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Absinthe (spiritueux)

L'absinthe est un ensemble de spiritueux à base de plantes d'absinthe, également appelé « fée verte » ou encore « bleue ». La fabrication, la vente et la consommation de l'absinthe étaient interdites en Suisse de 1910 à 2005 et en France de 1915 à 2011.

Absinthe
La fée verte
Image illustrative de l’article Absinthe (spiritueux)
Verre d'absinthe et une cuillère à absinthe.

Pays d’origine Suisse
Ville d’origine Môtiers
Date de création 1798
Type Boisson spiritueuse
Principaux ingrédients Plantes d'absinthe
Degré d'alcool Entre 40 % et 90 %.
Couleur Verte et blanche en dessous de 45 %

Histoire

Origine

L'origine précise de l'absinthe est incertaine. En Égypte ancienne, l'usage médical d'extraits d'absinthe est mentionné dans le Papyrus Ebers (entre 1600 et 1500 av. J.-C.). Pythagore et Hippocrate (460-377 av. J.-C.) parlent d'alcool d'absinthe et de son action sur la santé, son effet aphrodisiaque et sa stimulation de la création. Les Grecs anciens consommaient du vin aux extraits d'absinthe, absinthites oinos[1]. Le poète latin Lucrèce, au début du livre quatrième de son ouvrage De la nature des Choses, mentionne les vertus thérapeutiques de l'absinthe, que l'on fait boire aux enfants malgré l'amertume du breuvage grâce à un peu de miel au bord d'une coupe. Les décoctions d'absinthe dans le vin ont été recommandées par Hildegarde de Bingen comme vermifuges. Les vins d'absinthe, dans lesquels les feuilles d'absinthe sont fermentées en même temps que les raisins, sont documentés pour le XVIe siècle. Ils avaient la réputation d'être des remèdes particulièrement efficaces pour l'estomac.

Ce n'est que vers la fin du XVIIIe siècle que l'on retrouve la première trace attestée d'absinthe distillée contenant de l'anis vert et du fenouil. La légende veut que ce soit le docteur Pierre Ordinaire (1742-1821)[2] - [3] qui ait inventé la recette vers 1792. Les travaux de Marie-Claude Delahaye[4] et de Benoît Noël ont montré que cette recette devait également beaucoup à une herboriste suisse du canton de Neuchâtel : Henriette Henriod pour M.C. Delahaye ou Suzanne-Marguerite Henriod pour B. Noël. Celle-ci avait mis au point la première recette d'absinthe, qui était un breuvage médicinal. Cette question ne semble toutefois pas définitivement tranchée[5] - [6].

Quoi qu'il en soit, le major Dubied acquiert la recette auprès de la mère Henriod en 1797[7] et ouvre, avec son gendre Henri-Louis Pernod (dont le père est bouilleur de cru), la première distillerie d'absinthe à Couvet[8] en Suisse. On trouve dans le livre de raison de ce dernier la première recette d'absinthe apéritive, datée de 1797. Ils fondent en 1798 la première distillerie, la maison Dubied Père & Fils. En 1805, Henri-Louis Pernod prend ses distances avec son beau-père et monte sa propre distillerie à Pontarlier : Pernod Fils qui deviendra la première marque de spiritueux français[8].

Pendant une trentaine d'annĂ©es, l'absinthe reste une boisson rĂ©gionale essentiellement consommĂ©e dans la rĂ©gion de Pontarlier qui devient la capitale de l'absinthe (en 1900, vingt-cinq distilleries emploieront 3 000 des 8 000 Pontissaliens malgrĂ© la lutte contre l'alcoolisme menĂ©e par le dĂ©putĂ© de la rĂ©gion Philippe Grenier[9]). En 1830, les soldats français colonisent l'AlgĂ©rie et les officiers leur recommandent de diluer quelques gouttes d'absinthe dans l'eau pour faire passer les dĂ©sagrĂ©ments de la malaria et de la dysenterie[10]. Les soldats, Ă  leur retour en France, popularisent cette boisson Ă  travers tout le pays. Titrant 68 Ă  72° dans la bouteille, l'absinthe est alors diluĂ©e dans des verres hauts et larges (Ă  un volume d'absinthe sont ajoutĂ©s six Ă  sept volumes d'eau fraĂ®che versĂ©e goutte Ă  goutte sur un sucre posĂ© sur une cuillère percĂ©e, elle-mĂŞme placĂ©e sur le verre afin d'exhaler ses arĂ´mes) ; d'autres amateurs pratiquent une « purĂ©e » (dilution moindre jusqu'Ă  la boire pure)[5].

Buveurs d'absinthe Ă  Oraison
Distillerie d'absinthe Jules Pernod Ă  Montfavet

Relativement chère au début des années 1850, elle est surtout consommée par la bourgeoisie, devenant la « fée verte[11] des boulevards ». Puis, sa popularité ne cesse de grandir puisqu'en 1870, début de la guerre franco-prussienne, l'absinthe représente 90 % des apéritifs consommés en France[10]. En 1860, à Avignon, Jules-François Pernod fonde la société Jules Pernod, d'abord spécialisée dans l'extraction de la garance, qu'il transforme en 1872 en Société Pernod père et fils, puis à partir de 1884, il se lance dans la distillation de l'extrait d'absinthe dans son usine de Montfavet[12]. La production d'absinthe augmente, entraînant une diminution des prix et une popularité grandissante.

Absinthe supérieure, estampe de Victor Leydet

La pĂ©riode de 1880 Ă  1914, dĂ©but de la Première Guerre mondiale, marque une explosion de la production et une chute drastique des prix. La production française passe de 700 000 litres en 1874 Ă  36 000 000 de litres en 1910[10]. Des absinthes de mauvaise qualitĂ©, surnommĂ©es « sulfates de zinc » en raison de la coloration obtenue grâce Ă  ce composĂ© chimique, prolifèrent[13]. Un verre d'absinthe est alors moins cher qu'un verre de vin.

À cette époque, la Franche-Comté compte à elle seule une cinquantaine de distilleries. Mais aussi Paris (70 distilleries), Bordeaux (environ 50), Marseille (45), Lyon (environ 20), Dijon (environ 10). La France compte alors un millier de marques d'absinthes[14].

Le , l'usine Pernod à Pontarlier prend feu et un employé de l'usine prend l'initiative de vider les cuves d'absinthe dans le Doubs, afin d'éviter qu'elles n'explosent. On raconte que les soldats en garnison à Pontarlier remplissaient leur casque de ce breuvage. Le lendemain, on en retrouvait des traces, à la source de la Loue, ce qui permit de découvrir l'origine de cette rivière, tout en constituant le premier traçage par coloration de l'histoire de l'hydrogéologie[15].

Interdiction

Affiche de Frédéric Christol imprimée en France en 1910. « Omnibus pour Charenton ! Avec correspondance par l'alcool ou directement avec l'absinthe. »
Interdiction à Paris dès août 1914[16].
Affiche critiquant l'interdiction de l'absinthe en Suisse, au début du XXe siècle.

L'absinthe connait un vif succès au XIXe siècle[17], mais elle est accusée de provoquer de graves intoxications (contenant entre autres du méthanol, un alcool neurotoxique), décrites notamment par Émile Zola dans L'Assommoir et ayant probablement alimenté la folie de certains artistes de l'époque (Van Gogh, Toulouse-Lautrec...)[18]. Elle est également connue pour son effet abortif[19].

En Suisse, le 28 aoĂ»t 1905, Lanfray, un ouvrier viticole, tue femme et enfants après s'ĂŞtre saoulĂ© Ă  l'absinthe. L'affaire provoque une Ă©motion considĂ©rable, attisĂ©e par les producteurs de vin romands qui trouvent ici le prĂ©texte parfait pour demander l'interdiction de l'absinthe par votation populaire. Le 5 juillet 1908, le peuple suisse vote sa pĂ©nalisation (63,5% des votants), interdisant « la fabrication, l'importation, le transport, la vente, la dĂ©tention pour la vente de la liqueur dite absinthe dans toute l'Ă©tendue de la ConfĂ©dĂ©ration ». Au moment de l'interdiction, le Val-de-Travers, berceau de l'absinthe, compte 14 distilleries, 200 employĂ©s et plus de 300 000 m2 de cultures d'absinthes[20].

Dès 1875, les ligues antialcooliques (groupĂ©es autour de Louis Pasteur et de Claude Bernard et qui seront Ă  l'origine de l'Association nationale de prĂ©vention en alcoologie et addictologie), les syndicats, l'Église catholique, les mĂ©decins hygiĂ©nistes, la presse, se mobilisent contre « l'absinthe qui rend fou »[21]. En 1906, la ligue nationale française antialcoolique recueille 400 000 signatures dans une pĂ©tition[22]. En 1907, une grande manifestation, Ă  l'instigation du journal Le Matin et soutenue par les ligues antialcooliques, a lieu Ă  Paris. Leur mot d'ordre : « Tous pour le vin, contre l'absinthe ».

L'Académie de médecine crée même le terme « absinthisme » pour désigner un alcoolisme à l'absinthe[20], qui tient compte des nombreux méfaits qui lui sont alors attribués : aliénation mentale, épilepsie, convulsions, paralysies périphériques et même tuberculose[23].

En 1908, le groupe antialcoolique qui s'est constitué au Sénat veut faire voter trois mesures :

  • interdiction de l'absinthe,
  • limitation du nombre des dĂ©bits de boissons,
  • suppression du privilège des bouilleurs de cru.

Ceci conduit à son interdiction dans de nombreux pays : en France, par une disposition préfectorale du prise sous l'autorité de l'état de siège[24] - [25], interdiction qui dure jusqu'au [26] ; en Suisse du au [27], car les ligues de vertu disaient d'elle « qu'elle rend fou et criminel, fait de l'homme une bête et menace l'avenir de notre temps ».

En réalité, il est clairement dit dans le projet d'interdiction de l'absinthe en France que la boisson est interdite pour lutter contre l'alcoolisme.

Buvard publicitaire Pernod père et fils
Facture des Ă©tablissements Pernod

Lorsque la production d'absinthe commence à être la cible d'une vive campagne contre ses méfaits dès 1907, Jules-Félix Pernod a succédé à son père à la tête de l'entreprise familiale. Quand sa production est interdite par une loi du Parlement français votée le [28], il est le premier à se reconvertir en fondant en 1918 la marque « Anis Pernod » qui produira le premier pastis commercialisé[29]. Son usine de Montfavet met aussi en marché d'autres produits anisés ou non comme le « Vin Pernod », le « Kunnel Korta », le « Velours » sans alcool ou toute une gamme d'anis à 30, 32, 35 et 40°[28].

En 1926, les successeurs de Pernod de Pontarlier ayant déposé la marque « Anis Pernod fils », Jules-Félix Pernod dépose une plainte contre eux qu'il argumente ainsi : « Il y a en notre faveur une antériorité indiscutable, l'Anis Pernod ayant été déposé à la fin des hostilités de 1914-1918, alors que la marque Anis Pernod et fils ne l'a été que dans les premiers mois de 1926. Dès l'apparition des produits anisés, nous avons été et restons les premiers dans le monde, les seuls Pernod fabricants d'anis. Nous ajouterons que notre ancien concurrent Pernod fils, dont nous ne contestons nullement l'existence en tant que marque d'absinthe, n'a aucun droit à l'appellation Pernod pour l'anis, le succès de notre marque Pernod a fait et fera des envieux, nous en aurons raison »[28].

Le procès est gagné en première instance et il est fait appel. Jules-Félix Pernod décède en 1928 mais le 4 décembre de cette même année, les deux établissements d'Avignon et de Pontarlier fusionnent pour devenir les « Établissements Pernod »[28].

Après l'interdiction de la fabrication, de la vente et de la consommation de l'absinthe et de ses similaires, d'autres anciennes marques d'absinthes se reconvertissent dans des anisĂ©s sans sucre qui se prĂ©parent comme l'absinthe (l'État autorise en 1920 la prĂ©sence d'anis dans les spiritueux Ă  30° maximum avec un minimum de 200 grammes de sucre et ne devant pas avoir la couleur verte feuille morte qui rappelle l'absinthe). En 1932 (annĂ©e de la libĂ©ralisation des anisĂ©s dont la teneur en sucres est dĂ©rĂ©glementĂ©e, le degrĂ© est relevĂ© Ă  40°, ce qui les fait passer de statut de digestif Ă  celui d'apĂ©ritif), Paul Ricard invente le pastis de Marseille qui est le premier anisĂ© Ă  connaĂ®tre un succès presque Ă©quivalent Ă  celui de l'absinthe. En 1938, les anisĂ©s peuvent titrer 45°, ce qui permet la dissolution dans l'alcool de plus d'huiles essentielles d'anis, ce qui donne alors Ă  cette boisson toute sa saveur[5].

RĂ©tablissement

Le , un décret[30], signé par Michel Rocard, autorise et règlemente la présence de thuyone (principale molécule de l'huile essentielle d'absinthe, présente dans la grande et la petite absinthe) dans les boissons et l'alimentation, ce qui permet techniquement de produire à nouveau de l'absinthe en France. En 1999, la première absinthe française depuis 1915 est produite : la Versinthe verte, qui contient de la grande absinthe. Son apparition et son étiquetage (absinthe) met en évidence un hiatus entre le décret européen de 1988 et l'interdiction de l'absinthe en France de 1915 toujours en vigueur. Plutôt que d'abolir cette loi, le gouvernement pare au plus pressé en votant un aménagement du décret et en attribuant une nouvelle appellation légale à l'absinthe : « spiritueux aromatisé à la plante d'absinthe » et en complétant la règlementation européenne (35 mg/l de thuyone maximum)[31] d'un taux de fenchone et de pinocamphone à ne pas dépasser (respectivement 5 mg/l et 10 mg/l). Depuis le , la distillation de l'absinthe est à nouveau autorisée en Suisse, afin de pouvoir demander une AOC et ainsi protéger l'appellation (à condition, entre autres, que la teneur en thuyone ne dépasse pas 35 mg/l).

En 1999, au Brésil, a été prise par l'entrepreneur Lalo Zanini et légalisé dans la même année, mais a dû s'adapter à la loi brésilienne.

Si, le , le Parlement français abroge une loi interdisant aux producteurs français d'utiliser la dénomination « absinthe », en réaction à une demande d'IGP au profit des seuls producteurs du Val-de-Travers[32], cette indication géographique protégée suisse est confirmée par l'Office fédéral de l'agriculture le 16 août 2012 pour l'« absinthe », la « Fée verte » et « La Bleue », malgré de nombreuses oppositions[33], venant en particulier de la fédération française des spiritueux (FFS) et la Confédération européenne des producteurs de spiritueux qui ont déposé, en septembre de la même année, un recours contre cette décision auprès du Tribunal administratif fédéral[34]. Ce dernier donnera raison aux opposants le , en refusant d'accorder l'IGP au Val-de-Travers[35].

Absinthe aujourd'hui

Dégustation d'absinthes au Concours général agricole de Paris en 2013
Dégustation d'absinthes au Concours général agricole de Paris en 2013, après ajout d'eau fraîche et de glaçons.
Un grand choix de bouteilles d'absinthe.

L'absinthe, comme autrefois, titre entre 45° et 90°. En France, elle est produite notamment à Fougerolles (distillerie Peureux), à Pontarlier (distillerie Pierre Guy de Pontarlier), ville dont elle fit la richesse jusqu'à l'interdiction de 1915, à La Cluse-et-Mijoux (distillerie Les Fils d'Emile Pernod), à Saumur (distillerie Combier), à Rennes (distillerie Awen Nature) et à Vichy (distillerie Muse de France). Une des plus vieilles distilleries de France, la distillerie Cherry Rocher située en Isère, produit également 7 absinthes différentes. Il existe aussi deux distilleries en Provence.

Elle est notamment de nouveau fabriquée au Val-de-Travers (région de Suisse romande) — berceau de l'absinthe — dans une douzaine de distilleries, ainsi qu'à Fenin au Val-de-Ruz (distillerie Larusée).

Deux absinthes : la Nouvelle-Orléans de Ted Breaux fabriquée à la distillerie Combier à Saumur et la suisse Kübler du Val-de-Travers.

Au Val-de-Travers, le village de Môtiers possède une longue tradition de l'absinthe ; en 2014, le canton de Neuchâtel y a inauguré la maison de l'absinthe.

Rituel de préparation

Rituel de l'absinthe, on notera le verre spécifique à dose
Pelles Ă  absinthe.

La préparation de l'absinthe est qualifiée de rituel en raison des nombreux accessoires spécifiques nécessaires à son élaboration ainsi qu'à son aspect codifié.

L'absinthe pure est tout d'abord versée dans un verre spécifique sur lequel on place une cuillère (appelée pelle) à absinthe[36]. On place ensuite sur la cuillère un demi-sucre ou un sucre sur lequel on verse de l'eau glacée au goutte à goutte. Comme le pastis, l'absinthe se dilue dans trois à cinq fois son volume d'eau. Au moment où le tout premier volume d'eau vient « troubler » la liqueur (voir effet Ouzo), une discrète émanation de couleur bleue peut être visible et a été à l'origine de la dénomination La Bleue, l'autre nom vernaculaire donné à l'absinthe. La manière de préparer l'absinthe joue un rôle capital dans son goût final en permettant aux arômes de plantes de se libérer et de prendre de l'ampleur face aux autres arômes[37].

Durant ce processus, les ingrédients non solubles dans l'eau (principalement ceux de l'anis vert ou étoilé, ainsi que le fenouil) forment des émulsions, ce qui trouble l'absinthe[38].

Avec l'accroissement de la popularité de la boisson au XIXe siècle, l'usage de la fontaine à absinthe se répandit. Cette fontaine particulière permet de verser l'eau au goutte à goutte sans avoir à le faire à la carafe, ainsi que de servir un grand nombre de verres à la fois.

Traditionnellement, le sucre ne se brûle pas. Ce n'est qu'en 1990 dans les discothèques tchèques qu'un rituel où le sucre brûlé est apparu, probablement pour attirer l'attention des clients sur cet apéritif[13].

Aujourd'hui, l'absinthe entre Ă©galement dans la composition de nombreux cocktails (comme le Bacardi Recuerdo par exemple).

Production en France

Absente, liqueur d'absinthe.

En 2001, François Guy, 4e génération de la Distillerie Pierre Guy de Pontarlier qui distillait avant l'interdiction, lance la première absinthe distillée et colorée naturellement, redonnant ainsi à l'absinthe de Pontarlier ses lettres de noblesse. Depuis 1921, la distillerie produit également de « l'absinthe sans absinthe », un anis distillé unique : le Pontarlier-Anis.

Consommation en France

La consommation en France Ă©tait[39] :

Année Consommation
(en hectolitres)
18736 713
188449 335
1894125 078
1904207 529
1908310 868
1909350 000 (estimation)

En 1908, la moyenne de la consommation par an et par habitant pouvait dĂ©passer 2 litres[39].

Production en Suisse

Distiller légalement

Depuis le , il est possible de distiller de l'absinthe en Suisse tout Ă  fait lĂ©galement, soit chez un distillateur « Ă  façon » — il en existe 400 en Suisse — soit en demandant une concession Ă  la RĂ©gie fĂ©dĂ©rale des alcools, Ă  Berne. Pour l'obtenir, il faut au moins distiller 500 litres d'alcool Ă  96 % en volume (par annĂ©e), soit près de 950 litres d'absinthe Ă  53 % en volume. La concession n'est pas facilement accordĂ©e, Ă  moins d'entrer dans une coopĂ©rative de distillateurs qui louent ensemble un local pour y installer leurs alambics. Les pĂ©riodes de distillation sont annoncĂ©es Ă  l'inspecteur rĂ©gional de la RĂ©gie fĂ©dĂ©rale des alcools qui « dĂ©plombe » l'alambic et replace une cordelette avec un plomb quand la distillation est terminĂ©e.

Les achats d'alcool sont soumis Ă  une taxe : environ 29 francs suisses par litre d'alcool Ă  96 % en volume. Le distillateur doit remplir une « dĂ©claration de distillation » dans laquelle il indique la quantitĂ© des matières premières (alcool), la quantitĂ© des spiritueux produits (absinthe), et la quantitĂ© des flegmes (produits de tĂŞte et de queue de distillation).

ContrĂ´le de l'absinthe

En Suisse, la personne qui distille et qui veut vendre son produit est soumise Ă  l'auto-contrĂ´le. Elle doit faire dĂ©terminer par un laboratoire spĂ©cialisĂ© (Laboratoire cantonal Ă  Neuchâtel), le taux de thuyone, de fenchone et le pourcentage en volume. L'analyse coĂ»te 350 francs suisses.

Ă€ cela, il faut ajouter une patente cantonale pour la vente du produit, qui coĂ»te une centaine de francs, plus 2 % du chiffre d'affaires prĂ©sumĂ©. Pour vendre dans toute la Suisse, il faut dĂ©bourser plus de 500 francs suisses (environ 460 euros), si les quantitĂ©s vendues hors du canton de production dĂ©passent les 400 litres par annĂ©e.

Cette dernière disposition a été annulée. Précisions de la Régie fédérale des alcools, en Suisse :

L'autorisation fédérale de commerce de détail est annulée à partir du

L'autorisation fédérale pour le commerce de détail sera supprimée avec l'entrée en vigueur de la loi fédérale du sur la suppression et la simplification des procédures d'autorisation. Pour le commerce de détail hors des limites du canton, aucune autorisation fédérale ne sera désormais nécessaire. La patente pour le commerce de détail délivrée par le canton où le commerce a son siège suffira à l'avenir.

L'entrée en vigueur de cette modification a été fixée au .

Production en hausse au Val-de-Travers

Avant la levĂ©e de l'interdiction, la production clandestine d'absinthe au Val-de-Travers Ă©tait estimĂ©e Ă  35 000 litres par annĂ©e.

En 2005, les producteurs — dĂ©clarĂ©s — d'absinthe en Suisse et surtout dans la rĂ©gion du Val-de-Travers auraient produit — selon Marc GilliĂ©ron, de la RĂ©gie fĂ©dĂ©rale des alcools (voir Liens externes en fin d'article) sur les ondes de la Radio suisse romande le — quelque 61 000 litres d'absinthe pure (100 % en volume).

Cette quantitĂ© thĂ©orique d'absinthe a Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©e par les agents de la ConfĂ©dĂ©ration dans les distilleries de l'ensemble de la Suisse, en particulier au Val-de-Travers et au Val-de-Ruz oĂą sont produits 90 % de l'absinthe « suisse ». Une fois rĂ©duite Ă  la teneur alcoolique de mise sur le marchĂ© de l'absinthe (53 % en volume en gĂ©nĂ©ral), cette quantitĂ© donne 115 000 flacons de 1 litre Ă  53 % en volume.

Du pastis sans le savoir

La libĂ©ralisation de l'absinthe en Suisse a dĂ©montrĂ© que les distillateurs clandestins, au fil des dĂ©cennies d'interdiction, s'Ă©taient adaptĂ©s au goĂ»t du consommateur qui veut gĂ©nĂ©ralement une absinthe trouble (comme un pastis, qui n'est que macĂ©rĂ©, rappelons-le), mais forte. LĂ  oĂą Pernod, de Couvet, puis Ă  Pontarlier dès 1805, mettait 30 g Ă  50 g d'absinthe sèche et mondĂ©e par litre d'alcool pur, les distillateurs clandestins Ă©taient descendus Ă  3-g par litre d'alcool. Souvent, l'absinthe sĂ©chĂ©e provient d'herboristeries qui l'achètent en vrac chez des producteurs la faisant pousser en plaine, parfois sous serre.

Avec la libĂ©ralisation de l'absinthe en Suisse, les champs d'absinthe refleurissent au Val-de-Travers. Paradoxalement, l'absinthe fabriquĂ©e lĂ©galement est en gĂ©nĂ©ral beaucoup plus forte (et parfumĂ©e si on la coupe juste au dĂ©but de sa floraison) que l'absinthe clandestine distillĂ©e Ă  partir des plantes obtenues dans les herboristeries. Au point que des absinthes clandestines qui n'affichent que 3-mg de thuyone par litre, sont largement dĂ©passĂ©es par des absinthes lĂ©gales, avec des herbes du Val-de-Travers, dont les taux montent jusqu'Ă  20-25 mg de thuyone par litre d'absinthe (taux maximal lĂ©gal : 35 mg/l).

Production au Canada

En 2012, la Distillerie Fils Du Roy de Paquetville au Nouveau-Brunswick produit une absinthe issue de la distillation de plantes produites dans les jardins mêmes de la distillerie sous le nom de « La courailleuse ». C'est en 2015 qu'une deuxième Distillerie Fils du Roy s'implante à Saint-Arsène au Québec. En 2016, la deuxième distillerie produit leur première absinthe[40].

Recettes

L'absinthe était jadis produite par distillation ou mélange d'essences (esprit d'absinthe), plus rarement par simple macération (teinture ou élixir d'absinthe).

Les absinthes distillées sont produites par une macération des plantes dans l'alcool suivie d'une distillation. Cette méthode de fabrication de l'absinthe est la plus traditionnelle. Elle permet la production d'absinthes à la fois très aromatiques et peu amères.

La technique par mélange d'essences est une technique semi-industrielle qui repose sur une macération et une distillation séparée de chaque plante composant l'absinthe.

Aujourd'hui, la majorité des absinthes sont réalisées par mélange d'essences. De nombreuses absinthes de qualité supérieure sont produites par distillation. On trouve plus fréquemment qu'à la Belle-Époque des absinthes amères simplement macérées puis filtrées, avec ou sans adjonction de sucre.

Le développement de cette technique s'est fait sous l'influence du mode de production d'autres élixirs de plantes comme le pastis, ou le génépi (déjà dit « absinthe des Alpes » par Duplais en 1855).

La prohibition de l'absinthe et l'interdiction de la distillation personnelle ont favorisé la recherche de recettes adaptées à ce mode de fabrication. Peu traditionnelles, les absinthes macérées sont interdites par l'Interprofession de l'absinthe du Val-de-Travers/Suisse. Dans ce pays la macération semble n'être ainsi le fait que de liquoristes clandestins qui ne possèdent pas d'alambic. Ce n'est pas le cas dans d'autres pays, comme la France, où des absinthes macérées originales et de qualité sont aujourd'hui couramment produites et commercialisées.

L'arôme d'un distillat et d'une macération d'absinthe sont très différents. La simple macération tend à produire des absinthes plus amères et plus herbacées que la distillation. Contrairement aux affirmations selon lesquelles la simple macération ne serait pas un procédé de fabrication historique le manuel Roret de 1888 propose une recette de « quintessence d'absinthe » par simple macération.

Les six plantes de base d'une absinthe sont la grande absinthe et la petite absinthe, l'anis vert, le fenouil, la mélisse et l'hysope.

Selon les recettes, d'autres plantes peuvent compléter la recette comme l'angélique, la coriandre, la véronique, le calamus, la menthe... Soit dans le processus de macération (avant distillation), soit dans le processus de coloration (après distillation).

Par distillation

Recette d'un fabricant d'alambics à Môtiers, au Val-de-Travers, aujourd'hui décédé :

  • Mettre dans l'alambic, 15 litres d'alcool pur Ă  95°, 25 litres d'eau et ajouter la blanquette de la cuite prĂ©cĂ©dente (1 litre environ). 3 poignĂ©es de grande et 1 poignĂ©e de petite absinthe, kg d'anis, kg de fenouil, 1 poignĂ©e d'hysope, 1 poignĂ©e de mĂ©lisse, 1 poignĂ©e de menthe.
  • Au dĂ©but de la cuite, on sent très fort l'alcool ; Ă  la fin les odeurs se diversifient. Ă€ ce moment-lĂ , il faut ĂŞtre attentif et goĂ»ter Ă  tout moment la blanquette qui coule blanche parce que l'alcool diminue rapidement. SitĂ´t que le goĂ»t risque de tourner au cachou, il faut retirer le rĂ©cipient mais continuer de distiller et de rĂ©colter tout l'alcool qui reste, parce que ces arrière-goĂ»ts sont nĂ©cessaires Ă  la prochaine cuite donnant Ă  l'absinthe un bouquet complet, harmonieux et veloutĂ©.
  • La qualitĂ© de l'absinthe dĂ©pend beaucoup de la blanquette, si on la laisse trop couler, l'absinthe aura un goĂ»t de cachou. Si on en ajoute trop peu lors de la prochaine cuite, l'absinthe sera fade et insipide.
  • L'eau que l'on ajoute Ă  l'alcool avant la distillation joue un rĂ´le primordial, c'est elle qui relève le parfum des plantes. C'est pourquoi il faut bien en mesurer la quantitĂ©.
  • Pour colorer l'absinthe de manière naturelle, laisser couler l'absinthe au sortir de l'alambic dans une bonbonne qui contient des plantes de petite absinthe, de mĂ©lisse et d'hysope.

Par dissolution d'essence

  • Absinthe ordinaire :
    • Essence de grande absinthe 30 g, essence de badiane 60 g, essence de fenouil doux 10 g, 62 litres d'alcool Ă  85°, 38 litres d'eau produisent 100 litres d'absinthe Ă  53°.
  • Absinthe demi-fine :
    • Essence de grande absinthe 30 g, essence de petite absinthe 10 g, essence de menthe poivrĂ©e g, essence d'hysope g, essence d'angĂ©lique g, essence d'anis 60 g, essence de badiane 30 g, essence de coriandre g, essence de fenouil doux 15 g, 62 litres d'alcool Ă  85°, 38 litres d'eau produisent 100 litres d'absinthe Ă  53°.

Par macération

  • Quintessence d'absinthe (recette du manuel Roret de 1888) :
    • 1 litre d'alcool Ă  60°, 62 g de grande absinthe (sèche), 62 g d'absinthe pontique, g de girofle, 31 g de sucre. Faire macĂ©rer puis filtrer.
  • Élixir d'absinthe :
    • 1 litre d'alcool Ă  90 % non dĂ©naturĂ© ou d'alcool neutre plus faible, 30 g de badiane, 20 g d'absinthe. On ajoute couramment de l'hysope et de la mĂ©lisse. Il est Ă©galement possible d'ajouter de nombreuses plantes et Ă©pices supplĂ©mentaires (angĂ©lique, coriandre, fenouil etc.). L'arĂ´me diffère selon que les plantes employĂ©es sont sèches ou fraiches. Diluer l'alcool Ă  l'eau de source si nĂ©cessaire afin d'obtenir un pourcentage d'alcool correct (entre 40 % et 80 %). Faire macĂ©rer les plantes dans l'alcool puis filtrer. Les plantes peuvent macĂ©rer de 48h Ă  2 mois. Attention l'absinthe ne doit pas macĂ©rer trop longtemps (environ 48h) sous peine de rendre la prĂ©paration trop amère. Pour accentuer la coloration ajouter du cresson durant 24h puis filtrer Ă  nouveau.
  • Pastis Ă  l'Ă©lixir d'absinthe :
    • MĂ©langer Ă  volume Ă©gal le pastis et l'Ă©lixir d'absinthe obtenu par macĂ©ration. Laisser dĂ©canter jusqu'Ă  disparition du trouble.
  • Pastis Ă  la plante d'absinthe :
    • Faire macĂ©rer 10 g d'absinthe dans un litre de pastis durant 48 h, filtrer.

Thuyone

La thuyone est un excitant. Une absinthe lĂ©gale avec 20-25 mg de thuyone est dĂ©jĂ  considĂ©rĂ©e excitante si l'on dĂ©passe les usages indiquĂ©s pour un apĂ©ritif au Val-de-Travers, Ă  savoir une ou deux absinthes bien tassĂ©es avec de l'eau glacĂ©e, et ensuite une « rincette », c'est-Ă -dire une absinthe lĂ©gère avec beaucoup d'eau. Le nom de « Rincette » fut utilisĂ© par la distillerie KĂĽbler, de MĂ´tiers/Val-de-Travers/Suisse, pour distiller une boisson apparentĂ©e Ă  l'absinthe, du temps oĂą celle-ci Ă©tait encore interdite (avant le en Suisse). La « Rincette » est encore distillĂ©e de nos jours, elle titre Ă  45 % en volume.

La thuyone entraîne des risques importants de convulsions mais il n'a pas pu être déterminé que l'absinthe favoriserait les crises d'épilepsie. Les études contemporaines pour déterminer les effets de la thuyone[41] sur le comportement (et aussi celles de la Rutgers University) montrent qu'il faudrait ingérer plusieurs litres d'absinthe pour parvenir à une dose toxique de thuyone. Les effets toxiques seraient alors bien sûr masqués par les effets toxiques de l'alcool seul. De même, le méthanol n'est toléré qu'à très faible dose du fait de ses effets neurotoxiques importants[42].

Il est Ă©galement probable que les effets ressentis par certaines personnes soient dus Ă  d'autres composants que la thuyone seule.

Fenchone

La France, par le décret du 2 novembre 1988, autorisait à nouveau l'absinthe mais limitait la fenchone (une des molécules importantes de l'huile essentielle de fenouil) dont le taux ne devait pas dépasser 5 mg/l. En revanche, le taux de fenchone n'a jamais été limité en Suisse.

Certaines absinthes du Val-de-Travers, dites « suisses » au XIXe siècle, ne pouvaient pas être vendues en France pour cette raison : les graines de fenouil utilisées en Suisse contiennent beaucoup plus de fenchone que le fenouil du sud de la France, avec lesquelles sont produites les absinthes françaises. Il peut s'agir de « cultivars », sortes de fenouils sélectionnés pour leur faible taux en fenchone. Mais il est plus vraisemblable que les distillateurs français utilisent 4 à 5 fois moins de fenouil dans leurs absinthes que les Suisses et autres producteurs d'absinthe en Europe.

Un décret français du [43] a totalement annulé cette limitation, mettant les distillateurs suisses et français sur un pied d'égalité.

Produits dérivés

Avec la libéralisation de l'absinthe une multitude d'artisans et d'industries ont commencé à utiliser cet alcool ou cette plante dans leurs produits. Entre autres :

  • Chocolats : Chocolat Douceur des FĂ©es (Fleurier), Larmes d'Absinthe (Chocolats Villars)
  • Pâtisseries : Macarons (Arnaud Lahrer)
  • Charcuteries : Saucissons, saucisses sèche et terrines (Boucherie Bohren, Couvet)
  • Boissons : Bière aromatisĂ©e (Jenlain), Biscuits, liqueur Ă  base de miel (Au grĂ© des Saveurs, la Chaux-de-Fonds)
  • Divers : CosmĂ©tiques, crème glacĂ©e, etc.

Affiches

Les affiches historiques datant d'avant l'interdiction sont de véritables œuvres d'art, souvent signées par de grands dessinateurs.

  • Absinthe de Pontarlier, par Marcellin Auzolle
    Absinthe de Pontarlier, par Marcellin Auzolle
  • Absinthe Jules Pernod
    Absinthe Jules Pernod
  • Absinthe Paul Beucler par M. Ringel. Distillerie du Mont-Bart, Bart 25 Doubs
    Absinthe Paul Beucler par M. Ringel. Distillerie du Mont-Bart, Bart 25 Doubs
  • Absinthe Robette par Henri Privat-Livemont
    Absinthe Robette par Henri Privat-Livemont
  • Absinthe Rosinette
    Absinthe Rosinette

Dans les arts

Peinture

  • Le Buveur d'absinthe est le titre d'un tableau de Édouard Manet peint entre 1859 et 1872, Ny Carlsberg Glyptothek.
  • L'Absinthe est le titre d'un tableau d'Edgar Degas peint en 1874, MusĂ©e d'Orsay.
  • La Buveuse d'absinthe de FĂ©licien Rops est une aquarelle de 1876, Bibliothèque Royale, Bruxelles.
  • L'Absinthe de Vincent van Gogh est une huile sur toile de 1887, MusĂ©e Van Gogh, Amsterdam.
  • Le buveur d'absinthe est une huile sur toile de Gustave Bourgain exposĂ©e au Salon de 1881, Les PĂŞcheries, MusĂ©e de FĂ©camp
  • L'Absinthe ou Portrait du poète Cornuti est une aquarelle de Pablo Picasso, de 1903, Collection particulière, Paris.
  • Madeleine au moulin de la galette de Ramon Casas est une huile sur toile de 1892, buveuse d'absinthe dans une ginguette de Montmartre, Paris.
  • Jihel de son vrai nom Jacques Lardie auteur de nombreuses planches ayant trait aux artistes et l'absinthe dans une sĂ©rie intitulĂ©e Nos absintheurs traduites en cartes postales satiriques. Également une sĂ©rie de cartes postales sur le rassemblement annuel de Pontarlier (13 dessins connus).
  • Ciment de l'histoire pour des cartes satiriques sur le peintre Delacroix et l'absinthe.

Sculpture

  • Le Verre d'Absinthe par Pablo Picasso, dont il rĂ©alise six exemplaires diffĂ©rents Ă  Paris durant le printemps 1914, dont l'un est aujourd'hui conservĂ© au MoMA Ă  New York, et un autre au Centre Pompidou Ă  Paris.

Littérature

L'absinthe, son rituel, sa socialité, l'addiction à l'absinthe ont fourni un motif littéraire largement exploité :

  • Octave FĂ©rĂ© et Jules Cauvain, Les buveurs d'absinthe, Paris, Librairie centrale, (lire en ligne)
  • Edmond et Jules de Goncourt, SĹ“ur Philomène, Librairie Nouvelle Bourdilliat & Cie, Paris, 1861.
  • Edmond et Jules de Goncourt, Germinie Lacerteux, Gervais Charpentier, Paris, 1865.
  • Émile Zola, Madeleine FĂ©rat, Paris, A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie, 1868.
  • Émile Zola, L'Assommoir, publiĂ© en feuilleton dans Le Bien public (Yves Guyot) et dans La RĂ©publique des Lettres (Catulle Mendès) en 1876, puis chez Georges Charpentier, Paris, 1877.
  • Dans Pour qui sonne le glas d'Ernest Hemingway, 1940, le personnage principal Robert Jordan boit de l'absinthe.
  • Ernest Hemingway Ă©voque Ă©galement l'absinthe dans L'Étrange ContrĂ©e (The Strange Country), nouvelle Ă©crite vers 1950 et dans Le Jardin d'Eden (The Garden of Eden), dont l'action se dĂ©roule en France et en Espagne vers 1927.
  • Marcel Pagnol (souvenirs d'enfance), "Enfants, pour le poète il faudra sans retard, de l'absinthe aux yeux verts prĂ©parer le nectar"

Le nom de l'absinthe a pu servir aussi à l'occasion de nom de couleur, avec une évocation implicite du charme toxique de la liqueur : « Le peintre Poubarbeau développait au sculpteur Boncrévant sa théorie des couleurs, qui mettait celle de l'absinthe en première ligne comme charme des yeux. » (Féré et Cauvain 1865, p. 150) ; « Les gens qui ont l'air de savoir quelque chose appellent ça des bombes au calcium. C'est vert, absinthe exactement. » (André Malraux, L'Espoir[44]).

Chanson

  • Glen Mc Donough, FrappĂ© d'absinthe (1904, in It Happened in Nordland), comĂ©die musicale (musique de Victor Herbert). Chanson interprĂ©tĂ©e par Harry Davenport.
  • Le groupe Naked City a publiĂ© en 1993 un album nommĂ© Absinthe.
  • Le chanteur Mayer Hawthorne dans son titre Green Eyed Love associe les effets de l'absinthe aux vertiges de l'amour.
  • La chanson La FĂ©e Verte (The Green Fairy) du quatrième} album Velociraptor! du groupe anglais Kasabian fait rĂ©fĂ©rence Ă  cette boisson[45].
  • Barbara chante l'Absinthe (1972).
  • Damien Saez chante Dans le bleu de l'absinthe dans l'album Debbie.
  • Un groupe de musique se nomme Absynthe Minded.
  • Stanislas chante L'Absinthe pour l'Absent dans l'album L'Équilibre Instable, sorti en 2009.
  • FĂ©e Verte, chanson de l'artiste franc-comtois Billy Fumey prĂ©sente dans l'album UTINAM, sorti en 2012.
  • Absinth with Faust est une chanson de Cradle of Filth dans l'album Nymphetamine.
  • Le groupe Ghost Ă©voque l'absinthe dans la chanson Spirit de l'album Meliora.
  • Nine Inch Nails, avec son titre "The Perfect Drug" et son clip vidĂ©o faisant clairement rĂ©fĂ©rence Ă  L'absinthe.
  • Seth Gueko Ă©voque l'absinthe dans la chanson Val d'oseil en 2015.
  • Eddy de Pretto : « J'ai mĂŞme bu Ă  outrance toute l'absinthe de tes potes », dans la chanson FĂŞte de trop, sortie en 2017.
  • Lomepal : "cinq verres d'absinthe", dans la chanson Montfermeil, sortie en 2019.

Poésie

  • Marie Corelli, Je suis la fĂ©e verte, dans le roman Wormwood, un drame de Paris, 1890.
  • Charles Cros, Lendemain, 1873.
  • Ernest Dowson, Absinthia Taetra, 1897.
  • Le poème Ode Ă  l'absinthe (trouvĂ© vers 1906) est attribuĂ© Ă  Alfred de Musset.
  • Daniel Fallstrom, Absinthe, 1903.
  • Gustave Kahn, Absinthe, mère des bonheurs..., La revue moderne et naturaliste, 1879.
  • Raoul Ponchon, L'Absinthe et le Cobaye, Five o'clock Absinthe (1920, in La Muse au cabaret. Ce poème, Ă©crit en français, a ensuite Ă©tĂ© traduit en anglais), L'Absinthe du mort, La Mort de Pelloquet (1906), Sonnet de l'Absinthe (1886, in Le Courrier Français).
  • August Strindberg, Coucher de soleil sur l'ocĂ©an (1873), L'ÉtĂ© indien (1883).
  • Octave FĂ©rĂ© et Jules Cauvain, La Chanson de l'Absinthe dans le roman Les buveurs d'absinthe, 1864.
  • Antoni Deschamps, Adversus Absynthium (Ă€ l'encontre de l'absinthe), 1847.

Cinéma

  • Dans le film Rimbaud Verlaine, Verlaine boit très souvent des verres d'absinthes distillĂ©es.
  • Dans le film French Cancan, on peut voir le personnage de Jean Gabin boire une absinthe.
  • Dans Dracula (1992) de Francis Ford Coppola : Dracula (Gary Oldman) sert un verre d'absinthe Ă  Mina (Winona Ryder) et y trempe un sucre. Il parle de FĂ©e verte.
  • Dans le film Moulin Rouge (2001) : l'absinthe est la boisson favorite des acteurs de « Spectacular ! Spectacular ! ». Ewan McGregor en boit Ă  plusieurs reprises. La FĂ©e verte, interprĂ©tĂ©e par Kylie Minogue, reprĂ©sente l'absinthe.
  • Dans le film From Hell (2001) : Johnny Depp dans le rĂ´le de l'inspecteur visionnaire, boit l'absinthe mĂ©langĂ©e Ă  du laudanum.
  • Dans le film Van Helsing (2004) : Quand le chasseur de monstres Gabriel Van Helsing et la princesse Anna se rĂ©fugient sous le vieux moulin, ils trouvent des caisses d'absinthe dont ils boivent une bouteille, mais toutefois ils ne la distillent pas.

Télévision

  • Dans la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e R.I.S Police scientifique, saison 5 Ă©pisodes 1 et 2 (Mise Ă  l'Ă©preuve, partie 1 et 2) : Virgile Jaugaret meurt Ă  cause de ses recherches sur l'absinthe après avoir dĂ©couvert l'absinthe « vĂ©ritable ».
  • Dans la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Highlander, saison 1 Ă©pisode 14 : Duncan McLeod combat un immortel assassin ayant un penchant très prononcĂ© pour l'absinthe, considĂ©rĂ©e par un des personnages secondaires de l'Ă©pisode comme une boisson « rendant fou ». L'absinthe sert de fil conducteur durant tout l'Ă©pisode, amenant notamment Ă  une distillerie clandestine permettant Ă  McLeod de localiser son adversaire.
  • Dans l'Ă©mission tĂ©lĂ©visĂ©e Quelle aventure ! sur la Belle Époque, Fred rencontre Toulouse-Lautrec qui lui explique ce qu'est l'absinthe.
  • Dans l'Ă©pisode « Demi-monde » (saison 1, Ă©pisode 4) de la sĂ©rie Penny Dreadful, Dorian prĂ©pare une absinthe Ă  l'aide d'une « fontaine Ă  absinthe ».
  • Dans la sĂ©rie American Horror story saison 5 Ă©pisode 4 le propriĂ©taire de l'hĂ´tel sert un verre d'absinthe Ă  ses invitĂ©s Ă  l'occasion d'Halloween.
  • Dans la sĂ©rie animĂ© BoJack Horseman saison 1 Ă©pisode 6 BoJack veut oublier ses problème et demande au barman de lui servir un alcool fort, lui proposant d'abord du cyanure qu'il refusa, boisson jugĂ© trop forte ; Puis de la Vodka, jugĂ© boisson des adolescents; Pour qu'enfin il accepte de boire de l'Absinthe.
  • Dans la sĂ©rie animĂ© The Midnight Gospel, Le prĂ©sident parle des substances et ses utilisations Bonne ou mauvaise, d'oĂą dit-il « Pour quelqu'un qui fait la fĂŞte, qui boit de L'absinthe puis qui doit conduire après pour rentrer » mauvaise idĂ©e.

Jeux vidéo

  • Dans le jeu d'aventure Les Chevaliers de Baphomet un ex-gendarme, assis Ă  la terrasse du cafĂ© de Montfaucon, boit en cachette de l'absinthe dans une flasque. Après lui avoir volĂ© sa flasque, l'absinthe est utilisĂ©e pour plonger un client d'une galerie d'art dans un coma Ă©thylique.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • BenoĂ®t NoĂ«l : "Alfred Jarry Ă©cartelĂ© entre l'Étoile-Absinthe et L'Étoile de Pierre", in L'Étoile-Absinthe, TournĂ©e 134, 2015, Tusson (Charente), Du LĂ©rot.
  • Pierre Chevrier et Pierre-Michel Delessert, 100 eaux-de-vie, liqueurs et spiritueux extraordinaires, Issy-les-Moulineaux, GlĂ©nat, 2015.
  • Matthieu FrĂ©con, L'Alambic - L'Art de la Distillation : Alcools, Parfums, MĂ©decine, Genève, Ambre, 2015 et 2018.
  • Pierre Dornier, Philippe Del Fiol et Laurent Cheviet, Pontarlier Anis - Un siècle d'histoire de la Distillerie Guy, Pontarlier, Éditions du BelvĂ©dère, 2015.
  • BenoĂ®t NoĂ«l : "Profils mĂ©connus de Paul Verlaine", in Histoires LittĂ©raires, no 59-60, juillet-dĂ©cembre 2014, Tusson (Charente), Du LĂ©rot.
  • Scott B. MacDonald, Absinthe Antiques - A Collection from La Belle Époque - Revised edition, Infinity Publishing, Chez l'auteur, 2013.
  • AndrĂ© DominĂ©, Barbara E. Euler, Wolfgang Fassbender et Armin Faber, EncyclopĂ©die des alcools & spiritueux - Le livre du bar et des cocktails, Königswinter, Könemann, 2013.
  • Marie-Claude Delahaye, L'Absinthe - Les Pyrogènes, MusĂ©e de L'Absinthe, Auvers-sur-Oise, 2013.
  • BenoĂ®t NoĂ«l : "L'absinthe de Winona Ryder Ă  Dita Von Teese", in Actes 16e Colloque des Invalides - Alcools, Tusson (Charente), Du LĂ©rot, 2013.
  • BenoĂ®t NoĂ«l : "Ernest Hemingway et l'absinthe, une occurrence nĂ©gligĂ©e", Le Magazine des Livres, no 34, fĂ©vrier-mars-avril 2012.
  • Taras Grescoe, Le pique-nique du diable - Un tour du monde des fruits dĂ©fendus, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 2011.
  • Jean-Jacques Pitavy, Distillation et distilleries : Haute-SaĂ´ne, VallĂ©e de la Loue, Haut-Doubs, Val-de-Travers, Échevannes (Doubs), Chez l'Auteur, 2011.
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  • Arnaud Van De Casteele, Une cuillère et des trous in Gusto no 5, Paris, Ă©ditions Asa, 2008.
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  • Marie-Claude Delahaye, L'Absinthe - Les Cuillères, MusĂ©e de L'Absinthe, Auvers-sur-Oise, 2001.
  • BenoĂ®t NoĂ«l, Un mythe toujours vert, l'absinthe, Paris, Éditions de l'Esprit Frappeur, 2000.
  • BenoĂ®t NoĂ«l, Absinthe Revival, Revue StupĂ©fiant! - La planète psychoactive, no 1, Ă©tĂ© 1999.
  • Marie-Claude Delahaye et BenoĂ®t NoĂ«l, Absinthe - Muse des peintres, Paris, Éditions de l'Amateur, 1999.
  • Pierre-AndrĂ© Delachaux, L'Absinthe - arĂ´me d'apocalypse, Gilles Attinger, Hauterive (Suisse), 1991.
  • Marc Maynègre, De la Porte Limbert au Portail Peint, histoire et anecdotes d'un vieux quartier d'Avignon, Sorgues, 1991 (ISBN 2950554903).
  • Marie-Claude Delahaye, L'Absinthe, art et histoire, Paris, Trame Way, 1990 (ISBN 2908128225).
  • Georges Droz, L'Absinthe... liaison dangereuse (PrĂ©face de Pierre Bichet), Fleurier-Paris, Éditions de l'Alambic, 1987.
  • Marie-Claude Delahaye, L'Absinthe, histoire de la FĂ©e verte, Paris, Berger-Levrault, 1983 (rĂ©Ă©dition en 1987)[46] - [47] (ISBN 2701305322).
  • Georges Droz, Feu... l'absinthe (PrĂ©face de Robert Fernier), Moutier (Suisse), Éditions de la PrĂ©vĂ´tĂ©, 1973.
  • Edmond Couleru - PrĂ©face d'Yves Guyot, Au pays de l'absinthe, y est-on plus criminel qu'ailleurs ou moins sain de corps et d'esprit ? Un peu de statistique, s.v.p..., SociĂ©tĂ© Anonyme d'Impression MontbĂ©liardaise, 1908[48] - [49].
  • [Galtier-Boissière 1909] Galtier-Boissière, « Absinthe », Larousse mensuel illustrĂ©, vol. 1, no 32,‎ , p. 549-550 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

Liens externes

Notes et références

  1. ApsinthitĂŞs oinos: Henry George Liddell, Robert Scott, A Greek-English Lexicon
  2. Jean-Noël Jeanneney, « L'absinthe et la bière », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Conférence de Marc Maynègre à L'Académie de Beaumes de Venise, « La saga des Pernod no 1 », (consulté le )
  4. « Marie-Claude Delahaye, L'Absinthe, son histoire, Musée de l'Absinthe, Auvers-sur-Oise, septembre 2001 et Benoît Noël, L'Absinthe, une fée franco-suisse, Yens-sur-Morge, Cabedita, février 2001. » (consulté le )
  5. Marie-Claude Delahaye, « Absinthe et pastis », émission La Marche de l'Histoire, 30 mars 2012 (écouter en ligne)
  6. Benoît Noël, « Libelle en faveur de l'érection d'une statue de la Mère Henriod à Couvet », in Bulletin de la 8e Fête de l'Absinthe de Boveresse, juin 2005.
  7. Histoire de l'absinthe Histoire de l'absinthe
  8. L'Heure Verte Absinthe - Histoire Historique de la boisson
  9. Documentaire « La fée verte et le burnous. Philippe Grenier, de Blida à Pontarlier », d'Anaïs Kien et Véronique Samouiloff, émission La Fabrique de l'histoire, 20 mars 2012.
  10. Musee Virtuel de l'Absinthe - Le Monde des Antiquites d'Absinthe musée absinthe
  11. La couleur propre de l'absinthe à la fin de la distillation est blanche mais c'est la chlorophylle de la petite absinthe et de l'hysope macérés qui lui donnent sa teinte verte.
  12. Marc Maynègre, op. cit., p. 56 et 58.
  13. « Vert d'Absinthe - » [archive].
  14. « Naissance de l'absinthe, d'élixir médicinal à apéritif populaire », sur AbsintheMarket (consulté le ).
  15. L'absinthe - Incendie des usines Pernod à Pontarlier - Racines Comtoises Un site sur le patrimoine de Franche-Comté
  16. L'Écho de Paris, 16 août 1914, page 1, 4e colonne.
  17. En 1900, l'absinthe a conquis la France : 25 distilleries dans la rĂ©gion de Pontarlier, soit 151 alambics et une production annuelle de 30 millions de litres. Dans tous les cafĂ©s français le rituel de la fĂ©e verte fait fureur. Chacun verse de l'eau, goutte-Ă -goutte, sur un sucre posĂ© sur une cuillère (appelĂ©e pelle) en Ă©quilibre au-dessus du verre
  18. « http://www.oxygenee.com/absinthe-faq/faq4.html »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
  19. Thérèse Jamin et Florence Loriaux, « La faiseuse d'anges et l'évolution des pratiques d'avortement », sur Histoire sociale et politique de la Haute Ecole Mosane d'Enseignement supérieur (consulté le ).
    Page réalisée à partir des travaux de Michèle Decors et Emilie Lamouline.
  20. « L'interdiction de l'absinthe en Suisse et en France », sur AbsintheMarket (consulté le )
  21. « Savez-vous que boit cet homme dans ce verre qui vacille en sa main tremblante d'ivresse ? Il boit les larmes, le sang, la vie de sa femme et de ses enfants. »
  22. On y trouve au bas : « L'absinthe rend fou et criminel, provoque l'épilepsie et la tuberculose, elle tue chaque année des milliers de Français. Elle fait de l'homme une bête féroce, de la femme une martyre, de l'enfant un dégénéré, elle désorganise et ruine la famille et ainsi l'avenir du pays ».
  23. « La thuyone : la molécule de l'absinthe rend-elle fou ? », sur AbsintheMarket (consulté le )
  24. Joseph Barthélémy, « Notes de droit public sur le droit public en temps de guerre », Revue du droit public et de la science politique en France et à l'Étranger, 1915, p. 137-138, accessible sur Gallica: URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343491628/date
  25. Loi du 16 mars 1915 relative à l'interdiction de la fabrication, de la vente en gros et au détail, ainsi que de la circulation de l'absinthe et des liqueurs similaires
  26. LOI no 2011-525 du 17 mai 2011 de simplification et d'amélioration de la qualité du droit, article 175 : abrogation en France de l'interdiction de l'absinthe
  27. Voir : Initiative populaire « Interdiction de l'absinthe et révision correspondante de l'article 31b »
  28. Marc Maynègre, op. cit., p. 61.
  29. Avignon Culture et Histoire
  30. Décret no 88-1024 du 2 novembre 1988 portant application de la loi du 16 mars 1915 relative à l'interdiction de l'absinthe et des liqueurs similaires, fixant les caractères des liqueurs similaires de l'absinthe
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