Jota
La jota est une danse traditionnelle espagnole répandue à peu près partout dans ce pays. Elle est apparentée au fandango et selon la légende, elle date du XIIe siècle[1] et elle aurait été inventée par le troubadour arabe Aben Jot.
Elle varie selon les régions, bien que la jota d'Aragon, de Castille, de Navarre, la jota montañesa de Cantabrie, celle des Asturies, celle de Galice, celles de Haute Andalousie et celles de Murcie soient les plus connues et les plus populaires.
Fréquente en représentation scénique, la jota se chante et se danse accompagnée de castagnettes et ses interprètes revêtent pour l'occasion le costume traditionnel. Anciennement, elle se dansait à Valence pour les enterrements.
La jota se danse aussi en Catalogne, lors de la fête de la Saint Jean. Cette danse relève de l'exploit physique car elle est rapide et elle est la plupart du temps sautillée.
Caractéristiques
Son rythme est le plus souvent en 3/4, bien que certains auteurs soutiennent que le rythme 6/8 s'adapte mieux à la structure de son cycle chorégraphique. Les harmonies populaires les plus habituelles sont des accords de prime, quarte et quinte majeures, avec la septième dominante. Pour l'interpréter, on utilise des guitares, des bandurrias, des luths, des dulzainas et des tambours, et on y ajoute, dans les cas de la Galice, des Asturies et de la Cantabrie, des gaitas, des tambourins montagnards, des tambours et des grosses caisses. Les versions de démonstrations se chantent et se dansent en costumes traditionnels et avec des castagnettes, ce qui n'est pas si courant quand elle est pratiquée comme divertissement ou danse sociale. Le contenu des chansons est très diversifié, du patriotisme à la religion et la paillardise. Il est plus utilisé comme générateur de cohésion dans le village que les danses.
Le rythme de la jota est proche du Fandango[2].
Les pas que les danseurs exécutent ressemblent à ceux de la valse, même si dans le cas de la jota il en existe plusieurs variations. Le texte adopte le plus souvent la forme de quatrains octosyllabiques, où le premier et le troisième vers riment.
Lors d'une corrida, la jota est la musique qui accompagne le matador lorsque celui-ci a décidé de banderiller lui-même. Elle est alors rythmée par les claquements de mains des aficionados[3].
Le compositeur de musique de corrida Abel Moreno a composé un morceau en l'honneur d'un matador-banderillero talentueux, Victor Mendes. Ce morceau très souvent joué pour les matadors-banderilleros a pour titre Victor el Lusitano (Victor le Portugais), Victor Mendes étant portugais[4].
Jota aragonaise
La jota aragonaise est la plus connue des manifestations du folklore musical d'Aragon. Elle pourrait dater de la fin du XVIIIe siècle et aurait connu son apogée au XIXe siècle, tout en acquérant un grand essor après la Guerre d'indépendance espagnole. Sa bravoure, l'élégance de ses formes, la difficulté de ses pas de danse et sa façon particulière d'être chantée ont fait en sorte que la jota évolue et soit, depuis la fin du XIXe siècle, portée à la scène comme un spectacle. La jota apparaît dans des films, est chorégraphiée pour de grands festivals et présentée en concours et compétitions
Les styles de danses appelés « purs » pour avoir été conservés jusqu'à nos jours, sont ceux qui correspondent aux localités de Calanda, Alcañiz, Andorre, Albalate et Saragosse. Aujourd'hui, il existe une infinité de chorégraphies modernes réalisées pour et par les groupes folkloriques. Parmi les jotas les plus populaires de ce répertoire, on trouve : Jota de San Lorenzo (Huesca), Jota vieja, Aragón tierra bravía, Gigantes y cabezudos, La Dolores (ces dernières appartenant aux s du même nom), la danza de la Olivera, etc.
Il existe également un nombre important de danses liées à la jota, comme les boléros du XVIIIe siècle, parmi lesquelles on soulignera ceux d'Alcañiz, de Caspe, et de Sallent de Gállego, qui bien qu'étant aujourd'hui fort influencées par la jota, ont joui à leur époque d'une grande popularité, et se dansaient accompagnées de dulzainas et de tambours, comme la Jota Hurtada de Albarracín. D'autre danses appatentées à la jota sont la Gitanilla d'Andorre, avec des rubans, chorégraphiée aujourd'hui comme Danza de Andorra ; la danse des mouchoirs de Remolinos ; ou les danses pyrénéennes du XIXe siècle, telles que le Cadril, le Villano, la Canastera ou le Tintan.
Parmi les chanteurs, on retiendra les noms de grands joteros comme Pedro Nadal « el Royo del Rabal », Mariano Malandía « le borgne des Tenerías », Juanito Pardo, Cecilio Navarro, Jesús Gracia, José Iranzo « le Berger d'Andorre » et le grand José Oto. Parmi les chanteuses on peut signaler Asunción Delmás, Pilar Gascón, Jacinta Bartolomé, Pascuala Perié, Felisa Galé ou Pilar de las Heras.
Jota navarraise et de la Rioja
Le sud de la Navarre, à côté de la jota aragonaise, on trouve les fameuses jotas de l'Èbre. Les joteros et joteras de ce type de chant sont habillés d'un pantalon ou d'une jupe blanc, d'alpargatas blanches avec des rubans rouges, une ceinture rouge, une chemise blanche et un mouchoir rouge. Les paroles des chansons sont des poèmes populaires et dans certains cas, font référence à la vie de tous les jours de l'époque des personnes qui les ont composées, par exemple les vendanges ou de la Navarre. D'autres thèmes sont familiers, de la campagne à l'amour ou l'indifférence. Normalement, la partie instrumentale du morceau est jouée par une rondalla. Il existe des écoles de jota tout le long de la vallée de l'Èbre, là où il coule en Navarre et en Rioja ; la jota est aussi très populaire à Miranda de Ebro (Burgos). Il existe de nombreux concours de jota en Navarre.
La jota montañesa
La jota montañesa est pratiquée en Cantabrie (montañes étant synonyme de « cantabre »). Elle est aussi connue sous le nom de « A lu altu y a lu baju ». Certaines personnes disent que la jota montañesa est une variante des autres jotas, avec quelques particularités. La jota montañesa est d'une grande élégance, avec des mouvements de mains doux et ondulants, plus lente et solennelle que les autres. Les femmes doivent à peine bouger, uniquement les mains, les bras et les pieds, sans les mouvements brusques que l'on voit maintenant et qui sont propres aux autres zones de la péninsule, et avec les yeux baissés, fixés sur les pieds de leur partenaire durant la première partie de la danse. Quand il y a plus de danseurs que de danseuses, les hommes seuls « reviennent », c'est-à-dire qu'ils entrent dans la danse et prennent la place de ceux qui étaient en train de danser, en s'interposant entre les partenaires. La jota ne doit pas uniquement être accompagnée par les « panderetas ». Dans la ville de Santander, elle est jouée à la gaita. À Cabuérniga et dans le reste de la Cantabrie occidentale, la jota se joue à la gaita et au tambour, et évidemment, de façon plus moderne, au tambourin montagnard, au tambourin et au tambour. À Carmona, les danseurs jouent du « trisco », aussi appelé « tarrañuela ». On appelle « pajariteu » le mouvement de hanches doux presque imperceptible de la dame ; « rusquiu » le movement brusque du cavalier ; « triscar » les claquements de doigts, et « tijireta » le jeu de pieds des cavaliers.
Jota castillane
Comme expliqué ci-dessus, la jota castillane (tant de la région de Castille-et-León qu'en Castille-La Manche) est habituellement accompagnée à la guitare, à la bandurria, au luth, à la dulzaina et au tambourin. Le couple de danseurs danse en maintenant les mains au-dessus de la tête, parfois en tenant des castagnettes. La jota castillane, se danse en pas sautés caractéristiques, un peu piquées ; est plus sobre et moins mouvante et aérée que celle d'Aragon.
La musique est fréquemment accompagnée de chansons qui tiennent comptent du nombre de couples. Celles-ci traitent en général de l'amour, des mariages (on y donne des conseils et des félicitations aux fiancés), de la vie ou de la religion, mais elles se caractérisent presque toujours par leur piquant et leur sens de l'humour.
La jota de la Mancha, typique de la région, a pour caractéristique propre de se danser en ronde. Beaucoup de jotas de la Mancha sont connues sous le nom de « jotas del Mantecado » car il était fréquent de les chanter et de les danser à l'approche de la Noël, et aussi à d'autres dates indiquées.
Jota valencienne
La jota valencienne rappelle les danses de salon par ses mouvements cadencés. Beaucoup de villages y ont leur propre jota, comme la valenciana, la Jota Vallera (Tavernes de la Valldigna), la cofrentina, la moixentina, del postiguet, la de Carlet o u i dos, la de Villena, de Moncada, etc.
Compositeurs espagnols
- Francisco Tárrega (1852-1909), compositeur guitariste espagnol, on lui doit notamment la « Gran Jota Aragonesa » qui évoque ce style de danse de manière virtuose.
Compositeurs non espagnols
Plusieurs compositeurs non espagnols ont utilisé le style de la jota pour certaines œuvres :
- Mikhaïl Glinka, compositeur russe (1804-1857), a utilisé le style de la jota après un voyage en Espagne pour sa Jota aragonesa ;
- Liszt, pianiste et compositeur d'origine hongroise (1811-1886), a écrit une jota pour piano ;
- Saint-Saëns, compositeur français (1835-1921), a composé une jota pour orchestre, tout comme le compositeur russe Balakirev (1837-1910) ;
- Raoul Laparra, compositeur français (1876-1943), a composé un opéra intitulé La jota ;
- Par ailleurs, l'humoriste français Raymond Devos a en quelque sorte immortalisé la jota en France avec son sketch « La Jota c'est çà ».
Bibliographie
- Paul Casanova et Pierre Dupuy, Dictionnaire tauromachique, Marseille, Jeanne Laffitte, , 180 p. (ISBN 2-86276-043-9)
- Robert Bérard (dir.), Histoire et dictionnaire de la Tauromachie, Paris, Bouquins Laffont, , 1056 p. (ISBN 2-221-09246-5)
Notes et références
- Jota et fandango
- Casanova et Dupuy 1981, p. 27
- Robert Bérard 2003, p. 645