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Lapoutroie

Lapoutroie est une commune française du Massif des Vosges située dans la circonscription administrative du Haut-Rhin et, depuis le , dans le territoire de la Collectivité européenne d'Alsace, en région Grand Est.

Lapoutroie
Lapoutroie
Village vers le nord-ouest.
Blason de Lapoutroie
Blason
Administration
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Grand Est
Collectivité territoriale Collectivité européenne d'Alsace
Circonscription départementale Haut-Rhin
Arrondissement Colmar-Ribeauvillé
Intercommunalité Communauté de communes de la Vallée de Kaysersberg
Maire
Mandat
Philippe Girardin
2020-2026
Code postal 68650
Code commune 68175
DĂ©mographie
Gentilé Lapoutroyens
Population
municipale
1 851 hab. (2020 en diminution de 1,91 % par rapport Ă  2014)
DensitĂ© 88 hab./km2
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 48° 09′ 12″ nord, 7° 10′ 13″ est
Altitude Min. 329 m
Max. 1 221 m
Superficie 21,12 km2
Type Commune rurale
Aire d'attraction Colmar
(commune de la couronne)
Élections
DĂ©partementales Canton de Sainte-Marie-aux-Mines
Législatives Deuxième circonscription
Localisation
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Lapoutroie
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Lapoutroie
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Lapoutroie
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Lapoutroie

    Cette commune se trouve dans la région historique et culturelle d'Alsace.

    GĂ©ographie

    Vue partielle sur l'ouest du village de Lapoutroie.
    Calvaire du XVe siècle.

    SituĂ©e dans le dĂ©partement du Haut-Rhin entre vignoble et montagne, Lapoutroie est Ă  18 km au nord-ouest de Colmar. Lapoutroie est le chef-lieu du canton de Lapoutroie sur la BĂ©hine et la route des Vosges qui comprend les communes de FrĂ©land, Labaroche, Le Bonhomme et Orbey aussi appelĂ© « canton vert » en raison de l'abondance des prĂ©s et forĂŞts qui entourent la commune. Il est bornĂ© par les cantons de Sainte-Marie-aux-Mines, de Kaysersberg, de Wintzenheim, de Munster et Ă  l'ouest par le dĂ©partement des Vosges. Il est entièrement situĂ© dans ces montagnes, dont les sommets, appelĂ©s le BrĂ©zouard et Le Bonhomme, montrent au loin leur crĂŞtes arides et sauvages. Au centre du canton et sur le territoire de Lapoutroie, s'Ă©lève le pic dit lo FaudĂ© que l'on croit avoir Ă©tĂ© anciennement un lieu consacrĂ© aux mystères du culte druidique. La superficie de la commune est de 2 135 hectares, dont 1 000 ha de forĂŞt et 900 ha de prairie et pâturage. L'altitude varie de 330 Ă  1 228 mètres pour le point culminant qui se trouve au BrĂ©zouard. Le village est traversĂ© par la BĂ©hine venant du Bonhomme, qui reçoit la Goutte puis se jette dans la Weiss en amont d'Hachimette. Lapoutroie faisait partie, avant la RĂ©volution du bailliage d'Orbey, dĂ©pendant de la seigneurie de Ribeaupierre.

    Lieux-dits et Ă©carts

    C'est une des 188 communes[1] du parc naturel régional des Ballons des Vosges.

    Il existe de nombreux Ă©carts et lieux-dits dont la plupart sont habitĂ©s. Le village proprement dit ne comporte qu'un tiers des habitants, le reste Ă©tant partagĂ© entre les autres hameaux ou fermes isolĂ©es. Hachimette, le plus gros hameau, compte environ 299 habitants. En 1681, on dĂ©nombre 30 maisons avec 36 bourgeois dans le village, 8 maisons Ă  Hachimette, 5 Ă  La Goutte et 22 Ă  Ribeaugoutte. En 1850, Ribeaugoutte compte 250 habitants dont une Ă©cole qui accueille 60 enfants.

    Le village d'Hachimette et son Ă©glise.
    • Hachimette, un gros hameau en aval (en allemand : Eschelmeer ou Eschermury)
    • Ribeaugoutte (Klein Rappolstein), sur l'adret - en 1387, on trouve la forme Rabagut
    • La HĂ´patte
    • KermodĂ©
    • Les MĂ©relles
    • Embetches
    • Grande Roche
    • Le Bambois
    • Le Bâa
    • Le Coq Hardi
    • Faurupt en 1441 (ou Starckenbach)
    • La Haute-Pierre
    • Le Grand-Trait (Langenwasen)
    • La Froide Fontaine
    • La Goutte
    • HautprĂ©
    • Le FaudĂ©
    • Le Limbach
    • Trou des Tronces
    • Les Fourches
    • Les Alagouttes
    • Bache-le-Loup
    • La Basse-des-Buissons
    • Le Châmont
    • Au fossĂ©
    • Les EnnebilchĂ©s
    • Gasse
    • La Gayire

    Il existe au hameau de La Goutte une source ferrugineuse que sa situation pittoresque et son débit abondant mériteraient de faire connaître.

    Cours d'eau

    • La BĂ©hine (anciennement appelĂ©e la Begume), d'une longueur de 13 km ;
    • le ruisseau Surcenord ;
    • le ruisseau l'Ure.

    Urbanisme

    Typologie

    Lapoutroie est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1] - [2] - [3] - [4].

    Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Colmar, dont elle est une commune de la couronne[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 95 communes, est catĂ©gorisĂ©e dans les aires de 50 000 Ă  moins de 200 000 habitants[5] - [6].

    Occupation des sols

    Carte en couleurs présentant l'occupation des sols.
    Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

    L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (59,3 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (58,9 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (59,1 %), prairies (27,8 %), zones agricoles hétérogènes (8,6 %), zones urbanisées (4,5 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (0,1 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (0,1 %)[7].

    L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[8].

    Toponymie

    Le nom de la localité est mentionné sous les formes ecclesia de Sconerloch en 842 ; Lai Poitraie en 1228 ; Schonerloch en 1320 ; La Putraye et Schönerlach en 1340 ; Sconerlach/Schônerlach en 1441 ; Schönnörlach/Schônnàrlach au XVe siècle ; La Poutroye en 1793 ; Schnierlach au XIXe siècle.
    En allemand, Schnierlach[9].

    De l'ancien français poutre (« jument »).

    Histoire

    Un ancien lieu druidique

    Au centre du canton et sur le territoire de Lapoutroie s'élève le pic dit lo Faudé, que l'on croit avoir été anciennement un lieu consacré aux mystères du culte druidique. Ce qui confirme cette opinion, c'est que le nom qu'il porte signifie dans la patois du pays le faux Dieu. Son sommet est en outre couronné d'immenses rochers, semblables aux autels druidiques, et qu'on y remarque un emplacement appelé Tschénor (chat noir), où l'on a découvert des ossements humains, tristes débris, sans aucun doute, des sanglants sacrifices perpétués dans cet endroit.

    Le canton traversé par une ancienne voie romaine

    Le canton de Lapoutroie fut sans nul doute traversé par une antique voie romaine qui prenait naissance au Bonhomme pour s'achever à Fréland, en suivant la direction des montagnes et en passant au-dessus de Ribeaugoutte. Cette voie a une parfaite ressemblance avec celle que l'on peut observer sur la montagne du mont Sainte-Odile. On y a trouvé dans les champs qui l'avoisinent, des armes d'époque et des pièces de monnaie à l'effigie des empereurs romains.

    La première mention du village

    En 842, Lapoutroie, connue sous le nom de Sconerloch, fait partie du royaume de Lothaire Ier. Il s'agissait alors d'un village essentiellement de charbonniers. Un acte de l'année 1047 du couvent de Sainte-Croix-en-Plaine fait mention de biens à Sconerloch. Deux ans plus tard, l'abbesse du couvent de Sainte-Croix-en-Plaine, sœur du pape Léon IX, fait construire la première église dans la localité. La première mention du village date de l'année 1090. Il faisait alors partie de la seigneurie de Hohnack et du bailliage du Val d'Orbey, située près de Labaroche et appartenant au comte d'Eguisheim. Lapoutroie devient le centre administratif du bailliage. Le prévôt du val, chargé de rendre la justice y réside. Au XIIe siècle, le village de Lapoutroie est toujours cité sous le nom de Sconerloch, comme le relève un document du couvent de Sainte-Croix fondé par le pape Léon IX.

    La seigneurie du Hohnack

    Les Ribeaupierre, dont le siège est Ribeauvillé firent le siège du château du Hohnack[10] - [11] (commune de Labaroche) en 1279 et 1288. Ils s'en emparèrent. La seigneurie a appartenu successivement à la famille d'Eguisheim, aux comtes de Ferrette puis Habsbourg. Les Ribeaupierre étaient les vassaux et rendaient foi et hommage à cette seigneurie.

    Une dépendance des Ribeaupierre

    De 1348 à 1536, Lapoutroie fait partie de la seigneurie de Ribeaupierre et le représentant de la seigneurie habitait dans les lieux, et on y trouvait aussi une prison et un tribunal. Les criminels furent pendus à Hachimette et le gibet se trouvait sur un pré en face de la chapelle. Les habitants payaient d'ailleurs la dîme et autres redevances au couvent Sainte-Croix, dont l'abbesse nommait le curé de la paroisse. Après la disparition du couvent, la dîme passe à la ville de Colmar qui vendit en 1568 ses droits à l'abbaye de Pairis. C'est à Lapoutroie que réside le prévôt représentant les Ribeaupierre pour faire régner la justice.

    Pillage, invasion, guerres privées et famine

    En 1298, l'évêque de Strasbourg tente de s'emparer du Val d'Orbey et livre une guerre opiniâtre contre Thibaut de Ferrette. Entre 1347 et 1350, la peste noire décime plus d'un tiers de la population. En 1365 ce sont les Grandes Compagnies qui ravagent la région faisant de nombreuses victimes.Vers 1385 et 1386 la famine vient s'ajouter aux lots de malheur que connaît la population. Entre 1365 et 1375 la région connait des incursions des troupes de Lorraine qui livrent bataille avec ceux des Ribeaupierre bien décidés à protéger leur pré-carré. Puis ce sont les troupes de la ville de Colmar qui essayent de s'emparer de Lapoutroie, mais les Ribeaupierre parviennent à les contenir et à les mettre hors la loi en 1495.

    La révolte des paysans

    Ă€ partir de 1493, et Ă  plusieurs reprises, les paysans se rĂ©voltent contre les seigneurs qui les accablent d'impĂ´ts alors qu'ils sont en situation de prĂ©caritĂ©. La chertĂ© de la vie et le manque de nourriture provoquent des disettes et parfois des famines. Le lundi de Pâques 1525, les paysans se soulèvent, mobilisant de 30 000 Ă  40 000 hommes venant de toute l'Alsace sous la conduite d'Érasme Gerber. Ils s'attaquent Ă  l'abbaye de Pairis et s'emparent des villes comme Kaysersberg ou RibeauvillĂ©. Les seigneurs pris de panique appellent Ă  l'aide le duc de Lorraine qui craignant la contagion en Lorraine va mater la rĂ©sistance des paysans Ă  Scherwiller oĂą l'on dĂ©nombra plus de 6 000 morts. Cependant, les paysans rĂ©ussissent Ă  conserver leurs droits et coutumes. En 1536, la ville de Colmar conquiert le droit de collation et les biens du couvent de Sainte-Croix-en-Plaine, donne la cour et la dĂ®me en location, puis la vend en 1668 Ă  l'abbaye de Pairis.

    Les ravages de la guerre de Trente Ans

    Le village est ravagĂ© pendant la guerre de Trente Ans. Vers 1632, on dĂ©nombrait encore 206 habitants, en 1635 la population tombe Ă  256 mĂ©nages puis en 1681, il ne restait plus que 36 occupants et 30 maisons. En 1648 il ne reste que 96 foyers, soit une chute vertigineuses de 66 %. Les SuĂ©dois ou les « houèbes » comme on les appellent dans la rĂ©gion, sèment la mort, la dĂ©solation et la ruine sur leur passage. Ă€ Hachimette, le hameau de Lapoutroie, il ne restait plus que 10 habitants et 8 maisons, Ă  la Goutte 9 habitants et 5 maisons et Ă  Ribeaugoutte 27 habitants rĂ©parti dans 22 maisons. La mĂŞme annĂ©e, le hameau de Ribeaugoutte fut pratiquement dĂ©cimĂ© par un incendie qui emporta 18 maisons.

    Le repeuplement de la région

    La guerre de Trente Ans terminé, Louis XIV fait circuler en Lorraine des émissaires appelant des volontaires à venir repeupler la région décimée par les hordes suédoises. C'est de Remiremont que viennent en majorité les volontaires. D'autres personnes venant du Tyrol, alléchés sans doute par la promesse de terres et de fermes données gratuitement répondent à l'appel. À partir de 1700, la région recommence à se repeupler. On compte déjà de 600 à 700 âmes qui se fixent définitivement à Lapoutroie. On retrouve des patronymes déjà installés en Lorraine comme les Ancel, Baradel, Collin, Didierjean, Dodin, Mathieu, Marco, Batot, Lamaze, Blaise, Mathis, Flayeyx, Haxaire, Finance, Fréchard, Martin, Miclo, Vilmain, etc. De Tyrol et de Thuringe arrivent des familles entières pour repeupler la commune : les noms de famille sont essentiellement les Firer, Trischler, Lantz, Kerle Wittchker et Witwehr.

    Le village sous la domination française

    Après le traité de Westphalie en 1648, les seigneurs du Hohnack, initialement vassaux de Habsbourg, sont placés sous la suzeraineté du roi de France. Lapoutroie devient le chef-lieu du canton en 1796.

    La RĂ©volution

    En 1732, le village compte 876 habitants. Vers 1780, les tensions s'aggravent dans les campagnes. L'impĂ´t royal devient de plus en plus lourd et double mĂŞme entre 1770 et 1789.Le mĂ©contentement grandit. Les paysans forment des bandes, attaquent et pillent les couvents. L'annonce de la prise de la Bastille dĂ©clenche de vĂ©ritables Ă©meutes. La RĂ©volution est accueilli avec soulagement par la population. Dans les mois qui suivent, l'AssemblĂ©e constituante procède Ă  de profondes transformations. L'Alsace est divisĂ©e en deux dĂ©partements, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, sept district dont celui de Colmar et 58 cantons dont celui de Kaysersberg auquel appartient Lapoutroie. Le Conseil souverain est supprimĂ©, les corporations et corps de mĂ©tiers abolis, les biens de l'Ă©glise sont nationalisĂ©s et vendus aux enchères, les paysans sont dĂ©livrĂ©s des charges seigneuriales et de la dĂ®me. Lapoutroie devient chef-lieu du canton en 1796.

    L'industrialisation

    Avec le dĂ©veloppement de l'industrie en 1850, des industries voient le jour dans la commune. Une filature de coton, deux fabriques de cretonne, quatre moulins, une brasserie, deux huileries et deux scieries sont installĂ©s. La population passe alors Ă  3 206 habitants.

    Un gigantesque incendie

    Le , un violent orage s'abat sur le village. La foudre met le feu sur une maison proche de l'Ă©glise. La maison en feu communique Ă  plusieurs autres maisons dont l'Ă©glise qui est rĂ©duit en cendre. La sacristie et le chĹ“ur, ainsi que les autels latĂ©raux protĂ©gĂ©s par leurs voĂ»tes sont Ă©pargnĂ©s par le feu. Pas moins de 22 maisons et deux granges partent en fumĂ©e. Pour secourir les sinistrĂ©s, l'Ă©vĂŞque de Bâle organisa une quĂŞte en faveur des mĂŞmes. L'intendant de Strasbourg demanda le aux baillis et magistrats des villes et communes de Kientzheim, Ammerschwihr, Sigolsheim et Munster de faire couper 500 troncs de chĂŞne et 1 050 troncs de sapins qui furent rĂ©partis aux sinistrĂ©s de Lapoutroie par le bailli Fuchs de RibeauvillĂ©[12]. Ils servirent Ă  reconstruire l'Ă©glise, les maisons et les autres bâtiments du village. Le conseil de fabrique fit don de 3 000 livres, ce qui permet de restaurer la nef de l'Ă©glise. L'abbaye de Pairis est contraint, en vertu d'une condamnation, de faire rebâtir Ă  ses frais le chĹ“ur. Grâce Ă  toutes ces interventions, l'Ă©glise fut consacrĂ©e le par Joseph Guillaume de Rinck, prince-Ă©vĂŞque de Bâle.

    L'école aux XVIIe et XVIIIe siècles

    La communautĂ© de Lapoutroie semble disposer d'Ă©coles dès la fin du XVIIe siècle. Le plus souvent il s'agissait de bâtiments ordinaires plus ou moins amĂ©nagĂ©s pour un usage scolaire. Ă€ la fin du XVIIe siècle il est envisagĂ© la construction d'une nouvelle Ă©cole plus spĂ©cieuses rĂ©pondant pour recevoir le nombre toujours plus important d'Ă©lèves. Le dĂ©cret du bailli de Lichtenberg du organise la vie scolaire dans la seigneurie des Ribeaupierre. Il rend l'Ă©cole obligatoire dès l'âge de sept ans jusqu'Ă  ce que les Ă©lèves sachent lire et Ă©crire. Les parents sont tenus d'envoyer leur progĂ©niture Ă  l'Ă©cole sous peine de quatre sols par semaine d'amende. Le produit de ces amendes sont destinĂ©s Ă  ĂŞtre distribuĂ© en rĂ©compense aux Ă©lèves studieux. Le mĂŞme dĂ©cret punit les parents ou les maĂ®tres dont les enfants n'assistent pas rĂ©gulièrement Ă  l'enseignement religieux (jusqu'Ă  14 ans en gĂ©nĂ©ral) d'une amende de deux sols chaque fois. Le maĂ®tre doit enseigner aux enfants la lecture, l'Ă©criture, le plain-chant, le catĂ©chisme. Il doit apprendre aux enfants Ă  lire le français et le latin afin qu'il puisse participer Ă  rĂ©citer des prières en latin. En 1690 une ordonnance stipule que le maĂ®tre d'Ă©cole s'engage Ă  ne pas boire d'alcool et Ă  ne pas frĂ©quenter les cabarets. Il a aussi le devoir de corriger les Ă©lèves quand ceux-ci le mĂ©ritent.L'instituteur a Ă©galement des fonctions plus proches de celles d'un sacristain : il doit assister Ă  toutes les processions ainsi qu'Ă  tous les offices. Il est chantre[13] et doit assister de bonne heure Ă  l'Ă©glise et aider les autres chantres et les servants de messe. Il doit aider le marguillier et rĂ©gler l'horloge de l'Ă©glise. Il doit aussi assurer le blanchissage des linges de l'Ă©glise et peut ĂŞtre amener Ă  fabriquer des cierges, des hosties, etc. Le maĂ®tre d'Ă©cole touche des indemnitĂ©s diverses pour les diffĂ©rentes tâches exercĂ©s dans le cadre de son activitĂ©. Il touche en outre un droit d'Ă©colage qui se monte Ă  6 rappes par enfant et par semaine en 1709. Ă€ Lapoutroie en 1750, chaque Ă©lève doit payer 1 sol et 4 deniers. Pendant l'hiver, de la Saint-Martin () Ă  Pâques, chaque Ă©lève doit apporter une bĂ»che de bois pour le chauffage de l'Ă©cole. Les Ă©lèves qui ne le font pas doivent payer au maĂ®tre 12 sols. Ce droit d'Ă©colage reprĂ©sente une somme importante pour le maĂ®tre d'Ă©cole. Le maĂ®tre d'Ă©cole touche six cordes de bois. Il peut garder trois cordes et toucher le reste en argent. Il est le plus souvent logĂ© par la communautĂ©. Son logement comporte gĂ©nĂ©ralement un poĂŞle avec un jardin, une cuisine, deux chambres, une cave d'un emplacement pour l'Ă©curie pour y loger les vaches, de la place pour le foin et le bois de chauffage. La communautĂ© a le pouvoir de rĂ©voquer le maĂ®tre. Le , la communautĂ© de Lapoutroie rĂ©voque Dominique Menetrez. Souvent des excès sont commis par la communautĂ© sans rapport avec la valeur pĂ©dagogique. C'est pour remĂ©dier Ă  ces excès que l'intendant d'Alsace Louis Guillaume de Blair promulgue par ordonnance le , lue et publiĂ©e Ă  l'issue de la messe paroissiale le . L'intendant ordonne que les prĂ©vĂ´ts, bourgmestres et prĂ©posĂ©s des communautĂ©s remettent au bailli du dĂ©partement, tous les actes concernant les accords ou engagement des maĂ®tres. Il est dĂ©sormais interdit de congĂ©dier les instituteurs sans y avoir Ă©tĂ© autorisĂ© par l'intendant.

    En 1851, les notables fuient la fureur des paysans

    En 1851, lors de l'Ă©mission des billets du lingot d'or, quelques habitants notables de Lapoutroie, constatant la fureur avec laquelle les paysans de la localitĂ© accaparèrent les billets, rĂ©solurent d'essayer de faire rester dans la localitĂ© les pièces d'un franc que le public jetait dans le gouffre ; ils organisèrent une loterie au profit des pauvres; l'un d'eux avança l'argent nĂ©cessaire pour acheter des lots. Leur opĂ©ration laissa un bĂ©nĂ©fice de plus de 500 francs, qui firent le premier fond d'un bureau de bienfaisance, dont la crĂ©ation fut sollicitĂ©e et autorisĂ©e.

    La guerre de 1870

    Le , la France déclare la guerre à l'Allemagne. Mal préparée, mal commandée, l'armée française ne fera pas le poids face aux troupes prussiennes. Le , les régiments français sont battus à Wissembourg, le 28 Strasbourg capitule. L'armée française est vaincue à Sedan le . Le est proclamée la fin de l'Empire et l'avènement de la République. L'Alsace et la Moselle sont purement et simplement annexées le . En , le territoire est proclamé pays d'Empire (Reichsland). Le village est baptisé Schnierlach. Jusqu'en 1900, le français est toléré comme droit local. En 1872, le service militaire devient obligatoire ; un certain nombre de personnes quittent alors Lapoutroie pour y échapper en s'installant dans les Vosges ou d'autres régions françaises.

    La Première Guerre mondiale

    Le , le Reichsland est déclaré en état de danger. Tout fonctionnement de la vie courante est soumis à autorisation. Le lendemain 1er août l'ordre de mobilisation est décrété. Le lundi , l'Allemagne déclare la guerre à la France. Le l'artillerie française bombarde le col du Bonhomme, l'église et une vingtaine de maisons sont brûlées. Le , les troupes françaises, bousculant les troupes bavaroises font leur entrée à Lapoutroie où la population leur réserve un accueil délirant. Lapoutroie est momentanément redevenue française. Le , l'armée allemande composée de régiments bavarois contre attaque et s'empare à nouveau de Lapoutroie. Les chasseurs alpins français se replient à la Tête des Faux. Dans la région, Le Linge et la Tête des faux contrôlent le passage du Col des Bagenelles et celui du Bonhomme qui seront âprement disputés. Le soir du , la tour du Faudé criblée d'éclats d'obus s'écroule. Les tirs de l'artillerie française menace toute la région. Le , un bombardement de la gare d'Hachimette fait plusieurs morts. 23 civils seront tués pendant la guerre, parmi lesquels des enfants. Au cours des combats la commune sert de base aux troupes allemandes qui combattent à la Tête-des-Faux. Peu à peu, à partir de 1915, le front des Vosges sera plus calme et le restera jusqu'en 1918. Le , les troupes françaises font leur entrée officielle à Lapoutroie que les Allemands avaient déserté quelques jours plus tôt. Le , l'armistice met fin à la guerre et l'Alsace et la Moselle redeviennent françaises. L'économie se met péniblement en marche.

    La commune a été décorée le de la croix de guerre 1914-1918[14].

    La Seconde Guerre mondiale

    La mobilisation gĂ©nĂ©rale est dĂ©cidĂ©e le . Tous les mobilisĂ©s rejoignent leurs unitĂ©s sans incidents. L'armĂ©e française rĂ©quisitionne six vĂ©hicules motorisĂ©s et une vingtaine de chevaux. Contrairement Ă  de nombreux villages alsaciens, Lapoutroie n'a pas Ă©tĂ© Ă©vacuĂ© et a mĂŞme servi de village d'accueil Ă  de nombreux rĂ©fugiĂ©s. Les premières patrouilles allemandes arrivent Ă  Lapoutroie le vers 21 heures suivies progressivement par des troupes plus importantes. Quelques escarmouches, destinĂ©es Ă  retarder l'avance des troupes ennemies sont Ă  signaler aux abords du village. Les autoritĂ©s allemandes dĂ©cident de rattacher l'Alsace au Reich, en l'incorporant au Pays de Bade. Dès le , l'administration allemande se met en place sous l'autoritĂ© du Gauleiter Wagner : les poteaux frontières sont repoussĂ©es sur les anciennes limites de 1871, les prĂ©fets et sous-prĂ©fets ainsi que les Ă©vĂŞques de Metz et de Strasbourg sont expulsĂ©s. Vers la fin de l'Ă©tĂ© 1940, la seconde phase entre en application avec l'arrivĂ©e en Alsace de nombreux fonctionnaires allemands qui remplacent petit Ă  petit les français. Tous les noms français sont germanisĂ©s et tout ce qui peut rappeler la France est interdit. Les noms inscrits sur les monuments aux morts sont effacĂ©s. Le , 108 personnes de Lapoutroie seront expulsĂ©s, les Allemands leur reprochant essentiellement leur ascendance française. Après avoir Ă©tĂ© rassemblĂ©s Ă  Cernay elles prendront le chemin du sud-ouest. Ă€ partir de 1942, 87 noms Ă  consonance françaises seront germanisĂ©s. Ainsi Petitdemange devient Pettmunsch, Claudepierre devient Cladpeter, Pierrevelcin se transforme en Peterwelz. Le , une ordonnance dĂ©cide l'incorporation de force dans la Wehrmacht des jeunes alsaciens nĂ©s en 1922. Jusqu'Ă  la fin de la guerre, 132 jeunes de Lapoutroie seront incorporĂ©s de force et partiront sur le front russe ou italien. Quarante d'entre eux se dĂ©robent au moment de leur incorporation ou Ă  l'occasion d'une permission. Cinquante Lapoutroyens seront tuĂ©s ou portĂ©s disparus dans l'armĂ©e allemande, auxquels il faut ajouter quatre tuĂ©s en 1940 dans l'armĂ©e française et trois en camp de concentration.

    La Libération

    Le , les premières patrouilles du 141e RIUS atteignent le col du Bonhomme. Le , le 3e bataillon de 142e RIUS libère Sainte-Marie-aux-Mines à la surprise générale, non en avoir subi de lourdes pertes. Dès lors, entreprenant un mouvement nord-sud, le 3e bataillon arrive au col des Bagenelles le et occupe les positions du Brézouard. Le , le même bataillon atteint le Haïcot et les hauteurs de Faurupt. À Lapoutroie, depuis plusieurs jours, des signes avant coureurs ne trompent personne. Chaque jour, de longs convois, harcelés par l'aviation alliée, redescendent la vallée en direction de l'Allemagne. Les bombardements d'artillerie se rapprochent. Le , Fréland est libéré par le 141e RIUS. Le soir même la compagnie L occupe les hauteurs de Lapoutroie. Des patrouilles des compagnies K et L sont envoyées à Lapoutroie sans rencontrer de résistance. Le matin, une contre-attaque allemande à l'entrée du village fait un tué américain ainsi que plusieurs prisonniers.Finalement la commune est libérée Le par le 6e corps d'armée américain du général Devers et les troupes alliées de la première armée française commandée par le général de Lattre de Tassigny venant de l'ouest.

    Les sites et monuments commémoratifs

    Le cimetière militaire de Lapoutroie.
    • Les monuments commĂ©moratifs [15] - [16].
      • Monument aux Morts place du GĂ©nĂ©ral De Gaulle,
      • Monument commĂ©moratif de la 5e D.B. sur le parvis de l'Ă©glise de Hachimette,
      • Stèle commĂ©morative des MalgrĂ©-Nous au carrĂ© militaire[17],
      • Stèle commĂ©morative AFN - Indochine au carrĂ© militaire,
      • Monument commĂ©moratif des chasseurs dans le carrĂ© militaire, du cimetière communal,
      • CarrĂ© militaire au cimetière communal,
      • Le cimetière militaire.

    Le patois des habitants

    Le patois des habitants de la vallée, le welche, rappelle le vieux celte. Il diffère en beaucoup de points du patois lorrain, ainsi que des patois des environs de Belfort, de Schirmeck, du val de Lièpvre ou du Ban de la Roche. Quoique mélangé de mots germaniques et latins, corrigé aujourd'hui par le français moderne, il possède encore de nombreuses racines celtiques et se rapproche du langage parlé par les héritiers bretons des Kimris[18] - [19].

    HĂ©raldique

    Blason de {{{commune}}} Blason
    Les armes de Lapoutroie se blasonnent ainsi :
    « D'azur au pont d'or à trois arches maçonné de sable sommé d'une oie d'argent becquée et membrée d'or. »[20]
    DĂ©tails
    Armes parlantes (Un pont pour une poutre, traversée par une oie ).

    Depuis 250 ans, Lapoutroie possède des armoiries représentant un pont en or sur lequel se tient une oie argentée avec bec et pattes en or. Cet emblème rappellerait le nom de la cité, "poutre-oie" ou l'oie sur la poutre. Les noms allemands, Sconerloch, Schoenerlach, Schnierlach, rappellent les temps où à l'endroit du village se trouvaient d'énormes aulnes.

    Lieux et monuments

    Église Sainte-Odile

    Lapoutroie comportait au moins quatre Ă©glise au cours des siècles. La première a Ă©tĂ© construite au IXe siècle. C'est la sĹ“ur du pape LĂ©on IX, Odile, la première abbesse du couvent de Woffenheim (Sainte-Croix-en-Plaine) qui l'a fait construire probablement pour rĂ©pondre aux besoins des habitants de la cour colongère.En 1349, le premier curĂ© recensĂ© de Lapoutroie, Jean de Ruti, prend ses fonctions qu'il occupera jusqu'en 1373. Son successeur, Jodocus Scriptor, curĂ© de 1329 Ă  1460 Ă©tait un ami du grand prĂ©dicateur Geiler de Kaysersberg. Cette première Ă©glise devenue trop petite a Ă©tĂ© remplacĂ©e en 1502 par une nouvelle construction. Pour financer la nouvelle construction, Guillaume Ier et sa femme Jeanne de Neuenbourg de la maison des Ribeaupierre vont se montrer très gĂ©nĂ©reux en rĂ©unissant la somme nĂ©cessaire Ă  l'amĂ©nagement intĂ©rieure de l'Ă©glise. Guillaume Ier ordonne en outre au curĂ© Jean Kreutzer de faire des quĂŞtes pour rĂ©unir les sommes nĂ©cessaires Ă  l'amĂ©nagement intĂ©rieure de l'Ă©glise. Cette deuxième Ă©glise existera jusqu'en 1750. Tous les matĂ©riaux ont Ă©tĂ© livrĂ©s gratuitement sur place par les paroissiens. Le un terrible incendie ravage une partie du village ainsi que l'Ă©glise. Les trois grandes cloches ont Ă©tĂ© fondues par la chaleur. La voĂ»te du chĹ“ur a Ă©tĂ© totalement minĂ©e en plusieurs endroits. 23 maisons maisons du village et trois granges ont Ă©galement Ă©tĂ© anĂ©anties par le feu. Une fois de plus la reconstruction de l'Ă©glise s'avĂ©rait nĂ©cessaire. Cela va occasionner un conflit entre la commune et l'abbaye de Pairis. L'Ă©glise de Lapoutroie dĂ©pendait d'une cour colongère, il Ă©tait donc normal qu'elle soit entretenue par le collateur de la dĂ®me, c'est-Ă -dire la ville de Colmar et l'abbaye de Pairis, successeur lĂ©gal de droits de la cour colongère. Pairis possĂ©dait un tiers de la dĂ®me du ban de la commune. La grande dĂ®me Ă©tait partagĂ©e en plusieurs parts, le prince de Birkenfeld percevant les redevances en tant que successeur de la famille des Ribeaupierre. De nouvelles transformations ont lieu en 1813, puis en 1893 le projet de construction de l'Ă©glise actuelle est envisagĂ© crĂ©ant un conflit entre le conseil municipal et les autoritĂ©s paroissiales. La commune prĂ©conisait une simple rĂ©paration alors que d'autres demandaient la construction d'une nouvelle Ă©glise. C'est la deuxième solution qui sera finalement retenue grâce Ă  la tĂ©nacitĂ© du curĂ© Rhein et de son vicaire l'abbĂ© Prince. Un terrain de 51 ares, 46 centiares appartenant Ă  la famille Jean-Baptiste Petitdemange est achetĂ© en 1909. Le , le gouvernement approuve l'emprunt de 12 000 marks votĂ© par le conseil de fabrique de l'Ă©glise. Le , la première pierre est posĂ©e. La nouvelle Ă©glise achevĂ©e est consacrĂ©e le [21] - [22] par l'Ă©vĂŞque auxiliaire de Strasbourg Franz Zorn von Bulach. Les frais de construction s'Ă©levaient Ă  280 000 marks. Pendant la guerre 1914-1918, l'Ă©glise subit plusieurs dommages. Elle fut atteinte par une dizaine d'obus dont l'un dĂ©truisit la voĂ»te du chĹ“ur. La statue de sainte Odile resta intacte.

    Des travaux de restauration sont par ailleurs programmés en 2016 avec le soutien de la Fondation du patrimoine[23].

    • Église Sainte-Odile.
      Église Sainte-Odile.
    • Vue intĂ©rieure de la nef vers le chĹ“ur.
      Vue intérieure de la nef vers le chœur.
    • MaĂ®tre-autel (XXe).
      Maître-autel (XXe).
    • Vue intĂ©rieure de la nef vers la tribune d'orgue.
      Vue intérieure de la nef vers la tribune d'orgue.
    • Autel du XVIIIe provenant de l'abbaye de Pairis.
      Autel du XVIIIe provenant de l'abbaye de Pairis.

    Les orgues

    Chapelle Saint-Laurent

    La chapelle Saint-Laurent est inaugurée par le curé Jean-Baptiste Coudre. La chapelle se trouve à Ribeaugoutte[29].

    Musée des eaux-de-vie

    Musée des eaux-de-vie.

    C'est dans un ancien relais de poste du XVIIIe siècle que René et Monette de Miscault ont créé le Musée des Eaux-de-Vie et des Liqueurs. Dans ce bâtiment aujourd’hui rénové, on trouve une importante collection d'absinthe et d'anisés, des anciennes affiches publicitaires, alambics, alcoomètres, filtres, fûts, moules à bouteilles, bonbonnes de verre que l'on peut visiter librement. On y propose la dégustation et la vente d'eaux-de-vie et liqueurs produites dans la distillerie de Fougerolles.Une nouveauté depuis peu, la vente de fromage de munster et de choucroute de Lapoutroie à emporter sous emballages sous vide.

    Le Faudé

    La tour du Faudé vue depuis Lapoutroie.

    Après la traversĂ©e du hameau de Hachimette, la route qui depuis Kaysersberg mène en pays welche s'ouvre en i grec, vers Orbey d'une part et Lapoutroie de l'autre, lorsqu'elle vient buter contre le massif du FaudĂ© qui sĂ©pare les deux vallĂ©es. Le FaudĂ© oĂą abondaient jadis des blocs roses farcis de cailloux diaprĂ©s que les gĂ©ologues appellent « poudingues », a comme la plupart des montagnes grĂ©seuses, la rĂ©putation d'avoir servi de cadre aux sacrifices sanglants des cultes celtiques. La tradition rapporte qu'en creusant sur son Ă©peron du FaudĂ©, le TchĂ©nor, qui pourrait signifier « charniers », alors qu'il a Ă©tĂ© traduit simplement en « chat noir », de nombreux squelettes auraient jadis Ă©tĂ© trouvĂ©s. En effectuant en 1879 des fouilles dans ce massif, Ă  un emplacement qui n'a n'a pu ĂŞtre situĂ© exactement, une Ă©quipe de chercheurs aurait mis au jour des ossements humains et une idole gallo-romaine qui pourrait ĂŞtre le faux-Dieu auquel la montagne doit son nom. L'abbĂ© Humbrecht, vicaire Ă  Orbey, qui a signalĂ© ces dĂ©couvertes, a proposĂ© alors l'Ă©rection d'une grande croix tĂ©moignant que le FaudĂ© est maintenant et pour toujours terre chrĂ©tienne. En 1889, la section de Kaysersberg-Lapoutroie du club vosgien devait entreprendre au sommet du FaudĂ©, Ă  773 mètres d'altitude, la construction d'une tour d'observation. L'initiative en revient Ă  deux militants de Lapoutroie, le juge Taron, fonctionnaire allemand, et maĂ®tre NoĂ«l, français des Vosges, restĂ© malgrĂ© l'annexion en 1871 Ă  Lapoutroie oĂą il exerça durant 32 ans (1860-1893) la charge de notaire. Inauguration a lieu le en prĂ©sence des notabilitĂ©s du canton de dĂ©lĂ©gations de clubs vosgiens de Colmar-Lac Blanc, de RibeauvillĂ©, de Sainte-Marie-aux-Mines, Munster, SĂ©lestat et Strasbourg.

    Le chemin des Romains

    Le canton de Lapoutroie est traversé par une voie romaine, qui prend naissance au Bonhomme et qui expire à Fréland, en suivant la direction des montagnes et en passant au-dessus de Ribeaugoutte. Cette voie a une parfaite ressemblance avec celle que l'on vit sur la montagne de Sainte Odile. On a trouvé dans les champs qui l'avoisinent des armes antiques et des monnaies à l'effigie des empereurs romains. En l'an 58 avant Jésus-Christ, les légions de Jules César occupaient la plaine d'Alsace et mettait en place un réseau de communication très dense. La voie du Bonhomme sera l'un des axes de franchissement des Vosges les plus fréquentés. Les chariots se hissaient lentement à l'assaut du col en s'agrippant aux dalles rainurées de la chaussée. Cette vieille route pénétrait en Alsace par le col du Bonhomme. Elle venait de Sainte-Marguerite, près de Saint-Dié, et passait par Tullum Leucorum (Toul) Scarpone (= Dieulouard), Saint-Dié, Sainte-Marguerite et Scarupt (= Fraize). Elle passait ensuite à la Chapelle où étaient installés des forgerons et descendait au Bonhomme. À partir de là, la voie longeait la Béhine, passait par le Grand-Trait et arrivait au Coq Hardi. De là elle se séparait en deux. Le premier tracé continuait à longer la Béhine passant à Froide-Fontaine, Hambostures et Lapoutroie.Elle dominait de peu le cours de la rivière contournait le lac, marais de Hachimette puis descendait sur la rive gauche de la Weiss.

    La TĂŞte des Faux

    Le Champ de bataille de la Tête-des-Faux (sommet de la Tête-de-Faux, avec ses ouvrages fortifiés, Roche du Corbeau, avec ses abris et ses ouvrages, ainsi que l'ancienne station de funiculaire) fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1932[30].

    L'Ă©tang du Devin

    L'Ă©tang du Devin se trouve dans le dernier repli du lieu-dit des MĂ©relles, Ă  quelque 1 000 mètres d'altitude sur le banc de Lapoutroie. Il se prĂ©sente comme un cirque dominĂ© par les hautes parois de la TĂŞte des Faux. L'endroit très riche en diverses variĂ©tĂ©s florales, d'espèces rares a Ă©tĂ© classĂ© "site protĂ©gĂ©". Le mot Ă©tang du Devin proviendrait de Hexenweier [31] qui est le nom du propriĂ©taire. Il pourrait s'agir de Colin, le Devin qui en 1441 possĂ©dait Ă©galement des biens Ă  Markirch[32]. Le document reste cependant introuvable. Le mot Devin Ă©tait encore rĂ©pandu en 1599 au Bonhomme. En 1702 on donne Ă  ce lieu le nom d'Ă©tang du Devin ou Crimmelins. Sur les plans napolĂ©oniens de 1832, on l'appellera Ă©tang Divin.

    Le hameau de Hachimette

    L'Ă©glise Sainte-Richarde.

    C'est en 1241 que l'on rencontre pour la première fois le nom de Escermure, l'ancĂŞtre du nom de Hachimette. Le hameau a Ă©tĂ© construit sur une ancienne tourbière qui s'Ă©tendait sur tout le fond de la vallĂ©e. En 1370 le village est appelĂ© Eschramore et en 1576 sous le nom de Eschlemer. En 1650 le cadastre signale huit maisons avec 10 habitants Ă  Hachimette, tandis que Ribeaugoutte compte 22 maisons et 27 habitants. En 1688 les habitants parlent de haichimet, Hechimet, Aschimet qui deviendra finalement Hachimette. En 1679 la paroisse de Hachimette est rattachĂ© Ă  celle de Lapoutroie. En 1750 une chapelle dĂ©diĂ©e Ă  sainte Richarde est signalĂ©e dans le hameau[33].

    Politique et administration

    Budget et fiscalité 2014

    La mairie de Lapoutroie.

    En 2014, le budget de la commune était constitué ainsi[34] :

    • total des produits de fonctionnement : 1 866 000 â‚¬, soit 929 â‚¬ par habitant ;
    • total des charges de fonctionnement : 1 513 000 â‚¬, soit 753 â‚¬ par habitant ;
    • total des ressources d’investissement : 1 843 000 â‚¬, soit 918 â‚¬ par habitant ;
    • total des emplois d’investissement : 1 680 000 â‚¬, soit 836 â‚¬ par habitant.
    • endettement : 786 000 â‚¬, soit 391 â‚¬ par habitant.

    Avec les taux de fiscalité suivants :

    • taxe d’habitation : 12,10 % ;
    • taxe foncière sur les propriĂ©tĂ©s bâties : 12,88 % ;
    • taxe foncière sur les propriĂ©tĂ©s non bâties : 85,02 % ;
    • taxe additionnelle Ă  la taxe foncière sur les propriĂ©tĂ©s non bâties : 0,00 % ;
    • cotisation foncière des entreprises : 0,00 %.

    Liste de maires

    Liste des maires successifs Ă  partir de 1911
    Période Identité Étiquette Qualité
    1911 1919 Jean-Baptiste Hauschel
    1919 1925 Jean Schwartz
    1925 1944 LĂ©on Grivel
    1944 1945 René Raffner
    1945 1959 Paul Minoux
    1959 1964 Jean-Baptiste Demangeat CNIP Conseiller général (1951-1964)
    1964 1970 Adrien Jeandon
    1970 1977 Roger Burel
    1977 2001 Hubert Haenel UMP SĂ©nateur (1986-2010)
    mars 2001 mai 2020 Jean-Marie Muller UDI Président de la Communauté de communes
    mai 2020 En cours Philippe Girardin [35] ex-Les Verts Ingénieur agronome, ancien Président du Parc régional des Ballons des Vosges
    Les données manquantes sont à compléter.

    Jumelages

    La commune de Lapoutroie a signé une charte d'amitié avec Lannilis en Bretagne (département du Finistère) en 1987.

    DĂ©mographie

    L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[36]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[37].

    En 2020, la commune comptait 1 851 habitants[Note 3], en diminution de 1,91 % par rapport Ă  2014 (Haut-Rhin : +1,01 %, France hors Mayotte : +1,9 %).

    Évolution de la population [ modifier ]
    1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
    1 8402 0081 9382 1012 5112 6342 6312 6182 432
    1856 1861 1866 1871 1875 1880 1885 1890 1895
    2 3802 5672 5922 4612 4322 4082 3032 2122 199
    1900 1905 1910 1921 1926 1931 1936 1946 1954
    2 1772 0962 0951 9171 8661 8151 8011 6871 635
    1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 2007 2012
    1 6611 7121 7941 9111 9812 1042 0572 0491 924
    2017 2020 - - - - - - -
    1 9081 851-------
    De 1962 Ă  1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
    (Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[38] puis Insee Ă  partir de 2006[39].)
    Histogramme de l'évolution démographique

    Personnalités liées à la commune

    Voir aussi

    Bibliographie

    Articles connexes

    Liens externes

    Notes et références

    Notes

    1. Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
    2. La notion d'aire d'attraction des villes a remplacé en octobre 2020 l'ancienne notion d'aire urbaine, pour permettre des comparaisons cohérentes avec les autres pays de l'Union européenne.
    3. Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2023, millésimée 2020, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2022, date de référence statistique : 1er janvier 2020.

    Références

    1. Liste des 188 communes adhérentes au parc naturel régional des ballons des Vosges, 3e Charte 2012 - 2024
    2. « Typologie urbain / rural », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    3. « Commune rurale - définition », sur le site de l’Insee (consulté le ).
    4. « Comprendre la grille de densité », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    5. « Liste des communes composant l'aire d'attraction de Colmar », sur insee.fr (consulté le ).
    6. Marie-Pierre de Bellefon, Pascal Eusebio, Jocelyn Forest, Olivier Pégaz-Blanc et Raymond Warnod (Insee), « En France, neuf personnes sur dix vivent dans l’aire d’attraction d’une ville », sur insee.fr, (consulté le ).
    7. « CORINE Land Cover (CLC) - Répartition des superficies en 15 postes d'occupation des sols (métropole). », sur le site des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique. (consulté le )
    8. IGN, « Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aériennes anciennes. », sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ). Pour comparer l'évolution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne séparative verticale et la déplacer à droite ou à gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenêtres en haut à gauche de l'écran.
    9. Georges Stoffel - Dictionnaire topographique du département du Haut-Rhin (1868).
    10. « Ruines du château de Hohenack (petit Honack) », notice no PA00085500, base Mérimée, ministère français de la Culture.
    11. « Château fort de Hohnack », notice no IA68007705, base Mérimée, ministère français de la Culture.
    12. Pour en savoir plus sur ce bailli, Joseph Fuchs, voir l'affaire Hirtzel LĂ©vy
    13. Chantre : celui qui chante aux offices religieux
    14. Communes décorées de la Croix de guerre 1914-1918.
    15. Monuments commémoratifs
    16. Les Diables Rouges.
    17. Monument de Lapoutroie. Extrait du L'incorporation de force des jeunes d'Alsace et Moselle
    18. Article franco / welche de Jean Mathieu et Roland Henry sur les coutumes de Lapoutroie
    19. Pays et patois welches.
    20. Archives DĂ©partementales du Haut-Rhin
    21. « Eglise catholique Sainte-Odile », notice no PA00085781, base Mérimée, ministère français de la Culture.
    22. « Eglise paroissiale Sainte-Odile », notice no IA68007377, base Mérimée, ministère français de la Culture.
    23. Paroisse Catholique : Appel aux dons - Église Sainte-Odile (travaux programmés en 2016).
    24. Inventaire de l'orgue de l'Ă©glise Ste-Richarde de Hachimette
    25. Le soutien de la Fondation du patrimoine Ă  la restauration de l'orgue
    26. Restauration et installation d'un orgue Cavaillé-Coll dans l'église de Hachimett
    27. Ste-Odile, orgue de Martin et Joseph Rinckenbach, 1913
    28. Notice no IM68010036, base Palissy, ministère français de la Culture Orgue église paroissiale Sainte-Odile
    29. « Chapelle Saint-Laurent et école », notice no IA68007434, base Mérimée, ministère français de la Culture.
    30. « Champ de bataille de la Tête-des-Faux », notice no PA00085502, base Mérimée, ministère français de la Culture.
    31. Selon Das Reichsland Elsass
    32. Markirch = nom allemand de Sainte-Marie-aux-Mines.
    33. « Eglise Sainte-Richarde », notice no IA68007401, base Mérimée, ministère français de la Culture.
    34. Les comptes de la commune « Copie archivée » (version du 23 mars 2015 sur Internet Archive).
    35. « Répertoire national des élus (RNE) - version du 24 juillet 2020 », sur le portail des données publiques de l'État (consulté le ).
    36. L'organisation du recensement, sur insee.fr.
    37. Calendrier départemental des recensements, sur insee.fr.
    38. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
    39. Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019 et 2020.
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