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Siège de Paris (1590)

Le siège de Paris de 1590 désigne la tentative d'Henri IV, roi de France, de s'emparer de la ville de Paris. Il oppose les troupes royales commandées par le roi à la Ligue catholique commandée par le duc de Nemours.

Siège de Paris (1590)
Description de cette image, également commentée ci-après
Henri IV assiégeant Paris,
huile sur bois, premier quart du XVIIe siècle, château de Pau.
Informations générales
Date De mars Ă  septembre 1590
Lieu Paris
Issue Échec de l'armée royale
CoordonnĂ©es 48° 51′ 24″ nord, 2° 21′ 07″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Siège de Paris (1590)
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(Voir situation sur carte : ĂŽle-de-France)
Siège de Paris (1590)
GĂ©olocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Siège de Paris (1590)

Le siège de Paris est l'un des épisodes de la huitième guerre de religion.

Henri IV échoue à cause de l'intervention, en faveur de la Ligue, de l'armée d'Alexandre Farnèse, gouverneur des Pays-Bas espagnols.

Préambule

Après que l’Espagne a envoyé des renforts des Pays-Bas espagnols et que le duc de Mayenne eut fait une sortie en , afin de reprendre le contrôle de zones d’approvisionnement[1], Henri IV entame le siège d’Évreux pour fermer la vallée de l’Eure et protéger la Normandie, lorsque Mayenne arrive sur ses arrières.
Le , c’est la bataille d'Ivry : après un combat furieux à un contre deux, l’armée royale met en déroute les Ligueurs, qui fuient vers Chartres, Mayenne allant même jusqu’à Nantes. Les lansquenets prisonniers sont massacrés, les Suisses sont épargnés[2].

Cette déroute ne décourage pas les meneurs parisiens. Ils la cachent d’abord, puis l’annoncent comme un châtiment divin. Ceux qui parlent de paix sont jetés à la Seine.

Alors que les troupes royales ont pris Mantes, Vernon et mis un semblant de siège devant Pontoise, les autorités parisiennes commencent, le 22 mars, à mettre la ville en état de défense. La garnison est renforcée par l’arrivée de Charles-Emmanuel de Savoie-Nemours et de Claude d'Aumale de retour d’Ivry.
Le duc de Nemours organise la dĂ©fense de la ville pour la garde des places publiques, des portes, des remparts et murs de la ville et des quartiers. Il fait rentrer une grande quantitĂ© d’approvisionnement en nourriture et en munitions. Il ordonne l’établissement de garnisons composĂ©es de 3 000 lansquenets et 1 000 soldats en plus de la noblesse.

L'investissement

Pendant ce temps, Henri IV arrive avec une armĂ©e de 20 000 hommes qu'il divise en dix corps afin d'investir totalement Paris[3]. Des corps de cavalerie sont envoyĂ©s dans la rĂ©gion de Palaiseau et de Longjumeau afin d'empĂŞcher les vivres et munitions d'entrer dans la ville.

Le 30 mars, les troupes du roi de France sont à Corbeil. Le lendemain, elles soumettent les régions de Brie-Comte-Robert et Lagny-sur-Marne, puis de Montereau et de Moret-sur-Loing avant de mettre le siège devant Melun. Une partie de l’armée royale se dirige ensuite sur Provins, Bray-sur-Seine et Nogent-sur-Seine qui se rendent sans résistance. Le 29 avril, la petite garnison de Sens capitule, Henri IV peut alors mettre son armée en marche contre Paris.

Après avoir mis le siège devant Saint-Denis, le 7 mai le roi de France commence l’investissement de Paris, ses troupes occupent les alentours de Saint-Denis et les villages de Gonesse, Louvres, Le Bourget, puis prennent possession, le , des ponts de Saint-Maur, de Charenton et de Saint-Cloud.
Le 12 mai, le roi Henri IV, accompagnĂ© de François de La Noue, apparaĂ®t au sud de Paris. Les troupes contournent la ville puis, se dirigeant vers le nord, se prĂ©sentent aux abords des faubourgs Saint-Denis et Saint-Martin. Une troupe de 200 Ă  300 hommes attaque immĂ©diatement, renverse les barricades, mais est repoussĂ©e par des dĂ©fenseurs postĂ©s sur les remparts. Les assaillants perdent une centaine d’hommes et sont contraints de se replier sur Montfaucon emmenant avec eux leur capitaine, François de La Noue blessĂ©.
Les troupes royales occupent alors les villages entre Saint-Denis et Paris ainsi que Pantin, Aubervilliers, Saint-Ouen, La Chapelle, Montmartre où le roi installe, dans l'abbaye de Montmartre, son quartier général pour y diriger les opérations[3].

Vers la mi-mai, la garnison de Saint-Denis fait une sortie contre les troupes royales installées à Aubervilliers au cours de laquelle elle fait plusieurs prisonniers.

Le reste du mois de mai et la première quinzaine de juin se passent sans combat sinon la prise de la ville et du château de Beaumont-sur-Oise qui tombent après un mois de siège.

Le , le roi de France, apprenant que le duc de Mayenne et son armée approchent de Laon, envoie des troupes à Senlis et Compiègne et fait dresser deux batteries d’artillerie « l’une sur Montmartre l’autre sur le haut de Montfaucon vers le Mesnil qui commencèrent à tirer et battre en ruine, vers les rues Saint-Honoré, Saint-Denis et Saint-Martin et les environs. »[4].

Le , une délégation parisienne partie chercher du secours auprès du duc de Mayenne est interceptée à Aubervilliers. Henri IV renvoie la délégation dans la capitale en la chargeant d'exhorter les habitants à le reconnaître comme roi, de se rendre et se soumettre à son obéissance en leur promettant sûreté et liberté de conscience et de religion. La demande royale est rejetée, le siège de Paris commence.

Le siège

Ambroise Paré à Pierre de Saint-Priest d'Épinac, archevêque de Lyon : « Monseigneur, dit-il, ce pauvre peuple que vous voyez icy autour de vous meurt de maie rage de faim et vous demande miséricorde. Pour Dieu , monsieur, faites-la lui si vous voulez que Dieu vous la face; et songez un peu à la dignité en laquelle Dieu vous a constitué et que les cris de ces pauvres gens qui montent jusqu'au ciel, sont autant d'ajournemens que Dieu vous envoie pour penser au deu de vostre charge, de laquelle vous lui estes responsable. Et pourtant selon icelle et selon la puissance que nous sçavons tous que vous y avez, procurez-nous la paix et donnez-nous de quoy vivre car le pauvre monde n'en peut plus. Voyez-vous pas que Paris périt au gré des meschans qui veulent empescher l'œuvre de Dieu, qui est la paix. Opposez-vous y fermement, monsieur, prenant en main la cause de ce pauvre peuple affligé et Dieu vous bénira et vous le rendra.. ».
Paris à la fin du XVIe siècle par Karl Spruner von Merz.

Paris étant investie depuis plus d’un mois, le siège jusque-là « passif », avait empêché les vivres d'entrer dans la ville, ou, du moins, en quantité suffisante. Dans tous les quartiers de la ville, un conseil composé de 10 personnes est chargé du pouvoir de police et de la distribution de nourriture. Le blé venant à manquer « on commença à donner aux pauvres de la bouillie de farine d’avoine tirée du son, trempée dans l’eau, passée par un linge et sur le feu avec un peu de sel et de là on le vendait publiquement et aussi chèrement que si ce fut du lait, dont les pauvres et la plupart du peuple et des soldats qui ne pouvaient pas acheter du pain se nourrissaient. »[4]. Avec l'envolée du prix du blé, la population mange les chevaux, les ânes, les chats et les rats, puis elle consomme les feuilles de vigne, l'herbe et l'ardoise pilée et enfin s'adonne au cannibalisme[5].

  • au : dans la nuit, un groupe de lansquenets qui Ă©taient de garde Ă  la porte de Nesle sortent par le faubourg Saint-Germain et se dirigent vers Grenelle oĂą ils interceptent une colonne de soldats du roi venant de Saint-Cloud et font une douzaine de prisonniers.
  • : les assiĂ©geants sont repoussĂ©s du faubourg Saint-Martin oĂą ils Ă©taient entrĂ©s.
  • : une centaine de lansquenets parisiens, sortis de la ville pour aller cueillir des pois et des fèves vers le village de Vaugirard, sont chargĂ©s par la cavalerie ennemie ; le groupe revient dans Paris avec six tuĂ©s et plusieurs blessĂ©s.
  • : les troupes assiĂ©geantes lancent, contre le faubourg Saint-Denis, un nouvel assaut qui est repoussĂ© ; les dĂ©fenseurs font une douzaine de prisonniers.
  • : les soldats d’Henri IV venant du Roule et de Chaillot, entrent Ă  partir des Tuileries dans le faubourg Saint-HonorĂ©, tuent quelques soldats puis se replient en emmenant une vingtaine de prisonniers.
  • : nouvelle attaque contre le faubourg Saint-HonorĂ© qui est repoussĂ©e ; les troupes du prince de Conti et du marĂ©chal d'Aumont qui viennent renforcer le dispositif d’encerclement, vont tenir garnison Ă  Saint-Cloud.
  • : les assiĂ©gĂ©s font deux sorties, l'une au nord par le faubourg Saint-Denis et l'autre au sud par le faubourg Saint-Germain qui sont sans effet.
  • : escarmouches près de Vaugirard entre une trentaine de cavaliers accompagnĂ©s de piĂ©tons venant de Paris et les troupes de Conti et d'Aumont.
  • : une troupe royaliste qui campait Ă  Montmartre attaque la ville en s'approchant du boulevard du Moulin et du marchĂ© aux Pourceaux ; ils sont repoussĂ©s par l'artillerie situĂ©e sur les remparts entre les portes Montmartre et Saint-HonorĂ© ; les troupes qui campaient Ă  Saint-Cloud attaquent le faubourg Saint-Germain puis se retirent ; dans la nuit, 1 500 de ces mĂŞmes troupes pĂ©nètrent de nouveau dans le faubourg Saint-Germain avant de se replier après avoir perquisitionnĂ© plusieurs maisons.
  • : partis de Montfaucon, 600 hommes Ă  pied soutenus par des cavaliers attaquent la porte du Temple et sont repoussĂ©s par les Suisses ; les Parisiens font une sortie en direction de Vaugirard et du PrĂ©-aux-Clercs et reviennent avec six prisonniers.
  • : partant de Saint-Cloud, les troupes d'Henri IV entrent dans les faubourgs Saint-Germain, Saint-Jacques et Saint-Marceau ; ils brĂ»lent les grains en gerbes et mettent le feu Ă  certains endroits, pillent l'hĂ´pital Saint-Germain[6] puis se retirent en blessant Ă  coups d'Ă©pĂ©e et de coutelas les gens qu'ils rencontrent dans les champs[4].
  • : assiĂ©gĂ©e depuis le mois de mai, la garnison de Saint-Denis en France capitule et est autorisĂ©e par le roi Henri IV Ă  se retirer vers Meaux ; le mĂŞme jour a lieu un duel, « hors le faubourg Saint-HonorĂ©, en un champ près du Roule », entre le sieur de Montglas du parti royaliste et le baron de Contenant du parti ligueur. Ce duel, Ă  trois sortes d'armes, autorisait Ă  chacun une lance, un coup de pistole et trois coups de coutelas. Montglas est blessĂ© Ă  la cuisse par le coup de pistole, les deux chevaux blessĂ©s par un coup de coutelas sur la croupe et les deux hommes se sĂ©parent après le duel[4] - [7].
  • 12 juillet : le chevalier d'Aumale, Ă  la tĂŞte de 200 lansquenets, effectue une sortie par la porte Saint-Antoine jusqu'aux environs de l'abbaye ; après avoir fait fuir les ennemis, les soldats et plus de 4 000 habitants enlèvent et emmènent dans la ville le bĂ©tail, les grains, les gerbes et autres denrĂ©es.
  • : furieux d'avoir Ă©tĂ© chassĂ©s la veille, les royalistes brĂ»lent les champs de blĂ© situĂ©s derrière le couvent des Chartreux et l'abbaye de Saint-Germain-des-PrĂ©s ; ils lancent Ă©galement une attaque au nord, contre les faubourgs Saint-Denis et Saint-Martin, renversent les premières dĂ©fenses et pĂ©nètrent dans les quartiers Saint Ladre et Saint-Laurent, mais sont finalement repoussĂ©s par les dĂ©fenseurs.
  • : 700 Ă  800 hommes soutenus par 200 cavaliers attaquent le faubourg Saint-Germain ; repoussĂ©s Ă  coup de canon, ils s'installent dans les villages de Vaugirard, Issy et Meudon.
  • : le seigneur de Châtillon, avec 1 200 hommes Ă  pied et 400 cavaliers, vient renforcer les troupes royales, et loge Ă  Gentilly.
  • : nouvelle sortie des lansquenets et autres soldats et des habitants de Paris pour cueillir des grains, la disette s'Ă©tant installĂ©e dans la ville ; les pauvres et la plupart du peuple n'ont plus les moyens d'acheter du blĂ© devenu hors de prix ; ils sont contraints de se nourrir de « bouillies d'avoines, de pain fait de son et de marc[n 1] de noix ou d'amandes après en avoir tirĂ© l'huile et d'autres pains faits avec du reste, du suif, des chandelles, de vieux oings[n 2] que l'on appelait pain de creton, d'herbes diverses, principalement du pourpier. Les melons et concombres Ă©tant Ă  maturitĂ©, ils furent mangĂ©s dans leur totalitĂ© mĂŞme la queue et les raves.... Les chevaux, ânes, mulets et chiens furent mangĂ©s sans difficultĂ©s. Les vaches et les porcs valaient plus de cent Ă©cus pièce »[4] ; en outre, le beurre, le lait manquaient, le fourrage pour les bĂŞtes Ă©galement ; le prix du lait, vendu cinq sols la pinte au dĂ©but du siège, passa Ă  8, 10, 15, 20, 24, 30, 35 et 40 sols ; la livre de beurre s'achète 12 puis 15, 20 et trente sols allant mĂŞme Ă  3 ou 4 livres tant qu'on put en trouver ; on trouvait du blĂ© Ă  grand peine ; ceux qui en possĂ©dait encore, le vendaient Ă  prix d'or, 30 Ă©cus le setier, puis 40, 50… 120 Ă©cus ; Ă  cette date, les taverniers et bourgeois vendant du vin avaient fermĂ© ; on en trouvait encore Ă  8, 10 puis 20 sols la pinte.
Le faubourg Saint-Marceau (aujourd'hui faubourg Saint-Marcel)
Vue de Paris vers 1600 avec les enceintes de Philippe Auguste (premier plan) et de Charles V (haut de l'image)
  • : l'avant-garde de l'armĂ©e du duc de Mayenne, après avoir dĂ©fait une compagnie de cavalerie du sieur de Givry[n 3] - [8], est signalĂ©e Ă  Trilbardou et des arquebusiers Ă  cheval dĂ©logent des compagnies du roi Ă  Lagny et s'y installent ; une troupe formĂ©e de 600 cavaliers et 1 200 fantassins sous les ordres du capitaine Saint-Paul[n 4] - [9] attaque le bourg de Coeuilly dĂ©fendu par 600 reĂ®tres commandĂ©s par le sieur de Givry[n 3] qui sont mis en fuite, permettant Ă  l'armĂ©e duc de Mayenne de franchir le Grand Morin Ă  CrĂ©cy-la-Chapelle et de passer les troupes par la Brie.
  • : Ă  l'aube, la compagnie du sieur de Vitry effectue une sortie par la porte Saint-Antoine, fait quelques prisonniers et ramène des bagages ennemis ; dans l'après-midi, une nouvelle sortie est faite par le duc d'Aumale et le sieur de Vitry accompagnĂ©s de 300 hommes Ă  pied ; ceux-ci tuent une quarantaine de soldats ennemis près de leur barricade situĂ©e Ă  proximitĂ© de l'abbaye Saint Antoine et ramènent une dizaine de prisonniers.
  • : une entrevue entre le cardinal de Gondy et l'archevĂŞque de Lyon d'un cĂ´tĂ© et le roi de France de l'autre a lieu Ă  l'abbaye Saint-Antoine ; durant les pourparlers, des soldats du roi, reconnaissables Ă  leurs Ă©charpes blanches, s'Ă©tant approchĂ©s de la douve du fossĂ© de la Bastille, sont avertis d'avoir Ă  se retirer et, refusant d'obtempĂ©rer, reçoivent de la part des Parisiens un coup de semonce au canon ; les royalistes furieux s'emparent alors de tous les hommes hors des murs qui sont cependant libĂ©rĂ©s dans la soirĂ©e.
  • : le contenu des pourparlers de la veille est dĂ©voilĂ© aux Parisiens ; le roi Henri IV souhaite la paix dans ce royaume et souhaite conserver la pratique de la religion catholique Ă  ceux qui le souhaitent, ainsi que les droits et bĂ©nĂ©fices aux ecclĂ©siastiques ; il considère Paris comme sa fille aĂ®nĂ©e et il ne souhaite pas la ruiner ; les reprĂ©sentants parisiens indiquent que la ville est en ruine et que la population, dĂ©cimĂ©e par la famine et les combats, demande vengeance ; comme il est de coutume Ă  cette Ă©poque pour les villes assiĂ©gĂ©es, les reprĂ©sentants de chaque partie signent un accord dans lequel il est indiquĂ© que si Paris n'est pas dĂ©livrĂ©e sous huit jours la ville capitulera ; dans le cas contraire, le siège sera levĂ©.
  • : alors que les dĂ©putĂ©s de Paris s'assemblent au palais, la population parisienne, parfois armĂ©e, demande du pain ou la paix, certains criant Vive le roi ; une Ă©chauffourĂ©e a lieu entre la population et les dirigeants, Ă  tel point que ces derniers croient Ă  une trahison, les troupes du roi s'activant aux portes de Paris ; des « meneurs » sont arrĂŞtĂ©s et conduits Ă  la Conciergerie.
  • : cinq des « meneurs » sont conduits au Châtelet oĂą, Ă  la suite d'un procès, le nommĂ© Le Prestre, marchand mercier accusĂ© d'avoir dĂ©gainĂ© l'Ă©pĂ©e et tuĂ© le capitaine Le Goix est condamnĂ© Ă  mort ; dans la soirĂ©e, il est pendu et Ă©tranglĂ© dans la cour du Palais.
  • : les Parisiens apprennent que le Roi est allĂ© avec 2 000 cavaliers dans la Brie, et que le duc de Mayenne a repoussĂ© ses attaques et qu'il sera bientĂ´t renforcĂ© par les troupes du duc de Parme composĂ©es de 3 000 cavaliers et 8 000 fantassins ; ce mĂŞme jour, le roi ordonne le transport d'un grand nombre de troupes du cĂ´tĂ© du faubourg Saint-Germain et en particulier entre les portes Saint-Marceau et Saint-Victor afin de faire des mines sous les fortifications et d'escalader les murailles la nuit ; dans la soirĂ©e, un second sĂ©ditieux, serviteur d'un officier porteur de deux pistoles chargĂ©es est pendu et Ă©tranglĂ© ; le roi adresse aux Parisiens une dĂ©claration dans laquelle il indique conserver et maintenir la religion catholique dans Paris et la rĂ©gion.
  • : au matin, les Parisiens dĂ©couvrent qu'une barricade a Ă©tĂ© dressĂ©e dans la nuit derrière l'hĂ´tel de Gondi[n 5] entre les portes Saint-Germain et Saint-Michel en vue d'ouvrir une brèche dans le mur d'enceinte ; on annonce que le duc de Parme approche de Meaux avec son armĂ©e estimĂ©e au nombre de 20 000 hommes[n 6].
  • : l'Ă©lection du PrĂ©vĂ´t des marchands de Paris et des Ă©chevins qui avait lieu chaque annĂ©e toujours Ă  cette date, est reportĂ©e ; les Parisiens apprennent que les troupes du duc de Mayenne attaquent les troupes d'Henri IV dans la Brie ; ce mĂŞme jour, les dĂ©putĂ©s de Paris prennent connaissance des propositions du traitĂ© du Roi.
  • : le cardinal de Gondy et l'archevĂŞque de Lyon passent par Saint-Denis ou ils rencontrent Henri IV afin qu'il accorde, pendant la nĂ©gociation du traitĂ©, le passage des vivres ; ils vont, après cette entrevue, coucher au château de Bois-le-Vicomte[n 7] et arrivent le lendemain Ă  Meaux oĂą se trouve le duc de Mayenne.
  • : le moral des Parisiens est entretenu en propageant la nouvelle que le capitaine Saint-Paul[4], parcourt la Brie, jusqu'Ă  la forĂŞt de SĂ©nart, entre Melun et Corbeil ; assiĂ©gĂ©s et assiĂ©geants continuent de se tirer les uns sur les autres, les premiers dĂ©montant quelques canons adverses Ă  la porte de Bussy, contraignant les troupes royales Ă  se retirer.
  • : les Parisiens dĂ©couvrent des tranchĂ©es faites en plusieurs endroits au niveau de la porte Saint-Germain, certaines entrant dans le fossĂ© en particulier derrière l'hĂ´tel de Gondi, laissant penser que les assaillants tenteraient bientĂ´t une attaque ; du cĂ´tĂ© de la porte Saint-HonorĂ©, ces derniers s'efforcent de monter des canons sur la butte Saint-Roch mais ils en sont empĂŞchĂ©s par les Parisiens qui tuent ou blessent une cinquantaine d'assaillants Ă  coup d'arquebuse.
  • 23 aoĂ»t : Alexandre Farnèse duc de Parme et sa troupe arrivent Ă  Meaux. Le chevalier d'Aumale, Ă  la tĂŞte 60 cavaliers et de 200 hommes Ă  pied, effectue une sortie par la porte Saint-Antoine vers Bel-Esbat[10] - [n 8], jusqu'Ă  la Courtille tuant une quarantaine d'assiĂ©geants et ramenèrent dans la ville une trentaine de chevaux, des munitions de pains et autres victuailles. Ce mĂŞme jour, des coups de canons furent tirĂ©s du cĂ´tĂ© de Lagny et les châteaux de LĂ©signy, de Croquetaines et d'autres places de la Brie avaient Ă©tĂ© prises par le capitaine Saint-Paul[4] qui avait poussĂ© jusque Villeneuve-Saint-Georges ou il Ă©tait entrĂ© de force et mis au fil de l'Ă©pĂ©e 200 Ă  300 hommes qui y tenaient garnison au nom du roi de Navarre.
  • : DĂ©but des entrevues, Ă  Saint-Denis, entre le cardinal de Gondy, envoyĂ© du duc de Mayenne, et le Roi a lieu. Le cardinal indiquant que vu l'Ă©tat de l'armĂ©e royale, elle ne pourrait empĂŞcher l'armĂ©e des ducs de Mayenne et de Parme de secourir Paris. Le Roi hĂ©site Ă  s'engager dans une bataille.
  • : Chez les assiĂ©gĂ©s la rumeur court que l'armĂ©e de secours partie de Meaux et est passĂ©e Ă  Claye. Ne laissant que 3 500 hommes, dont 1 200 Gascons au siège de Paris, les troupes du Roi se rĂ©pandent dans le pays de France et occupent Livry, Bondy, Chelles, Dammartin, Mitry, Louvres, Gonesse, Le Bourget... oĂą elles se barricadent et se fortifient afin d'empĂŞcher cette armĂ©e de secours d'atteindre Paris.
  • : 27 000 fantassins et 7 000 cavaliers commandĂ©es par les ducs de Parme, de Mayenne d'Aumale, le marquis de Saint-Sorlin... s'avancent vers les troupes du Roi forte de 16 000 fantassins et 5 000 cavaliers. Le Roi se sentant pas en mesure de faire face Ă  une bataille dĂ©cide de lever le siège de Paris.
  • : Ă€ 2 heures du matin, les troupes commencent Ă  lever le siège. Les troupes qui Ă©taient du cĂ´tĂ© de l'UniversitĂ©, faubourgs Saint-Marceau, Saint-Jacques et Saint-Victor se retirent vers Conflans et Charenton tandis que celles qui Ă©taient au faubourg Saint-Germain se retirèrent par le pont de Saint-Cloud en direction de Trappes. Ă€ 5 heures du matin plus de 10 000 parisiens combattants et civils sortirent par les portes de la ville et se rĂ©pandirent en quĂŞte de vivres. Les barricades des assiĂ©geants furent rompues. Les troupes du vicomte de Turenne, composĂ©es de Limousins, de Poitevins et d'Angevins, partirent les derniers par le pont de Saint-Cloud pillant et tuant sur leur chemin.
  • Ă€ partir du , le siège est dĂ©finitivement levĂ© et les vivres rentrent dans Paris. Toutefois les marchands, laboureurs et vivandiers qui amenaient des vivres Ă  Paris, sans escorte suffisante, furent attaquĂ©s Ă  Saint-Cyr par les garnisons de Meulan et de Mantes.
  • : Lagny est prise d'assaut par les troupes du duc de Mayenne. Les 700 Ă  800 dĂ©fenseurs et habitants sont passĂ©s au fil de l'Ă©pĂ©e tandis que les gentilshommes et capitaines sont rançonnĂ©s

Notes et références

Notes

  1. Marc : résidu du pressurage de divers fruits
  2. Vieux oing : vieille graisse de porc fondue. Le vieux oing est la graisse du porc qui tient aux reins. On s'en sert pour graisser les essieux des roues, le rouleau des presses, etc.
  3. Il pourrait s'agir de Anne d'Anglure, baron de Givry, de Boursault et de Beauvais-Nangis mort en 1594
  4. Antoine Montbeton de Saint-Paul (? - 1594) gentilhomme aventurier attaché aux Guise
  5. L'hôtel de Gondi deviendra l'hôtel de Condé.
  6. L'auteur indique que ce nombre est gonflé afin de donner plus de courage et de patience au peuple parisien.
  7. Le château de Bois-le-Vicomte était situé sur l'actuelle commune de Mitry-Mory. Saccagé par les invasions de 1814 et 1815, le château fut démoli.
  8. Le Bel-Esbat serait situé sur l'emplacement de la prison de la Roquette

Références

  1. Miquel, p. 368
  2. Pierre Miquel, Les Guerres de Religion, Paris, Fayard, , 596 p. (ISBN 978-2-21300-826-4, OCLC 299354152, présentation en ligne). p. 369
  3. Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle volume 12 page 267
  4. M. A. Dufour 1881.
  5. Ernest Laut, « Civilisés anthropophages », Le Petit Journal Illustré,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. L'hôpital Saint-Germain est une ancienne maladrerie convertie en hôpital en 1544. Il était situé faubourg Saint-Germain et non loin de l'abbaye
  7. Histoire de France depuis l'établissement de la monarchie française Par Gabriel Daniel
  8. XIII René d'Anglure puis Anne d'Anglure
  9. Les mémoires d'un curé de Paris au temps des guerres de religion (1557-1590) Par Jehan de La Fosse page 160
  10. « Page:Mémoires de la société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, 26.djvu/184 - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Sources primaires

  • Journal du siège de Paris en 1590, publiĂ© d'après le ms. de la bibliothèque Mazarine par Alfred Franklin, 1876, lire en ligne.
  • Histoire du siège de Paris sous Henri IV d'après un manuscrit nouvellement dĂ©couvert avec introduction et notes par M. A. Dufour, Paris, SociĂ©tĂ© de l'histoire de Paris, (lire en ligne).
  • Nicolas BrĂ»lart, Journal d'un ligueur parisien : des barricades Ă  la levĂ©e du siège de Paris par Henri IV (1588-1590) ; Ă©dition critique, introduction et notes par Xavier Le Person, Genève, Droz, coll. « Travaux d'Humanisme et Renaissance » (no 332), , 214 p. (ISBN 2-600-00363-0, prĂ©sentation en ligne), [prĂ©sentation en ligne].

Bibliographie

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