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Violeta Barrios de Chamorro

Violeta Barrios de Chamorro, née Violeta Barrios Torres le à Rivas, est une femme d'État nicaraguayenne, présidente de la république du Nicaragua de 1990 à 1996, élue en 1990 sous la bannière de la coalition Unión Nacional Opositora (Union nationale d'opposition) opposée aux sandinistes.

Violeta Chamorro
Illustration.
Violeta Barrios de Chamorro en 1993.
Fonctions
Présidente de la république du Nicaragua
–
(6 ans, 8 mois et 16 jours)
Vice-président Virgilio Reyes Godoy
Julia de la Cruz Mena Rivera
Prédécesseur Daniel Ortega
Successeur Arnoldo Alemán
Biographie
Nom de naissance Violeta Barrios Torres
Date de naissance
Lieu de naissance Rivas (Nicaragua)
Nationalité nicaraguayenne
Parti politique UNO
Conjoint Pedro JoaquĂ­n Chamorro Cardenal (veuve)
Enfants Cristiana Chamorro

Violeta Barrios de Chamorro
Présidents de la république du Nicaragua

Première femme élue à cette fonction au Nicaragua, elle est la seconde femme à être élue de plein droit à la tête d'un gouvernement en Amérique du Nord (à la suite de Eugenia Charles en Dominique), et la seconde d'Amérique latine (après Lidia Gueiler Tejada[1]).

Elle est la veuve du journaliste Pedro JoaquĂ­n Chamorro Cardenal (1924-1978).

Jeunesse

Elle est née dans le sud-ouest de la ville de Rivas. En 1952, le mari de Chamorro, Pedro Joaquín Chamorro Cardenal, prit la tête du journal opposé à la dictature de Anastasio Somoza Debayle, La Prensa, ce qui lui valut des emprisonnements récurrents. Après l'assassinat de son mari le , qui entraîna le début de l'insurrection contre Somoza, Violetta Chamorro prit la tête du journal.

Après le renversement de la dictature de Somoza en 1979, Chamorro devint membre par intérim de la Junte nationale de reconstruction. En avril 1980, elle démissionna de la junte en raison de différends avec les sandinistes. Pendant les années 1980, Chamorro et La Prensa s'opposèrent vigoureusement à ces derniers. À leur tour, ils l'accusèrent d'être financées par les États-Unis et de soutenir leur politique anti-sandiniste. La Prensa fut ainsi censurée par le gouvernement à diverses reprises.

Présidence de la République

En 1990, après presque une dizaine d'annĂ©es de sanctions Ă©conomiques (les États-Unis dĂ©clarent un embargo total en 1985[2]) et d'une insurrection menĂ©e par les Contras, soutenus par Washington, Chamorro devint la candidate prĂ©sidentielle de l'Union d'opposition nationale (UNO), une coalition de quatorze partis politiques de l'opposition soutenue financièrement par les États-Unis[3]. Chamorro obtint 54,7 % des suffrages lors des Ă©lections gĂ©nĂ©rales du organisĂ©es par le pouvoir sandiniste. PortĂ© par une campagne politique prĂ´nant la « concorde nationale Â» et la suppression du service militaire obligatoire[2], Chamorro succède alors au prĂ©sident Daniel Ortega, qui n'a recueilli que 41,5 % des voix. L'UNO, quant Ă  elle, recueille 51 sièges de dĂ©putĂ©s contre 31 pour les sandinistes[2].

La coalition se rompit rapidement après les élections ; les anti-sandinistes les plus radicaux, emmenés par Arnoldo Alemán, reprochaient à la nouvelle présidente de ne pas poursuivre suffisamment loin les purges contre les membres du Front sandiniste (dont deux des fils de Violeta Chamorro étaient eux-mêmes proches) dans l'administration. Elle enclenche néanmoins de nouvelles purges sur injonction des États-Unis, qui menaçaient de bloquer l'aide économique[4].

Le service militaire obligatoire fut supprimé, les militaires furent réduits de 25 % et des milliers d'armes furent détruites. Elle libéralisa aussi l'économie et réforma les institutions politiques. Ses opposants de gauche lui reprochent les licenciement massifs d’employés du secteur public, la réduction des moyens alloués à l'éducation, la suppression de la gratuité de l'accès aux soins et son manque de réaction face à la corruption.

Elle fait de la lutte contre l'inflation l'un des axes principaux de sa politique, notamment diminuant la demande (donc la consommation) dans un « libre marchĂ© sans ingĂ©rence de l’État Â». Un programme de privatisation est mis sur pied. Les mines et les forĂŞts sont vendues Ă  bas prix, ainsi que les trois hĂ´tels appartenant Ă  l’État. Mais cette politique ne donne pas le rĂ©sultat escomptĂ© : « c’est le capital financier qui prend le pas, joue l’intermĂ©diaire, s’attribue des commissions abusives, accumule de manière fabuleuse et entraĂ®ne une corruption Ă©norme », explique le journal La Tribuna. Le modèle des maquiladoras se dĂ©veloppe, permettant de compenser en partie les suppressions d'emplois dans le secteur public, mais au prix de conditions fiscales avantageuses (exemption d’impĂ´ts sur les bĂ©nĂ©fices, sur les ventes d’immeubles, sur les droits de douane pour toute importation ; exemption des impĂ´ts indirects sur les ventes et les achats)[5].

Les annĂ©es de pouvoir de Violeta Chamorro amorcent une pĂ©riode de dĂ©clin Ă©conomique et social important pour le Nicaragua. De 1990 Ă  2001, le pays a reculĂ© de la 60e Ă  la 116e position mondiale en matière de dĂ©veloppement humain, et est devenu le plus pauvre d'AmĂ©rique après HaĂŻti, selon la PNUD[6]. Les dĂ©penses publiques par habitant pour la santĂ© passent de 35 dollars en 1989 Ă  14 en 1995. L’assistance mĂ©dicale aux accouchements et les diagnostics des cancers fĂ©minins ont Ă©tĂ© rĂ©duits. Les centres de dĂ©veloppement infantile crĂ©Ă©s dans les annĂ©es 1980 — qui concernaient 75 000 enfants — ont Ă©tĂ© supprimĂ©s. L’espĂ©rance de vie chute de 66 ans en 1989 Ă  60 ans en 1996 en raison de l’accroissement des maladies infectieuses et de la sous-alimentation. La mortalitĂ© infantile a grimpĂ© de 58 pour 1 000 en 1990 Ă  72 pour 1 000 en 1995[5].

En 1992, elle ratifie un projet de loi réintroduisant la pénalisation de l’homosexualité[7].

Son gouvernement pardonnera aussi aux États-Unis les dĂ©gâts occasionnĂ©s par leur participation active dans la contre-rĂ©volution au Nicaragua, « en gratitude pour toutes les faveurs reçues Â».

En , le président vénézuélien Carlos Andrés Pérez sera destitué par la Cour suprême, accusé d'avoir détourné 17 millions de dollars d'un fonds secret en faveur, notamment, de Chamorro, ce qui lui vaudra d'être condamné et assigné à résidence pendant plus de deux ans[8].

En la coalition de Chamorro, l'UNO, est battue à l’élection présidentielle par Arnoldo Alemán, du Parti libéral constitutionnaliste (PLC). Outre les multiples fraudes qui entachèrent l’élection et favorisèrent le PLC, la principale cause de cet échec se retrouve dans la corruption de plus en plus manifeste du gouvernement. De nombreux politiciens et parents proches de Chamorro ayant fait l'acquisition de propriétés et de sociétés en puisant dans les fonds publics[9].

Chamorro quitte la politique et vit désormais à Managua.

Le , sa fille Cristiana Chamorro se voit interdire par la justice d'exercer tout mandat politique et toute fonction publique, alors qu'elle était la mieux placée pour battre le président sortant Daniel Ortega lors de l'élection présidentielle du . Assignée à résidence et placée à l'isolement, elle est accusée de « gestion abusive » et « blanchiment d’argent, de biens et d’actifs ».

Notes et références

  1. Isabel Martínez de Perón, présidente de la Nation argentine, avait accédé à cette fonction en succédant à son mari défunt, Juan Perón, ayant elle-même été élue en tant que vice-présidente lors des élections de 1973
  2. Élection de Violeta Chamorro à la présidence du Nicaragua, Perspective Monde, Université de Sherbrooke, Canada
  3. « Quand une respectable fondation prend le relais de la CIA », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « Rapport d'information des groupes d'amitié France-El Salvador, Nicaragua et Honduras, juin 2001 », sur www.assemblee-nationale.fr
  5. François Houtart, « Echec du modèle néolibéral à Managua », sur Le Monde diplomatique,
  6. « RISAL.info - Nicaragua, chronique d'une révolution perdue », sur risal.collectifs.net
  7. « Homosexualidad todavía es criminalizada », Cepresi,‎ (lire en ligne)
  8. Ancien président du Venezuela, Carlos Andrés Pérez, nécrologie du Monde (éd. papier) datée du samedi 1er au lundi 3 janvier 2010
  9. Carol Wood, Nicaragua, Ulysse, , 361 p.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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