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Camille Mauclair

Camille Mauclair, nom de plume de Camille Laurent Célestin Faust, né le à Paris 5e et mort le dans le 7e arrondissement de Paris[2], est un poète, romancier, historien d'art et critique littéraire français.

Camille Mauclair
Camille Mauclair en 1921.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  72 ans)
Paris
Nom de naissance
Camille Laurent CĂ©lestin Faust
Nationalité
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Distinctions
Archives conservées par
Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 7804-7826, 23 pièces, -)[1]

Il fut un vichyste convaincu, chantre de l'antisémitisme sous l'Occupation.

Biographie

Disciple de Stéphane Mallarmé, et parmi les meilleurs historiens du symbolisme, Camille Mauclair collabore à des revues telles que La Conque, La Revue indépendante, La Revue de Paris et de Saint-Pétersbourg, La Revue blanche, le Mercure de France, Le Coq rouge, les Essais d'art libre, les Entretiens politiques et littéraires, L'Art moderne, L'Ermitage, La Société nouvelle, L'Image, la Nouvelle Revue, la Revue encyclopédique, la Grande Revue, la Revue des revues, et pour des journaux tels que L'Estafette, L'Événement, Gil Blas, La Cocarde, Le Figaro, L’Aurore et La Dépêche de Toulouse. Il collabore aussi à la presse anarchiste. Son œuvre est aujourd'hui considérée comme mineure des courants littéraires de son temps auxquels elle apporte néanmoins un éclairage précieux. Critique d'art perspicace durant les années 1890, préfacier régulier des expositions impressionnistes et symbolistes de la galerie Le Barc de Boutteville, il considère certains aspects des avant-gardes à partir du fauvisme comme en rupture néfaste avec la tradition classique et n'hésite pas à dénoncer, avec clairvoyance, le caractère mercantile et artificiel d'un certain marché de l'art ; il révèle par exemple, comme témoin, ce qu'il considère comme le « montage » du mythe Cézanne. Avec Paul Fort, il fonde le théâtre d'art qui montera le premier l'œuvre de Maurice Maeterlinck en France (La Princesse Malaine et, en 1893, Pelléas et Mélisande) puis avec Lugné-Poe, le théâtre de l'Œuvre. En 1902, il édite les (premières) « œuvres complètes » de Jules Laforgue au Mercure de France.

Proche de tous les milieux littéraires, Mauclair est l'amant de Georgette Leblanc, avant que cette dernière ne se lie avec Maeterlinck. Parmi les portraits de Camille Mauclair, on compte un pastel de Lucien Lévy-Dhurmer.

Durant sa carrière, en tant que critique, auteur et journaliste, il a aussi contribué à la connaissance musicale du public parisien. Défenseur de Richard Wagner, fin connaisseur de la pratique musicale, il livre de belles pages sur les compositeurs et l'orchestre. Plusieurs de ses poésies sont mises en musique, dont les trois « Lieder » dus à Ernest Chausson.

Pendant la Première Guerre mondiale, il est horrifié par les crimes allemands, et malgré sa formation germanophile et son admiration pour les philosophes allemands et Heinrich Heine, il théorise l'influence négative de la culture germanique.

Pendant l'entre-deux-guerres, Camille Mauclair est d'une grande activité et consacre aussi des textes aux villes qu'il admire, dont Bruges et Venise. Il dénonce ce qu'il considère comme la décadence de l'art français et déplore le règne « de la laideur », et formule en 1934 dans « L'architecture va-t-elle mourir ? » une virulente critique à propos de l'architecture moderne et fonctionnaliste, qu'il considère comme étant froidement bétonnée et impersonnelle.

Antisémite et zélateur du gouvernement de Vichy

Dans leur anthologie Poètes d'aujourd'hui (1900), Adolphe Van Bever et Paul Léautaud lui attribuent à tort, comme l'avouera Paul Léautaud dans ses entretiens radiophoniques, une origine sémitique, tandis que G. Jean-Aubry (1905) s'arrête à des origines catholiques et lorraines (avec une ascendance danoise). Quoi qu'il en soit, il ne fut dreyfusard que par fidélité à Georges Clemenceau. À cet égard, il écrit : « Ainsi fus-je Dreyfusard de la première minute, par goût de la vérité »[3].

En 1929, dans son ouvrage La Farce de l'art vivant. Une campagne picturale 1928-1929[4], qui est un recueil d'articles paru dans Le Figaro et L'Ami du Peuple, il dénonçait certaines tendances de la peinture comme le fauvisme et le cubisme. Tout en reconnaissant qu'il existait de véritables peintres de talent parmi les artistes contemporains, il conspuait le rôle accru des marchands dans la promotion de ces nouvelles tendances et la « surproduction » d'œuvres d'art qui en découlait dans un but purement mercantile. Il se défendait de tout antisémitisme : « Précisément parce que je suis catholique je ne suis pas antisémite : et j'ai des amis israélites que j'aime profondément. »[5] Un second volume parut en 1930, sous le tire Les métèques contre l'art français, La Farce de l'art vivant, tome II. Dans ces deux recueils d'articles, il explicitait des options nationalistes et réactionnaires partagées par nombre de détracteurs de certaines tendances de l'art moderne, opinions qui prennent la forme d'un antisémitisme violent et issu d'une vague née à la fin du XIXe siècle et dont il était issu ; il y écrit : « Parmi les blancs de l'école de Paris on compte environ 80 % de sémites et à peu près autant de ratés… ».

Comme certaines personnalités du monde de l'art, il fut adepte du gouvernement de Vichy de 1940 à 1944[6]. Collaborateur occasionnel au quotidien pro allemand Le Matin, de Bunau-Varilla, il y signe divers articles favorables à la collaboration[7] et violemment antisémites[8]. Il collabore encore en 1944 à la revue Grand Magazine illustré de la Race : Revivre.

Il fut inclus à la Libération par le Comité national des écrivains dans la liste des auteurs interdits. Camille Mauclair échappe à la justice en mourant le .

Ĺ’uvres

FĂ©lix Vallotton, Portrait de Camille Mauclair paru dans Le Livre des masques de Remy de Gourmont (vol. II, 1898).

Poésie

  • Sonatines d’automne, 1894
  • Le Sang parle, 1904
  • Émotions chantĂ©es, 1926

Romans et contes

  • Couronne de clartĂ©, 1895 Texte en ligne
  • L'Orient vierge, roman Ă©pique de l'an 2000, 1897
  • Les Clefs d'or, 1897
  • Le Soleil des morts, 1898
  • L’Ennemie des rĂŞves, 1899
  • Les Mères sociales, 1902
  • Le Poison des pierreries, 1903
  • Les DanaĂŻdes, contes, 1903
  • La Ville lumière, 1904
  • Le Mystère du visage, 1906
  • L'Amour tragique, 1908
  • Les PassionnĂ©s, 1911
  • Au pays des blondes, 1924
  • Étreindre, 1925
  • La Peur bleue, in Fouilles archĂ©obibliographiques (Fragments), Bibliogs, 2015

Autres publications

  • Éleusis, causeries sur la citĂ© intĂ©rieure, 1894
  • Jules Laforgue, 1896
  • L'Art en silence : Edgar PoĂ«, MallarmĂ©, Flaubert lyrique, le symbolisme, Paul Adam, Rodenbach, Besnard, Puvis de Chavannes, Rops, le sentimentalisme, etc., 1901
  • Les Camelots de la pensĂ©e, 1902
  • Fragonard, Biographie critique, illustrĂ©e de vingt-quatre reproductions hors texte, Paris, H. Laurens, 1904, 128 p., in-4°
  • L'Impressionnisme, son histoire, son esthĂ©tique, ses maĂ®tres, 1904
  • IdĂ©es vivantes : Rodin, Carrière ; Sada Yacco et LoĂŻe Fuller ; la religion de l'orchestre : l'identitĂ© et la fusion des arts, etc., 1904
  • De Watteau Ă  Whistler, 1905
  • Trois femmes de Flandre, 1905
  • Jean-Baptiste Greuze, 1906
  • Schumann, 1906
  • Trois crises de l'art actuel, 1906
  • La BeautĂ© des formes, 1909
  • Victor Gilsoul, 1909
  • Eugène Delacroix, 1909
  • Essais sur l'Ă©motion musicale. La Religion de la musique, 1909
  • Études sur quelques artistes originaux. Louis Legrand, peintre et graveur, 1910
  • Essais sur l'amour. De l'amour physique, 1912
  • Histoire de la musique europĂ©enne : 1850-1914 : les hommes, les idĂ©es, les Ĺ“uvres, 1914
  • Albert Besnard', l'homme et l'Ĺ“uvre, Paris, Delagrave, 1914
  • Le Vertige allemand, histoire du crime dĂ©lirant d'une race, 1916
  • Charles Baudelaire : sa vie, son art, sa lĂ©gende, 1917
  • Auguste Renoir, l'homme et l'Ĺ“uvre, 1918
  • Essais sur l'Ă©motion musicale. Les HĂ©ros de l'orchestre, 1919
  • Pour l'ArmĂ©nie libre, pages Ă©crites au cours de la grande guerre, 1919
  • Antoine Watteau (1684-1721), 1920, prix Charles Blanc de l’AcadĂ©mie française en 1921
  • L'Art indĂ©pendant français sous la Troisième RĂ©publique (peinture, lettres, musique), 1919
  • Essais sur l'amour. La magie de l'amour, 1921
  • Paul Adam, 1862-1920, 1921
  • Servitude et Grandeur littĂ©raires, souvenirs d'arts et de lettres de 1890 Ă  1900, le symbolisme, les théâtres d'avant-garde, peintres, musiciens, l'anarchisme et le dreyfusisme, l'arrivisme, etc., 1922
  • Florence : l'histoire, les arts, les lettres, les sanctuaires, l'âme de la citĂ©, 1923
  • Claude Monet, 1924
  • La Vie de Sainte Claire d'Assise, d'après les anciens textes, 1924
  • Marie Duhem, RĂ©my Duhem, 1924
  • L'Art et le ciel vĂ©nitiens, 1925
  • Le GĂ©nie d'Edgar PoĂ« : la lĂ©gende et la vĂ©ritĂ©, la mĂ©thode, la pensĂ©e, l'influence en France, 1925
  • Histoire de la miniature fĂ©minine française : le dix-huitième siècle, l'Empire, la Restauration, 1925
  • Le Mont Saint-Michel, 1927
  • Les MusĂ©es d'Europe. Le Luxembourg, 1927
  • La Vie amoureuse de Charles Baudelaire, 1927
  • Naples l'Ă©clatante, Capri, Amalfi, Sorrente, Paestum, PompĂ©i, Herculanum, 1928, illustrations de Pierre Vignal
  • Le Charme de Bruges, 1928
  • Henri Le Sidaner, 1928
  • Puvis de Chavannes, 1928
  • Les MusĂ©es d'Europe. Lyon (le Palais Saint-Pierre), 1929
  • La Farce de l'art vivant. Une campagne picturale. 1928-1929, 1929
  • Les MĂ©tèques contre l'art français, La Farce de l'art vivant, tome II, 1930
  • Le Charme de Venise, 1930
  • Corot, 1930
  • Jules ChĂ©ret, 1930
  • Fès, ville sainte, 1930
  • La Vie humiliĂ©e de Henri Heine, 1930
  • Un siècle de peinture française : 1820-1920, 1930
  • PrĂ©face de L'Oiseau chez lui - Livre couleur du temps de Roger Reboussin, 1930
  • Le Charme de Versailles, 1931
  • Princes de l'esprit : PoĂ«, Flaubert, MallarmĂ©, Villiers de l'Isle-Adam, Delacroix, Rembrandt, etc., 1931
  • Au soleil de Provence. L'Azur et les Ifs. Cannes. Antibes. Grasse. Le Var et la VĂ©subie. La Montagne. La Vie champĂŞtre en Basse-Provence. La Terre antique et mĂ©diĂ©vale, 1931
  • Le Greco, 1931
  • Fernand Maillaud, peintre et dĂ©corateur, 1932
  • La MajestĂ© de Rome, 1932
  • Camille Mauclair & J.-F. Bouchor " La Bretagne ", 30 planches en couleur d'après les tableaux du peintre, Henri Laurens Éditeur, Paris 1932
  • Le GĂ©nie de Baudelaire : poète, penseur, esthĂ©ticien, 1933
  • Les Couleurs du Maroc, 1933
  • " Marrakech ", 30 planches en couleur d'après les tableaux de Mathilde Arbey, Henri Laurens Éditeur, Paris, 1933
  • Rabat et SalĂ©, 1934
  • Le Pur Visage de la Grèce, 1934
  • La Crise du « panbĂ©tonnisme intĂ©gral ». L'Architecture va-t-elle mourir ?, Paris, Nouvelle Revue Critique, 1934
  • Greuze et son temps. A. Michel, Paris 1935
  • L'Ă‚pre et Splendide Espagne, 1935
  • La Provence, 1935
  • MallarmĂ© chez lui, 1935
  • Les Douces BeautĂ©s de la Tunisie, 1936
  • W. H. Singer Jr. Peintre amĂ©ricain, 1936
  • Visions de Rome, 1936
  • Visions de Florence, 1937
  • L'Ardente Sicile, 1937
  • Degas, 1937
  • Le Cycle de la MĂ©diterranĂ©e. L'Égypte, millĂ©naire et vivante, 1938
  • Le Charme des petites citĂ©s d'Italie. Pavie, CrĂ©mone, Plaisance, Parme, Mantoue, Sirmione, VĂ©rone, Vicence, Padoue, 1939
  • Turner, 1939. Hyperion Press, Paris; in english: Evelyn Byam Shaw
  • De JĂ©rusalem Ă  Istanbul, 1939
  • La Sicile, 1939
  • Normandie, 1939
  • La Hollande, 1940
  • Le Secret de Watteau, 1942
  • CitĂ©s et paysages de France, 1944
  • Claude Monet et l'impressionnisme, 1944
  • Auguste Rodin, l'homme et l'Ĺ“uvre, non datĂ©
  • LĂ©onard de Vinci, non datĂ©

Notes et références

  1. « https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/correspondances-du-musee-departemental-maurice-denis/correspondances-du-musee-maurice-denis », sous le nom MAUCLAIR Camille (consulté le )
  2. Archives numérisées de l'état civil de Paris, acte de naissance no 5/2921/1872, avec mention marginale du décès (consulté le 29 juin 2012).
  3. Camille Mauclair, Servitude et Grandeur littéraires, 1922, p. 126.
  4. Le titre Les métèques contre l'art français, La farce de l'art vivant est le deuxième volume paru en 1930 aux Éditions de la Nouvelle Revue Critique. Le titre plus accrocheur a probablement été choisi par l'éditeur.
  5. Camille Mauclair, La Farce de l'art vivant. Une campagne picturale 1928-1929, p.215.
  6. Camille Mauclair, La Crise de l'art moderne, 1944.
  7. Le Matin, 9 novembre 1940, C. Mauclair, "Collaborer c'est effacer 20 ans d'erreurs".
  8. entre autres, le 13 décembre 1941 (« La jeune peinture française, libérée des métèques et des juifs, va renouer avec sa vraie tradition »), le 11 décembre 1942 (« Le fantômal État juif-palestinien » : Le Matin, 11 décembre 1942), etc.

Annexes

Bibliographie

  • Simon Epstein, Les Dreyfusards sous l'Occupation, Albin Michel, 2001.
  • Simonetta Valenti, Camille Mauclair, homme de lettres fin-de-siècle, Milan, Vita e pensiero, 2003.
  • Rosemary Yeoland, La Contribution littĂ©raire de Camille Mauclair au domaine musical parisien, New York, Edwin Mellen Press, 2008.
  • Pierre Vaisse, « Le Cas Mauclair », Lendemains, no 133, 2009 [Hommage Ă  Michael Nerlich], p. 192-207.
  • La ville lumière, Paris, SociĂ©tĂ© d'Éditions LittĂ©raires et Artistiques, , 316 p.

Liens externes

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