AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Courage

Le courage (dĂ©rivĂ© de cƓur[1]) est une vertu qui permet d'entreprendre des choses difficiles en surmontant la peur, et en affrontant le danger, la souffrance, la fatigue[2]. Depuis l'antiquitĂ© et dans la plupart des civilisations, le courage est considĂ©rĂ© comme l'une des principales vertus, indispensable aux hĂ©ros[3]. Son contraire est la lĂąchetĂ©.

Le courage est Ă  distinguer d'autres notions Ă  connotations plus pĂ©joratives, comme l'audace ou la tĂ©mĂ©ritĂ©, pour lesquelles le moteur de l'action n'est pas la peur, mais le dĂ©sir ou l'orgueil. Selon AndrĂ© Comte-Sponville, le courage doit ĂȘtre guidĂ© par le sens de la justice ; il n'est estimable que lorsqu'il est accompagnĂ© d'altruisme[3].

En psychologie, le courage est considéré comme un trait de caractÚre de la personnalité[4].

Le courage authentique requiert l'existence de la peur, ainsi que le surpassement de celle-ci dans l'action. Lorsque le danger est confronté sans peur, on parle plutÎt d'« assurance » ou, de façon plus péjorative, d'inconscience, notamment lorsque le danger est manifestement sous-estimé.

Conception philosophique du courage

Allégorie du courage (Courage, Anxiety and Despair: Watching the Battle par James Sant, vers 1850)

Antiquité grecque

Depuis Platon le courage, ou force d'Ăąme, est considĂ©rĂ© comme l'une des quatre vertus cardinales, les trois autres Ă©tant la prudence, la tempĂ©rance et la justice. Platon analyse le courage dans le LachĂšs[5] ; la philosophe Louise Rodrigue en donne la dĂ©finition suivante « si l’on rassemble tous les Ă©lĂ©ments non rĂ©futĂ©s du dialogue : vertu consistant dans l’affrontement d’un ennemi – au sens large du terme – qui est propre Ă  l’agent et qui le menace rĂ©ellement, action qu’il exĂ©cute avec fermetĂ©, c’est-Ă -dire en tenant ferme jusqu’à l’issue du combat, laquelle fermetĂ© ne repose pas sur un savoir technique, mais sur la confiance issue de la connaissance de sa bonne action, fermetĂ© qui lui permet par ailleurs de faire face au sentiment inspirĂ© par la connaissance du danger, la crainte, laquelle contribue nĂ©anmoins Ă  la vertu en confĂ©rant Ă  l’agent sa combativitĂ©[6]. »

La notion d’andreia (en grec ancien : áŒ€ÎœÎŽÏÎ”ÎŻÎ±) dĂ©signe le courage, en tant que synonyme de virilitĂ©. Il est une des quatre vertus platoniciennes, avec la Justice, la Sagesse et la TempĂ©rance. Selon les DĂ©finitions du pseudo-Platon, le courage est l’« Ă©tat de l’ñme qui ne se laisse pas Ă©branler par la crainte ; hardiesse au combat ; science des choses relatives Ă  la guerre ; fermetĂ© de l’ñme face Ă  ce qui est effrayant et terrible ; audace au service de la tempĂ©rance ; intrĂ©piditĂ© dans l’attente de la mort ; Ă©tat d’une Ăąme qui garde sa capacitĂ© de juger correctement dans les pĂ©rils ; force qui fait contrepoids au pĂ©ril ; force de persĂ©vĂ©rer dans la vertu ; calme de l’ñme en prĂ©sence de ce qui, suivant la droite raison, paraĂźt devoir dĂ©clencher terreur ou confiance ; capacitĂ© de ne pas se laisser aller Ă  la lĂąchetĂ© sous l’effet de la terreur que fait naĂźtre l’épreuve de la guerre ; Ă©tat de fidĂ©litĂ© constante Ă  la foi »[7].

Courage et combat

Courage social

Le courage social, aussi qualifiĂ© de courage civil, dĂ©signe une forme d’action qui se fait Ă  l'intention des autres[8]. Cette dĂ©finition implique un trĂšs grand nombre de pratiques charitables qui permettent d'intervenir, de s'engager et de dĂ©fendre des valeurs, des situations sociales[9].

Il existe de nombreux épisodes hagiographiques allant dans ce sens. La charité de Martin de Tours, qui en plein hiver, cÚde son manteau à une personne transie de froid, en est un exemple[10].

La non-violence peut-ĂȘtre synonyme de courage, comme en tĂ©moigne le clichĂ© de Marc Riboud intitulĂ© La fille Ă  la fleur.

Pratiques guerriĂšres et militaires

Le courage dans les représentations collectives : départ du chevalier à la guerre, encouragé par la souveraine (Godspeed par Edmund Leighton, 1900)

Les pratiques guerriĂšres sont associĂ©es Ă  la vertu de courage. Dans les reprĂ©sentations collectives, la personne qui part en guerre (le soldat, le chevalier etc.) s'expose au danger de façon volontaire, voire au sacrifice de sa propre vie. Dans ces situations, le courage inclut le sang-froid, la bravoure et l’humilitĂ©[11].

Conception orientale du courage

Au Japon, le courage (拇 - Yuu en japonais) est une des notions fondamentales du Bushido. Inazo Nitobe en donne cette description[12]

« Le courage, s’il n’était pas mis au service de la justice, Ă©tait Ă  peine digne d'ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une vertu. Confucius dans ses Entretiens, le dĂ©finit comme Ă  son habitude, par ce qu'il n'est pas. « Comprendre ce qui est juste », dit-il, « et ne pas le faire, dĂ©montre l'absence de courage ». Cette maxime reprise dans un sens positif peut se lire ainsi : « Le courage consiste Ă  faire ce qui est juste ». Se risquer Ă  tous les hasards, s'exposer, se lancer impunĂ©ment dans les bras de la mort, passent pour des marques de valeur, et dans le mĂ©tier des armes, une telle tĂ©mĂ©ritĂ©, que Shakespeare appelle : « la sƓur illĂ©gitime de la valeur », est injustement applaudie. Il n'en va pourtant pas ainsi dans les prĂ©ceptes de la chevalerie. Mourir pour une cause qui n'en vaut pas la peine est « une mort de chien ». « Se prĂ©cipiter au cƓur d'une bataille et tomber aux champs d'honneur, dit un prince du Clan Mito, est assez facile et n'excĂšde pas les moyens du plus simple des rustres. Mais le vrai courage est de vivre quand il faut vivre, et de mourir seulement quand il faut mourir ». Une distinction souvent faite en Occident entre le courage physique et le courage moral est chez nous une ancienne et intime Ă©vidence. Quel jeune samouraĂŻ n'entendit jamais parler de la diffĂ©rence entre « grande bravoure » et « bravoure du voleur » ? »

Selon Chögyam Trungpa, rinpochĂ© du bouddhisme tibĂ©tain : « On pourrait s'imaginer qu'au moment de faire l'expĂ©rience du courage on entendrait l'ouverture de la cinquiĂšme symphonie de Beethoven ou bien on verrait une immense explosion dans le ciel, mais il n'en est rien. Dans la tradition Shambhala, c'est en travaillant la vulnĂ©rabilitĂ© du cƓur humain qu'on dĂ©couvre le courage[13]. »

Références

  1. « Courage », dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. André Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique, PUF, , p. 135
  3. André Comte-Sponville, Petit traité des grandes vertus, Seuil, , p. 67 et 71
  4. Gaston Gross, Manuel d'analyse linguistique, (lire en ligne), p. 270
  5. Brisson 2008, p. 597
  6. Louise Rodrigue 2009, p. 142-143.
  7. Brisson 2008, p. 289.
  8. Floréal Sotto et Nora El Massioui, 40 activités pour renforcer son courage social : agir contre les préjugés et les discriminations au quotidien, GenÚve ; Saint-Julien-en-Genevois, Jouvence éditions, (BNF 46550506)
  9. (en) Gerd Meyer, On behalf of others: The psychology of care in a global world, Oxford University Press, (DOI https://doi.org/10.1093/acprof:oso/9780195385557.003.0005, prĂ©sentation en ligne), « Taking risks for others: Social courage as a public virtue », p. 82–105
  10. Jean-Pierre Delville, MarylĂšne Laffineur-CrĂ©pin et Albert Lemeunier, Martin de Tours : du lĂ©gionnaire au saint Ă©vĂȘque, Édition ASBL Basilique Saint-Martin, (BNF 35737681), p. 65.
  11. Thierry Marchand, « Courages militaires », Inflexions, no 22,‎ , p. 91 Ă  101 (lire en ligne)
  12. Inazo Nitobe, p. 35
  13. Chögyam Trungpa, Shambhala : la voie sacrée du guerrier, Seuil, , p. 51

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.