ortega (FSLN) à Eduardo Montealegre (ALN, droite), José Rizo Castellón (PLC, droite), Edmundo Jarquín Calderón (MRS, gauche) et Edén Pastora (AC, gauche). Son principal rival, Eduardo Montealegre, bénéficiait du soutien du gouvernement sortant et de Washington[16].

Favori dans les sondages, Daniel Ortega remporte 37,99 % des suffrages (soit 930 862 voix), ce qui lui assure la victoire au premier tour, avec une avance confortable de presque 10 points sur Eduardo Montealegre, qui n'emporte que 28,30 % des votes. JosĂ© Rizo bĂ©nĂ©ficie de 26,21 % de votes, Edmundo JarquĂ­n de 6,44 % et EdĂ©n Pastora de 0,27 %.

Daniel Ortega est Ă©lu prĂ©sident de la RĂ©publique au premier tour du fait de son rĂ©sultat situĂ© au-dessus des 35 % et de son avance de plus de cinq points sur son adversaire le plus proche. La constitution Ă©tant ainsi arrangĂ©e de façon Ă  faciliter l’élection d'un candidat au premier tour pour en Ă©viter un second. Le Figaro estime que cet amendement lui permet d'assurer sa rĂ©Ă©lection[17].

Retour à la présidence

Daniel Ortega a d'abord voulu donner une nouvelle image de son parti, plus modĂ©rĂ©e que son passĂ© rĂ©volutionnaire[18]. Paradoxalement, cela l'a menĂ© Ă  s'allier Ă  des intĂ©rĂȘts traditionnellement considĂ©rĂ©s comme de droite, comme l'Église catholique, encore qu'elle soit influencĂ©e au Nicaragua en partie par la thĂ©ologie de la libĂ©ration, et des ex-Contras (son candidat Ă  la vice-prĂ©sidence en est un). En 2006, le camp sandiniste a ainsi appuyĂ© un projet de loi prĂ©sentĂ© par les dĂ©putĂ©s libĂ©raux (en en modĂ©rant toutefois la sĂ©vĂ©ritĂ© des peines encourues) interdisant l'avortement thĂ©rapeutique (autorisĂ© depuis 1837), loi qui a Ă©tĂ© adoptĂ©e par le Parlement[19]. En revanche, l'homosexualitĂ© est dĂ©pĂ©nalisĂ©e en 2007, malgrĂ© l'opposition des partis de droite, aprĂšs avoir Ă©tĂ© pĂ©nalisĂ©e en 1992 par le gouvernement de l'Union nationale d'opposition.

Politique Ă©conomique et sociale

Le chercheur amĂ©ricain William I. Robinson estime que Daniel Ortega a suivi une politique Ă©conomique modĂ©rĂ©e, « cogouvernant avec le patronat, organisĂ© au sein du Conseil supĂ©rieur de l'entreprise privĂ©e (Cosep), avant que ce dernier ne rompe dans la foulĂ©e des manifestations de 2018. Cela n'a pas empĂȘchĂ© le prĂ©sident sandiniste de renationaliser les secteurs de la santĂ© et de l'Ă©ducation, d'accroitre les dĂ©penses sociales et d'investir dans les infrastructures »[6].

Le Nicaragua a connu un dĂ©veloppement Ă©conomique important entre 2007 et 2019, son PIB ayant doublĂ© au cours de cette pĂ©riode, facilitant une diminution de la pauvretĂ© de 30 %, le plus faible taux d’homicide d’AmĂ©rique centrale, et la construction d’infrastructures de base (routes, Ă©gouts, alimentation en eau potable) qui avaient toujours fait dĂ©faut dans l'histoire du pays[6].

En matiĂšre de politique sociale, les frais de scolaritĂ© sont supprimĂ©s, tandis qu’hĂŽpitaux et centres de santĂ© publics redeviennent accessibles gratuitement. Avec l'aide de Cuba, une nouvelle politique de lutte contre l’analphabĂ©tisme est engagĂ©e (l'analphabĂ©tisme s'Ă©tait dĂ©veloppĂ© depuis la prĂ©sidence Chamorro) et « l'OpĂ©ration miracle » permet de proposer Ă  la population des opĂ©rations de chirurgies oculaires gratuites. Enfin, un plan « zĂ©ro faim », consistant en une distribution auprĂšs des plus pauvres de produits agricoles et d'une somme d'argent pour permettre le dĂ©veloppement de petites exploitations, est appliquĂ© Ă  destination des campagnes[20].

Politique extérieure

En compagnie de Dmitri Medvedev, à Moscou, le 18 décembre 2008.
Lula accueille Daniel Ortega au palais d'Itamaraty, le 28 juillet 2010.

Daniel Ortega soutient notamment les revendications nationales de la Palestine[21], de l'OssĂ©tie du Sud[22], et du Sahara occidental[23]. Tout comme RaĂșl Castro, Bachar el-Assad, Mahmoud Ahmadinejad, Evo Morales ou encore Hugo ChĂĄvez, il soutient ouvertement le colonel Kadhafi au dĂ©but de la guerre en Libye de 2011, par solidaritĂ© « anti-impĂ©rialiste » et en souvenir du soutien apportĂ© par la Libye dans la lutte contre la dictature de Somoza, puis contre les contras [24]. Le Nicaragua adhĂšre par ailleurs Ă  l’Alliance bolivarienne pour les AmĂ©riques (ALBA) en 2007. Ortega dĂ©nonce les « coups d’État » menĂ©s en 2009 au Honduras contre Manuel Zelaya[25] et en 2012 au Paraguay contre Fernando Lugo[26]. Il critique Ă©galement la destitution de la prĂ©sidente brĂ©silienne Dilma Rousseff en 2016, regrettant le retour du « nĂ©olibĂ©ralisme »[27]. Daniel Ortega est aussi proche de la Russie de Vladimir Poutine et de la BiĂ©lorussie d'Alexandre Loukachenko[28].

Il semble sympathiser avec les guérilleros colombiens des FARC qu'il qualifie de « frÚres » tout en accordant l'asile politique à des guérilleros rescapés du bombardement de leur campement en 2008[29] et offre l'asile politique en 2009 au meneur indigÚne péruvien Alberto Pizango (en), accusé de « rébellion » par les autorités de son pays[30].

Ses rapports avec les États-Unis, qui financent les partis politiques et ONG d'opposition nicaraguayens, sont tendus. Depuis 2018, les institutions du Nicaragua et les personnalitĂ©s politiques proches d'Ortega font l'objet de sanctions dĂ©cidĂ©es par l'administration Trump[6]. En 2021, l’administration Biden instaure le Renacer Act, une sĂ©rie de mesures comprenant le renforcement, en coordination avec le Canada, l'Union europĂ©enne et des pays d'AmĂ©rique latine, des sanctions amĂ©ricaines. En outre, le texte Ă©largit la surveillance des prĂȘts accordĂ©s au Nicaragua par les institutions financiĂšres internationales[31].

Environnement

Considéré comme l'un des pays qui seront le plus affectés dans l'avenir par le réchauffement climatique et pourtant faible pollueur, le Nicaragua figure en 2016 parmi les rares pays à ne pas signer l'accord de Paris sur le climat[32]. Le gouvernement nicaraguayen avait demandé que les principaux responsables du changement climatique soient davantage mis à contribution, et considérait l'accord insuffisamment contraignant[33].

Le Nicaragua a rejetĂ© des projets d’exploitation miniĂšre du groupe canadien B2 Gold qui pouvaient reprĂ©senter une menace pour l’environnement[34].

Élections de 2011

Le mandat présidentiel est renouvelable une fois de maniÚre non consécutive avec un maximum de deux mandats pour le titulaire[35]. Cette limite de mandat est contournée en 2009 pour permettre à Daniel Ortega de briguer un troisiÚme mandat, le deuxiÚme consécutif[36].

L'Ă©lection prĂ©sidentielle a lieu le [37], en mĂȘme temps que les Ă©lections lĂ©gislatives. Selon les rĂ©sultats finaux, Daniel Ortega est rĂ©Ă©lu avec 62,65 % des voix dĂšs le premier tour, tandis que le Front sandiniste obtient 63 dĂ©putĂ©s, parmi lesquels 34 femmes. AprĂšs l'annonce des rĂ©sultats, une partie de l'opposition refuse de les reconnaĂźtre et des manifestations Ă©clatent, faisant quatre morts et une dizaine de blessĂ©s[38]. Le 10 janvier 2012, Ortega entame donc un second mandat de cinq ans Ă  la tĂȘte du pays.

Élections de 2016

La révision constitutionnelle de 2014 abroge la limite de mandats constitutionnels[39].

La candidature d'Ortega est enregistrĂ©e en aoĂ»t 2016 pour l’élection prĂ©sidentielle du 6 novembre. Il est accompagnĂ© de son Ă©pouse Rosario Murillo, poĂ©tesse et militante sandiniste qui assumait alors la fonction de porte-parole du gouvernement, comme candidate Ă  la vice-prĂ©sidence. Alors que l'opposition dĂ©nonce une manƓuvre nĂ©potiste, Ortega justifie ce choix par l'intention d'encourager la participation des femmes Ă  la vie politique[40]. Cette candidature est jugĂ©e largement favorite, en raison de la forte popularitĂ© du prĂ©sident[41], de la rĂ©ussite des programmes sociaux (le taux de pauvretĂ© a reculĂ© de 42,5 % Ă  30 % entre 2009 et 2014)[42], et alors que l'opposition, trĂšs divisĂ©e, prĂ©sente cinq candidatures distinctes.

Dans le mĂȘme temps, le Parti libĂ©ral indĂ©pendant (PLI), l'un des principaux partis d'opposition, est pĂ©nalisĂ© par des querelles intestines. Dans l'attente du renouvellement du Parlement par les Ă©lections lĂ©gislatives du 6 novembre (concomitantes Ă  la prĂ©sidentielle), la direction du PLI fait rĂ©voquer les mandats de 16 dĂ©putĂ©s qui avaient refusĂ© de se conformer aux nouveaux statuts du parti dans un recours auprĂšs du Conseil suprĂȘme Ă©lectoral, et la candidature prĂ©sidentielle de Luis Callejas, un ancien contra choisi par la direction prĂ©cĂ©dente, est Ă©cartĂ©e au profit de JosĂ© del Carmen Alvarado RuĂ­z[43] - [44] - [45].

Daniel Ortega est rĂ©Ă©lu au premier tour avec 72 % des voix, ce qui provoque des rĂ©actions trĂšs critiques de la part du dĂ©partement d'État des États-Unis[46]. Les parlementaires amĂ©ricains avaient peu auparavant approuvĂ© le Nica act, permettant aux États-Unis de bloquer les prĂȘts contractĂ©s par le Nicaragua auprĂšs d’organismes financiers internationaux[47].

Manifestations de 2018

Une manifestante tient le drapeau nicaraguayen prĂšs d'une barricade le .

DĂ©but 2018, Daniel Ortega mĂšne une rĂ©forme des retraites visant Ă  augmenter les contributions des employeurs comme des salariĂ©s et Ă  baisser de 5 % le montant des retraites afin de rĂ©duire le dĂ©ficit de la sĂ©curitĂ© sociale, sur recommandation du Fonds monĂ©taire international. S'ensuivent des manifestations, ce qui conduit le gouvernement Ă  retirer le projet de rĂ©forme et amĂšne les protestataires Ă  exiger le dĂ©part immĂ©diat d'Ortega du pouvoir. Les affrontements entre protestataires et forces de police font 280 morts et prĂšs de 2000 blessĂ©s entre avril et aoĂ»t 2018[48] - [49] - [50] - [51]. Fin 2018, Amnesty International recense 320 morts, dont beaucoup de jeunes. La presse liĂ©e au pouvoir les prĂ©sente comme des « terroristes » voulant rĂ©aliser un « coup d'État ». DĂ©but octobre les rassemblements de l'opposition avaient Ă©tĂ© interdits et ses leaders sont depuis traquĂ©s jusqu'Ă  leur domicile, comme le mentionne une mission de l'ONU. Les protestataires reprochent notamment au prĂ©sident Ortega d'avoir dĂ©voyĂ© la rĂ©volution sandiniste, de s'ĂȘtre enrichi grĂące aux aides vĂ©nĂ©zuĂ©liennes et de tout faire pour se maintenir au pouvoir. Le Figaro estime ainsi qu'« il s'est muĂ© en tyran » et « gouverne par la peur et la violence ». Le systĂšme mĂ©diatique est cadenassĂ©, les grandes chaĂźnes de radio et de TV, ainsi que les compagnies de publicitĂ©, ayant Ă©tĂ© distribuĂ©es Ă  des proches du chef de l'État et de son Ă©pouse, les mĂ©dias d'opposition devant fonctionner dans la clandestinitĂ©[28]. La vice-prĂ©sidente Rosario Murillo, par ailleurs son Ă©pouse, gĂšre la communication du rĂ©gime en assimilant depuis les chaĂźnes tĂ©lĂ©visĂ©es d'État les opposants Ă  des « vampires assoiffĂ©s de sang »[17]. Des lois obligent les mĂ©dias et les ONG financĂ©s par des fonds Ă©trangers de se signaler aux autoritĂ©s et autorisent l'emprisonnement des personnes diffusant des informations que les autoritĂ©s estiment fausses[52].

Élection de 2021

En 2019, Humberto Ortega demande à son frÚre de libérer les candidats à la présidentielle et la transparence des élections[53].

Il est candidat Ă  sa rĂ©Ă©lection pour l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2021. En vertu d'une loi votĂ©e en 2020, sept dirigeants politiques qui avaient manifestĂ© leur intention de se prĂ©senter contre lui sont emprisonnĂ©s ou dĂ©tenus Ă  domicile, dont Cristiana Chamorro, qui apparaissait comme sa concurrente la plus menaçante. Par ailleurs, depuis le printemps, une centaine de personnalitĂ©s politiques et de militants des droits de l'homme ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, soulevant les critiques de l'ONG Human Rights Watch, de la Cour interamĂ©ricaine des droits de l'homme et de l'ONU, tandis que les États-Unis prennent des sanctions contre les autoritĂ©s du pays. Des mĂ©decins alertant sur la pandĂ©mie de Covid-19 sont aussi inquiĂ©tĂ©s. Pour Daniel Ortega, ses opposants ne sont que des « criminels qui cherchent Ă  le renverser avec l'aide des États-Unis »[54] - [55]. Un certain nombre s'exilent Ă  l'Ă©tranger[52]. Selon Manuel Orozco, chercheur du Dialogue interamĂ©ricain, un think tank basĂ© Ă  Washington, 600 000 Nicaraguayens, soit 8,7 % de la population, ont quittĂ© le pays entre 2019 et 2022[56].

Daniel Ortega est finalement rĂ©Ă©lu avec son Ă©pouse. Officiellement ils ont obtenu 75 % des voix, mais l’absence d’observateurs indĂ©pendants ne permet pas de confirmer le rĂ©sultat. Par ailleurs, le taux de participation est annoncĂ© Ă  hauteur de 65 %, mais l’observatoire indĂ©pendant Urnas Abiertas estime l’abstention Ă  plus de 80 %. Les conditions de ces Ă©lections sont remises en question par l'Organisation des Nations unies, l’Union europĂ©enne, les États-Unis et l’Organisation des États amĂ©ricains, qui considĂšrent qu’il n'a pas existĂ© les conditions « d'Ă©lections justes, dĂ©mocratiques et observĂ©es »[57] - [55].

En novembre 2022, le Front sandiniste de libĂ©ration nationale gagne aux Ă©lections municipales l’intĂ©gralitĂ© des 153 municipalitĂ©s du Nicaragua. L'absence d’opposition est telle que le rĂ©gime au pouvoir a crĂ©Ă© de « nouveaux pseudo-partis pour prĂ©senter au moins une liste face aux candidats officiels »[55].

RĂ©pression des opposants

Rolando José Álvarez Lagos, condamné à 26 ans de prison.

DĂ©but 2023, le nombre de prisonniers politiques au Nicaragua est Ă©valuĂ© par les organisations de dĂ©fense des droits de l'homme Ă  environ 240 personnes (anciens candidats Ă  la prĂ©sidentielle, dissidents du mouvement sandiniste, ou encore, prĂȘtres)[58].

Expulsions et déchéance de nationalité

Le 9 fĂ©vrier, 222 d'entre eux sont libĂ©rĂ©s et expulsĂ©s vers les États-Unis ; ils se rĂ©fugient alors essentiellement au Costa Rica, aux États-Unis ou en Espagne. De plus, ils sont dĂ©clarĂ©s « traĂźtres Ă  la patrie » et privĂ©s de leur nationalitĂ© nicaraguayenne. Puis, 94 opposants au rĂ©gime du couple Ortega-Murillo, dĂ©jĂ  en exil, sont aussi privĂ©s de leur nationalitĂ© nicaraguayenne[59] - [56] - [60].

L'Ă©vĂȘque de Matagalpa, Rolando JosĂ© Álvarez Lagos, qui n’a pas voulu ĂȘtre expulsĂ© vers les États-Unis en Ă©change de sa libertĂ©, est condamnĂ© Ă  vingt-six ans de prison[61] et a Ă©tĂ© dĂ©chu de sa nationalitĂ©[62].

HarcĂšlement

Le rĂ©gime de Daniel Ortega met en place un nouveau dispositif de rĂ©pression des opposants. Ces derniers sont arrĂȘtĂ©s la nuit, chez eux, ils sont mis en examen pour « conspiration » ou « propagation de fausses nouvelles ». Puis ils sont remis en libertĂ© mais doivent pointer tous les jours au commissariat. Pour l'avocat Eliseo Nuñez : « Le fait de devoir pointer tous les jours, parfois Ă  plusieurs dizaines de kilomĂštres de leur domicile, leur rend la vie impossible, et a poussĂ© certains Ă  l’exil, une façon de plus de dĂ©sactiver les cellules d’opposition qui pourraient ĂȘtre encore actives dans le pays ». Par ailleurs, l’habilitation Ă  exercer de vingt-sept avocats a Ă©tĂ© suspendue, ils sont accusĂ©s de « trahison Ă  la patrie »[56].

Nature de la présidence de Daniel Ortega

Hugo Torres Jiménez, mort en prison en 2022.

La militante nicaraguayenne Bianca Jagger a soutenu le régime sandiniste dans ses premiÚres années puis, considérant qu'il trahi la révolution, elle créée en 2005 la Bianca Jagger Human Rights Foundation, afin de porter son combat contre le « dictateur » Daniel Ortega[63].

Daniel Ortega, Ă  cause de violations rĂ©pĂ©tĂ©es des droits de l'homme, fait l'objet de critiques d'ONG comme Amnesty International, tandis que son rĂ©gime est frĂ©quemment considĂ©rĂ© comme ayant pris un tournant autoritaire[64] - [65] - [66] - [67]. Il est qualifiĂ© d'autocratique[56] - [68] voire de dictature[55] - [69] par certaines rĂ©dactions de mĂ©dias (Le Monde, El PaĂ­s, LibĂ©ration ou La Croix). Le site d’investigation latino-amĂ©ricain Connectas ?, relayĂ© par Courrier international, le qualifie de « dictateur des temps modernes »[70].

Humberto Ortega a critiquĂ© la dĂ©rive autoritaire de son frĂšre Daniel Ortega. Il lui a demandĂ© de libĂ©rer les prisonniers politiques et lui a reprochĂ© la mort, en 2022, en prison d’Hugo Torres JimĂ©nez, un des hĂ©ros de la rĂ©volution sandiniste[71]. Sergio RamĂ­rez, vice-prĂ©sident de Daniel Ortega de 1985 Ă  1990, dĂ©clare en 2018 : « Oui, le rĂ©gime de Daniel Ortega est une dictature »[72].

À la suite de la condamnation Ă  la prison de l’évĂȘque Rolando JosĂ© Álvarez Lagos en , le pape François qualifie le rĂ©gime du prĂ©sident Daniel Ortega de « dictature grossiĂšre »[73].

Famille

En 1978, il rencontre la poĂ©tesse Rosario Murillo, avec laquelle il se mariera. Celle-ci devient Ă  partir du 10 janvier 2017, vice-prĂ©sidente du Nicaragua[74]. Son frĂšre, Camilo Ortega (en), engagĂ© contre les Somoza, meurt sous la torture en 1978. Son autre frĂšre Humberto Ortega a Ă©tĂ© un des dirigeants de la rĂ©volution sandiniste avant de devenir ministre de la DĂ©fense du Nicaragua. Il est rĂ©putĂ© pour ĂȘtre un homme d'affaires millionnaire[71].

En 1998, Zoilamérica Ortega Murillo, fille de Rosario Murillo, adoptée par Daniel Ortega, dépose plainte contre lui pour « attentat à la pudeur, harcÚlement sexuel et viol »[75]. Elle affirme avoir été abusée à plusieurs reprises depuis l'ùge de onze ans. Rosario Murillo et les autres enfants de la fratrie contestent ces accusations[76]. La plainte est rejetée le 29 mai par le juge d'instruction de Managua pour vice de forme[77]. Zoilamérica Ortega Murillo s'est exilée au Costa Rica[78].

Les huit autres enfants de Rosario Murillo sont restĂ©s au Nicaragua. Ils dĂ©tiennent tous le titre de conseiller prĂ©sidentiel. Ils assurent le contrĂŽle de la distribution du pĂ©trole et du gaz avec la sociĂ©tĂ© Albanisa. Avec les bĂ©nĂ©fices du pĂ©trole, ils ont investi dans « l’hĂŽtellerie, le bois, la sĂ©curitĂ©, les Ă©nergies renouvelables ». La plupart d'entre eux dirigent des chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision ou des agences de publicitĂ©. Selon un entrepreneur, « la fortune du clan est incalculable ». Toutefois, plusieurs tĂ©moignages indiquent qu'ils vivent dans « une sorte de prison dorĂ©e ». Ils doivent obtenir l'accord de Rosario Murillo pour chaque dĂ©cision de leur vie[79] - [74] - [80].

Notes et références

Notes

  1. Président de la Junte de gouvernement de reconstruction nationale jusqu'au .
  2. Prononciation en espagnol d'Amérique retranscrite selon la norme API.

Références

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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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