Bataille de la Ghouta orientale
La bataille de la Ghouta orientale se déroule entre 2012 et 2018 pendant la guerre civile syrienne. Elle débute à l'été 2012 aprÚs la défaite des rebelles à la bataille de Damas et l'échec de leur offensive visant à prendre le contrÎle de la capitale. Les combats se poursuivent alors aux alentours de Damas, dans les quartiers périphériques, les villes et les villages de la Ghouta. En 2013, les rebelles se retrouvent encerclés dans plusieurs poches : la principale se situant à l'est avec la ville de Douma et les quartiers de Qaboun, Barzeh et Jobar (en). Au sud, les insurgés résistent principalement dans les quartiers de Qadam, Beit Sahem et Yalda et dans les villes de Daraya, Yarmouk (ville), Al-Hajar al-Aswad et de Mouadamiyat al-Cham.
Date |
â (5 ans, 9 mois et 17 jours) |
---|---|
Lieu | Damas et Ghouta |
Issue | Victoire des loyalistes |
RĂ©publique arabe syrienne
Division des Fatimides ⹠Organisation Badr ⹠Brigade Abou al-Fadl al-Abbas ⹠Harakat Hezbollah al-Nujaba ⹠Saraya al-Khorasani ⹠Liwa Zulfikar FPLP-CG Fatah al-Intifada Iran Russie | Jaych al-Islam Armée syrienne libre
Front al-Nosra Front Fatah al-Cham Hayat Tahrir al-Cham Ahrar al-Cham âą Liwa Fajr al-Oumma âą Aknaf Beit al-Maqdess | Ătat islamique |
Bachar el-Assad Maher el-Assad Issam Zahreddine Souheil al-Hassan Ali Smender â Ahmed Jibril | Zahran Allouche â Abou Himam al-Buwaydani Abed al-Naser Shmer Abou Mohammed al-Fateh Khaled al-Haboush | inconnu |
70 000 hommes[1] (en 2013) | 20 000 hommes[2] (en 2018) | 3 000 hommes[3] (en 2016) 1 000 hommes[4] (en 2018) |
Batailles
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- Opérations aériennes de la coalition
- Intervention de la Russie
- Opération Inherent Resolve
- Opération Chammal
- Opération Impact
- Bombardement de la base aérienne d'Al-Chaayrate
- Bombardements de Barzé et de Him Shinshar
CoordonnĂ©es | 33° 30âČ 24âł nord, 36° 19âČ 28âł est |
---|
Plusieurs groupes rebelles participent aux combats : le plus puissant dans le gouvernorat de Rif Dimachq Ă©tant le mouvement salafiste Jaych al-Islam, dirigĂ© par Zahran Allouche, mais des groupes affiliĂ©s Ă l'ArmĂ©e syrienne libre comme Faylaq al-Rahmane, le Liwa Shuhada al-Islam et Faylaq al-Cham sont Ă©galement prĂ©sents, ainsi que les salafistes d'Ahrar al-Cham, l'Union islamique Ajnad al-Cham et les djihadistes du Front al-Nosra, qui se rebaptise Front Fatah al-Cham en 2016, puis se fond dans le Hayat Tahrir al-Cham Ă partir de 2017. Le rĂ©gime syrien conserve quant Ă lui plusieurs de ses forces d'Ă©lite dans la capitale, avec notamment des Ă©lĂ©ments de la 4e division blindĂ©e et la Garde rĂ©publicaine. Il est Ă©galement renforcĂ©, dĂšs le dĂ©but du conflit, par de nombreuses milices islamistes chiites pro-iraniennes venues d'Irak, du Liban, d'Iran, d'Afghanistan et du Pakistan, invoquant la protection de la mosquĂ©e de Sayyida Zeinab, un haut lieu de pĂšlerinage chiite au sud-est de Damas, pour justifier leur intervention aux cĂŽtĂ©s des forces de Bachar el-Assad. L'Ătat islamique fait son apparition dans la Ghouta en 2013 et entre en conflit avec les rebelles en juillet 2014. ChassĂ© de l'est de la Ghouta, il s'implante au sud en s'emparant du quartier de Hajar al-Aswad en juillet 2014, puis du quartier de Yarmouk en avril 2015.
Pris en Ă©tau, les rebelles perdent progressivement du terrain. La ville de Daraya est reprise par le rĂ©gime en aoĂ»t 2016, suivie par celle de Mouadamiyat al-Cham en octobre 2016. Les quartiers de BarzĂ© et Qaboun tombent Ă leur tour en mars 2017. De fĂ©vrier Ă avril 2018, une vaste offensive permet finalement au rĂ©gime syrien de reprendre la plus importante poche rebelle dans la Ghouta orientale, comprenant principalement les villes et quartiers de Douma, Arbine, Zamalka (en), AĂŻn Tarma (en) et Jobar (en). Fin mars et dĂ©but avril 2018, les rebelles de Jaych al-Islam, Faylaq al-Rahmane, Ahrar al-Cham et Hayat Tahrir al-Cham capitulent et sont Ă©vacuĂ©s avec des dizaines de milliers de civils vers le nord-ouest de la Syrie. Les derniers rebelles, retranchĂ©s dans les quartiers de Yalda, Bab Bila et Beit Sahem, quittent Damas le 10 mai. La derniĂšre poche de la Ghouta, tenue par l'Ătat islamique Ă Yarmouk et Hajar al-Aswad, au sud de Damas, est le thĂ©Ăątre de combats jusqu'au 19 mai. AprĂšs la conclusion d'un dernier accord et l'Ă©vacuation des djihadistes, Damas et sa rĂ©gion repassent entiĂšrement sous le contrĂŽle du rĂ©gime syrien le 21 mai, au terme de six annĂ©es de combats, la destruction de quartiers entiers, et plusieurs dizaines de milliers de morts.
Prélude
Le , l'Armée syrienne libre tente de remporter un coup décisif en lançant une offensive sur la capitale, Damas[10]. Cependant l'opération est un échec : le régime résiste et organise une contre-offensive qui chasse les rebelles du centre de la capitale le 4 août[11]. Les combats se déplacent alors en périphérie, dans la Ghouta.
DĂ©roulement
Combats dans la Ghouta en 2012
- Zone contrÎlée par le régime syrien et ses alliés
- Zone contrÎlée par les rebelles
- Zone contestée
Les combats se poursuivent entre les loyalistes et les rebelles aux abords de Damas[12] - [13].
Du 25 juillet au 17 août est lancé la Bataille d'al-Tel, qui voit la victoire de l'armée syrienne. Le 13 août, l'armée bombarde les quartiers et localités d'Assali, Nahr Aïché, Qadam, Arbine, et Artouz, autour de Damas[14].
Le 20 septembre, un hélicoptÚre est abattu par les rebelles au-dessus de Douma et un autre est abattu le 5 octobre dans la banlieue est de Damas[15] - [16].
Le 30 octobre 2012, un avion du régime syrien bombarde le quartier de Jobar, toujours tenu par les rebelles à l'est de Damas. Il s'agit alors du premier bombardement aérien du conflit sur la capitale[17] - [18].
DĂ©but novembre, les loyalistes pilonnent Daraya et Mouadamiyat al-Cham[19]. Le 19 novembre, deux groupes rebelles islamistes, Ansar al-Islam et les Brigades Jund Allah, affirment s'ĂȘtre emparĂ© d'une caserne de l'armĂ©e de l'air dans le quartier d'Hajar al-Aswad[20]. La nuit du 23 au 24 novembre, des combats ont lieu au sud de Damas dans les quartiers de Qadam et Tadamon, qui sont bombardĂ©s[21].
Le 25 novembre 2012, les rebelles s'emparent de l'aĂ©roport militaire de Marj al-Sultan, Ă 15 kilomĂštres Ă l'est de Damas, au terme de combats ayant fait plus de 16 morts chez les loyalistes et 31 tuĂ©s du cĂŽtĂ© des insurgĂ©s[22] - [13]. Le mĂȘme jour, les rebelles s'emparent Ă©galement d'un camp du Front populaire de libĂ©ration de la Palestine-Commandement gĂ©nĂ©ral (FPLP-CG) Ă al-Rayhane, prĂšs de Douma[13].
Le 29 novembre, les rebelles coupent la route menant à l'aéroport international de Damas, au sud-est de la capitale, et tirent des obus de mortier sur la piste de l'aéroport[23]. L'armée syrienne lance alors dans la soirée une offensive à l'est de Damas, et notamment le long de la route de l'aéroport[24] - [23]. Les loyalistes visent également les villes d'Harasta et Douma, tandis que des combats ont aussi lieu dans les quartiers de Bab Bila et de Tadamon, au sud de la ville[23]. Les combats aux abords de l'aéroport s'achÚvent le 30 novembre à l'aube à l'avantage des loyalistes ; la route de l'aéroport est alors rouverte[25].
DĂ©but du siĂšge de Yarmouk
En aoĂ»t 2012, les combats Ă©clatent dans le quartier de Yarmouk, un ancien camp de rĂ©fugiĂ©s palestiniens administrĂ© par l'UNRWA[26] - [27] - [28]. Les Palestiniens se dĂ©chirent entre ceux qui soutiennent le rĂ©gime â avec le Front populaire de libĂ©ration de la Palestine-Commandement gĂ©nĂ©ral (FPLP-CG) â et ceux qui soutiennent la rĂ©bellion â avec notamment Aknaf Beit al-Maqdess, un groupe proche du Hamas, et le Liwa al-Assifa[26] - [29].
En décembre 2012, les combats tournent à l'avantage des rebelles qui chassent le FPLP-CG de Yarmouk[30] - [26]. Le 16 décembre, Yarmouk est bombardé pour la premiÚre fois depuis le début du conflit, ce qui provoque l'exode de la trÚs grande majorité des habitants[30] - [31] - [27]. Le quartier est ensuite assiégé par les loyalistes[32] - [26] - [33]. Les habitants vivent dans des conditions trÚs dures : entre début 2013 et avril 2015, 170 à 200 personnes meurent de malnutrition et d'absence de médicaments selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH)[32] - [26] - [34] - [35] - [36] - [29].
Offensive rebelle de février 2013
Le , les rebelles lancent une grande attaque, surnommée « bataille de l'Armageddon » contre les troupes loyalistes défendant Damas. Ils entrent dans le district damascÚne de Jobar (en). Ces derniers effectuent également des attaques sur Adra au nord-est de la capitale[37] - [38] - [39]. Les combats touchent les quartiers de Jobar, Qaboun et Tadamon[40]. Le 7 février, les bombardements loyalistes sont alors les plus intenses depuis des mois à Damas[40].
Le , l'opposition s'empare d'un autre point de contrÎle de l'armée syrienne dans le district de Jobar bien que l'OSDH affirme que les combats pour l'autoroute continuent et que les forces gouvernementales ont repris le secteur aprÚs avoir bombardé les positions rebelles[41].
Le , les rebelles déploient des camions chargés de canons anti-aériens dans le district de Jobar afin de consolider leurs progrÚs réalisés dans le quartier Est de Damas[42]. Le , un Scud syrien touche le centre de commandement de la brigade insurgée Liwa al-Islam[43] à Douma, blessant son commandant, Cheikh Zahran Allouche et tuant d'autres rebelles[44].
Le , trois attentats à la voiture piégée visent des cibles de l'armée dans le quartier Barzeh de Damas. L'OSDH affirme que 22 personnes, pour la plupart des soldats, ont été tuées[45]. Le lendemain, un nouvel attentat fait au moins 83 morts à Damas. Les séries d'attentats meurtriers qui frappent la Syrie depuis le début de l'année 2013 sont revendiqués pour la plupart par le Front al-Nosra[46].
Le 27 février, l'OSDH affirme que les rebelles ont tiré plusieurs obus de mortier sur le département militaire, judiciaire et de littérature de l'université de Damas.
Le , des combats sont signalés à Daraya entre l'armée et les rebelles aprÚs que ces derniers eurent pris en embuscade une colonne syrienne tentant de pénétrer dans la ville[47]. Le , des tirs de roquette rebelles touchent les quartiers-généraux de l'armée syrienne, à Damas[48]. Le , trente déserteurs sont tués prÚs de Damas, dans une embuscade loyaliste alors qu'ils tentaient de rejoindre l'est de Ghouta sous contrÎle rebelle[49].
Le , les rebelles attaquent au mortier le palais prĂ©sidentiel et l'aĂ©roport international de la capitale. Il n'y a aucune certitude qu'il y ait eu des pertes parmi les rangs de l'armĂ©e loyaliste[50]. Le , les insurgĂ©s lancent l'un des bombardements les plus importants du centre de Damas depuis le dĂ©but du conflit. Des mortiers touchent la place Ummayad, les quartiers-gĂ©nĂ©raux du Parti Baas, les services de renseignement de l'armĂ©e de l'air et la tĂ©lĂ©vision d'Ătat, progressant dans le district de Kafr Sousa[51]. Le , des tirs de mortiers rebelles touchent l'universitĂ© de Damas, tuant 15 Ă©tudiants et en blessant 7 autres[52].
Encerclement de la Ghouta orientale, Ă partir d'avril 2013
Le , l'armée syrienne, soutenue par ses chars, lance une contre-offensive à l'Est de Damas. Elle s'empare d'Otaybah et encercle alors la poche tenue par les rebelles dans la Ghouta orientale[53] - [54].
Le , au moins vingt personnes sont tuĂ©es dans des raids aĂ©riens et des barrages d'artillerie gouvernementaux au nord-est de Damas. Les rebelles se regroupent dans les quartiers de Qaboun et Barzeh afin de limiter le risque d'ĂȘtre exposĂ©s Ă d'Ă©ventuelles armes chimiques et ainsi combattre les forces gouvernementales dans des combats rapprochĂ©s[55].
Le , au moins 41 civils sont exĂ©cutĂ©es par balles Ă Tadamon, dans la banlieue de Damas, par la branche 227 du service de renseignement militaire syrien. Une vidĂ©o diffusĂ©e en 2022 par un dĂ©serteur montre les prisonniers, les yeux bandĂ©s, contraints de courir puis de chuter un par un dans une fosse, oĂč ils sont mitraillĂ©s. Les corps sont ensuite brĂ»lĂ©s[56].
Le , aprĂšs cinq jours de combats et entre cent et 250 morts, les loyalistes prennent la ville de Jdeidet al-Fadl, dans le sud-ouest de Damas[57] - [58].
Le , l'armée syrienne reprend le village d'Otaiba à l'est de Damas, qui était occupé depuis huit mois par les rebelles. Les loyalistes reprennent aussi plusieurs villages prÚs de la frontiÚre libanaise. Les rebelles, qui commencent à reculer, accusent le Hezbollah libanais d'envoyer des « troupes d'élite » afin de soutenir al-Assad[59].
Le , un avion israélien exécute un survol du palais présidentiel à Damas. Selon l'ASL, il vient d'attaquer un centre de recherche d'armes chimiques, prÚs de Damas[60].
Le , le Premier ministre syrien Wael al-Halki échappe de peu à une tentative d'assassinat : sa voiture a été la cible d'un attentat à la bombe dans le district de Mazzeh à Damas[61]. Le 30 avril, une bombe explose dans le centre-ville de Damas, tuant au moins 13 personnes[62].
Le , ce sont six attaques aériennes israéliennes qui sont menées contre des cibles militaires dans la région de Damas. Israël a aussi lancé des roquettes sur le centre de recherches de Jamraya (nord de Damas) que son aviation avait déjà attaqué le 29 janvier 2013. Une quinzaine de soldats syriens ont été tués[63] - [64] - [65]. Le , un journaliste du journal français Le Monde écrit que les forces de Bachar el-Assad auraient utilisé des armes chimiques dans la région de la capitale[66].
Le 28 mai, une offensive loyaliste est lancée sur le quartier de Barzé[67]. L'armée avance de 400 mÚtres dans le nord-ouest de Barzé, non loin de l'hÎpital militaire de Techrine[67].
Début juin, des combats intenses ont lieu dans le quartier de Jobar[68]. Le 2 juin, un attentat à la voiture piégée à Jobar, tue au moins neuf policiers et blesse des civils[68] - [69]. Le , vingt-sept rebelles sont tués dans une embuscade tendue par l'armée dans l'est du district de Ghouta alors qu'ils tentaient de percer le blocus militaire; ceci afin de permettre l'arrivée de renforts et d'approvisionnements[70].
Le , la tĂ©lĂ©vision d'Ătat syrienne indique que l'armĂ©e a repris Ahmadiyeh dans la banlieue de Damas[71]. Trois jours plus tard, l'armĂ©e syrienne lance vainement des opĂ©rations militaires afin de reprendre le district de Qaboun[72].
Le , le Hezbollah et l'armĂ©e loyaliste livrent bataille aux rebelles prĂšs de l'hĂŽpital de Khomeini. Le lendemain, les forces gouvernementales continuent leur progression. Ils reprennent du terrain en s'emparant de plusieurs villages prĂšs de Damas. Dans le mĂȘme temps, les rebelles indiquent ĂȘtre toujours encerclĂ©s dans le district de Ghouta oĂč ils sont isolĂ©s[73].
Le , les forces loyalistes tuent au moins 49 combattants rebelles, dans un faubourg stratégique de Damas, prÚs d'Adra. La route était utilisée par les rebelles depuis plusieurs mois pour faire entrer des armes à Damas[74]. Le , au moins 62 rebelles sont tués par l'armée syrienne, dans un secteur à l'ouest de la ville industrielle d'Adra, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH)[75] - [76].
Le , les rebelles pénÚtrent de nouveau dans le district de Jobar.
Attaque chimique dans la Ghouta orientale en août 2013
Fin 2012, le rĂ©gime syrien commence Ă recourir aux armes chimiques et en particulier au gaz sarin[77] - [78]. Dans les villes et les quartiers tenus par les rebelles de la Ghouta, Ă l'est et au sud de Damas, les attaques chimiques dĂ©butent en mars 2013, mais elles sont initialement de faible ampleur[77] - [78]. Cependant le 21 aoĂ»t, une offensive de l'armĂ©e syrienne s'accompagne d'une attaque au sarin particuliĂšrement meurtriĂšre : entre plusieurs centaines et prĂšs de 2 000 personnes sont tuĂ©es selon les estimations, dont un grand nombre de femmes et d'enfants[79] - [77]. Pour les pays occidentaux, la « ligne rouge » est franchie et les Ătats-Unis, la France et le Royaume-Uni envisagent sĂ©rieusement d'intervenir militairement en Syrie en lançant une campagne de frappes aĂ©riennes contre le rĂ©gime de Bachar el-Assad[80]. Mais Ă Londres, la Chambre des communes vote contre une intervention tandis qu'Ă Washington, le prĂ©sident Barack Obama hĂ©site et demande l'autorisation du CongrĂšs[81] - [82]. La Russie propose alors un plan de dĂ©mantĂšlement de l'arsenal chimique syrien, sous la supervision de l'OIAC[83]. Le rĂ©gime syrien accepte et le , les Ătats-Unis et la Russie annoncent qu'un accord a Ă©tĂ© trouvĂ©[84]. Le dĂ©mantĂšlent dure plus de deux ans ; l'OIAC annonce la destruction totale de l'arsenal dĂ©clarĂ© par Damas le [85]. Le rĂ©gime syrien ne cesse cependant pas son utilisation d'armes non conventionnelles et commence dĂšs octobre 2013 Ă recourir au chlore[86] - [87].
Offensives de juillet à décembre 2013
Le 21 juillet, des combats prĂšs d'Adra font 49 morts chez les rebelles selon l'OSDH[88]. Le 7 aoĂ»t, au moins 62 rebelles sont tuĂ©s dans une embuscade prĂšs de la citĂ© industrielle[89]. Le 2 septembre, au moins 29 rebelles sont tuĂ©s dans une autre embuscade dans la mĂȘme zone[88] - [90] - [76].
Le 1er septembre 2013, au moins 46 rebelles sont tuĂ©s dans une offensive Ă Rouheiba, au nord-est de Damas, et onze autres insurgĂ©s sont tuĂ©s le mĂȘme jour dans d'autres combats dans le gouvernorat de Rif Dimachq, selon l'OSDH[76].
Au centre de Damas: Le quartier de Tadamon est une zone dévastée aprÚs des mois de combats acharnés. Ce quartier est tenu par des milices de la Défense nationale créée par Bachar el-Assad. Les miliciens, aux fins d'éviter les tirs de snipers rebelles, ont posé des caméras pour surveiller les rues les plus stratégiques du quartier. Des tirs sont parfois échangés avec des rebelles infiltrés[91].
Dans la banlieue de la capitale syrienne à Jobar, à Daraya et Barzeh, l'offensive de l'armée syrienne continue[92].
Le 23 octobre 2013, un assaut coordonné de plusieurs factions rebelles parvient à prendre le puissant complexe loyaliste de Tameco. Au moins 70 soldats sont tués et la voie est désormais grande ouverte vers le centre-ville via le quartier de Zablatani. Les combats se déroulent désormais à 2 kilomÚtres du palais présidentiel. Dans la nuit du 23 au 24 octobre, les rebelles bombardent l'aéroport international de Damas ainsi qu'une centrale thermique du sud de la ville, occasionnant une coupure de courant massive dans les gouvernorats de Damas, Deraa et Homs. Profitant du chaos engendré par la coupure d'électricité et par la nuit, les rebelles lancent une offensive massive pendant la nuit sur le quartier de Zablatani et prennent les loyalistes par surprise ; les combats sont également trÚs intenses dans le district de Jobar, à l'intérieur de Damas.
Le 24 octobre, l'armée syrienne s'empare de la localité de Hteitit Al-Turkman aprÚs trois jours de combats qui ont fait selon l'OSDH au moins 25 morts chez les loyalistes et 17 du cÎté des rebelles[93].
Le 25 dĂ©cembre, une trĂȘve est conclue entre les loyalistes et les rebelles Ă Mouadamiyat al-Cham, une ville assiĂ©gĂ©e et tenue par les insurgĂ©s au sud-ouest de Damas ; pourtant des combats reprennent dĂšs le 26 dĂ©cembre[94] - [95]
Offensive rebelle à Adra en décembre 2013
Le 11 dĂ©cembre 2013, Jaych al-Islam, le Front al-Nosra et l'Ătat islamique en Irak et au Levant s'emparent d'Adra, une ville Ă majoritĂ© alaouite abritant aussi des communautĂ©s sunnite, druze et chrĂ©tienne[96] - [97]. Plusieurs dizaines de combattants loyalistes sont tuĂ©s lors des combats[97]. Des centaines de civils â des membres de comitĂ©s populaires et des femmes parentes de militaires â sont capturĂ©s par Jaych al-Islam[98] - [99]. Selon l'OSDH, au moins 32 civils, en majoritĂ© des alaouites, sont Ă©galement tuĂ©s[97] - [100]. Le 18 dĂ©cembre, des djihadistes de l'Ătat islamique en Irak et au Levant dĂ©capitent trois alaouites[97]. Les rebelles proposent au rĂ©gime un Ă©change de prisonniers, mais l'offre est rejetĂ©e[98]. Le 13 dĂ©cembre, l'armĂ©e syrienne et le Hezbollah tentent une contre-offensive pour reprendre la ville, mais ils n'enregistrent qu'une faible progression[100] - [101] - [97].
Accords de cessez-le-feu dans les quartiers au sud de Damas
En janvier 2014, plusieurs accords de cessez-le-feu â nĂ©gociĂ©s par des personnalitĂ©s politiques ou des hommes d'affaires locaux â sont conclus entre le rĂ©gime et les rebelles, dans des villes et des quartiers au sud de Damas â Ă Mouadamiyat al-Cham, Yarmouk, Beit Sahem et Yalda â mais aussi Ă Barzeh dans l'est et Qudsaya Ă l'ouest[102] - [103]. Le 17 fĂ©vrier une trĂȘve est Ă©galement conclue dans le quartier sud de Bab Bila[102]. En Ă©change d'une amnistie et de l'entrĂ©e de nourriture dans les localitĂ©s assiĂ©gĂ©es, les rebelles remettent leurs armes lourdes et acceptent de hisser le drapeau officiel syrien[102] - [103]. Des postes de contrĂŽle communs entre loyalistes et rebelles sont Ă©tablis dans certaines localitĂ©s[102]. Ces accords sont cependant fragiles ; Qudsaya est ainsi de nouveau assiĂ©gĂ©e quelques semaines aprĂšs la conclusion de la trĂȘve, Ă la suite de l'assassinat d'un officier alaouite et de son fils qui s'Ă©taient aventurĂ©s dans la zone rebelle, en violation de l'accord[103]. Ă Yarmouk, l'accord sur l'acheminement de nourriture est rompu aprĂšs de nouveaux affrontements entre les loyalistes et le Front al-Nosra[103]. Le 18 aoĂ»t 2014, un nouvel accord de « rĂ©conciliation » est conclu, cette fois Ă Qadam, au sud de Damas[104].
Embuscade d'Otaybah en février 2014
Le , à l'est de Damas, une troupe de 160 à 250 combattants du Front al-Nosra et de Jaych al-Islam tombe dans une embuscade particuliÚrement meurtriÚre, tendue par les hommes du Hezbollah. Entre 150 et 200 rebelles sont tués[105] - [106] - [107].
Conflit entre les rebelles et l'Ătat islamique dans la Ghouta en 2014
En janvier 2014, la guerre entre les rebelles et l'Ătat islamique en Irak et au Levant Ă©clate dans l'ensemble de la Syrie. DĂ©but juillet, Ă l'est de Damas, les forces de Jaych al-Islam passent Ă l'offensive contre les djihadistes de l'Ătat islamique[108]. AprĂšs trois semaines de combats, ces derniers sont chassĂ©s des localitĂ©s de Mesraba (en), Midaa (en), Ă l'est de Douma, ainsi que de Yalda (en) et Beit Sahem (en), au sud[109] - [108]. Les djihadistes se replient alors au sud de la capitale et investissent le quartier d'Al-Hajar al-Aswad, ainsi qu'une partie de Tadamon et de Qadam[110] - [109]. Le 12 septembre, les rebelles d'Hajar al-Aswad et les djihadistes de l'Ătat islamique concluent un accord de cessez-le-feu[108].
Combats entre rebelles et loyalistes dans la Ghouta orientale en 2014
- Zone contrÎlée par le régime syrien et ses alliés
- Zone contrÎlée par les rebelles
- Zone contrÎlée par les rebelles sous cessez-le-feu
- Zone contestée
Au cours de l'annĂ©e 2014, les rebelles, assiĂ©gĂ©s, commencent Ă creuser des tunnels, principalement sous les quartiers de BarzĂ© et Qaboun, afin de pouvoir se ravitailler en armes, en munitions, en essence, en fioul, en vivres et en mĂ©dicaments[54]. Certains sont suffisamment larges pour faire passer des vĂ©hicules[54]. Selon Benjamin Barthe, journaliste au Monde : « Il arrive aussi que des camions de marchandises, affrĂ©tĂ©s par un entrepreneur proche du pouvoir, Mohiyeddine Manfouche, franchissent le point de passage de Wafidine, au nord de Douma. Ces livraisons remplissent aussi bien les caisses du rĂ©gime, Ă qui lâopportuniste Manfouche reverse une commission, que les poches dâAbou Ali Khibbiyeh, un ex-peintre en bĂątiment, mi-rebelle mi-gangster, dont le groupe armĂ©, affiliĂ© Ă la Liwa Chouhada Douma, prĂ©lĂšve une taxe sur chaque convoi. Les seuls Ă ne pas profiter de ce marchĂ© noir sont les rĂ©sidents de la Ghouta, qui se ruinent pour acheter des produits Ă des prix prohibitifs, les arrivages Ă©tant trop rares pour juguler lâinflation »[54].
Les bombardements se poursuivent Ă©galement. Selon Benjamin Barthe : « Ils suivent un protocole fixe, quasi bureaucratique. Dâabord les raids aĂ©riens, dĂšs que le soleil se lĂšve et que les pilotes peuvent ajuster leurs tirs, puis les missiles sol-sol, et enfin lâartillerie durant la soirĂ©e et la nuit. Seuls les barils explosifs, la hantise dâAlep-Est, manquent Ă lâappel. Et pour cause : la Liwa Al-Islam sâest emparĂ©e dans une base militaire dâun vĂ©hicule antiaĂ©rien, le 9K33 Osa, Ă©quipĂ© de missiles Ă courte portĂ©e. De quoi dissuader les hĂ©licoptĂšres, dâoĂč ces engins de mort sont larguĂ©s, de survoler la Ghouta »[54].
Pendant l'Ă©tĂ© 2014, les trois principaux groupes rebelles de la Ghouta orientale â Jaych al-Islam, Faylaq al-Rahmane et l'Union islamique Ajnad al-Cham â Ă©tablissent des institutions communes : un conseil judiciaire et un conseil militaire[54]. Les communes de la Ghouta orientale se dotent Ă©galement de conseils municipaux, Ă©lus dĂ©mocratiquement[54]. Une liste nassĂ©riste arrive notamment en tĂȘte Ă Douma, devant une liste salafiste soutenue par Jaych al-Islam[54].
Le 4 mai 2014, les loyalistes s'emparent de la moitié de la localité de Mleiha.
Le 31 août 2014, l'armée syrienne effectue des bombardements intenses sur le quartier de Jobar, à l'est de Damas[111] - [112].
Le 6 septembre, les loyalistes et le Hezbollah prennent la localité de Hteitet Jarash[113].
Le 9 septembre, des bombardements du régime à Douma font 25 morts, dont 10 enfants. Deux jours plus tard, un nouveau raid tue 42 personnes, dont un nombre indéterminé de rebelles, sept enfants et deux femmes selon l'OSDH[114].
Le 20 septembre, les rebelles s'emparent de Dakhaniyeh, au sud-est de Damas, un village stratégique qui leur permet de tirer des obus sur la capitale. Le 22, les loyalistes contre-attaquent et lancent un assaut sur le village, au moins 10 rebelles sont tués[115].
En novembre, une nouvelle milice est formée : le Jaich al-Wafa (Armée de la loyauté), composée d'anciens rebelles ayant changé de camp[116].
Au moins 25 soldats loyalistes sont tués dans une embuscade tendue la nuit du 22 au 23 novembre à Zabdin par des hommes du Front islamique et du Front al-Nosra[117].
Offensive loyaliste Ă Adra en septembre 2014
Mi-septembre 2014, l'armée syrienne et des miliciens de l'Armée de libération de la Palestine lancent une offensive pour reprendre Adra, au nord-est de Damas[118]. La ville est alors désertée par toute sa population civile et est contrÎlée depuis décembre 2013 par Jaych al-Islam[119]. Le 25 septembre 2014, aprÚs une attaque menée sur cinq axes depuis la zone industrielle, l'armée syrienne reprend la contrÎle de la cité ouvriÚre[119]. Adra est alors reprise en quasi-totalité par loyalistes, les rebelles ne maintiennent une présence que dans la vieille ville[119].
Selon le média pro-régime Al-Masdar, 73 soldats loyalistes ont été tués à Adra, contre au moins 118 morts et 34 prisonniers du cÎté des rebelles[120] - [121].
Intenses bombardements dans la Ghouta au cours de l'année 2015
En janvier 2015, environ 150 civils sont tuĂ©s par les bombardements du rĂ©gime, dont 60 Ă Douma, selon le Centre de documentation des violations en Syrie (VDC)[122]. Le 2 fĂ©vrier 2015, 11 civils sont tuĂ©s Ă Douma par des raids du rĂ©gime, en reprĂ©sailles les forces de Jaych al-Islam tirent au moins 49 obus sur Damas, faisant 10 morts parmi les habitants. La nuit suivante, l'aviation syrienne frappe dans la rĂ©gion de la Ghouta orientale, faisant 82 morts selon l'OSDH, dont 11 combattants et 13 enfants[123] - [124]. Selon le VDC, les frappes loyalistes tuent au moins 120 civils, dont 40 enfants, dans la premiĂšre semaine de fĂ©vrier et environ 1 000 personnes sont blessĂ©es[122]. Pour interpeller la communautĂ© internationale et dĂ©noncer les bombardements du rĂ©gime contre les civils, des rebelles rĂ©alisent une mise en scĂšne fictive Ă Douma oĂč sont montrĂ©s des enfants vĂȘtus d'uniformes orange enfermĂ©s dans une cage, prĂšs de laquelle est approchĂ©e une torche enflammĂ©e. Cette vidĂ©o renvoie Ă l'exĂ©cution du pilote jordanien Mouath al-Kassaesbah, brĂ»lĂ© vif dans une cage par l'Ătat islamique[125] - [126].
Le 9 mars, 60 rebelles de la brigade al-Anfal se rendent au régime au sud de Damas[127].
Le 3 mai, le régime s'empare du village de Midaa (en) et coupe la derniÚre route de ravitaillement des rebelles[128]. Le 7 mai, Midaa est reprise par les rebelles[129].
Le 16 aoĂ»t, des attaques aĂ©riennes du rĂ©gime syrien Ă Douma font au moins 117 morts et 250 blessĂ©s selon l'OSDH, en majoritĂ© des civils. C'est le raid le plus meurtrier du rĂ©gime depuis le dĂ©but de la guerre[130] - [131] - [132] - [133] - [134]. Selon l'OSDH, les frappes aĂ©riennes du rĂ©gime s'intensifient dans la Ghouta orientale du 16 au 26 aoĂ»t, faisant au moins 257 morts, dont 50 enfants, et plus de 1 000 blessĂ©s. Pour sa part, la DĂ©fense civile recense au cours de la mĂȘme pĂ©riode 265 morts, dont 44 enfants et 33 femmes et plus de 1 200 blessĂ©s[135] - [130].
Le 8 septembre, les rebelles lancent une offensive au nord-est de Damas, ils attaquent Harasta et Dahiyat el-Assad. Le 9, le Jaych al-Islam attaque la prison d'Adra, la plus grande du pays oĂč sont enfermĂ©es 5 000 personnes. Le 11, les rebelles s'emparent de deux bĂątiments dans la section des femmes. Les loyalistes Ă©vacuent alors toute la section des femmes, ainsi que les dĂ©tenues[136]. Selon l'OSDH, au moins 15 loyalistes et 9 rebelles sont tuĂ©s[137]. Au 13 septembre, selon l'OSDH, les combats ont fait au moins 46 morts chez les rebelles et 41 du cĂŽtĂ© loyaliste[138].
Le 14 octobre, les forces du régime syrien bombardent les positions rebelles pour tenter de déloger les insurgés qui encerclent une grande partie de Damas. Les bombardements avec l'artillerie lourde, les roquettes et d'autres projectiles commencent vers six heures du matin (03H00 GMT) et durent trois heures[139].
Le 30 octobre, un bombardement du régime frappe un marché de Douma. Au moins 59 personnes sont tuées selon l'OSDH. Pour Médecins sans frontiÚres (MSF), le bilan est de 70 morts et 550 blessés[140]. En représailles, le 1er novembre, les rebelles de Jaych al-Islam rassemblent plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines, de prisonniers. Ces derniers sont des soldats du régime et des civils, dont des femmes, capturés pour un certain nombre à Adra en décembre 2013. Les captifs sont ensuite dispersés dans des cages à Douma et dans plusieurs villages de la Ghouta orientale, afin de servir de boucliers humains contre les frappes aériennes des loyalistes[99] - [141].
Le 4 décembre, au moins 41 civils, dont 16 enfants, sont tués par des frappes aériennes à Jisrine, Kafar Batna et Douma[142].
Prise du quartier de Yarmouk par l'Ătat islamique en avril 2015
- Zone contrÎlée par le régime syrien et ses alliés
- Zone contrÎlée par les rebelles
- Zone contrÎlée par les rebelles sous cessez-le-feu
- Zone contrĂŽlĂ©e par l'Ătat islamique
- Zone contestée
Le , plusieurs centaines de djihadistes de l'Ătat islamique entrent dans Yarmouk, un camp de rĂ©fugiĂ©s palestiniens devenu un district de Damas alors peuplĂ© de 18 000 habitants selon l'ONU, contre 150 000 avant le dĂ©but de la guerre[143] - [144] - [26] - [145] - [146] - [147] - [27] - [148]. L'attaque est lancĂ©e au sud, depuis le quartier limitrophe de Hajar al-Aswad, avec l'aide, pour la circonstance, du Front al-Nosra[145] - [27] - [35] - [29]. L'Ătat islamique affronte les combattants du groupe rebelle palestinien Aknaf Beit al-Maqdess, proche du Hamas[146]. Selon l'OSDH, l'EI contrĂŽle 70 % de Yarmouk le 3 avril[149], puis 90 % le lendemain[150]. L'OLP affirme de son cĂŽtĂ© que jusqu'Ă 70 % du camp de Yarmouk est tombĂ© aux mains de l'EI au cours des combats d'avril 2015[3]. Une partie du camp, au nord, demeure aux mains des forces loyalistes[3].
Des dĂ©capitations sont commises par les djihadistes et des rumeurs d'exactions â dont l'ampleur est parfois exagĂ©rĂ©e â provoque la panique et la fuite des habitants[32] - [151]. Au cours de ces combats, des frappes aĂ©riennes continuent Ă©galement d'ĂȘtre menĂ©es par les avions et les hĂ©licoptĂšres du rĂ©gime[151] - [29]. Selon un responsable de l'Organisation de libĂ©ration de la Palestine (OLP), 2 000 civils fuient Yarmouk les 3 et 4 avril et trouvent refuge au quartier de Zahira, tenu par l'armĂ©e syrienne[146] - [145]. Cependant ces dĂ©clarations sont contestĂ©es par Shaml Media, un rĂ©seau de mĂ©dias palestinien en Syrie, qui affirme que seulement 180 personnes ont quittĂ© Yarmouk pour les zones loyalistes[151]. Au moins 4 000 civils fuient Ă©galement vers les quartiers voisins de Bab Bila, Yalda et Beit Sahm, tenus par les rebelles, mais Ă©galement situĂ©s dans la zone assiĂ©gĂ©e[151]. 120 combattants d'Aknaf Beit al-Maqdess choisissent Ă©galement de se rendre aux forces du rĂ©gime syrien pour Ă©chapper aux djihadistes[145]. Le 6 avril, l'EI tient le centre, le sud et l'ouest du camp, tandis qu'Aknaf Beit al-Maqdess contrĂŽle encore le nord et l'est[146] - [35]. Le mĂȘme jour, le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies rĂ©clame un accĂšs humanitaire Ă Yarmouk[152]. Du 1er au 10 avril, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, au moins huit civils et trente combattants ont Ă©tĂ© tuĂ©s, sept membres d'Aknaf Beit al-Maqdess ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s, dont deux par dĂ©capitation[153] - [150] - [146] - [154]. Au moins 10 rebelles ont Ă©galement Ă©tĂ© faits prisonniers par l'EI[155].
Au cours des combats, le groupe Jaych al-Islam propose d'intervenir contre l'Ătat islamique, mais le Front al-Nosra annonce le 5 avril avoir refusĂ© de laisser passer ses combattants dans les zones sous son contrĂŽle et affirme vouloir rester neutre[156] - [157] - [151].
Le 8 avril, Ahmad Majdalani se rend en Syrie en tant que reprĂ©sentant de l'OLP pour une rĂ©union avec les organisations palestiniennes, Ă l'exception d'Aknaf Beit al-Maqdess[158]. Le lendemain, il annonce que ces organisations ont acceptĂ© de coordonner des opĂ©rations militaires avec l'armĂ©e syrienne pour reprendre Yarmouk Ă l'Ătat islamique[158]. Cependant le 10 avril, la direction de l'OLP contredit ces dĂ©clarations et annonce qu'elle ne prendra pas part aux combats[159] - [27] - [35] - [151]. Le Hamas demande quant Ă lui que le FPLP-CG arme Aknaf Beit al-Maqdess pour chasser l'Ătat islamique et le Front al-Nosra mais s'oppose Ă un retour du rĂ©gime Ă Yarmouk[35]
Le 15 avril, une partie des combattants de l'Ătat islamique se seraient retirĂ©s de Yarmouk pour regagner le quartier d'Hajar Aswad[148]. En dĂ©cembre 2015, l'EI et le Front al-Nosra ne contrĂŽleraient plus que 40 % du camp de Yarmouk, contre 60 % en avril[160].
Le 31 aoĂ»t, l'Ătat islamique lance depuis le quartier de Hajar Al-Aswad une attaque contre les rebelles de l'Union islamique Ajnad al-Cham dans le quartier de Qadam[110] - [161]. Selon l'OSDH, les combats font une quinzaine de morts et les djihadistes s'emparent de deux rues[110].
Offensive loyaliste Ă Marj al-Sultan et mort de Zahran Allouche
- Zone contrÎlée par le régime syrien et ses alliés
- Zone contrÎlée par les rebelles
- Zone contrÎlée par les rebelles sous cessez-le-feu
- Zone contrĂŽlĂ©e par l'Ătat islamique
- Zone contestée
En décembre 2015, les forces du régime syrien attaquent la région de Marj al-Sultan (en), au sud de la poche de la Ghouta orientale[162]. Le 14 décembre, la localité de Marj al-Sultan et son aéroport militaire sont repris par les loyalistes aux forces de Jaych al-Islam[163] - [164].
AprÚs cette défaite, Zahran Allouche, le chef du Jaych al-Islam, tient une réunion secrÚte le 25 décembre à Otaya, à l'ouest de Nachabiyé (en)[165] - [166]. Mais l'assemblée est bombardée par des avions syriens ou russes[167]. Zahran Allouche est tué, ainsi qu'au moins 13 autres membres du groupe, dont 5 de ses chefs[167] - [168]. La mort du chef de Jaych al-Islam porte un coup sévÚre aux rebelles de la Ghouta[166]. Dans les heures qui suivent, le groupe annonce qu'Abou Himam al-Buwaydani prend la direction de Jaych al-Islam[167] - [169].
Ă Damas, un accord aurait Ă©tĂ© conclu le 25 dĂ©cembre entre le rĂ©gime syrien et plusieurs groupes rebelles et djihadistes â dont l'Ătat islamique et le Front al-Nosra â sur le dĂ©part de plus de 3 500 combattants et civils de trois quartiers de la ville[160]. L'accord est cependant suspendu le lendemain, Ă cause de la mort de Zahran Allouche[170].
Embuscade de Tal Swan, en février 2016
Le 11 février 2016, un groupe de 240 soldats et miliciens loyalistes tombent dans une embuscade tendue par les forces de Jaych al-Islam prÚs de Tal Swan, entre Douma et Adra, au moins 76 soldats et miliciens sont tués selon l'OSDH et plusieurs autres portés disparus[171] - [172]. Selon le média pro-Assad Al-Masdar, ce serait 25 soldats et miliciens loyalistes, dont des membres des Forces de défense nationale et de l'Armée de libération de la Palestine, qui auraient été tués au cours de l'embuscade[173]. D'autres médias pro-régime donnent cependant un bilan allant jusqu'à 180 tués[174].
Combats entre l'Ătat islamique et le Front al-Nosra Ă Yarmouk en avril 2016
Le 8 avril 2016, des combats Ă©clatent Ă Yarmouk cette fois entre l'Ătat islamique et le Front al-Nosra et tournent Ă l'avantage du premier[3] - [175]. Selon Anouar Abdel Hadi, un dirigeant de l'OLP, l'EI a pris le contrĂŽle de 60 % du quartier Ă la date du 12 avril[3] et al-Nosra a perdu 90 % du territoire qu'il contrĂŽlait dans ce mĂȘme quartier Ă la date du 22 avril[175]. Au nombre de seulement 300 contre les 3 000 hommes de l'Ătat islamique, les forces du Front al-Nosra sont balayĂ©es, plusieurs de ses combattants sont tuĂ©s et d'autres rejoignent les rangs de l'EI[3]. En 2016, le nombre de civils prĂ©sents Ă Yarmouk n'est plus que de 6 000[3].
Conflit entre les rebelles de Jaych al-Islam et de Faylaq al-Rahmane en avril et mai 2016
Au printemps 2016, de violents combats Ă©clatent entre les rebelles de la Ghouta[54]. Selon le journaliste du Monde Benjamin Barthe : « Câest une guerre pour la suprĂ©matie politico-militaire et le contrĂŽle des tunnels de contrebande, sur fond de bras de fer entre lâArabie saoudite et le Qatar, les tuteurs de ces deux groupes »[54].
Le 30 mars 2016, les premiers affrontements éclatent à Zamalka entre les rebelles de Jaych al-Islam et ceux de Faylaq al-Rahmane[176]. Par ailleurs le 31 mars, des bombardements du régime à Deir al-Assafir tuent 33 personnes, dont 12 enfants, 9 femmes, un enseignant et un membre bénévole des services de secours[177] - [178].
Le 28 avril, les combats reprennent entre Jaych al-Islam et Faylaq al-Rahmane, les premiers prennent l'avantage à Douma et Marj, mais les seconds l'emportent dans les quartiers est de Damas. Des affrontements opposent aussi Jaych al-Islam à Jaych al-Foustate, une alliance formée par le Front al-Nosra et le Liwa Fajr al-Umma. Des chefs rebelles et des notables de la Ghouta appellent à la fin de ces combats début mai[179]. Selon l'OSDH, au 3 mai les affrontements ont fait plusieurs dizaines de morts dans les deux camps, ainsi qu'une dizaine de civils, et 400 hommes de Jaych al-Islam auraient été capturés par ceux de Faylaq al-Rahmane[179] - [180] - [181]. Le 15 mai, le bilan de ces combats fratricides monte à plus de 300 morts selon l'OSDH[182], puis il monte encore à 500 morts le 17 mai[183]. Le 4 mai, les loyalistes profitent de ces affrontements pour passer à l'offensive à Deir al-Assafir, l'aviation mÚne au moins 22 frappes[184] - [185]. Le 19 mai, la ville est prise par l'armée syrienne et le Hezbollah[186]. Le 25 mai, un cessez-le-feu est conclu au Qatar entre les deux factions rebelles[187] - [188]. Quelques jours plus tard, les deux camps commencent à échanger leurs prisonniers[189].
Au terme des affrontements, la poche de la Ghouta est coupée en deux : la partie sud-ouest revient à Faylaq al-Rahmane et celle du nord-est à Jaych al-Islam[54].
Par ailleurs, le 9 juillet, aprĂšs douze jours de combats, les loyalistes prennent le village de Midaa (en) et coupent une route d'approvisionnement de Jaych al-Islam[190] - [191].
Capitulation de Daraya, Mouadamiyat al-Cham, Qudsaya et d'al-Hameh en août et octobre 2016
Le 25 août, au sud-ouest de Damas, la ville de Daraya capitule. Un accord est conclu entre le conseil civil local et le régime, les rebelles du Liwa Shuhada al-Islam et de l'Union islamique Ajnad al-Cham remettent leurs armes lourdes et sont évacués vers le gouvernorat d'Idleb avec leurs familles, tandis que les autres civils sont conduits en zone loyaliste. AprÚs quatre années de siÚge, Daraya est détruite à 90 % et vidée de toute sa population civile[192] - [193] - [194].
En octobre 2016, la localitĂ© de Mouadamiyat al-Cham, voisine de Daraya, capitule Ă son tour et conclut un accord avec le rĂ©gime pour Ă©vacuer les combattants et les civils. Le 19 octobre, 2 100 rebelles et membres de leurs familles commencent Ă ĂȘtre Ă©vacuĂ©s pour ĂȘtre conduits vers le gouvernorat d'Idleb[195].
Les localités voisines de Qudsaya et d'al-Hameh, à une dizaine de kilomÚtres au nord-ouest de Damas, repassent également sous le contrÎle du régime en octobre. Le 8 de ce mois, les rebelles acceptent un accord avec le régime, 2 500 personnes, dont 525 rebelles de Qudsaya et 114 rebelles d'al-Hameh sont conduits vers la région d'Idleb[196] - [197] - [198] - [199].
La trĂȘve de septembre 2016
Le 12 septembre 2016, une trĂȘve nĂ©gociĂ©e entre les Ătats-Unis et la Russie entre en vigueur en Syrie. Pourtant le 16 septembre, des combats Ă©clatent dans le quartier de Jobar, occupĂ© par des rebelles de Faylaq al-Rahmane, Faylaq al-Cham et du Front Fatah al-Cham. Ces affrontements constituent alors la plus sĂ©rieuse violation de la trĂȘve. Selon l'OSDH, plus de 21 obus et roquettes sont tirĂ©s sur Jobar et les combats font au moins quatre morts dans les rangs loyalistes et trois du cĂŽtĂ© des rebelles[200] - [201].
Offensives loyalistes dans les quartiers de Jobar, Barzeh, Qaboun et Tichrine, en février et mars 2017
- Zone contrÎlée par le régime syrien et ses alliés
- Zone contrÎlée par les rebelles
- Zone contestée
Le 18 février 2017, des tirs d'artillerie ont lieu dans le quartier de Qaboun, pourtant calme depuis deux ans[202]. Les loyalistes passent ensuite à l'offensive et tentent de couper le quartier de Qaboun de ceux de Techrine et Barzeh[203]. Treize soldats syriens sont notamment tués le 1er mars[203]. Pour justifier son offensive alors qu'un cessez-le-feu est en cours, le régime affirme que Qaboun est tenu par le Hayat Tahrir al-Cham, ce que l'opposition conteste[204]. Qaboun abrite un réseau de tunnels, ce quartier est vital pour le ravitaillement en armes et en nourriture des rebelles de la Ghouta[205].
Le 7 mars, la Russie annonce un cessez-le-feu dans la Ghouta pour la période du 6 au 20 mars[206]. Cependant, le porte-parole militaire de Jaych al-Islam, Hamza Bayraqdar, déclare que le groupe n'a eu « aucun contact » avec la Russie à ce sujet[207]. Malgré le cessez-le-feu, deux personnes sont tuées par des frappes aériennes le 8 mars, à Douma[207]. D'autres bombardements touchent la ville d'Arbine, tandis que des tirs d'artillerie frappent le quartier d'Harasta, faisant une vingtaine de blessés[207].
Le 19 mars, Faylaq al-Rahmane, Hayat Tahrir al-Cham et Ahrar al-Cham lancent une offensive dans le quartier de Jobar, avec pour objectif de soulager les forces insurgĂ©es sous pression dans les quartiers de Barzeh, Qaboun et Tichrine[208] - [209] - [210] - [211] - [205] - [212]. Les djihadistes de Tahrir al-Cham lancent l'assaut avec deux voitures piĂ©gĂ©es, plusieurs kamikazes et progressent en direction de la place des Abbassides, Ă deux kilomĂštres de la vieille ville[209] - [210]. Les rebelles s'emparent de plusieurs sites industriels et bĂątiments entre Jobar et Qaboun[210] et crĂ©ent une brĂšve jonction entre les deux quartiers[213] - [208] - [214]. Mais le lendemain, les forces du prĂ©sident Bachar el-Assad lancent une contre-attaque au sol, appuyĂ©es par l'aviation[213]. Des Ă©lĂ©ments de la 4e division blindĂ©e du gĂ©nĂ©ral Maher el-Assad et de la 105e brigade de la Garde rĂ©publicaine sont engagĂ©s dans les combats[215], de mĂȘme que des miliciens chiites irakiens du Harakat Hezbollah al-Nujaba[216]. Selon l'OSDH, ces forces parviennent Ă reprendre 70 % du terrain gagnĂ© la veille par les rebelles[213] - [208] - [214]. Le 21 mars, les rebelles repartent Ă l'assaut Ă l'aube[211]. Ă la mi-journĂ©e, ils affirment avoir repris quelques positions : une zone industrielle bordant l'autoroute et une partie de la gare routiĂšre des Abbassides[208] - [215]. Mais ils sont contraints d'abandonner la zone dite des « Garages » Ă cause des bombardements[214]. Le 24 mars, les loyalistes reprennent tous les points conquis par les rebelles les jours prĂ©cĂ©dents[217] - [218]. Selon l'OSDH, du 9 au 25 mars, les combats ont fait au moins 82 morts dans les rangs des loyalistes et 115 du cĂŽtĂ© des rebelles[218] - [211]. Une enquĂȘte de Bellingcat donne pour sa part un bilan de 116 Ă 189 morts pour les loyalistes Ă Jobar entre le 19 mars et le 2 avril 2017[219]
Conflit entre Jaych al-Islam, Faylaq al-Rahmane et Hayat Tahrir al-Cham en avril 2017
Le , de nouveaux combats éclatent dans la Ghouta orientale entre Jaych al-Islam d'une part, et Faylaq al-Rahmane et le Hayat Tahrir al-Cham de l'autre[220] - [221]. Jaych al-Islam annonce alors avoir décidé, aprÚs plusieurs mois d'incidents et de provocations, d'éradiquer al-Qaïda de la Ghouta orientale[221]. Le groupe affirme que l'offensive ne vise aucune autre faction, mais ces déclarations sont contestées par Faylaq al-Rahmam qui dit avoir été ciblé[221]. Selon l'OSDH, les affrontements des 28 et 29 avril font au moins 95 morts, dont 32 hommes de Jaych al-Islam et cinq civils[222]. Le Hayat Tahrir al-Cham aurait été fortement affaibli et Faylaq al-Rahmam affirme avoir perdu plusieurs dizaines d'hommes[221]. Les combats entre les rebelles cessent le 5 mai et aprÚs avoir fait au moins 169 morts selon l'OSDH, dont 67 hommes du groupe Jaych al-Islam et 13 civils[223] - [224].
De nouveaux combats éclatent le 15 mai, faisant au moins 80 morts ou blessés selon l'OSDH[225].
Dans la Ghouta orientale, les groupes les plus puissants sont alors Jaych al-Islam et Faylaq al-Rahmane ; les forces de Hayat Tahrir al-Cham et Ahrar al-Cham sont bien moins nombreuses[226].
Ăvacuation des quartiers de Barzeh, Tichrine et Qaboun en mai 2017
Le , un accord est conclu avec les rebelles blessés du Front Fatah al-Cham, présents dans le camp de Yarmouk. Ces derniers sont évacués vers la province d'Idleb[227].
Un autre accord est trouvĂ© entre d'autres rebelles et le rĂ©gime syrien dans le quartier de Barzeh, assiĂ©gĂ© par les forces loyalistes[228] - [229] - [230] - [231]. Le 8 mai, approximativement 1 000 personnes dont environ 500 combattants commencent l'Ă©vacuation du quartier de Barzeh pour aller en direction de la province d'Idleb[229] - [230] - [231] - [232] - [233]. Les groupes rebelles actifs Ă Barzeh sont alors la 1re division, les martyrs de Jabal el-Zawiya, la brigade de Qassioun â tous trois affiliĂ©s Ă l'ArmĂ©e syrienne libre â et Ahrar al-Cham[234]. Au total, 8 000 personnes, dont prĂšs de 1 500 combattants, doivent ĂȘtre Ă©vacuĂ©es de Barzeh[228]. Les rebelles de la Ghouta orientale perdent Ă©galement une importante voie de ravitaillement, en armes, en nourriture et en matĂ©riel mĂ©dical qui passaient par les tunnels de Barzeh et Qaboun[228].
Le 12 mai, 664 personnes dont 103 combattants Ă©vacuent le quartier de Barzeh pour se rendre dans le Nord de la Syrie[235] - [236]. De plus, 582 personnes quittent le quartier de Techrine au mĂȘme moment[235] - [236]. Au total 1 246 personnes sont Ă©vacuĂ©es des deux quartiers[235] - [236].
Le 13 mai, un nouvel accord est conclu pour l'évacuation du quartier de Qaboun, contrÎlé à 20 % par les rebelles[237] - [238]. Le 14 mai, 2 289 personnes, dont 1 058 rebelles, se retirent de Qaboun selon l'agence Sana et vont en direction d'Idleb[239] - [240] - [241]. 500 rebelles auraient accepté une offre d'amnistie et auraient choisi de rester sur place[242]. Le 15 mai, le dernier convoi comprenant 1 300 rebelles et civils quitte Qaboun, qui repasse alors entiÚrement sous le contrÎle du régime[243]. Le 20 mai, une nouvelle évacuation de Barzeh se déroule, avec le départ de 2 700 personnes, dont 1 100 combattants[244]. Ce quartier repasse sous le contrÎle du régime syrien le 29 mai, date à laquelle, environ 1 000 personnes dont 455 combattants quittent Barzeh pour rejoindre la province d'Idleb ou la ville de Jarablous[245]. Il ne reste plus alors que quatre quartiers aux mains des rebelles : une partie de Jobar à l'est de Damas ; et au sud : Tadamoun, Yarmouk et Hajar al-Aswad[246] - [247].
Mise en place d'une zone de désescalade dans la Ghouta et affrontements ponctuels, depuis mai 2017
- Zone contrÎlée par le régime syrien et ses alliés
- Zone contrÎlée par les rebelles
- Zone contrÎlée par les rebelles sous cessez-le-feu
- Zone contrĂŽlĂ©e par l'Ătat islamique
- Zone contestée
MalgrĂ© la conclusion en mai 2017 d'un nouvel accord de cessez-le-feu pour l'ensemble de la Syrie, des combats continuent d'Ă©clater ponctuellement dans la Ghouta orientale qui fait pourtant partie des « zones de dĂ©sescalade »[248]. En juin, des combats ont lieu dans les quartiers de Jobar et AĂŻn Terma[249]. En juillet, AĂŻn Terma et Zamalka sont bombardĂ©s Ă plusieurs reprises par l'aviation du rĂ©gime[250]. Selon l'OSDH, les forces du rĂ©gime progressent lĂ©gĂšrement et au moins 20 combattants loyalistes, 28 hommes de Faylaq al-Rahmane ou d'autres groupes rebelles, et 23 civils â dont cinq femmes et cinq enfants â sont tuĂ©s dans les combats Ă Jobar et AĂŻn Terma entre le 20 juin et le 13 juillet[251]. Par ailleurs des combats entre rebelles Ă Beit Sawa font au moins 20 morts dans les rangs de Jaych al-Islam et au moins 9 tuĂ©s du cĂŽtĂ© de Hayat Tahrir al-Cham dĂ©but juillet[252].
Le 19 juillet, au moins 28 soldats et miliciens loyalistes sont tués dans une embuscade tendue par des hommes de Jaych al-Islam à al-Rihane, à l'est de Douma[248] - [253].
Le 22 juillet, la Russie annonce la conclusion d'un accord avec les rebelles, au terme de pourparlers au Caire, en Ăgypte[254]. Un rĂŽle de mĂ©diateur aurait Ă©tĂ© jouĂ© par Ahmad Jarba[255]. Le ministĂšre russe de la DĂ©fense dĂ©clare que : « Des accords ont Ă©tĂ© signĂ©s sur l'application d'une zone de dĂ©sescalade dans l'enclave de la Ghouta orientale », lesquels prĂ©voient aussi « des routes d'acheminement d'une aide humanitaire Ă la population et pour une libertĂ© de mouvement des rĂ©sidents »[254]. Le mĂȘme jour, l'armĂ©e syrienne annonce « l'arrĂȘt des combats dans des zones de la Ghouta orientale »[256] - [257]. L'accord est signĂ© par Jaych al-Islam, mais pas par Faylaq al-Rahmane et Hayat Tahrir al-Cham[255]. Des policiers russes sont dĂ©ployĂ©s pour faire respecter le cessez-le-feu[255].
Pourtant, dĂšs le 23 juillet selon l'OSDH, l'aviation syrienne mĂšne des frappes aĂ©riennes dans la Ghouta orientale, Ă AĂŻn Tarma, Douma et Jissrin[258]. Huit civils sont tuĂ©s[255]. En reprĂ©sailles, des roquettes auraient Ă©tĂ© tirĂ©es par les rebelles en direction de l'ambassade russe Ă Damas[255]. Le mĂȘme jour, des combats Ă©clatent pour la premiĂšre fois entre Faylaq al-Rahmane et Hayat Tahrir al-Cham[259]. Le 26 juillet, des combats entre loyalistes et rebelles ont lieu Ă AĂŻn Tarma[260]. Selon l'OSDH, les bombardements aĂ©riens font au moins 55 morts ou blessĂ©s dans la Ghouta du 24 au 26 juillet[260].
Le 30 juillet, la ville d'al-Nachabiya, située dans la Ghouta orientale, reçoit un convoi d'aide humanitaire pour la premiÚre fois en cinq ans[261].
Le 18 aoĂ»t, le groupe Faylaq al-Rahmane signe Ă son tour la trĂȘve ; pour autant le rĂ©gime syrien poursuit le lendemain ses bombardements sur Jobar, AĂŻn Terma, Hamouriya et Zalamka ; des roquettes remplies de gaz chlorĂ© sont tirĂ©es ; au moins cinq civils sont tuĂ©s[262]. Puis le 20 aoĂ»t, une roquette rebelle s'abat Ă l'entrĂ©e de la Foire internationale de Damas â qui ne s'Ă©tait pas tenue depuis 2011 â tuant six personnes, dont deux femmes[263]. RĂ©guliĂšrement, des combats ponctuels continuent Ă©galement d'Ă©clater entre les combattants de Jaych al-Islam, Faylaq al-Rahmane et Hayat Tahrir al-Cham[264] - [265].
Les 27 et 28 septembre, les rebelles de Faylaq al-Rahmane font exploser des bùtiments tenus par les troupes loyalistes à Ein Tarma ; au moins 52 soldats et miliciens sont tués selon l'OSDH[266]. En représailles, l'aviation du régime bombarde à nouveau la Ghouta : au moins 12 civils sont tués le 29 septembre[266].
PĂ©nunies alimentaires dans la Ghouta Ă partir d'octobre 2017
Si les combats baissent en intensité dans la Ghouta orientale avec la mise en place d'une « zone de désescalade », le manque d'approvisionnement alimentaire provoque des malnutritions parmi les populations civiles, et en particulier chez les enfants[8] - [9] - [268] - [269] - [270] - [271] - [272] - [273]. Avec le resserrement du siÚge par l'armée, les rebelles ne peuvent plus utiliser les tunnels et disposent de mois de surface pour les cultures agricoles[274]. En octobre, Yahya Abou Yahya, médecin et responsable local pour l'ONG turque Social Development International, affirme qu'au cours des trois derniers mois, les établissements médicaux tenus par son ONG ont accueilli 9 700 enfants : « Parmi eux, 80 sont en situation de malnutrition aiguë sévÚre, 200 en situation de malnutrition aiguë modérée et environ 4 000 enfants souffrent de carences nutritionnelles »[268]. Selon lui, l'aide envoyée par les Nations unies ne couvre alors que 5 à 10 % des besoins nutritionnels des enfants de la Ghouta[268]. Le 23 octobre, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) indique pour sa part avoir compté au cours des trois mois précédents, 232 enfants en état malnutrition aiguë sévÚre et 882 en état de malnutrition aiguë modérée, plus 1 589 autre enfants se trouvant dans une situation à risque[275]. Au moins deux enfants en bas ùge ont trouvé la mort au cours de cette période[275]. Selon Monica Awad, une responsable de l'Unicef : « Avec la fermeture de la Ghouta, et la hausse des prix des aliments, la question de la malnutrition est en train de se dégrader. [...] Les mÚres n'ont pas accÚs à une nourriture de qualité, ce qui les fragilise et fait qu'elles ne sont pas capables d'allaiter leurs enfants »[275].
Le 30 octobre, pour la premiĂšre fois depuis plus d'un mois, un convoi de 49 camions de l'ONU et du Croissant rouge parvient Ă entrer dans la Ghouta, avec des vivres pour 40 000 personnes[9] - [276].
Mais en novembre, l'Unicef indique que 11,9 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de sévÚre malnutrition dans la poche de la Ghouta, contre 2,1 % en janvier[277].
Pendant ce temps, la Ghouta continue d'ĂȘtre ponctuellement la cible de bombardements loyalistes : le 23 octobre, onze civils trouvent la mort Ă Sabqa ; le 31 octobre, six enfants sont tuĂ©s par des obus de mortier contre une Ă©cole de la ville de Jisrine[9] - [278].
Le 12 novembre, un convoi de 24 camions transportant de la nourriture et des mĂ©dicaments pour 21 500 personnes entre dans la ville de Douma pour la premiĂšre fois depuis trois mois ; mais trois jours plus tard, le dĂ©pĂŽt oĂč est encore entreposĂ© un tiers de l'aide est bombardĂ© ; deux civils sont Ă©galement tuĂ©s[279].
Le 14 novembre, une offensive est lancée par Ahrar al-Cham contre une base militaire du régime prÚs de la ville d'Harasta[280] - [281] - [274]. Le 18 novembre, une attaque chimique de faible intensité fait une trentaine de blessés parmi les combattants d'Ahrar al-Cham[282].
Le rĂ©gime syrien poursuit ses raids aĂ©riens et bombarde l'ensemble de la Ghouta, tandis que les rebelles rĂ©pliquent en tirant sur Damas ; le 20 novembre, l'OSDH affirme qu'au moins 80 civils, dont 14 enfants, ont Ă©tĂ© tuĂ©s par les frappes loyalistes et une dizaine par l'artillerie des rebelles[283] - [284]. L'OSDH dĂ©clare ensuite qu'au moins 104 civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s â dont 26 enfants et quatre Casques blancs â et 410 autres blessĂ©s entre le 14 et le 24 novembre[285], 25 civils sont tuĂ©s le 26 novembre. Au total, 231 civils sont tuĂ©s en novembre dans la Ghouta, selon le RĂ©seau syrien des droits de l'homme (SNHR)[286].
Le 27 novembre, la Russie propose un cessez-le-feu de 48 heures dans la Ghouta orientale[287]. Le lendemain, l'envoyé spécial de l'ONU, Staffan de Mistura, annonce que la proposition a été acceptée par le gouvernement syrien[288], le cessez-le-feu permet une accalmie mais il n'est pas respecté : le 3 décembre, des raids aériens frappent les villes d'Hamouria, Harasta, Arbine, Beit Sawa (en) et Mesraba (en) ; faisant au moins 25 morts et 75 blessés parmi les civils selon l'OSDH[289].
Le 30 novembre, Jan Egeland, le conseiller humanitaire de l'ONU pour la Syrie, demande au rĂ©gime d'autoriser l'Ă©vacuation de 500 civils malades et blessĂ©s, parmi lesquels figurent 167 enfants[290]. Le 27 dĂ©cembre, alors qu'au moins 17 malades et blessĂ©s ont succombĂ© en un mois, un accord est finalement conclu avec l'aide de la Turquie pour permettre l'Ă©vacuation de 29 cas critiques en Ă©change de la libĂ©ration de 23 Ă 26 civils dĂ©tenus par Jaych al-Islam[291] - [292] - [293] - [294] - [277]. L'accord est Ă©galement condamnĂ© par Jan Egeland : « Cela veut dire que les enfants sont devenus une monnaie d'Ă©change dans cette lutte acharnĂ©e. Cela ne devrait pas arriver. Les malades ont le droit d'ĂȘtre Ă©vacuĂ©s et nous avons l'obligation de les Ă©vacuer »[277].
Offensive rebelle à Harasta, en décembre 2017 et janvier 2018
Fin décembre, les combats reprennent à Harasta : le 31, les rebelles parviennent à encercler 200 à 300 soldats du régime dans le siÚge de la Direction des blindés, au sud d'Harasta[295] - [296] - [297] - [298]. Début janvier 2018, les forces d'Ahrar al-Cham parviennent à s'emparer d'une partie de la base[296]. Les loyalistes envoient alors des renforts, dont des troupes de la Garde républicaine[299].
Le 3 janvier, au moins 29 civils sont tués dans des bombardements russes contre la Ghouta, dont 20 à Mesraba (en) selon l'OSDH[297] - [300] - [301] - [302]. Les Casques blancs avancent pour leur part le 3 janvier que 38 civils ont trouvé la mort et que 147 ont été blessés en quatre jours[296]. Le 6 janvier, au moins 17 civils sont encore tués par des frappes aériennes[303]. Sur un autre front, l'OSDH fait état le 6 janvier de la mort d'au moins deux hommes de Jaych al-Islam et de 17 soldats et miliciens du régime à al-Nashabiya, prÚs d'al-Marj, à l'est de la Ghouta[304]. Finalement, dans la nuit du 7 au 8 janvier, les loyalistes parviennent à briser le siÚge de la Direction des blindés[305] - [306] - [307] - [298].
Le 9 janvier, loyalistes et rebelles se livrent à un duel d'artillerie : au moins 24 civils, dont 10 enfants, sont tués par des frappes aériennes à Hamouria, Douma et d'autres localités de la Ghouta ; en représailles les rebelles tirent 35 roquettes sur deux quartiers de Damas, provoquant la mort de quatre civils et faisant une quarantaine de blessés[308] - [309].
Selon l'OSDH, au moins 225 civils, dont 40 femmes et 57 enfants, ont été tués dans la Ghouta entre le 29 décembre 2017 et le 26 janvier 2018 ; 131 d'entre-eux, dont 31 femmes et 41 enfants sont morts à Harasta[310]. Le bilan des combats à Harasta est pour sa part d'au moins 79 morts, dont sept officiers, et 10 prisonniers pour les loyalistes, contre 94 morts du cÎté des rebelles d'Ahrar al-Cham, de Hayat Tahrir al-Cham et de Faylaq al-Rahmane[304] - [300] - [311]. Selon Bellingcat, 331 à 488 morts combattants loyalistes sont tués à Harasta entre le 14 novembre 2017 et 18 février 2018[219].
Intensification des frappes aériennes et attaques chimiques en janvier et février 2018
En dĂ©cembre 2017, selon l'organisation humanitaire Reach, le taux dâhabitations endommagĂ©es ou dĂ©truites est de 93 % Ă Jobar, 71 % Ă AĂŻn Terma et 59 % Ă Zamalka[54].
Le 10 janvier 2018, l'intensification des frappes sur les zones rĂ©sidentielles est condamnĂ©e par Zeid Raâad Al Hussein, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme : « Les informations faisant Ă©tat de victimes civiles Ă la suite de frappes aĂ©riennes (...) font craindre que des crimes de guerre aient pu ĂȘtre commis »[312]. Il dĂ©clare Ă©galement que 85 civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s dans la Ghouta depuis le 31 dĂ©cembre[313].
Ă partir du 10 janvier, une offensive loyaliste se concentre Ă©galement sur le front ouest de Douma, par des feux nourris et de nombreux tirs aĂ©riens et terrestres. Le matin du 13 janvier, des sources locales rapportent une attaque chimique, composĂ©e de 3 missiles contenant du gaz chloreux, faisant 7 blessĂ©s parmi les civils, 6 femmes et un enfant[314] - [315]. Le 22 janvier, une nouvelle attaque au chlore est menĂ©e par les loyalistes Ă Douma : elle fait 21 blessĂ©s, dont des femmes et des enfants[316], et une troisiĂšme attaque, similaire, a lieu le 1er fĂ©vrier au matin, faisant Ă©galement une vingtaine de blessĂ©s parmi les civils[317], imputĂ©e Ă l'armĂ©e syrienne[318]. L'utilisation de chlore et la responsabilitĂ© de l'armĂ©e syrienne dans les attaques du 22 janvier et du 1er fĂ©vrier seront confirmĂ©s par la commission d'enquĂȘte des Nations unies sur la situation des droits de l'Homme en Syrie, dans un rapport publiĂ© le 13 septembre 2018[319].
Début février, les bombardements contre la Ghouta sont particuliÚrement meurtriers ; selon l'OSDH plus de 229 civils, dont 42 femmes et 58 enfants, sont tués en cinq jours[226] - [320] - [321] - [322] - [323]. Les frappes aériennes et les tirs d'artillerie font au moins 34 morts le 5 février[322] - [324] ; 81 morts le 6 février, dont 20 femmes et 19 enfants, ainsi que plus de 200 blessés[322] - [325] - [324] ; au moins 41 morts le 7 février, dont 12 enfants[322] - [324] et au moins 73 morts le 8 février, principalement dans les localités d'Arbine et Jisrine[322] - [323]. Le 9 février, les frappes font encore au moins 16 morts[326].
Selon l'OSDH, au 7 février, les frappes aériennes loyalistes ont fait au moins 393 morts parmi les civils, dont 69 femmes et 103 enfants, depuis 29 décembre 2017[327]. Du 16 novembre 2017 au 9 février 2018, les tirs d'obus des rebelles font également au moins 87 morts, dont 12 femmes et 12 enfants, et 481 blessés parmi les civils à Damas[328].
Pendant ce temps, la situation sanitaire et la malnutrition ne cessent de s'aggraver dans la Ghouta[329]. Le 14 février, un convoi humanitaire de neuf camions de l'ONU et du Croissant-Rouge syrien arrive dans la Ghouta alors qu'aucun autre n'était entré dans la poche rebelle depuis fin novembre 2017, mais il ne peut venir en aide qu'à 2 % de la population et seulement sur une période d'un mois[329] - [330].
Mi-fĂ©vrier, les forces loyalistes se prĂ©parent Ă une offensive majeure contre la Ghouta[331] - [332] - [333]. Le 23 fĂ©vrier, les groupes rebelles annoncent qu'ils s'opposent Ă tout accord d'Ă©vacuation des combattants et des civils[334]. Les nĂ©gociations entre le rĂ©gime, la Russie et les groupes rebelles sont alors dans l'impasse : depuis l'instauration de la « zone de dĂ©sescalade » Ă l'Ă©tĂ© 2017, les discussions portaient la mise en place d'un « accord de rĂ©conciliation » qui prĂ©voyait une forme d'autonomie dans la Ghouta orientale, en Ă©change d'une cessation des hostilitĂ©s par les rebelles et d'un dĂ©part vers Idleb des djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham[335]. Mais la situation se serait bloquĂ©e quand le rĂ©gime syrien aurait ensuite exigĂ© le dĂ©part de Faylaq al-Rahmane, en raison de la participation de combattants de ce groupe Ă l'offensive contre Harasta en novembre et dĂ©cembre 2017[335]. Le 26 janvier, Jaych al-Islam et Faylaq al-Rahmane envoient en dernier recours un courrier au Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies dans lequel ils se dĂ©clarent prĂȘts Ă faire sortir les combattants de Hayat Tahrir al-Cham « dans les quinze jours suivant lâentrĂ©e en vigueur dâun cessez-le-feu »[335] - [336].
Fin fĂ©vrier, les loyalistes continuent de bombarder intensivement la rĂ©gion, faisant en quelques jours des centaines de morts parmi les civils[337] - [338] - [339] - [340] : selon l'OSDH ces frappes font au moins 17 morts le 18 fĂ©vrier[341] - [7] ; au moins 127 morts le 19 fĂ©vrier[341] - [7] - [342] - [343] ; au moins 133 morts le 20 fĂ©vrier[341] - [7] ; au moins 87 morts le 21 fĂ©vrier[7] ; au moins 74 morts le 22 fĂ©vrier[7] ; au moins 43 morts le 23 fĂ©vrier[7] ; et au moins 53 morts le 24 fĂ©vrier[7]. Six hĂŽpitaux sont Ă©galement bombardĂ©s les 19 et 20 fĂ©vrier, et trois d'entre-eux sont mis hors de service selon l'ONU[2] - [339]. Selon l'OSDH, l'aviation russe commence Ă prendre part aux bombardements le 20 fĂ©vrier, alors qu'elle n'avait plus frappĂ©e la zone depuis trois mois[344]. Le 22 fĂ©vrier, MĂ©decins sans frontiĂšres indique que treize des hĂŽpitaux et cliniques oĂč l'ONG est prĂ©sente ont Ă©tĂ© ciblĂ©es lors des trois derniers jours[345]. Au total selon l'OSDH, du 18 au 24 fĂ©vrier les frappes loyalistes font au moins 519 morts parmi les civils, dont 75 femmes et 127 enfants, ainsi que 2 541 blessĂ©s[346]. Selon les mĂ©dias du rĂ©gime, une vingtaine de civils sont Ă©galement tuĂ©s au cours de la mĂȘme pĂ©riode par des roquettes tirĂ©es par les rebelles[347]. MĂ©decins sans frontiĂšres affirme pour sa part que les frappes du rĂ©gime ont fait au moins 180 morts et 1 600 blessĂ©s du 1er janvier au 18 fĂ©vrier 2018[345], puis 520 morts et 2 500 blessĂ©s du 18 au 23 fĂ©vrier 2018[348], en indiquant cependant que « Ce n'est qu'un bilan partiel des consĂ©quences des bombardements, puisqu'il n'inclut pas les Ă©tablissements oĂč MSF n'intervient pas et que le nombre de victimes augmente d'heure en heure »[345].
Ăchec du cessez-le-feu
Le 24 fĂ©vrier, le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies adopte une rĂ©solution rĂ©clamant un cessez-le-feu humanitaire d'un mois pour l'ensemble de la Syrie, afin de « permettre la livraison rĂ©guliĂšre dâaide humanitaire, de services et lâĂ©vacuation mĂ©dicale des malades et blessĂ©s les plus graves », cependant l'Ătat islamique et Al-QaĂŻda sont exclus de l'accord, ainsi que « dâautres individus, groupes, entitĂ©s, associĂ©s avec Al-QaĂŻda et lâEI, ainsi que dâautres groupes terroristes dĂ©signĂ©s par le Conseil de sĂ©curitĂ© »[349]. La Russie ne met cette fois pas son vĂ©to, mais le texte de la rĂ©solution est ambigu et permet diffĂ©rentes interprĂ©tations[350] - [351] - [347] - [352] - [353] - [354]. Les deux principaux groupes rebelles de la Ghouta, Jaych al-Islam et Faylaq al-Rahmane, s'engagent Ă respecter les cessez-le-feu, Ă protĂ©ger l'entrĂ©e des convois humanitaires, mais affirment qu'ils riposteront en cas de « violations » ou d'« agression » par les forces du rĂ©gime[352].
Mais en dĂ©pit de la rĂ©solution des Nations unies, les troupes du rĂ©gime syrien lancent dĂšs le lendemain l'offensive au sol[355] - [356] - [354]. L'armĂ©e iranienne annonce notamment la poursuite des opĂ©rations, en affirmant que certaines parties de la rĂ©gion de Damas ne sont pas concernĂ©es par les cessez-le-feu[356] - [357]. Les combats opposent les loyalistes et les rebelles de Jaych al-Islam Ă NachabiyĂ©, au sud-est de la poche de la Ghouta, prĂšs d'Harasta au nord-ouest, et prĂšs de Douma au nord, faisant selon l'OSDH au moins 13 morts et deux prisonniers chez les loyalistes et six morts pour les rebelles[358] - [359] - [360] - [361] - [353] - [362] - [354]. Une nouvelle attaque chimique au chlore est aussi commise par les loyalistes dans le secteur d'al-ChafouniyĂ© : elle provoque le dĂ©cĂšs de deux enfants (un le jour mĂȘme et le second aprĂšs plusieurs jours de soins)[363] - [364] - [365] et fait 18 blessĂ©s[361] - [352] - [366] - [367] - [368] - [369]. Les bombardements se poursuivent Ă©galement, mĂȘme s'ils diminuent en intensitĂ©[362] - [356] - [352] : selon l'OSDH, les frappes loyalistes font encore au moins 567 morts parmi les civils dans les quatorze jours qui suivent le vote de la rĂ©solution de l'ONU[7].
Le 26 fĂ©vrier, le ministre russe de la dĂ©fense SergueĂŻ ChoĂŻgou annonce, sur ordre de Vladimir Poutine, l'instauration Ă partir du 27 fĂ©vrier d'une trĂȘve humanitaire de cinq heures par jour (de 9 heures Ă 14 heures) et l'instauration d'un corridor humanitaire pour l'Ă©vacuation des civils, mais n'ayant cependant pas pour fonction l'acheminement de l'aide humanitaire[370] - [371].
Cependant, dĂšs le lendemain, la trĂȘve humanitaire est violĂ©e par les loyalistes : des obus d'artillerie, des barils d'explosifs et des frappes aĂ©riennes continuent de s'abattre sur la Ghouta[372] - [373] - [369]. Les loyalistes accusent pour leur part les rebelles d'avoir tirĂ© des roquettes sur le corridor humanitaire Ă©tablit Ă al-Wafidine, ce que le groupe Jaych al-Islam dĂ©ment[374]. Husam al-Katlaby, le directeur du Centre de documentation des violations en Syrie (VDC), dĂ©clare le 1er mars : « On a constatĂ© une baisse globale des raids aĂ©riens depuis deux jours, surtout entre 9 heures et 14 heures. Il est trop tĂŽt pour dire si les couloirs sont vraiment sĂ©curisĂ©s, mais nous n'avons observĂ© aucun tir dâaucun cĂŽtĂ© sur ces passages depuis leur mise en place. Quelques rares familles ont pu sortir de la Ghouta, en particulier avec des personnes ĂągĂ©es ou trĂšs malades. Mais on nâobserve pas de volontĂ© de dĂ©parts massifs. Les gens prĂ©fĂšrent en majoritĂ© rester chez eux par peur de ce qui les attend Ă la sortie de la part des services du rĂ©gime. Pratiquement chaque famille est fichĂ©e parce quâun de ses membres a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© ou tuĂ©, ou mort sous la torture. Lâun de nos salariĂ©s est dans ce cas alors quâil nâest pas originaire de la Ghouta. La peur des arrestations est plus forte que celle des bombardements. Dans le mĂȘme temps, les habitants se plaignent moins des pressions des groupes armĂ©s dans la Ghouta comme ils en ont lâhabitude. Ils sont trop absorbĂ©s par leurs problĂšmes de survie »[375].
Offensive loyaliste de février et mars 2018
- Zone contrÎlée par le régime syrien et ses alliés
- Zone contrÎlée par les rebelles
- Zone contrÎlée par les rebelles sous cessez-le-feu
- Zone contrĂŽlĂ©e par l'Ătat islamique
- Zone contestée
En dĂ©pit des annonces de cessez-le-feu, les combats se poursuivent et les deux camps s'accusent mutuellement d'ĂȘtre Ă l'origine de la reprise des hostilitĂ©s[376] - [355]. Le rĂ©gime syrien mobilise la 4e division blindĂ©e et la Garde rĂ©publicaine, considĂ©rĂ©es comme des forces d'Ă©lite et affectĂ©es principalement Ă la dĂ©fense de Damas[377] - [355]. Elles sont renforcĂ©es par les Forces du Tigre du gĂ©nĂ©ral Souheil al-Hassan[377] - [355]. Des miliciens des Forces de dĂ©fense nationale, du Liwa al-Quds et l'ArmĂ©e de libĂ©ration de la Palestine prennent Ă©galement part aux combats[355] - [378]. Selon le mĂ©dia pro-rĂ©gime Al-Masdars, 15 000 hommes sont mobilisĂ©s pour l'assaut[355]. Du cĂŽtĂ© des rebelles, la poche est alors dĂ©fendue par environ 20 000 combattants, pour la plupart affiliĂ©s Ă Jaych al-Islam et Faylaq al-Rahmane[377] - [2] - [353] - [335] - [369]. Hayat Tahrir al-Cham et Ahrar al-Cham sont Ă©galement prĂ©sents, mais ne rassemblent chacun que quelques centaines d'hommes[377] - [362] - [334] - [335] - [369]. Faylaq al-Rahmane occupe la partie ouest de la poche de la Ghouta orientale et Jaych al-Islam la partie est, les deux groupes reprennent leur coopĂ©ration et lĂšvent les checkpoints entre leurs territoires respectifs[377]. Selon le chercheur Aron Lund, la Ghouta est « un terrain difficile pour lâarmĂ©e. Jaych Al-Islam et Faylaq Al-Rahman sont connus pour ĂȘtre bien organisĂ©s, efficaces. Ils ont construit des fortifications, minĂ© des terres, ils connaissent la Ghouta orientale comme leur poche. La plupart des insurgĂ©s sont locaux, mĂȘme au sein de Tahrir Al-Cham »[377].
Les forces loyalistes attaquent alors la partie est de la poche de Ghouta, dĂ©fendue par Jaych al-Islam, et concentrent leurs efforts contre les localitĂ©s de NachabiyĂ© (en), au sud-est, et Hosh al-Dawahra et al-ChafouniyĂ© au nord-est[355]. La partie est de la poche de la Ghouta est constituĂ©e de fermes et de parcelles agricoles, ce qui la rend plus difficilement dĂ©fendable que la partie ouest, plus urbanisĂ©e[355]. Le 28 fĂ©vrier, les troupes loyalistes commencent Ă gagner du terrain[379]. Le 3 mars, elles enfoncent les lignes de Jaych al-Islam sur le front est : quatre localitĂ©s sont conquises â al-ChafouniyĂ©, Otaya, Hosh al-Zriqah et Hosh al-Dawahra â ainsi que deux bases militaires[380] - [381] - [382]. Les rebelles sont ensuite contraints d'abandonner au sud-est les localitĂ©s de NachabiyĂ© et Hazrama, menacĂ©es d'encerclement[383] - [384] - [385] - [386]. Le 4 mars, les loyalistes poursuivent leur percĂ©e dans le centre de la poche de la Ghouta en progressant vers Beit Sawa (en) et Mesraba (en), au sud de la ville de Douma[387]. Le 5 mars, un tiers de la poche de la Ghouta est sous le contrĂŽle du rĂ©gime[388]. Selon l'OSDH, au moins 64 soldats et miliciens loyalistes sont tuĂ©s du 25 fĂ©vrier au 3 mars, ainsi qu'au moins 43 rebelles de Jaych al-Islam[384].
Le 4 mars, le prĂ©sident syrien Bachar el-Assad dĂ©clare que « l'opĂ©ration doit se poursuivre » et qu'« Il nây a aucune contradiction entre la trĂȘve et les combats »[389]. Le 5 mars, un convoi d'aide humanitaire de l'ONU et du Croissant-Rouge syrien peut entrer dans la poche de la Ghouta, Ă Douma, mais il est contraint de se retirer avant d'avoir pu achever sa mission[390] - [391]. Une centaine de civils trouvent la mort le mĂȘme jour dans les bombardements et au moins 18 civils sont blessĂ©s par une attaque chimique dans la localitĂ© d'HammouriyĂ©[392] - [393]. Sajjad Malik, un reprĂ©sentant de l'ONU, dĂ©clare aprĂšs s'ĂȘtre rendu dans la poche de la Ghouta que les snipers de Jaych al-Islam empĂȘchent les civils de franchir le corridor humanitaire, et qu'au moins deux d'entre-eux ont Ă©tĂ© abattus[394] - [395]. Selon lui, les habitants sont partagĂ©s : certains veulent sortir et accusent les rebelles de les en empĂȘcher ; d'autres prĂ©fĂšrent rester car ils redoutent d'ĂȘtre arrĂȘtĂ©s par le rĂ©gime ou bien de voir leurs habitations pillĂ©es[395]. Les civils tentent d'Ă©chapper aux bombes en vivant presque en permanence dans les caves et les sous-sols[396] - [397].
Les forces loyalistes continuent de progresser de l'Est en direction de l'Ouest[398]. Le soir du 5 mars, la localité de Mohamadiyé, au sud de la Ghouta, est reconquise par les loyalistes[392]. Le 7 mars, ces derniers s'emparent aussi des localités de Beit Sawa (en) et d'al-Achaari, et contrÎlent ainsi 50 % de la poche de la Ghouta orientale[399]. Elles continuent aussi d'avancer en direction des villes et villages de Mesraba (en), Hammouriyé, Saqba (en) et Jisrine, au sud de Douma[398]. Environ 700 combattants afghans, palestiniens et syriens arrivent également en renfort depuis Alep et prennent position aux abords des localités d'Harasta et d'al-Rihane, situées respectivement à l'ouest et à l'est de la ville de Douma[398]. Le soir du 7 mars, une nouvelle attaque au chlore provoque 60 à 124 de cas de suffocation à Saqba et Hammouriyé[400] - [401] - [402] - [403]
Le 8 mars, un deuxiĂšme convoi humanitaire peut entrer dans la Ghouta, Ă Douma[404] - [405]. Un deuxiĂšme corridor humanitaire est Ă©galement ouvert le mĂȘme jour, Ă partir d'une zone tenue par Faylaq al-Rahmane[395]. Le 9 mars, une premiĂšre Ă©vacuation de combattants a lieu, bien que trĂšs modeste : treize hommes de Hayat Tahrir al-Cham qui Ă©taient dĂ©tenus par Jaych al-Islam sont Ă©vacuĂ©s par le couloir humanitaire d'al-Wafidine, puis conduits vers le gouvernorat d'Idleb[406] - [407] - [408].
Le 10 mars, l'armée syrienne s'empare de Mesraba[409], puis du village de Moudeïra le 11 mars[410]. La poche de la Ghouta orientale est alors scindée en trois : au nord, la ville de Douma, contrÎlée par Jaych al-Islam, est totalement encerclée ; à l'ouest de celle-ci, la ville d'Harasta, tenue par Ahrar al-Cham est également encerclée ; la zone la plus au sud, comprenant les quartiers est de Damas et quelques villes et villages est quant à elle tenue par Faylaq al-Rahmane et Hayat Tahrir al-Cham[396] - [411] - [409] - [408] - [412] - [413]. Selon l'OSDH, 60 % de la poche de la Ghouta orientale est alors repassée aux mains du régime[414].
Le 12 mars, l'ONU affirme que 28 hĂŽpitaux, cliniques et dispensaires ont Ă©tĂ© visĂ©s et neuf professionnels de santĂ© tuĂ©s depuis le dĂ©but de l'offensive et que 1 000 personnes assiĂ©gĂ©es dans la Ghouta ont alors besoin d'une Ă©vacuation mĂ©dicale urgente[415]. Le lendemain, aprĂšs nĂ©gociations, plus d'une centaine de civils â 24 hommes, 44 femmes et 78 enfants dont 10 malades selon une source pro-rĂ©gime de l'AFP â sont Ă©vacuĂ©s de Douma par le passage d'al-Wafidine[414]. Le 14 mars, 35 malades et blessĂ©s peuvent encore quitter Douma selon Jaych al-Islam[416]. L'OSDH affirme pour sa part que 220 personnes, dont 60 malades ou blessĂ©s, ont Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©s les 13 et 14 mars[416]. Le 15 mars, 250 personnes, dont 40 malades, sont encore Ă©vacuĂ©s de Douma, tandis qu'un nouveau convoi d'aide alimentaire accĂšde Ă la ville[417] - [418].
Le soir du 13 mars, une frappe aĂ©rienne provoque la mort de douze rebelles de Faylaq al-Rahmane, dont deux commandants : Abou Mohammad SaĂŻf et Abou Mohammed Djobar[419]. Le 14 mars, l'armĂ©e syrienne entre dans la ville d'HammouriyĂ©, tenue par Faylaq al-Rahmane[420] - [417]. Le 15 mars, plus de 20 000 civils fuient la ville et les localitĂ©s voisines de Kfar Batana, Jisrine et Saqba pour rejoindre les zones gouvernementales[417]. Intensivement bombardĂ©e et abandonnĂ©e par la grande majoritĂ© de sa population, HammouriyĂ© est reconquise en totalitĂ© par le rĂ©gime en fin de journĂ©e[417] - [421] - [422]. Le mĂȘme jour, le village d'al-Rihane, Ă l'est de Douma, est pris Ă Jaych al-Islam par les troupes du rĂ©gime[418].
Le 16 mars, 2 000 civils fuient encore la poche de la Ghouta orientale en plus des 20 000 autres de la veille selon l'OSDH, tandis qu'au moins 76 personnes sont tuées à Saqba et Kfar Batna par des frappes aériennes russes[423] - [424]. L'ambassadeur syrien à l'ONU, Bachar al-Jaafari, affirme pour sa part que 40 000 civils ont emprunté en deux jours le corridor humanitaire[423] - [424]. Le 16 mars, Jisrine est reconquise par le régime[425] - [426]. Le 17 mars, Saqba et Kfar Batna sont reprises à leur tour par les loyalistes[427] - [428]. Les forces de Faylaq al-Rahmane ne tiennent alors plus que la ville d'Arbine et les quartiers de Zamalka (en), Aïn Tarma (en), Hazeh et Jobar (en), à l'est de Damas[428].
Le 20 mars, une roquette tirĂ©e par les rebelles s'abat sur un marchĂ© du quartier de Jaramana, Ă l'est de Damas, tenu par le rĂ©gime syrien[429] - [430] - [431] - [432]. L'explosion provoque la mort de 44 personnes, en majoritĂ© des civils, selon les mĂ©dias progouvernementaux et au moins 43 morts, dont 33 civils et 11 combattants loyalistes selon l'OSDH[431] - [432]. Il s'agit alors du tir le plus meurtrier commis par des rebelles sur la capitale syrienne depuis le dĂ©but du conflit en 2011[429] - [431]. Le mĂȘme jour, au moins 56 civils sont tuĂ©s dans la seule ville de Douma, dans la Ghouta par des frappes aĂ©riennes loyalistes[429] - [433]. Ă cette date, sur les 20 hĂŽpitaux soutenus par MSF encore 2 semaines plus tĂŽt, il n'en reste plus qu'un seule dans la zone assiĂ©gĂ©e, sans stock mĂ©dical et dans des conditions de fonctionnement "incroyablement horribles", selon l'ONG[434].
Le 18 mars, des dizaines de milliers de civils â 20 000 selon l'OSDH, 30 000 selon l'armĂ©e russe â fuient encore la poche de la Ghouta orientale[426]. Ă la date du 20 mars, 70 000 civils selon l'OSDH ou 80 000 selon Moscou ont Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©s de la Ghouta depuis le dĂ©but de l'offensive[435] - [436]. Cependant, divers rapports et tĂ©moignages de civils, ainsi que l'interdiction de toute ONG, observateurs de l'ONU et journalistes indĂ©pendants, fait craindre des exactions, et selon Human Rights Watch, les civils qui fuient la Ghouta risquent la dĂ©tention et mĂȘme l'exĂ©cution. L'ONG demande le dĂ©ploiement d'observateurs des Nations unies pour empĂȘcher les « exĂ©cutions de reprĂ©sailles »[437]. Les civils fuyant la Ghouta orientale sont triĂ©s par les services de renseignements syriens : les femmes, les enfants et les vieillards sont conduits dans des camps de rĂ©fugiĂ©s, les jeunes hommes de moins de 40 ans sont incorporĂ©s de force dans l'armĂ©e, mais d'autres encore â des militants dâopposition, des journalistes-blogueurs et des mĂ©decins â sont arrĂȘtĂ©s et torturĂ©s, avant de disparaĂźtre[438].
Selon l'OSDH, du 25 février au 31 mars 2018 les combats ont fait au minimum 520 morts dans les rangs loyalistes, dont 63 combattants étrangers, et 405 morts chez les rebelles[439].
Offensive de l'Ătat islamique Ă Qadam en mars 2018
- Zone contrÎlée par le régime syrien et ses alliés
- Zone contrÎlée par les rebelles
- Zone contrĂŽlĂ©e par l'Ătat islamique
- Zone contestée
Les quartiers au sud de Damas ne sont pas visĂ©s par l'offensive du rĂ©gime syrien, pourtant les combats reprennent dans cette zone Ă la mi-mars[440]. Au sud de Damas, les rebelles contrĂŽlent alors les quartiers de Qadam (en), Yalda (en), Bab Bila et Beit Sahem (en), tandis que l'Ătat islamique tient la majeure partie du camp de Yarmouk, ainsi que certaines parties des quartiers d'Al-Hajar al-Aswad, Qadam et Tadamon[441] - [440] - [442]. Ă la mi-mars, les rebelles de Qadam concluent un accord avec le rĂ©gime : ils remettent le contrĂŽle de leur quartier Ă l'armĂ©e syrienne et sont en Ă©change Ă©vacuĂ©s vers le nord de la Syrie[440]. L'armĂ©e syrienne entre dans Qadam aprĂšs le dĂ©part des rebelles, mais l'Ătat islamique en profite pour lancer une offensive depuis le quartier de Yarmouk[440] - [443]. Le 20 mars, les djihadistes s'emparent de Qadam[440] - [429]. Selon l'OSDH, au moins 62 soldats et miliciens sont tuĂ©s du 19 au 21 mars[444]. Un char T-72 loyaliste est Ă©galement dĂ©truit[443]. Au total, selon l'OSDH, au moins 114 soldats et miliciens loyalistes et 17 combattants de l'Ătat islamique sont tuĂ©s au sud de Damas entre le 13 et le 29 mars 2018[445]. Plusieurs prisonniers sont exĂ©cutĂ©s par les djihadistes[443]. DĂ©but avril, le rĂ©gime dĂ©ploie des renforts autour de la poche contrĂŽlĂ©e par l'Ătat islamique, en particulier des miliciens palestiniens[441].
Capitulation de Faylaq al-Rahmane et Ahrar al-Cham en mars 2018
Le 21 mars, aprÚs des négociations avec la Russie, les rebelles d'Ahrar al-Cham annoncent qu'ils acceptent de remettre la ville d'Harasta au régime syrien, en échange de leur évacuation vers le gouvernorat d'Idleb[446] - [447] - [432]. L'opération d'évacuation débute le lendemain et le dernier convoi se met en mouvement le 23 mars[448] - [449] - [450] - [451]. Selon les médias du régime syrien, 1 400 à 1 500 combattants et 3 500 civils sont conduits vers le gouvernorat d'Idleb[448] - [450]. L'OSDH affirme pour sa part que 1 300 combattants et 3 400 civils, dont 2 500 femmes et enfants, ont été évacués[452]. Harasta repasse alors sous le contrÎle des forces gouvernementales[450].
Le 23 mars, des armes incendiaires tuent 37 civils, principalement des femmes et des enfants, dans un abri souterrain Ă Arbine[453] - [454]. Le mĂȘme jour, le groupe Faylaq al-Rahmane annonce Ă son tour qu'il accepte d'Ă©vacuer la Ghouta[455] - [456]. Selon Le Monde, c'est le bombardement d'Arbine du 23 mars, effectuĂ© contre un abri souterrain dans lequel il Ă©tait prĂ©sent, qui dĂ©cide le capitaine Abdel Nasser ShmeĂŻr, le chef de Faylaq al-Rahmane, Ă capituler[457]. Pour l'analyste syrien Sinan Hatahet : « Aussi fou que cela puisse paraĂźtre, le capitaine Abdel Nasser ShmeĂŻr, se disait persuadĂ© dâune imminente intervention amĂ©ricaine, en soutien aux rebelles. Il repoussait toutes les tentatives des habitants pour le raisonner »[457]. Avant de partir, les rebelles incendient leurs bases et abandonnent leurs armes lourdes[458]. Les Ă©vacuations dĂ©butent le 24 mars et s'achĂšvent le 31 mars[459] - [460] - [461] - [462]. Arbine, Zamalka (en), AĂŻn Tarma (en), Hazeh et Jobar (en) repassent alors sous le contrĂŽle du rĂ©gime syrien[463] - [464]. Selon l'OSDH, 41 400 personnes, dont 12 000 combattants de Faylaq al-Rahmane, ont Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©s au cours de cette pĂ©riode[465]. Le gouvernement syrien donne un bilan similaire en affirmant que 45 000 personnes, combattants et civils, ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s dans la rĂ©gion d'Idleb entre le 22 et le 31 mars et qu'au total 150 000 personnes ont quittĂ© la Ghouta depuis le dĂ©but de l'offensive[462]. Selon l'OSDH, 1 200 hommes de Faylaq al-Rahmane auraient prĂ©fĂ©rĂ© changer de camp et rejoindre les « comitĂ©s populaires » du rĂ©gime syrien[466].
Capitulation de Jaych al-Islam Ă Douma, en avril 2018
- Zone contrÎlée par le régime syrien et ses alliés
- Zone contrÎlée par les rebelles
- Zone contrÎlée par les rebelles sous cessez-le-feu
- Zone contrĂŽlĂ©e par l'Ătat islamique
- Zone contestée
Le 31 mars, la quasi-totalitĂ© de la poche de la Ghouta orientale est sous le contrĂŽle du rĂ©gime syrien[462]. Seule la ville de Douma, totalement encerclĂ©e et dĂ©fendue par les forces de Jaych al-Islam, demeure aux mains des rebelles[462]. Des nĂ©gociations sont alors menĂ©es avec la Russie, mais contrairement Ă Ahrar al-Cham et Faylaq al-Rahmane, Jaych al-Islam annonce qu'il refuse « catĂ©goriquement » de partir[462]. Le groupe dĂ©clare qu'il est prĂȘt Ă abandonner son arsenal militaire et Ă accepter le dĂ©ploiement de la police militaire russe, en Ă©change de l'assurance que l'armĂ©e syrienne ne pĂ©nĂštre pas Ă Douma[467] - [468]. Cependant, Moscou ne veut pas d'un accord diffĂ©rent de ceux conclus dans les autres secteurs de la Ghouta et refuse[467] - [468]. Jaych al-Islam ne tient Ă©galement pas Ă ĂȘtre Ă©vacuĂ© vers le gouvernorat d'Idleb, en raison de la forte prĂ©sence dans cette rĂ©gion du groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham, avec lequel il est en conflit ouvert[467].
Le 1er avril, un accord d'Ă©vacuation est finalement conclu entre la Russie et Jaych al-Islam[469] - [470]. Selon les termes de l'accord, Jaych al-Islam accepte l'Ă©vacuation de ses combattants vers al-Bab et Jarablous, dans le nord du gouvernorat d'Alep, remet ses armes lourdes et libĂšre ses prisonniers[470]. Les habitants peuvent rester Ă Douma s'ils le souhaitent, ou bien partir avec les rebelles[470]. Les institutions de l'Ătat syrien sont rĂ©tablies Ă Douma et l'administration de la ville passe Ă un conseil local formĂ© sous l'Ă©gide de Moscou et avec l'accord de Damas[470]. Enfin, afin d'Ă©viter les exactions, la police militaire russe se dĂ©ploie Ă l'intĂ©rieur de la ville, mais l'armĂ©e syrienne reste cantonnĂ©e Ă ses entrĂ©es[470]. Les Ă©vacuations dĂ©butent dĂšs le matin du 2 avril[469] - [470]. Cependant elles s'interrompent le 5 avril, alors que 4 000 combattants et civils ont quittĂ© Douma, en raison de divergences au sein de Jaych al-Islam[471]. Une tendance menĂ©e Issam al-Boueidani, le commandant en chef de Jaych al-Islam, refuse toujours d'abandonner Douma, tandis qu'une autre, regroupĂ©e autour de Samir KaakĂ©, accepte l'accord d'Ă©vacuation[472]. Selon Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH : « Il s'est avĂ©rĂ© que sur les 10 000 combattants de Jaych al-Islam, plus de 4 000 refusent catĂ©goriquement de sortir »[471].
Le 6 avril, pour la premiĂšre fois depuis une dizaine de jours, les forces aĂ©riennes du rĂ©gime reprennent leurs frappes sur Douma et tuent au moins 40 civils[473] - [474]. Le mĂȘme jour, les rebelles tirent des roquettes sur Damas, faisant six morts parmi les civils[473] - [475]. Au sol, l'armĂ©e syrienne reprend l'offensive le 7 avril Ă l'ouest, Ă l'est et au sud de Douma[476] - [477]. Ce jour-lĂ , les bombardements tuent encore 30 civils et onze personnes sont blessĂ©es par une attaque au chlore[473] - [478] - [479]. Dans la soirĂ©e, une nouvelle attaque chimique au chlore cause la mort d'au moins une cinquantaine de civils : diffĂ©rences sources locales (mĂ©dicales, secouristes, mĂ©dias de l'opposition) Ă©voquent une attaque au baril, larguĂ© par un hĂ©licoptĂšre et contenant des gaz chimiques, dont un agent innervant, intoxiquant des centaines de personnes et en tuant plusieurs dizaines, notamment des familles dans les souterrains[480] - [481] - [482] - [483] - [484] - [485].
Le 8 avril, un nouvel accord d'Ă©vacuation est conclu entre le rĂ©gime syrien et Jaych al-Islam[486] - [487] - [488]. Les premiers dĂ©parts dĂ©butent le jour mĂȘme et les rebelles commencent Ă libĂ©rer leurs 3 500 prisonniers[486]. Le 12 avril, la police militaire russe entre Ă Douma, le drapeau syrien est hissĂ©, les rebelles remettent leurs armes lourdes et leur chef, Issam al-Boueidani, quitte la Ghouta[489] - [490] - [491]. Les Ă©vacuations des derniers rebelles et civils de Douma se terminent le 14 avril[492]. Selon l'OSDH, 14 000 civils et 7 000 combattants de Jaych al-Islam ont Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©s vers le nord de la Syrie[493]. La poche de la Ghouta orientale est alors totalement reconquise par le rĂ©gime[492].
Capitulation des rebelles dans le Qalamoun oriental, en avril 2018
- Zone contrÎlée par le régime syrien et ses alliés
- Zone contrÎlée par les rebelles
La chute de la Ghouta orientale provoque Ă©galement la capitulation des rebelles dans le Qalamoun oriental. Ă Doumeir, une ville encerclĂ©e par les loyalistes Ă une cinquantaine de kilomĂštres au nord-est de Damas, le rĂ©gime fait pression sur les rebelles pour pousser ces derniers Ă accepter un accord d'Ă©vacuation, bien que les rebelles de Doumeir avaient auparavant acceptĂ© un « accord de rĂ©conciliation » et un cessez-le-feu[494] - [495]. Le 17 avril, l'accord est conclu et les forces locales de Jaych al-Islam acceptent Ă leur tour de livrer la ville[494] - [496]. Le 18 avril, l'armĂ©e syrienne mĂšne des frappes intenses autour de la ville afin d'impressionner les rebelles et de les pousser Ă accĂ©lĂ©rer ainsi la mise en Ćuvre des Ă©vacuations[495]. L'armĂ©e entre Ă Doumeir le soir du 19 avril et y hisse le drapeau officiel syrien[495]. Dans le mĂȘme temps, 1 500 Ă 1 700 rebelles et 3 500 civils quittent la ville et sont Ă©vacuĂ©s vers Jarablous[495] - [497].
Le 19 avril, les rebelles de trois autres petites villes au nord de Doumeir â Rouhaiba, Jairoud et Nassiriya â capitulent Ă leur tour[498] - [499]. Selon l'OSDH, les groupes rebelles prĂ©sents dans la rĂ©gion sont Jaych al-Islam, la Force du Martyr Ahmed al-Abdo, Jaych al-Tahrir al-Cham, Ahrar al-Cham, Jaych Ossoud al-Charkiya, le Liwa Shuhada al-Qaryatayn, Saraya Ahl el-Cham et Hayat Tahrir al-Cham[499]. Les Ă©vacuations dĂ©butent le 21 avril et s'achĂšvent le 25 : environ 3 200 rebelles accompagnĂ©s des membres de leurs familles sont conduits par bus Ă Jarablous[500] - [501] - [502] - [503]. Les 24 et 25 avril, l'armĂ©e syrienne reprend le contrĂŽle de la rĂ©gion[503].
Offensive loyaliste contre l'Ătat islamique au sud de Damas, avril-mai 2018
- Zone contrÎlée par le régime syrien et ses alliés
- Zone contrĂŽlĂ©e par l'Ătat islamique
- Zone contestée
AprĂšs la dĂ©faite des rebelles Ă Douma, une derniĂšre poche Ă©chappe encore au rĂ©gime syrien dans la Ghouta. SituĂ©e au sud de Damas, elle comprend certaines parties des quartiers de Yarmouk, Al-Hajar al-Aswad, Qadam (en) et Tadamon, et est occupĂ©e depuis 2015 par les djihadistes de l'Ătat islamique[494]. Une petite enclave au nord de Yarmouk est Ă©galement contrĂŽlĂ©e par Hayat Tahrir al-Cham, en conflit Ă la fois avec le rĂ©gime et l'Ătat islamique[504]. Selon l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les rĂ©fugiĂ©s de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), environ 6 000 rĂ©fugiĂ©s palestiniens sont alors encore prĂ©sents dans le quartier de Yarmouk â contre 200 000 au dĂ©but de la guerre civile â et 6 000 autres vivent dans les alentours[4].
L'armĂ©e syrienne masse alors des troupes contre cette ultime poche : elle commence Ă la bombarder le 17 avril, tandis que l'EI effectue Ă©galement des tirs de roquettes, puis lance le 19 avril un ultimatum aux djihadistes en leur laissant 48 heures pour se retirer de la zone[494] - [496]. Dans les derniers jours d'avril, les loyalistes reprennent une grande partie du quartier de Qadam[505] - [506]. De leur cĂŽtĂ© les forces de l'Ătat islamique attaquent Ă©galement les rebelles dans le quartier de Yalda, et s'emparent le 28 avril d'un hĂŽpital et de plusieurs bĂątiments adjacents[505]. Environ 7 000 civils parviennent Ă fuir au dĂ©but de l'offensive, certains franchissant le point de passage de Beit Sahem, tenu par les rebelles[4].
Ă l'est de Yarmouk, les quartiers de Yalda (en), Bab Bila et Beit Sahem (en) sont Ă©galement toujours contrĂŽlĂ©s par les rebelles, mais ces derniers, affiliĂ©s Ă Jaych al-Islam et Jaych al-Ababil Horan, respectent un cessez-le-feu conclu avec le rĂ©gime en 2014[505] - [507]. Les rebelles acceptent cependant un accord d'Ă©vacuation avec Damas le 29 avril[505] - [507]. Selon les termes de l'accord, les forces de Jaych al-Islam sont Ă©vacuĂ©es vers le nord de la Syrie, tandis que celles de Jaych al-Ababil Horan, affiliĂ©es Ă l'ArmĂ©e syrienne libre, rejoignent les forces du Front du Sud dans le gouvernorat de Deraa[505] - [507]. Le mĂȘme jour, au nord de Yarmouk, les maigres forces de Hayat Tahrir al-Cham concluent un accord similaire avec le rĂ©gime et la Russie[508], aprĂšs des combats ayant fait au moins 22 morts pour les loyalistes et 19 pour les djihadistes entre le 19 et le 27 avril[509]. Les rebelles d'Idleb acceptent Ă©galement de relĂącher 100 civils capturĂ©s dans le village de Chtabrak, prĂšs d'Idleb, et de laisser 5 000 habitants assiĂ©gĂ©s Ă Foua et Kafraya rejoindre Alep[505] - [507]. Les combattants de Hayar Tahrir al-Cham quittent Yarmouk avec leurs familles le 30 avril et arrivent dans le nord de la Syrie, Ă al-Eiss, le 1er mai[508] - [510] - [511]. L'agence Sana et l'OSDH font Ă©tat de l'Ă©vacuation de 200 personnes, combattants et civils, Hayat Tahrir al-Cham Ă©voque pour sa part le dĂ©part de 108 combattants, 17 femmes et 16 enfants[510]. Les Ă©vacuations des rebelles de Yalda, Bab Bila et Beit Sahem dĂ©butent quant Ă elles le 3 mai[512] - [513]. Au total, 8 400 Ă 9 000 personnes, combattants et civils, sont Ă©vacuĂ©s de ces trois quartiers[514] - [515]. Le dernier convoi quitte Damas le 10 mai, marquant ainsi la fin de prĂ©sence rebelle dans la rĂ©gion de Damas[514].
De leur cĂŽtĂ©, les djihadistes de l'Ătat islamique opposent une forte rĂ©sistance, bien que leurs forces ne soient estimĂ©es qu'Ă environ un millier de combattants[516] - [517] - [4]. DĂ©but mai, le rĂ©gime contrĂŽle 60 % du quartier de Hajar al-Aswad, mais l'EI tient toujours 80 % du camp de Yarmouk selon l'OSDH[516]. Les loyalistes parviennent Ă s'emparer de la principale route qui relie Hajar al-Aswad et Yarmouk, mais les djihadistes contre-attaquent et rĂ©tablissent la liaison les 5 et 6 mai[516]. Aucune vĂ©ritable progression n'est enregistrĂ©e par les loyalistes dans les premiers jours de mai[517]. Cependant le 15 mai, les loyalistes finissent par reprendre entiĂšrement le quartier d'Hajar al-Aswad[518].
Selon l'OSDH, du 19 avril au 20 mai, les combats entre les troupes du rĂ©gime et les forces de l'Ătat islamique ont fait au moins 251 morts chez les premiĂšres â dont 31 officiers et neuf prisonniers exĂ©cutĂ©s â et 233 morts pour les secondes, tandis qu'au moins 62 civils, dont 9 femmes et 16 enfants, ont Ă©galement Ă©tĂ© tuĂ©s[519] - [520].
Selon l'OSDH, un accord nĂ©gociĂ© par les Russes et des rĂ©fugiĂ©s palestiniens pro-rĂ©gime avec des reprĂ©sentants de l'Ătat islamique est conclu le 19 mai et les Ă©vacuations des djihadistes vers la Badiya dĂ©butent le lendemain[521] - [522]. Le rĂ©gime syrien ne fait aucune annonce, et les sources militaire des mĂ©dias officiels dĂ©mentent l'existence d'un accord, avant de reconnaĂźtre l'instauration d'un cessez-le-feu le 20 mai[521] - [523]. Selon l'OSDH, les Ă©vacuations des djihadistes s'achĂšvent le 21 mai ; 1 600 Ă 1 800 personnes, combattants et civils, sont Ă©vacuĂ©s Ă bord de 32 bus en direction de l'Est[523] - [524] - [525]. Le mĂȘme jour, l'armĂ©e syrienne annonce la reconquĂȘte totale de Damas et de ses environs[526] - [525].
Bilan humain
Pertes des forces belligérantes
à la fin de la bataille, le média pro-régime Al-Masdars News estime qu'au moins 10 000 combattants ont été tués dans chaque camp[5].
Dans le quartier de Yarmouk, les combattants palestiniens pro-régime du FPLP-CG perdent au moins 230 hommes au cours des années 2013, 2014 et 2015[527].
Une enquĂȘte est rĂ©alisĂ©e pour Bellingcat par Gregory Waters sur les pertes des forces loyalistes dans plusieurs offensives[219] :
- 116 Ă 189 morts dans l'offensive de Jobar, entre le 19 mars et le 2 avril 2017[219] ;
- 49 à 54 morts dans l'offensive de Barzé et Qaboun, entre le 2 avril et le 15 mai 2017[219] ;
- 168 à 270 morts à Aïn Terma et Jobar, entre le 2 août et le 30 septembre 2017[219] ;
- 331 à 488 morts à Harasta, entre le 14 novembre 2017 et 18 février 2018[219] ;
- 544 morts contre les rebelles dans la Ghouta orientale entre le 18 février et le 14 avril 2018[219] ;
- 358 Ă 522 contre l'Ătat islamique au sud de Damas entre le 12 mars et le 21 mai 2018[219].
Pertes civiles
Selon le Réseau syrien des droits de l'homme (SNHR), au moins 12 763 civils, dont 1 127 femmes et 1 463 enfants, sont tués dans la Ghouta par les forces du régime syrien et leurs alliés entre mars 2011 et février 2018[6]. Le SNHR indique ensuite que, 871 civils, dont 179 enfants, ont été tués dans la Ghouta pendant le mois qui a suivi la résolution 2401 du Conseil de sécurité de l'ONU impliquant un cessez-le-feu de 30 jours[528].
Selon un rapport d'Amnesty International publiĂ© le , plus de 500 civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s par des frappes aĂ©riennes du rĂ©gime syrien dans la Ghouta orientale entre janvier et juin 2015. L'ONG indique Ă©galement que : « Le rapport recense 13 frappes aĂ©riennes et dâautres attaques assimilables Ă des crimes de guerre, qui ont tuĂ© 231 civils et seulement trois combattants ». De plus selon la SociĂ©tĂ© mĂ©dicale syro-amĂ©ricaine, 200 personnes sont mortes de faim ou par manque de soins mĂ©dicaux entre le 21 octobre 2012 et le 31 janvier 2015[529]. L'ONG palestinienne Jafra affirme Ă©galement que 170 personnes sont mortes de faim Ă Yarmouk, entre 2013 et 2015[4].
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) donne plusieurs bilans sur les pertes civiles causées par les frappes aériennes et les tirs d'artillerie du régime syrien et de la Russie contre la Ghouta orientale :
- Au moins 257 morts, dont 50 enfants, du 16 au 26 août 2015[130]
- Au moins 324 civils tués en juillet et août 2016[530]
- Au moins 114 civils tués en juillet et août 2017[530]
- Au moins 1 992 civils tués, dont 286 femmes et 426 enfants, et 7 042 blessés du 14 novembre 2017 au 14 mars 2018[531].
L'OSDH déclare également qu'au moins 200 civils ont été tués, dont 26 femmes et 28 enfants, et 851 blessés par des tirs rebelles sur Damas de début décembre 2017 à début avril 2018[475].
Médecins sans frontiÚres (MSF), présent dans la Ghouta orientale, donne également plusieurs bilans sur les pertes civils infligées en zone rebelle :
- Au moins 180 civils tués et 1 600 blessés du 1er janvier au 18 février 2018[345] ;
- Au moins 1 005 civils tués et 4 829 blessés du 18 février au 3 mars 2018, « soit une moyenne de 344 blessés et 71 morts par jour », nombre appelé à augmenter en raison de l'absence de données pour 2 hÎpitaux sur la journée du 3 mars[534].
Selon l'Union des Organisations de Secours et Soins médicaux (UOSSM), 820 civils ont été tués et 5 000 blessés dans la Ghouta entre le 18 février et le 6 mars 2018[393].
Selon les Casques blancs, au cours de l'année 2017, 1 337 civils ont été tués et 9 123 blessés dans la Ghouta orientale par les frappes aériennes et les tirs d'artillerie du régime syrien et de la Russie[535].
Selon des sources hospitaliÚres locales citées par Le Monde et Libération, 18 800 personnes, dont 5 000 enfants, sont mortes dans la zone rebelle assiégée de la Ghouta, de 2013 à octobre 2017, et 50 000 autres ont été blessés[8] - [9].
Crimes de guerre et crimes contre l'humanité
Le , la Commission dâenquĂȘte indĂ©pendante et internationale (COI) sur la Syrie mandatĂ© par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies rend son rapport dans lequel elle accuse le rĂ©gime syrien de crimes contre l'humanitĂ© et plusieurs groupes rebelles de crimes de guerre[536] - [537].
La COI condamne alors la « pratique barbare » du siÚge imposé par le camp loyaliste, et son président, Paulo Pinheiro, déclare que « Le fait que des civils assiégés soient attaqués sans distinction et qu'ils soient privés systématiquement de nourriture et de médicaments est totalement odieux »[536]. Il ajoute que les troupes loyalistes ont recouru à des tactiques « illégales », visant à « punir les habitants et forcer la population à se rendre ou à mourir de faim »[536]. Le rapport conclut que « certains actes perpétrés par les forces progouvernementales pendant le siÚge, notamment la privation délibérée de nourriture de la population civile comme pratique de guerre, s'apparentent à des crimes contre l'humanité »[536].
La COI accuse Ă©galement des groupes rebelles comme Jaych al-Islam, Ahrar al-Cham ou Hayat Tahrir al-Cham, d'« attaques aveugles », ayant tuĂ© ou mutilĂ© des centaines de civils[536]. Le rapport indique Ă©galement que « pendant toute la durĂ©e du siĂšge, des groupes armĂ©s ont arrĂȘtĂ© de façon arbitraire et torturĂ© des civils Ă Douma, parmi lesquels des membres de minoritĂ©s religieuses, commettant de façon rĂ©pĂ©tĂ©e des crimes de guerre tels que la torture, les traitements cruels et les outrages Ă la dignitĂ© »[536].
Selon l'agence Sana et l'OSDH, un charnier contenant au moins 70 corps, dont celui d'une femme, les mains liĂ©es et pour la plupart exĂ©cutĂ© d'une balles dans la tĂȘte, entre 2012 et 2014, est exhumĂ© en fĂ©vrier 2020 au sud-est de Douma[538] - [539].
Notes et références
Notes
- Pertes civiles :
- 12 763 morts au moins, dont 1 127 femmes et 1 463 enfants, selon le Réseau syrien des droits de l'homme, causés par le camp loyaliste de mars 2011 à février 2018[6]
- 1 745 morts au moins, dont 229 femmes et 371 enfants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, causés par le camp loyaliste du 18 février au 9 avril 2018[7]
- 18 800 morts, dont 5 000 enfants, tués en zone rebelle, de 2013 à octobre 2017, selon des sources hospitaliÚres locales[8] - [9]
Références
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- Madjid Zerrouky, En Syrie, la bataille de Yarmouk sâĂ©ternise dans le sud de Damas, Le Monde, 18 mai 2018.
- Andrew Illingworth, Map update: Syrian Army takes last rebel-held district of East Ghouta, ends six year battle, Al-Masdars News, 16 avril 2018.
- Approximately 13,000 Civilians Killed at the Hands of Syrian Regime Forces in Eastern Ghouta, including 1,463 Children, SNHR, 25 février 2018.
- Douma agreement continues to be carried out and preparations of buses continue within the city to transport tens of thousands of fighters, civilians, thousands of captives and abductees to Damascus and the Syrian north, OSDH, 9 avril 2018.
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Voir aussi
Bibliographie
Liens externes
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- Cartographie de la crise syrienne
- Syrie : le récit de notre envoyé spécial arrivé à Damas, par Lefigaro.fr et Georges Malbrunot, le 31 août 2013
- SynthĂšse de renseignement dĂ©classifiĂ© par la France: Possession et emplois passĂ©s dâagents chimiques en Syrie
- Tour d'horizon des partisans et opposants Ă une frappe en Syrie L'action militaire en Syrie, dĂ©fendue principalement par les Ătats-Unis et la France, divise la communautĂ© internationale.
- Benjamin Barthe, Syrie : dans lâunivers fracassĂ© de la Ghouta, la vie sâest organisĂ©e, Le Monde, 2 fĂ©vrier 2016.
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- Un bĂ©bĂ© syrien borgne au centre dâune campagne de solidaritĂ© virale sur le Net, Le Monde avec AFP, 20 dĂ©cembre 2017.
- Ziad Alissa et Raphael Pitti, Syrie : la Ghouta se meurt en silence, Libération, 22 décembre 2017.
- Jean-Pierre Perrin, Syrie: lâagonie sans fin de la Ghouta, Mediapart, 26 dĂ©cembre 2017.
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- Anthony Samrani, Ghouta : quatre contre-vérités de la propagande pro-Assad, OLJ, 28 février 2018.
- Abdulmonam Eassa, Dans l'enfer de la Ghouta, Making-off AFP, 14 février 2018.
- Abdulmonam Eassa, "Si je reste vivant": chroniques de la Ghouta, Making-off AFP, 5 mars 2018.
- Caroline Hayek, Ghouta : chronique dâune rĂ©volution Ă©crasĂ©e, OLJ, 9 mars 2018.
- La Ghouta orientale, un jardin dâĂ©den devenu cauchemar dâun peuple, Le Monde, 15 mars 2018.
Vidéographie
- [vidéo] Revoir le reportage : "La bataille de Damas", France 24, 27 décembre 2017.
Reportages photographiques
- Le recyclage, ou comment la ville syrienne assiégée de Douma survit, Le Monde avec Reuters, 25 mai 2017.
Cartographie
- Comprendre la bataille de Damas en trois minutes, Le Monde, 30 mai 2013.
- Infographie: Zones d'affrontement Ă Damas en 2013
- Offensive loyaliste dans la Ghouta orientale (18 mai 2016), carte réalisée par Agathocle de Syracuse.
- Offensive loyaliste dans la Ghouta orientale (19 mai 2016), carte réalisée par Agathocle de Syracuse.