Attaque chimique de Khan al-Assal
L'attaque chimique de Khan al-Assal, a eu lieu le , dans le district de Khan al-Assal, à l'ouest d'Alep, lors de la guerre civile syrienne. Il s'agit d'une attaque au sarin, le sarin utilisé a été produit par le régime syrien mais l'auteur de l'attaque est incertain. L'attaque a provoqué la mort d'au moins 26 personnes.
Attaque chimique de Khan al-Assal | |||
Date | |||
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Lieu | Khan al-Assal | ||
Victimes | Militaires et Civils | ||
Type | Attaque chimique | ||
Morts | 20 Ă 26[1] - [2] | ||
Blessés | 86 à 124[1] - [2] | ||
Auteurs | inconnus | ||
Guerre | Guerre civile syrienne | ||
CoordonnĂ©es | 36° 10âČ 02âł nord, 37° 02âČ 21âł est | ||
GĂ©olocalisation sur la carte : Syrie
GĂ©olocalisation sur la carte : Moyen-Orient
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DĂ©roulement
Le , selon le ministre syrien de l'Information Omrane al-Zohbi, un missile est tiré par les rebelles depuis Kfar Daël, dans la région de Naïrab à l'est d'Alep, et frappe un poste militaire à Khan al-Assal, à l'ouest d'Alep[3]. Le régime syrien accuse alors pour la premiÚre fois les rebelles d'avoir utilisé une arme chimique[3].
ImmĂ©diatement aprĂšs l'incident, le gouvernement syrien et l'opposition se sont accusĂ©s mutuellement d'avoir menĂ© l'attaque, mais aucun des deux camps n'a prĂ©sentĂ© de documentation claire[4] - [5]. Le gouvernement syrien a demandĂ© aux Nations unies d'enquĂȘter sur l'incident, mais les diffĂ©rends sur la portĂ©e de cette enquĂȘte ont entraĂźnĂ© de longs retards. Dans l'intervalle, la Syrie a invitĂ© la Russie Ă envoyer des spĂ©cialistes pour enquĂȘter sur l'attaque. Des Ă©chantillons prĂ©levĂ©s sur le site les ont ainsi amenĂ©s Ă conclure que l'attaque impliquait l'utilisation de sarin[6] - [7], ce qui correspondait Ă l'Ă©valuation faite par les Ătats-Unis. La Russie a tenu l'opposition responsable de l'attaque, tandis que les Ătats-Unis ont accusĂ© le gouvernement d'ĂȘtre impliquĂ©.
Bilan humain
Selon le rĂ©gime syrien, l'attaque fait 26 morts, dont 16 soldats loyalistes[8]. D'aprĂšs Bachar al-Jaafari, reprĂ©sentant permanent de la RĂ©publique Arabe Syrienne auprĂšs des Nations unies, Ă la suite de l'impact du missile, un Ă©pais nuage de fumĂ©e rendait inconscient toute personne lâinhalant. Il annonce aussi que plus de 110 civils et soldats exposĂ©s ont dĂ» ĂȘtre conduits dans des hĂŽpitaux Ă Alep[2].
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) affirme pour sa part que 16 soldats et 10 civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s par le tir d'un missile sol-sol contre une position militaire mais affirme ne pas ĂȘtre en mesure de dire « si ce missile contenait des matiĂšres chimiques ou pas »[3].
RĂ©actions
AprÚs l'attaque, l'agence gouvernementale SANA accuse les rebelles d'avoir tiré une roquette contenant des substances chimiques vers la zone de Khan al-Assal dans le gouvernorat d'Alep et rapporte la mort de 25 personnes ainsi que 86 intoxications[1].
L'Armée syrienne libre accuse, elle, le régime d'avoir mené l'attaque chimique et dément posséder de telles armes[3]. Un de ses porte-paroles, Louaï Moqdad, déclare : « Nous comprenons que l'armée a visé Khan al-Assal en utilisant un missile de longue portée et nos informations initiales indiquent qu'il peut avoir contenu des armes chimiques. Il y a beaucoup de victimes et de nombreux blessés ont des problÚmes de respiration »[3].
EnquĂȘtes
Les enquĂȘteurs de l'ONU arrivent finalement sur les lieux en aoĂ»t (avec un mandat excluant l'Ă©valuation de la culpabilitĂ© pour les attaques Ă l'arme chimique). Leur arrivĂ©e a coĂŻncidĂ© avec les attaques Ă plus grande Ă©chelle de la Ghouta qui ont eu lieu le 21 aoĂ»t. Le rapport de l'ONU[2], qui a Ă©tĂ© achevĂ© le 12 dĂ©cembre, a constatĂ© « l'utilisation probable d'armes chimiques Ă Khan al-Assal » et a estimĂ© qu'un empoisonnement aux organophosphorĂ©s Ă©tait la cause de « l'intoxication massive »[9].
Le 6 mai 2013, Carla del Ponte, magistrate suisse et membre de la Commission d'enquĂȘte de l'ONU dĂ©clare dans une interview en Suisse que : « selon les tĂ©moignages que nous avons recueillis, les rebelles ont utilisĂ© des armes chimiques, faisant usage de gaz sarin »[10]. Ses accusations reposent sur des tĂ©moignages de victimes et de mĂ©decins recueillis par des enquĂȘteurs de l'ONU dans les pays voisins de la Syrie, elle ajoute cependant que la commission n'a pas recueilli de preuves irrĂ©futables Ă ce sujet : « Nous avons des suspicions fortes, concrĂštes, mais pas de preuve incontestable de l'utilisation de gaz sarin »[10]. Ces dĂ©clarations sont cependant contredites le mĂȘme jour par la commission d'enquĂȘte internationale de l'ONU sur les violations des droits de l'homme en Syrie qui affirme ne pas avoir d'Ă©lĂ©ments suffisants lui « permettant de conclure que des armes chimiques ont Ă©tĂ© utilisĂ©es par les parties au conflit »[11] - [12].
Selon l'agence de presse Reuters, des analyses d'échantillons prélevés sur les sites des attaques de la Ghouta, à Khan Cheikhoun et de Khan al-Assal montrent qu'ils contiennent des marqueurs chimiques (hexamine) identiques à ceux des échantillons recueillis sur les produits dont le régime syrien avait accepté de se défaire début 2014 à la suite de l'accord intervenu à l'initiative de la Russie[13] - [14]. Selon Mediapart, la présence d'hexamine constitue la « signature caractéristique » du sarin syrien[15].
Pour Eliot Higgins, fondateur du site d'enquĂȘte Bellingcat interrogĂ© en 2017, « il apparaĂźt dĂ©sormais que le gouvernement syrien est responsable » de l'attaque chimique de Khan al-Assal[16].
Chronologie
- Le 3 mars, les forces de l'opposition capturent une grande partie de l'académie de police de Khan al-Assal[17].
- Le mardi 19 mars, à 07 heures 30, un missile atterrit dans la partie sud de Khan al-Assal. L'engin libÚre alors du sarin lors de l'impact et le vent permet au gaz de dériver vers le sud-ouest en suivant la direction du vent[2]. Un médecin d'un hÎpital d'Alep, affirme que les produits toxiques qui ont été répandus « provoquent des vomissements et une perte de conscience »[18].
- Le 20 mars, le gouvernement syrien demande officiellement une mission de l'ONU impartiale et indĂ©pendante spĂ©cialisĂ©e sur les armes chimiques afin d'enquĂȘter sur l'attaque[19].
- Le 21 mars, en rĂ©ponse Ă la requĂȘte syrienne, Ban Ki-moon dĂ©cide d'organiser une mission pour enquĂȘter sur l'attaque. La mission est baptisĂ©e « Mission des Nations Unies chargĂ©e d'enquĂȘter sur les utilisations prĂ©sumĂ©es d'armes chimiques en RĂ©publique arabe syrienne »[19] - [20]. L'ancienne haut-commissaire des Nations unies aux droits de lâhomme, Louise Arbour, dĂ©clare dans une interview qu'une intervention militaire serait lĂ©gitime, car elle permettrait d'Ă©viter l'utilisation d'armes chimiques. MalgrĂ© tout elle Ă©met des doutes, car d'aprĂšs elle, « en faisant une ligne rouge, on prend le risque que des parties qui ont intĂ©rĂȘt Ă provoquer une intervention les utilisent »[21].
- Le 22 mars, les Nations unies dĂ©cident d'Ă©tendre le mandat de la Commission d'enquĂȘte qui prĂ©voyait jusqu'Ă prĂ©sent d'« enquĂȘter sur tous les massacres »[22] à « toutes les violations prĂ©sumĂ©es du droit international et des droits de l'homme depuis mars 2011 en RĂ©publique arabe syrienne »[23] - [24].
- Le 23 mars, une Ă©quipe d'enquĂȘteurs russes arrive Ă Khan al-Assal et relĂšve des fragments de mĂ©tal et des Ă©chantillons du sol sur le site de l'attaque[2]. L'aprĂšs midi, un photographe de Reuters est conduit le site de l'incident par des soldats de l'armĂ©e arabe syrienne[7]. Il prend alors des photos dans le village[25] ainsi que du point d'impact[26].
- Le 27 mars, Ban Ki-moon nomme Ă ke Sellström Ă la tĂȘte de la mission de l'ONU pour enquĂȘter sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie[27].
- Le 5 mai, Carla Del Ponte, membre de la commission d'enquĂȘte de l'ONU dĂ©clare : « nos enquĂȘtes devront encore ĂȘtre approfondies, vĂ©rifiĂ©es et confirmĂ©es Ă travers de nouveaux tĂ©moignages, mais selon ce que nous avons pu Ă©tablir jusqu'Ă prĂ©sent, pour le moment ce sont les opposants au rĂ©gime qui ont utilisĂ© le gaz sarin »[28] - [29]. Cependant, le lendemain, en rĂ©action Ă la dĂ©claration de Del Ponte, la Commission d'enquĂȘte annonce ne pas avoir d'Ă©lĂ©ments suffisants lui « permettant de conclure que des armes chimiques ont Ă©tĂ© utilisĂ©es par les parties au conflit »[30].
- Le 8 juillet, la Syrie invite Ă ke Sellström et le chef du dĂ©sarmement onusien Angela Kane Ă se rendre Ă Damas pour des entretiens concernant la conduite de l'enquĂȘte sur l'attaque de Khan al-Assal[31].
- Le 9 juillet, l'ambassadeur russe auprÚs des Nations unies, Vitali Tchourkine, remet le rapport d'analyse russe des échantillons prélevés sur le site de l'attaque chimique au Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon[32]. D'aprÚs l'ambassadeur, le missile et son contenu étaient récents mais « pas de fabrication industrielle »[33].
- Le 20 aoĂ»t, le gouvernement syrien remet son propre rapport d'enquĂȘte sur l'attaque chimique de Khan al-Assal Ă la mission d'enquĂȘte de l'ONU Ă Damas[2].
- Le 25 septembre, la mission de l'ONU retourne en Syrie pendant cinq jours pour suivre et conclure son enquĂȘte concernant l'utilisation prĂ©sumĂ©e d'armes chimiques en Syrie, notamment Ă Khan al-Assal[2].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Khan al-Assal chemical attack » (voir la liste des auteurs).
- (en-US) Anne Barnard, « Syria and Activists Trade Accusations on Chemical Weapons », The New York Times,â (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) « United Nations Mission to Investigate Allegations of the Use of Chemical Weapons in the Syrian Arab Republic » [PDF]
- AFP, « Damas accuse les rebelles d'utiliser des armes chimiques », La Presse, (consulté le )
- (en-GB) « Syrians trade chemical attack claims », BBC News,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (en-GB) Alex Thomson, Chief Correspondent, Channel 4 News, « Syria chemical weapons: finger pointed at jihadists », Channel 4 News,â (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Matthew Schofield, « Russia gave UN 100-page report in July blaming Syrian rebels for Aleppo sarin attack », mcclatchydc,â (lire en ligne, consultĂ© le )
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- « Mission de l'ONU en Syrie : l'enquĂȘte dĂ©bute, les doutes persistent », Le Monde,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (en-GB) Louis Charbonneau, Michelle Nichols, « U.N. confirms chemical arms were used repeatedly in Syria », Reuters,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Perrine Mouterde, « Les rebelles syriens ont-ils utilisé des armes chimiques ? »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?), France 24,
- Stéphanie Maupas, « Carla Del Ponte désavouée pour ses accusations contre les rebelles syriens », Le Monde,
- AFP, « Armes chimiques en Syrie, l'ONU fait marche arriÚre », Libération,
- (en) Anthony Deutsch, « Exclusive: Tests link Syrian government stockpile to largest sarin attack - sources », Reuters,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- « samples (lacking full chain of custody by the team) as made available by the interviewees » « Report Of The OPCW Fact-finding Mission In Syria Regarding An Alleged Incident In Khan Shaykhun, Syrian Arab Republic April 2017 », OPCW Technical Secretariat, , page 50.
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- Florian Reynaud, « Il y a eu plus dâune centaine dâattaques chimiques en Syrie », Le Monde,
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- (en) Patrick J. McDonnell, « "U.N.'s Carla del Ponte say Syrian Rebels May Have Used Sarin" », Los Angeles Times, .
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- (en) « Vitaly I. Churkin (Russian Federation) on Syria - Security Council Media Stakeout », The United Nations,
- Le Monde avec AFP et Reuters, « Syrie : les rebelles nient les accusations russes sur l'utilisation de gaz sarin », Le Monde (consulté le ).