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André Dignimont

André Dignimont est un illustrateur, peintre et graveur français, né le à Paris où il est mort le [1].

André Dignimont
Cecil Howard, Buste d'André Dignimont, 1910-1911, localisation inconnue.
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
André Pierre Jean Dignimont
Nationalité
Activités
Maître
Distinction

« Figure notable de Montmartre[2] », il est réputé pour ses estampes et ses illustrations légères dédiées à la beauté féminine.

Biographie

Fils d'un négociant en vins, André Dignimont est d'abord élève chez les Oratoriens du collège de Juilly avant d'effectuer des études de langue en Angleterre (Craven College de Beckenham, dans le Kent où il a pour condisciple le futur comédien André Luguet dont il restera l'ami[3]). Le retour en France en 1911 le conduit à sept années de régiment : trois années de service militaire, quatre années de guerre[4]. André Dignimont est ensuite élève de Tony Robert-Fleury à l'Académie Julian. Installé à Montmartre, il mène alors « la joyeuse vie des rapins » — de là date son surnom « le Grand Dig » qui lui restera — en compagnie de condisciples et amis, notamment Jean-Gabriel Domergue, Roger de la Fresnaye, Louis Marcoussis, Robert Lotiron et André Warnod[5].

Sa carrière qui s'étend sur plus de quatre décennies, le conduisant aussi bien vers le portrait et le nu féminin — aquarelles, dessins et estampes, Dignimont ne peignant pas sur toile — que vers l'illustration des livres et le décor de théâtre, se liant par là aux artistes peintres, aux écrivains (Colette, Francis Carco, Pierre Mac Orlan) et aux comédiens. En 1927, il quitte Montmartre pour s'installer définitivement au 1, rue Boutarel dont, passionné de marché aux puces, il fera un musée d'objets insolites[6].

C'est plus tard qu'André Dignimont commence à s'intéresser au paysage, encouragé en cela par André Dunoyer de Segonzac, y venant aussi naturellement par ses promenades dans Paris, également par ses villégiatures estivales que restitue Françoise Py-Chereau[7] : chez l'avocat-académicien Maurice Garçon à Ligugé dans le Poitou, dans l'Yonne chez Jules Cavaillès, à Saint-Tropez chez Colette, à Equemauville près d'Honfleur chez Henri Jeanson[8], près de Paimpol également où Betty de Mauduit fait de son château de Bourblanc un lieu d'accueil artistique et littéraire où Dignimont peut retrouver Pierre Benoit, Joseph Kessel, Francis Carco et Louis Touchagues[9].

Colette le dévoile : « Quand je veux me trouver seule à seul avec vous, j'écarte poliment vos acrobates, vos matelots et vos sous-officiers à la bouche en cerise, je dis pardon à votre doux bétails féminin, je tourne à l'angle d'une maison vide dont la persienne bat, paisiblement tachée de sang, et je vous rencontre penché sur un cul-de-lampe fleuri – cœurs de Jeanette, narcisses et ancolies mêlées (n'oublions pas le myosotis !) que vous peignez soigneux, ému et rêveur comme une ancienne jeune fille »[10].

Il a illustré des journaux tels que Le Rire, Demain, Monsieur - Revue des élégances, des bonnes manières et de tout ce qui intéresse Monsieur, Le Crapouillot, Le Sourire, Femina, la Gazette du Bon Ton, La Guirlande, Comœdia, Flirt… En plus de son métier d'illustrateur et de peintre, il a joué des rôles secondaires au cinéma et a fait partie du jury présidé par Marcel Pagnol du Festival de Cannes 1955.

André Dignimont est mort à Paris le . Sa tombe, au cimetière du Montparnasse à Paris (27e division), est ornée d'un médaillon en bronze avec son portrait sculpté par Paul Belmondo. Son épouse est morte le .

« Singulier caprice du destin ! Depuis l'adolescence, Dignimont n'a fréquenté que les bals musettes, les bars à matelots, les salons de maisons closes, or, pour lui rendre hommage, on rassemble ses œuvres dans les salons dorés d'un palais officiel. L'aile de son feutre rabattue sur l’œil et cigarette au bec, il n'aurait pas osé entrer. »

— Roland Dorgelès, à propos de l'exposition Dignimont au Palais Galliera, Catalogue de vente d'atelier André Dignimont, , p. 6.

Å’uvres

Ouvrages

Varia

  • Le Général Vuillemin, estampe[11].
  • Étiquette publicitaire pour le grand cru Mouton Rothschild, en 1949 ainsi que pour Perrier, et des produits de beauté.

Décors et costumes de scène

Expositions

Expositions personnelles

  • Galerie Bernier, Paris, [12], [13], 1932[14], .
  • Galerie Charpentier, Paris, 1943, 1951.
  • Carroll Carstairs Gallery, New York, septembre-.
  • Galerie Terrisse, Paris, .
  • Hommage posthume, galerie Charpentier, Paris, 1965.
  • André Dignimont, illustrateur, 1891-1965, Bibliothèque nationale de France, Paris, 1967.
  • Galerie Agora, Paris, 1967.
  • Dignimont, musée Galliera, Paris, 1970.
  • Rétrospective Dignimont (aquarelles), galerie du Cercle, Paris, octobre-.

Expositions collectives

Acteur au cinéma

Réception critique

  • « Comme Francis Carco, Dignimont ne se lasse pas de peindre le monde des filles ; il aime les bals-musettes, les mauvais lieux des ports. Mais au lieu que Carco considère ces spectacles et ces personnages avec une pitié attendrie, Dignimont se contente de n'en voir que le pittoresque. Il est peintre et ne fait pas de littérature. Auprès de ces images où une fille, un matelot, un bouquet et un accordéon s'agencent pour le plaisir des yeux, comme des divinités et des figures allégoriques dans une fresque de Tiepolo, Dignimont expose des dessins de nus dont la souplesse et la vérité sont admirables. » - François Fosca, 1929[12]
  • « Précédée d'une exquise et spirituelle préface de Colette, l'exposition Dignimont nous étale des dessins souples, aisés,assaisonnés d'une pointe d'ironie, et des gouaches d'une mise en page ingénieuse et d'une couleur charmante… Il est intéressant de remarquer que Dignimont, dépouillant ces sujets de ce qu'ils ont de canaille, de misérable et d'horrible, les voit sous l'aspect de l'idylle, ce qui est en fait une transformation audacieuse. Il devient ainsi en quelque sorte le Watteau des "claques" puisqu'il utilise les filles, les souteneurs et les joyeux, de la même façon que Watteau utilisait les comédiens italiens. Il est vraisemblable que les baladins italiens dont s'inspira Watteau ne devaient pas être des âmes très nobles et très délicates. » - François Fosca, 1930[13]
  • « Ses dessins nous offrent les contours souples, les plénitudes fraîches et drues de femmes qui peuvent étirer sans honte des corps jeunes et glorieux d'être beaux. » - Fabien Sollar[14]
  • « Known for the personal style of his gouaches, Dignimont excels in rendering the life of the demimonde with a characteristic touch of delicate humour. » - Raymond Nacenta[19]

Distinctions

Collections publiques

France
Roumanie
Suisse

Annexes

Bibliographie

  • Francis Carco, Ces messieurs-dames ou Dignimont commenté par Carco, Éditions SN, 1926.
  • Pierre Lièvre, « Dignimont », L'Amour de l'art, no 9, , p. 328-331 (consulter en ligne).
  • André Warnod et André Dignimont, Dignimont, préface de Colette, en frontispice portrait de Dignimont par Charles Martin, Éditions Henri Babou, collection « Les Artistes du Livre », 1929.
  • René Édouard-Joseph, Dictionnaire biographique des artistes contemporains, 1910-1930, tome 1, Paris, Art et Edition, 1930, p. 414.
  • André Dignimont, catalogue de l'exposition Dignimont à la Galerie Charpentier, en avant-propos Lettre à Dig de Colette, 1943.
  • Émile Dacier, La gravure française, Larousse, 1944.
  • Pierre Mornand, Trente artistes du livre, Paris, Éditions Marval, 1945.
  • Jean Galtier-Boissière, Mémoires d'un Parisien, 3 tomes, La Table Ronde, 1960.
  • (en) Raymond Nacenta, The School of Paris - The painters and the artistic climate of Paris since 1910, Londres, Oldbourne Press, 1960.
  • René Huyghe, L'art et l'homme, volume 3, Larousse, 1961[Note 1].
  • Collectif, Histoire de France et École de Paris, Paris, Club du Livre, 1962. — Pour chaque artiste, dont André Dignimont, une biographie illustrée d'une photographie.
  • Jean-Paul Crespelle, Montmartre vivant, Hachette, 1964.
  • André Dignimont, illustrateur, 1891-1965, BNF, 1967.
  • Ouvrage collectif par André Dunoyer de Segonzac, André Luguet, Paul Belmondo, Yves Brayer, Roland Dorgelès, Jules Cavaillès, Raymond Cogniat, Maurice Garçon, Henri Jeanson, Pierre Mac Orlan, Raymond Nacenta et Michel Vaucaire, Femmes, fleurs, branches - Dignimont évoqué par ses amis, Paris, Éditions Trinckvel, 1968.
  • Raymond Cogniat, Dignimont, catalogue de l'exposition posthume au Musée Galliera, 1970.
  • Colette, Lettres à ses pairs, Flammarion, 1973, p. 315-316. — Reprise du texte Dignimont, le grand Dig qu'elle écrivit pour le catalogue de l'exposition de 1930 (7-) à la galerie Bernier.
  • Claude Robert, commissaire-priseur, avenue d'Eylau, Paris, sept catalogues de Vente de l'atelier André Dignimont à l'hôtel Drouot, datés des , , , , , et .
  • Françoise de Perthuis, « Dignimont, l'Ecossais de l'île Saint-Louis », La Gazette de l'Hôtel Drouot, no 18, .
  • Françoise de Perthuis, « La cote d'un témoin des Années folles, Dignimont », La Gazette de l'Hôtel Drouot, no 7, .
  • Françoise de Perthuis, « Les jolies femmes de Dignimont ont la cote », La Gazette de l'Hôtel Drouot, no 44, .
  • Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1984 (p. 205), 1985 (p. 210), 1987 (p. 207 et 208), 1988 (p. 256), 1989 (p. 257), 1990 (p. 377).
  • Bernard Noël, L'Enfer dit-on… (Dessins secrets, l'érotisme en art), Paris, Éditions Herscher, 1986.
  • Martine Kahane, Les artistes et l'Opéra de Paris - Dessins de costumes 1920-1950, Paris, Éditions Herscher, 1987.
  • Jean Adhémar, « Éloge de la lithographie », in collectif : Connaître et aimer la lithographie, CELIV, 1988.
  • Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, les Éditions Arts et Images du Monde, 1992.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, tome 4, Gründ, 1999 , p. 585.
  • André Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre, Éditions André Roussard, 1999.
  • Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001, p. 353.
  • (en) Martin Wolpert et Jeffrey Winter, Modern figurative paintings - The Paris connection, Éditions A Fischer book, 2004.
  • Marcus Osterwalder, Dictionnaire des illustrateurs, 1905-1965, Éditions Ides et Calendes, 2005.
  • Emmanuel Pollaud-Dullian, Le Salon de l'Araignée, Paris, Éditions Michel Lagarde, 2013.
  • Philippe Brun, André Dignimont (1891-1965) - La vie foisonnante d’un artiste à Paris au temps des années folles, Éditions Dittmar, 2014.

Notes et références

Notes

  1. Le livre de René Huyghe nous dit qu'André Derain, a réalisé avec son portrait d'André Dignimont une de ses plus belles toiles dans cette discipline.

Références

  1. Archives de l’état civil de Paris en ligne, 9e arrondissement, acte de naissance no 1326, année 1891, avec mention marginale du décès.
  2. André Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre.
  3. Claude Robert, commissaire-priseur à Paris, Catalogue de la vente de l'atelier André Dignimont, , Modèle:P.20 : « La scène et l'écran ».
  4. Françoise de Perthuis, Dignimont : l'Écossais de l'île Saint-Louis, La Gazette de l'Hôtel Drouot, .
  5. Jean-Paul Crespelle, Montmartre vivant, Hachette, 1964, p. 218. On trouve à la même page une photographie de ce groupe rassemblé autour de Tony Robert-Fleury.
  6. Roland Dorgelès dans Femmes, fleurs, branches - Dignimont évoqué par ses amis.
  7. Françoise Py-Chereau, conservateur honoraire à la Bibliothèque nationale, dans Catalogue de la vente de l'atelier André Dignimont, , p. 11.
  8. Henri Jeanson dans Femmes, fleurs, branches - Dignimont évoqué par ses amis.
  9. Histoire du château de Bourblanc sur bourblanc.fr.
  10. Raymond Hesse, Arts et métiers graphiques, no 22, cité in : Marcus Osterwalder (dir.), Dictionnaire des illustrateurs, 1905-1965, Éditions Ides et Calendes, 2005, p. 489-491.
  11. Base Joconde.
  12. François Fosca, « Chroniques - Dignimont, Galerie Bernier », L'Amour de l'art, no 1, , p. 30.
  13. François Fosca, « Chroniques - Dignimont, Galerie Bernier », L'Amour de l'art, no 5, , p. 234.
  14. Fabien Sollar, « Les échos d'art - Dignimont à la Galerie Bernier Â», Art et décoration, 1932.
  15. Emmanuel Pollaud-Dulian, Le Salon de l'Araignée.
  16. Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, p. 300.
  17. François Fosca, « Salon des Tuileries, 1928 », L'Amour de l'art, no 6, , p. 1-24.
  18. [PDF] Exposition française du Caire, .
  19. (en) Raymond Nacenta, The School of Paris - The painters and the artistic climate of Paris since 1910, Oldbourne Press, 1960, p. 301-302.
  20. Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999.
  21. Musée d'Art de Pully, Fonds et collection.

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