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José-Maria de Heredia

poète français

Pour les articles homonymes, voir Heredia.

Ne pas confondre avec son cousin germain le poète cubain José María Heredia y Campuzano (1803-1839).

José-Maria de Heredia, né le à Cuba et mort le en France, est un homme de lettres d'origine cubaine. Né sujet espagnol, il a été naturalisé français en 1893. Son œuvre poétique a fait de lui l'un des maîtres du mouvement parnassien. Il est l'auteur d'un seul recueil, Les Trophées, publié en 1893 et comprenant cent-dix-huit sonnets qui retracent l'histoire du monde, comme Les Conquérants, ou dépeignent des moments privilégiés, comme Le Récif de corail, ainsi que quatre poèmes plus longs.

José-Maria de Heredia
Image dans Infobox.
Portrait de Heredia
Biographie
Naissance

La Fortuna, près de Santiago de Cuba (Cuba)
Décès
(Ă  62 ans)
Château de Bourdonné, près de Houdan (Seine-et-Oise)
SĂ©pulture
Nationalités
Cubaine
Française (depuis )
Formation
Activité
Conjoint
Louise de Heredia-Despaigne (d)
Enfants
Marie de Heredia
Louise de Heredia (d)
Hélène de Heredia (d)
Ĺ’uvres principales
signature de José-Maria de Heredia
signature

Biographie

José María de Heredia Girard est le fils de Domingo de Heredia et de sa seconde épouse Luisa (appelée Louise dans de nombreux textes) Girard d'Houville, issue d'une famille française qui avait dû quitter l'ancienne colonie de Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti). Ses parents étaient tous deux sujets espagnols. Le poète naît le à La Fortuna, la plantation de café familiale, près de Santiago de Cuba. Il est envoyé en France à l'âge de neuf ans pour poursuivre ses études au Lycée Saint-Vincent de Senlis, où il reste jusqu’au baccalauréat, en 1859. C'est un élève brillant et très apprécié. La découverte de l’œuvre de Leconte de Lisle fait sur lui une impression profonde.

Adolphe Lalauze, José-Maria de Heredia, gravure.

De retour à Cuba en , il passe un an à La Havane, approfondissant sa connaissance de la langue et de la littérature espagnoles avec le projet d'y effectuer des études de droit. C'est là qu'il compose les premiers poèmes français qui nous sont parvenus. Mais il n'y retrouve pas l'ambiance de travail qu'il avait connue en France, et l'équivalence du baccalauréat français lui est refusée pour des raisons administratives. Il retourne donc en France en 1861 en compagnie de sa mère, qui, veuve et ayant marié ses trois filles aînées, tient à veiller elle-même à l'éducation de son fils. Celui-ci s'inscrit en octobre de la même année à la Faculté de droit de Paris.

De 1862 à 1865, il suit également, en qualité d'étudiant étranger, les cours de l'École impériale des chartes[1], où il se fait remarquer par son sérieux et sa culture. Beaucoup plus attiré par la littérature que le droit, il continue à composer des poèmes, en particulier des sonnets, la fortune familiale, gérée avec rigueur par sa mère[2], lui épargnant pendant un certain temps les difficultés matérielles. Il fait partie de groupes littéraires tels que la conférence La Bruyère et devient un membre influent de l'école parnassienne. En 1863, il rencontre Leconte de Lisle et collabore au Parnasse contemporain[1], tout en se liant d'amitié à des auteurs comme Sully Prudhomme, Catulle Mendès ou encore Anatole France. En 1884, Guy de Maupassant lui dédie la nouvelle Garçon, un bock !...

Sa production poétique lui permet d'acquérir la notoriété dans le milieu littéraire parisien, même s'il publie peu, confiant ses poésies à des revues de faible diffusion avant de les réunir sur le tard (en 1893) en un volume de cent-dix-huit sonnets, Les Trophées, édité par Alphonse Lemerre. Il fait appel à son ami de toujours, le peintre montmartrois Ernest Jean-Marie Millard de Bois Durand, pour illustrer d'aquarelles originales son recueil, qu'il dédie à Leconte de Lisle[3], et qui est couronné par l'Académie française. Par la suite, le bibliophile René Descamps-Scrive commandera au peintre Carlos Schwabe une illustration originale en marge de son exemplaire des Trophées. L'auteur avait été déjà distingué par l'Académie pour sa traduction de l'Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle Espagne du capitaine Bernal Díaz del Castillo. Il traduit aussi l'Historia de la monja Alférez de Catalina de Erauso et collabore à la Revue des Deux Mondes, au Temps et au Journal des débats.

Victor Ségoffin, Monument à José-Maria de Heredia (1925), Paris, jardin du Luxembourg.
Tombe de José-Maria de Heredia au cimetière de Bonsecours (Seine-Maritime).

En 1893, Lemerre commande au peintre Paul Chabas une vaste composition, Chez Alphonse Lemerre à Ville-d'Avray, où figurent tous les poètes du Parnasse qu'il éditait. Autour de José-Maria de Heredia sont notamment représentés Paul Bourget, Sully-Prudhomme et Leconte de Lisle. Ce tableau a pour cadre la propriété de l'éditeur.

Élu à l'Académie française le au fauteuil de Charles de Mazade, Heredia est reçu en séance publique le par François Coppée[4]. Lors du voyage des souverains russes à Paris, en 1896, il compose le Salut à l'Empereur[5]. Membre de la Commission du dictionnaire, il devient en 1901 conservateur de la bibliothèque de l'Arsenal. Comme Edgar Degas, Auguste Renoir, Pierre Louÿs et d'autres, il appartint à la Ligue de la patrie française, ligue antidreyfusarde modérée[6],[7]. En 1902, il fonde avec Sully Prudhomme et Léon Dierx la Société des poètes français.

Heredia et sa femme, qui, en 1901 et 1902, avaient passé leurs vacances d'été à Montfort-l'Amaury, décident en 1903 de changer de villégiature et choisissent le château de Bourdonné, près de Houdan. Le 1er septembre de la même année, Heredia est victime d'une grave hémorragie digestive, que le médecin local a beaucoup de difficultés à arrêter. Dès lors, il suit un régime recommandé par Samuel Pozzi. Malgré cela, une seconde hémorragie survient en . Dès lors, le poète envisage une fin prochaine avec sérénité. Il meurt au château de Bourdonné dans la nuit du des suites d'une troisième et dernière hémorragie. Il est inhumé le au cimetière de Bonsecours (Seine-Maritime).

Généalogie

José-Maria de Heredia est le dernier fils de Domingo de Heredia (1783-1849), issu d'une vieille famille espagnole et de sa deuxième épouse, Louise Françoise Girard (1806-1877)[8],[9], d'une famille française émigrée de Saint-Domingue.

En 1867, il épouse Louise Despaigne, qui met au monde trois filles :

Ĺ’uvres

  • VĂ©ridique histoire de la conquĂŞte de la Nouvelle-Espagne, de DĂ­az del Castillo, 4 volumes, Paris, Lemerre, 1877-1887, prix Langlois de l’AcadĂ©mie française en 1880.
  • Les TrophĂ©es, achevĂ© d'imprimer datĂ© du . - D'après Vicaire (IV, 72) : Ă©dition originale publiĂ©e Ă  10 fr. TirĂ©, en outre, Ă  100 exemplaires sur papier de Hollande (20 fr.), 25 ex. sur papier de Chine (30 fr.), 25 ex. sur papier Whatman (25 fr.) et 50 ex. sur papier du Japon (50 fr.). Édition : Paris, Lemerre, 1893 ; illustrateurs : Eugène Narbonne (dessins) et Ricardo de Los-Rios (gravures) ; relieurs : Georges Canape (1864-1940), Charles Meunier (1865-1948).
  • La Nonne Alferez, Paris, Lemerre, 1894.
  • Discours de rĂ©ception Ă  l'AcadĂ©mie française, Paris, Lemerre, 1895 lire en ligne sur le site de l'AcadĂ©mie française].
  • Salut Ă  l'Empereur, Paris, Lemerre, 1896.
  • Inauguration du monument Ă©levĂ© Ă  la mĂ©moire de Leconte de Lisle Ă  Paris le , 1898.
  • Les TrophĂ©es, Paris, 1907, Ă©dition de luxe posthume [les Ă©preuves avaient Ă©tĂ© corrigĂ©es par le poète, qui a Ă©crit aussi la prĂ©face].
  • Les TrophĂ©es avec des planches de G. Rochegrosse gravĂ©es par E. Decisy, Paris, F. Ferroud, 1914 lire en ligne sur Gallica].
  • PoĂ©sies complètes, avec notes et variantes, Paris, Lemerre, 1924.
  • Les TrophĂ©es, choix et prĂ©sentation par Pierre Feuga, collection « OrphĂ©e », Paris, La DiffĂ©rence, 1991 (ISBN 2-7291-0481-X).
  • Ĺ’uvres poĂ©tiques complètes, Ă©dition critique par Simone Delaty, Paris, SociĂ©tĂ© d'Ă©dition Les Belles Lettres, 1984 [tome 1 : Les TrophĂ©es (ISBN 2-251-36103-0) ; tome 2 : Autres sonnets et poĂ©sies diverses (ISBN 2-251-36104-9)].
  • JosĂ© Maria de Heredia, Correspondance, Ă©dition Ă©tablie, prĂ©sentĂ©e et annotĂ©e par Yann Mortelette, collection « Bibliothèque des correspondances », Paris, Champion, 2011- [sur les cinq volumes prĂ©vus ont paru : tome 1 : Les annĂ©es de formation, 1846-1865, 2011 ; tome 2 : Les annĂ©es parnassiennes, 1866-1876, 2013].

Hommages

Notes et références

  1. « http://www.josemaria-heredia.com/intro.htm »
  2. À l'époque, la majorité est en Espagne à vingt-cinq ans.
  3. Sur les relations entre les deux poètes, voir Charles-Marie Leconte de Lisle, Lettres à José-Maria de Heredia, édition établie et annotée par Charles Desprats, Paris, Champion, 2004, et Christophe Carrère, Leconte de Lisle ou La passion du beau, Fayard, 2009.
  4. « José-Maria de HEREDIA | Académie française », sur www.academie-francaise.fr (consulté le )
  5. Ces stances ont été lues par Paul Mounet, de la Comédie-Française, le mercredi , lors la pose de la première pierre du Pont Alexandre III, en présence de l'empereur et de l'impératrice de Russie.
  6. Jean-Pierre Rioux, Nationalisme et conservatisme : la Ligue de la patrie française, 1899-1904, Beauchesne, 1977.
  7. Ariane Chebel d'Appollonia, L'Extrême-droite en France : de Maurras à Le Pen, nouvelle éd. mise à jour, Bruxelles, Éd. Complexe, 1996, p. 137.
  8. Louise Gérard était supposée, d'après une vieille légende familiale, être la petite fille de Gérard d'Houville, président à mortier au parlement de Normandie sous Louis XV.
  9. Voir l'article de François de Vaux de Foletier intitulé Les ancêtres normands de Heredia dans la Revue des Deux Mondes, 1er janvier 1964, p. 96-108.
  10. « Prix Archon-Despérouses. », sur Académie Française (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Paul Verlaine, JosĂ©-Maria de Heredia, monographie publiĂ©e dans la revue Les Hommes d'aujourd'hui, no 405 ; texte sur wikisource.
  • Miodrag Ibrovac, Les sources des « TrophĂ©es », Paris, Les Presses Françaises, 1923.
  • Miodrag Ibrovac, JosĂ© Maria de Heredia : sa vie, son Ĺ“uvre, Paris, Les Presses Françaises, 1923.
  • Claude Barjac, JosĂ© Maria de Heredia, Larousse mensuel illustrĂ© no 202, Paris, .
  • AndrĂ© Fontaine, Heredia et ses amis, La Muse française, , p. 168-182.
  • Lettres inĂ©dites de JosĂ© Maria de Heredia Ă  Alfred Morel-Fatio, publiĂ©es et annotĂ©es par Jean Lemartinel, Villeneuve d'Ascq, Publications de l'UniversitĂ© de Lille III, 1975.
  • Simone Szertics, L'hĂ©ritage espagnol de JosĂ©-Maria de Heredia, collection « TĂ©moins de l'Espagne. SĂ©rie historique », Paris, Klincksieck, 1975 (ISBN 2-252-01757-0).
  • Simone Delaty, L'Ĺ“uvre fragmentaire de JosĂ©-Maria de Heredia, Bulletin des Ă©tudes parnassiennes, no 8, (p. 71-86), .
  • Simone Delaty, Gustave Moreau et JosĂ©-Maria de Heredia : affinitĂ©s esthĂ©tiques, Patterns of Evolution in Nineteenth-century French Poetry, The Tallents Press Ltd, England, 1990
  • Yann Mortelette, JosĂ©-Maria de Heredia, collection « Bibliographica. Bibliographie des Ă©crivains français », Paris, Memini, 1999.
  • Leconte de Lisle, Lettres Ă  JosĂ©-Maria de Heredia, Ă©dition Ă©tablie et annotĂ©e par Charles Desprats, prĂ©face de Jean-Marc Hovasse, collection « Bibliothèque des correspondances », Paris, Champion, 2004 [119 lettres s'Ă©chelonnant du au ].
  • Yann Mortelette, Histoire du Parnasse, Paris, Fayard, 2005 (ISBN 2-213-62352-X).
  • JosĂ©-Maria de Heredia, poète du Parnasse, [sous la direction de] Yann Mortelette, collection « Colloques de la Sorbonne », Paris, PUPS, 2006 [actes du colloque qui s'est tenu Ă  la Bibliothèque de l'Arsenal le , Ă  l'occasion du centième anniversaire du poète].
  • Christophe Carrère, Leconte de Lisle ou La passion du beau, Paris, Fayard, 2009.

Articles connexes

Liens externes