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Opération Impact

L'opération Impact est une intervention militaire ayant démarré en septembre 2014 de l'Armée canadienne en Irak et en Syrie dans le cadre de la coalition internationale en Irak et en Syrie.

Opération Impact

Pendant la Seconde guerre civile irakienne et la guerre civile syrienne

Description de cette image, également commentée ci-après
Un CF-18 de l'Aviation royale canadienne survole l'Irak en mars 2015.
Localisation Drapeau de l'Irak Irak
Drapeau de la Syrie Syrie
Planifiée par Drapeau du Canada Canada
Cible État islamique
Date - en cours
(8 ans, 9 mois et 26 jours)

Cette coalition regroupe plus « 79 pays et est dirigée par les États-Unis [...] »[1]. La coalition s'est engagée « à envoyer des frappes aériennes en Irak et en Syrie, à aider les forces irakiennes à lutter contre Daesh, à réduire à néant toutes les sources de financement du groupe, à lutter contre les déplacements des combattants qui veulent rejoindre ses rangs, ainsi qu'à lutter pour l'instauration de la paix et de la stabilité de l'Irak et de ses environs [...] »[1].

Au total 1 378 sorties et 251 frappes aĂ©riennes dont 246 en Irak ont Ă©tĂ© procĂ©dĂ©.

Contexte

L'État islamique (EI) a profitĂ© de la guerre civile syrienne pour jeter ses bases en Syrie. Cette guerre a fait plus de 350 000 morts et a causĂ© une grave crise humanitaire[2].

En dĂ©but , Daesh est entrĂ© dans les rĂ©gions du Mont Sinjar et commence Ă  faire une Ă©puration ethnique contre le peuple YĂ©zidis qui se rĂ©fugie derrière les montagnes[3]. Selon Ruys et Verlinden « le , 200 000 civils auraient pris la fuite, les Nations unies ayant appelĂ© Ă  une tragĂ©die humanitaire[4]. L'avancĂ©e de Daesh dans les rĂ©gions du Levant a Ă©tĂ© très rapide, dans les territoires irakiens et syriens, avec la prise de Raqqa et de Mossoul[3].

Prémisse de l'intervention

Le , Barack Obama fait appel à ses alliés pour que d'autres villes irakiennes surtout Erbil et Bagdad ne tombent pas entre les mains de Daesh[3] et stopper l'avancée du groupe sur le territoire irakien et des autres régions voisines[5].

Immédiatement après la décision du président Obama d'imposer des frappes aériennes ciblées en Irak, le ministre des Affaires étrangères du Canada a déclaré le soutien de son gouvernement et lui a offert son aide. Il dit aux Américains : « le Canada appuie tous les efforts, y compris le largage de fournitures et les frappes aériennes des États-Unis, pour protéger la population civile contre les terroristes de [Daech]. Nous restons solidaires de ceux qui soutiennent le peuple irakien, y compris les soldats kurdes peshmerga qui combattent courageusement ce terrorisme violent [...] »[6]. Stephen Harper, a fait partie de l'un des premiers alliés des Américains à dire « oui » même avant la résolution 2170 de l'ONU du qui demande « aux États de coopérer et d'agir ensemble pour l'éradication et la destruction de Daesh et d'autres groupes terroristes similaires »[7].

Avant mĂŞme que la coalition internationale fĂ»t officiellement formĂ©e le lors de la confĂ©rence internationale de Paris[8] et le Canada avait dĂ©jĂ  envoyĂ© « 69 soldats des forces spĂ©ciales en malgrĂ© l'opposition de certains leaders politiques canadiens »[8]. Ces soldats canadiens « [...] Ă©taient sur place uniquement pour conseiller et assister les forces irakiennes ainsi que les combattants kurdes qui tentent de freiner les avancĂ©es de l'ÉI [...] »[8]. En d'autres termes, ils devraient offrir une formation aux soldats irakiens pour Ă©viter que la ville d'Erbil (capitale du Kurdistan) connaisse le mĂŞme sort que Mossoul. Après l'envoi des forces spĂ©ciales canadiennes, le « , le gouvernement annonce le dĂ©ploiement de deux avions de transport en Irak, qui effectueront 25 vols entre le et le , livrant plus de 1 600 000 livres de fournitures militaires en Irak Ă  partir de l'Albanie, dans le cadre d'un effort multinational »[9].

Intervention

Débutée le , avec l'annonce du déploiement initial d'environ 70 militaires en Irak, l'opération a pris de l'ampleur le après l'annonce du Premier ministre Stephen Harper de l'envoi de 9 avions militaires : 6 CF-18, 2 avions de patrouille maritime CP-140 Aurora, un avion de ravitaillement CC-150 Polaris, un transporteur aérien stratégique CC-177 Globemaster III et un avion de transport CC-130J Hercules [10].

Dans le cadre de l'Opération Impact, « les Forces armées canadiennes (FAC) ont effectué des frappes aériennes sur des cibles en Irak et en Syrie du au »[11]. . Les forces canadiennes ont effectué leurs premières frappes aériennes en Irak en étant stationnées au Koweït[1]. Les frappes en Irak ont débuté le [12] - [1].

Le , le Parlement du Canada a voté pour étendre la mission en Syrie[13]. Le Parlement canadien a voté le à 157 votes contre 134 pour l'intervention du Canada en Irak. En , le Canada avait conduit 172 frappes en Irak et en Syrie[14].

Le , le Parlement du Canada, Ă  la demande du gouvernement de Justin Trudeau, octroie 1,6 milliard de dollars supplĂ©mentaires pour l'opĂ©ration sur trois ans. Le , le gouvernement canadien met fin aux frappes aĂ©riennes sans pour autant retirer les troupes au sol ou les avions de la zone de combat[15] - [16]. Justin Trudeau annonce ainsi le retrait des CF-18 et Polaris canadiens et opte plus pour une mission de nature humanitaire en Irak et en Syrie[17]. Il continue cependant Ă  jouer un rĂ´le important dans la coalition, « [...] avec deux avions de transport Hercules, du personnel mĂ©dical, plus de 250 formateurs et des dizaines de soldats des forces spĂ©ciales [...] »[18]. Selon le premier ministre, les Irakiens et les Syriens ont plus « besoin d'aide humanitaire que de bombes »[18]. L'aide consiste en quelque sorte de consacrer « 2 milliards de dollars sur trois ans Ă  la sĂ©curitĂ©, Ă  la stabilisation, Ă  l'aide humanitaire et Ă  l'aide au dĂ©veloppement en rĂ©ponse aux crises qui sĂ©vissent en Irak et en Syrie, ainsi qu'Ă  leurs rĂ©percussions en Jordanie et au Liban »[19].

Bilan

Au total « 1 378 sorties et ont procĂ©dĂ© Ă  251 frappes aĂ©riennes —246 en Irak »[1]. On note une certaine diffĂ©rence du comportement canadien en Irak et en Syrie pour plusieurs raisons. DĂ©jĂ  aux yeux de la communautĂ© internationale et selon le droit international, l'intervention en Syrie est illĂ©gitime. En effet, si en Irak le gouvernement avait demandĂ© spĂ©cifiquement au Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies de l'aide pour stopper Daesh dans ses territoires :

« [...] l'EIIL a établi un refuge à l'extérieur des frontières de l'Irak qui constitue une menace directe pour la sécurité de notre peuple et de notre territoire [...] la présence de ce havre de paix a rendu impossible la défense de nos frontières et exposé nos citoyens à la menace d'attaques terroristes [...]. C'est pour ces raisons que, conformément au droit international [...] nous avons demandé aux États-Unis d'Amérique de diriger les efforts internationaux visant à frapper les sites de l'EIIL et les bastions militaires, avec notre consentement exprès »[20].

Ce n'était pas le cas en Syrie, en aucun cas Bachar Al-Assad, n'a demandé de l'aide au Conseil de Sécurité, « [...] la Syrie a clairement indiqué que toute intervention étrangère sur son territoire serait considérée comme un acte d'agression si elle n'était pas approuvée par elle [...] »[21]. Ceci peut expliquer la raison pour laquelle le Canada a effectué ses premières frappes aériennes en Syrie seulement le « et n'a mené que 5 frappes »[22].

Comme l'affirme Justin Massie (professeur de dĂ©partement de science politique et de droit Ă  l' UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al) : « bien que le contingent canadien soit relativement petit, il a dĂ©ployĂ© de prĂ©cieux aĂ©ronefs et des forces spĂ©ciales opĂ©rant près des lignes de front de la guerre »[23]. De mĂŞme que dans l'ensemble, « le ravitailleur en vol CC-150T Polaris a effectuĂ© 782 sorties et a livrĂ© près de 46 400 000 livres de carburant aux aĂ©ronefs de la coalition et l'aĂ©ronef CP-140 Aurora a effectuĂ© 814 missions de reconnaissance »[24].

Coût

Le coût des six premiers mois de l’intervention fut annoncé le ministre de la Défense, Jason Kenney. Il se chiffrait selon lui à approximativement 122 millions de dollars[25]. Ces chiffres furent remis en question par le Directeur parlementaire du budget (DPB), Jean-Denis Fréchette, qui a estimé les coûts à entre 128,8 et 166 million de dollars[26] - [27]. Le département de la Défense nationale a refusé les demandes d'accès à l'information du DPB qui n'a pu qu'estimer les coûts de l'opération et extrapoler en se basant sur les missions et opérations passés[26] - [27]

Opposition Ă  l'intervention

Opposition au Québec

Manifestation Montréal pour la Paix contre l'intervention canadienne en Irak et en Syrie en mars 2016.

« Ça fait plus de 10 ans que le Canada intervient au Moyen-Orient avec des solutions militaires et des actions qui ont eu comme résultat d’aggraver l’instabilité, la violence et le terreau du terrorisme[28]. »

— Amir Khadir, député de Québec solidaire

Le , le parti provincial Québec solidaire se positionne contre la guerre en Irak et en Syrie[29]. Le , le Collectif Échec à la guerre tient une manifestation à Montréal contre l'intervention militaire canadienne en Irak et en Syrie[28]

Opposition dans le reste du Canada

Après le vote permettant l'opĂ©ration, le chef de l'opposition officielle Tom Mulcair du Nouveau Parti dĂ©mocratique a dĂ©clarĂ© que le gouvernement « plonge le Canada dans une guerre prolongĂ©e sans mesures concrètes pour venir en aide aux victimes de la terreur de l'État islamique Â», et « ouvre la porte Â» Ă  l'implication du Canada dans la guerre civile « sanglante Â» en Syrie[30].

Le Parti communiste du Canada[31], le Parti marxiste–leniniste du Canada[32] et le Parti communiste révolutionnaire du Canada[33] s'opposent officiellement à l'intervention canadienne en Irak et en Syrie.

Voir aussi

Références

  1. Défense nationale, « Opération Impact », sur aem, (consulté le )
  2. « Syrie : la crise humanitaire et politique continue », sur ARTE Info (consulté le )
  3. Massie, Justin. Notes personnelles prises lors du cours POL8422-Politique extérieur du Canada et du Québec.Université du Québec à Montréal, automne 2018.
  4. Tom Ruys et Nele Verlinden, « 1 July–31 December 2014 », Journal on the Use of Force and International Law, vol. 2, no 1,‎ , p. 119–162 (ISSN 2053-1702, DOI 10.1080/20531702.2015.1043099, lire en ligne, consulté le )
  5. Zone International- ICI.Radio-Canada.ca, « Obama autorise des frappes en Irak pour protéger les ressortissants américains | Irak, une guerre sans fin », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  6. Pelletier-Bonnier, Laura (2018). « La thĂ©orie du rĂ´le en politique de sĂ©curitĂ© internationale : le cas du Canada dans la lutte contre Daech » MĂ©moire. MontrĂ©al (QuĂ©bec, Canada), UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al, MaĂ®trise en science politique, page 81. TirĂ© de Gouvernement du Canada. (2014a, 8 aoĂ»t). Le Canada est solidaire de ses alliĂ©s et du peuple irakien dans leur lutte contre le terrorisme. [CommuniquĂ©]. Gouvernement du Canada, ministère des Affaires Ă©trangères. RĂ©cupĂ©rĂ© le 2 juin 2017 de https://www.canada.ca/fr/nouvelles/archive/2014/08/canada-est-solidaire-allies-peuple-iraquien-leur-lutte-contre-terrorisme.html.
  7. « Résolutions adoptées par le Conseil de sécurité de l'ONU en 2014 », sur www.un.org (consulté le )
  8.  La presse. Muclair refuse le dĂ©ploiement en Irak. En ligne : https://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-canadienne/201409/17/01-4801149-mulcair-refuse-dappuyer-le-deploiement-canadien-en-irak.php. ConsultĂ© le 10 avril 2019.
  9. Pelletier Laura et Massie Justin, « La guerre en élection : Dynamiques électorales de la participation du Canada à la guerre contre Daech », dans Jérôme Couture et Steve Jacob (dir.), Démocratie et politiques publiques, Québec, Presses de l'Université Laval, 2019, page 34.
  10. « Lutte contre l'«État islamique»: le défi de la cohérence », sur 45eNord.ca, (consulté le )
  11. Défense nationale, « Opération Impact – Historique des frappes aériennes », sur aem, (consulté le )
  12. (en) « ISIS mission: Canadian CF-18s drop laser-guided bombs over Iraq », CBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. (en) « ISIS mission: MPs pass motion to support extension », CBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. (en) Lee Berthiaume, « Canada has attacked inside Syria four times since March », Ottawa Citizen,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Rosemary Barton, « Justin Trudeau to pull fighter jets, keep other military planes in ISIS fight », CBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. « Canadian Armed Forces cease airstrike operations in Iraq and Syria », Government of Canada,
  17. « Le Canada retire ses avions de Syrie… mais gonfle ses troupes », sur Le Devoir (consulté le )
  18. Zone International- ICI.Radio-Canada.ca, « Le Canada met fin à sa mission de ravitaillement en Irak et en Syrie », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  19. Affaires mondiales Canada, « Le Canada appuie les efforts de reconstruction en Irak et dans la région », sur gcnws, (consulté le )
  20. Ruys Tom & Verlinden Nele (2015). « 1 July–31 December 2014 ». Journal on the Use of Force and International Law, 2:1, page 138. En ligne. https://doi.org/10.1080/20531702.2015.1043099>, consulté le 10 avril 2019.
  21. Ruys Tom & Verlinden Nele (2015). “1 July–31 December 2014”. Journal on the Use of Force and International Law, 2:1, page 135. En ligne. https://doi.org/10.1080/20531702.2015.1043099>, consulté le 10 avril 2019.
  22. Défense nationale Gouvernement du Canada, « ARCHIVÉE - Article de nouvelles | La première frappe aérienne en Syrie dans le cadre de l'opération Impact », sur www.rcaf-arc.forces.gc.ca, (consulté le )
  23. Massie Justin, « Why Canada Goes to War: Explaining Support to U.S.-led Coalition Operations, » Canadian Journal of Political Science (2019), page 12
  24. « Nouvelle contribution de l'op IMPACT à la lutte contre l'EI: un CC-130J Hercules effectue sa première sortie », sur 45eNord.ca, (consulté le )
  25. (en) Lee Bertiaume, « Canada’s war against ISIS has cost $122 million, not including salaries and fixed costs, government says », National Post,‎ (lire en ligne, consulté le )
  26. (en) Kieron Lang, « PBO, government differ on anti-ISIS mission costs: $122M vs. $166M », CTV News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  27. (en) « Iraq mission costs could top $166M for 6 months: budget watchdog », CBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  28. Mélanie Loisel, « Plaidoyer pour une réponse pacifique : La lutte contre l’EI en Irak met les Canadiens en danger, dit le Collectif Échec à la guerre », Le Devoir,
  29. Québec solidaire - Entrée en guerre du Canada : Québec solidaire dénonce une opération militaire qui ne résoudra rien
  30. (en) « ISIS mission: MPs approve Canada’s air combat role », CBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  31. « End all Canadian Military Interventions in Iraq and Syria! », Communist Party of Canada (consulté le )
  32. « Hands Off Iraq and Syria! No to the Use of Force to Settle Conflicts! », Marxist-Leninist Party of Canada (consulté le )
  33. « Oppose Imperialist Barbarism! Canada Out of the Middle East! », Revolutionary Communist Party of Canada (consulté le )
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