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Armée syrienne libre

L'ArmĂ©e syrienne libre (ASL) (arabe : Ű§Ù„ŰŹÙŠŰŽ Ű§Ù„ŰłÙˆŰ±ÙŠ Ű§Ù„Ű­Ű±, al-jayĆĄ as-suri al-ħurr) est un rassemblement de groupes rebelles formĂ© le lors de la guerre civile syrienne. Elle forme au dĂ©but du conflit la principale force armĂ©e opposĂ©e au rĂ©gime de Bachar el-Assad, avant d'ĂȘtre supplantĂ©e dans certaines rĂ©gions par des factions islamistes ou djihadistes[6] - [7] - [8]. ConstituĂ©e d'anciens officiers de l'armĂ©e syrienne, elle se caractĂ©rise, pour l'essentiel, par son nationalisme et son objectif dĂ©mocratique[3] - [9].

Armée syrienne libre
Ű§Ù„ŰŹÙŠŰŽ Ű§Ù„ŰłÙˆŰ±ÙŠ Ű§Ù„Ű­Ű± (ar)
Image illustrative de l’article ArmĂ©e syrienne libre

Idéologie Nationalisme syrien[1] - [2]
Islamisme sunnite (en partie)[2]
SĂ©cularisme (en partie)[2]
Objectifs Renversement de Bachar el-Assad et de son régime baasiste
Établissement d'une dĂ©mocratie[3]
Statut Actif
Fondation
Date de formation
Pays d'origine Syrie
Fondé par Riad el Asaad
Actions
Mode opératoire Lutte armée, guérilla
Zone d'opération Syrie
Période d'activité 29 juillet 2011-en activité
Organisation
Chefs principaux ‱ Riad al-Asaad
‱ Selim Idriss
‱ Abd-al-Ilah Al-Bachir (en)
Membres 60 000 (en 2012)[2]
50 000 (en 2016)[2] - [4]
Composée de Armée nationale syrienne
Front du Sud
Front révolutionnaire syrien
Jaych al-Thuwar
(et autres)
Financement FinancĂ© et Ă©quipĂ© par : Drapeau des États-Unis États-Unis, Drapeau de la France France, Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni, Drapeau de l'Allemagne Allemagne, Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas, Drapeau de la Croatie Croatie et Drapeau de la Turquie Turquie
Drapeau de l'Arabie saoudite Arabie saoudite
Drapeau du Qatar Qatar
Drapeau d’IsraĂ«l IsraĂ«l
Drapeau du Maroc Maroc
Drapeau de la Libye Libye
Drapeau de la Jordanie Jordanie
Drapeau du KoweĂŻt KoweĂŻt
Drapeau des Émirats arabes unis Émirats arabes unis
RĂ©pression
Considéré comme terroriste par Drapeau de la Russie Russie (de facto), Drapeau de la Syrie Syrie[5] et Drapeau de l'Iran Iran
Guerre civile syrienne
Conflit au Liban

Au cours de son existence, l'armĂ©e syrienne libre a regroupĂ© plusieurs dizaines de factions[10]. Parmi les principales figurent : la Brigade Ahfad al-Rassoul, la Brigade al-Farouq, les Brigades des martyrs de Syrie, le Mouvement Hazm, l'ArmĂ©e de Yarmouk, Faylaq al-Cham, le Front du Levant, Alwiyat Saif al-Cham, Faylaq al-Rahman, la 1re division cĂŽtiĂšre, l'ArmĂ©e libre d'Idleb, la 101e division d'infanterie, Liwa Suqour al-Jabal, la 13e division, Fastaqim Kama Umirt, Liwa Shuhada al-Islam, Fursan al-Haq, la Brigade de la TempĂȘte du Nord, la Division Sultan Mourad, Jaych al-Ezzah, la Brigade des rĂ©volutionnaires de Raqqa, Al-Forqat al-Wasti, la Division al-Hamza, la Brigade al-Moutasem, les Bataillons islamiques al-Safwah, Jaych Ossoud al-Charkiya, la Force du Martyr Ahmed al-Abdo. D'autres groupes rebelles ont fait partie de l'ArmĂ©e syrienne libre avant de s'en retirer, comme le Liwa al-Tawhid, Suqour al-Cham et le Liwa al-Umma.

À partir de 2017, l'essentiel des groupes de l'ArmĂ©e syrienne libre se fond dans l'ArmĂ©e nationale syrienne.

Drapeaux et logos

  • Premier logo de l'ArmĂ©e syrienne libre, utilisĂ© jusqu'en octobre 2011,.
    Premier logo de l'Armée syrienne libre, utilisé jusqu'en octobre 2011[11] - [12].
  • Logo de l'ArmĂ©e syienne libre, adoptĂ© en novembre 2011,.
    Logo de l'Armée syienne libre, adopté en novembre 2011[12] - [13].
  • Le drapeau national syrien, utilisĂ© par l'ArmĂ©e syrienne libre jusqu'en octobre 2011.
    Le drapeau national syrien, utilisé par l'Armée syrienne libre jusqu'en octobre 2011[12].
  • Drapeau de l'ArmĂ©e syrienne libre, adoptĂ© officiellement par l'opposition le 4 novembre 2011.
    Drapeau de l'Armée syrienne libre, adopté officiellement par l'opposition le 4 novembre 2011[13].
  • Logo du Conseil SuprĂȘme de Commandement de la RĂ©volution syrienne.
    Logo du Conseil SuprĂȘme de Commandement de la RĂ©volution syrienne.

L'ASL adopte le drapeau de la Syrie mandataire et de la République syrienne précédant le rÚgne du Baas et des Assad[9]. Les couleurs vert-blanc-noir représentent les trois dynasties historiques (Fatimides, Omeyyades et Abbassides) et les trois étoiles, les minorités chrétienne, druze et alaouite[9].

Histoire

La formation du groupe d'opposition armĂ© est annoncĂ©e le dans une vidĂ©o publiĂ©e sur le web par un groupe de militaires syriens en uniforme qui ont fait dĂ©fection. Ceux-ci appellent les membres de l'armĂ©e Ă  faire dĂ©fection et Ă  les rejoindre[14]. Le chef de ces hommes, qui s'identifie lui-mĂȘme comme le colonel Riyad al Asaad, affirme que l'ArmĂ©e syrienne libre travaillerait avec les manifestants Ă  la chute du rĂ©gime, et prĂ©cise que toutes les forces de sĂ©curitĂ© attaquant des civils sont des cibles justifiĂ©es[15] - [16]. L'ASL est le premier groupe Ă  prendre les armes contre le rĂ©gime de Bachar al-Assad[9].

Le , l'ArmĂ©e syrienne libre (ASL) fusionne avec le Mouvement des officiers libres (MOL, arabe : Ű­Ű±ÙƒŰ© Ű§Ù„Ű¶ŰšŰ§Ű· Ű§Ù„ŰŁŰ­Ű±Ű§Ű±, ħarakat al-ឍubbaáč­ al-aħrar) et devient ainsi le principal groupe armĂ© d'opposition[6]. Cette fusion intervient peu aprĂšs l'enlĂšvement par les services de renseignement syriens du lieutenant-colonel HuseĂŻn Harmouch, chef et fondateur du MOL qui avait refusĂ© de collaborer avec les FrĂšres musulmans[17] - [18] et qui devait ĂȘtre le porte-parole officiel de l'ASL avant son enlĂšvement[19].

Le , l'ASL reconnaĂźt l’autoritĂ© du Conseil national syrien (CNS)[20], dont le prĂ©sident Burhan Ghalioun s'oppose Ă  la militarisation de la rĂ©volte syrienne : « [La] tĂąche [de l'ASL] doit se limiter Ă  la protection des manifestants, ils ne doivent pas mener des opĂ©rations. Nous ne voulons pas de guerre civile »[21].

À la mi-dĂ©cembre 2011, un camp de l'ASL est installĂ© en Turquie. Son accĂšs est strictement contrĂŽlĂ© par les Forces armĂ©es turques[22].

En février 2012, Fahad Al Masri a été l'un des fondateurs du premier commandement conjoint de l'Armée syrienne libre intérieur, avec le colonel Qassem Saad Eddin et d'autres officiers, et a contribué au renforcement de la formation de conseils militaires, au niveau des gouvernorats, et à la mise en place de bureaux de presse. Fahad Al Masri a été accrédité en tant que porte-parole du mouvement[23].

En février 2012, le général Mustafa Al Cheikh quitte l'ASL et fonde le Haut Conseil militaire et révolutionnaire[19]. Le président du Conseil national syrien Burhan Ghalioun révÚle également que son organisation a formé un corps militaire pour rassembler les rebelles du pays sous un contrÎle unifié, ce qui est trÚs mal reçu au sein de l'ASL qui n'a pas été tenue au courant[19].

Le , Burhan Ghalioun annonce que son organisation « va prendre en charge le paiement des salaires fixes de tous les officiers, soldats et résistants membres de l'ASL »[24]. Le mois suivant, il se déclare finalement favorable à l'armement de l'ASL par l'extérieur[25].

Le 21 août 2012, Fahad Al Masri a été le premier à rencontrer l'envoyé international en Syrie, Lakhdar Brahimi, aprÚs sa rencontre avec le président français François Hollande dans le cadre de sa mission dans le dossier syrien.

Au printemps 2012, l'ASL se dote d'un commandement conjoint regroupant les chefs des brigades Ă©tablies dans 10 des 14 gouvernorats syriens ; dans le mĂȘme temps, l’ASL de l’intĂ©rieur prend l’ascendant sur les gĂ©nĂ©raux dĂ©serteurs rĂ©fugiĂ©s en Turquie[26].

Rebelles de l'Armée syrienne libre à Alep en .

En juillet 2012, l'ASL de l'intĂ©rieur annonce son propre plan de transition post-Bachar el-Assad « avec constitution d’un « conseil supĂ©rieur de dĂ©fense » devant Ă  terme choisir un « conseil prĂ©sidentiel » politico-militaire pour diriger le pays durant la pĂ©riode transitoire » ; mais la proposition est rejetĂ©e par le colonel Riyad al Asaad[27].

Au dĂ©but du mois de septembre 2012, le gĂ©nĂ©ral Mohamed Al-Haj Ali, un officier dĂ©serteur, annonce la crĂ©ation d'une ArmĂ©e nationale syrienne censĂ©e s'attaquer Ă  l'influence des rĂ©seaux islamistes[28] ou, selon d'autres sources, remplacer l'ArmĂ©e syrienne libre[29]. Le mĂȘme mois, le centre de commandement de l'ASL, initialement situĂ© Ă  Hatay en Turquie, est dĂ©placĂ© en Syrie dans le but de mieux contrĂŽler les groupuscules extrĂ©mistes agissant en son nom[30]. C'est Ă©galement en septembre 2012 que les brigades islamistes ralliĂ©es aux objectifs dĂ©mocratiques et pluralistes, crĂ©ent leur propre coalition, le Front Islamique pour la LibĂ©ration de la Syrie (FILS), qui n'a plus qu'un lien symbolique avec l'ASL[3].

En octobre 2012, l'ASL, avec d'autres groupes armés, se place sous l'autorité d'une nouvelle direction de 30 hommes chargée de superviser la lutte contre l'armée syrienne et notamment composée de plusieurs dirigeants de l'ASL comme le commandant Riyad al Asaad, le général Moustafa Cheikh et le général Mohammed Hadj Ali[31]. Ce nouveau conseil militaire est lancé sous l'influence de la Turquie, de l'Arabie saoudite et du Qatar dans la perspective d'une meilleure transmission d'armes[32]. Fahad Al Masri se rend alors en Turquie pour participer à des réunions avec plusieurs officiers ayant fait défection dans les zones proches de la frontiÚre syro-turque, ainsi qu'avec l'ambassadeur de France chargé du dossier syrien avec plusieurs militaires.

En novembre 2012, le conseil militaire de l'ASL annonce son soutien Ă  la nouvelle Coalition nationale des forces de l'opposition et de la rĂ©volution (CNFOR) et sa collaboration avec elle[33]. La CNFOR crĂ©e un conseil militaire suprĂȘme chapeautant l'ASL[34].

En décembre 2012, des manifestations se déroulant à Alep s'en prennent à l'Armée syrienne libre alors que celle-ci avait conquis la moitié de la ville en juillet[35].

En mars 2013, l'ASL refuse de reconnaßtre Ghassan Hitto, élu Premier ministre de la CNFOR chargé de l'administration des territoires rebelles en Syrie, en mettant en cause le défaut de consensus lors de son élection[36].

Au printemps 2013, l'ASL gagne du terrain au sud de la Syrie, dans la province de Deraa situĂ©e Ă  la frontiĂšre avec la Jordanie, en s'emparant de deux bases militaires et de la ville de DaĂ«l[37], mais en perd par ailleurs avec la bataille de Qousseir. L'ASL rĂ©clame alors des missiles antiaĂ©riens Ă  courte portĂ©e, des missiles antichars, des mortiers, des munitions, des gilets pare-balles, des masques Ă  gaz et une zone d’exclusion aĂ©rienne, prĂ©venant du risque d'« une vĂ©ritable catastrophe humanitaire »[38]. Elle affirme peu aprĂšs avoir obtenu satisfaction en ayant reçu de l'Ă©tranger des quantitĂ©s d'armes « modernes » susceptibles de « changer le cours de la bataille » : il s'agit d'armes antiaĂ©riennes et antichars ainsi que de munitions[39].

En août 2013, Le Figaro révÚle que « les premiers contingents syriens formés à la guérilla par les Américains en Jordanie seraient entrés en action depuis la mi-août dans le sud de la Syrie, dans la région de Deraa. Un premier groupe de 300 hommes, sans doute épaulés par des commandos israéliens et jordaniens, ainsi que par des hommes de la CIA, aurait franchi la frontiÚre le 17 août. Un second les aurait rejoints le 19 »[40].

En septembre 2013, des groupes appartenant à l'ASL affirment, de concert avec treize des groupes rebelles islamistes les plus puissants en Syrie et dont l'ASL était proche, qu'aucune organisation basée à l'étranger, y compris la Coalition nationale, ne saurait les représenter : ils forment alors une alliance avec les djihadistes du Front al-Nosra[41] - [42]. De nouveaux groupes de l'ASL font défection en octobre[43]. Une quinzaine de brigades de l'ASL forme le Front révolutionnaire syrien[44].

En dĂ©cembre 2013, l'ASL perd le contrĂŽle de ses bureaux, Ă  Bab Al-Hawa, prĂšs de la frontiĂšre turque, ainsi que de plusieurs entrepĂŽts, situĂ©s dans cette rĂ©gion, celle de Homs et celle d'Idlib. Ces sites, qui abritent du matĂ©riel fourni par des pays alliĂ©s (notamment par les États-Unis[45]), passent sous le contrĂŽle du Front islamique. D'aprĂšs la Coalition des forces de l'opposition et de la rĂ©volution, les rebelles du Front islamique sont arrivĂ©s sur les sites Ă  sa demande, pour Ă©viter qu'ils ne tombent dans les mains de l'État islamique en Irak et au Levant. Mais, selon un proche de Selim Idriss, « cette opĂ©ration de secours est du bidon, les salafistes se sont servis dans les entrepĂŽts » et rien n'indique selon lui qu'ils sont disposĂ©s Ă  rĂ©trocĂ©der leur prise de guerre[46].

Le 16 fĂ©vrier 2014, Selim Idriss est limogĂ© de son poste de chef d'Ă©tat-major de l'ArmĂ©e syrienne libre par le Conseil militaire supĂ©rieur (CMS), qui invoque « la paralysie au sein de l'Ă©tat major au cours des derniers mois », la nĂ©cessitĂ© de le « restructurer » et « les difficultĂ©s que rencontre la rĂ©volution syrienne » face au rĂ©gime du prĂ©sident Bachar el-Assad. Il est remplacĂ© par le brigadier gĂ©nĂ©ral Abdel Al-Ilah Al-Bachir[47]. En juin 2014, le gouvernement de la Coalition nationale syrienne dissout le Conseil supĂ©rieur militaire de l'ArmĂ©e syrienne libre et dĂ©fĂšre ses membres devant le comitĂ© de contrĂŽle financier et administratif du gouvernement pour qu'ils fassent l'objet d'une enquĂȘte[48].

Ossama Abou Zayed, porte-parole de l'ASL, indique en mai 2015 : « Depuis l’hiver 2014, nous nous battons sur deux fronts, contre le rĂ©gime et contre l’EI »[49].

Des rebelles de l'Armée syrienne libre engagés dans l'Opération Bouclier de l'Euphrate, au nord d'al-Bab, le 10 février 2017.

Le 26 août 2015, Djamil Raadoun, chef de la brigade Soukour Al-Ghab de l'ASL, est tué par un attentat dans la province de Hatay en Turquie[50].

En septembre 2015, la brigade Tajamu’Al-Izza, affiliĂ©e Ă  l'ASL et habilitĂ©e Ă  recevoir des missiles antichars pas les États-Unis, est touchĂ©e par des frappes russes d'aprĂšs des officiels amĂ©ricains, tandis que la Russie affirme avoir ciblĂ© l'État islamique[51]. Mediapart indique en mars 2016 qu'« aux dires des familiers du terrain, l’ASL a [...] subi de plein fouet Ă  partir d’octobre dernier les frappes aĂ©riennes russes et les offensives terrestres de l’armĂ©e syrienne, de ses alliĂ©s du Hezbollah et des miliciens afghans, entraĂźnĂ©s par l’Iran et coordonnĂ©s sur le terrain par les conseillers russes »[9].

Selon Mediapart en mars 2016, l'ASL « n'existe plus aujourd’hui de maniĂšre significative que dans la ville d’Alep, dans le nord de la province du mĂȘme nom, Ă  Azaz et Marea, au voisinage de la frontiĂšre turque, dans la rĂ©gion de Damas, oĂč elle aurait conclu une alliance tactique avec « l’ArmĂ©e de l’islam » forte de ses soutiens qataris et saoudiens, et surtout au sud, prĂšs de la Jordanie, autour de Dara, qui fut en 2011 « l’étincelle de la rĂ©volution » et reste sa derniĂšre place forte, adossĂ©e Ă  la Jordanie, oĂč sont formĂ©s et armĂ©s par les Occidentaux une partie de ses combattants »[9].

En 2018, des accords sont conclus entre le gouvernement et l'armĂ©e syrienne libre. AprĂšs des semaines de bombardements, la Ghouta orientale est Ă©vacuĂ©e jusqu'au 21 mai 2018. En juillet, c'est au tour de la province de Deraa qui Ă©tait alors contrĂŽlĂ© Ă  70 % par les rebelles. AprĂšs des bombardements et quelques lĂ©gers combats, les rebelles sont Ă  leur tour dĂ©placĂ© avec leurs familles. Ils partent tous vers les zones oĂč il y a une prĂ©sence turque, Idleb, Afrine.

Conflit au Liban

En mai 2012, face aux accusations de l'agence libanaise (ANI), l'ASL dĂ©ment toute implication dans le rapt de pĂšlerins chiites libanais dans le nord de la Syrie, accusant le rĂ©gime syrien d'en ĂȘtre Ă  l'origine[52].

En aoĂ»t 2012, Hassan al-Mouqdad, issu d'une puissante famille chiite proche du Hezbollah, « sniper Ă  la solde de Damas » selon ses ravisseurs, est enlevĂ© par des hommes se rĂ©clamant de l'ASL. En rĂ©ponse, le clan al-Mouqdad organise l'enlĂšvement d'une vingtaine de Syriens et d'un Turc, et des rixes anti-syriennes ont lieu dans les quartiers chiites de Beyrouth, tandis que l'aĂ©roport devient inaccessible. Un message diffusĂ© sur une chaĂźne pro-Hezbollah menace Ă©galement les citoyens du Qatar et de l'Arabie saoudite, ce qui incite ces deux pays ainsi que les Émirats arabes unis, BahreĂŻn et le KoweĂŻt Ă  intimer Ă  leurs ressortissants de quitter le Liban. Mais le Conseil militaire de l'ASL dĂ©ment ĂȘtre liĂ© Ă  l'enlĂšvement de Hassan al-Mouqdad[53].

En septembre 2012, des soldats de l'ASL font incursion dans une poche sunnite Ă  l'est du Liban, prĂšs du village d'Ersal, afin de mieux attaquer les troupes de l'armĂ©e loyaliste. Celle-ci n'hĂ©site pas Ă  rĂ©pliquer de son cĂŽtĂ©, ce qui contraint le Liban Ă  protester auprĂšs de Damas. De plus, « les alliĂ©s libanais du rĂ©gime syrien, comme le Hezbollah, accusent certaines forces politiques implantĂ©es dans le village d’Ersal de faciliter la contrebande d'armes destinĂ©es aux insurgĂ©s syriens »[54].

En fĂ©vrier 2013, Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, dĂ©clare que « tout ce qui aboutirait Ă  transfĂ©rer la lutte en Syrie vers le Liban serait une erreur » mais les combats continuent entre la milice et les insurgĂ©s syriens du cĂŽtĂ© syrien de la frontiĂšre syro-libanaise[55]. Le mĂȘme mois, le gĂ©nĂ©ral Selim Idriss, chef d'Ă©tat-major de l'ASL, menace de bombarder le Hezbollah au Liban, accusĂ© de tirer sur des localitĂ©s rebelles en Syrie[56].

La bataille de Qousseir (mai-juin 2013) est un tournant dans l'implication des troupes du Hezbollah en Syrie et l'opposition du mouvement libanais Ă  l'ASL.

Entre 2014 et 2015, l'Armée syrienne libre participe à la deuxiÚme bataille de Kobané aux cÎtés des troupes kurdes[57].

Idéologie

L'Armée syrienne libre rassemble plusieurs factions aux idéologies disparates. La plupart sont nationalistes, certaines sont islamistes sunnites modérées, d'autres laïques[2].

Organisation et commandement

En dĂ©cembre 2012, avec le soutien des pays du Golfe, de la Turquie et des Occidentaux, 260 chefs de groupes rebelles syriens se rassemblent Ă  Antalya pour former un « Conseil militaire suprĂȘme » (CMS) sous la direction du gĂ©nĂ©ral Selim Idriss[2]. Mais fin 2013, furieux du retrait amĂ©ricain aprĂšs le Massacre de la Ghouta, 13 groupes dĂ©cident de quitter le CMS, dont les trois plus puissants — Jaych al-Islam, Suqour al-Cham et Liwa al-Tawhid — qui forment le Front islamique[2]. Le Front islamique s'empare ensuite du plus important quartier-gĂ©nĂ©ral du CMS, Ă  Bab al-Hawa, prĂšs de la frontiĂšre turque[2].

Effectifs

Rebelles du groupe Faylaq al-Cham de l'Armée syrienne libre préparant des tirs d'artillerie contre les positions tenues par les YPG à Alep, le 2 octobre 2015.

Fin 2011, les civils constituent la majoritĂ© des troupes de l'ASL, en particulier des jeunes appelĂ©s qui ne sont pas retournĂ©s Ă  leurs casernes Ă  l’issue d’une permission et des retraitĂ©s de l'armĂ©e[17] - [18], rejoints par des dĂ©serteurs de l'armĂ©e[58].

Fin septembre 2011, le New York Times donne une estimation de 10 000 soldats dĂ©serteurs d'aprĂšs un responsable amĂ©ricain, tandis que l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) estime que l'ASL compte moins de 1 000 soldats sur l'ensemble du territoire et que la plupart ne sont que des conscrits de moins de 20 ans ayant abandonnĂ© leur service militaire[59]. En novembre 2011, le colonel Riad al-Asaad affirme que l'ASL compte 10 000 hommes divisĂ©s en 22 bataillons[60].

Fin dĂ©cembre 2011, les services de renseignements français estiment les forces de l'ASL Ă  8 000 hommes[61]. Vers la mi-janvier 2012, l'ASL dĂ©clare avoir 40 000 hommes dans ses rangs[62]. Pour Charles Lister, chercheur au Middle East Institute, l'ASL rassemble 60 000 hommes en mars 2012, soit environ 50 % des forces rebelles[2]. À l'Ă©tĂ© 2012, le commandant Riyad al Asaad ainsi que le porte-parole en France de l'ASL Fahd el-Masri revendiquent des effectifs ayant dĂ©passĂ© les 100 000 hommes[63] - [26], alors que les spĂ©cialistes indiquent qu'un tiers de l’armĂ©e rĂ©guliĂšre aurait fait dĂ©fection, soit 100 000 hommes Ă©galement, mais sans pouvoir dĂ©terminer combien ont rejoint l'ASL[26].

En janvier 2013, Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, indique : « Les dĂ©fections n’ont pas pesĂ© sur l’armĂ©e syrienne : la majoritĂ© des combattants rebelles n’est pas formĂ© de militaires dĂ©fectionnaires mais de civils ayant pris les armes »[64]. En avril 2013, des experts estiment le nombre de combattants de l'ASL Ă  140 000[65]. À l'Ă©tĂ© 2013, Selim Idriss revendique seulement 80 000 hommes Ă©quipĂ©s d'armes lĂ©gĂšres, « dont 50 000 Ă  60 000 sont actifs sur le terrain »[66] - [67].

À l'automne 2013, seules deux brigades de l'ASL ont une ampleur nationale et constituent son ossature : Ahfad Al-Rassoul (« les Petits-Fils du ProphĂšte ») et Jabhat Ahrar Souria (« le Front des Hommes libres de la Syrie »)[3].

En janvier 2014, selon la journaliste française Catherine GouĂ«set, l'ASL apparaĂźt marginalisĂ©e avec seulement 15 000 Ă  20 000 hommes dispersĂ©s, surtout actifs dans la rĂ©gion de Deraa, au sud de la Syrie[58].

Fin 2015, le chercheur amĂ©ricain Charles Lister estime que l'ASL compte 45 000 hommes, dont 25 000 au sein du Front du Sud et 20 000 dans le reste de la Syrie[68].

En mars 2016, l'universitaire Ziad Majed Ă©value les effectifs de l'ASL Ă  « environ 30 000 hommes »[9]. Elle compte alors plus de 50 groupes distincts[10], contre 70 environ en 2015[68].

Armement, financement et soutiens

Sources de l'intérieur

La plupart des armes utilisĂ©es par l'ArmĂ©e syrienne libre seraient achetĂ©es directement Ă  des soldats ou aux « chabbihas », les milices pro-rĂ©gime[69] - [19], rĂ©cupĂ©rĂ©es lors des attaques menĂ©es contre les postes et convois des forces loyales au rĂ©gime[17] ou fabriquĂ©es par les soldats de l'ASL eux-mĂȘmes[70]. D'aprĂšs Rifaat el-Assad, l'armĂ©e rĂ©guliĂšre aurait mĂȘme « alimentĂ© en armes sophistiquĂ©es et en munitions l'armĂ©e libre »[71]. En juillet 2012, Fahd el-Masri, porte-parole de l'ASL Ă  Paris, affirme que l'ASL dispose seulement d'armes lĂ©gĂšres et moyennes[26]. Selon l'universitaire Thomas Pierret, les brigades de l'ASL « ne possĂšdent pour l'essentiel que ce qui constitue l'Ă©quipement de base des unitĂ©s de l'armĂ©e syrienne (kalachnikov, fusil de prĂ©cision Dragunov, mitrailleuse PKT et lance-roquettes RPG-7) et n'ont gĂ©nĂ©ralement acquis d'Ă©quipements plus sophistiquĂ©s (en particulier des missiles antichars Metis et Kornet) qu'en les capturant aux forces rĂ©guliĂšres ou en les achetant Ă  des officiers corrompus »[72]. En fĂ©vrier 2013, l'ASL prend le contrĂŽle d'une base aĂ©rienne, al-Jarrah, situĂ©e prĂšs d'Alep : c'est la premiĂšre fois depuis le dĂ©but de la guerre civile que des avions militaires susceptibles de fonctionner tombent entre les mains des rebelles[73].

Le 1er avril 2012, le Conseil national syrien (CNS), lui-mĂȘme financĂ© par des pays Ă©trangers, annonce qu'il va payer les salaires des membres de l'ASL[24]. Le 31 octobre 2012, le CNS publie le montant et l'origine des sommes qu'il a reçues de l'extĂ©rieur, soit 40,4 millions de dollars, dont 7 % (soit 2,8 millions) sont allĂ©s Ă  l'ASL[74].

Malik al-Kurdi, le second du général Riad el Asaad, remet néanmoins en cause cet apport en août 2013 :

« Pour une partie, ce sont des mensonges. Pour le reste, l’aide financiĂšre et militaire parvient directement aux katibas [unitĂ©s de combattants], sans passer par l’état-major de l’ASL. En fait, la plupart du matĂ©riel qu’ils ont envoyĂ©, essentiellement des armes lĂ©gĂšres, fusils mitrailleurs, lance-roquettes, roquettes antichars de type RPG et munitions, se retrouve aux mains des groupes extrĂ©mistes. Je ne crois pas qu’il puisse s’agir d’un hasard. [...] Nous, l’état-major de l’ASL, sommes exclus de ce processus. Les armes traversent la frontiĂšre avec la bĂ©nĂ©diction des Turcs Ă  Bab al-Hawa, puis sont stockĂ©es Ă  l’entrĂ©e du territoire syrien, proche de la localitĂ© d’Atmeh. Mais Ă  trois reprises, elles ont ensuite disparu, confisquĂ©es ou prĂ©tendument volĂ©es par des groupes liĂ©s Ă  Al-QaĂŻda. Il faut ĂȘtre trĂšs clair : comment se fait-il que tout le monde prĂ©tend aider les rebelles modĂ©rĂ©s de l’ASL, alors que, sur le terrain, les armes sont presque toutes aux mains des extrĂ©mistes djihadistes ? »[34].

Soutiens régionaux

Le financement et l'armement extérieurs de l'ASL semblent venir principalement de pays du Golfe arabique comme l'Arabie saoudite, le Qatar, d'autres pays comme la Turquie et quelques pays occidentaux. Il est aussi possible qu'une partie du financement soit due au fait d'expatriés syriens[22] - [75].

L'aide du Qatar et des rebelles libyens

Selon le New York Times, le Qatar finance « un effort multinational actif et complexe [...] pour transporter les armes depuis la Libye jusqu’aux combattants de l’opposition syrienne ». Les armes ainsi transfĂ©rĂ©es sont en majoritĂ© lĂ©gĂšres, telles que des fusils, des mitrailleuses, des lance-roquettes type RPG, et des obus de mortier, mais les rebelles libyens ont Ă©galement envoyĂ© des missiles anti-chars. On estime qu’environ 28 tonnes d'armes ont ainsi Ă©tĂ© livrĂ©es aux rebelles anti-Assad par les airs entre aoĂ»t 2012 et juin 2013. Les avions spĂ©cialement affrĂ©tĂ©s pour l'occasion dĂ©collent vers la Turquie ou la Jordanie, oĂč les armes sont ensuite introduites clandestinement en Syrie. Le gouvernement libyen ne serait cependant pas impliquĂ© dans ces transferts[76].

NĂ©anmoins, le Qatar soutient ouvertement des groupes salafistes rivaux de l'ASL tels que Ahrar al-Cham et Liwa al-Tawhid et se voit ainsi accuser de jouer un double jeu dĂšs fin 2013[45].

L'aide saoudienne

Selon l'universitaire Thomas Pierret, « l'aide militaire saoudienne est surtout livrĂ©e Ă  des groupes d'anciens militaires dĂ©serteurs, comme le Conseil militaire rĂ©volutionnaire, dirigĂ© par le colonel Abdel Jabbar al-Oqaidi, Ă  Alep »[77]. Mais il faut noter une Ă©volution de l'aide saoudienne : celle-ci Ă©tait d'abord adressĂ©e, au printemps 2012, Ă  des salafistes en transitant par la Turquie, alors que le Qatar en faisait de mĂȘme mais en destinant ses livraisons Ă  des groupes proches des FrĂšres musulmans. À l'automne 2012, le soutien de l'Arabie saoudite se dĂ©place en Jordanie, plus prĂ©cisĂ©ment Ă  Amman oĂč les armes financĂ©es par le royaume wahhabite parviennent par l'intermĂšde d'avions croates, pour venir en aide Ă  des nationalistes laĂŻcs. Fin mars 2013, une trentaine de rotations de ce genre ont Ă©tĂ© observĂ©es et ont permis de renforcer la capacitĂ© des rebelles en leur apportant notamment des canons sans recul, lance-grenades et autres missiles antichars[37]. En mai 2013, une cargaison d'armes Ă  l'instigation de l'Arabie saoudite en soutien de l'ASL s'avĂšre dĂ©cisive dans la bataille de Qousseir[78].

L'aide du KoweĂŻt

Si le Parlement du KoweĂŻt a officiellement annoncĂ© son soutien Ă  l'ASL en mars 2012[79], Riyad al Asaad dĂ©ment dans le mĂȘme temps que des KoweĂŻtiens combattent aux cĂŽtĂ©s des rebelles[80]. En juin 2012, un journal koweĂŻtien affirme que des dizaines de KoweĂŻtiens luttent aux cĂŽtĂ©s de l'ASL, mais Ă©galement d'importants groupes de combattants originaires d'Arabie saoudite, d'AlgĂ©rie et du Pakistan[81].

Les soutiens djihadistes

L'ASL a par ailleurs reconnu que des combattants djihadistes se sont rangĂ©s Ă  ses cĂŽtĂ©s, mais sans avoir un rĂŽle « significatif »[82]. Une opĂ©ration importante comme le double attentat menĂ© sur le siĂšge de l'Ă©tat-major syrien le 26 septembre 2012 Ă  Damas est pourtant revendiquĂ©e par un groupe de djihadistes, alors que l'ASL prĂ©cise avoir Ă©galement participĂ© Ă  l'opĂ©ration, sans que ses liens avec le groupe soient clairs[83]. Pour le politologue Hasni Abidi, « l’ASL est un peu une auberge espagnole. Il s’agit d’élĂ©ments armĂ©s, opposĂ©s au rĂ©gime au pouvoir, qui dĂ©cident de le dĂ©fier mais on ne sait pas qui ils sont exactement. Il y a de nombreux mouvements isolĂ©s. Et, avec les frontiĂšres avec l’Irak et la Turquie qui sont devenues de vĂ©ritables passoires, les conditions sont propices Ă  l’entrĂ©e en Syrie de ce que l’on appelle les nouveaux djihadistes »[84]. Mais dĂšs la fin 2012, les djihadistes, dont le Front al-Nosra, semblent gagner de l'influence au dĂ©triment de l'ASL, notamment en bĂ©nĂ©ficiant de fonds bien plus importants que celle-ci[35] - [32]. Mais cette alliance entre ASL et djihadistes s'effrite peu Ă  peu, notamment lorsqu'un commandant de l'ASL est abattu en juillet 2013 par des combattants de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), Ă©manation d’Al-QaĂŻda en Syrie avec le Front Al-Nosra[85].

Selon l'universitaire Frédéric Pichon :

« l’ASL a Ă©tĂ© une franchise commode. Elle Ă©tait composĂ©e des mĂȘmes combattants qui aujourd’hui sont dans le front islamique, financĂ© par les Saoudiens, ou des combattants du Front al-Nosra ou des groupes affiliĂ©s Ă  Al-Qaida. Il y a toujours eu une grande porositĂ© entre ces groupes de combattants. On a essayĂ© de nous vendre une fiction de « modĂ©rĂ©s » au sein de l’ASL, Ă  laquelle de nombreux experts n’ont jamais cru. Je comprends que pour un certain discours, il fallait dire que l’on soutenait des nationalistes, mais on ne les a jamais trouvĂ©s. Il y avait des Syriens, des hommes libres qui se revendiquaient de l’ASL. Ils allaient du salafiste bon teint au djihadiste, en passant par des gens qui dĂ©fendaient leur quartier ou leur village »[7].

Soutien américain

Un rebelle de Jaych al-Ezzah avec un BGM-71 TOW livrĂ©s par les États-Unis, au nord de Hama, en mars 2017.

À partir du printemps 2012, des agents de renseignement amĂ©ricains de la CIA aident Ă  acheminer des armes Ă  l'opposition syrienne depuis la Turquie. La CIA et le DĂ©partement d'État amĂ©ricain travaillent Ă©galement avec les alliĂ©s du Golfe pour aider l'ArmĂ©e syrienne libre Ă  dĂ©velopper des routes logistiques et faire passer du matĂ©riel en Syrie. Les FrĂšres musulmans syriens figurent parmi les intermĂ©diaires[75]. La CIA veille en particulier Ă  ce que les armes parviennent aux rebelles et non aux djihadistes infiltrĂ©s en Syrie[86], mais un rapport publiĂ© par le New York Times en octobre 2012 rĂ©vĂšle qu'elle y Ă©choue, ces derniers bĂ©nĂ©ficiant de la majoritĂ© de l'approvisionnement[87]. Elle fournirait Ă©galement aux opposants des renseignements sur l'emplacement des troupes syriennes et leurs mouvements[88]. En aoĂ»t 2012, des mĂ©dias amĂ©ricains rapportent que le prĂ©sident Barack Obama a signĂ© un document secret autorisant l'aide amĂ©ricaine Ă  l'ASL : alors qu'officiellement les États-Unis n'offrent qu'une aide mĂ©dicale et logistique Ă  la rĂ©bellion syrienne, la CIA aurait avec cette directive l'autorisation d'agir clandestinement contre le rĂ©gime syrien[89]. Par ailleurs, le « Syrian Support Group », une association amĂ©ricaine en soutien des rebelles, a reçu une dĂ©rogation du DĂ©partement du TrĂ©sor des États-Unis pour apporter une aide financiĂšre et logistique Ă  l'ArmĂ©e syrienne libre[90].

En fĂ©vrier 2013, les États-Unis promettent une aide de 60 millions de dollars au Conseil suprĂȘme militaire syrien qui chapeaute les rebelles de l'ArmĂ©e syrienne libre sous forme d'aide non lĂ©tale et d'aide mĂ©dicale ainsi qu'en nourriture[77]. Mais d'aprĂšs le journaliste Georges Malbrunot, « les Forces spĂ©ciales n'ont pas attendu les annonces officielles pour passer Ă  l'action » et plus prĂ©cisĂ©ment entraĂźner des rebelles de l’ArmĂ©e syrienne libre (ASL) passĂ©s en Jordanie, au « King Abdallah special operation training center » (Kasotec) situĂ© au nord d’Amman. Ils seraient assistĂ©s dans cette tĂąche par « des Forces spĂ©ciales britanniques et une poignĂ©e de Français »[91], ainsi que le gĂ©nĂ©ral Ahmed Al-Na'ameh, un ancien officier de l'armĂ©e rĂ©guliĂšre[37]. La CIA et des forces spĂ©ciales amĂ©ricaines forment Ă©galement des rebelles syriens en Turquie. L'entraĂźnement consiste en sessions de deux semaines pour 20 Ă  45 combattants. Les insurgĂ©s de l'ASL s'entraĂźnent au maniement de fusils et missiles antichars et d'armes lourdes pour rĂ©sister aux avions des forces loyalistes[92].

En parallĂšle, le secrĂ©taire d'État John Kerry donne un aval implicite aux pays du Golfe pour la livraison d'armes[93]. En avril 2013, 4 000 combattants auraient Ă©tĂ© Ă©quipĂ©s et formĂ©s Ă  Deraa sous la houlette des États-Unis et de leur alliĂ© saoudien, et auraient participĂ© ainsi Ă  la progression de l'ASL au sud de la Syrie[37].

En avril 2013 Ă©galement, le prĂ©sident Barack Obama dĂ©bloque 10 millions de dollars « pour fournir de l'aide mĂ©dicale et alimentaire » au Conseil militaire suprĂȘme qui chapeaute l'ASL et Ă  la Coalition nationale des forces de l'opposition et de la rĂ©volution (CNFOR)[94]. Le secrĂ©taire d'État John Kerry annonce de son cĂŽtĂ© le doublement de l'assistance directe aux rebelles syriens et la livraison d'Ă©quipements militaires dĂ©fensifs, le montant total de l'aide amĂ©ricaine atteignant ainsi 250 millions de dollars : il s'agirait notamment de gilets pare-balles, de vĂ©hicules ou encore de lunettes de vision nocturne[95].

En juillet 2013, Ahmad Assi Jarba, prĂ©sident de la CNFOR, dĂ©clare : « En vĂ©ritĂ©, nous n'avons pas reçu la moindre arme des États-Unis. Nous recevons une aide humanitaire d'urgence, mais Ă  l'heure oĂč je vous parle, aucune arme n'est arrivĂ©e »[67]. Le gĂ©nĂ©ral amĂ©ricain Martin Dempsey indique pour sa part que, si les États-Unis sont disposĂ©s Ă  « renforcer les rebelles », le Pentagone n'envisage pas d'entraĂźner les rebelles syriens, cet entraĂźnement devant ĂȘtre dispensĂ© « par d'autres moyens, voire, peut-ĂȘtre, par d'autres pays ».

L'assistance américaine débouche en août 2013 sur une offensive des premiers contingents formés en Jordanie au sud de la Syrie, avec l'encadrement de commandos jordaniens et israéliens, ainsi que de la CIA[40].

Elle se renforce en septembre 2013 avec, pour la premiÚre fois, des livraisons d'armes létales, à savoir des armes légÚres et des munitions, dans le contexte de tensions internationales consécutif au massacre de la Ghouta[96] : celles-ci s'avÚrent cependant d'une ampleur limitée[46].

En dĂ©cembre 2013, les États-Unis suspendent leurs livraisons Ă  l'ASL Ă  la suite de la perte de contrĂŽle de ses bureaux et de plusieurs entrepĂŽts[46]. Peu aprĂšs, le CongrĂšs approuve en secret le financement de la livraison, via la Jordanie, d'armes lĂ©gĂšres en direction, pour l'essentiel, des factions modĂ©rĂ©es, non islamistes de la rĂ©bellion syrienne, situĂ©es dans le sud du pays. Les soutiens de cette action reconnaissent nĂ©anmoins qu'elle n'augmente pas grandement les chances de victoire de la rĂ©bellion[97]. Au printemps 2014, le gouvernement amĂ©ricain Ă©labore un plan visant Ă  former plus de rebelles syriens (prĂ©sents essentiellement en Jordanie, le long de la frontiĂšre syrienne) et Ă  leur livrer davantage d'armes lĂ©gĂšres. Si elle admet que ses projets ne changeront pas fondamentalement le rapport de force, l'administration Obama estime qu'ils augmentent ses chances d'avoir des alliĂ©s au pouvoir au cas oĂč le rĂ©gime de Bachar al Assad viendrait Ă  tomber[98].

En avril 2014, l'ASL reçoit pour la premiÚre fois, via le mouvement Hazm (composé principalement d'anciens soldats ayant fait défection de l'armée syrienne), une vingtaine de missiles antichars TOW de fabrication américaine pour lesquels des dizaines de combattants ont subi un entrainement grùce à une aide internationale. Un officier rebelle indique qu'on leur en a promis davantange « s'ils sont utilisés à bon escient ». L'ASL les utilise dans certains points chauds, comme les provinces septentrionales d'Idleb, Alep et Lattaquié[99].

En juin 2014, Barack Obama annonce son intention de dĂ©bloquer 500 millions de dollars pour « entraĂźner et Ă©quiper » l'opposition modĂ©rĂ©e armĂ©e en Syrie, aprĂšs enquĂȘte sur les groupes bĂ©nĂ©ficiaires[100].

En fĂ©vrier 2015, les États-Unis signalent un accord avec la Turquie pour former, sur une pĂ©riode de trois ans, 15 000 combattants de l’opposition syrienne modĂ©rĂ©e dans les environs de Kirsehir afin de combattre l'État islamique. Ossama Abou Zayed, le porte-parole de l’ArmĂ©e syrienne libre, dĂ©plore cependant que son organisation ne soit pas incluse dans ce programme, de mĂȘme qu'« aucune brigade engagĂ©e dans des combats contre le rĂ©gime » selon lui[49].

Soutien britannique

En fĂ©vrier 2012, le ministre des Affaires Ă©trangĂšres britannique William Hague dĂ©clare que le Royaume-Uni s'apprĂȘte Ă  envoyer de l'Ă©quipement en communication stratĂ©gique Ă  l'opposition syrienne, et qu'il n'y aurait pas de limites Ă  ce soutien[101]. En aoĂ»t 2012, le Sunday Times annonce que le service de renseignements britannique a apportĂ©, depuis ses bases chypriotes, une aide logistique Ă  l'ASL pour lancer des attaques sur les forces gouvernementales, et ce avec la pleine approbation des autoritĂ©s britanniques[102].

En mars 2013, le Royaume-Uni annonce qu'il fournira des vĂ©hicules blindĂ©s aux rebelles[103], puis soutient la levĂ©e de l'embargo europĂ©en sur les armes tout en assurant qu'il compte fournir des armes aux rebelles syriens mĂȘme sans accord des Vingt-Sept[104]. Le gouvernement britannique se contente finalement de livrer de la formation et des consultations aux rebelles[105].

En décembre 2013, le Royaume-Uni suspend ses livraisons à l'ASL à la suite de la perte de contrÎle de ses bureaux et de plusieurs entrepÎts[46]. Le ministre des Affaires étrangÚres William Hague annoncent que celles-ci reprennent début mai 2014. Elles concernent des équipements militaires non létal (ordinateurs portables avec connexion internet satellitaire, téléphones portables, radios, 4x4, générateurs portables, tentes, rations alimentaires, kits médicaux) pour un montant total d'un million de livres, soit 1,2 million d'euros[106].

Soutien français

En juin 2012, le gouvernement français dĂ©clare qu'il envisage Ă  son tour de fournir des moyens de communication aux rebelles syriens[107]. En septembre, il affirme se refuser Ă  aller plus loin en leur confiant des armes[108], mais commence Ă  soutenir financiĂšrement des territoires libĂ©rĂ©s et rĂ©flĂ©chit Ă  leur fournir de l'artillerie lourde en vue d'une protection contre des attaques du rĂ©gime[109]. En mars 2013, alors que Paris soutient la levĂ©e de l'embargo europĂ©en sur les armes et compte agir unilatĂ©ralement sans un accord des Vingt-Sept[104], Le Monde indique : « La France, qui se targue d'avoir une bonne connaissance de la cartographie des groupes armĂ©s sur le terrain, entretient des contacts Ă©troits avec le chef d'Ă©tat-major de l'ArmĂ©e syrienne libre, Salim Idriss. Paris voudrait faire de lui la principale, sinon la seule porte d'entrĂ©e des armes livrĂ©es, notamment par les pays du Golfe, aux rebelles syriens »[110]. En septembre 2013, François Hollande annonce depuis Bamako que la France va finalement fournir des armes Ă  l'ASL « dans un cadre contrĂŽlĂ© » et « Ă©largi avec un ensemble de pays »[111]. En dĂ©cembre 2013, la France indique que contrairement aux États-Unis et au Royaume-Uni, elle maintient « ses livraisons d'aide militaire non lĂ©tale » Ă  la suite de la perte des bureaux et de plusieurs entrepĂŽts de l'ASL[46]. Plusieurs livraisons ont ainsi eu lieu au cours de l'annĂ©e 2013, comprenant notamment des mitrailleuses de calibre 12,7 mm, des lance-roquettes, des gilets pare-balles, des jumelles de vision nocturne et des moyens de communication. Les livraisons sont toujours en cours Ă  l'Ă©tĂ© 2014[112].

Soutien allemand

En août 2012, les médias allemands signalent que le navire de reconnaissance Oker appartenant au Service fédéral de renseignement allemand se livre à des activités d'espionnage au profit de l'ASL par l'intermédiaire des services américain et britannique[113]. Interpellées par l'opposition, les autorités allemandes, si elles reconnaissent la présence d'un bùtiment de la marine équipé d'appareils de surveillance dans les eaux internationales au large de la Syrie, nient qu'il s'agisse d'un navire d'espionnage[114].

Soutien israélien

Outre une probable assistance israĂ©lienne dans une offensive de l'ASL au sud de la Syrie en aoĂ»t 2013[40], un commandant de l'ASL, arrĂȘtĂ© en juillet 2014 par le Front al-Nosra, a rĂ©vĂ©lĂ© Ă  ses ravisseurs qu’il a collaborĂ© avec IsraĂ«l en Ă©change d’aide mĂ©dicale et militaire (armes antitanks soviĂ©tiques et armes lĂ©gĂšres), Ă  condition de sĂ©curiser la zone oĂč se trouve la barriĂšre israĂ©lienne[115].

Le 18 juin 2017, dans une interview accordĂ© au Wall Street Journal, l'un des chefs des milices anti-rĂ©gime sur le Plateau du Golan dĂ©clare qu’IsraĂ«l verse 5 000 dollars en plus de l'aide mĂ©dicale et militaire pour contrer les milices pro-iraniennes dans ce secteur[116].

Coordination des soutiens Ă©trangers

À partir de septembre 2012 est mise en place une structure d'Ă©change de renseignements et de planification en soutien aux rebelles, incluant les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Turquie et la Jordanie, ainsi que des discussions avec les États du golfe, l'Arabie saoudite et le Qatar[108] : selon le quotidien anglais The Independent, cette coalition « dresse des plans pour entraĂźner les combattants rebelles en Syrie et leur apporter un soutien aĂ©rien et naval »[117]. En septembre 2012 Ă©galement, Philip Giraldi, ancien agent de la CIA Ă  Istanbul, confie au journal turc HĂŒrriyet qu'une cinquantaine d'agents de renseignement de nationalitĂ©s amĂ©ricaine, française, allemande, britannique et peut-ĂȘtre grecque travaillent Ă  la frontiĂšre turco-syrienne depuis la base aĂ©rienne d'Incirlik, avec de nombreux espions et informateurs Ă  leur service et une importante coordination des services de renseignement turcs, notamment dans les rencontres avec les reprĂ©sentants de l'ASL[118]. Enfin, selon le New York Times, David Petraeus, directeur de la CIA, se rend dans le mĂȘme temps en Turquie pour tenter d'encadrer l'approvisionnement du Qatar et de l'Arabie saoudite en armes Ă  destination des rebelles, alors que des responsables amĂ©ricains dĂ©plorent « qu'il n'existe pas de systĂšme centralisĂ© pour coordonner ces livraisons et contrĂŽler Ă  quels groupes elles sont destinĂ©es »[87].

AprĂšs la brĂšche dans l'embargo europĂ©en accordĂ©e en mars 2013 par l'Union europĂ©enne, Français et Britanniques, en coordination avec les États-Unis, accroissent leur soutien aux brigades de l'ASL Ă  la frontiĂšre jordano-syrienne, en fournissant notamment de l'entraĂźnement au combat et des formations pratiques en matiĂšre de communication cryptĂ©e, un prĂ©alable Ă  la livraison de matĂ©riel radio[119].

En juin 2013, Barack Obama ordonne secrĂštement Ă  la CIA de se coordonner avec les alliĂ©s des États-Unis qui fournissent des armes aux rebelles[120].

Au printemps 2014, il est annoncĂ© que les nouvelles formations de l'ASL initiĂ©es par les États-Unis verront la participation de l'Arabie saoudite, de la Jordanie, des Émirats arabes unis et de la France[98].

Les Français et les AmĂ©ricains auraient demandĂ© aux brigades de l'ASL auxquelles ils donnaient des missiles de filmer leur utilisation en vidĂ©o afin de s'assurer de leur bon usage[9]. Mediapart souligne en mars 2016 que « l'absence de coordination et de hiĂ©rarchie entre les multiples groupes qui constituent aujourd’hui l’ASL rend trĂšs difficile le suivi du financement » fourni par la coalition[9].

Soutien dans le monde musulman

Le 7 fĂ©vrier 2012, 107 personnalitĂ©s musulmanes, oulĂ©mas et intellectuels islamistes notamment, signent une dĂ©claration en arabe appelant les musulmans Ă  apporter Ă  « l'ArmĂ©e syrienne libre (ASL) les moyens matĂ©riels et symboliques dont elle a besoin (
) ils doivent la soutenir, l'amĂ©liorer, la renforcer et la rejoindre, afin d'assurer la dĂ©fense des civils, des villes et des institutions (
) d'aider les rĂ©volutionnaires en Syrie de ce dont ils ont besoin en termes de moyens matĂ©riels et symboliques (
) ». Parmi les signataires figurent de trĂšs proches collaborateurs de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) comme Youssef al-QaradĂąwĂź, Rached Ghannouchi ou encore Issam al-Bachir (ancien ministre des Affaires religieuses au Soudan et membre du Conseil europĂ©en de la fatwa et de la recherche)[121].

Critiques et controverses

Atteintes à la dignité humaine et aux libertés

En juin 2012, Human Rights Watch (HRW) accuse l'ArmĂ©e syrienne libre de recruter des enfants soldats[122]. La commission d'enquĂȘte sur la Syrie des Nations unies alerte Ă  son tour sur ce sujet en aoĂ»t en assurant avoir rassemblĂ© des preuves du non-respect de l'engagement pris par Riyad al Asaad, chef de l'ASL, de ne pas utiliser des enfants Ă  des fins militaires[123]. HRW renouvelle sa critique dans un rapport publiĂ© en novembre : selon l'ONG, au moins trois brigades de l'ASL auraient recours Ă  des enfants, ce qui constitue un crime de guerre[124].

Le 20 juillet 2012, Adnan al-Assadi, ministre irakien de l'intérieur, accuse des membres de l'Armée syrienne libre d'avoir coupé les jambes et les bras d'un lieutenant-colonel de l'armée syrienne, et exécuté 22 soldats syriens[125].

Le 31 juillet 2012, l'ASL diffuse une vidĂ©o oĂč l'on voit certains de ses membres exĂ©cuter sommairement des miliciens au service du rĂ©gime de Bachar el-Assad, ce qui dĂ©clenche de nombreuses critiques. L'acte est condamnĂ© par le commandement de l'ASL, qui affirme respecter les lois et les conventions internationales[126], sans ĂȘtre toujours en mesure de contrĂŽler ses troupes[127].

Le 15 aoĂ»t 2012, une commission d'enquĂȘte mandatĂ©e par l'ONU Ă©crit dans un rapport que « des crimes de guerre, incluant des meurtres, des assassinats extra judiciaires et des tortures ont Ă©tĂ© commis par les groupes armĂ©s anti-gouvernement. Toutefois ces violations et abus n'Ă©taient pas de la mĂȘme gravitĂ©, frĂ©quence et Ă©chelle que ceux commis par les forces gouvernementales syriennes et les Chabbiha », accusĂ©es pour leur part de crimes contre l'humanitĂ©[128].

En aoĂ»t 2012, la BBC censure une vidĂ©o tournĂ©e par un journaliste du New York Times oĂč l'on voit des rebelles de l'ASL forcer un prisonnier Ă  commettre un attentat suicide[129].

En septembre 2012, l'Observatoire syrien des droits de l'homme accuse des membres de l'ASL d'avoir exécuté sommairement une vingtaine de soldats de l'armée syrienne, ce dont l'ASL se défend ; Jean-Marie Fardeau, directeur de Human Rights Watch, affirme alors disposer d' « une dizaine de cas d'exécutions documentés de l'ASL »[84].

En octobre 2012, les comités locaux de coordination (la résistance civique syrienne de l'intérieur) publient un communiqué pour réclamer la remise en liberté immédiate de Fida Itani, journaliste au quotidien libanais Al-Akhbar maintenu en « résidence surveillée » par une unité de l'Armée syrienne libre qui désapprouve certains de ses articles[130].

En mai 2013, une vidĂ©o circulant sur internet montre un chef rebelle se rĂ©clamant de l'ASL et mutilant le cadavre d'un soldat syrien pour lui prendre le cƓur et le foie. Elle suscite une vague de condamnations internationales. Selon Human Rights Watch, il s'agit d'un commandant de la brigade rebelle Omar Al-Farouq issue de l'ASL. Le commandement de l'Ă©tat-major de l'ASL rĂ©agit dans un communiquĂ© en affirmant : « Tout acte contraire aux valeurs pour lesquelles le peuple syrien verse son sang (...) ne passera pas sous silence et le coupable sera puni sĂ©vĂšrement, mĂȘme s'il s'agit d'un membre » de la rĂ©bellion. Il invite Ă©galement les citoyens syriens Ă  l'informer de « tout acte contraire Ă  la loi commis par des personnes se prĂ©sentant comme des membres de l'ASL ou de tout autre groupe combattant »[131].

En septembre 2013, le New York Times met en ligne « une vidéo montrant des rebelles syriens exécutant sept prisonniers, identifiés comme étant des soldats de l'armée réguliÚre. Elle aurait été tournée dans le nord du pays au printemps 2012 ». La brigade dont sont issus ces rebelles aurait reçu au moins une fois des armes de l'ASL[132].

Relations avec les islamistes

Les groupes djihadistes Front al-Nosra et Ahrar al-Cham prĂȘtent main-forte aux rebelles de l'ASL contre les troupes du rĂ©gime syrien et se sont avĂ©rĂ©s d'une grande utilitĂ© pour ces derniers lors de la bataille d'Alep.

Bien qu'alliés à l'ASL dans le but de faire tomber Al-Assad, les membres de l'ASL ont condamné à de nombreuses reprises les attentats-suicides perpétrés par Al-Nosra et certains indiquent que l'éventualité d'un aprÚs-Assad serait marqué par une guerre entre l'ASL et les islamistes djihadistes, prÎnant une société basée sur les lois de la charia[133].

Jamal Maarouf, ancien commandant du Front rĂ©volutionnaire syrien, affirme que le Front al-Nosra « prĂ©lĂšve une partie de l’aide humanitaire et militaire » envoyĂ©e Ă  l'ASL[134].

Tensions avec la Russie

Le 8 août 2012, un communiqué de l'ASL affirme que ses combattants ont tué un général russe du nom de Vladimir Kodjiev et ayant officié comme conseiller auprÚs du gouvernement syrien[135], ce qui est qualifié de « mensonge flagrant » par le ministÚre russe de la Défense[136].

En octobre 2012, le chef d'Ă©tat-major de l'armĂ©e russe affirme que l'ASL dispose de missiles Stinger de fabrication amĂ©ricaine (ce qui est dĂ©menti par l'administration Obama), puis le ministĂšre russe des Affaires Ă©trangĂšres accuse les États-Unis de coordonner la livraison d'armes aux rebelles syriens[137] - [138].

En novembre 2012, le porte-parole du ministĂšre russe des Affaires Ă©trangĂšres, Alexandre Loukachevitch, affirme que « le porte-parole du commandement gĂ©nĂ©ral de l'ArmĂ©e syrienne libre, Fahad Al Masri, a lancĂ© des menaces Ă  l'endroit de la fĂ©dĂ©ration de Russie, en dĂ©clarant notamment que si la Russie ne change pas de position sur la question syrienne, elle sera considĂ©rĂ©e comme « État ennemi » »[139].

Remise en cause de son existence réelle

En mars 2013, le chercheur suĂ©dois Aron Lund publie un article dans lequel il affirme que l'ArmĂ©e syrienne libre n'existe pas en tant que telle, mais fut Ă  l'origine « a branding operation » (une opĂ©ration de nom de marque), avançant que la plupart des brigades se sont rĂ©clamĂ©es de l'ASL sans ĂȘtre rĂ©ellement sous son commandement et que le nom d'ArmĂ©e syrienne libre sert davantage Ă  distinguer les brigades non-idĂ©ologiques des groupes djihadistes. Il affirme par ailleurs que les premiers commandants Ă©taient sous tutelle turque, sans possibilitĂ© de fonctionner en toute autonomie[140] - [141]. Le Belge Koert Debeuf, reprĂ©sentant au Proche-Orient du groupe libĂ©ral au Parlement europĂ©en, rĂ©agit vivement contre cette analyse. Aron Lund prĂ©cise alors que la problĂ©matique abordĂ©e dans son article Ă©tait que parmi les porte-parole ou les dirigeants de l'ArmĂ©e syrienne libre sur lesquels s'appuient les mĂ©dias, peu d'entre eux reprĂ©sentent un segment important des combattants sur le terrain[142].

L'universitaire Thomas Pierret indique en 2013 : « Le problĂšme est que la situation est trĂšs variable d’une rĂ©gion Ă  l’autre : dans certaines zones, l’ASL est une coquille vide, dans d’autres, comme Ă  Damas, elle est structurĂ©e et serait sĂ»rement capable de prendre la main si la situation le permettait »[143].

Malik al-Kurdi, le second du général Riad el Asaad, déclare en août 2013 :

« L’ASL n’est plus qu’un nom. Certaines katibas [unitĂ©s de combattants] s’en revendiquent, mais cela ne veut pas dire qu’elles suivent l’état-major. [...] les groupes, mĂȘme sous la banniĂšre de l’ASL, font ce que bon leur chante. En outre, beaucoup d’entre eux quittent publiquement ou non l’ASL pour rallier les groupes dits islamistes »[34].

En décembre 2013, l'universitaire Fabrice Balanche indique : « L'ASL n'a jamais vraiment existé. Il y a eu un état-major composé d'une cinquantaine de généraux déserteurs, majoritairement réfugiés en Turquie. On parlait d'armée organisée, ce n'était rien de tout cela, c'était du vent »[4].

En février 2014, Le Monde affirme : « Plusieurs brigades, islamistes et non islamistes, continuent [...] de se réclamer de l'ASL, qui désigne désormais plus la rébellion qu'une coalition bien structurée »[47].

En mars 2014, Fahad Al Masri a annoncé dans un communiqué publié par les agences de presse son retrait du commandement conjoint de l'Armée syrienne libre, en raison de l'état de fragmentation, de corruption et d'islamisation.

Pour Frédéric Pichon, chercheur et spécialiste de la Syrie, l'ASL n'existe pas et a toujours entretenu des liens étroits avec salafistes et djihadistes. Il précise qu'elle collabore également avec Al Qaïda[144].

En mars 2016, l'universitaire Ziad Majed dĂ©ment la disparition de l'ASL et considĂšre plutĂŽt qu'elle « est entrĂ©e depuis plusieurs annĂ©es dans une phase de fragmentation dont elle n’est jamais sortie. La structure de coordination a disparu et l’armĂ©e s’est transformĂ©e en une multitude de brigades rĂ©gionales ou locales, souvent commandĂ©es par des chefs autoproclamĂ©s rĂ©ticents Ă  toute ingĂ©rence extĂ©rieure. Et pas toujours compĂ©tents et rigoureux en matiĂšre de gestion des ressources »[9].

Thomas Pierret indique en août 2016 :

« L’ASL n’est plus une structure de coordination comme elle l’a Ă©tĂ©. Aujourd’hui, quand on parle d’ASL, c’est pour Ă©voquer un label qu’un certain nombre de groupes endossent, en se dĂ©signant eux-mĂȘmes ArmĂ©e syrienne libre. Ce sont en majoritĂ© des groupes parrainĂ©s par la coalition regroupant diffĂ©rents États de la rĂ©gion ainsi que les États-Unis, et qui reçoivent leur aide logistique. [...] l’ArmĂ©e syrienne libre ne reprĂ©sente plus du tout un commandement unifiĂ© »[145].

Opinion de la population syrienne

En juillet 2015, un sondage commandĂ© par la BBC est menĂ© en Syrie par l'institut international ORB. Il porte sur un Ă©chantillon de 1 365 personnes, dont 674 en zone contrĂŽlĂ©e par le gouvernement syrien, 430 en zone contrĂŽlĂ©e par les rebelles, 170 en zone contrĂŽlĂ©e par l’État islamique et 90 en zone contrĂŽlĂ©e par les Kurdes. Les rĂ©sultats sont cependant Ă  prendre avec prĂ©caution, les sondĂ©s ayant pu orienter leurs rĂ©ponses par craintes de reprĂ©sailles. À la question : « Que pensez-vous de l'influence de cet acteur (l'ArmĂ©e syrienne libre) sur la guerre en Syrie? » les rĂ©ponses sont[146] :

  • En zone contrĂŽlĂ©e par le gouvernement syrien : 8 % « ComplĂštement positive », 7 % « PlutĂŽt positive », 27 % « PlutĂŽt nĂ©gative », 57 % « ComplĂštement nĂ©gative », 1 % « Ne sais pas » ;
  • En zone contrĂŽlĂ©e par les rebelles : 27 % « ComplĂštement positive », 30 % « PlutĂŽt positive », 15 % « PlutĂŽt nĂ©gative », 26 % « ComplĂštement nĂ©gative », 2 % « Ne sais pas » ;
  • En zone contrĂŽlĂ©e par l'ArmĂ©e syrienne libre : 37 % « ComplĂštement positive », 29 % « PlutĂŽt positive », 9 % « PlutĂŽt nĂ©gative », 24 % « ComplĂštement nĂ©gative », 1 % « Ne sais pas » ;
  • En zone contrĂŽlĂ©e par l'État islamique : 22 % « ComplĂštement positive », 23 % « PlutĂŽt positive », 15 % « PlutĂŽt nĂ©gative », 36 % « ComplĂštement nĂ©gative », 4 % « Ne sais pas » ;
  • En zone contrĂŽlĂ©e par les Kurdes : 37 % « ComplĂštement positive », 29 % « PlutĂŽt positive », 9 % « PlutĂŽt nĂ©gative », 24 % « ComplĂštement nĂ©gative », 1 % « Ne sais pas » ;
  • Ensemble de la Syrie : 18 % « ComplĂštement positive », 18 % « PlutĂŽt positive », 20 % « PlutĂŽt nĂ©gative », 43 % « ComplĂštement nĂ©gative », 1 % « Ne sais pas ».

Notes et références

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Voir aussi

Articles connexes

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