André Beucler
Jules Beucler, dit André Beucler, né à Saint-Pétersbourg le et mort à Nice le [1], est un écrivain, journaliste, scénariste, cinéaste, producteur de radio, essayiste, traducteur, mais aussi historien, critique d'art et résistant français.
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Jules Beucler |
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Biographie
Famille
Le pays de Montbéliard entretient des liens historiques avec la Russie depuis le mariage Paul Petrovitch avec la princesse Sophie-Dorothée de Wurtemberg-Montbéliard. C'est ainsi que Jules Beucler, de vieille souche montbéliardaise, fut envoyé en Russie par le Quai d'Orsay comme professeur de français à l'École militaire des Cadets de Saint-Petersbourg. Il y épousa la fille du général Souvorov dont il a un fils le : André Beucler. Son père le fit aussitôt inscrire à l'Ambassade de France, mais en même temps, par télégramme, sur les registres de la commune de Bondeval (département du Doubs), en France, où il décida de faire construire une maison familiale.
André Beucler épousa trois fois (1928-1945-1970) la même femme[2], Natacha, née à Petrograd en 1907, demi-russe comme lui, mais rencontrée en France à Paris en 1927. Natacha fascine le tout-Paris par sa beauté et devient la muse des peintres et des couturiers. André et Natacha terminent leur vie ensemble: elle lui survit un an. Ils ont deux fils : Serge et Roland.
L'auteur
Il situe ses personnages dans des lieux qu'il a longuement observés et les fait côtoyer des « figurants » réels. Son écriture, qui ancre la fiction dans un environnement réel, transforme par des correspondances insolites et généreuses un simple orage en spectacle féerique. Il ajoute ainsi au charme du récit un témoignage sur les paysages, l'ambiance des rues, des gares, des bistrots, et porte sur les hommes et l'évolution de la société du XXe siècle un regard juste, précis, touchant et parfois troublé.
André Beucler a tenté de rendre la poésie accessible à tous. Le « Bureau de poésie », créé à l'initiative de Paul Gilson, permettait à des poètes jeunes, inconnus, débutants, d'envoyer des textes qui étaient lus à la Radiodiffusion française par des artistes connus. Durant 20 ans, cette émission reçut quelques milliers d'œuvres.
L'écriture d'André Beucler s'est aussi révélée dans la presse de l'entre-deux-guerres. S'il y fait paraître des nouvelles, il aborde également des domaines aussi divers que le cinéma, la nuit et ses excès, la musique, l'art ; mais aussi les hommes marquants de cette période. Il expose ses observations de terrain et ses réflexions politiques sur l'Europe centrale et plus particulièrement la montée du nazisme en Allemagne.
Il revient régulièrement dans la maison de ses rêves, à Bondeval (Doubs), pour écrire. Directeur de l'équipe française de la Universum Film Aktien Gesellschaft (UFA), à Berlin, qui veut créer un cinéma européen, chargé de mission dans le cabinet de Jean Giraudoux au commissariat à l'information avant guerre, il devient résistant pendant l'Occupation. Grand voyageur dès son enfance et avec ses parents, il connaît comme peu de personnes l'Europe centrale.
André Beucler fut l'ami privilégié et, bien souvent le compagnon de route pour toute une vie de nombreuses figures des arts et lettres. Il en a évoqué certaines en quatre volumes de portraits et souvenirs : Marcel Achard, Marcel Aymé, Mireille Balin, Emmanuel Berl, Pierre Bonnard, Pierre Bost, Emmanuel Bove, Pierre Brasseur, Maria Casarès, André Cayatte, Blaise Cendrars, Jean Cocteau, René Crevel, Antoine de Saint-Exupéry, Robert Desnos, Pierre Drieu la Rochelle, André Dunoyer de Segonzac, Alfred Fabre-Luce, Léon-Paul Fargue, Jean Gabin, Gaston Gallimard, Jean Giraudoux, Max Jacob, Louis Jouvet, Joseph Kessel, Valery Larbaud, Marie Laurencin, André Malraux, Roger Martin du Gard, Paul Morand, Jean Prévost, Saint-John Perse, Pablo Picasso, et Paul Valéry.
Le cinéma
Très jeune, André Beucler écrit un scénario pour le cinéma muet, Le Dernier Jour (publié dans La Revue de Bourgogne en 1923), qui obtient le grand prix de scénarios de Los Angeles en 1924. Il récidive en 1925 avec Un suicide (collection Cinario, Gallimard). Il travaille régulièrement pour le cinéma de 1933 à 1938, puis en 1948 comme auteur d'adaptations, de scénarios, de dialogues ou comme réalisateur. Il consacre également au cinéma des articles, des chroniques et des études dans La Nouvelle Revue Française, La Revue du cinéma, Les Nouvelles Littéraires, Les Cahiers du mois[3].
Publications
De son vivant, l'œuvre éditée d'André Beucler comporte 42 volumes, parmi lesquels 15 romans, 6 essais et 6 recueils de portraits et souvenirs, sans compter une cinquantaine de contes et nouvelles parus dans la presse.
- 1925 : La Ville anonyme (drame social), Entrée du Désordre, Un suicide, Jacquot et l'Oncle de Marseille.
- 1926 : Gueule d'Amour (une femme énigmatique à travers le regard de trois hommes, dont Gueule d'Amour). Ce roman a été adapté au cinéma en 1937 par Jean Grémillon avec Jean Gabin dans le rôle principal.
- 1927 : Le Pays neuf (le hasard fait de Monsieur Visse un millionnaire qui ne veut pas être un riche comme les autres), La Belle de Banlieue, L'Amour automatique, Un nouvel Amour (illustré par André Dignimont), Le Carnet de rêves.
- 1928 : Le Mauvais Sort (Philippe Bohême n'a qu'un désir : dire à chaque instant ce qu'il sent. Une étroite parenté unit le Prince Muichkine de Dostoïevski et Oblomov de Gontcharov avec les héros de Beucler.), La Vallée du Doubs, Paysages et villes russes.
- 1930...1945 : À droite par quatre, Mon chat, La vie d'Ivan le Terrible, Caucase, La belle de Banlieue, La Fleur qui chante, La Bête de Joie, Composite, Noir et vert.
- 1947…1954 : 29 bis troisième étage, Dimanche avec Léon-Paul Fargue, Les instants de Giraudoux, Vingt ans avec Léon-Paul Fargue, Portrait de D.Galanis, Le carnet de vengeance.
- 1956 …1982 : Charmante, Trois Oiseaux, Ténébrus, et enfin ses deux volumes de souvenirs : De Saint-Pétersbourg à Saint-Germain-des-Prés (1980) et Plaisirs de mémoire (1982).
André Beucler a laissé aussi une œuvre poétique, des essais (La vie de Ivan le Terrible), des portraits ( Les instants de Giraudoux, Vingt ans avec Léon-Paul Fargue), des traductions (Dostoïewski par sa femme).
- Correspondance
- André Beucler et Léon-Paul Fargue, Correspondance 1927-1945 (éd. Bruno Curatolo), Presses universitaires de Paris Ouest, 2014
- André Beucler et Roger Martin du Gard, "Correspondance 1927-1958" (éd. Bruno Curatolo), Plaisirs de mémoire et d'avenir, numéro Hors série, novembre 2018, 111 p.
Filmographie
- comme réalisateur
- 1933 : Adieu les beaux jours, co-réalisateur, adaptateur et dialoguiste avec Johannes Meyer (considéré comme perdu[4])
- 1933 : Tambour battant / Le Grand amour du jeune Dessauer, co-réalisateur avec Arthur Robison
- 1934 : Princesse Czardas, co-réalisateur adaptateur et dialoguiste avec Georg Jacoby
- 1934 : Le Secret des Woronzeff, co-réalisateur et dialoguiste avec Arthur Robison
- comme scénariste
- 1933 : IF1 ne répond plus , de Karl Hartl, co-scénariste avec Walter Reisch.
- 1938 : Bar du sud , d'Henri Fescourt (considéré comme perdu[4])
- comme adaptateur
- 1936 : Nitchevo, de Jacques de Baroncelli, co-adaptateur avec T.H. Robert (considéré comme perdu[4])
- 1948 : Bagarres, d'Henri Calef, adaptateur et dialoguiste
- 1937 : Gueule d'amour, de Jean Grémillon, adaptateur du roman éponyme.
Prix et honneurs
- Lauréat de la Fondation Blumenthal.
- Officier de la LĂ©gion d'honneur.
- Officier de l'Ordre des Arts et des Lettres
- 1957 : grand prix de littérature de la SGDL.
- 1981 : prix Roland de Jouvenel de l’Académie française pour De Saint-Pétersbourg à Saint-Germain-des-Prés.
- 1982 : grand prix Poncetton de la SGDL pour l'ensemble de son Ĺ“uvre.
Pour approfondir
Bibliographie
- Patrick Cabanel, « André Beucler (Jules, dit André », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 289-290 (ISBN 978-2846211901).
- Françoise Genevray, « L'ombre de la Russie dans les fictions (1925-1930) d'André Beucler », in Murielle Lucie Clément (dir.), Représentation des Russes et de la Russie dans le roman français des XXe et XXIe siècles, Éditions universitaires européennes, Saarbrücken, 2012, p. 31-52.
- Azucena Macho Vargas, « Le mauvais sort d’André Beucler : amour et fatalité », Études françaises, vol. 47, no 1,‎ , p. 159-172 (lire en ligne).
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- (en) AllMovie
- (de + en) Filmportal
- (en) IMDb
- Ressource relative à la littérature :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Association André Beucler
Notes et références
- Les gens du cinéma
- Themelovin, « André Beucler et Jean Proal », sur Jean Proal, (consulté le )
- « Association André Beucler - André Beucler aux origines du cinéma parlant », sur www.andrebeucler.com (consulté le )
- « Association André Beucler - Filmographie - Nitchevo », sur www.andrebeucler.com (consulté le )