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Legionella pneumophila

Legionella pneumophila est une bactérie intracellulaire facultative parasitant les monocytes humains et certains protistes phagotrophes (ex/ amibes) retrouvés dans les eaux douces.

Legionella pneumophila
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Legionella pneumophila, microscopie Ă©lectronique.

EspĂšce

Legionella pneumophila
Brenner (d), Steigerwalt (d) & McDade (d), 1979
 Legionella pneumophila Ă  Immunofluorescence
Legionella pneumophila Ă  Immunofluorescence

Description

Ces bactĂ©ries sont des bacilles Ă  Gram nĂ©gatif, mobiles grĂące Ă  la prĂ©sence d'un ou plusieurs flagelles. Elles sont retrouvĂ©es de maniĂšre ubiquitaire dans les environnements d'eau douce et dans les terres humides. La taille des lĂ©gionnelles varie de 0,5 - 0,8 Ă  2 - 5 ÎŒm[1].

Pathologie

Les légionelles peuvent entraßner trois formes de maladies regroupées sous le terme de légionellose :

  • La maladie du lĂ©gionnaire, qui est une forme grave d’infection respiratoire. La maladie a Ă©tĂ© pour la premiĂšre fois dĂ©crite et nommĂ©e en 1976, Ă  la suite de la contamination de 181 personnes Ă  Philadelphie au cours d’une convention de la lĂ©gion amĂ©ricaine (en)[2]. La mortalitĂ© dĂ©pend de la gravitĂ© de la maladie et de la rapiditĂ© de la prise en charge. En France, l’institut de veille sanitaire rapporte que 10 Ă  20 % des cas sont contractĂ©s dans les hĂŽpitaux. Pour les cas nĂ©cessitant une hospitalisation (99 %), un taux de mortalitĂ© de 15 Ă  20 % est observĂ©. Aux États-Unis, le taux de mortalitĂ©, parmi les cas d’infection nosocomiale, atteint 40 %[3]. La maladie du lĂ©gionnaire ne peut pas ĂȘtre radiologiquement ou cliniquement diffĂ©renciĂ©e des autres pneumonies et requiert une analyse microbiologique pour permettre d’établir le diagnostic avec certitude[4].
  • La fiĂšvre de Pontiac qui est une forme bĂ©nigne de la LĂ©gionellose (95 % des cas)
  • Une manifestation extrapulmonaire de la lĂ©gionellose. Ce type de manifestation est rare et prĂ©domine chez les patients immunodĂ©primĂ©s. Il peut s'agir d'atteintes neurologiques (encĂ©phalite, neuropathie pĂ©riphĂ©rique, polyradiculonĂ©vrite, abcĂšs cĂ©rĂ©braux, etc.), d'atteintes cardiaques (pĂ©ricardite, myocardite, endocardite sur prothĂšse), d' atteintes digestives (pĂ©ritonite, pancrĂ©atite, entĂ©rocolite nĂ©crosante, abcĂšs hĂ©patique), d'atteintes rĂ©nales (pyĂ©lonĂ©phrite, abcĂšs rĂ©nal), d'atteintes musculaires, d'atteintes cutanĂ©es de type cellulite et abcĂšs et d' atteintes articulaires.
 Colonie de Legionella pneumophila
Colonie de Legionella pneumophila (flĂšches)
 Coloration de Gram de Legionella pneumophila
Coloration de Gram de Legionella pneumophila
 Différents stades de la Légionellose
Différents stades de la Légionellose. Radiographie thoracique (A) et une tomodensitométrie à haute résolution (B) à la date d'hospitalisation. Tomodensitométrie du thorax une semaine aprÚs l'hospitalisation (C, D), d'un homme de 42 ans atteint d'une pneumonie grave causée par la Legionella pneumophila du sérogroupe 11a.

Les LĂ©gionelles reprĂ©senterait 6 % des pneumonies, soit pour les 500 000 pneumonies ambulatoires recensĂ©es en 2004 en Allemagne, il faudrait compter 30 000 cas imputables directement aux LĂ©gionelles[5].

En 2004, 475 lĂ©gionelloses ont Ă©tĂ© diagnostiquĂ©es en Allemagne soit 20 % de plus que l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Cela est vraisemblablement en partie dĂ» Ă  l’amĂ©lioration et le recours plus systĂ©matique aux procĂ©dĂ©s de dĂ©tection. L’ñge et le sexe des cas observĂ©s montrent, en concordance avec les observations des annĂ©es passĂ©es, que les malades sont principalement des adultes en particulier des hommes ĂągĂ©s alors que les enfants et les jeunes adultes ne sont guĂšre, voire pas, affectĂ©s. Un Ăąge avancĂ© reprĂ©sente, en raison vraisemblablement d’une faible immunitĂ© ou d’autres maladies prĂ©existantes, un risque pour la contraction de la maladie du lĂ©gionnaire. La diffĂ©rence constatĂ©e entre les sexes est, jusqu'Ă  prĂ©sent, restĂ©e inexpliquĂ©e[6].

Facteurs de multiplication, de survie et de virulence

Les LĂ©gionelles sont tolĂ©rantes aux milieux acides. Elles ont ainsi pu ĂȘtre observĂ©es dans des milieux possĂ©dant des pH allant de 2,7 Ă  8,3, dans des sources d’eau salĂ©e ou encore dans des nappes phrĂ©atiques dont la tempĂ©rature Ă©tait infĂ©rieure Ă  20 °C[3]. L’étude de l’influence de la tempĂ©rature sur le dĂ©veloppement de bactĂ©ries L. pneumophila de trois souches diffĂ©rentes a permis de dĂ©finir l’intervalle de tempĂ©rature optimal de croissance autour de 42 °C avec une absence de multiplication pour des valeurs supĂ©rieures Ă  44 - 44,2 °C[7]. Des LĂ©gionelles ont Ă©tĂ© observĂ©es dans des systĂšmes d’eau chaude dont la tempĂ©rature s’élevait Ă  plus de 66 °C. L’observation d’une production de dioxyde de carbone pour des tempĂ©ratures allant jusque 51,6 °C suggĂšre que certains enzymes respiratoires des LĂ©gionelles survivent encore Ă  ces tempĂ©ratures. Elles peuvent ĂȘtre exposĂ©es Ă  des tempĂ©ratures de 50 °C pendant plusieurs heures sans ĂȘtre dĂ©truites[3]. La tempĂ©rature influence Ă©galement la mobilitĂ© et la rĂ©sistance en modifiant la formation des pili et des flagelles. Cela signifie qu’elle a un impact direct sur la virulence de L. pneumophila[8].

Un certain nombre d’autres variables affecte les LĂ©gionelles. L’étude statistique d’eau de rĂ©servoir d’eau potable corroborĂ©e Ă  la prĂ©sence et le cas Ă©chĂ©ant le degrĂ© de contamination a permis d’établir ces paramĂštres. Ainsi, l’augmentation de la duretĂ© de l’eau et de sa conductivitĂ©, la prĂ©sence de volume de stockage et de douches influencent positivement la prĂ©sence et la croissance des LĂ©gionelles. De mĂȘme, une augmentation du pH coĂŻncide significativement avec une augmentation simultanĂ©e de la frĂ©quence de colonisation observĂ©e. A contrario, une augmentation de la tempĂ©rature au-dessus de 50 °C entraĂźne une diminution des observations de LĂ©gionelles[9] - [10]. Ces paramĂštres ont une influence variable suivant les souches de LĂ©gionelles[11].

La qualitĂ© de l’eau a, elle aussi, une influence dĂ©terminante sur la survie des LĂ©gionelles. Il est en effet dĂ©montrĂ© que des LĂ©gionelles s’étant dĂ©veloppĂ©es dans une eau faiblement chargĂ©e en Ă©lĂ©ments nutritifs prĂ©sentent une rĂ©sistance accrue Ă  l’action dĂ©sinfectante du chlore[12]. Une eau pure ne permet pas aux Legionella pneumophila de prolifĂ©rer. Elles y survivent mais ne se multiplient pas. Les acides aminĂ©s sont l’élĂ©ment nutritif principal requis pour la croissance des LĂ©gionelles[3]. Les LĂ©gionelles ont Ă©galement besoin de sels de fer dissous qui sont presque toujours prĂ©sents sous forme de produit d’oxydation ou prĂ©sents dans l’eau utilisĂ©e pour produire l’eau potable[13]. De plus, les concentrations en fer, zinc et potassium favorisent la croissance des L. pneumophila ce qui sous entend que la nature des canalisations et leur produit de corrosions peuvent ĂȘtre des Ă©lĂ©ments importants dans leur dĂ©veloppement[14]. De mĂȘme, la turbiditĂ© doit ĂȘtre prise en compte. En effet, les particules contenues dans l’eau et dont le diamĂštre est supĂ©rieur Ă  7 ÎŒm peuvent protĂ©ger les bactĂ©ries coliformes de l’action du chlore[15].

La comparaison entre les souches de LĂ©gionelles issues de sujet atteint de lĂ©gionelloses et de souches prĂ©levĂ©es dans diffĂ©rents environnements, montre qu’il existe une diffĂ©rence de rĂ©partitions. Les Legionella pneumophila reprĂ©sentent 43 % des LĂ©gionelles que l’on peut trouver dans l’environnement alors qu’elles sont dĂ©tectĂ©es dans 96 % des cas d’infections humaines. Parmi ces Legionella pneumophila infectieuses, 88 % appartiennent au serogroupe 1 contre 43 % en rĂšgle gĂ©nĂ©rale. Enfin, 79 % appartiennent au sous groupe mAb2+, lorsque ce rapport est de seulement 43 % dans les prĂ©lĂšvements dans l’environnement. Ces observations permettent d’affirmer que certaines souches de LĂ©gionelles sont plus pathogĂšnes pour l’homme que d’autres[16].

Plusieurs organismes, incluant des protozoaires, des algues et certaines bactĂ©ries autres que les LĂ©gionelles, ont montrĂ©, lors de tests en laboratoires, qu’ils favorisaient la croissance, Ă  des degrĂ©s divers, des Legionella pneumophila[17].

Parasitisme des amibes

Les contaminations de rĂ©seau d’eau potable par les lĂ©gionelles sont statistiquement corrĂ©lĂ©es Ă  la prĂ©sence d’amibes[9]. Les Legionella pneumophila peuvent, en effet, ĂȘtre des parasites intracellulaires. Les LĂ©gionelles sont ainsi susceptibles de parasiter des amibes et de se multiplier Ă  l’intĂ©rieur. Elles peuvent se multiplier dans 17 espĂšces d’amibes diffĂ©rentes[3] - [18]. Il semble que leurs mĂ©canismes d’infection aient Ă©voluĂ© et contribuent Ă  privilĂ©gier certains protozoaires plus que d’autres et en particulier Acanthamoeba, Naegleria et Hartmanella spp[18]. Leur capacitĂ© Ă  se multiplier Ă  l’intĂ©rieur des amibes reste dĂ©pendante de la tempĂ©rature. Une Ă©tude rapporte que le nombre d’espĂšces supportant leur multiplication est sensiblement infĂ©rieur Ă  42 °C qu’à 35 °C et qu’à 45 °C aucun des six Ă©chantillons d’amibes Ă©tudiĂ©s dans le cadre de cette Ă©tude n’autorisait une augmentation du nombre de LĂ©gionelles[17].

Les LĂ©gionelles trouvent au sein de ces protozoaires une protection contre l’action des dĂ©sinfectants. Les Legionella pneumophila infectant des kystes de d’Acanthamoeba polyphaga peuvent mĂȘme rĂ©sister Ă  des concentrations de plus de 50 mg/l de chlore[19]. Ces Protozoaires peuvent ĂȘtre issus de cours d’eau, d’eau stagnante ou encore de rĂ©servoirs d’eau potable. Ils peuvent donc servir de refuge aux LĂ©gionelles et leur permettre ainsi de survivre Ă©galement Ă  des modifications du milieu telles qu’une dessiccation ou encore une modification de la tempĂ©rature devenant moins propice Ă  leur multiplication.

Une Ă©tude a montrĂ© que les LĂ©gionelles qui ressuscitaient aprĂšs ĂȘtre passĂ©es en Ă©tat VBNC (Viable But Non-Culturable) prĂ©sentaient une plus forte rĂ©sistance contre l’action antimicrobienne du cuivre et de l’argent[20]. Les L. pneumophila issues des protozoaires sont courtes, Ă©paisses et hautement mobiles. Elles possĂšdent une paroi Ă©paisse et lisse, expriment diffĂ©rentes protĂ©ines et gĂšnes. Elles possĂšdent, par exemple, une concentration en b-hydroxybutyrate plus Ă©levĂ©e. Toutes ces modifications entraĂźnent une rĂ©sistance plus importante aux antibiotiques et biocides, une capacitĂ© de pĂ©nĂ©tration des cellules de mammifĂšres supĂ©rieure et une virulence accrue[8]. Des Ă©tudes ont montrĂ© que les LĂ©gionelles dĂ©pourvues de flagelles Ă©taient moins aptes Ă  infecter les protozoaires et les macrophages que leurs congĂ©nĂšres qui en Ă©taient munies[3]. Les flagelles influent notamment la mobilitĂ©. Or, les lignĂ©es issues des amibes sont hautement mobiles. Cette propriĂ©tĂ© est prĂ©sumĂ©e faciliter la contamination et est corrĂ©lĂ©e Ă  l’expression d’autres traits virulents. Des LĂ©gionelles issues d’amibes exposĂ©es pendant 24 heures Ă  5 ÎŒg/ml de rifampin (antibiotique) survivent Ă  71 % lorsque leurs congĂ©nĂšres s’étant dĂ©veloppĂ©es librement pĂ©rissent Ă  99,9 %. Les germes issus du parasitisme d’amibes sont donc non seulement plus rĂ©sistants aux agents antimicrobiens mais Ă©galement plus virulents[8].

Le parasitisme pourrait ĂȘtre, par le renforcement de la virulence et de la rĂ©sistance des LĂ©gionelles, une premiĂšre Ă©tape nĂ©cessaire avant la contamination humaine [21]. Le nombre de germes n’est ainsi donc pas le seul facteur relevant pour provoquer une infection mais Ă©galement « le vĂ©cu » du germe[22].

La virulence des LĂ©gionelles est liĂ©e Ă  leur capacitĂ© de prolifĂ©ration dans l’hĂŽte oĂč elles infectent de façon opportuniste les cellules phagocytaires. La façon dont elles infectent les macrophages est la mĂȘme que pour les amibes[17]. L’infection n’est pas seulement liĂ©e Ă  la virulence et au nombre de bactĂ©ries mais Ă©galement Ă  la prĂ©disposition et Ă  la sensibilitĂ© de l’organisme infectĂ©[3] - [4] notamment la consommation de cigarettes, l’ñge et en gĂ©nĂ©ral les personnes au systĂšme immunitaire affaibli. L’infection de l’homme par les LĂ©gionelles est, du point de vue des Legionella pneumophila, irrĂ©mĂ©diablement fatale. En effet, jamais une transmission d’homme Ă  homme n’a pu ĂȘtre constatĂ©e[4]. Cela induit que les mutations permettant Ă  Legionella pneumophila d’infecter et de parasiter les macrophages humains ne peuvent ĂȘtre transmises et disparaissent. La capacitĂ© de L. pneumophila Ă  rĂ©aliser l’infection pulmonaire d’un hĂŽte est donc la consĂ©quence de la pression sĂ©lective exercĂ©e par les amibes qui sont une autre classe de phagocytes[8].

Les amibes qui croissent dans une eau Ă  tempĂ©rature Ă©levĂ©e, tolĂšrent des tempĂ©ratures plus hautes que des amibes issues d’une eau plus froide. Cela signifie que les amibes peuvent, dans une certaine mesure, s’accoutumer Ă  leur environnement[23]. D’autres pathogĂšnes profitent des amibes notamment Mycobacterium, Sarcobium, Vibrio, Pseudomonas, Burkholderia, Listeria, ou encore Francisella[8]. Un parasitisme des protozoaires par Campylobacter jejuni (bactĂ©rie responsable d’infections alimentaires la plus rĂ©pandue dans le monde) a Ă©galement Ă©tĂ© observĂ©[24].

Pour finir et souligner une fois de plus l’importance des relations bactĂ©rie/protozoaire : une souche inconnue de bactĂ©rie, s’apparentant aux Legionella et ne pouvant se multiplier uniquement que grĂące Ă  un parasitisme intracellulaire, a Ă©tĂ© dĂ©couverte dans des rĂ©servoirs d’eau potable[25].

Biofilm

Le biofilm est un facteur important du dĂ©veloppement de Legionella pneumophila. Le biofilm contient environ 95 % des microorganismes prĂ©sents dans les rĂ©seaux d'eau[26]. Les micro-organismes forment le biofilm comme un mĂ©canisme de protection contre les conditions dĂ©favorables du milieu telles que des tempĂ©ratures extrĂȘmes ou une faible concentration en Ă©lĂ©ments nutritifs. La rugositĂ© de la surface sur laquelle se dĂ©veloppe le biofilm joue un rĂŽle essentiel. Le biofilm est constituĂ© de polysaccharide sĂ©crĂ©tĂ© par les cellules. Cette substance est une matrice de polysaccharide polyanionique hydratĂ© produite par polymĂ©rase et rattachĂ©e aux composants lipopolysaccharide des cellules du mur[27]. À toutes les Ă©tapes de la formation du biofilm, des portions du film peuvent ĂȘtre arrachĂ©es par les turbulences du courant de l’eau et ainsi mettre en suspension les micro-organismes contenus dans le biofilm leur permettant de coloniser d’autres parties du systĂšme hydraulique. Le biofilm est un Ă©cosystĂšme extrĂȘmement complexe constituĂ© de bactĂ©ries, d’algues, de fongi et de protozoaires[3].

Le biofilm facilite non seulement les Ă©changes d’élĂ©ments nutritifs et gazeux mais aussi, protĂšge les micro-organismes des biocides, des augmentations temporaires de tempĂ©rature et des tentatives d’élimination physique en particulier sur les surfaces corrodĂ©es ou entartrĂ©es. Un biofilm peut se former aux interfaces eau-solide mais Ă©galement aux interfaces eau-huile. Il se forme prĂ©fĂ©rentiellement lĂ  oĂč les vitesses sont moindres et oĂč l’eau stagne. Les LĂ©gionelles prĂ©sentes Ă  l’intĂ©rieur du biofilm sont plus rĂ©sistantes que celles sous forme planctonique. Les biofilms jouent un rĂŽle clĂ© dans la prĂ©sence persistante des LĂ©gionelles pendant des conditions de stress[3] - [28]. Si les biofilms les protĂšgent, les Legionella pneumophila ne semblent cependant pas capables de se multiplier massivement en leur sein. Une Ă©tude a ainsi montrĂ© que le dĂ©veloppement des biofilms de Legionella pneumophila Ă©tait curieusement dĂ» principalement Ă  la rĂ©plication des bactĂ©ries planctoniques[29].

La prĂ©vention de la formation de biofilm est une mesure dĂ©terminante contre la prolifĂ©ration de Legionella pneumophila. En effet, lorsqu’un biofilm s’est formĂ©, il est difficile de l’enlever, en particulier dans les systĂšmes de canalisations complexes. Les Ă©lĂ©ments favorisant l’apparition d’un biofilm sont : la prĂ©sence de nutriments dans l’eau ou dans les Ă©lĂ©ments constitutifs du systĂšme, l’entartrage et la corrosion, les tempĂ©ratures d’eau Ă©levĂ©es, l’eau stagnante ou les faibles flux notamment dans les bras morts des rĂ©seaux de canalisations ou dans les cuves de stockage par exemple (et aussi les Ă©quipements surdimensionnĂ©s et/ou faiblement utilisĂ©s)[3]. L’accumulation de tartre, d’algues, de boues, de vase ou limons, de rouille et autres produits d’oxydation dans les systĂšmes d’adduction d’eau potable favorise la croissance de biofilms et de Legionella Pneumophila. L’entartrage et la corrosion augmentent la surface disponible et rendent possible la formation de micro niches protĂ©gĂ©es des produits dĂ©sinfectants vĂ©hiculĂ©s par l’eau. Ils sont responsables d’une augmentation de la concentration en nutriments et en fer. Les croissances de biofilm incontrĂŽlĂ©es peuvent mĂȘme aller jusqu'Ă  obstruer les canalisations. Il convient cependant de relativiser car les biofilms prĂ©sent dans les rĂ©seaux d’eau potable sont le plus souvent trĂšs minces. La prĂ©sence simultanĂ©e d’un biofilm et de protozoaires double l’effet protecteur pour les bactĂ©ries. Ils permettent l’augmentation de la charge organique et inactivent les concentrations rĂ©siduelles de dĂ©sinfectant[3].

Les matĂ©riaux constituant les canalisations sont un facteur de dĂ©veloppement du biofilm. Les matĂ©riaux synthĂ©tiques peuvent, par exemple, comporter des composĂ©s organiques qui peuvent fournir une source de nutriments pour les micro-organismes. Il a Ă©tĂ© observĂ© que le polyĂ©thylĂšne rĂ©ticulĂ© Ă©tait liĂ© Ă  des concentrations de biomasse deux Ă  trois fois supĂ©rieures Ă  celle observĂ©es dans les canalisations en acier inoxydable[30]. Certains caoutchoucs fournissent un substrat riche en nutriments, prĂ©fĂ©rentiellement colonisĂ©s par les bactĂ©ries. Le cuivre prĂ©sente une rĂ©sistance Ă  la colonisation, mais finit Ă  terme par ĂȘtre aussi recouvert d’un biofilm et se corroder, et perd ainsi sa capacitĂ© de rĂ©sistance aux micro-organismes[30]. L’étude de 452 Ă©chantillons d‘eau prĂ©levĂ©s alĂ©atoirement dans des rĂ©sidences familiales des banlieues de deux villes allemandes a montrĂ© que les canalisations en cuivre n’avaient pas d’effet inhibiteur contre le dĂ©veloppement des bactĂ©ries et qu’au contraire elles Ă©taient plus frĂ©quemment colonisĂ©es que les canalisations synthĂ©tiques ou en acier galvanisĂ©[31]. Les matĂ©riaux mĂ©talliques sont plus sujets Ă  la corrosion ce qui favorise la formation d’un bio film[3].

La contamination d’un systĂšme peut ĂȘtre due Ă  une portion trĂšs rĂ©duite d’un systĂšme non exposĂ©e aux fluctuations thermiques et aux dĂ©sinfections[3].

Les biofilms flottants sont aussi trÚs fréquemment contaminés par les Légionelles et les amibes qui leur sont associées. Ces biofilms flottants permettent notamment aux L. pneumophila de coloniser des parties de réseau qui leur seraient normalement inaccessibles[32].

Une Ă©tude a mesurĂ© un nombre de colonies bactĂ©riennes, dans un rĂ©seau expĂ©rimental, plusieurs fois plus Ă©levĂ© aprĂšs une dĂ©sinfection (dioxyde de chlore) qu’auparavant et la prĂ©sence persistante d’un biofilm que la dĂ©sinfection n’a donc pas permis de dĂ©truire. Cela montre qu’une dĂ©sinfection insuffisante peut superficiellement endommager le biofilm et entraĂźner la libĂ©ration de micro-organismes dans le systĂšme[33].

Moyen de lutte contre Legionella pneumophila

DĂ©sinfection

Tout exploitant d’un Ă©tablissement mettant de l’eau Ă  la disposition du public est responsable de la protection des utilisateurs des installations face aux Ă©ventuels risques[34]. La dĂ©sinfection d’une installation d’eau potable domestique est rĂ©servĂ©e aux cas de contamination accidentelle du rĂ©seau[26]. Le but d’une dĂ©sinfection d’un systĂšme contaminĂ© par les LĂ©gionelles est d’obtenir durablement moins de 100 UFC / 100 ml Ă  chaque point de prĂ©lĂšvement[35].

On distingue deux types de dĂ©sinfection. Les dĂ©sinfections discontinues, qui procĂšdent par un traitement choc en coupant le circuit de la distribution et dont la durĂ©e de l’intervention est limitĂ©e dans le temps. L’eau ne rĂ©pond alors plus aux normes relatives Ă  la distribution d’eau potable. Le deuxiĂšme type de dĂ©sinfection est la dĂ©sinfection de type continue, qui consiste comme la premiĂšre, Ă  installer un dispositif sur le rĂ©seau injectant un dĂ©sinfectant. Contrairement Ă  une dĂ©sinfection discontinue, une dĂ©sinfection continue ne cherche pas Ă  obtenir des rĂ©sultats immĂ©diats. La diffĂ©rence se situe Ă©galement dans le fait que dans le choix d’une dĂ©sinfection continue, il faut que l’eau traitĂ©e reste aux normes[36]. En effet, l’eau continue d’ĂȘtre utilisĂ©e et le rĂ©seau continu de fonctionner normalement. Le traitement n’est pas limitĂ© dans le temps, il est arrĂȘtĂ© lorsque les rĂ©sultats escomptĂ©s sont atteints. Les dĂ©sinfections discontinues ne permettent souvent qu’une Ă©limination Ă©phĂ©mĂšre des germes. Le contrĂŽle des contaminations microbiennes requiert, en effet, le maintien d’une concentration rĂ©siduelle de dĂ©sinfectant constante dans l’ensemble du rĂ©seau. Les amibes et en particulier les kystes d’amibes jouent le rĂŽle de rĂ©servoir Ă  LĂ©gionelles et permettent la recolonisation rapide des rĂ©seaux dĂšs l’arrĂȘt des dĂ©sinfections. Des stratĂ©gies de traitement ayant pour cibles les amibes devraient, notamment, permettre d’amĂ©liorer le contrĂŽle des Legionella pneumophila[37].

DĂ©sinfection thermique

De nombreuses Ă©tudes ont montrĂ© que la tempĂ©rature minimale pour une dĂ©sinfection par choc thermique Ă©tait de 60 °C[38]. L’élĂ©vation de la tempĂ©rature permet de tuer aussi efficacement les LĂ©gionelles qu'une exposition des bactĂ©ries aux ultraviolets et plus rapidement qu’une concentration de chlore Ă  4-6 mg/l ou d’ozone Ă  1-2 mg/l[39]. L’interruption de la recirculation d’une boucle de recirculation de l’eau chaude et l’augmentation de la tempĂ©rature Ă  plus de 60 °C n’a aucun impact sur les populations de LĂ©gionelles[31]. D’aprĂšs la DVGW-Arbeitsblatt W 551, l’ensemble du rĂ©seau doit au minimum ĂȘtre dĂ©sinfectĂ© 3 minutes Ă  70 °C. Cette action prĂ©sente le risque d’endommager les installations et d’entraĂźner une turbiditĂ© anormale[36]. La dĂ©sinfection thermique prĂ©sente Ă©galement le risque d’entraĂźner des brĂ»lures. Des cas mortels de brĂ»lures dues Ă  des rĂ©seaux d’eau chaude ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© rapportĂ©s[4]. À la suite d'une mise en application d’une dĂ©sinfection thermique, les auteurs d'une autre expĂ©rience rapportent que 5 minutes « de chasse » et de chauffage Ă  plus de 60 °C ne sont pas suffisantes. Ils recommandent 30 minutes. Cette Ă©tude rapporte Ă©galement que le nettoyage des robinets et des pommeaux de douche n’a eu aucune influence sur la contamination de LĂ©gionelles[40]. L’étude des effets d’une dĂ©sinfection thermique sur des LĂ©gionelles intra protozoaire montre que 3 minutes Ă  70 °C ne suffisent pas, l’étude recommande 73 °C pendant 10 minutes pour pouvoir obtenir des rĂ©sultats probants[33]. Les recommandations en France sont les suivantes : 30 minutes Ă  60 °C en tout point du rĂ©seau.

DĂ©sinfection chimique

Le type et la dose de dĂ©sinfectant doivent ĂȘtre soigneusement sĂ©lectionnĂ©s en fonction de la situation. C'est-Ă -dire en prenant en considĂ©ration les paramĂštres caractĂ©ristiques de l’eau pH, duretĂ©, les teneurs en composĂ©s organiques et inorganiques[38].

Les agents désinfectant énumérés ci-aprÚs concernent des désinfections chimiques utilisées en continu et non des désinfections par traitement choc.

Cations d’argent et de cuivre

L’injection de cuivre ou d’argent est gĂ©nĂ©ralement interdite, par exemple, en Allemagne sauf dĂ©rogation accordĂ©e par la commission de l’eau potable de la BRD1[36]. Toutefois, de nombreuses Ă©tudes ont Ă©tĂ© menĂ©es sur l’utilisation des ions d’argent et de cuivre et les rĂ©sultats intĂ©ressants mĂ©ritent d’ĂȘtre citĂ©s.

Une Ă©tude du pouvoir bactĂ©ricide de l’argent s’est intĂ©ressĂ©e Ă  la rĂ©sistance de trois bactĂ©ries : Legionella pneumophila, Pseudomonas aeruginosa et Escherichia coli. C’est L. pneumophila qui a montrĂ© la plus forte tolĂ©rance Ă  l’exposition aux cations d’argent[41]. NĂ©anmoins, le recours aux cations d’argent et de cuivre semble permettre de lutter efficacement contre les LĂ©gionelles. La dĂ©sinfection de deux hĂŽpitaux contaminĂ©s par des Legionella pneumophila en est un exemple. Les cations ont Ă©tĂ© pour cela injectĂ©s de maniĂšre sĂ©quentielle dans la boucle de recirculation de l’eau chaude et ont permis d’éliminer les germes en 4 semaines dans le premier bĂątiment et en 12 semaines dans le second hĂŽpital. Il n’y a pas eu de recolonisation avant 6 - 12 semaines aprĂšs la dĂ©sactivation du dispositif dans le premier hĂŽpital, et aprĂšs 8 - 12 semaines dans le deuxiĂšme hĂŽpital. Des concentrations significatives de cuivre ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es dans le biofilm. Cela pourrait expliquer pourquoi il n’y a pas eu de recolonisation avant un certain laps de temps[42]. L’utilisation simultanĂ©e de cuivre et d’argent entraĂźne une efficacitĂ© multipliĂ©e comparativement Ă  l’action de chaque mĂ©tal pris individuellement. L’utilisation de ces mĂ©taux est une option viable pour les systĂšmes de recirculation d’eau chaude. Les concentrations rĂ©siduelles doivent ĂȘtre contrĂŽlĂ©es du point de vue de la potabilitĂ© et de la possible action sur les eaux usĂ©es[38]. Une autre Ă©tude a montrĂ© que l’utilisation des ions cuivre-argent ne permettait pas d’éliminer le biofilm et qu'Ă  la suite de l’arrĂȘt du traitement, la recolonisation du rĂ©seau s’opĂ©rait systĂ©matiquement [37].

L’utilisation d’ionisateur de cuivre/argent requiert lors de son utilisation sur des grandes installations de multiplier les Ă©quipements, ce qui engendre un coĂ»t prohibitif[43].

Agents oxydants

Les oxydants sont les produits de désinfections les plus couramment utilisés[44].

Chlore et composés chlorés associés

Dissous dans l’eau, le chlore gazeux, l’hypochlorite de sodium et l’hypochlorite de calcium, le chlorure de chaux et le chlore produit Ă  partir d’électrolyse d’ions chlorure agissent tous de la mĂȘme maniĂšre, par la formation d’acide hypochloreux (HOCl)[45]. Le chlore est le dĂ©sinfectant le plus utilisĂ© mais en raison de sa propension Ă  former des sous-produits de rĂ©actions toxiques (trihalomethanes, chloroforme
) d’autres rĂ©actifs sont utilisĂ©s. La dose autorisĂ©e est de 1,2 mg/l. En sortie de traitement de dĂ©sinfection, la concentration rĂ©siduelle ne doit pas excĂ©dĂ©e 0,3 mg/l[44].

Les concentrations requises pour le contrĂŽle des L. pneumophila sont de 2 Ă  mg/l (dĂ©sinfection discontinue) lorsque les concentrations habituellement utilisĂ©s dans le traitement de l’eau potable sont de l’ordre de mg/l[38]. Les limitations de l’utilisation du chlore sont essentiellement liĂ©es Ă  l’apparition de sous-produits de rĂ©actions, notamment, les mĂ©thanes tri-halogĂ©nĂ©s (THM)[46].

Avec un pH infĂ©rieur Ă  7,6, le chlore est prĂ©sent majoritairement sous forme d’acide hypochloreux HOCl. Pour un pH supĂ©rieur, c’est sous la forme d’ion hypochlorite ClO−. L’acide hypochloreux est plus biocide que l’ion hypochlorite[44] - [38]. Cela a pour effet de diminuer l’efficacitĂ© du chlore lorsque le pH augmente[46].

La tempĂ©rature amĂ©liore sensiblement l’efficacitĂ© du chlore contre les LĂ©gionelles. Il a Ă©tĂ© ainsi constatĂ© une rĂ©duction du nombre de bactĂ©ries plus importante, dans un temps plus restreint, pour une tempĂ©rature de 43 °C contre 25 °C, pour les mĂȘmes concentrations de chlore utilisĂ©es[39]. Dans les eaux contenant de l’ammoniac, le chlore rĂ©agit en formant des chloramines. MĂȘme avec des faibles concentrations, cela peut entraĂźner l’apparition d’odeurs et la diminution de la teneur en chlore libre[46].

Le chlore affecte les mĂ©canismes respiratoires et de transport des bactĂ©ries ainsi que les acides nuclĂ©iques. Les LĂ©gionelles sont plus rĂ©sistantes aux chlore que les E. coli et d’autres bactĂ©ries utilisĂ©es comme indicateur de contamination de l’eau. Les retours sur expĂ©riences permettent d’affirmer que le chlore permet de supprimer les LĂ©gionelles mais rarement de maniĂšre dĂ©finitive sans doute en raison des refuges que constituent les biofilms[47] et les amibes[19] - [37].

Dioxyde de chlore
  • CaractĂ©ristiques de la molĂ©cule et produits de rĂ©action

Le dioxyde de chlore est un gaz explosif et instable en solution Ă  partir d’une certaine concentration. Il ne peut par consĂ©quent n’ĂȘtre utilisĂ© qu’en solution d’une concentration maximale de g/l de ClO2 et cela dans le but de minimiser les concentrations des Ă©manations dans les volumes d’air au-dessus de la solution. Pour des raisons de sĂ©curitĂ© et Ă©viter les risques liĂ©s au transport, les solutions de dioxyde de chlore doivent ĂȘtre rĂ©alisĂ©es sur le lieu de leur utilisation.

Dans l’eau potable, les Chlorites ClO2- sont le produit de rĂ©action prĂ©dominant du dioxyde de chlore. Ils correspondent Ă  environ 50 Ă  70 % de la quantitĂ© de dioxyde de chlore ayant rĂ©agi. Le reste est converti en chlorates ClO3− et Chlorure Cl−[48]. La production des ions chlorites est indĂ©sirable. Les chlorites sont, en effet, considĂ©rĂ© comme un poison du sang. Les chlorates sont Ă©galement potentiellement dangereux pour la santĂ© humaine. Il a Ă©tĂ© ainsi montrĂ© chez l’animal que les chlorites comme les chlorates endommageaient le sang par oxydation. De mĂȘme, ils sont responsables de complications chez la femme enceinte[43]. Leur concentration maximale autorisĂ©e est, par consĂ©quent, de 0,2 mg/l[46] - [44] et fait l’objet d’une rĂ©fĂ©rence qualitĂ© en France fixĂ©e Ă  0,2 mg/l. La concentration maximale de dosage est limitĂ©e Ă  0,4 mg/l en Allemagne[44] - [45].

Il existe plusieurs procĂ©dĂ©s de fabrication d’une solution de dioxyde de chlore. À la sortie du traitement, il doit rester 0,05 mg/L de dioxyde de chlore rĂ©siduel au minimum. Contrairement au Chlore, l’efficacitĂ© du dioxyde de chlore n’est pas aussi fortement dĂ©pendante du potentiel d’hydrogĂšne. MĂȘme si une meilleure efficacitĂ© est notable pour des pH Ă©levĂ©s[46] - [48]. Il ne rĂ©agit pas avec l’eau, mais uniquement avec son contenu. Cela signifie que le dioxyde de chlore est simplement dissout dans l’eau et non pas hydrolysĂ© ou dissociĂ©. Il est important de souligner que le dioxyde de chlore est en revanche peu stable et que cette stabilitĂ© est quant Ă  elle fortement liĂ©e au pH, Ă  la tempĂ©rature ainsi qu’à l’exposition Ă  la lumiĂšre[44].

L’utilisation du ClO2 est parfois prĂ©fĂ©rĂ©e Ă  celle du chlore car elle produit moins de substances organochlorĂ©es et pas de chloroformes. Ses qualitĂ©s de dĂ©sinfection ne dĂ©pendent pas de la prĂ©sence d’ammoniac et il n’oxyde pas le bromure. Cependant, les concentrations autorisĂ©es en eau potable sont telles que la durĂ©e de vie du ClO2 est tout de mĂȘme fortement dĂ©pendante de la qualitĂ© de l’eau. Il est pour cela souvent utilisĂ© en complĂ©ment d’une autre dĂ©sinfection, en complĂ©ment d’une dĂ©sinfection au chlore par exemple[49].

Enfin, comme pour le chlore, les risques de corrosion doivent ĂȘtre pris en considĂ©ration en particulier pour les rĂ©seaux en acier[50].

  • Action sur les LĂ©gionelles

Plusieurs analyses de cas pratiques d’utilisation du dioxyde de chlore pour la dĂ©sinfection de rĂ©seaux d’eau potable en milieu hospitalier confirment que le choix du dioxyde de chlore est appropriĂ© pour lutter contre les LĂ©gionelles. Il ressort de ces Ă©tudes que six mois minimum sont nĂ©cessaires avant d’observer une diminution importante des LĂ©gionelles. Les durĂ©es nĂ©cessaires observĂ©es pour l’élimination des LĂ©gionelles varient, le plus souvent, de 39 semaines Ă  6 ans (17 mois[4]). Une concentration supĂ©rieure Ă  0,1 mg/L est efficace pour Ă©radiquer L. pneumophila et une concentration rĂ©siduelle comprise entre 0,3 et 0,5 mg/L est souhaitable (la limitation est de 0,2 mg/l en Allemagne). Les concentrations requises restent au-dessous des limitations de l’EPA contrairement Ă  une hyperchloration par exemple[43] - [51] - [52] - [50].

Le dioxyde de chlore utilisĂ© de maniĂšre continue, est rapportĂ© par certains auteurs, comme Ă©tant le dĂ©sinfectant le plus efficace pour contrĂŽler Legionella pneumophila dans l’eau potable. Il est le seul permettant d’observer un effet dans les bras mort du rĂ©seau. Il permet de rĂ©duire significativement la flore microbienne notamment le biofilm[37].

Le dioxyde de chlore ne semble pas permettre une Ă©limination complĂšte des Legionella pneumophila. Cependant, il a dĂ©montrĂ© que cela n’est pas nĂ©cessaire et que seule une limitation de leur concentration suffit Ă  prĂ©venir de la LĂ©gionellose[52].

Il est difficile d’obtenir une concentration rĂ©siduelle satisfaisante dans le rĂ©seau d’eau chaude. Le fait d’ouvrir et de laisser couler les robinets et les douches rĂ©guliĂšrement permet d’amĂ©liorer l’efficacitĂ© de la dĂ©sinfection au dioxyde de chlore. Pour minimiser la rĂ©action du dioxyde de chlore avec les composĂ©s organiques dissous dans l’eau, l’injection peut se rĂ©aliser Ă  la sortie des cuves de stockage de l’eau chaude. Cela a pour effet de rĂ©duire le temps de contact du dioxyde de chlore avec l’eau et d’avoir des concentrations rĂ©siduelles plus hautes dans les canalisations oĂč cela est souhaitĂ©[52] - [51] - [50].

Autres oxydants

Le Brome n’est pas utilisĂ© pour la dĂ©sinfection de l’eau potable. ReportĂ© comme moins efficace que le chlore, il permet toutefois de maintenir les rĂ©seaux vierges de contaminations incontrĂŽlĂ©es tant que la concentration rĂ©siduelle est maintenue[38].

L’iode a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© utilisĂ© pour dĂ©sinfecter l’eau potable. Cependant, peu d’informations sont disponibles quant Ă  sa capacitĂ© de lutte contre les LĂ©gionelles[38].

L’eau oxygĂ©nĂ©e est une solution incolore et soluble dans l’eau. Elle se dĂ©compose en eau et oxygĂšne. Sa dĂ©gradation est favorisĂ©e par la chaleur, la lumiĂšre, les matiĂšres en suspensions, les mĂ©taux lourds et les composĂ©s organiques. L’eau oxygĂ©nĂ©e en forte concentration peut produire des rĂ©actions dangereuses et ne doit en consĂ©quence qu’ĂȘtre utilisĂ©e qu’en concentration maximale de 35 %[53].

Le peroxyde d’hydrogĂšne et le permanganate de potassium sont des dĂ©sinfectants moins puissants que le chlore et l’ozone et sont de ce fait peu utilisĂ©s. Le peroxyde d’hydrogĂšne n’est pas autorisĂ© en Allemagne pour la dĂ©sinfection de l’eau potable. L’action dĂ©sinfectante du permanganate de potassium est fortement dĂ©pendante du pH[38].

L’ozone possĂšde une plus puissante capacitĂ© dĂ©sinfectante ainsi que d’oxydation que le chlore ou le dioxyde de chlore. Cela oblige Ă  toujours prendre en compte les rĂ©actions complexes que les composĂ©s dissous dans l’eau Ă  traiter peuvent engendrer[46]. L’ozone rĂ©agit avec le bromure et forme des bromomĂ©thane et bromate dont la concentration maximale est limitĂ©e Ă  10 ÎŒg/L[46]. Il n’est pas influencĂ© par la tempĂ©rature et la prĂ©sence d’une concentration de 4 Ă  mg/l de matiĂšres en suspension n’entrave pas son pouvoir dĂ©sinfectant[39]. L’ozone est plus efficace que le chlore pour dĂ©truire les LĂ©gionelles mais il ne permet pas d’obtenir une dĂ©sinfection rĂ©siduelle ce qui est un dĂ©savantage majeur par rapport au chlore ou au dioxyde de chlore dans le contrĂŽle de L. pneumophila[38].

L’utilisation des Chloramines pour la dĂ©sinfection de l’eau potable n’est pas autorisĂ©e en Europe. Les rĂ©sultats d’expĂ©riences ci-aprĂšs proviennent des États Unis d’AmĂ©rique.

  • Halamine organique

Les Halamines ne peuvent pas ĂȘtre utilisĂ©s pour le traitement de l’eau potable. Les Halamines organiques peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour la dĂ©sinfection contre les L. pneumophila et ce sous de larges conditions. Leur stabilitĂ© exceptionnelle les destine en particulier au traitement oĂč cette propriĂ©tĂ© est requise tel que le traitement de circuit de refroidissement ou d’air conditionnĂ©. Les Halamines organiques ne sont pas corrosifs. Les Halamines combinĂ©s possĂšdent un grand potentiel pour le maintien de circuit fermĂ© d’eau de refroidissement vierge de contamination aux Legionella pneumophila[54].

  • Monochloramines

Une Ă©tude portant sur 2 ans a observĂ© l’impact du changement de la dĂ©sinfection de l’eau municipale en dĂ©sinfection aux Chloramines. On observe une nette diminution des colonisations par les LĂ©gionelles. Seuls dans les bĂątiments oĂč la tempĂ©rature Ă©tait infĂ©rieure Ă  50 °C on a observĂ© parfois une augmentation des colonisations. Les auteurs recommandent d’étendre l’utilisation des Chloramines pour la dĂ©sinfection dans le but de diminuer la prĂ©valence des lĂ©gionelloses aux États-Unis[55]. Une autre Ă©tude de quatre mois portant sur 96 bĂątiments confirme ces observations[10]. Les Monochloramines sont plus efficaces sur de grands rĂ©seaux que le chlore libre et pĂ©nĂštre plus efficacement les bio films riches en amibes[56].

  • Halogen releasing organics

Plusieurs composĂ©s organiques libĂ©rant des halogĂšnes lorsqu’ils sont mis en solution dans l’eau peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour dĂ©sinfecter celle-ci. Citons le BCDLH, le 2,4-dibromo-5,5- dimethylhydantoin (DBDMH), et le sel de potassium 1.3-dichloro-1,3,5-triazine-2,4,6(1H, 2H, 5H)− trione aussi appelĂ© le dichloroisocyanurate de potassium. Le BCDMH libĂšre de l’acide hypobromeux et de l’acide hypochloreux, le DBDMH, de l’acide hypobromeux seul[38].

L’électrolyse n’est pas un dĂ©sinfectant Ă  proprement parler mais un processus. L’utilisation d’un processus d’électrolyse engendre la formation d’un mĂ©lange de composĂ©s chimique dĂ©pendant de la qualitĂ© de l’eau traitĂ©e. Ce procĂ©dĂ© Ă©lectrochimique permet de gĂ©nĂ©rer de puissant oxydants autres que le chlore libre tel que l’ozone, H2O2 et OH Ă  des concentrations de 0,3 mg/L et 60 ÎŒg/L pour l’ozone et H2O2 respectivement[57]. On distingue deux maniĂšres de procĂ©der. La premiĂšre consiste Ă  Ă©lectrolyser l’eau Ă  traiter directement, le second consiste Ă  hydrolyser une eau aux caractĂ©ristiques connues puis de la doser dans l’eau Ă  traiter ce qui permet d’éviter en particulier les variations dans la formation des produits d’électrolyse dĂ» Ă  la variation de qualitĂ© de l’eau brute. Les systĂšmes de dĂ©sinfection Ă©lectrochimique sont cependant dĂ©crits comme inadaptĂ©s pour garantir la non contamination d’un rĂ©seau par les LĂ©gionelles[36].

Agents non oxydants

De nombreux désinfectants organiques ont été utilisés dans la lutte contre les Légionelles : cétone hétérocycle (2,2-dibromo-3-nitro-propionamide (DBNPA)), guanidines (polyhexamethylene biguanide (PHMB)), thiocarbamates, aldehydes, amines, thiocyanates, composés organo-tin, amides halogenatées, et glycols halogenatés.

Le glutaraldehyde, (DBNPA), l’isothiazolin (Kathon), le PHMB et le 2-bromo-2-nitropropionamide (Bronopol) prĂ©sentent une efficacitĂ© Ă  des degrĂ©s diffĂ©rents. Les plus efficaces Ă©tant le DBNPA suivi du glutaraldehyde. Le PHMB, le Bromopol et le Kathon sont moins actifs que ce dernier. Les agents oxydants Ă©tant toutefois gĂ©nĂ©ralement plus efficaces[38].

DĂ©sinfection non continue

L’utilisation d’acide peracĂ©tique pour la dĂ©sinfection ponctuelle d’un hĂŽpital contaminĂ© par les LĂ©gionelles a permis d’obtenir des rĂ©sultats rapidement mais n’a pas empĂȘchĂ© la recolonisation rapide du rĂ©seau Ă  des taux beaucoup plus Ă©levĂ©s qu’avant le traitement quelques jours aprĂšs. La non-destruction du biofilm, la prĂ©sence de l’acide peracĂ©tique en tant que source de carbone, les probables diffĂ©rences de concentrations en aciers sont des pistes avancĂ©es par les auteurs pour tenter d’expliquer ces rĂ©sultats[58].

  • Agents Oxydants : Chlore et composĂ©s chlorĂ©s associĂ©s

La rĂ©alisation d’un « choc chlorĂ© » permet de dĂ©sinfecter rapidement une installation hautement contaminĂ©e. Pour parvenir Ă  des rĂ©sultats significatifs, 10 mg/l de chlore libre au minimum (20 Ă  50 mg de chlore) doivent ĂȘtre utilisĂ©s et mesurĂ©s en chaque point du rĂ©seau et cela pendant au minimum 60 minutes. ConformĂ©ment Ă  la dĂ©finition d’une dĂ©sinfection discontinue, le rĂ©seau ne doit pas ĂȘtre utilisĂ© pendant le traitement et ĂȘtre nettoyĂ© jusqu'Ă  retrouver des valeurs d’au maximum 0,3 mg/l avant de pouvoir ĂȘtre rĂ©utilisĂ©[36].

Cependant, ces pratiques entraĂźnent une importante production de sous produits de rĂ©action non dĂ©sirĂ©s qui peuvent ĂȘtre notamment prĂ©judiciable aux procĂ©dĂ©s de traitement des eaux usĂ©es et Ă  l’environnement. De plus, le chlore est un Ă©lĂ©ment corrosif au regard des canalisations et ce point ne doit pas ĂȘtre nĂ©gligĂ©. Enfin, ces mĂ©thodes sont rarement efficaces, dans la mesure oĂč elles ne permettent pas d’éliminer les « niches » que constituent le biofilm, les protozoaires et leurs kystes.

Conception du réseau : prévention et lutte active

La dĂ©couverte de la problĂ©matique des LĂ©gionelles Ă  la fin du siĂšcle dernier a permis d’accumuler des connaissances sur les facteurs de risques vis-Ă -vis de l’apparition de colonies de LĂ©gionelles dans les rĂ©seaux qui permettent de mettre en lumiĂšre les principaux facteurs crĂ©ant les conditions favorables Ă  l’apparition des LĂ©gionelles et les moyens de les minimiser.

Équipements à risques

La prĂ©sence de systĂšmes complexes et Ă©tendus de rĂ©seaux d’eau chaude crĂ©e les conditions nĂ©cessaires pour le dĂ©veloppement des LĂ©gionelles. En effet, les habitations utilisant des systĂšmes de chauffages instantanĂ©s sont vierges de LĂ©gionelles tandis que celles Ă©quipĂ©es de rĂ©servoirs de stockage et de boucles de recirculations sont au contraire frĂ©quemment contaminĂ©es. Les rĂ©sultats d’une enquĂȘte portant sur 452 habitations montrent, qu’un facteur des plus importants, est la tempĂ©rature. Les rĂ©seaux d’eau chaude opĂ©rant Ă  des tempĂ©ratures infĂ©rieures Ă  46 °C Ă©tant les plus souvent contaminĂ©s[31]. Une autre enquĂȘte rassemblant 711 analyses microbiologiques prĂ©sente les mĂȘmes conclusions[33].

Les rĂ©seaux faiblement utilisĂ©s ou de maniĂšre discontinue, comme les hĂŽtels saisonniers par exemple, sont plus sujets Ă  la colonisation par les LĂ©gionelles[11]. L’aspect technique des installations est aussi primordial. Certains dispositifs sont, en effet, plus souvent atteints. Les rĂ©servoirs d’eau chaude verticaux sont par exemple plus souvent contaminĂ©s que ceux horizontaux (79 % contre 29 %) en raison vraisemblablement d’une plus grande disposition Ă  l’accumulation de dĂ©pĂŽts. Il en va de mĂȘme pour les rĂ©servoir de plus de 5 ans[38].

Conception et dimensionnement du réseau

La conformitĂ© du rĂ©seau doit avant toute dĂ©sinfection ĂȘtre vĂ©rifiĂ©e. Et plus encore, une rĂ©flexion poussĂ©e doit ĂȘtre conduite vis-Ă -vis de l’installation en elle-mĂȘme. La lutte contre le dĂ©veloppement potentiel des Legionella pneumophila est avant tout la mise en place d’une combinaison de mesures structurelles visant Ă  limiter l’apparition d’un biofilm et la croissance de la biomasse[30].

Le dimensionnement des installations par rapport Ă  leur utilisation est une condition primordiale Ă  la garantie d’une hygiĂšne durable[26] - [34]. S’ils ne concordent pas, il est nĂ©cessaire, en plus des mesures de prĂ©ventions des LĂ©gionelles de reconsidĂ©rer les installations en prenant en compte le besoin rĂ©el et les aspects Ă©conomiques[59].

DĂšs la conception du systĂšme de plomberie, il faut prendre en compte la problĂ©matique des LĂ©gionelles : les canalisations doivent ĂȘtre les plus courtes possibles, des vannes de rĂ©gulations doivent ĂȘtre installĂ©es dans les systĂšmes complexes pour contrĂŽler les flux. Il ne doit pas y avoir de zones mortes. Des systĂšmes anti retour doivent ĂȘtre installĂ©s sur les zones de chauffage. Il faut prĂ©voir un systĂšme de purge[3]. Les temps de stagnation inĂ©vitables doivent ĂȘtre gardĂ©s les plus courts possibles[26].

Tous les dispositifs entraĂźnant un mĂ©lange et l’apparition d’eau tiĂšde, tels que les vannes de mĂ©lange eau chaude/eau froide ou les mitigeurs, doivent ĂȘtre placĂ©s le plus prĂšs possible des robinets ou poire de douche. Les raccords doivent ĂȘtre rĂ©guliĂšrement nettoyĂ©s. Les systĂšmes Ă  risque, comme les robinets diffuseurs qui diminuent la consommation d’eau mais augmente la production d’aĂ©rosols, ne doivent pas ĂȘtre installĂ©s dans des milieux dits « critiques » comme les hĂŽpitaux[3].

Mesures techniques de lutte contre les LĂ©gionelles

Des mesures de correction du fonctionnement des installations sont, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, rapidement rĂ©alisables et souvent Ă  exĂ©cuter en parallĂšle avec d’autres mesures, comme une dĂ©sinfection ou un nettoyage par exemple. Les mesures correctives les plus couramment mises en place, concernant le fonctionnement du rĂ©seau Ă  proprement parler, sont les suivantes[35] :

  • L’élĂ©vation de la tempĂ©rature de chauffage de l'eau
  • L’élĂ©vation de la tempĂ©rature de la boucle de circulation d’eau chaude
  • La rĂ©vision des paramĂštres de la boucle de circulation d’eau chaude
  • La modification des rĂ©glages du mitigeur central
  • Le nettoyage rĂ©gulier des conduites rarement ou pas utilisĂ©es
  • Le nettoyage et le curage du chauffe-eau

La suppression des embranchements morts permet d’obtenir immĂ©diatement des effets sur la colonisation des Legionella[43].

DĂ©truire les LĂ©gionelles sur le point de consommation de l’eau

La purification de l’eau des LĂ©gionelles par Ultra Violet (UV) ou par filtration peuvent convenir si elles sont employĂ©es Ă  proximitĂ© du point d’utilisation dans le cas contraire, du fait de leur non-dispersivitĂ©, elles ne peuvent pas avoir d’impact sur les bio films et les populations bactĂ©riennes[3] - [46]. L’utilisation seule de la dĂ©sinfection UV est insuffisante pour contrĂŽler les L. pneumophila en raison de son faible rayon d’action et des interactions avec les composĂ©s de l’eau tels que le biofilm, la turbiditĂ©, les matiĂšres en suspensions ou encore les dĂ©pĂŽts[38]. Une Ă©tude a cependant montrĂ© qu’une concentration de matiĂšres en suspension de 4 Ă  mg/l n’avait pas d’influence sur l’effet biocide de l’irradiation aux ultras violets. Une tempĂ©rature de 43 °C n’a Ă©galement pas eu d’incidence sur l’efficacitĂ© des Ă©missions ultras violettes[39].

L’utilisation d’UV peut entrainer la formation de nitrites avec des longueurs d’onde infĂ©rieures Ă  240 nm[36].

Les UV ne peuvent pas dĂ©truire les LĂ©gionelles Ă  l’intĂ©rieur des Amibes. Pour pouvoir dĂ©truire toutes les LĂ©gionelles, il faut coupler le rayonnement ultra-violet Ă  un rayonnement ultrasonore qui permet de dĂ©truire les amibes[36].

Lorsqu’une tempĂ©rature de plus de 55 °C n’est pas techniquement atteignable ou n’est pas souhaitĂ©e, dans le cadre de conditions particuliĂšres, le recours au concept d’Aachner, qui consiste au recours Ă  une dĂ©sinfection UV sur le point de consommation, peut ĂȘtre envisagĂ©[34].

L’utilisation de filtres stĂ©riles est rĂ©servĂ©e au cas particulier des zones sensibles. Le principe repose sur la filtration de tous les composants contenus dans l’eau Ă  l’aide d’un filtre d’une finesse d’au moins 0,45 ÎŒm qui retient donc notamment les micro-organismes tels que les LĂ©gionelles[36] - [60].

Une alternative Ă  la dĂ©sinfection peut ĂȘtre de supprimer purement et simplement le rĂ©seau d’eau chaude et d’utiliser des systĂšmes de chauffages dĂ©centralisĂ©s sur les points d’utilisation. Le cas pratique d’un hĂŽpital de SĂŁo Paulo au BrĂ©sil contaminĂ© par les Legionella pneumophila montre que cette mĂ©thode a permis de supprimer durablement la colonisation du rĂ©seau et les cas de lĂ©gionellose notamment en utilisant des douches Ă©lectriques qui chauffent instantanĂ©ment l’eau[61].

Prévention et détection

Méthodes de détection

Le nombre d’occurrences des contaminations de LĂ©gionelles dans les rĂ©seaux laisse penser que leur impact est sous-estimĂ©. Cela est premiĂšrement dĂ» Ă  la nĂ©cessitĂ© de recourir Ă  un test propre aux LĂ©gionelles pour dĂ©tecter leur prĂ©sence dans un rĂ©seau. En effet, les LĂ©gionelles n’étant pas d'origine fĂ©cale, les paramĂštres traditionnels de surveillance de la qualitĂ© microbiologique ne peuvent pas fournir d’indication de contamination[62]. Leurs concentrations sont, de plus, trĂšs variables. L’étude d’un rĂ©seau expĂ©rimental a montrĂ© que les concentrations en LĂ©gionelles prĂ©sentaient parfois des « pics » et qu’une frĂ©quence de surveillance faible rendait trĂšs probable leur non-dĂ©tection[30].

À cela s’ajoute que la mĂ©thode de dĂ©tection des LĂ©gionelles est relativement longue puisqu’elle nĂ©cessite environ 13 jours avant de pouvoir fournir des rĂ©sultats confirmĂ©s. Cela ne permet pas de rĂ©pondre au besoin de suivi en continu dans les zones Ă  risques et du contrĂŽle avec un pas de temps prĂ©cis des effets de mesures de dĂ©sinfection par exemple. De nouveau procĂ©dĂ©s sont en dĂ©veloppement et permettent d’espĂ©rer une amĂ©lioration des capacitĂ©s de suivi des contaminations microbiologiques des installations. La sociĂ©tĂ© Vermicon AG a, par exemple, dĂ©veloppĂ© le systĂšme ScanVIT-Legionella qui repose sur l’observation au microscope Ă  fluorescence du dĂ©veloppement des colonies bactĂ©riennes colorĂ©es par des marqueurs fluorescents spĂ©cifiques aprĂšs trois jours de dĂ©veloppement sur une Agar GVPC (glycine vancomycim polymixin cyclohexamide)[63].

La dĂ©tection par PCR pourrait, Ă  l’avenir, ĂȘtre Ă©galement amenĂ©e Ă  jouer un rĂŽle important dans le contrĂŽle des contaminations des rĂ©seaux d’eau potable. Une Ă©tude en a dĂ©montrĂ© la faisabilitĂ©. Cette mĂ©thode prĂ©sente l’avantage d’ĂȘtre beaucoup plus rapide que les techniques conventionnelles de mise en culture. Les limitations de la mĂ©thode sont la prĂ©sence ponctuelle d’inhibiteurs dans les rĂ©seaux et la non-distinction entre les bactĂ©ries mortes et vivantes qui pourrait conduire Ă  surestimer le risque d’infection[64]. La prĂ©sence d’anticorps chez les usagers d’une installation pourrait aussi servir Ă  la dĂ©tection de contamination par les lĂ©gionelles mĂȘme sans cas avĂ©rĂ©s de lĂ©gionellose. Cette prĂ©sence d’anticorps est corrĂ©lĂ©e Ă  l’exposition aux Legionella pneumophila mais elle est souvent asymptomatique[22].

Dans le cas d’une dĂ©sinfection au chlore, l’augmentation de la demande en chlore peut ĂȘtre une indication de contamination biologique. Il apparaĂźt que la concentration en bactĂ©ries est proportionnelle Ă  leur demande en chlore. Les bactĂ©ries rĂ©sistantes au chlore prĂ©sentent une demande en chlore plus importante que celles non rĂ©sistantes. Cela peut donc ĂȘtre utilisĂ© pour estimer le degrĂ© de contamination d’un rĂ©seau en incluant les LĂ©gionelles qui sont particuliĂšrement rĂ©sistantes au chlore[65].

Enfin, il semble que les colonisations problĂ©matiques par les LĂ©gionelles ne soient pas limitĂ©es aux rĂ©seaux d’eau chaude. En effet, dans un nombre croissant de cas, les LĂ©gionelles sont dĂ©tectĂ©es en concentrations Ă©levĂ©es Ă©galement dans les rĂ©seaux d’eau froide dont la tempĂ©rature dĂ©passe les 20 °C et cela en corrĂ©lation avec des cas de lĂ©gionelloses[66]. Le contrĂŽle des rĂ©seaux ne doit donc pas se limiter aux seuls rĂ©seaux d’eau chaude.

LĂ©gionellose

La sous-estimation de l’impact des LĂ©gionelles est Ă©galement Ă©vidente au niveau du diagnostic de la maladie.

L’augmentation des cas de lĂ©gionellose rĂ©pertoriĂ©s ces derniĂšres annĂ©es a pour origine non pas une augmentation rĂ©elle des cas de lĂ©gionellose mais est trĂšs certainement due Ă  l’amĂ©lioration des techniques de dĂ©tection et leur recours plus systĂ©matique[5] - [67]. En tĂ©moigne l’exemple d’une Ă©tude dans un hĂŽpital de San Antonio (Texas) visant Ă  trouver l’origine de l’augmentation du nombre de cas de LĂ©gionellose, qui en arrive Ă  la conclusion que cette amplification est la consĂ©quence du recours croissant au test antigĂšne urinaire[68].

Pour le diagnostic d’une lĂ©gionellose, on effectue le plus souvent un test des anticorps prĂ©sents dans l’urine des patients mais ce test permet uniquement de dĂ©tecter les Legionella pneumophila appartenant au sĂ©rogroupe 1 qui sont responsables de 90 % des infections, restent 10 %[4].

De nombreux cas de LĂ©gionelloses ne sont ainsi certainement pas dĂ©tectĂ©s. Notamment dans les centres de soins longs oĂč les malades n’ont que de faibles rĂ©flexes respiratoires et un Ă©tat mental anormal. Un contrĂŽle rĂ©gulier des installations d’eau et un dĂ©pistage plus systĂ©matique des LĂ©gionelloses devraient ĂȘtre mis en place dans ces lieux critiques[69]. En raison d’un manque de suspicion de la maladie et, par consĂ©quent, l’absence de test, le nombre de cas de lĂ©gionelloses est sous-estimĂ©. La mise en place, par le veterans healthcare system, d’une politique agressive de contrĂŽle des infections et d’une politique de prĂ©vention incluant un volet « Ă©ducation » sous forme de confĂ©rences a permis d’obtenir une diminution trĂšs significative des cas de LĂ©gionelloses[70]. D’autres Ă©tudes rapportent que le contrĂŽle rĂ©gulier des systĂšmes de distribution d’eau, suivi, dans les cas le nĂ©cessitant, de mesures de dĂ©sinfection, ainsi que l’utilisation gĂ©nĂ©ralisĂ©e de dĂ©tection d’antigĂšnes dans les urines, ont permis de diminuer de maniĂšre significative le nombre de cas de LĂ©gionellose et d’amĂ©liorer significativement le diagnostic de la maladie[67] - [71].

Surveillance des milieux Ă  risques accrus

La tendance actuelle est Ă  l’augmentation du recours aux dĂ©tections de LĂ©gionelles, en particulier dans les zones dites sensibles qui abritent des personnes Ă  risques.

Par exemple, les Centres amĂ©ricains du contrĂŽle et de prĂ©ventions des maladies (CDC) recommandent le contrĂŽle rĂ©gulier des eaux utilisĂ©es dans des centres de soins critiques tels que les centres de transplantations, de natalitĂ©[60]. De mĂȘme, l'Agence fĂ©dĂ©rale pour l'environnement en Allemagne distingue trois types d’établissement avec pour chacun une frĂ©quence et surveillance et mesures correspondant au niveau de contamination : les hĂŽpitaux et centres de soins Ă  hauts risques (tous les six mois), les hĂŽpitaux et centres de soins dit « normaux » (tous les ans), et tous les autres Ă©tablissements (tous les ans ou trois ans lors de contrĂŽles prĂ©cĂ©dents infĂ©rieurs Ă  cent unitĂ©s formant colonie (UFC) dans 100 ml)[62].

Le nouvel arrĂȘtĂ© sur l’eau potable de 2003 (en Allemagne) prĂ©voit le contrĂŽle rĂ©gulier des installations distribuant de l’eau potable publique (Ă©coles, hĂŽpitaux, centres de soins, maisons de retraite) notamment des LĂ©gionelles et l’analyse des anomalies du rĂ©seau telles que des dĂ©fauts du rĂ©seau, des mauvais raccordements etc.[59] Le dĂ©veloppement du concept de plan de sĂ©curitĂ© de l’eau (Water Safety Plan)[3] en tant qu’instrument d’auto-contrĂŽle avec la prise en compte des aspects sanitaires et techniques souligne la prise de conscience d’un surveillance accrue[33] - [72].

Vaccination

Des recherches sur la mise au point d'un vaccin existent. Des essais sur des cochons d'inde ont montré un niveau de protection modérément élevé[73].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Références

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