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Paul Colin (affichiste)

Paul Hubert Colin, né le rue Jeanne-d'Arc à Nancy et mort le à Nogent-sur-Marne, est un artiste peintre, dessinateur, costumier, scénographe et l'un des plus novateurs et influents affichiste lithographe français de la première partie du XXe siècle.

Paul Colin
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Activités
Formation
Maîtres
Élève
Alain Carrier, Henry Joubioux, Jean Garçon
Archives conservées par
Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 2687, 1 pièce, date inconnue)[1]

Biographie

Josephine Baker par Waléry, Paris (1927).

L'enfance et l'adolescence de Paul Colin baignent dans « l'effervescence créatrice qui anime alors sa ville natale, Nancy, l'un des centres de l'Art nouveau »[2]. Apprenti dans une imprimerie en 1907, élève en 1910 d'Eugène Vallin et de Victor Prouvé à l'École des beaux-arts de Nancy, il s'affirmera après la Première Guerre mondiale où il est blessé à la bataille de Verdun en 1916 comme le chef de l'école moderne de l'affiche lithographiée, ou passant par de nouvelles techniques de reproduction faisant appel à l'héliogravure et la sérigraphie. Il sera l'auteur de plus de 1 400 affiches et, selon Gérald Schurr[3], de plus de 700 décors de théâtre et de costumes.

Il semble que ce soit par hasard que Paul Colin, plusieurs années après la Première Guerre mondiale, retrouve à Paris, où il s'est installé après à la suite de sa démobilisation et où il est encore un peintre provincial inconnu donnant des dessins à plusieurs revues comme Fantasio[2], son ancien camarade de front André Daven devenu directeur adjoint du Théâtre des Champs-Élysées et qui l'en nomme affichiste et décorateur[4]. Le théâtre accueille alors les Ballets suédois de Rolf de Maré, amenant Paul Colin en 1925 à créer l'affiche du film Le voyage imaginaire de René Clair dont Jean Börlin, danseur-étoile du groupe, est la vedette.

Paul Colin est cependant révélé en cette même année 1925 par son affiche pour la Revue nègre pour laquelle, avant de livrer la version finale, il suit longuement les répétitions de la troupe venue de Broadway, constituée de quinze musiciens dont Sidney Bechet et de treize danseurs dont une jeune fille d'à peine 18 ans, Joséphine Baker, qui remplace la vedette new-yorkaise ayant refusé de faire le voyage[4]. L'affiche de Paul Colin contribue à lancer la carrière de Joséphine Baker après leur liaison amoureuse ils demeureront amis[5] en même temps que la sienne : « elle attire immanquablement l'œil du public qui aspire à se perdre dans ce ballet de survivants fougueux et érotiques, relève Chantal Humbert. Dans une géométrisation marquée par l'influence africaine, Paul Colin met en scène avec brio le long corps de Joséphine Baker et le place en sandwich entre deux têtes de musiciens nègres »[6]. Devenu l'affichiste à la mode, Paul Colin va travailler pendant près de quarante ans pour les arts de la scène et le monde du spectacle, « pensant l'affiche en composition fermée rythmée par un système géométrique simple qui accroche facilement l'œil »[6]. C'est également pendant quarante années de son existence, rappelle Jacques Couelle, que l'École Paul Colin, qu'il fonde en 1926 au 13, rue Montchanin (aujourd'hui rue Jacques-Bingen) dans le 17e arrondissement de Paris, attirera « près de quatre mille élèves venus de plus de vingt pays différents, tous séduits, fervents ou respectueux de leur maître. Succès d'académisme sans précédent »[7].

Son style, au début très marqué à la fois par l'Art déco et la Nouvelle Objectivité, devient rapidement très personnel et difficile à faire entrer dans une simple catégorie : l'efficacité dans le dépouillement (« l'affiche doit être un télégramme adressé à l'esprit » résume-t-il lui-même[8]), la justesse synthétique de ses portraits, la force d'évocation de ses affiches pour les grandes causes en font un maître de la communication visuelle dont l'œuvre reste aujourd'hui exemplaire et très actuelle.

Son album Le Tumulte noir (1927), magnifiant lui aussi Joséphine Baker (« Sous ses yeux, pour la première fois, je me sentais belle » écrit-elle[9], ajoutant dans la préface de l'album : « il fait de plus en plus noir à Paris. Bientôt il fera si noir qu'il faudra d'abord une allumette pour y voir clair, puis une autre pour savoir si la première est bien allumée ou non. » et les musiciens de jazz de la Revue nègre, constitue sans doute un chef-d'œuvre[10], « sa création la plus libre, la plus inspirée et débridée, vibrante de couleur et de mouvement »[11] : « si elle n'échappe pas aux stéréotypes d'une époque, estime Valérie Marin La Meslée, cette traversée au bout de la nuit noire bruit d'une folle énergie, en captant jusqu'aux rythmes du jazz qui embrasent les silhouettes croquées sur scène et dans le public »[9].

Il est en 1929, en même temps que membre de la nouvelle Union des artistes modernes, le fondateur et directeur d'une école de dessin, l'école "Paul Colin", sur le boulevard Malesherbes à Paris[12]. Il y forme des élèves de toutes les nationalités, par exemple l'allemande Ruth Bess devenue une artiste reconnue et plus particulièrement le célèbre affichiste Bernard Villemot[13]. En 1931, il dessine un portrait de Suzy Solidor à la demande de Jean Mermoz, alors amant de celle-ci[14]. En 1932, il effectue un voyage en Russie.

Paul Colin prend position dans la Guerre d'Espagne en faveur du camp républicain, ainsi que l'énonce son affiche de 1939 Paris ne doit pas être le Madrid de demain, assiégé par la Reichswehr de Hitler - Liberté commerciale pour l'Espagne républicaine dont la silhouette, dramatiquement cubiste et revêtue d'un champ de ruines, est annonciatrice de ses affiches de 1945-1946[15] - [16]. L'affiche signée de Paul Colin Silence, l'ennemi… guette vos confidences[17] qu'édite en février 1940 le gouvernement français de la Troisième République restitue l'inquiétude ambiante, dans une époque où règne un climat d'espionnite, quant au danger mythique de la « cinquième colonne » selon lequel des Français pro-hitlériens ou des allemands réfugiés en France travailleraient dans l'ombre à la défaite[18]. Si, après l'armistice de juin 1940, l'artiste crée plusieurs affiches à thèmes humanitaires[19], il se refuse à travailler tant pour l'occupant allemand que pour l'État français et revient ainsi à la peinture de chevalet en brossant des Bouquets de fleurs.

La reprise de son travail d'affichiste est marquée par la Marianne aux stigmates, allégorie de la République en vêtements de ruines et bonnet phrygien, portant aux mains les stigmates de la crucifixion, souffrante mais debout, le regard tourné vers les libérateurs. Peinte dans les seules trois couleurs nationales le , date à laquelle Paris n'est pas encore libérée, Marianne aux stigmates est destinée à être reproduite en grande quantité afin d'être affichée sur les murs des villes de France[20]. L'affiche Hommage aux libérateurs de Paris est créée par Paul Colin pour une soirée organisée à l'initiative du journal Libération le au Palais de Chaillot[21]. Avec l'affiche Varsovie accuse en 1946, l'artiste saura de même « exporimer le pathétique du sujet avec un dépouillement extrême »[22]. Le premier numéro de l'hebdomadaire résistant Action après la Libération reprend une de ses affiches qui avait été interdite.

Paul Colin a également été un important collectionneur des arts premiers d'Afrique noire et d'Océanie[23] ainsi que de minéraux et de coquillages exotiques[24].

Au soir de sa vie, Paul Colin modèle des sculptures polychromes d'inspiration cubiste[25]. Il meurt le à la Maison des artistes de Nogent-sur-Marne. Il est enterré au cimetière de Nogent-sur-Marne. « Plus qu'aucun autre, évoque Jean-Paul Crespelle, il aura été le témoin de son temps, au point que, lorsqu'on songe aux grands animateurs de cette époque, son nom vient sous la plume avec ceux de Pablo Picasso, Jean Cocteau, Coco Chanel, André Breton, Paul Morand, Louis Jouvet, Jean Giraudoux, Christian Bérard »[26].

Œuvre

Carlos Gardel (1923), Studio Silva.
Grock (avant 1928), photographie anonyme.
Katherine Dunham par Alfredo Valente.
Loïe Fuller (vers 1901), Falk Studio.
Fritz Lang en 1929.

Affiches lithographiques de portraits

Affiches lithographiques pour le cinéma[28]

Affiches lithographiques pour le théâtre et le music-hall

Affiches lithographiques liées à événements ou engagées

  • Bal nègre - à 23 heures, Théâtre des Champs-Élysées, 1927.
  • Foire exposition, Nancy, du 4 au , 1929.
  • Salon de l'œuvre unique - IVe Salon de l'art français indépendant, 1932[27].
  • Grandes fêtes de Paris, - , 1934[27].
  • Fêtes de Paris, - , 1935[27].
  • Moulin de la galette - Bal romantique avec le concours de l'École Paul Colin, , Imprimerie L. Serre et Cie, vers 1935.
  • Exposition universelle de 1937[30].
  • 16e Salon des arts ménagers, Grand Palais, Paris, janvier-.
  • Ministère des Colonies - 2e Salon de la France d'Outre-mer, Grand Palais, Paris, , 1940.
  • Exposition Ministère des Colonies - France d'Outre-mer dans la guerre, Imprimerie S.A. Courbet, Grand Palais, Paris, 1945.
  • Libération de Paris - , 1945.
  • Par le socialisme, vers la liberté, élections de l'Assemblée constituante, .
  • Secours populaire français - Souscrivez pour l'Espagne républicaine, pour les guerillos, leurs familles, leurs enfants, pour les blessés et invalides de la guerre d'Espagne, Imprimerie Curial-Archereau, 1946.
  • Varsovie accuse, 1946.
  • Exposition des techniques américaines de l'habitation et de l'urbanisme -Grand Palais du au , 1946.
  • Festival international du film, Cannes, 1946[28], 1951.
  • Exposition Foucauld l'Africain, Hôtel des Invalides, Paris, 1947
  • La nuit orientale, spectacle-bal, 1947.
  • Ministère de la reconstruction et de l'urbanisme - Exposition internationale urbanisme habitation, - , 1947.
  • Bal des arts Douanier Rousseau, , Imprimerie Bedos et Cie, 1949.
  • Exposition Paul Colin - Pavillon de Marsan - Musée des arts décoratifs, Paris, 1949.
  • Centenaire de la mort de Frédéric Chopin - Comité national, 1949[27].
  • 18e Salon international de l'aviation, Grand Palais, Paris, 1949[31].
  • Exposition internationale du textile, Lille, - , 1951.
  • Non aux accords de Bonn et de Paris - Conseil national du mouvement de la paix, 1952.
  • Ðiện Biên Phủ... Ils se sont sacrifiés pour la liberté - Paix et liberté, 1954[32].
  • C.E.D. - Communauté européenne de défense pour la paix, contre les tyrannies totalitaires, 1954[33].
  • Exposition d'art foklorique roumain - Office publicitaire de la France, 1954.
  • 21e Salon international de l'aéronautique, du 10 au , aéroport du Bourget, 1955[5].
  • Le pétrole vu par cent peintres, exposition organisée par la Société de pétrole Shell Berre, centenaire du premier forage pétrolier, Musée Galliera, 7-, Imprimerie Lafayette, 1959.
  • Floralies internationales de Paris, - , 1959.
  • 20e anniversaire de la libération des camps de concentration, 1945-1965, 1965.
  • Salon de Paris - Musique, peinture, poésie, chapelle de la Sorbonne, Paris, Lucien Auclair imprimeur, 1980.
  • Exposition Paul Colin - Chapelle de la Sorbonne, Paris, Imprimerie Burlet, Paris, 1981.

Affiches à thèmes humanitaires

  • Adhérez à l'Amicale des femmes de prisonniers, 1957.
  • L'année mondiale du réfugié, 1960.
  • Tu aimeras ton prochain - Devenez confrère de Saint-Vincent de Paul - Sauvez une vie, donnez votre sang, Imprimerie Bedos et Cie, 1968.

Affiches publicitaires

  • Champagne Ernest Irroy, 1928.
  • Tabarin (cabaret parisien), 1928[34].
  • Musée d'ethnographie du Trocadéro, Paris, 1930[27].
  • Leroy, premier opticien de Paris, Imprimerie H. Chachoin, 1930.
  • Air Orient, 1933[27].
  • Comœdia vous offre le théâtre, Imprimerie H. Chachouin, 1933.
  • Peugeot accélération, 1935[5].
  • L'alcool à brûler - Le meilleur et le moins cher des anti-gel, vers 1935.
  • Loterie nationale, Grand Prix de Paris, , 1936.
  • Paris - Société nationale des chemins de fer, 1936[27].
  • Cures à Bagnoles-de-l'Orne - Varices, phlébites, Imprimerie Chaix, 1937.
  • St Raphaël Quinquina, 1938[5].
  • Emprunt de la Défense nationale - Pour sauver la paix, 1938.
  • Emprunt de la Libération - Souscrivez, 1945.
  • Philips, le triomphe de la qualité en T.S.F., Imprimerie S.A. Courbet, Paris, 1945.
  • Est-France, quotidien de la démocratie socialiste - Combat pour la liberté, Imprimerie S.A. Courbet, 1946.
  • Compagnie génétale transatlantique - French line Atlantique-Pacifique-Méditerranée, Imprimerie S.A. Courbet, vers 1949.
  • Pneus Dunlop, vers 1950.
  • La Nouvelle Ève, cabaret dansant, spectacle, vers 1950.
  • La sensationnelle machine à laver Supersonic, Compagnie franco-suisse, années 1950[5].
  • Jeunesses musicales de France, 1955.
  • Haut-de-Cagnes ou la joie de vivre, Imprimerie Bedos et Cie, vers 1962.
  • Réfrigérateur Bosch, affiches Gaillard, 1963.

Décors pour la scène

Décors pour le cinéma

Ouvrages illustrés

Expositions

Expositions personnelles

  • Musée des arts décoratifs de Paris, mars-.
  • Paul Colin : peintures, dessins, Maison de la pensée française, Paris, -.
  • Paul Colin. Femmes, galerie Drouant-David, Paris, 1953.
  • Galerie La Boétie, Paris, - (Paul Colin. Au service du pays), avril-[37].
  • Claude Robert, commissaire-priseur, et Jean-Claude Bellier, expert, Ventes de l'atelier Paul Colin, hôtel Drouot, Paris, [38] et [39].
  • Galerie Drouant, Paris, 1972.
  • Paul Colin - Rétrospective, Chapelle de la Sorbonne, Paris, avril-mai 1981[40].
  • Claude Robert, commissaire-priseur, et Jean-Pierre Camard, expert, Vente de l'atelier Paul Colin, Hôtel Drouot, Paris, [24].
  • Les deux cents affiches de Paul Colin dans la collection de la Bibliothèque nationale : Le spectacle, les grandes causes, les affiches commerciales, Bibliothèque nationale de France, Paris, [8].
  • Jacques Lenormand et Patrick Dayen (Jean-Pierre et Florence Camard, experts), commissaires-priseurs, Paul Colin, maître affichiste et peintre, vente de l'atelier Paul Colin, hôtel Drouot, 9 et [41].
  • Galerie des ambassades, Paris, mai-.
  • Paul Colin et les spectacles, musée des beaux-arts de Nancy, -.
  • Lithographies. « Le Tumulte noir » de Paul Colin, Le Villare, Villers-sur-Mer, [42].

Expositions collectives

Réception critique

  • « Des centaines d'affiches théâtrales et commerciales, des dizaines et des dizaines de maquettes de décor pour les scènes les plus diverses, du Casino de Paris à la Comédie Française, des projets de costumes pour le cinéma sans compter toute la peinture et les innombrables dessins que lui inspire amoureusement son culte du nu féminin, tel est l'ensemble que nous offre aujourd'hui ce travailleur infatigable, paresseux comme tous les vrais créateurs, ce provincial de formation classique qui par la grâce de la femme et du théâtre devint un des parisiens les plus subtils, cet artiste d'avant-guerre qui sut se transformer en un affichiste et un décorateur d'avant-garde, ce tourmenté qui semble enfanter en se jouant, cet esprit amateur de fantastique - à la manière allemande - mais qui s'épanouit dans une latine expression de lumière colorée... Car en réalité Paul Colin est fait de tous ces contrastes et c'est de là que provient sa puissante et si séduisante personnalité. » - Louis Chéronnet[50]
  • « Soudainement, je voyais les murs s'animer de ses inoubliables affiches, qui toutes marquaient une date de la vie de Paris. Galas, bals de charité, fêtes de nuit, spectacles, qui en une soirée rendaient célèbre une jeune Noire habillée de bananes. On n'imaginait pas un événement artistique ou mondain qui ne fût annoncé par ses allégories aussitôt populaires. Avait-on besoin d'une affiche pour lancer un emprunt ou engager une campagne d'intérêt général, c'était à Colin qu'on s'adressait. » - Roland Dorgelès de l'Académie Goncourt[51]
  • « Paul Colin, pour qui la véritable affiche est "celle qui brutalise et qui viole", excelle dans les genres les plus divers. Il a recours au gag (Grand Prix de Paris, Arts ménagers), brosse des portraits-affiches (Line Viala, Damia), traduit des épisodes tragiques (Sinistrés de Madagascar, Enfants d'Espagne), où il souligne avec vigueur le pathétisme des événements qu'il présente (Libération de la France). » - Les Muses, encyclopédie des arts[22]
  • « Paul Colin, dans un message contemporain, a su accorder notre vision et nos pas au spectacle de la rue et retenir notre regard. Témoin passionné des jours et des nuits de son temps, entouré de créatures de rêve comme la première fois où je l'ai rencontré chez la belle Jeanne Brandt, les nymphes lui font toujours cortège. De toute manière "il faut séduire" comme il aime à le répéter. C'est un besoin chez lui. Les murs de Paris l'ont aimé aussi. Lorsque les affiches sont recouvertes par d'autres, celles de Paul Colin sont souvent préservées. Est-ce seulement un hommage des colleurs d'affiches ? Un bon affichiste est déjà un bon peintre. Paul Colin l'a prouvé. Il s'est aussi montré fervent de théâtre faisant partie des jeux de la fête. Plus de cinq cents maquettes de scènes ou de costumes lui sont dues… Ses goûts allaient du théâtre au music-hall, à la musique, à la chanson, à la danse, qui lui doivent ses meilleures affiches. La plus célèbre d'entre elles fut celle de la "Revue nègre", si percutante, où l'on cherchait le nom de l'auteur alors inconnu. Mais très vite les artistes du spectacle attachèrent leur succès au privilège d'avoir une affiche signée Paul Colin. » - Jacques Couelle de l'Académie des beaux-arts[7]
  • « Paul Colin appartient à l'histoire de l'art et les plus célèbres de ses affiches sont devenues des images de l'histoire de France. Paul Colin, poète de l'image, a créé des signaux qui font désormais partie de notre mémoire collective. Il est au premier rang de ceux qui ont contribué à faire de l'art de l'affiche l'une des plus hautes expressions de l'art plastique contemporain… Cette force d'expression, quand elle s'adresse à l'histoire, produit des symboles. La drôle de guerre, c'est l'étonnant Silence ! L'ennemi guette vos confidences !; La Libération de Paris, c'est une image de Paul Colin. Aidons la Norvège, Varsovie accuse, Les crimes nazis sont devenus des images indélébiles de la guerre et de l'après-guerre. Ces images font partie, désormais, de notre histoire… Venu à Paris à vingt ans, Paul Colin a traversé le siècle, offrant à plusieurs générations de ces images qu'on n'oublie pas. » - Michel d'Ornano[40]
  • « L'exemple le plus abouti de la Liberté retrouvée demeure la magnifique Marianne de Paul Colin, achevée ou réalisée lors des journées libératrices elles-mêmes. À l'image du Christ, dont elle porte les stigmates, Marianne connaît la résurrection. Sa Passion fut douloureuse, ce dont témoignent des traces et une attitude. Les traces, outre les stigmates sanglants des mains, sont celles de ses vêtements, dont le flou de leur représentation laisse supposer les haillons d'une robe ou les ruines d'immeubles bombardés. Mais l'attitude même de Marianne témoigne de la souffrance passée. La grande colonne de bleu soutenu rappelle une ultime fois les poteaux d'exécution et le sacrifice de ses meilleurs enfants fusillés par l'ennemi. Mais elle-même ne peut encore affronter directement le soleil de la liberté, et elle doit se protéger les yeux. Cependant, nulle inquiétude ne perce dans son attitude car l'avenir s'ouvre sous les meilleurs auspices : la lumière libératrice qui vient de la gauche, de l'ouest, de la Normandie, des Alliés, procure au ciel le bleu de la paix et s'accompagne d'une petite bise joyeuse qui fait onduler les cheveux échappés du bonnet phrygien. L'aveuglement de Marianne n'est que temporaire, simplement provoque par le contraste entre la nuit de l'Occupation et la clarté éblouissante de la Libération... L'horizon reste incertain, mais nulle anxiété ne trouble l'expression de Marianne : sa sérénité témoigne de la victoire de la Patrie française, en réalité de sa nature éternelle. » - Philippe Buton[52]

Collections publiques

États-Unis

France

Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas

Royaume-Uni

Drapeau de la Suède Suède

Drapeau de la Suisse Suisse

Collections privées référencées

  • Jacques Crépineau[45].
  • Jean-Jacques Debout[14].
  • Bellac, maison natale de Jean Giraudoux, 4 avenue Jean-Jaurès : Siegfried et Amphitryon 38, affiches lithographiques.

Élèves

Hommages

  • Une rue de Nancy porte le nom de Paul Colin.

Références

  1. « ark:/36937/s005b098ae27276d », sous le nom COLIN Paul (consulté le )
  2. Encyclopædia Universalis, Paul Colin.
  3. Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996, p. 191-192.
  4. Alexandre Sumpf, « Joséphine Baker et la Revue nègre », Histoire par l'image, octobre 2006.
  5. La lettre Flashbak, Paul Colin.
  6. Chantal Humbert, « L'art nègre et les arts décoratifs - Joséphine Baker, ou l'explosion nègre au quotidien », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°5, 29 janvier 1988, pages 35-37.
  7. Jacques Couelle, « Paul Colin », Cahiers Jean Giraudoux, Éditions Grasset et Fasquelle, n°10, 1981.
  8. Gérald Schurr, « Les expositions à Paris - Bibliothèque nationale : Paul Colin », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°25, 20 juin 1986, page 69.
  9. Valérie Marin La Meslée, « "Le Tumulte noir" de Paul Colin », Le Point, 30 décembre 2011.
  10. Michèle Druon, « Joséphine Baker, Paul Colin et le tumulte noir des années folles », Le mot juste en anglais, janvier 2018
  11. [PDF] Cité du Champagne Collet-Cogevi, De Colin à Matisse, dossier de presse de l'exposition, 2015.
  12. Celle ci fermera ses portes en 1972 après avoir accueilli plus de 2 000 élèves.
  13. « Portrait d'un affichiste », sur Persée
  14. Coutau Bégarie et Associés, « Portrait de Suzy Solidor par Paul Colin », catalogue Chanson française et internationale, hôtel Drouot, 25 mars 2017.
  15. (en) Dieselpunks, The art of Paul Colin.
  16. Laurent Gervereau, « L'affiche de propagande pendant la Guerre d'Espagne », Matériaux pour l'histoire de notre temps, n°7-8 (thème : L'année 1936 dans le monde), 1986, p. 22-24.
  17. Bibliothèque Forney, Silence, l'ennemi… guette vos confidences dans les collections.
  18. Musée départemental de la Résistance, Toulouse, L'affiche "Silence, l'ennemi… guette vos confidences".
  19. Advertising Times, Paul Colin.
  20. François Marcot, Les affiches en France de 1939 à 1945, Éditions du Musée de la Résistance et de la Déportation, 1987.
  21. Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris - Musée Jean-Moulin, Paul Colin dans les collections.
  22. Article « Affiche », Les Muses, encyclopédie des arts, Grange Batelière, 1969, tome 1, p. 72-79.
  23. Étienne Ader et Charles Ratton, catalogue Collection Paul Colin - Masques et statuettes de l'Afrique noire et de l'Océanie, hôtel Drouot, 15 mai 1956.
  24. Françoise de Perthuis, « Paul Colin : Cinquante ans de Paris sur les murs », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°35, 9 octobre 1981, page 10.
  25. Dictionnaire Bénézit, tome 3, Gründ, 1999, p. 776.
  26. Claude Robert (assisté de Jean-Pierre Camard), Catalogue de la vente de l'atelier Paul Colin, Hôtel Drouot, 24 octobre 1981, p. 5.
  27. Stedelijk Museum, Paul Colin dans les collections.
  28. La cinémathèque française, Paul Colin.
  29. (en) Victoria and Albert Museum, Wiéner et Doucet de Paul Colin dans les collections.
  30. (en) Museum of Modern Art, Paul Colin dans les collections.
  31. Musée des arts décoratifs de Paris, Paul Colin.
  32. Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, Paul Colin dans les collections
  33. C.N.D.P., Les débuts de la construction européenne
  34. (en) Victoria and Albert Museum, Tabarin de Paul Colin dans les collections.
  35. Jean Valmy-Baysse, « Les décors de la Comédie-Française », L'Art et les artistes, tome XXXI, 1936, p. 242
  36. Olivier Barrot, « Paul Colin : Joséphine Baker et la Revue nègre », émission Un livre, in jour, N°1743, ina.fr, 1998 source : YouTube ; durée : 1 min 46 s.
  37. « Paul Colin parle de son exposition à la galerie La Boétie et de sa carrière d'affichiste et de décorateur de théâtre », émission Arts d'aujourd'hui, France Culture, 29 avril 1967.
  38. La Gazette de l'Hôtel Drouot, vendredi 14 mars 1969.
  39. La Gazette de l'Hôtel Drouot, vendredi 13 mars 1970.
  40. Michel d'Ornano, Paul Colin, éditions Salon de Paris / Chapelle de la Sorbonne, 1981.
  41. « Paul Colin, peintre et affichiste », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°38, 3 novembre 1989, pages 70-71 et n°40, 17 novembre 1989, pages 100-101.
  42. Le Villare, Lithographies. « Le Tumulte noir » de Paul Colin, présentation de l'exposition.
  43. « Une exposition Simenon », Le Monde, 4 décembre 1981.
  44. Musée national centre d'art Reina Sofía, El espectáculo está en la calle. El cartel moderno francés, présentation de l'exposition.
  45. Galerie Catherine Houard, Quand Paris était une fête - La collection Jacques Crépineau, présentation de l'exposition, 2011.
  46. Musée d'art de Pully, De Cuno Amiet à Zao Wou-Ki - Le fonds d'estampes Cailler, dossier de presse, 2013
  47. Bibliothèque-médiathèque de Metz, Et maintenant, aux fesses !, présentation de l'exposition, 2014
  48. (en) Cooper-Hewitt, Smithsonian Design Museum, Paul Colin dans la collection Richard H. Driehaus.
  49. Centre de l'affiche de Toulouse, Paquebots, présentation de l'exposition, 2018.
  50. Louis Chéronnet, « Paul Colin », Art & Décoration, mai 1933, tome LXII, pages 129-138.
  51. Roland Dorgelès, dans Catalogue de la vente de l'atelier Paul Colin - Maquettes d'affiches, peintures, dessins, hôtel Drouot, 21 mars 1969.
  52. Philippe Buton, La joie douloureuse - La Libération de la France, Éditions Complexe, 2014, pages 192-193.
  53. (en) Nevada State Museum, Paul Colin dans les collections.
  54. Musée de la Résistance et de la Déportation, La "Marianne aux stigmates" de Paul Colin dans les collections.
  55. Musée franco-américain, Paul Colin dans les collections
  56. Bibliothèque royale de Suède, La donation Paul Lipschutz.
  57. Musée du design de Zurich, Paul Colin dans les collections.
  58. Le Delarge, André Depouilly
  59. Biographie de Jos Le Corre à la faïencerie Keraluc de Quimper
  60. « Au courant des arts - La nature se joue en transparence pour Bernadette de Meaux », Connaissance des arts, n°83, janvier 1959, p. 21.

Voir aussi

Bibliographie

  • Magdeleine A-Dayot, « Quelques visites d'ateliers - Chez Paul Colin », L'Art et les artistes, tome XXXI, 1936, p. 357 (consulter en ligne).
  • Louis Cheronnet, « Paul Colin », Art & Décoration, tome LXII, .
  • Paul Colin, La croûte - Souvenirs, La Table Ronde, 1957.
  • Raymond Nacenta, The School of Paris - The painters and the artistic climate of Paris since 1910, Oldbourne Press, Londres, 1960.
  • Claude Robert, commissaire-priseur (avec les experts Jean-Claude Bellier pour les deux premiers, Jean-Pierre Camard pour le troisième), trois catalogues de ventes de l'atelier Paul Colin, Hôtel Drouot, Paris, , et .
  • Jack Rennert (traduction de Bernard Jacobson), Cent affiches de Paul Colin, Société nouvelles des éditions du Chêne, Paris, 1977.
  • Michel d'Ornano, Paul Colin, éditions du Salon de Paris / Chapelle de la Sorbonne, 1981.
  • Laurent Gervereau, « Portrait d'un affichiste », Chute du nazisme, Matériaux pour l'histoire de notre temps, 1985, pp. 21-28.
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  • Chantal Humbert, « L'art nègre et les arts décoratifs - Joséphine Baker, ou l'explosion nègre au quotidien », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°5, , pp. 35-37.
  • Alain Weill et Jack Rennert, Paul Colin affichiste, avec la collaboration d'Edgard Derouet, Jean Désaleux et Bernard Villemot, Paris, Denoël, 1989.
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  • Marguerite Erbstein-Thomé, Paul Colin, le magicien des années folles, Laxou, Éditions de l'Est, 1994.
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  • Jean-Claude Klein, La chanson à l'affiche - Histoire de la chanson française du café-concert à nos jours, Du May, Paris, 1995.
  • Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999, vol.3.
  • Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001 (lire en ligne).
  • Élodie Vlamynck, Michèle Barbe (dir.), Paul Colin et Joséphine Baker : l'expression du mouvement en peinture comme synthèse de l'art nègre et de la danse jazz - 1925-1927, [S.l.], [s.n.] , 2001.
  • Denis-Constant Martin et Olivier Roueff, La France du jazz - Musique, modernité et identité dans la première moitié du XXe siècle, Éditions Marseille Parenthèses, 2002.
  • Philippe Buton, La joie douloureuse - La Libération de la France, collection « Histoire du temps présent », Éditions Complexe, 2014.

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