Anastasio Somoza GarcĂa
Anastasio Somoza GarcĂa (1896-1956), est un homme d'État nicaraguayen. Il a Ă©tĂ© officiellement le prĂ©sident du Nicaragua de 1937 Ă 1947, puis de 1950 Ă 1956, mais a de facto exercĂ© un pouvoir dictatorial de 1936 jusqu'Ă son assassinat. Il a Ă©tĂ© le premier des Somoza Ă diriger le pays. La famille a gardĂ© le contrĂ´le du pays presque continuellement jusqu'Ă la chute d'Anastasio Somoza Debayle en 1979 Ă la suite de la rĂ©volution sandiniste.
Anastasio Somoza GarcĂa | |
Anastasio Somoza GarcĂa en 1952. | |
Fonctions | |
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Président de la république du Nicaragua | |
– (10 ans) |
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Prédécesseur | Carlos Brenes Jarquin |
Successeur | Leonardo ArgĂĽello Barreto |
– (6 ans, 4 mois et 23 jours) |
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PrĂ©dĂ©cesseur | VĂctor Manuel Román y Reyes |
Successeur | Luis Somoza Debayle |
Directeur de la Garde nationale | |
– (19 ans, 8 mois et 28 jours) |
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Successeur | Anastasio Somoza Debayle |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | San Marcos, Carazo (Nicaragua) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Ancón, zone du canal de Panama |
Nationalité | Nicaraguayenne |
Parti politique | Partido Liberal Nacionalista (PLN) |
Conjoint | Salvadora Debayle (1895-1987) |
Enfants | Lillian Somoza Debayle Luis Somoza Debayle Anastasio Somoza Debayle |
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Président de la république du Nicaragua | |
Jeunesse
Somoza naît le , à San Marcos, dans le département de Carazo au Nicaragua. Il est le fils d'Anastasio Somoza Reyes, un riche planteur de café. Adolescent, il est envoyé vivre chez des parents à Philadelphie, où il poursuit des études supérieures à la Peirce School of Business Administration. Durant son séjour à Philadelphie, il rencontre sa future épouse, Salvadora Debayle Sacasa, membre d'une des familles les plus riches du Nicaragua, fille du Dr Luis Henri Pallais Debayle et de Casimira Sacasa Sacasa, elle-même fille de Roberto Sacasa Sarria, 44e et 46e président du Nicaragua. À son retour au Nicaragua, il tente sans succès d'entamer une carrière d'homme d'affaires.
Carrière politique
En 1926, il rejoint la rébellion des libéraux qui soutiennent les aspirations présidentielles de Juan Bautista Sacasa, l'oncle de sa femme. Ce conflit entre conservateurs au pouvoir et libéraux est connu au Nicaragua sous le nom de « Guerre constitutionnelle », et aboutit à la création d'un gouvernement d'union nationale et au retour des Marines américains qui avaient déjà précédemment occupé le pays. Bien que Somoza n'a pas réussi à se distinguer dans la bataille, menant une attaque infructueuse sur la garnison de San Marcos, son anglais sans accent lui a permis de servir d'interprète pendant les négociations entre les partis belligérants dirigées par les Américains.
Le gouvernement du prĂ©sident JosĂ© MarĂa Moncada (1929-1933), Ă qui il est vaguement apparentĂ©, le nomme gouverneur du dĂ©partement de LeĂłn, puis consul du Nicaragua au Costa Rica et enfin ministre des Affaires Ă©trangères. MalgrĂ© son expĂ©rience militaire limitĂ©e, Somoza a parallèlement Ă©tĂ© capable de s'Ă©lever en grade dans la Garde nationale nicaraguayenne (Guardia Nacional), force de police organisĂ©e par l'US Marine Corps.
Après avoir menĂ© six annĂ©es de lutte acharnĂ©e contre les forces rebelles anti-amĂ©ricaines et opposĂ©es Ă l'oligarchie libĂ©rale du gĂ©nĂ©ral Augusto Sandino, les Marines Ă©vacuent le pays en , après l'Ă©lection Ă la prĂ©sidence de Juan Bautista Sacasa. Ă€ la demande pressante de l'ambassadeur amĂ©ricain Matthew E. Hanna, Somoza GarcĂa est alors nommĂ© directeur de la Garde nationale.
Au cours de pourparlers de paix, Somoza ordonne l'assassinat du général Sandino le , violant ainsi d'un accord de sauf-conduit. L'assassinat de Sandino est suivi de l'assassinat de ses plus anciens partisans par la Garde nationale. En juin 1936, Somoza contraint Sacasa à la démission.
Assassinat et héritage
En 1955, la Constitution est modifiĂ©e pour lui permettre de briguer un nouveau mandat. Le , lors d'un bal organisĂ© en son honneur dans la ville de LeĂłn, il est atteint par plusieurs balles tirĂ©es par un poète de 27 ans, Rigoberto LĂłpez PĂ©rez, qui est aussitĂ´t abattu. Anastasio Somoza GarcĂa meurt huit jours plus tard après avoir Ă©tĂ© envoyĂ© Ă un hĂ´pital Ă AncĂłn, dans la zone amĂ©ricaine du Canal de Panama.
Son fils aîné, Luis Somoza Debayle, lui succède. Les fils de Somoza, Luis Somoza, né en 1922, et Anastasio Somoza Debayle, né en 1925, gouvernent le pays, directement ou par l'entremise d'hommes de paille lors des 23 années suivantes. Malgré la corruption généralisée et une répression violente de la dissidence, ils réussissent à s'accrocher au pouvoir parce que les États-Unis les considèrent comme des anti-communistes inconditionnels et une source de stabilité.
Somoza est inhumé avec son fils aîné au Cimetière occidental de Managua, dans le mausolée de la Garde nationale.
« Notre fils de pute »
Bien que les Somoza soient généralement considérés comme des dictateurs impitoyables, les États-Unis ont continué à les soutenir en tant que bastion anti-communiste. Le président américain Franklin D. Roosevelt aurait fait remarquer en 1939 que « Somoza est peut-être un fils de pute, mais c'est notre fils de pute[1] ».
Cependant, selon l'historien américain David Schmitz, les chercheurs et les archivistes qui ont fouillé les archives de la Bibliothèque présidentielle de Franklin Roosevelt n'ont trouvé aucune preuve que Roosevelt ait jamais fait cette déclaration. Cette déclaration est pour la première fois apparue dans le numéro de Time Magazine du , et a plus tard été mentionnée dans un reportage diffusé sur CBS le intitulé Trujillo : Portrait d'un dictateur. Dans cette émission, cependant, il est affirmé que Roosevelt a fait la déclaration en référence à Rafael Trujillo, président de la République dominicaine. Il convient encore de noter que cette déclaration a été attribuée à différentes administrations présidentielles des États-Unis à l'égard de dictateurs étrangers. Ainsi, au stade actuel, cette déclaration est apocryphe, bien que Roosevelt et ses successeurs ont appuyé la famille Somoza et leur domination sur le Nicaragua[2]. Un autre historien, Andrew Crawley, affirme que la déclaration de Roosevelt est un mythe créé par Somoza lui-même[3].
Références
- (en) Roxanne Dunbar-Ortiz, « Blood on the border. A memoir of the Contra war »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?),
- Thank God They're On Our Side: The United States & Right-Wing Dictatorships, par David Schmitz, University of North Carolina Press, 1999, pages 3, 313.
- Somoza and Roosevelt : good neighbour diplomacy in Nicaragua, 1933-1945, par Andrew Crawley.(en)