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Unités de protection du peuple

Les UnitĂ©s de protection du peuple (en kurde : YekĂźneyĂȘn Parastina Gel, abrĂ©gĂ© YPG, prononcĂ© [ jɛ.pɛ.gɛ]) forment la branche armĂ©e du Parti de l'union dĂ©mocratique (PYD) kurde en Syrie. Elles sont formĂ©es en 2011 lors de la guerre civile syrienne.

Unités de protection du peuple
YekĂźneyĂȘn Parastina Gel
YPG
Image illustrative de l’article UnitĂ©s de protection du peuple

Idéologie Confédéralisme démocratique
Objectifs Autodétermination du Kurdistan syrien
Statut Actif
Site web www.ypgrojava.org/english
Fondation
Date de formation [1]
Pays d'origine Syrie
Actions
Mode opératoire Lutte armée, guérilla
Zone d'opération Kurdistan syrien
Kurdistan irakien
Organisation
Chefs principaux Sipan Hemo,Mahmoud Berxwedan
Membres 35 000 Ă  60 000[2] - [3] - [4]
Fait partie de Forces démocratiques syriennes (depuis 2015)
Branche politique PYD
Groupe reliĂ© PKK, YPJ, HPG, YBƞ, YJÊ
RĂ©pression
Considéré comme terroriste par Turquie
Guerre civile syrienne
Guerre d'Irak
Seconde guerre civile irakienne

Histoire

Création

En juillet-, des YXG (en kurde : YekĂźneyĂȘn Xweparastina Gel, UnitĂ©s d’AutodĂ©fense du Peuple) sont crĂ©Ă©es dans le contexte des manifestations contre le rĂ©gime syrien. Ces premiĂšres unitĂ©s sont constituĂ©es Ă  partir de groupes d’autodĂ©fense crĂ©Ă©s Ă  la suite des Ă©meutes de Qamishlo en 2004, ainsi que par des Kurdes de Syrie ayant combattu au cours des annĂ©es 1990 dans les rangs de la guĂ©rilla kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan. En 2012, les YXG sont restructurĂ©es et prennent le nom de YPG[5].

Effectifs

  • Premier drapeau des YPG, utilisĂ© entre 2011 et 2012.
    Premier drapeau des YPG, utilisé entre 2011 et 2012.
  • Variante du premier drapeau des YPG, utilisĂ©e entre 2011 et 2012.
    Variante du premier drapeau des YPG, utilisée entre 2011 et 2012.
  • Drapeau des YPG depuis 2012.
    Drapeau des YPG depuis 2012.
  • Drapeau des YPJ.
    Drapeau des YPJ.
  • Drapeau du Bataillon international des YPG.
    Drapeau du Bataillon international des YPG.

Les troupes des YPG sont composĂ©es de deux types de structures : d'une part, celles formĂ©es de cadres, engagĂ©s en principe Ă  vie, qui renoncent Ă  toute propriĂ©tĂ© privĂ©e, vie de famille et aux relations sexuelles, et celles formĂ©es de miliciens (ou locaux, heremĂź). Ces derniers, contrairement aux cadres, ne sont pas considĂ©rĂ©s comme des professionnels et sont salariĂ©s (70 000 livres syriennes, l’équivalent d’environ 115€)[5].

Le , un porte-parole des YPG affirme que le mouvement dispose de 35 000 combattants[6]. Vers la mĂȘme date, la BBC estime cependant que le nombre des YPG se situe plutĂŽt entre 10 000 et 15 000[7]. En , Hamid Messoud, reporter de France 24, Ă©crit que les forces des YPG sont d'environ 40 000 combattants[8]. En 2015, leurs effectifs sont estimĂ©s entre 35 000 et 65 000 combattants, dont environ 40 % de femmes, qui sont pour certaines intĂ©grĂ©es dans les UnitĂ©s de protection de la femme (YPJ), une branche fĂ©minine des YPG[2]. En mars 2016, Salih Muslim, coprĂ©sident du PYD, dĂ©clare que les forces kurdes comptent entre 40 000 et 50 000 hommes et femmes[3]. Fin 2016, les YPG affirme disposer de 60 000 hommes et femmes dans ses rangs — dont 24 000 pour les YPJ — et annoncent que leur objectif est de dĂ©passer les 100 000 pour la seconde moitiĂ© de l'annĂ©e 2017[4]. Selon le porte-parole des YPG, chaque combattant recevra un salaire mensuel de 200 dollars, contre 180 dollars maximum en 2016[4].

Selon Foreign Policy, prÚs de 40 % des troupes des YPG sont composées de femmes[9]. Certaines unités de combat sont exclusivement féminines ; d'autres totalement masculines, et d'autres encore sont mixtes[8].

Selon les combattants kurdes, la prĂ©sence de femmes soldats dans leurs rangs leur donne un avantage contre les djihadistes car ces derniers pensent ĂȘtre privĂ©s du paradis s'ils sont tuĂ©s de la main d'une femme[10]. Selon Rusen Aytac, chargĂ© du dĂ©partement des droits de l'Homme Ă  l'Institut kurde de Paris : « Pour un membre de l'État islamique il est beaucoup plus difficile de combattre les femmes car selon eux se faire tuer par une femme Ă©quivaut Ă  l'exclusion du Paradis. Dans leur conception ĂȘtre tuĂ© par une femme Ă©quivaut Ă  du dĂ©shonneur »[9]. Cependant ces affirmations, abondamment relayĂ©es par les combattantes kurdes, sont contestĂ©es par l'historien militaire Laurent Touchard : « Aucun texte sacrĂ© de l'islam ne mentionne qu'un jihadiste qui serait tuĂ© par une femme combattante se verrait refuser le paradis ; absolument rien dans la Sunna, pas l'ombre d'un hadĂźth, et encore moins dans le Coran. À ma connaissance aucun jihadiste n'a confiĂ© sa peur de « croiser le fer » avec une femme kurde, pas une dĂ©claration sur les rĂ©seaux sociaux n'a confirmĂ© – mĂȘme a minima – cette rumeur. [...] Si cette peur Ă©tait aussi prononcĂ©e qu'il est dit, pourquoi les lignes de l'EI ne se sont-elles pas effondrĂ©es sitĂŽt que les Kurdes sont massivement entrĂ©s en action ? Pourquoi le siĂšge de KobanĂ© a-t-il Ă©tĂ© si long ? La rĂ©ponse me semble Ă©vidente : belle histoire mais lĂ©gende dans son ensemble »[11].

Selon le tĂ©moignage en d'un militaire français citĂ© par Le Monde : « Les combattants kurdes syriens sont de vrais chats maigres ! Ils sont plus combatifs, plus disciplinĂ©s et plus organisĂ©s que n’importe quelle autre force de la rĂ©gion, hors armĂ©es rĂ©guliĂšres »[12].

Combattants Ă©trangers

Combattants Ă©trangers servant dans les rangs des YPG, avec au centre l'acteur britannique Michael Enright.

Pendant la guerre, des combattants occidentaux, généralement anciens militaires, hommes et femmes, se joignent également aux YPG pour combattre les djihadistes[13] - [14] - [15] - [16]. Initialement peu nombreux, leur nombre augmente aprÚs la bataille de Kobané, le , l'OSDH affirme que 400 volontaires occidentaux venus d'Amérique, d'Europe et d'Australie combattent au sein des YPG, et qu'à cette date huit d'entre eux ont été tués, dont une femme[17].

En mai 2015, à Ras al-Aïn, un bataillon, baptisé « al-Shahid Sarkan » (« le martyr Sarkan »), est entiÚrement formé par des combattants turcs du Parti communiste marxiste-léniniste (MLKP)[18].

Le , à Rojava, un bataillon, baptisé « Bataillon international de libération », est formé par des combattants étrangers. Le groupe a été mis en place par des membres du MLKP inspirés par les Brigades internationales qui ont combattu durant la guerre civile espagnole. Le groupe est composé de combattants turcs, espagnols, grecs, allemands, albanais, circassiens, arabes, arméniens et lazes.

Au , selon les YPG, huit combattants occidentaux ont été tués dans leurs rangs ; un Américain, deux Britanniques, deux Allemands, deux Australiens et un Canadien[19].

Selon France 24, entre 2013 et dĂ©but 2018, 1 500 Ă  2 000 combattants Ă©trangers ont rejoint les rangs des YPG[20]. Parmi ces derniers figurent plusieurs profils : des aventuriers sans expĂ©rience militaire et sans motivations politiques ; d'anciens militaires, pour certains proches de l'extrĂȘme-droite, motivĂ©s par le combat contre l'État islamique ; et des militants d'extrĂȘme-gauche, de plus en plus nombreux, sĂ©duits par le projet rĂ©volutionnaire instaurĂ© par le PYD au Rojava[20] - [21] - [22] - [23].

Pour la France, ceci a pour conséquence une certaine inquiétude de la part des services de renseignement, qui redoutent des attentats perpétrés par des militants révolutionnaires formés aux pratiques militaires. Il s'ensuit les arrestations du 8 décembre 2020, considérées par certains comme abusives et idéologiques[24]. Sept personnes sont mises en examen pour association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes.

Commandement

Affiliation

Le , les YPG et des brigades de l'ArmĂ©e syrienne libre crĂ©ent un centre d’opĂ©rations conjoint dans la rĂ©gion de KobanĂ© et appelĂ© « Volcan de l'Euphrate ». Il a pour objectif de reprendre les territoires contrĂŽlĂ©s par l'État islamique[28].

Les Forces démocratiques syriennes

Le , les YPG et les YPJ forment avec plusieurs autres groupes les Forces démocratiques syriennes. Cette alliance rassemble également l'Armée Al-Sanadid, le Conseil militaire syriaque, Jaych al-Thuwar et quelques brigades de l'Armée syrienne libre, ainsi qu'un Bataillon International de Libération. Le , un bataillon du Martyr Nubar Ozanyan, composé de combattants arméniens, a été formé au sein des FDS[29]. Les YPG et les YPJ restent toutefois trÚs largement la force dominante[30] - [31] - [32] - [33] - [34].

Actions

En 2012

Un milicien du PYD, à Afrine, en août 2012.

En , l'armée syrienne se retire du Kurdistan syrien (Rojava) pour se redéployer à Alep et sur d'autres fronts. Les loyalistes demeurent dans les villes d'Al-Qamishli et Hassaké, mais les miliciens kurdes du PYD, la branche syrienne du PKK, prennent sans tirer un coup de feu le contrÎle d'Afrine le , de Kobané le et de plusieurs autres localités[35] - [36]. La région passe alors sous le contrÎle du PYD et de sa branche armée, les YPG. Ces derniers écartent les partis du Conseil national kurde (CNK) liés à Barzani et proches du Conseil national syrien et dont les dirigeants sont contraints de s'exiler au Kurdistan irakien[37].

À partir de , des heurts commencent Ă  opposer les YPG aux brigades rebelles islamistes[7]. Le , des combats Ă©clatent Ă  Ras al-AĂŻn entre les YPG et le Front al-Nosra et la brigade Ghouraba Al-Cham de l'ArmĂ©e syrienne libre. Une trĂȘve est conclue le mais en dĂ©cembre les combats reprennent et se poursuivent pendant trois mois, jusqu'Ă  ce qu'une nouvelle trĂȘve soit conclue en [38] - [39] - [40].

En 2013

Des combattants des YPG en 2013.

En 2013, les YPG entrent en conflit direct contre certains groupes rebelles et en particulier contre les djihadistes du Front al-Nosra et de l'État islamique en Irak et au Levant, aprùs que ces derniers ont pris en otages 200 civils kurdes le [41].

Le , les combats reprennent Ă  Ras Al-AĂŻn, les forces kurdes du PYD prennent l'avantage et parviennent Ă  chasser le Front al-Nosra de la ville[42]. Les YPG mĂšnent ensuite une offensive en octobre dans le gouvernorat d'HassakĂ©. Selon l'OSDH, au moins 12 combattants kurdes et 29 djihadistes du Front al-Nosra et de l'État islamique en Irak et au Levant sont tuĂ©s le [43]. Du 2 au , les YPG prennent 19 villages sur la route de Ras Al-AĂŻn Ă  HassakĂ© et prĂšs de Tall Tamer[44].

En 2014

Une combattante des YPJ en novembre 2014.

Le , les YPG lancent une offensive contre les forces rebelles Ă  Tall Hamis et Tell Brak. Les Kurdes affrontent principalement les islamistes d'Ahrar al-Sham et de l'État islamique en Irak et au Levant. Ils parviennent Ă  prendre Tell Brak et Ă  entrer dans Tall Hamis mais ils sont finalement repoussĂ©s le . Les Kurdes laissent 35 prisonniers qui seront dĂ©capitĂ©s par les djihadistes[45] - [46] - [47]. Les YPG repoussent cependant Ă  leur tour une offensive des djihadistes de l'EIIL Ă  Al-Manajir le [48]. Le , les Kurdes lancent une nouvelle attaque et reprennent Tell Brak[46] - [49]. Cependant le village repassera encore sous le contrĂŽle de l'EI[47].

En , le YPG est le premier groupe armé syrien à signer l'Appel de GenÚve sur l'interdiction des mines antipersonnel et des violences sexuelles[50].

Le , les djihadistes de l'État islamique lancent une offensive contre la ville de KobanĂ© (AĂŻn al-Arab en arabe), tenue par les YPG. Les Kurdes reçoivent des renforts venus de Turquie et parviennent Ă  rĂ©sister Ă  l'attaque. AprĂšs un mois de combats, les YPG revendiquent la mort de 685 djihadistes contre 74 tuĂ©s dans leurs rangs[51]. Mais , l'État islamique lance une nouvelle offensive contre KobanĂ©. Cette fois-ci les djihadistes progressent rapidement, ils prennent prĂšs de 400 villages en deux semaines, pĂ©nĂštrent dans la ville le et s'emparent de son centre quatre jours plus tard. Cependant la coalition intervient et concentre 75 % de ses frappes en Syrie sur KobanĂ©. Le , aprĂšs des mois d'intenses combats, les Kurdes parviennent Ă  reprendre la totalitĂ© de la ville. Ils lancent ensuite une contre-offensive pour reprendre les villages, dont la plupart sont rapidement reconquis. De septembre Ă  fĂ©vrier, plus de 500 combattants kurdes et 1 200 djihadistes sont morts pendant la bataille de KobanĂ©[52] - [53] - [54] - [55].

Vers juillet-, les YPG s'allient avec le Parti dĂ©mocratique du Kurdistan (PDK) afin de lutter contre l'État islamique qui progresse en Irak. Des unitĂ©s YPG pĂ©nĂštrent alors en Irak[56], elles ouvrent un couloir humanitaire dans les monts SinjĂąr et procĂšdent Ă  l'Ă©vacuation de 100 000 rĂ©fugiĂ©s YĂ©zidis menacĂ©s de famines et de massacres par l'État islamique. Selon le bilan des YPG, les combats livrĂ©s entre le et le dans les zones de Rabia, Sinjar et Jazaa ont fait 54 morts dans leurs rangs contre 473 morts, dont trois Ă©mirs, du cĂŽtĂ© des djihadistes de l'EI[28].

Le , dans le gouvernorat d'HassakĂ©, en Syrie, l'État islamique s'empare de la localitĂ© de Qassiab. Les YPG la reprennent deux jours plus tard. Selon l'OSDH, au moins trois combattants kurdes et 44 djihadistes sont tuĂ©s dans ces affrontements[57] - [58].

En 2015

Des combattantes des YPJ en 2015.

Pendant l'annĂ©e 2015, grĂące au soutien de la coalition, les YPG font de grosses avancĂ©es dans le nord de la Syrie. Le , dans le gouvernorat d'HassakĂ©, les YPG et le Conseil militaire syriaque lancent une offensive sur la ville de Tall Hamis, situĂ©e Ă  l'est d'HassakĂ© et tenue par l'État islamique. Cependant, les djihadistes rĂ©agissent et deux jours plus tard ils attaquent Ă  leur tour les positions kurdes et syriaques au sud de la ville de Tall Tamer, situĂ©e de son cĂŽtĂ© Ă  l'ouest d'HassakĂ© et tenue par les Kurdes. À Tall Hamis, l'offensive kurde est un succĂšs, la ville est prise le , suivie de Tell Brak le lendemain. Les YPG s'emparent Ă©galement de Jazah et de 400 villages prĂšs de la frontiĂšre irakienne. Une fois encore, les Kurdes bĂ©nĂ©ficient du soutien aĂ©rien des forces de la coalition, au moins 200 djihadistes et quelques dizaines de Kurdes sont tuĂ©s dans ces affrontements[59] - [60]. À Tall Tamer, les combats sont plus indĂ©cis, les djihadistes s'emparent de plusieurs villages chrĂ©tiens et tentent de progresser vers Tall Tamer et Ras al-Ain. Fin mai, l'offensive de l'EI est finalement repoussĂ©e et les forces kurdes et assyriennes reprennent le terrain perdu[61].

De leur cĂŽtĂ©, les Kurdes des YPG prennent le contrĂŽle du Djebel Abdulaziz, situĂ© Ă  une trentaine de kilomĂštres Ă  l'ouest de HassakĂ©, et qui constitue « un point clĂ© pour Ă©liminer les djihadistes de la province »[62]. Ensuite, aprĂšs avoir repoussĂ© l'État islamique prĂšs de Tall Tamer et Ra’s al-‘Ayn, ces mĂȘmes troupes, soutenues par des Ă©lĂ©ments de l'ArmĂ©e syrienne libre et la coalition, lancent une contre-offensive sur la ville de Tall Abyad, situĂ©e sur la frontiĂšre turque entre KobanĂ© et Ra’s al-‘Ayn[63]. Ils atteignent la ville le et s'en emparent le 16[64] - [65]. L'État islamique subit alors sa plus grande dĂ©faite stratĂ©gique en Syrie depuis la proclamation du califat un an plus tĂŽt, il perd un important point de passage des djihadistes Ă©trangers vers la Syrie et un axe de la contrebande de pĂ©trole vers la Turquie[66] - [67]. Quant aux Kurdes, ils peuvent relier le canton de KobanĂ© Ă  l'ouest au canton de Cizir Ă  l'est et unifier ces deux territoires[68]. Les YPG et les rebelles poursuivent ensuite leur avancĂ©e au sud, vers Racca. Le , ils s'emparent de la base de la Brigade 93, puis prennent le lendemain la petite ville de AĂŻn Issa[69].

Combattants des « unités anti-terreur », forces d'élite des YPG.

À l'est, les YPG et les forces du rĂ©gime se partagent le contrĂŽle de la ville d'HassakĂ©. Les affrontements entre les deux groupes sont rares mais des incidents Ă©clatent occasionnellement, ainsi le , au moins huit combattants des YPG sont tuĂ©s et quatre autres capturĂ©s tandis que les loyalistes laissent au moins neuf morts et 25 prisonniers[70] - [71] - [72] - [73] - [74] - [75] - [76]. Le , les prisonniers de deux camps sont Ă©changĂ©s[77]. Fin mai, l'État islamique attaque la ville d'HassakĂ©, tenue par le rĂ©gime syrien et les Kurdes. Les djihadistes ont d'abord l'avantage et atteignent le sud de la ville. Mais les YPG, d'abord rĂ©ticents Ă  appuyer les loyalistes, finissent par intervenir et le l'EI est repoussĂ© aprĂšs des combats qui ont fait plus de 150 morts[78] - [79] - [80]. Mais le , l'État islamique assaille de nouveau HassakĂ©[81]. Les combats durent un mois, l'EI s'empare de plusieurs quartiers au sud, mais les Kurdes effectuent une manƓuvre de contournement et prennent les djihadistes Ă  revers. Le , aprĂšs avoir encerclĂ© les derniers combattants, les YPG et les loyalistes reprennent le contrĂŽle de la ville. La bataille a fait environ 500 morts[82] - [83].

Le , une centaine d'hommes de l'EI dĂ©guisĂ©s en combattants des YPG et de l'ASL parviennent Ă  s'infiltrer en plein cƓur de la ville de KobanĂ©. Les djihadistes font un carnage et massacrent environ 250 civils, avant que les YPG ne contre-attaquent et que les membres du commando ne soient tuĂ©s ou mis en fuite[84] - [85] - [86]. Le , les djihadistes repartent Ă  l'assaut Ă  AĂŻn Issa. Le 6, ils parviennent Ă  reprendre pied dans la ville avant d'ĂȘtre finalement repoussĂ©s par les YPG le . L'État islamique laisse au moins 150 morts dans l'offensive, les Kurdes perdent Ă©galement plusieurs dizaines de combattants tuĂ©s au moins[87] - [88] - [89] - [90]. Enfin, le , aprĂšs trois semaines de combats, les YPG prennent Ă  l'EI la petite ville de Sarrine, au sud de KobanĂ©[91].

Le , les YPG et leurs alliĂ©s, dĂ©sormais regroupĂ©s au sein des Forces dĂ©mocratiques syriennes, lancent une offensive contre l'État islamique Ă  Al-Hol. Ils prennent la ville le , ainsi que plus de 1 000 kilomĂštres carrĂ©s le long de la frontiĂšre irakienne, les pertes des djihadistes sont estimĂ©es entre 100 et 500 morts[92] - [93]. Un mois plus tard, le , les FDS s'emparent du barrage de Tichrin, sur l'Euphrate[94]. Les Kurdes et leurs alliĂ©s peuvent alors franchir le fleuve Ă  l'ouest, mais ils poursuivent Ă©galement leur progression au sud, entre AĂŻn Issa et Racca, dans les premiers jours de [95] - [96].

En 2016

Des combattants des YPG en janvier 2016.

En , les YPG profitent de l'affaiblissement des rebelles pour passer à l'offensive dans le corridor d'Azaz. Soutenus par l'aviation russe, ils s'emparent de l'aéroport de Menagh le [97] - [98] - [99] - [100] - [101]. Ils avancent ensuite vers Azaz et Tall Rifaat[102]. Le 13, l'artillerie turque postée à la frontiÚre intervient et bombarde les positions kurdes dans le district d'Azaz[103] - [104] - [105]. Malgré cela, les YPG prennent Tall Rifaat le [106].

En fĂ©vrier, les Forces dĂ©mocratiques syriennes reprennent Ă©galement leurs offensives contre l'État islamique dans le gouvernorat d'HassakĂ©. Le , la ville d'Al-Chaddadeh est prise[107]. Les djihadistes rĂ©pondent le en menant un raid Ă  l'intĂ©rieur des territoires tenus par les Kurdes Ă  Tall Abyad et plusieurs villages de ses environs, 47 combattants kurdes et 140 djihadistes sont tuĂ©s dans les affrontements[108].

Le , les rebelles tentent une attaque pour reprendre Tall Rifaat, mais ils sont repoussés par les YPG et laissent au moins 53 morts tandis que les Kurdes en déplorent 11 selon l'OSDH[109]. Dans un communiqué, les YPG estiment de leur cÎté à 83 le nombre de « membres de gangs » tués et précisent détenir les corps de 66 d'entre eux. AprÚs les combats les YPG paradent dans les rues d'Afrine avec les cadavres d'une cinquantaine de rebelles, présentés comme des membres du groupe Ahrar al-Sham, entassés sur une remorque[110]. Début juillet, l'organisation ouvre une plateforme officielle d'information et de recrutement : YPG International[111] - [112].

États des pertes

Les YPG donnent les bilans suivants concernant leurs pertes et celles de leurs adversaires :

  • En 2013 : 379 morts dans les rangs des YPG, contre 2 923 rebelles islamistes et 376 soldats syriens loyalistes tuĂ©s[113].
  • En 2014 : 537 morts dans les rangs des YPG et YPJ, contre 4 964 membres de « gangs » tuĂ©s, dont 228 corps ont Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©s, lors de 414 combats[114].
  • En 2015 : 680 morts dans les rangs des YPG, contre 5 875 morts dans les rangs de leurs adversaires (dont 2 177 cadavres rĂ©cupĂ©rĂ©s) et 38 faits prisonniers[115].
  • En 2016 : 613 morts dans les rangs des YPG[116].
  • En 2018 : 894 morts dans les rangs des YPG, dont 600 dans la bataille d'Afrine, 201 dans l'offensive de Deir ez-Zor, 61 par accident, 20 de maladie, 7 par des mines Ă  Raqqa et 5 dans des bombardements turcs prĂšs de la frontiĂšre[117].

Fin , Amina Ossi, sous-ministre pour les relations extĂ©rieures des YPG dans le canton de DjĂ©zireh, dĂ©clare qu'au moins 3 000 membres des YPG et des YPJ ont Ă©tĂ© tuĂ©s lors des trois prĂ©cĂ©dentes annĂ©es[118].

Accusations d'exactions

Selon un rapport publié par Human Rights Watch le , des « abus » ont été commis dans les territoires contrÎlés par le PYD, sa branche armée et sa police, les YPG et les Assayech. L'organisation humanitaire dénonce des arrestations arbitraires d'opposants politiques kurdes, des passages à tabac, des procÚs « apparemment iniques », l'utilisation d'enfants-soldats et la mort ou la disparition d'au moins neuf opposants politiques du PYD en deux années et demi. Human Rights Watch reconnaßt cependant que les exactions sont moins nombreuses que dans le reste de la Syrie, que les deux prisons visitées semblent « conformes aux normes internationales de base » et que la nouvelle constitution instaurée en janvier par les Kurdes, appelée le Contrat social, « défend plusieurs normes importantes en matiÚre de respect des droits humains et interdit la peine de mort »[119].

Le les YPG et les Assayech s'engagent publiquement Ă  dĂ©mobiliser leurs combattants ĂągĂ©s de moins de 18 ans, cependant le HRW affirme que le problĂšme persiste au sein des deux forces, mĂȘme si l'ONG concĂšde que certains progrĂšs ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s. Les YPG dĂ©mobilisent 150 combattants mineurs pendant l'annĂ©e 2014[119] - [120] - [121].

Dans un rapport publiĂ© le , Amnesty International accuse les YPG de « crimes de guerre » pour avoir rasĂ© des villages et chassĂ© des populations arabes. Redur Xelil, porte-parole des YPG parle d'« accusation fausse, tout simplement ». Le commandement des YPG et des Assayech reconnaĂźt des dĂ©placements forcĂ©s qu'il ne qualifie cependant que d'« incidents isolĂ©s ». Amnesty rĂ©fute en revanche le terme de « nettoyage ethnique » et affirme que des Arabes et des TurkmĂšnes continuent de vivre dans des territoires contrĂŽlĂ©s par les YPG[122] - [123] - [25]. Un rapport de du Conseil des droits de l’homme des Nations unies rejette les accusations de nettoyage ethnique : « La commission n’a trouvĂ© aucune preuve Ă©tayant les accusations selon lesquelles les forces YPG ou FDS aient jamais ciblĂ© les communautĂ©s arabes sur des bases ethniques ». D'aprĂšs les Nations unies, des villages, arabes ou non, ont effectivement Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©s de force mais en raison des engins piĂ©gĂ©s et bombes dissimulĂ©s par le groupe État islamique[124].

Le , Human Rights Watch, affirme dans un rapport que des enfants — la plus jeune Ă©tant une fille de 13 ans — ont Ă©tĂ© recrutĂ©s par les YPG dans les camps de dĂ©placĂ©es du nord-est de la Syrie[125] - [126]. L'ONG, indique que les forces kurdes n'ont pas forcĂ© les mineurs Ă  rejoindre leurs rangs, mais qu'elles ont empĂȘchĂ© les familles de communiquer avec leurs enfants[125]. Le , le Conseil dĂ©mocratique syrien, bras politique des Forces dĂ©mocratiques syriennes, rĂ©agit en affirmant qu'il s'agit d'actions isolĂ©es : « Nous sommes contre l'enrĂŽlement des enfants, quelles que soient les justifications. Ce qui a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© dans le communiquĂ© de HRW, ce ne sont que des abus individuels irresponsables, qui ne reprĂ©sentent pas la mĂ©thode ou la stratĂ©gie gĂ©nĂ©rale du Conseil dĂ©mocratique syrien »[127]. Il s'engage alors Ă  Ă©tudier les « allĂ©gations » et « si les faits sont avĂ©rĂ©s, de restituer aux familles les enfants qui ont Ă©tĂ© enrĂŽlĂ©s (...) et de faire rendre des comptes aux responsables de ces abus »[127]. Cependant en 2017, l'ONU rĂ©pertorie 224 cas de recrutement d'enfants par les YPG et les YPJ, soit prĂšs de cinq fois plus qu'en 2016[125].

DĂ©signation comme organisation terroriste

Le PYD et les YPG sont classĂ©s comme organisations terroristes par la Turquie, tout comme le PKK dont le PYD et les YPG ne seraient que les branches syriennes selon la Turquie[128] - [129]. Le PKK est Ă©galement classĂ© terroriste par le Conseil des ministres de l'Union europĂ©enne mais ni le PYD ni les YPG ne le sont[130]. Les États-Unis affirment aussi de leur cĂŽtĂ© ne pas considĂ©rer le PYD comme une organisation terroriste, contrairement au PKK[131].

Notes et références

  1. diclehaber.com
  2. Moyen-Orient, Kurdistan(s), une nation, des états ?, numéro 26, avril-juin 2015, p. 43.
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Voir aussi

Bibliographie

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