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Legionella

Les bactéries du genre Legionella, les légionelles, sont des bacilles à Gram négatif généralement présentes dans les milieux humides (eau non salée) et responsables d'une pneumopathie humaine appelée légionellose.

Legionella
Description de cette image, également commentée ci-après
Culture de Legionella sp. sous UV

Genre

Legionella
Brenner et al., 1979

Taxonomie

Étymologie

L'étymologie du nom de genre Legionella est la suivante : L. fem. n. legio (gen. legionis), une troupe de soldats, légion; L. fem. dim. n. suff. -ella, diminutif pour terminer le mot en signifiant petit; N.L. fem. dim. n. Legionella, une petite troupe, une petite légion[1].

Liste des espèces

Selon la LPSN (18 novembre 2022)[2], le genre Legionella contient 64 espèces publiées de manière valide et avec un nom correct :

  • Legionella adelaidensis Benson et al. 1991
  • Legionella anisa Gorman et al. 1985
  • Legionella antarctica Shimada et al. 2022
  • Legionella beliardensis Lo Presti et al. 2001
  • Legionella birminghamensis Wilkinson et al. 1988
  • Legionella bononiensis Girolamini et al. 2022
  • Legionella bozemanae corrig. (Garrity et al. 1980) Brenner et al. 1980 (initialement dĂ©crite sous l'orthographe inexacte de Legionella bozemanii
  • Legionella brunensis Wilkinson et al. 1989
  • Legionella busanensis Park et al. 2003
  • Legionella cardiaca Pearce et al. 2012
  • Legionella cherrii Brenner et al. 1985
  • Legionella cincinnatiensis Thacker et al. 1989
  • Legionella drancourtii La Scola et al. 2004
  • Legionella dresdenensis LĂĽck et al. 2010
  • Legionella drozanskii Adeleke et al. 2001
  • Legionella dumoffii Brenner et al. 1980
  • Legionella erythra Brenner et al. 1985
  • Legionella fairfieldensis Thacker et al. 1991
  • Legionella fallonii Adeleke et al. 2001
  • Legionella feeleii Herwaldt et al. 1984
  • Legionella geestiana Dennis et al. 1993
  • Legionella gormanii Morris et al. 1980
  • Legionella gratiana Bornstein et al. 1991
  • Legionella gresilensis Lo Presti et al. 2001
  • Legionella hackeliae Brenner et al. 1985
  • Legionella impletisoli Kuroki et al. 2007
  • Legionella israelensis Bercovier et al. 1986
  • Legionella jamestowniensis Brenner et al. 1985
  • Legionella jordanis Cherry et al. 1982
  • Legionella lansingensis Thacker et al. 1994
  • Legionella londiniensis Dennis et al. 1993
  • Legionella longbeachae McKinney et al. 1982
  • Legionella lytica (Drozanski 1991) Hookey et al. 1996
  • Legionella maceachernii Brenner et al. 1985
  • Legionella massiliensis Campocasso et al. 2012
  • Legionella micdadei (Garrity et al. 1980) HĂ©bert et al. 1980
  • Legionella moravica Wilkinsonet al. 1989
  • Legionella nagasakiensis Yang et al. 2012
  • Legionella nautarum Dennis et al. 1993
  • Legionella norrlandica Rizzardi et al. 2015
  • Legionella oakridgensis Orrison et al. 1983
  • Legionella parisiensis Brenner et al. 1985
  • Legionella pneumophila Brenner et al. 1979 (Approved Lists 1980), espèce type du genre
  • Legionella qingyii Wu et al. 2019
  • Legionella quateirensis Dennis et al. 1993
  • Legionella quinlivanii Benson et al. 1990
  • Legionella rowbothamii Adeleke et al. 2001
  • Legionella rubrilucens Brenner et al. 1985
  • Legionella sainthelensi Campbell et al. 1984
  • Legionella santicrucis Brenner et al. 1985
  • Legionella saoudiensis Bajrai et al. 2016
  • Legionella septentrionalis Li et al. 2021
  • Legionella shakespearei Verma et al. 1992
  • Legionella spiritensis Brenner et al. 1985
  • Legionella steelei Edelstein et al. 2012
  • Legionella steigerwaltii Brenner et al. 1985
  • Legionella taurinensis Lo Presti et al. 1999
  • Legionella thermalis Ishizaki et al. 2016
  • Legionella tucsonensis Thacker et al. 1990
  • Legionella tunisiensis Campocasso et al. 2012
  • Legionella wadsworthii Edelstein et al. 1983
  • Legionella waltersii Benson et al. 1996
  • Legionella worsleiensis Dennis et al. 1993
  • Legionella yabuuchiae Kuroki et al. 2007


Espèces publiées de manière non valide

Certaines espèces ne sont pas encore reconnues officiellement car elles ont été publiées de manière non valide :

  • Legionella clemsonensis Palmer et al. 2016
  • Legionella donaldsonii Lo Presti et al. 1999
  • Legionella indianapolisensis Relich et al. 2018
  • Candidatus Legionella jeonii Park et al. 2004
  • "Candidatus Legionella polyplacis Rihova et al. 2017
Synonymes

D'autres noms de Legionella se sont retrouvés être des synonymes tels que Legionella pittsburghensis (décrit par Pasculle et al.) en 1980 et qui se trouve être un synonyme de Legionella micdadei.

Écologie

Ce sont des bactéries naturellement présentes dans l’eau et dans les boues, responsables d'une maladie respiratoire, la légionellose. Elles colonisent fréquemment les réseaux d’eau, notamment les réseaux d’eau chaude sanitaire, les installations de climatisation ainsi que les tours aéroréfrigérantes (TAR).

Conditions de prolifération

Les légionelles se développent et prolifèrent :

  • dans l’eau stagnante ;
  • lorsque la tempĂ©rature est comprise entre 20 et 60 °C ;
  • en prĂ©sence de dĂ©pĂ´ts de tartre
  • en prĂ©sence de corrosion avec rĂ©sidus mĂ©talliques (de fer, zinc) ;
  • dans les boues et autres dĂ©pĂ´ts minĂ©raux et organiques (fond de ballon d'eau chaude, fond de bassin des tours de refroidissement (TAR), point bas des canalisations...
  • dans des biofilms bactĂ©riens[3] - [4] et/ou sous forme planctonique ;
  • Ă  l'intĂ©rieur des protozoaires comme les amibes (14 espèces reconnues ĂŞtre leurs hĂ´tes naturels et qui leur permettent de survivre longtemps Ă  l'intĂ©rieur de la cellule en Ă©chappant aux mĂ©canismes de dĂ©gradation et au système immunitaire de la cellule-hĂ´te[5]). Certaines amibes (ex. : Hartmannella vermiformis[6]) vivant dans les poumons peuvent abriter des lĂ©gionelles[6].

Les légionelles se multiplient faiblement en dessous de 20 °C, arrêtent de se reproduire à 55 °C et sont détruites à partir de 60 °C (selon un temps de contact bien précis) pour une destruction instantanée à partir de 70 - 74 °C.

Conditions nécessaires à une contamination

La présence de légionelles dans l’eau n’est pas une condition suffisante pour provoquer la maladie. Trois facteurs doivent être réunis :

  • eau contaminĂ©e par les LĂ©gionelles ou Legionella ;
  • dispersion de l’eau par aĂ©rosols (Ce sont l’eau et ses aĂ©rosols qui sont respectivement les lieux de vie et de diffusion via l’air des lĂ©gionelles. La formation de gouttelettes ou aĂ©rosols respirables dans les turbulences ou tourbillons est encore mal comprise[7]), de mĂŞme qu'en sortie de pommeau de douche[8] ou de robinet[8] ;
  • inhalation de l’aĂ©rosol.

Aucun cas de légionellose n’a été diagnostiqué à la suite de l’ingestion d’eau contaminée, de même qu'aucun cas de transmission interhumaine n'a été signalé. La quantité d'inoculum bactérien ne semble pas influencer le développement de la légionellose. Enfin, des facteurs climatiques ont été incriminés (fortes pluies et humidité, recrudescence des cas en été).

Par ailleurs, des facteurs de susceptibilité liés à l'hôte humain sont requis pour le développement de la maladie, bien qu'incomplètement compris actuellement. Des facteurs de risque sont toutefois individualisables : âge avancé, déficit de l'immunité (cancer/hémopathie, diabète) mais surtout tabagisme. L'infection est exceptionnellement décrite chez l'enfant.

Limites ou seuils à ne pas dépasser lors des analyses d'eau

Le seuil limite Ă  ne pas dĂ©passer est de 1 000 UFC/litre de Legionella pneumophila pour l'eau chaude sanitaire (ECS) et pour les tours aĂ©rorĂ©frigĂ©rantes (TAR), nouvelle norme AFNOR NF T90-431 de novembre 2014, rĂ©visĂ©e en aoĂ»t 2017[9] - [10] - [11]. Pour les TAR, 3 seuils sont mis en place : < 1 000 UFC/l ; entre 1 000 et 100 000 UFC/l et > 100 000 UFC/l. Les 2 derniers seuils nĂ©cessitent de la part de l'exploitant des actions curatives. Enfin, les rĂ©sultats peuvent ĂŞtre rendus sous la forme de Flore interfĂ©rente.

On estime, en Europe, que 90 % des légionelloses sont liées à l'espèce L. pneumophila et qu'en moyenne 85 % sont exclusivement dues au sérogroupe 1[12]. Les sérogroupes 2 à 15 se partagent les 10 % restants. Au contraire, en Australie, c'est l'espèce longbeachae qui est responsable de la majorité des cas de légionellose. Il existe enfin 51 autres espèces dans le genre Legionella que l'on appelle couramment Legionella spp et dont le risque infectieux est discuté par les hygiénistes et infectiologues. Cependant la présence de Legionella spp, démontre que les conditions du réseau sont optimales à la multiplication de légionelles et donc potentiellement de Legionella pneumophila.

On compte environ 6 000 cas par an en Europe et entre 1 200 cas et 1600 cas par an en France[12] avec un taux de mortalitĂ© qui oscille entre 10 et 15 % malgrĂ© un traitement antibiotique adaptĂ© (143 dĂ©cès pour 1 262 cas dĂ©clarĂ©s en 2013 et dont l'Ă©volution n'est connue que pour 1 168 cas, soit une lĂ©talitĂ© de 12,2%[13]) (fluoroquinolones ou macrolides).

Écologie des légionelles

Les Legionella sont d'origine hydro-telluriques. Leur habitat naturel est représenté par les milieux aquatiques naturels ou artificiels. Elle y réside, entre autres, dans les biofilms[14] - [15] (résidus organiques et micro-organiques formés dans les canalisations et à la surface des eaux stagnantes) qui la protègent de la chloration et semble jouer un rôle important pour sa survie dans les installations[16]. On en trouve y compris dans les biofilms de réseaux d'eau domestiques, parfois associée à Pseudomonas aeruginosa[17]. Outre la nature de l'eau (acidité, minéralisation, teneur en matières organiques et nutriments), la température et le type de matériaux utilisés en plomberie jouent aussi un rôle important dans la formation des biofilms[18] - [19].

Le biofilm se développe particulièrement dans :

  • tout endroit de stagnation ;
  • les bras morts du rĂ©seau d'eau chaude ou froide ;
  • les ballons de stockage (chauffe-eaux cumulus) ;
  • les points d’eau chaude rarement utilisĂ©s (bras mort).

Par ailleurs, les protozoaires d'eau douce (dont les amibes) représentent l'hôte naturel de la légionelle à l'intérieur duquel elle réalise une étape de son cycle de vie. La bactérie et son hôte ont connu une évolution convergente permettant à la bactérie l'acquisition au sein de son patrimoine génétique de gènes codant la majeure partie des facteurs de virulence de la légionelle. Le comportement et la virulence[20] des légionelles dans leur environnement microbien est encore mal connu (par exemple celui de leurs capacités à envahir certains protozoaires)[21], et amibes[22] de même que leur environnement lui-même : écosystème des biofilms notamment, interactions avec d’autres espèces, les turbulences de l’eau dans les réseaux, etc. L’ANSES a estimé en 2011 que « le suivi des protozoaires (amibes et ciliés) dans les installations et leur contribution à la dangerosité des installations à risque est trop largement négligé ».

Les risques

Les légionelloses peuvent se manifester sous deux formes cliniques distinctes :

L'infection nosocomiale est incriminée dans 1 à 10 % des cas de pneumopathies nosocomiales.

Le cycle infectieux de L. pneumophila

Legionella pneumophila est capable d'infecter les amibes aquatiques aussi bien que les macrophages alvéolaires et les pneumocytes de l'Homme selon un cycle infectieux similaire.

Dès le contact avec sa cellule-hôte (amibe ou macrophages), L. pneumophila utilise son principal facteur de virulence : son système de sécrétion de type IV Dot/Icm. Ce système va permettre à la bactérie d'injecter directement dans le cytoplasme de son hôte plus de 300 protéines bactériennes appelées effecteurs. Ces protéines vont permettre à la bactérie de détourner différentes machineries cellulaires de son hôte à son avantage.

Certains de ces effecteurs sont impliqués dans les mécanismes d'entrée dans la cellule-hôte via le détournement des processus de macropinocytose ou de phagocytose. Ces protéines bactériennes sont également nécessaires à la bactérie pour échapper à la dégradation par la voie endosomale de l'hôte, notamment l'effecteur SidK. Ils participent aussi à la création d'une vacuole de réplication pour la bactérie, appelée LCV pour Legionella-containing vacuole, qui se caractérise notamment par le recrutement de vésicules issues du réticulum endoplasmique. De nombreux effecteurs du système Dot/Icm sont impliqués dans ce processus : SidM/DrrA, SidC, RalF, LepB, etc. Ainsi camouflées dans la LCV, les légionelles vont pouvoir se multiplier exponentiellement jusqu'à avoir épuisé toutes les ressources nutritionnelles à disposition. Cette carence déclenche alors une reprogrammation de l'expression génétique de la bactérie qui exprime alors ses facteurs de virulence (effecteurs du système de sécrétion de type IV notamment) et les facteurs de mobilité (flagelle). Les bactéries sont ensuite libérées dans le cytoplasme de l'hôte puis dans l'environnement dans lequel elles devront survivre, parfois sous forme de biofilms, jusqu'à l'infection d'une nouvelle cellule-hôte.

Surveillance de risque

  • Analyse d'eau pour recherche de lĂ©gionelles : contrĂ´le de la qualitĂ© microbiologique de l’eau par un laboratoire accrĂ©ditĂ© Cofrac (programme 100-2) (il faut savoir Ă©galement qu'il y a 2 types d'analyses, seule une est reconnue comme Ă©tant officielle) :
    • mĂ©thode (officielle et rĂ©glementaire) par culture, après filtration d'un Ă©chantillon d'eau : le filtrat va ĂŞtre cultivĂ© sur diffĂ©rentes gĂ©loses avec plusieurs types de traitement puis elles vont ĂŞtre conservĂ©es pendant une dizaine de jours Ă  37 °C (mĂ©thode normĂ©e et rĂ©glementaire),
    • mĂ©thode par PCR (normĂ©e mais pas rĂ©glementaire) : cette mĂ©thode va permettre de dĂ©celer la Legionella par son ADN, cette mĂ©thode permet d'avoir un rĂ©sultat dans 24 Ă  48 h (selon la performance des laboratoires) ;

Pour les réseaux ECS :

  • entretien hebdomadaire des Ă©lĂ©ments de robinetterie (mousseurs, brise-jets, flexibles, pommes de douche, etc.) :
    • dĂ©montage,
    • dĂ©tartrage produit ou vinaigre blanc entre 15 minutes et plus selon l'encrassement,
    • rinçage,
    • dĂ©sinfection pendant 30 minutes dans l’eau de javel,
    • purger rĂ©gulièrement avec de l’eau la plus chaude possible le maximum de points d’usage ou les points les plus Ă©loignĂ©s de l’établissement ;
    • bien connaĂ®tre son rĂ©seau d’eau chaude sanitaire (ECS) :
      • supprimer les bras morts,
      • purger les ballons (faire des chasses),
      • dĂ©tartrer les ballons de production et stockage,
      • prĂ©fĂ©rer les Ă©changeurs Ă  plaques.
    • Carnet Sanitaire ECS et Carnet Sanitaire de suivi des TAR : mise Ă  jour quotidienne ou Ă  chaque intervention, chaque relevĂ© de mesure, chaque anomalie constatĂ©e...

Que faire si le réseau ECS est infecté ?

Il existe différentes méthodes que le Ministère de la Santé a testées et validées pour les réseaux d'eau potable. Ces méthodes figurent dans la circulaire 2002/243 d'. On y trouve notamment :

Le choc au peroxyde d'hydrogène et argent (H2O2+Ag) qui consiste Ă  faire circuler la solution dans l'ensemble du rĂ©seau et points contaminĂ©s (hors utilisation) Ă  une concentration allant de 100 Ă  1 000 mg/L de peroxyde d'hydrogène + Ag pour un temps de contact pouvant aller jusqu'Ă  12 heures. Ă€ l'issue du temps de contact, on pratique une vidange complète du rĂ©seau. L'un des avantages de cette mĂ©thode est de dĂ©truire le biofilm.

Le choc chlorĂ© consiste Ă  obtenir une concentration de chlore libre de 15 mg/l pendant 24 h ou de 30 Ă  50 mg/l pendant 2 Ă  3 heures au niveau de rĂ©servoirs. On pratique une vidange complète du rĂ©seau après avoir fait passer l’eau chlorĂ©e par le maximum voire par la totalitĂ© des points d’usage.

Le choc thermique est pratiqué en élevant la température de l’eau à 70 °C pendant 30 minutes et l’eau doit couler de tous les points d’usage pendant 5 à 10 minutes au minimum à 65 °C.

Les risques liés aux chocs :

  • choc H2O2+Ag : Manipulation du produit, ces traitements sont bien souvent rĂ©alisĂ©s par des professionnels
  • choc chlorĂ© : corrosion Ă  surveiller si ces chocs sont rĂ©pĂ©titifs
  • choc thermique : risque de brĂ»lure, destruction des joints, des pĂ©riphĂ©riques (pommeaux, robinets...) et de la galvanisation des canalisations en acier (dès 60 °C). De plus, certains acteurs ont remarquĂ© un regain de viabilitĂ© des L. pneumophila 7 Ă  10 jours après le traitement par choc thermique ou chimique. Une hypothèse explicative est « la destruction des Legionella spp. et/ou des flores interfĂ©rentes qui sont susceptibles de limiter le dĂ©veloppement de L. pneumophila par un phĂ©nomène de concurrence. La rĂ©tention des L. pneumophila dans le biofilm et dans les amibes oĂą elles sont protĂ©gĂ©es des traitements et l’éradication de la flore libre permet Ă  leur avis une recolonisation spĂ©cifique et accrue par L. pneumophila. Ainsi, la prĂ©sence de concentrations relativement Ă©levĂ©es en Legionella spp. pourrait permettre de limiter la prolifĂ©ration de L. pneumophila et ainsi limiter le risque sanitaire qui y est associĂ©[23]. »

La surveillance des légionelles

Pour les TAR (tour de refroidissement ou tour aéroréfrigérante), la loi de santé publique de 2004 visait à réduire le nombre de cas de légionelloses de 50 % pour la période 2004-2008. Les arrêtés de 2004 ont évolué à travers ceux du .

Pour les réseaux ECS (eau chaude sanitaire), il faut se baser sur les arrêtés du (lutte et prévention des contaminations des réseaux d'eau chaude sanitaire par les légionelles. Il semblerait logique de suivre les amibes (qui sont a priori indicatrices et facteur de risque), mais il peut y avoir des légionelles sans amibes, et la méthode commune de détection des amibes est coûteuse, longue et tous les laboratoires ne sont pas équipés pour la proposer. Elle n'est donc pas utilisée en routine, mais est utile en cas de sur-contamination post-traitement[23].

La surveillance progresse donc en France[24] où elle est devenue obligatoire pour les eaux minérales à usages thérapeutiques (dans les établissements thermaux), dans les tours aéroréfrigérantes, dans tout réseau d'eau chaude sanitaire d'un établissement de santé ou des établissements sociaux et médico-sociaux, des hôtels, des résidences de tourisme, des campings, des établissements pénitentiaires, enfin tous les ERP disposant de douches à production ECS collective[25].
Au , cette obligation est Ă©tendue aux autres Ă©tablissements recevant du public (ERP)[25].
La DGS et la DGPR ont reconnu[23] en 2009 que la méthode par culture (obligatoire en France) impose un délai après mise en culture (au moins 8 jours de culture sont nécessaires, bien que des résultats intermédiaires soient possibles et obligatoires à fournir en cas de dépassement entre 3 et 5 jours), ce qui nuit à la meilleure gestion des installations et à l'optimisation des délais de levées de mesures restrictives d'usage de l'eau. De plus, elle ne prend pas en compte toutes les formes de Legionella[23], car il existe un certain nombre de légionelles et autres bactéries viables présentes dans l'eau, mais qu'on ne sait pas cultiver[26].
Un avis[23] et un rapport (2011) d'expertise collective de l'ANSES ont évalué les méthodes de détection et de dénombrement des légionelles dans l'eau, concluant que seules deux méthodes sont « suffisamment pertinentes et robustes » ; la méthode réglementaire par culture (norme NF T90-431) et (plus rapide mais pas réglementaire dans les arrêtés ECS et TAR[27]) la PCR quantitative (norme NF T90-471).

Il n’existe, à l’heure actuelle, aucun système portable susceptible de réaliser le dénombrement de Legionella.

Il est obligatoire sur les réseaux ECS et les TAR à travers les Carnets Sanitaires ECS ou des TAR :

  • noter toutes les interventions, les opĂ©rations de vidange et les analyses
  • mettre Ă  jour les plans du rĂ©seau,
  • Ă©crire les protocoles et les procĂ©dures d'entretien et de surveillance

La surveillance bactériologique est obligatoire (en milieu hospitalier souvent réalisée par un technicien biohygiéniste) :

  • recherche de bactĂ©ries aĂ©robies revivifiables : norme < 100/ml ;
  • recherche de coliformes totaux : Norme < 10/100 ml ;
  • recherche de coliformes fĂ©caux : Norme = Absence dans 100 ml ;
  • recherche de staphylocoques pathogènes = Absence dans 100 ml ;
  • recherche facultative mais très intĂ©ressante de Pseudomonas aeruginosa (indique la dĂ©gradation de l’eau, ou la contamination des robinetteries et des surfaces en contact avec de l’eau). Recherche de Pseudomonas aeruginosa obligatoire en Ă©tablissement de soins ;
  • recherche de LĂ©gionelles dans l'eau chaude et l'eau froide selon la norme AFNOR NF T90-431 (nouvelle norme de 2014 applicable au par tous les laboratoires COFRAC sur les lĂ©gionelles).

En dehors des prélèvements microbiologiques :

  • une coupe d’un tuyau et la mise en place d’un manchon tĂ©moin peuvent permettre de surveiller la dĂ©gradation, la corrosion et la prĂ©sence de biofilm du rĂ©seau ;
  • vĂ©rifier le cahier des charges et les interventions du prestataire de service chargĂ© de l’installation ;
  • identifier les points critiques du rĂ©seau ;
  • identifier les points critiques de maintenance et la pĂ©riodicitĂ© de cette maintenance ;
  • examiner la faisabilitĂ© des traitements ;
  • dĂ©finir les points de prĂ©lèvements ;
  • examiner la possibilitĂ© d’isoler des rĂ©seaux ;
  • essayer de travailler sur une maintenance prĂ©ventive ;
  • prĂ©parer un carnet de suivi sanitaire.
  • Effectuer une AMR sur les TAR (analyse mĂ©thodique de risque) et des diagnostics ECS.

Dans les établissements de santé, les procédures concernant le réseau d’eau doivent être validées par le CLIN de l’établissement. En cas d’alerte la direction et le CLIN doivent être prévenus.

La protection

En cas d’intervention technique sur le réseau d’eau, le personnel doit être protégé des éventuelles aérosolisations d’eaux, notamment lorsqu'il travaille sur le réseau d’eau chaude. Port de masque FFP3.

Les gants sont inutiles pour la protection vis-à-vis de la légionelle. La légionellose est une infection strictement respiratoire, il n'existe pas d'infections cutanées à Legionella.

Bactériologie

Les bactéries du genre Legionella sont des bacilles à Gram négatif (mais rarement visibles à l'examen direct), elles sont mobiles (1 ou 2 flagelles polaires), aérobies strictes, catalase faiblement positive. Leur paroi a la particularité de contenir des acides gras ramifiés insaturés. Ces bactéries sont particulièrement exigeantes et ne peuvent être cultivées que sur milieux spéciaux contenant de la cystéine et du fer comme le milieu CYE (Charbon, Yeast Extract), le milieu GVPC ou le milieu BCYE (Buffered Charcoal Yeast Extract avec cystéine, fer et charbon actif, milieu de couleur noir pour éviter que les radicaux libres ne tuent les légionelles in vitro.

BMPA alpha

C'est un milieu de culture utilisé pour l'isolement sélectif de Legionella ; il est aussi appelé gélose pour Legionella

Arrêtés encadrant le risque légionelle

  • ECS (eau chaude sanitaire) : arrĂŞtĂ© du
  • TAR (tour de refroidissement) : arrĂŞtĂ©s du [28].

Notes et références

  1. (en) « Genus Legionella », sur LPSN - List of Prokaryotic names with Standing in Nomenclature (consulté le )
  2. List of Prokaryotic names with Standing in Nomenclature (LPSN), consulté le 18 novembre 2022
  3. (en) Farhat M, Trouilhe MC, Brand E, Moletta-Denat M, Robine E, Frère J, « Development of a pilotscale 1 for Legionella elimination in biofilm in hot water network: heat shock treatment evaluation » Journal of Applied Microbiology 2010;108:1073-1082
  4. (en) Kuiper MW, Wullings BA, Akkermans ADL, Beumer RR, Van der Kooij D, « Intracellular Proliferation of Legionella pneumophila in Hartmannella vermiformis in Aquatic Biofilms Grown on Plasticized Polyvinyl Chloride » Appl Environ Microbiol. 2004;70:6826-6833
  5. (en) Bouyer S, Imbert C, Rodier MH, Héchard Y, « Long-term survival of Legionella pneumophila associated with Acanthamoeba castellanii vesicles » Environ Microbiol. 2007;9:1341-1344.
  6. (en) Brieland J, McClain M, LeGendre M, Engleberg C, « Intrapulmonary Hartmannella vermiformis: a potential niche for Legionella pneumophila replication in a murine model of legionellosis » Infect Immun. 1997;65:4892-4896.
  7. (en) Baron PA, Willeke K, « Respirable droplets from whirlpools: measurements of size distribution and estimation of disease potential » Environ Res. 1986;39:8-18.
  8. Bollin GE, Plouffe JF, Para MF, Hackman B (1985) Aerosols containing Legionella pneumophila generated by shower heads and hot-water faucets. Applied and Environmental Microbiology 50, 1128- 1131.
  9. « Arrêté du 1er février 2010 relatif à la surveillance des légionelles dans les installations de production, de stockage et de distribution d'eau chaude sanitaire », sur www.legifrance.gouv.fr, (consulté le )
  10. INRS, « FICHE AGENTS BIOLOGIQUES ED 4417 - Les légionelles en milieu de travail », (consulté le )
  11. « NF T90-431 », sur Afnor EDITIONS (consulté le )
  12. (en) Beauté J, Zucs P, de Jong B; European Legionnaires' Disease Surveillance Network et al. (77), « Legionnaires disease in Europe, 2009-2010 », Euro Surveill, vol. 18, no 10,‎ , p. 20417. (PMID 23515061, lire en ligne [html])
  13. Bilan des cas de legionellose survenus en France en 2013 sur le site de l'Invs
  14. (en) Declerck P (2010) « Biofilms: the environmental playground of Legionella pneumophila » Environ Microbiol. 12, 557-566.
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  16. (en) Murga R, Forster TS, Brown E, Pruckler JM, Fields BS, Donlan RM (2001) « Role of biofilms in the survival of Legionella pneumophila in a model potable-water system » Microbiology 147, 3121-3126.
  17. (en) Moritz MM, Flemming HC, Wingender J (2010) « Integration of Pseudomonas aeruginosa and Legionella pneumophila in drinking water biofilms grown on domestic plumbing materials » Int J Hyg Environ Health 213, 190-197.
  18. (en) Rogers J, Dowsett AB, Dennis PJ, Lee JV, Keevil CW (1994) « Influence of temperature and plumbing material selection on biofilm formation and growth of Legionella pneumophila in a model potable water system containing complex microbial flora » Applied and Environmental Microbiology 60, 1585-1592.
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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Olivier Dauptain, Guide Comparatif des arrĂŞtĂ©s 2004-2014 - Evolution de la rubrique 2921 - Gestion du risque lĂ©gionelles sur les tours de refroidissement - coĂ©crit avec P.Rambeau, France, Anexo Ă©dition, , 60 p. (ISBN 978-2-9548250-0-7)
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