Unités de protection de la femme
Les UnitĂ©s de protection de la femme ou UnitĂ©s de dĂ©fense de la femme (en kurde : YekĂźneyĂȘn Parastina Jin, YPJ) est une organisation militaire kurde composĂ©e exclusivement de femmes.
Unités de protection de la femme YPJ | |
Idéologie | Confédéralisme démocratique |
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Positionnement politique | Gauche |
Objectifs | Autodétermination du Kurdistan syrien, défense des droits des femmes |
Statut | Actif |
Site web | www.ypgrojava.org/english |
Fondation | |
Date de formation | 2013 |
Pays d'origine | Syrie |
Actions | |
Mode opératoire | Lutte armée, guérilla |
Zone d'opération | Kurdistan syrien Kurdistan irakien |
Organisation | |
Chefs principaux | Nassrin Abdalla Rojda Felat |
Membres | 7 000 Ă 24 000[1] - [2] |
Fait partie de | Forces démocratiques syriennes (depuis 2015) |
Branche politique | PYD |
Groupe reliĂ© | PKK, YPG, HPG, YBĆ, YJĂ |
RĂ©pression | |
Considéré comme terroriste par | Turquie |
Seconde guerre civile irakienne |
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Les YPJ furent mises en place en 2013 Ă titre de brigade fĂ©minine des milices des UnitĂ©s de protection du peuple (YekĂźneyĂȘn Parastina Gel, YPG) et est devenue indĂ©pendante en 2016[1]. Les YPJ et YPG sont l'aile armĂ©e d'une coalition kurde qui a pris le contrĂŽle de facto sur l'essentiel du Nord de la Syrie Ă prĂ©dominance kurde dĂ©nommĂ© Rojava[1].
Histoire
Cette organisation est née au sein du mouvement de résistance kurde. à la fin 2014, elle comptait plus de 7 000 (ou 10 000, selon Tele Sur[1]) combattantes volontaires ùgées entre 18 et 40 ans[3].
Fin 2016, YPJ comptent 24 000 combattantes selon le porte-parole des YPG[2].
Les YPJ ont rejoint leur organisation sĆur, les YPG, dans leur combat contre les groupes qui prĂ©sentaient l'intention de rĂ©pandre la guerre civile syrienne aux territoires habitĂ©s par des Kurdes. Les deux milices furent soumises Ă des attaques croissantes de la part des militants du groupe armĂ© Ătat islamique (Daech) et ont participĂ© au siĂšge de KobanĂ©[3].
Aide Ă©trangĂšre
Les YPJ ne reçoivent aucun fonds de la part de la communautĂ© internationale et dĂ©pendent des communautĂ©s locales pour leur approvisionnement en armes et en nourriture[3]. Toutefois, les YPJ et les YPG ont reçu 27 cargaisons totalisant 24 tonnes d'armes lĂ©gĂšres et de munitions ainsi que 10 tonnes de ressources mĂ©dicales de la part des Ătats-Unis et du Kurdistan irakien pendant le siĂšge de KobanĂ©[4].
Opérations militaires en Irak
Ce groupe a jouĂ© un rĂŽle critique lors du sauvetage de milliers de Yazidis encerclĂ©s sur le mont Sinjar par les combattants de l'EI en . Une combattante a affirmĂ© : « Nous devons contrĂŽler cette zone nous-mĂȘmes sans dĂ©pendre [du gouvernement]... Ils ne peuvent pas nous protĂ©ger de [l'EI], nous devons nous protĂ©ger nous-mĂȘmes [et] nous dĂ©fendons tout le monde... peu importe l'ethnie ou la religion Ă laquelle ils appartiennent »[5].
Cet engagement se poursuit au-delĂ du territoire irakien par l'opĂ©ration « revanche des femmes du Sinjar » qui vise Ă libĂ©rer les femmes et les enfants yĂ©zidis mis en esclavage par l'Ătat islamique, Ă la suite de leur offensive sur la rĂ©gion de Sinjar pendant l'Ă©tĂ© 2014. Profitant de l'offensive des Forces dĂ©mocratiques syriennes en Syrie, le nombre de femmes et d'enfants libĂ©rĂ©s atteint 200 en [6] - [7].
Idéologie et fonctionnement
Ce groupe a reçu des Ă©loges de la part des fĂ©ministes du monde entier car il confronte les attentes traditionnelles concernant les sexes dans la rĂ©gion et redĂ©finit le rĂŽle des femmes dans le conflit rĂ©gional[3]. Selon la photographe Erin Trieb, les YPJ sont en elles-mĂȘmes un mouvement fĂ©ministe, mĂȘme si ce n'est pas leur cause principale. Elle indique qu'« elles veulent l'Ă©galitĂ© » entre les femmes et les hommes et qu'une des raisons justifiant leur engagement Ă©tait de faire Ă©voluer les perceptions Ă l'Ă©gard des femmes dans leur culture[3].
Les membres des YPJ sont bénévoles et ne perçoivent pas de salaire ou de solde. Les familles des membres les plus pauvres reçoivent cependant une compensation financiÚre mensuelle d'environ 40 000 livres syriennes[8], soit moins de 200 dollars US au taux moyen sur 2016.
D'une façon générale, les relations sexuelles entre membres des différents groupes armés des FDS sont interdites et les violences sexuelles envers les femmes sont sévÚrement punies. Les hommes et les femmes combattants peuvent se marier, mais les femmes doivent alors quitter les YPJ[8].
L'IdĂ©ologie du YPJ s'est rĂ©pandue en Irak et en Syrie. Les Assyriens du Conseil militaire syriaque ont ainsi formĂ© une brigade fĂ©minine, la Forces de protection des femmes du Bethnahrain. Les femmes YĂ©zidis ont formĂ© une milice nommĂ©e UnitĂ©s des femmes d'ĂzĂźdxan. Aussi, le Conseil militaire d'al-Bab[9], la Brigade du Front kurde et la Brigade des rĂ©volutionnaires de Raqqa ont formĂ© des unitĂ©s fĂ©minines[10].
Selon les combattants kurdes, la prĂ©sence de femmes soldats dans leurs rangs leur donne un avantage contre les djihadistes car ces derniers pensent ĂȘtre privĂ©s du paradis s'ils sont tuĂ©s de la main d'une femme[11]. Selon Rusen Aytac, chargĂ© du dĂ©partement des droits de l'Homme Ă l'Institut kurde de Paris : « Pour un membre de l'Ătat islamique il est beaucoup plus difficile de combattre les femmes car selon eux se faire tuer par une femme Ă©quivaut Ă l'exclusion du Paradis. Dans leur conception ĂȘtre tuĂ© par une femme Ă©quivaut Ă du dĂ©shonneur »[12]. Cependant ces affirmations, abondamment relayĂ©es par les combattantes kurdes, sont contestĂ©es par l'historien militaire Laurent Touchard : « Aucun texte sacrĂ© de l'Islam ne mentionne qu'un jihadiste qui serait tuĂ© par une femme combattante se verrait refuser le paradis ; absolument rien dans la Sunna, pas l'ombre d'un hadĂźth, et encore moins dans le Coran. Ă ma connaissance aucun jihadiste n'a confiĂ© sa peur de « croiser le fer » avec une femme kurde, pas une dĂ©claration sur les rĂ©seaux sociaux n'a confirmĂ© â mĂȘme a minima â cette rumeur. [...] Si cette peur Ă©tait aussi prononcĂ©e qu'il est dit, pourquoi les lignes de l'EI ne se sont-elles pas effondrĂ©es sitĂŽt que les Kurdes sont massivement entrĂ©s en action ? Pourquoi le siĂšge de KobanĂ© a-t-il Ă©tĂ© si long ? La rĂ©ponse me semble Ă©vidente : belle histoire mais lĂ©gende dans son ensemble »[13].
Implications dans la guerre civile syrienne
DĂšs 2014, plusieurs agences de presse kurdes indiquent que « les troupes des YPJ sont devenues vitales dans la bataille contre l'EI » Ă KobanĂ©[1]. Les victoires remportĂ©es par les YPJ au Rojava ont apportĂ© une attention internationale considĂ©rable sur un rare exemple de rĂ©ussites fĂ©minines dans une rĂ©gion oĂč les femmes sont traditionnellement en retrait[14] - [15] - [16] - [17] - [18].
à partir de 2016, fortes de leurs expériences militaires passées dans la guerre civile syrienne, les YPJ mÚnent leurs actions militaires indépendamment des YPG et participent notamment aux opérations des FDS sur Habur, Elßn, Cudi, Manbij et Raqqa[19]. De nombreuses structures de formations militaires professionnelles sont mises en place par les YPJ dans le Rojava[20]. En parallÚle, des unités militaires féminines spécifiques sont créées dans les zones majoritairement arabes et passées sous contrÎle des YPJ : l'Académie des femmes arabes et le Bataillon des femmes arabes libres[21] - [22] - [23].
Le 22 juillet 2022, Salwa Yusuk, dite Ciyan Afrin, commandante des FDS chargĂ©e des opĂ©rations conjointes avec la coalition internationale, est tuĂ©e par une frappe de drone turc prĂšs de Qamichli[24]. L'United States Central Command prĂ©sente ses condolĂ©ances Ă sa famille et salue le rĂŽle « essentiel » de la commandante kurde contre l'Ătat islamique[24].
Culture populaire
Le film SĆurs d'armes (2019) de Caroline Fourest prĂ©sente un aspect du combat de YPJ au travers d'une unitĂ© d'Ă©lite. En 2020, la mini-sĂ©rie d'Arte, No Man's Land s'attache Ă la lutte des YPJ contre Daesh en 2014 durant la Guerre civile syrienne.
Le rappeur Euphonik leur rend hommage dans sa chanson Y.P.J. dans l'album Inconnu mais reconnu II.
Le roman S'il n'en reste qu'une de Patrice Franceschi, publié en 2021, raconte le destin tragique de deux combattantes kurdes lors de la prise de Kobané en 2019.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Women's Protection Units » (voir la liste des auteurs).
- "Kurdish Women Turning Kobani into a Living 'Hell' for Islamic State".
- Tom Perry, Exclusive: Syrian Kurdish YPG aims to expand force to over 100,000, Reuters, 20 mars 2017.
- « YPJ: The Kurdish feminists fighting Islamic State », The Week,
- (en) Constanze Letsch, « US drops weapons and ammunition to help Kurdish fighters in Kobani », The Guardian,
- (en) Elizabeth Griffin, « These Remarkable Women Are Fighting ISIS. It's Time You Know Who They Are », Marie Claire,â (lire en ligne)
- (en) « 137 Yazidi women and children rescued in Raqqa operation: YPJ commander »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?), sur komnews.org, (consulté le )
- (en) Rodi Said et Ellen Francis, « Revenge for Sinjar: Syrian Kurds free Islamic State slaves », Reuters,
- (en) Rahila Gupta, « Military fatigues and floral scarves », New Internationalist,â , p. 42-43 (lire en ligne)
- « Inspired by Kurdish units, al-Bab Military Council creates all-female battalion », sur ARA News, (consulté le )
- « jabhetakrad.com/?p=2477 »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?).
- « Irak: des combattantes kurdes sâengagent contre les jihadistes », LibĂ©ration, 13 septembre 2014.
- Charlotte Haas, « Irak : ces femmes qui combattent l'Ătat Islamique », RTL, , citation de Rusen Aytac.
- Laurent Touchard, Les jihadistes de l'EI ont-ils peur de se battre contre des femmes ? Non., CONOPS, 30 mai 2017.
- « Female Kurdish fighters battling ISIS win Israeli hearts », Rudaw (consulté le )
- « The Fight Against ISIS in Syria And Iraq December 2014 by Itai Anghel », The Israeli Network via YouTube, (consulté le )
- « Fact 2015 (Uvda) â Israelâs leading investigative show »(Archive.org âą Wikiwix âą Archive.is âą Google âą Que faire ?), The Israeli Network, (consultĂ© le )
- « Kurdish female fighters named âmost inspiring womenâ of 2014 », Rudaw (consultĂ© le )
- « Kobani: How strategy, sacrifice and heroism of Kurdish female fighters beat Isis », International Business Times UK (consulté le )
- « In 2016, we participated in Wrath of Habur, Elßn, Cudi, Manbij and Raqqa operations. » (en) « YPJ Spokeswoman: We also fight for a mental and intellectual liberation », sur anfenglish.com, (consulté le )
- « 2016 was a different year both in terms of opportunities and recruitment. YPJ experienced professionalization in training this year. We opened tens of military, scholar and field academies and YPJ mobilized women in these places. » (en) « YPJ Spokeswoman: We also fight for a mental and intellectual liberation », sur anfenglish.com, (consulté le )
- « 2 units completed academic training for womenâs participation inside the SDF. Currently, preparations for the announcement of an Arab Womenâs Academy and Free Arab Womenâs Battalion are under way. » (en) « YPJ Spokeswoman: We also fight for a mental and intellectual liberation », sur anfenglish.com, (consultĂ© le )
- « PrÚs de Raqa, des combattantes arabes défient l'EI et les traditions », Le Parisien-AFP, 10 février 2017.
- [vidéo] Syrie : les femmes arabes au front contre jihadistes et préjugés, France 24, 17 février 2017.
- Syrie: une commandante kurde des FDS tuée par une frappe de drone turque, RFI, 25 juillet 2022.
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- Pascale Bourgaux et SaĂŻd Mahmoud, Moi, Viyan, combattante contre Daech, Ă©ditions Fayard, 2016