Sergueï Choïgou
Sergueï Koujouguétovitch Choïgou (en russe : Серге́й Кужуге́тович Шойгу́́), né le à Tchadan (Touva), est un homme politique russe. Membre fondateur du parti de Poutine Russie unie, nommé général d'armée en 2003, il dirige de 1994 à 2012 le ministère des Situations d'urgence. Président de la Société géographique de Russie depuis 2009 et ministre de la Défense depuis 2012, il détient le record de longévité en tant que ministre en Russie, car il est membre du gouvernement de la fédération de Russie depuis les années 1990 (30 ans au total) si on omet une très courte interruption[2]. Il fait partie du cercle étroit des silovik de Poutine depuis son accession au pouvoir[3] - [4].
Sergueï Koujouguetovitch Choïgou Сергей Кужугетович Шойгу | ||
Portrait officiel de Sergueï Choïgou en 2014. | ||
Fonctions | ||
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Ministre russe de la Défense | ||
En fonction depuis le (10 ans, 7 mois et 29 jours) |
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Président | Vladimir Poutine | |
Président du gouvernement | Dmitri Medvedev Mikhaïl Michoustine |
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Gouvernement | Medvedev I et II Michoustine |
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Prédécesseur | Anatoli Serdioukov | |
Gouverneur de l'oblast de Moscou | ||
– (5 mois et 26 jours) |
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Prédécesseur | Boris Gromov | |
Successeur | Ruslan Tsalikov | |
Président de Russie unie | ||
– (3 ans, 4 mois et 14 jours) |
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Prédécesseur | Poste créé | |
Successeur | Boris Gryzlov | |
Ministre des Situations d'urgence | ||
– (18 ans et 24 jours) |
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Président | Boris Eltsine Vladimir Poutine Dmitri Medvedev |
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Prédécesseur | Poste créé | |
Successeur | Vladimir Poutchkov | |
Biographie | ||
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Tchadan, Touva (RSFSR) | |
Nationalité | Russe | |
Parti politique | Parti communiste de l'union soviétique (avant 1991) Indépendant (1991–1995) Notre maison-Russie (1995–1999) Unité (1999–2001) Russie unie (depuis 2001) |
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Conjoint | Irina Choïgou | |
Enfants | Ioulia Ksenia |
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Diplômé de | Institut polytechnique de Krasnoïarsk | |
Profession | Ingénieur civil Fonctionnaire Militaire de réserve |
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Religion | Église orthodoxe russe[1] | |
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Biographie
Sergueï Choïgou est né d’un père touvain, Koujouguet Choïgou (1921-2010) et d’une mère russe, Alexandra Iakovlevna née Koudriavtseva (1924-2011). Il obtient son diplôme à l’école no 1 de Kyzyl[5].
En 1977, il est diplômé de l'institut polytechnique de Krasnoïarsk. Il travaille dans la construction durant la décennie suivante en gravissant les échelons pour devenir dirigeant. En 1988, il devient un fonctionnaire mineur du Parti communiste à Abakan puis au Komsomol durant quelque temps. En 1990, il quitte la Sibérie pour Moscou.
Il est père de deux filles, Ioulia (1977) et Ksenia (1991).
Il se fait remarquer au début des années 1990 pour ses qualités de médiateur dans tous les domaines et devient ministre des Situations d’urgence, poste qu’il a lui-même créé[4]. À ce poste, il se rend souvent sur les lieux de catastrophes naturelles et d’attentats terroristes avec une équipe de secouristes professionnels d’élite, et dirige certaines opérations de secours[4]. Son équipe d'intervention fait sa renommée auprès aussi bien des milieux du pouvoir russe que des citoyens ordinaires[4]. Il apparaît alors comme un dauphin potentiel de Boris Eltsine[6].
Il reçoit en 1999 la distinction nationale la plus prestigieuse, celle de héros de la fédération de Russie.
De 1999 à 2001, il dirige la fraction Unité du parti présidentiel (en) qu’il quitte alors que la popularité d’Eltsine est au plus bas pour créer avec d’autres personnalités du Kremlin le parti Russie unie. Il devient un des trois dirigeants de ce parti en 2001 et 2002 qui appuiera la candidature de Vladimir Poutine[4]. Il est depuis cette date membre du haut conseil de Russie unie.
Sergueï Choïgou est gouverneur de l'oblast de Moscou depuis 2012.
Le , il est nommé ministre de la Défense[7] à la suite du limogeage d'Anatoli Serdioukov[8]. Ce remaniement fait les unes de la presse russophone au cours du mois de [9]. Cette nomination paraît surprenante alors que Sergueï Choïgou n’a jamais servi dans l’armée, qu'il ne bénéficie d’aucune réputation auprès de la hiérarchie militaire, et que ses méthodes de leadership ne sont pas appréciées de la vieille garde[4]. Sa nomination intervient à quelques semaines d'intervalle de Valéri Guérassimov comme chef de l'État-Major général, qui apparaît dès lors très proche de lui[6].
Après l'éclatement de la révolution ukrainienne de 2014 et l'échec du Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie (FSB) à mettre fin à la révolte, Vladimir Poutine fait appel à l’armée qui, sous le commandement de Sergueï Choïgou, mène à bien l'annexion de la Crimée[4]. À la suite de cette crise, il est poursuivi en Ukraine « pour formation de bandes armées ».
En décembre 2015, il mène l'opération militaire qui permet d'inverser le cours de la guerre civile syrienne et permet à Bachar el-Assad de reprendre la main[4].
Il accomplit des visites diplomatiques dans plusieurs pays comme la Syrie, le Qatar ou Israël. Alors que ce rôle devrait être alloué aux affaires étrangères plus qu'à la défense, les analystes voient en cela une plus grande importance de l'armée en Russie[10].
Il crée un cybercommandement et intègre l’armée de l’air et les forces spatiales au sein des toutes nouvelles forces aérospatiales russes[4]. Il fait en sorte qu'il soit pratiquement impossible pour les jeunes Russes d’échapper au service militaire[4]. En 2017, il fait modifier l’uniforme d’apparat de l’armée en s’inspirant de l’uniforme soviétique de 1945, surnommé « l’uniforme du vainqueur »[4]. Il supervise le GRU, service de renseignement militaire russe soupçonné d’avoir multiplié, dans les années 2010, les opérations d’assassinat en Europe[6]. Il obtient un accroissement du budget de l'Armée et sa réputation s'accroît au Kremlin[4]. Il apparaît comme « l’homme qui a replacé l’armée dans les plus hautes sphères du Kremlin, au détriment des services d’espionnage »[4], ou encore « le symbole de la militarisation de la Russie »[11].
Son amitié avec Vladimir Poutine est abondamment mise en scène dans les médias d'État russes à la fin des années 2010[12]. Il est alors évoqué comme son possible successeur[12] - [13].
Le , il est ajouté à la liste des ressortissants spécialement désignés et des personnes bloquées de l'OFAC[14] et est considéré comme une menace pour la sécurité nationale américaine à la suite de son rôle important durant l'invasion de l'Ukraine. En mars 2022, son absence médiatique inhabituelle est la source de rumeurs sur son état de santé ou une éventuelle mise à l'écart[15] - [16]. Ces apparitions reprennent en août, alors que l’armée russe cède du terrain face à l’Ukraine.
Il est l’un des rares membres du premier cercle du pouvoir à avoir eu autant d'influence sous Boris Eltsine que sous Vladimir Poutine[6].
Décorations
Soviétiques
Russes
- Héros de la fédération de Russie
- Grand-croix avec épée de l'ordre de Saint-André
- Première classe de l'ordre du Mérite pour la Patrie
- Médaille de l'ordre de l'Honneur
- Médaille de l'ordre d'Alexandre Nevski
- Médaille du Courage militaire
- Médaille de l'ordre du Mérite militaire
- Médaille « Défenseur d'une Russie libre » (en)
- Médaille de la Valeur militaire
- Médaille d'Honneur militaire
- Médaille de la Bravoure
- Médaille « Pour le retour de la Crimée »
- Médaille « En commémoration du 850e anniversaire de Moscou » (en)
- Médaille « En commémoration du 300e anniversaire de Saint-Pétersbourg »
- Médaille « En commémoration du 1000e anniversaire de Kazan »
Décorations étrangères
- Médaille de l'ordre du Courage (Abkhazie)
- Première classe de l'ordre de l'Amitié (Kazakhstan)
- Médaille de l'ordre de Danaker (Kirghizistan)
- Médaille de l'ordre de la Bannière rouge de Mongolie (en)
- Grand-commandeur de l'ordre de l'union de Myanmar (en)
- Grand-croix avec étoile d'argent de l'ordre de Ruben Dario (es) (Nicaragua)
- Grand-croix pro Merito Melitensi, classe militaire (Ordre souverain de Malte)
- Médaille de l'ordre de Uatsamonga (en) (Ossétie du Sud-Alanie)
- Première classe de l'ordre du drapeau serbe (en) (Serbie)
- Médaille de l'ordre de la coopération militaire (Syrie)
- Médaille l'ordre Vietnamien de l'amitié (en) (Viêt Nam)
Notes et références
- « êtes-vous orthodoxe ? » « J'ai été baptisé à l'étranger. A l'âge de cinq ans dans la ville de Stakhanov ».(ru) Katerina LABETSKAYA, « Российский башмак в Косово », sur vremya.ru, .
- (ru) « Генерал нашей армии. Русское сознание традиционно противопоставляет себя власти, но распространение этой привычки на армию и министра обороны — новый и странный тренд », sur Новая газета, (consulté le )
- (en-GB) « Ukraine conflict: Who's in Putin's inner circle and running the war? », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
- Andrei Soldatov et Irina Borogan, « Sergueï Choïgou, le militaire qui murmure à l’oreille de Poutine », sur courrierinternational.com, (consulté le ).
- « Первой школе Кызыла - 95 лет », sur Tuvaonline.ru (consulté le )
- Sébastian Seibt, « Sergueï Choïgou et Valéri Guerassimov, les maîtres de guerre de Vladimir Poutine », sur france24.com, (consulté le ).
- « Russie : M. Choïgou nommé à la Défense », Le Figaro,
- « Russie : Poutine limoge son ministre de la défense », Le Monde,
- « SMI20 : Key people mentioned in Russian media - Monthly Review – November 2012 », RussoScopie, 3 décembre 2012.
- (en) Andrew Osborn, Jack Stubbs et Reuters, « Russia's defense minister has been showing up in unexpected places as the military increases its influence under Putin », sur businessinsider.com.
- Julian Colling, « Isolé dans sa tour d’ivoire : comment Poutine en est arrivé à lancer l’invasion de l’Ukraine », sur mediapart.fr, (consulté le ).
- François Bonnet, « Russie : Poutine s’aménage une place au premier rang pour l’après-2024 », sur Mediapart, (consulté le ).
- Marc Nexon avec Katia Swarovskaya, « Sergueï Choïgou, le grognard de Poutine », sur lepoint.fr, (consulté le ).
- (en) « Russia-related Designations », sur U.S. Department of the Treasury (consulté le )
- « Guerre en Ukraine : la mystérieuse "disparition" du ministre russe de la Défense », sur LExpress.fr, (consulté le )
- Julien Lecot, « Guerre en Ukraine : l’étrange discrétion de Choïgou, le ministre russe de la Défense », sur Libération (consulté le )
Liens externes
- Ressource relative à l'audiovisuel :
- (en) IMDb
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :