Robert de Beauplan
Robert de Beauplan (né à Meudon le et mort à Versailles le ) est un journaliste et essayiste français, collaborationniste et antisémite.
Naissance | |
---|---|
Décès |
(Ă 69 ans) |
Nom de naissance |
Robert Rousseau de Beauplan |
Nationalité | |
Formation | |
Activités |
A travaillé pour | |
---|---|
Chaire |
Biographie
Normalien, agrégé de lettres, enseignant dans des lycées de province et au réputé collège Sainte-Barbe, Robert de Beauplan commence à collaborer en 1904 à L'Illustration, dont le rédacteur en chef n'était autre que son beau-père. Beauplan est alors considéré comme un homme de gauche, dreyfusard, pacifiste, voire antimilitariste[1].
Durant la guerre 1914-1918, il est attaché à l'état-major du général Pétain, qu'il côtoie presque quotidiennement, et auquel il vouera toute sa vie une admiration sans faille.
Après la guerre, il abandonne l'enseignement pour le journalisme: il est successivement rédacteur en chef de L'Éclair, puis de La Liberté (1920-21), avant de collaborer à L'Illustration, s'intéressant à la vie mondaine, au théâtre, au cinéma, aux voyages en auto (traversée du Sahara, expéditions diverses), à la Syrie sous mandat, à la guerre italo-éthiopienne, à l'économie des colonies, etc.
On lui doit aussi un petit ouvrage, paru en 1939, qui dénonce l'antisémitisme des nazis : Le Drame juif. Il y écrit notamment : « La persécution des Juifs, que l'hitlérisme a remis en vigueur, constitue une dangereuse régression de la civilisation. Il n'est pas admissible qu'une catégorie de citoyens, sans avoir commis aucun délit, puisse être rejetée du corps social »[2]... Cet ouvrage figurera sur la première liste des livres interdits et confisqués par les autorités allemandes d'occupation dès le mois d' (liste Bernhard).
Robert de Beauplan va pourtant devenir un des chantres de la politique de collaboration, en même temps qu'il devient férocement antisémite... Après sa rupture avec L'Illustration, en , pour des raisons financières, il devient rédacteur politique au quotidien Le Matin, franchement pro-allemand, propriété de Maurice Bunau-Varilla[3]. En , il n'hésite pas à fustiger le gouvernement de Vichy pour sa « tièdeur » : « Que deux ans après Montoire, on en soit encore à espérer le commencement de la collaboration, voilà qui est grave pour nous », écrit-il quelques jours après l'occupation de la zone libre par les Allemands[4]. Il participe à diverses autres publications de la presse collaborationniste, ainsi qu'à Radio Paris, où ses éditoriaux sont parfois très violents[5].
À la Libération, Robert de Beauplan figure sur la liste noire du CNE[6]. Il est arrêté. Jugé, défendu par Me Albert Naud et condamné à mort en [7], sa peine sera commuée en emprisonnement à perpétuité en [8]. Il doit sans doute cette grâce à sa fille, qui faisait partie des Forces françaises libres à Londres[9].
Notes
- Chantal Meyer-Plantureux, Les enfants de Shylock ou l'antisémitisme sur scène, éditions Complexe, 2005, p. 112.
- Cité par Chantal Meyer-Plantureux, ouvr. cité, p. 113.
- Beauplan sera l'auteur de l'article nécrologique en forme d'éloge de Philippe Henriot :Le Matin, 29 juin 1944.
- Le Matin, 3 décembre 1942.
- Chantal Meyer-Plantureux, ouvr. cité.
- Les Lettres françaises, 16 septembre 1944, p. 1 — sur Retronews.
- L'Epoque, 27 novembre 1945, Ibid., 28 novembre 1945, Le Monde, 27 novembre 1945, Ibid., 27 novembre 1945, Ibid., 28 novembre 1945, Ibid., 28 novembre 1945
- Le Monde, 25 février 1946
- Jean Galtier-Boissière, Mon journal dans la drôle de paix, La Jeune Parque, 1947, p. 170.
Publications
- La jeunesse de Charles-Marie. Paris, E. Sansot, 1909, 238 p.
- De Charlot Ă Charlie Chaplin. Paris (13 rue St Georges), 1927.
- Où va la Syrie ? Le mandat sous les cèdres. 6e édition, Paris, Tallandier, 1929, 222 p.
- La guerre italo-Ă©thiopienne [introduction par Robert de Beauplan]. Paris, L'Illustration, 1936.
- Un problème de l'heure : le drame juif. Paris, l'Illustration, 1939. In-4°, 32 p.
- Le laborieux enfantement d'un monde nouveau. Impr. de Sceaux, 1943. In-8°, 16 p.