Accueil🇫🇷Chercher

Castanea sativa

Châtaignier commun

Castanea sativa
Description de cette image, également commentée ci-après
Châtaignier commun.

Espèce

Castanea sativa
Mill., 1768

Synonymes

  • Castanea vesca Gaertn.
  • Castanea vulgaris Lam.
Description de cette image, également commentée ci-après
Châtaignier (Castanea sativa).

Classification phylogénétique

Répartition géographique

Description de cette image, également commentée ci-après
Régions d'origine probables en vert, et régions d'introduction ancienne par l'homme en orange.

Statut de conservation UICN

( LC )
LC : Préoccupation mineure
Monde, Europe, France

Le châtaignier commun (Castanea sativa Mill.) est un arbre à feuillage caduc, de la famille des fagacées, qui produit des fruits largement consommés par l'homme : les châtaignes. Lorsqu'il est en nombre sur un territoire délimité, il forme une châtaigneraie.

Les châtaignes, séchées dans des clèdes, furent pendant longtemps la base de l'alimentation humaine dans certaines régions d'Europe, généralement dépourvues d'agriculture céréalière[1], ce qui lui valut d'être considéré comme un « arbre nourricier » à valoriser. Dans d'autres régions, notamment autour de la mer Méditerranée, le châtaignier fut surnommé « arbre à pain » ou « pain des pauvres », car ses fruits y remplaçaient les céréales en période de disette[2].

Étymologie

Châtaignier vient du latin castanea, lui-même dérivé du grec kastanon. Ce nom ferait référence à Kastanon, une ville de Thessalie renommée dans l'Antiquité pour la qualité des châtaignes qu'on y récoltait. Castanea était l'ancien nom des chênes avant de désigner le châtaignier. Au-delà il semblerait que l'origine soit le Moyen-Orient où le terme kasht désigne un arbre fruitier en général.

Sativus signifie « cultivé » en latin. Le châtaignier a été surnommé "arbre à pain" pour les qualités nutritives de ses fruits. Il remplaçait les céréales dans une grande partie des Cévennes.

Description

Le châtaignier est un arbre majestueux Ă  cime large bien branchue et Ă  croissance rapide. Il peut mesurer 25 Ă  35 m de haut et 4 mètres de diamètre. Il a une grande longĂ©vitĂ© et peut dĂ©passer le millĂ©naire[3].

L’écorce jeune est lisse et de couleur brun verdâtre, puis devient brun foncé avec le rhytidome qui se fissure longitudinalement. Avec l'âge, ces rhytidomes tendant à se vriller selon une spirale lévogyre[4] et le tronc a tendance à devenir creux[2].

Ses grandes feuilles caduques vert luisantes dessus sont de forme oblongue-lancĂ©olĂ©e aiguĂ«, aux bords en dents de scie et pĂ©tiole court. Elles sont disposĂ©es en spirale et peuvent mesurer jusqu'Ă  25 cm de long sur 4 Ă  8 cm de large). Elles sont riches en tanins (pour l’essentiel des tanins ellagiques tels que castalagine et vescalagine).

Cet arbre monoïque à croissance sympodiale[5] fleurit de la mi-juin à la mi-juillet (les fleurs étant des chatons cylindriques jaune pâle), les chatons mâles, dressés à la floraison et disposés à la base des rameaux, apparaissent les premiers et répandent alors une forte odeur de sperme ou de miel, les chatons femelles se réunissent par trois et sont disposés plus au sommet[6].

L'espèce étant auto-stérile, il faut toujours planter au moins deux variétés compatibles entre elles pour obtenir des fruits (par exemple Marigoule et Belle épine).

D'après de récentes études de l'INRAE[7], le châtaignier commun serait strictement entomophile et non anémophile ou ambophile comme supposé auparavant.

La bogue, involucre vert épineux, enveloppe les fruits et dissuade certains prédateurs de s'attaquer aux châtaignes. Elle correspond à une transformation des bractées. À l'intérieur de la bogue se trouvent les châtaignes, au nombre de 1 à 3, qui sont, au sens botanique, des fruits secs de type akènes enveloppés par une pellicule astringente et par un tégument.

On ramasse ou récolte les châtaignes à partir du mois d'octobre.

Des organes floraux particuliers

Les fleurs du châtaignier commencent leur induction florale pendant la saison précédente (vers le milieu de l'été soit fin juillet dans l'hémisphère Nord, raison pour laquelle une bonne irrigation est utile à cette période). Toutes les fleurs (mâles et femelles) se trouvent sur le même arbre mais sont nettement séparées (diclines)[8]. Elles sont disposées en glomérules le long des chatons placés à l'aisselle des feuilles exclusivement sur les rameaux poussant de l'année.

  • Bogues
  • Une bogue ouverte, dĂ©voilant deux châtaignes.
    Une bogue ouverte, dévoilant deux châtaignes.
  • Une bogue ouverte dĂ©voilant une châtaigne.
    Une bogue ouverte dévoilant une châtaigne.
  • Une bogue vide de Castanea sativa, trouvĂ©e dans le De Famberhorst (nl), une aire protĂ©gĂ©e en Hollande. Son diamètre est d'environ 38mm. Celui des Ă©pines, mesurĂ© avec un pied Ă  coulisse, est de 0,2mm. Octobre 2022.
    Une bogue vide de Castanea sativa, trouvée dans le De Famberhorst (nl), une aire protégée en Hollande. Son diamètre est d'environ 38mm. Celui des épines, mesuré avec un pied à coulisse, est de 0,2mm. Octobre 2022.
  • Un bourgeon de Castanea sativa.
    Un bourgeon de Castanea sativa.
  • Fleurs femelles entourĂ©es de chatons mâles.
    Fleurs femelles entourées de chatons mâles.
  • Castanea sativa en fleur.
    Castanea sativa en fleur.

Il existe des variétés de châtaignier dont les fleurs mâles contiennent des étamines (variétés staminées) ou pas (astaminées). Chez les staminées, la longueur du filet est un facteur clé de la faculté pollinisatrice de la variété. On répertorie ainsi des variétés :

Aire de répartition

Les vieux châtaigniers peuvent atteindre des diamètres importants.

L'aire d'origine du châtaignier se situe sur les reliefs arrosés du nord de la Méditerranée : au sud des Balkans (notamment en Grèce), en Italie, en Corse, dans le sud-est de la France, mais aussi au nord-ouest de la péninsule Ibérique (nord de l'Espagne), au sud de la mer Noire en Turquie, puis vers l'est dans le Caucase, en Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, etc. Son aire de distribution a été fortement étendue par l'Homme en Europe méridionale et surtout en Europe occidentale, vers le nord jusqu'en Écosse, et aussi localement en Afrique du Nord.

Silhouette de Castanea Sativa

En France, le châtaignier est bien prĂ©sent dans toutes les rĂ©gions. Avec environ 744 000 hectares oĂą cette essence est dominante[9] (soit une surface semblable Ă  celle existant dans le domaine forestier italien, mais oĂą il est surtout cultivĂ© en taillis), le châtaignier fait partie des arbres feuillus importants des forĂŞts françaises. Il est plus frĂ©quent en Languedoc-Roussillon, Midi-PyrĂ©nĂ©es, en Corse, en Ardèche (CĂ©vennes), dans le Limousin (dont il est un emblème, Ă©tant reprĂ©sentĂ© sur le logotype du conseil rĂ©gional), en Aquitaine (Dordogne, pĂ©riphĂ©rie du massif landais, Double, Pays basque...), en Auvergne, dans les Alpes mĂ©ridionales, dans le massif des Maures en Provence, mais aussi en Basse-Normandie, en Bretagne et en ĂŽle-de-France. Il se fait plus rare dans le Nord-Est sans ĂŞtre absent, surtout Ă  cause des sols le plus souvent calcaires ou argileux qui ne lui conviennent pas. Relativement abondant dans les Vosges oĂą on le considère comme une plante obsidionale (rapportĂ©e en temps de guerre : ici via les colis envoyĂ©s aux soldats corses du 373e RI en 1915), il s’y est installĂ© dans les sols lĂ©gers plutĂ´t acides qu'il affectionne.

Il est assez abondant en Belgique (notamment en Flandre et dans le Hainaut), aux Pays-Bas en dehors des régions de polders, et dans les iles Britanniques jusqu'en Écosse et en Irlande. Il a été introduit en Grande-Bretagne par les Romains. Il est plus disséminé en Allemagne où il se trouve surtout à l'Ouest. Il se fait rare sous climat à influence trop continentale en Europe centrale et orientale. Il est aussi bien présent dans le sud-est de l'Europe, où il est approximativement limité au Nord par les Carpates et évite les plaines trop sèches (il est fréquent en Autriche, Slovaquie, ex-Yougoslavie, Albanie, Roumanie, etc). En Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie) il se trouve dans les zones les plus arrosées.

Il est assez rustique face au froid hivernal mais il supporte mal les gelĂ©es tardives, car le dĂ©bourrement des bourgeons au printemps est prĂ©coce, d'oĂą sa raretĂ© sous les climats Ă  continentalitĂ© marquĂ©e. Il s'est donc surtout dĂ©veloppĂ© dans les climats doux et humides d'Europe de l'Ouest. Sous climat ocĂ©anique il demande au moins 700 mm de prĂ©cipitations par an pour produire convenablement, ainsi mĂŞme dans le quart nord-ouest de la France il peut souffrir localement d'un climat trop sec. Du fait de ses origines para-mĂ©diterranĂ©ennes il peut supporter des sĂ©cheresses estivales, Ă  condition que le cumul annuel des prĂ©cipitations soit Ă©levĂ© pour que les rĂ©serves en eau du sol soient suffisantes. Dans les rĂ©gions mĂ©diterranĂ©ennes il se dĂ©veloppe surtout sur les reliefs qui reçoivent beaucoup de pluie, comme c'est le cas dans les CĂ©vennes en France.

La répartition originelle très restreinte du châtaignier en Europe du Sud représente en réalité ses refuges remontant à la dernière période glaciaire[10]. Cette répartition n'était pas représentative du potentiel écologique de l'espèce durant l'Holocène (période géologique et climatique actuelle, depuis la sortie de la dernière ère glaciaire). Les barrières constituées par les massifs montagneux et la concurrence avec d'autres arbres plus compétitifs comme le hêtre et les chênes ont probablement bloqué la reconquête du châtaignier vers les vastes régions favorables d'Europe plus au nord, au climat redevenu clément depuis longtemps pour cette espèce. Les châtaignes ont un faible pouvoir de dispersion, sauf lorsqu'elles sont transportées par l'homme ou d'autres animaux (zoochorie). C'est donc essentiellement l'homme qui a permis à l'espèce de reconquérir de vastes surfaces forestières en Europe durant les derniers millénaires. Selon les analyses palynologiques, il apparait en Dordogne à partir de l'âge du bronze vers 2000 av. J.-C., lorsque les activités agro-pastorales de l'homme avaient ouvert le milieu (depuis le Néolithique) et créé des milieux rudéralisés favorables à l’installation d'essences héliophiles comme le châtaignier. Bien qu'à cette époque il était encore rare et ne semble pas avoir fait l'objet d'une culture intentionnelle, il se serait plutôt répandu progressivement par le transport et le commerce des châtaignes, avec des semis occasionnels et accidentels, de proche en proche, depuis son aire d'origine plus méridionale. La culture du châtaignier en Dordogne débute surtout à l'époque romaine et s'intensifie fortement au Moyen Âge[11].

Le capitulaire De Villis, rédigé à l'époque de Charlemagne, incite au développement de la culture du châtaignier. Elle a connu son apogée en France aux XVIe et XVIIe siècles. Dans le Limousin, la châtaigne était la principale source de nourriture aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Génétique

La diversité génétique et la différenciation de six populations françaises de châtaigniers, Castanea sativa, ont été étudiées à l'aide de marqueurs isoenzymatiques. Ce travail fait suite à des études sur des populations italiennes et turques. Il montre que l'intervention humaine a réduit considérablement le nombre d'allèles par locus, par son entreprise de sélection, de propagation de l'espèce et de reboisement[12], ce qui rend l'espèce plus fragile notamment à l'endothia.

Utilisation

Le bois

Section d'un tronc.

Le bois de châtaignier n'est pas un bois dur, contrairement à certaines idées répandues. Ses propriétés mécaniques[13] en font un bois tendre parmi les feuillus européens courants, bien qu'il soit assez dense. Parmi ses principaux atouts, c'est un bois facile à travailler et à fendre, et son bois de cœur est très riche en tanins (plus riche que le chêne), ce qui en fait un bois durable. De plus il a une croissance rapide en taillis et sa duraminisation est précoce, aboutissant à une très faible épaisseur de l'aubier et un très bon rendement en bois de cœur qui occupe presque toute la largeur de la tige. Il est ainsi mis à contribution pour de multiples usages dans l'artisanat, la construction et l'agriculture depuis des siècles en Europe.

Ses principaux usages sont :

Mobilier en bois de châtaigner, typique du Pays des Feuillardiers.
  • dans l'Ă©bĂ©nisterie ;
  • dans la menuiserie (lambris, moulures, huisserie, etc);
  • pour la sculpture des petits objets comme les castagnettes, pour la vannerie (les jeunes perches sont fendues et planĂ©es pour rĂ©aliser des paniers robustes).

Repoussant facilement en cépée après la coupe, il produit des tiges régulières et faciles d'emploi : les rejetons.

On trouve en France de nombreuses charpentes de toitures très anciennes en bois de châtaignier, souvent très peu altérées, attestant la durabilité de cette essence au long des siècles. On le retrouve fréquemment dans les maisons anciennes, y compris à l'étage montagnard, où les poutres de châtaignier sont souvent d'origine. Cependant, comme pour le chêne, s'il est exposé à l'humidité, les tanins solubles dans l'eau seront lessivés, ce qui diminue fortement la durabilité du bois.

Sa haute teneur en tanin fait que les araignées ne tissent pas leur toile sur ce bois, les charpentes en châtaignier restent donc durablement assez propres[14].

Il a été largement exploité de 1890 à 1960 pour sa richesse en tanins (6 % dans l'écorce, 13 % dans le bois et les bogues[15]), en particulier dans la région lyonnaise, ce qui a conduit à la destruction de vieux peuplements entiers.

C'est un bois de chauffage moyen (mi-dur, projection d'escarbilles, fumée moyennement importante)[16].

Alimentation

Des châtaignes grillées à Murcie.

Dans certaines régions d'Europe, le châtaignier, surnommé "le pain du pauvre"[17], a longtemps joué un rôle prépondérant dans l'alimentation humaine.

En France, mêmes les feuilles sont recherchées pour parfumer et emballer le fromage de chèvre comme le banon et le mothais sur feuille.

Les abeilles tirent du châtaignier un miel foncé et de goût prononcé.

Culture

La châtaigne germe très facilement mais les arbres de verger sont greffés pour assurer une bonne production de fruits.

La castanéiculture est le nom donné par l'administration française à la production commerciale de châtaignes en verger.

Le châtaignier est une espèce :

  • thermophile (il aime la chaleur). Sensible au gel de printemps, le châtaignier a besoin de chaleur en Ă©tĂ© et d'eau en septembre. Les anciens disaient : « au mois d'aoĂ»t, la châtaigne doit ĂŞtre dans un four, au mois de septembre dans un puits ». Il lui faut une pluviomĂ©trie d'au moins 700 mm/an qui peut ĂŞtre compensĂ©e par un système d'irrigation Ă  dĂ©faut ;
  • hĂ©liophile (il aime la lumière) ou de demi-ombre. Il tolère un lĂ©ger ombrage dans le jeune âge. La croissance juvĂ©nile est rapide. Dans de bonnes conditions, l'arbre doit atteindre 8 m de haut en 12 ans (en dessous, on estime que la station n'est pas adaptĂ©e au châtaignier)[18]. Elle peut ĂŞtre soutenue jusqu'Ă  50 Ă  60 ans ;
  • silicicole, qui aime les sols schisteux, granitiques et alluvionnaires ;
  • acidophile (aime les sols acides, c'est-Ă -dire potentiel hydrogène allant de 4,5 Ă  6,5) qui, une fois Ă©tablie, supporte bien la sĂ©cheresse. Il ne peut pas pousser sur sols basiques riches en calcaire sauf Ă  tenter une greffe difficile du châtaignier sur chĂŞne sessile[19] ;
  • il exige une profondeur de sol d'au moins 50 cm[18]. Il aime les sols profonds, frais Ă  assez sec, assez pauvres en Ă©lĂ©ments nutritifs, lĂ  oĂą prospèrent fougère aigle, callune, chĂŞne vert[20] - [21].
  • on le trouve aux Ă©tages collinĂ©en et supramĂ©diterranĂ©en[21], en plaine au nord et plutĂ´t Ă  moyenne altitude au sud de son aire.

Le châtaignier rĂ©agit très bien Ă  la coupe en produisant des rejets très vigoureux (d’oĂą son traitement frĂ©quent en rĂ©gime de taillis)[22] oĂą il a tendance Ă  devenir dominant et peut Ă©liminer les autres essences[23]. La rĂ©volution de 7 Ă  15 ans. Les rejets de 2 Ă  5 ans peuvent ĂŞtre utilisĂ©s en vannerie. Ă€ 7 ans, il donne des feuillards très recherchĂ©s pour cercler les barriques. De 8 Ă  15 ans, ils sont exploitĂ©s pour donner des Ă©chalas[20].

Pour la production de châtaignes, les variétés sélectionnées se multiplient par greffage[24] ou marcottage. Pour que le greffage fonctionne, il doit être pratiqué quand le porte-greffe est bien en sève soit généralement de la mi-avril à la mi-mai.

Pour une plantation de rapport deux variétés sont actuellement préconisées[25] :

  • Marigoule (en marcotte) : Arbre Ă  grand dĂ©veloppement, exigeant sur la qualitĂ© du sol, nĂ©cessitant la prĂ©sence de pollinisateurs (1 rang sur trois de variĂ©tĂ© Marron de Goujounac, Marron de Chevanceaux ou PrĂ©coce Migoule). Ses fruits de bonne tenue tombent dans leur bogue.
  • Bouche de BĂ©tizac (Ă  greffer sur Marsol) : DĂ©veloppement moindre, mise Ă  fruits rapide, rĂ©colte prĂ©coce, exigeante sur la qualitĂ© du sol et les besoins en eau. Les fruits tombent hors de leur bogue.

La densitĂ© de plantation recommandĂ©e pour Marigoule est de 10 Ă— 10 m ou mieux 12 Ă— 12 m, pour Bouche de BĂ©tizac : 8 Ă— 8 m. Une plantation en quinconce occupera mieux l'espace qu'une plantation en carrĂ©.

L'élagage des bois morts, des bois les plus faibles et des gourmands permet d'obtenir des châtaignes de plus gros calibre.

En sylviculture, pour la production de grumes, on plante initialement 1 250 plants par hectare (4 m x 2 m). On procède ensuite Ă  une Ă©claircie de 30% tous les huit ans (six si la parcelle est particulièrement riche). On obtient donc l'implantation suivante :

  • 8 ans, 850 Ă  900 tiges/hectare,
  • 16 ans, 600 arbres/hectare (4 Ă— 4 m),
  • 24 ans, 400 arbres/hectare,
  • 32 ans, 200 tiges/hectare (8 Ă— 8 m) qui seront exploitĂ©es Ă  45 ans. La surface terrière optimale du châtaignier se situe entre 20 et 25 m2/ha.

Si le produit de l'Ă©claircie n'est pas commercialisĂ© en bois Ă©nergie ou piquets (donnant alors lieu Ă  des frais d'Ă©claircies trop coĂ»teux), on peut Ă©galement Ă©claircir Ă  200 tiges/hectares dès la dixième annĂ©e[18].

En France, des subventions agricoles facilitant la plantation de châtaigneraies peuvent être obtenues auprès de FranceAgriMer.

Ennemis du châtaignier

Variétés

Éléments du châtaignier dans Koehler's Medicinal-Plants.

Il existe de très nombreuses variétés anciennes et modernes[26]. Certaines variétés sont issues de l'hybridation, naturelle ou artificielle, entre deux espèces : le châtaignier européen (Castanea sativa) et le châtaignier du Japon (Castanea crenata). Elles sont généralement plus tolérantes (mais pas résistantes) au chancre et à la maladie de l'encre que les variétés indigènes.

  • Affichade
  • Aguyane : cette variĂ©tĂ© donne des châtaignes de forme triangulaire très savoureuses.
  • Auvergnate
  • Barbude
  • Belle Ă©pine (CA 114)
  • Bergeade
  • Bon arbre
  • Bouche de BĂ©tizac (CA 125) : cette variĂ©tĂ© hybride donne des châtaignes très grosses mais sans grande saveur. C'est une variĂ©tĂ© de plus en plus prĂ©sente sur le marchĂ© en raison de sa productivitĂ© très importante.
  • Bouche rouge (CA 102)
  • Bournette (CA 112) ou pourette
  • Bourrue
  • Cabride
  • Clarispine
  • Comballe (CA 456) ou comballe
  • Coutinelle
  • Dauphine ou dauphinenque
  • Embournière ou Pialouset l'embounenque
  • Figarette (CĂ©vennes)
  • Fourcade
  • Gascaise
  • Gène longue, genelongue ou beaumelenque
  • Insitina : variĂ©tĂ© corse de la micro-rĂ©gion d'Evisa.
  • Maraval (CA 74)
  • Maridonne (CA 124)
  • Marigoule (CA 15)
  • Marisard
  • Marlhac (CA 118)
  • Marron de Chevanceaux (CA 146)
  • Marron dauphine
  • Marron de Goujounac (CA 500)
  • Marron de Lyon (CA 111)
  • Marron d'Olargues (CA 108)
  • Marsol (CA 07)
  • Mene d'abric
  • Michalenque
  • Montagne
  • Moundico
  • Negrette
  • Nouzillard
  • Pellegrine (CĂ©vennes)
  • Percillaude (rĂ©gion de Redon en Bretagne)
  • Perejonte ou Peirijonte
  • Peroyrese
  • Peyrouvaise
  • Platete
  • Pourtaloune
  • Première des Vans
  • Premierench
  • PrĂ©coce des Vans
  • PrĂ©coce Migoule (CA 48)
  • PrĂ©coce soulage
  • Rabiyraise
  • Ravayraise
  • Rampounelle
  • Rossel
  • Rousse de Saint-LĂ©onard ou Rousso (est de la Haute-Vienne)
  • Sardonne
  • Tuscon
  • Verte ou Varto (rĂ©gion de Rochechouart en Haute-Vienne / Charente Limousine)

Croyances traditionnelles

"Castanea autem cum sale trita, et postea cum melle temperata, valere dicitur contra, morsum anguium et rabidi canis." Selon Saint Albert le Grand, la châtaigne mélangée à du sel et cuite ensuite avec du miel est bonne contre les morsures de serpent et la rage. L'infusion de feuilles de châtaignier soignerait coqueluche, bronchites et toux (la substance contenue dans les feuilles riches en tanin a une action sédative sur la respiration), mais aussi gorge (gargarisme), diarrhées, rhumatismes et douleurs du dos. Feuilles et écorce soigneraient aussi les hémorragies (John Brickell, 1735) ainsi que la dysenterie.

Parents proches du châtaignier commun

Certains arbres ayant dans leur dénomination courante le nom de châtaignier n'ont en réalité aucun rapport avec la famille des Fagacées : châtaignier du Brésil, châtaignier des Antilles, châtaignier de Guyane, châtaignier de Malabar, châtaignier de Tahiti, entre autres. Les Européens leur ont donné ce nom par analogie de l'usage de leurs fruits féculents.

LĂ©gendes

Gardien de la porte de l'hiver.

Au temps des celtes, le châtaignier, au large tronc et aux raines puissantes, était considéré comme le gardien de la porte de l’année nouvelle, de l'hiver où rien ne pousse. Les châtaignes nourrissaient hommes et bêtes pendant tout le temps où la nature était morte. Et de nos jours pendant toute la période entre Noël et nouvel An, les marrons se mêlent aux pommes pour farcir oie ou dinde de fête[27].

Divers

Chataigner multiséculaire du parc de Burghley House ; l'écorce d'abord lisse prend un relief très marqué avec l'âge
  • Châtaigniers remarquables :
  • Le musĂ©e de la châtaigneraie, situĂ© Ă  Joyeuse dans le dĂ©partement de l'Ardèche, permet la dĂ©couverte de la culture de l'arbre le plus important Ă©conomiquement du dĂ©partement. Il prĂ©sente une collection d'outils anciens, d'objets usuels et de mobilier. En complĂ©ment, il propose le sentier du châtaignier.
  • La maison du châtaignier, situĂ©e Ă  Châlus, dans la Châtaigneraie Limousine, est un espace musĂ©ographique interactif entièrement consacrĂ© au châtaignier, Ă  ses possibilitĂ©s ainsi que celles de la châtaigne, et qui prĂ©sente l'activitĂ© et la production du mĂ©tier de feuillardier.
  • La maison du châtaignier, Ă  Saint-Pierreville, dans le nord de l'Ardèche, retrace Ă©galement l'histoire locale de la castanĂ©ĂŻculture, au travers d'objets, de pièces d'archives et de documents sonores.
  • L'association Aveyron Conservatoire RĂ©gional du Châtaignier (ACRC), travaille Ă  la sauvegarde, Ă  l'Ă©tude et Ă  la conservation des variĂ©tĂ©s anciennes de châtaignes en Aveyron. Également, cette association travaille au transfert de la compĂ©tence aveyronnaise dans les autres dĂ©partements de Midi-PyrĂ©nĂ©es, afin de favoriser une connaissance partagĂ©e du patrimoine castanĂ©ĂŻcole rĂ©gional. En Aveyron, les variĂ©tĂ©s sont aujourd'hui connues (70 au total) et sont conservĂ©es en verger conservatoire. De plus un deuxième combat est menĂ© au sein de cette association: la conservation in situ (sur leurs terroirs d'"origines") des variĂ©tĂ©s. Pour cela deux travaux majeurs sont aujourd’hui portĂ©s : la rĂ©novation des vergers anciens par Ă©lagage sĂ©vère et la remise en production des vergers Ă  travers l’usage agricole. Sont Ă©tudiĂ©es de fait les opportunitĂ©s de remise en production des vergers (rĂ©novation), de rĂ©coltes (mutualisation d’outils de rĂ©coltes), de transformation (Ă©tude pour l’amĂ©lioration des conditions de travail des unitĂ©s de transformation par l’acquisition d’équipements performants.).
  • L'odeur particulière des fleurs des châtaigniers est le thème d'une courte nouvelle du Marquis de Sade intitulĂ©e La Fleur de châtaignier[29].

Notes et références

  1. Consoglobe - La châtaigne, un fruit idéal pour faire le plein de fibres et de minéraux - Marie Mourot - 17 octobre 2020 : « Connu depuis des millénaires, le châtaignier a toujours été considéré comme un arbre nourricier, car ses fruits énergétiques ont longtemps fait partie des aliments de base de nombreux peuples de régions d’Europe, notamment dans les régions montagneuses où les céréales ne poussaient pas. »
  2. L'arbre à pain Le Châtaigner
  3. De beaux spécimens se trouvent dans le secteur de Zonza en Corse du sud, certains écrits mentionnent un sujet vieux de 2500 ans.
  4. Le Châtaignier commun
  5. Croissance, morphogenèse et dynamique de l’état physiologique des bourgeons de jeunes plants de Châtaignier en conditions naturelles et contrôlées - Yvonne PEZET, Chadouli SI-MOHAMED - 1988
  6. « Castanea sativa », sur Région de Bruxelles Capitale, Inventaire du patrimoine naturel, Monuments & Sites (consulté le ).
  7. Rémy PETIT, « Retours mission chataîgnier », Web vigie nature,‎ (lire en ligne)
  8. "Châtaignes et marrons" - Henri Breisch - 1995 - Éditions CTIFL
  9. Inventaire forestier national, La forĂŞt en chiffres et en cartes, Inventaire 2014, .
  10. Patrik Krebs et al., Willy Tinner Quaternary refugia of the sweet chestnut (Castanea sativa, Mill.): an extended palynological approach, 2004, .
  11. Chantal Leroyer, Apparition et diffusion du châtaignier (Castanea sativa) en Dordogne : l’apport de la palynologie, 2010, .
  12. Evidence of genetic drift in chestnut populations. MACHON N. (1) ; BUREL L. (1) ; LEFRANC M. (1) ; FRASCARIA-LACOSTE N. (1 2) ; (1) Laboratoire d'évolution et de systématique des végétaux, Orsay, FRANCE, (2) Unité de génétique des populations d'arbres forestiers, École nationale du génie rural des eaux et des forêts, Nancy, FRANCE
  13. Fiche essence du châtaignier publié par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), 2012, .
  14. Rubrique sur caractéristiques et utilisations du bois de châtaignier
  15. Rottsieper. E.H.W. "Vegetable Tannins The Forestal Land", Timber and Railways Co. Ltd. 1946
  16. Quelles sont les caractéristiques des différents bois pour le chauffage et lesquels utiliser ?
  17. "Le châtaignier : un arbre, un bois", par Catherine Bourgeois - Édité par l'institut pour le développement forestier
  18. Impact des éclaircies tardives sur le châtaignier. Forêt privée française - 2006
  19. La greffe du châtaignier sur chêne
  20. Pierre Lieutaghi, Le livre des Arbres, Arbustes & Arbrisseaux, Arles, Actes sud, 2004 (ISBN 2-7427-4778-8)
  21. J.C. Rameau, D. Mansion et G. Dumé, Flore forestière française. Tome 1, plaines et collines, Institut pour le Développement Forestier, 1994-2009 (ISBN 2-904740-16-3)
  22. « Castanea sativa - Châtaignier », sur nature.jardin.free.fr (consulté le )
  23. Ph. Guinier, A Oudin, L. Schaeffer, Technique forestière, Paris, La Maison Rustique, 1951
  24. La greffe du châtaignier
  25. Conseils pour réussir vos plantations de châtaigniers et Technique de plantation
  26. « Variétés de chataignes et marrons en Cévennes », site « causses-cevennes.com » (consulté le )
  27. (en + fr) Philippe Domont, Histoires d'arbres : des sciences aux contes, Paris, Édith Montelle, , 256 p. (ISBN 2-603-01299-1), p. 224
  28. (it) « Il Castagno dei Cento Cavalli »
  29. Donatien Alphonse François de Sade (texte établi par Maurice Heine), « La Fleur de Châtaignier », dans Historiettes, Contes et Fabliaux, Simon Kra, (Wikisource), p. 41-42.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Robert Pitte, Terres de castanide : hommes et paysages du châtaignier de l'AntiquitĂ© Ă  nos jours, Fayard, Paris, 1986 (BNF 34909035)
  • JC. Rameau, D. Mansion, G. DumĂ© Flore forestière française, guide Ă©cologique illustrĂ©, 1 Plaines et collines, Institut pour le dĂ©veloppement forestier, 1989

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.