Giuseppe Verdi
Giuseppe Fortunino Francesco Verdi (/dÊuËzÉppe fortuËniËno franËtÍĄÊesko Ëverdi/[1]), nĂ© Joseph Fortunin François Verdi le Ă Roncole et mort le Ă Milan, est un compositeur romantique italien. Son Ćuvre, composĂ©e essentiellement dâopĂ©ras, unissant le pouvoir mĂ©lodique Ă la profondeur psychologique et lĂ©gendaire, est l'une des plus importantes de toute l'histoire du thĂ©Ăątre musical.
Surnom | Le cygne de Busseto |
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Nom de naissance | Joseph Fortunin François Verdi |
Naissance |
Roncole, Taro, Empire français |
DĂ©cĂšs |
(Ă 87 ans) Milan, Royaume d'Italie |
Activité principale | Compositeur, dramaturge |
Style | Opéra |
ActivitĂ©s annexes | PropriĂ©taire terrien, dĂ©putĂ© (1861â1865), sĂ©nateur (1874) |
Lieux d'activité |
Busseto, Roncole, Sant'Agata Duché de Parme, Milan Royaume de Lombardie-Vénétie puis Royaume d'Italie, Paris, Empire français |
AnnĂ©es d'activitĂ© | 1835 â 1901 |
Collaborations | Temistocle Solera, Salvatore Cammarano, Francesco Maria Piave, Arrigo Boito (librettistes) |
Ăditeurs | Giovanni et Giulio Ricordi |
MaĂźtres |
Ferdinando Provesi, Vincenzo Lavigna |
ĂlĂšves | Emanuele Muzio |
Conjoint |
Margherita Barezzi, Giuseppina Strepponi |
Distinctions honorifiques |
Ordre de Saint-Stanislas LĂ©gion d'honneur |
Ćuvres principales
- Nabucco (1842)
- Rigoletto (1851)
- Il trovatore (1853)
- La traviata (1853)
- Un ballo in maschera (1859)
- La forza del destino (1862)
- Don Carlos (1867)
- Aida (1871)
- Messa da requiem (1874)
- Otello (1887)
- Falstaff (1893)
Verdi est lâun des compositeurs dâopĂ©ras italiens les plus influents du XIXe siĂšcle, son influence comparable Ă celle de Rossini, Bellini, Donizetti et Puccini. Ses Ćuvres sont frĂ©quemment jouĂ©es dans les opĂ©ras du monde entier et, dĂ©passant les frontiĂšres du genre, certains de ses thĂšmes sont depuis longtemps inscrits dans la culture populaire comme « La donna Ăš mobile » de Rigoletto, le « Brindisi » de La traviata, le « Va, pensiero » de Nabucco ou la « Marche triomphale » d'Aida. Les opĂ©ras de Verdi dominent encore le rĂ©pertoire de l'art lyrique un siĂšcle et demi aprĂšs leur crĂ©ation.
Peu engagĂ© politiquement, il a cependant autorisĂ© l'utilisation de son image et de ses Ćuvres dans le processus de rĂ©unification de la pĂ©ninsule italienne et demeure de ce fait, aux cĂŽtĂ©s de Garibaldi et de Cavour, une figure emblĂ©matique du Risorgimento.
Biographie
Lorsque Verdi naßt, le , dans le petit village des Roncole, proche de Busseto en Bassa parmense, la région de Parme est alors sous domination napoléonienne et est appelée le département français du Taro.
Les troupes autrichiennes reprennent le duchĂ© de Parme et Plaisance Ă peine quelques mois plus tard, en fĂ©vrier 1814. La rĂ©gion restera sous le rĂšgne de lâarchiduchesse Marie-Louise d'Autriche, lâex-impĂ©ratrice des Français, jusquâĂ la mort de celle-ci en 1847. Verdi aura Ă©tĂ© français durant les quatre premiers mois de sa vie, ce que semble avoir voulu dissimuler sa mĂšre. Peut-ĂȘtre qu'elle trouvait humiliant qu'il fĂ»t nĂ© français ou plus probablement pour des motifs stratĂ©giques de carriĂšre future, elle a constamment dĂ©clarĂ© Ă son fils quâil Ă©tait nĂ© le [2]. Verdi a dâailleurs tout au long de sa vie fĂȘtĂ© son anniversaire les . Il est baptisĂ© le dans l'Ă©glise paroissiale de San Michele Arcangelo Ă Roncole sous le nom latin de Joseph Fortuninus Franciscus, son registre de baptĂȘme prĂ©cisant qu'il est « nĂ© hier soir » (natum heri vespere). Son acte de naissance portĂ© le Ă lâĂ©tat civil de la commune de Busseto est ainsi rĂ©digĂ© en français :
« Lâan mil huit cent treize, le jour douze dâoctobre, Ă neuf heures du matin, par devant nous, adjoint au maire de Busseto, officier de lâĂ©tat civil de la Commune de Busseto susdite, dĂ©partement du Taro, est comparu Verdi Charles, ĂągĂ© de vingt huit ans, aubergiste, domiciliĂ© Ă Roncole, lequel nous a prĂ©sentĂ© un enfant du sexe masculin, nĂ© le jour dix courant, Ă huit heures du soir, de lui dĂ©clarant et de la Louise Uttini, fileuse, domiciliĂ©e aux Roncole, son Ă©pouse, et auquel il a dĂ©clarĂ© vouloir donner les prĂ©noms de Joseph Fortunin François[3]. »
La mention de l'acte de baptĂȘme « nĂ© hier soir » a suscitĂ© un doute sur sa date exacte de naissance. Ă cette Ă©poque, les jours Ă©taient en effet comptabilisĂ©s Ă partir du coucher du soleil, cette mention pouvant Ă©voquer le samedi mais il est traditionnellement admis qu'il est nĂ© le dimanche [4].
La branche paternelle
Depuis trois cents ans, la famille paternelle de Verdi vit sur le territoire de SantâAgata, un hameau de la commune de Villanova sull'Arda dans la province de Plaisance, en Bassa padana, Ă peu de distance de Busseto. Giuseppe Antonio, le grand-pĂšre du musicien, et son Ă©pouse, Francesca Bianchi, originaire de Villanova sullâArda, ont douze enfants. Dans les annĂ©es 1780, sans doute poussĂ©s par lâinsuffisance des revenus dâun domaine trop modeste pour une si grande famille, les Verdi Ă©migrent aux Roncole oĂč naissent les cinq derniers enfants. Ils y tiennent une ferme-auberge, lâOsteria vecchia et exploitent dans le mĂȘme temps quelques arpents de terre. Ă la mort de Giuseppe Antonio, Carlo, le pĂšre du compositeur, alors ĂągĂ© de dix-neuf ans, seconde sa mĂšre Ă lâauberge. Il Ă©pouse en 1805 Luigia Uttini, fileuse de son Ă©tat dans un coin de l'auberge familiale de Busseto[5]. Le couple est installĂ© Ă lâOsteria vecchia depuis huit ans lorsque naĂźt leur premier enfant, Giuseppe.
La branche maternelle
La famille de Luigia Uttini, originaire du Val d'Ossola, Ă©migre au XVIIe siĂšcle, pour partir Ă Bologne oĂč ses membres sont forgeron, boulanger, aubergiste⊠Une seconde branche sâinstalle dans la rĂ©gion de Plaisance. On trouve parmi ceux-ci des rĂ©gisseurs, des professeurs, des hommes dâĂ©glise⊠Luigia naĂźt en 1787 Ă Saliceto di Cadeo oĂč ses parents, Carlo et Angela Villa, tiennent une auberge-Ă©picerie, comme celle quâils ouvriront une quinzaine dâannĂ©es plus tard Ă Busseto et oĂč viendra sâapprovisionner Carlo Verdi, ce qui occasionnera sa rencontre avec sa future jeune Ă©pouse.
Contrairement Ă la lĂ©gende quâil a lui-mĂȘme contribuĂ© Ă forger, les origines de Verdi, mĂȘme si sa mĂšre ne sait ni lire ni Ă©crire, ne sont pas celles dâun enfant du popolo minuto[6]. Les deux branches de sa famille appartiennent Ă la petite bourgeoisie de campagne, relativement aisĂ©e.
« Les Verdi avaient leur banc Ă lâĂ©glise des Roncole et le chef du clan (âŠ) Ă©tait membre de la confraternitĂ© de la Sainte Conception Ă laquelle les Verdi firent des dons importants[7]. »
Les origines de la vocation musicale
De mĂȘme, bien que Verdi lâait certainement ignorĂ©, musicalement, « lâenfant nâĂ©tait pas nĂ© de rien[8] » comme il se plaisait Ă le laisser penser. On trouve en effet au XVIIIe siĂšcle, dans la branche bolonaise de la famille Uttini, deux cantatrices, un tĂ©nor, contemporain et connu de Mozart et un compositeur, Francesco Antonio Uttini (1723-1795). Ce dernier, mariĂ© Ă une niĂšce dâAlessandro Scarlatti, est lâauteur dâune vingtaine dâopere serie, de chĆurs pour les tragĂ©dies de Racine[9] et de la messe de couronnement de Gustave III de SuĂšde dont lâassassinat sera le thĂšme de l'opĂ©ra Un bal masquĂ© (Un ballo in maschera) en 1859.
Câest cependant plus en direction de lâenvironnement social que directement familial quâil convient de rechercher les origines de cette vocation. LâItalie du XVIIIe siĂšcle sâenthousiasme pour lâart lyrique et bien sĂ»r, ni le duchĂ© de Parme et Plaisance ni la ville de Busseto ne sont exempts de cette passion. Le petit Giuseppe est dĂšs sa prime enfance au contact des musiciens ambulants qui font halte Ă lâauberge des Roncole. Lâenfant essaie les instruments, chante avec les chĆurs, engrange les souvenirs qui nourriront plus tard lâinspiration populaire de ses opĂ©ras.
Mais tout « plongĂ© dans lâextase[10] » quâil ait pu ĂȘtre Ă lâĂ©coute des orgues de Barbarie de passage, cette vocation nâaurait pas eu de suite sans la tendre attention que Carlo et Luigia pouvaient accorder Ă Peppino au sein dâune cellule familiale inhabituellement rĂ©duite pour lâĂ©poque[11]. Le jeune Verdi aurait peut-ĂȘtre aussi Ă©voluĂ© dans lâĂ©chelle sociale sans nĂ©cessairement devenir musicien si don Pietro Baistrocchi, le maĂźtre dâĂ©cole, organiste de lâĂ©glise des Roncole et ami de la famille, nâavait pris conscience du caractĂšre exceptionnel de cet attrait de lâenfant pour la musique. Attrait quâil avait pu remarquer lorsque Peppino restait des heures Ă lâĂ©couter jouer le rĂ©pertoire tant sacrĂ© que profane.
Roncole
Ainsi, le jeune Verdi bĂ©nĂ©ficie-t-il dĂšs lâĂąge de quatre ans des rudiments de latin et dâitalien[12] dispensĂ©s par Baistrocchi avant de rentrer, Ă six ans, Ă lâĂ©cole du village. Selon les tĂ©moignages rapportĂ©s par ses biographes, il est un Ă©lĂšve attentif au caractĂšre paisible, plutĂŽt solitaire sans toutefois refuser de se mĂȘler aux jeux des autres enfants, exĂ©cutant par ailleurs sans se faire prier les tĂąches qui lui sont confiĂ©es Ă lâosteria.
CaractĂšre paisible mais affirmĂ© : on ne dĂ©range pas impunĂ©ment Peppino dans son Ă©coute de la musique dâorgue. Don Masini en fait les frais, qui sâentend menacĂ© dans un parfait dialecte dâun furieux : « Dio tâmanda âna sajetta » (« que Dieu te foudroie ») pour avoir envoyĂ© rouler le garçon en bas de lâautel parce que les burettes nâarrivaient pas. Huit ans plus tard, le prĂȘtre est effectivement foudroyĂ© : Verdi, Ă sept ans, s'est dĂ©jĂ appropriĂ© le thĂšme de la maledizione[13].
ParallĂšlement Ă sa scolaritĂ©, il reçoit ses premiĂšres leçons de musique de son maĂźtre organiste et va pouvoir faire ses premiĂšres gammes, alors quâil a atteint sa septiĂšme annĂ©e, sur une vieille Ă©pinette que lui achĂšte son pĂšre. Lâinstrument, dĂ©jĂ ancien et trĂšs sollicitĂ© par un Peppino plus quâassidu, devra ĂȘtre rĂ©parĂ©. Carlo fait appel Ă Stefano Cavalletti, facteur dâorgues rĂ©putĂ© dans la rĂ©gion, qui rĂ©digera ainsi sa facture[14] :
« Ces sautereaux ont Ă©tĂ© refaits et empennĂ©s de cuir par moi, Stefano Cavalletti, et jâai adaptĂ© le pĂ©dalier dont je vous ai fait cadeau ; de mĂȘme jâai refait gratuitement lesdits sautereaux, voyant les bonnes dispositions du jeune Giuseppe Verdi pour apprendre Ă jouer cet instrument, ce qui me suffit pour mâestimer totalement rĂ©glĂ©.
Anno Domini (1821) »
Pendant encore deux ans, le jeune garçon complĂšte sa formation musicale par la pratique en assurant le remplacement de don Baistrocchi Ă lâorgue de lâĂ©glise. Ă dix ans, Peppino a dĂ©jĂ acquis tout ce que lâorganiste et le curĂ© des Roncole pouvaient lui apporter.
Busseto
GrĂące Ă lâintĂ©rĂȘt du nĂ©gociant Antonio Barezzi, amateur de musique, membre de la SocietĂ Filarmonica locale et ami de Carlo Verdi, le jeune Giuseppe est admis au Ginnasio, le lycĂ©e de Busseto Ă lâautomne 1823. Il y suit brillamment la classe de don Pietro Seletti, directeur de lâĂ©cole, intellectuel provincial sans doute mais savant linguiste, astronome amateur et musicien, qui envisageait peut-ĂȘtre pour le garçon une carriĂšre professorale ou le sacerdoce. Le pĂšre franciscain Lorenzo da Terzorio, chez lequel il loge, lâentend jouer inlassablement aprĂšs les leçons de latin. Il conseille Ă Carlo Verdi dâinscrire son fils Ă lâĂ©cole de musique de Ferdinando Provesi, directeur de la SociĂ©tĂ© philharmonique de la ville, oĂč il entre en 1825. Le jeune Verdi mĂšne alors de front ses Ă©tudes classiques et musicales Ă Busseto et ses fonctions dâorganiste aux Roncole oĂč il finit par remplacer son vieux maĂźtre Ă lâĂąge de douze ans. Il termine ses humanitĂ©s avec une mention trĂšs bien en 1827 et pendant encore deux ans complĂšte sa formation musicale avec lâharmonie et la composition auprĂšs de Provesi[15].
Don Seletti a abandonnĂ© son projet en entendant Verdi lui rĂ©pondre, alors quâil lui demandait quelle musique il venait de jouer lorsquâil avait remplacĂ© au pied levĂ© un organiste dĂ©faillant : « Mais la mienne, maĂźtre, je nâai fait que suivre mon inspiration[16] ». Provesi le considĂšre dĂšs lors comme son Ă©gal et Barezzi lâintroduit dans les salons des notables bussetans, membres de la SocietĂ Filarmonica. LĂ , il donne ses premiers concerts en soliste (le piano Ă queue de Barezzi a remplacĂ© sa chĂšre Ă©pinette) ou dirige lâorchestre des Filarmonici. En 1828, il a tout juste quinze ans lorsquâil compose une symphonie Ă partir de lâouverture du Barbiere di Siviglia de Gioachino Rossini, suivie dâune cantate (perdue) pour baryton et orchestre en huit mouvements, I Deliri di Saul, dâaprĂšs la cĂ©lĂšbre tragĂ©die de Vittorio Alfieri, dâun Stabat Mater, dâun Domine ad adjuvandum pour orchestre, flĂ»te et tĂ©nor et dâautres compositions profanes ou sacrĂ©es.
Durant les annĂ©es qui suivent, il poursuit sa formation littĂ©raire (Virgile, CicĂ©ron, Alfieri[17], Manzoni, et bientĂŽt Shakespeare) et continue Ă composer de nombreuses piĂšces[18] destinĂ©es Ă la SociĂ©tĂ© philharmonique ou au thĂ©Ăątre de Busseto, maigrement rĂ©munĂ©rĂ©es par la ville ; il remplace de plus en plus souvent Provesi Ă la classe ou au pupitre ; il tient lâorgue de San Bartolomeo et celui de San Michele Arcangelo aux Roncole. Les difficultĂ©s financiĂšres importantes auxquelles Carlo doit faire face ne lui permettent plus de pourvoir Ă lâentretien de son fils. Giuseppe qui donne Ă©galement des leçons de piano Ă sa fille Margherita est finalement accueilli dans sa maison par Barezzi qui le considĂšre un peu comme son propre fils.
Le , encore une fois sur lâinsistance de Barezzi qui sâinvestira personnellement et de maniĂšre importante en doublant ses subsides, Carlo Verdi demande au Monte di PietĂ (Mont de PiĂ©tĂ©) de Busseto une bourse destinĂ©e au financement des Ă©tudes de son fils au conservatoire de Milan. La rĂ©ponse, favorable, nâarrivera que le , aprĂšs lâintercession de lâarchiduchesse Marie-Louise sollicitĂ©e par une seconde lettre de Carlo. Le dĂ©part Ă Milan de Verdi dont la prime jeunesse sâachĂšve ici, sâil permet de rĂ©soudre le problĂšme posĂ© par les convenances qui nâautorisent plus Giuseppe et Margherita dâhabiter sous le mĂȘme toit du fait de leur idylle naissante, va surtout ĂȘtre la boĂźte de Pandore dâoĂč Ă©mergera lâun des plus grands compositeurs dâopĂ©ras de tous les temps[19].
Milan
« Haute stature, cheveux chùtains, front élevé, sourcils noirs, yeux gris, nez aquilin, bouche petite, barbe sombre, menton ovale, visage maigre, teint pùle. Profession : étudiant en musique[20] »
Sujet de la Duchesse de Parme (et ex-impĂ©ratrice des Français), Verdi doit remettre son passeport pour accĂ©der Ă la capitale du royaume lombard-vĂ©nitien oĂč la prĂ©sence autrichienne est autrement perceptible quâĂ Parme.
Lâexamen dâentrĂ©e au conservatoire de Milan, qui porte aujourdâhui son nom, se dĂ©roule Ă la fin du mois de juin. Le jury est composĂ© de Francesco Basily, le censeur de lâĂ©tablissement, Gaetano Piantanida et Antonio Angeleri, professeurs de piano et de contrepoint et dâAlessandro Rolla, compositeur et professeur de violon.
Alors que la fugue Ă quatre voix quâil prĂ©sente pour lâĂ©preuve de composition est apprĂ©ciĂ©e par le jury, il est refusĂ© Ă cause de lâĂ©preuve quâil redoutait le moins : lors de son exĂ©cution au piano du Capriccio en la dâHeinrich Herz la position de ses mains est considĂ©rĂ©e comme irrĂ©mĂ©diablement mauvaise. La position des mains, lâĂąge, de quatre ans supĂ©rieur Ă lâĂąge habituel dâadmission, le peu de places de lâĂ©tablissement, le statut dâĂ©tranger, toutes ces raisons cumulĂ©es ne pouvaient rendre que rĂ©dhibitoire la dĂ©cision du comte de Hartig, gouverneur de Milan. De cette dĂ©cision sans appel du , Verdi, habituĂ© Ă ĂȘtre adulĂ© dans le petit cercle des mĂ©lomanes de Busseto, conservera durablement une profonde amertume, comme l'atteste l'enveloppe rappelant le refus de son admission qu'il conservera toujours Ă portĂ©e de main[21].
En outre, il dĂ©pend dĂ©sormais encore plus de son attentionnĂ© bienfaiteur pour payer les leçons particuliĂšres quâil va devoir prendre. MĂȘme si la participation de Barezzi Ă tous ces frais est parfaitement dĂ©sintĂ©ressĂ©e, la fiertĂ© du jeune homme ne peut quâen ĂȘtre affectĂ©e.
Sur les conseils dâAlessandro Rolla, Verdi suit les cours du claveciniste de la Scala, Vincenzo Lavigna. Lâancien professeur de solfĂšge de lâĂ©tablissement milanais est offusquĂ© de voir que ses collĂšgues ont pu refuser lâaccĂšs du conservatoire Ă un jeune homme au talent aussi confirmĂ©. Le cycle dâĂ©tudes dure trois annĂ©es pendant lesquelles Verdi se prĂ©pare Ă rĂ©aliser son ambition : devenir maĂźtre de chapelle Ă Busseto. Trois annĂ©es pendant lesquelles il Ă©crit : « Des canons et des fugues, des fugues et des canons Ă toutes les sauces⊠». Mais aussi trois annĂ©es pendant lesquelles il frĂ©quente assidĂ»ment la Scala dĂ©veloppant un goĂ»t de plus en plus affirmĂ© pour la tragĂ©die lyrique et le milieu de lâopĂ©ra.
En avril 1834, il donne son premier concert public lors duquel il dirige brillamment La CrĂ©ation de Joseph Haydn, au Teatro dei Filodrammatici, en prĂ©sence du comte Pompeo Belgioioso, bientĂŽt suivie par La Cenerentola de Rossini, jouĂ©e devant lâarchiduc Ranieri. Il Ă©crit, sur commande du comte Borromeo, une cantate en lâhonneur de lâempereur dâAutriche[22], un Tantum ergo pour la philharmonie de Busseto et commence Ă composer un opĂ©ra sur un livret Ă©crit par un journaliste milanais, Antonio Piazza. La derniĂšre annĂ©e dâĂ©tudes lui pĂšse de plus en plus, tant il baigne dĂ©jĂ dans le monde du lyrique. En juillet 1835, Verdi reçoit enfin de Lavigna le certificat de fin dâĂ©tudes qui lui permet de prĂ©tendre Ă lâemploi de maestro di cappella.
Câest la mort dans lâĂąme que Giuseppe retourne cet Ă©tĂ©-lĂ Ă Busseto. Margherita Barezzi lâa bien compris qui dĂ©clare Ă Ferdinando Galuzzi, le nouveau maire : « Verdi ne se fixera jamais, pour rien au monde Ă Busseto. Il a dĂ©cidĂ© de se consacrer Ă la musique lyrique et câest dans ce domaine-lĂ quâil rĂ©ussira, non dans celui de la musique religieuse[23] ».
MaĂźtre de musique Ă Busseto
Provesi, le vieux maĂźtre de Verdi Ă Busseto, est mort depuis deux ans[24]. DĂšs lors sâest ouverte entre libĂ©raux laĂŻques et conservateurs clĂ©ricaux, entre Coccardini et Codini, une guerre de succession clochemerlesque[25], chaque faction cherchant Ă placer son champion.
Lâenjeu en est le double poste, indissociable, de maĂźtre de musique et dirigeant de la Filarmonica, rĂ©munĂ©rĂ© par les premiers, et de maĂźtre de chapelle et organiste payĂ© par les seconds. Bien que le gouvernement ducal ait pris la dĂ©cision dâouvrir le concours en juin 1835, lâannonce nâen est rendue publique quâen fĂ©vrier 1836. Entretemps, Verdi a repris en main la Filarmonica et donne des concerts avec lâorchestre et des rĂ©citals dâorgue. Le , il se prĂ©sente Ă lâexamen devant Giuseppe Alvinovi, maĂźtre de chapelle de la cour du duchĂ© de Parme et ami du grand NiccolĂČ Paganini. Satisfaction sans rĂ©serve du maĂźtre qui aurait mĂȘme dĂ©clarĂ© que Verdi Ă©tait le « Paganini du piano »[26], offrant Ă Giuseppe une belle revanche sur son Ă©chec milanais. Le , Verdi est officiellement maĂźtre de musique de Busseto. Le , il signe avec la commune, reprĂ©sentĂ©e par Antonio Accarini, prĂ©sident du monte di pietĂ , un contrat lĂ©onin : salaire on ne peut plus modeste contre rĂ©sidence obligatoire Ă Busseto, cinq leçons hebdomadaires Ă chaque Ă©lĂšve en clavecin, piano, orgue, chant, contrepoint et composition, procurer les instruments nĂ©cessaires, direction de la sociĂ©tĂ© philharmonique pour tous les concerts et toutes les rĂ©pĂ©titions, pendant neuf ans, rĂ©siliable Ă trois ou six ans sous condition de dĂ©dit. Verdi, qui a pu parler dâesclavage dans une lettre Ă Lavigna, paye cher le soutien des Filarmonici.
Le , câest un contrat nettement plus heureux que signe Peppino[27] : il Ă©pouse « Ghita » Barezzi aprĂšs les brĂšves fiançailles qui ont suivi le si long innamoramento. Le jeune couple, aidĂ© lĂ encore par Barezzi, sâinstalle au palais Tebaldi oĂč naissent, Virginia, le , et Icilio Romano, le , dont les prĂ©noms, qui manifestent les sentiments politiques et patriotiques du jeune compositeur, sont inspirĂ©s par le thĂ©Ăątre de Vittorio Alfieri, auteur d'une Virginia.
MalgrĂ© le peu de temps dont il dispose en dehors de ses activitĂ©s de maĂźtre de musique et des concerts avec la Filarmonica ou Ă lâorgue des Ă©glises de la rĂ©gion[28] auxquels se presse un public enthousiaste, Verdi compose. De la musique religieuse : un Tantum Ergo en fa majeur pour tĂ©nor et orchestre (1836), une Messa di Gloria jouĂ©e le en lâĂglise Croix Saint Esprit de Plaisance. De la musique profane : sur des poĂšmes de Vittorelli, Bianchi, Angiolini et Goethe traduits par le docteur Luigi Ballestra, il Ă©crit Sei romanze pour voix et piano publiĂ©es cette mĂȘme annĂ©e par lâĂ©diteur milanais Giovanni Canti. En 1838, deux sinfonie sont crĂ©Ă©es par la Philharmonie.
Et il poursuit lâĂ©criture de lâopĂ©ra rapportĂ© de Milan.
En , Lord Hamilton dont le livret est inspirĂ© dâun ouvrage de Walter Scott consacrĂ© au Comte dâArran, est terminĂ©. Giuseppe DemaldĂš, cousin dâAntonio Barezzi, secrĂ©taire de la Filarmonica, trĂ©sorier du monte di pietĂ , ami et premier biographe de Verdi, lui suggĂšre de prĂ©senter son ouvrage Ă Parme. Mais, pour lâimpresario du Teatro Regio, « il est hors de question de prendre le moindre risque pour un musicien dont la renommĂ©e ne sâĂ©tend guĂšre quâĂ quelques bourgades du plat pays parmesan »[29]. Nul nâest prophĂšte en son pays.
MĂȘme Ă©chec Ă Milan oĂč lâinfluence de Pietro Massini, qui lui avait confiĂ© la direction de lâorchestre des Filodrammatici Ă la fin de ses Ă©tudes et Ă©tait devenu son ami, le mettant en relation avec Antonio Piazza, le librettiste de son Lord Hamilton, ne suffit pas Ă persuader Bartolomeo Merelli lâimpresario de la Scala. La recommandation du Comte Opprandino Arrivebene nâa pas plus dâeffet lors du dĂ©placement du jeune compositeur Ă Milan au mois de .
Verdi devra-t-il dÚs lors se résoudre à poursuivre cette carriÚre de maßtre de musique à Busseto si éloignée de ses ambitions ?
Le la vie du jeune couple est affectĂ©e par la perte de la petite Virginia. Une pĂ©riode de vacances leur permet cependant de trouver un dĂ©rivatif Ă leur douleur en rĂ©alisant un nouveau voyage Ă Milan. Cette fois, le compositeur trouve une Ă©coute favorable auprĂšs du Comte Borromeo auquel il est prĂ©sentĂ© par Massini : son opĂ©ra sera donnĂ© lors de la soirĂ©e annuelle de bienfaisance du Pio Istituto teatrale. Le triste Ă©vĂ©nement et la reprise tant espĂ©rĂ©e de contact avec la capitale de lâart lyrique conduisent Verdi, avec lâaccord de Ghita, Ă prendre une dĂ©cision radicale. Le , il Ă©crit au maire de Busseto :
« Monsieur le Maire,
Je mâaperçois, hĂ©las, que je ne puis rendre Ă ma malheureuse patrie les services dont jâaurais voulu mâacquitter envers elle. Je regrette que les circonstances ne me permettent pas de donner une preuve effective de mon attachement Ă la citĂ© qui, la premiĂšre, mâa donnĂ© le moyen de progresser dans lâart que je professe.
La nĂ©cessitĂ© oĂč je suis de me procurer les moyens suffisants pour nourrir ma famille me pousse Ă chercher ailleurs ce que je ne peux obtenir dans ma patrie. Câest pour cela que, me conformant aux dispositions de lâarticle 8 du contrat passĂ© entre la mairie et moi-mĂȘme le 20 avril 1836, jâannonce Ă Votre Excellence, avant que nâexpirent les six mois de prĂ©avis, que je ne continuerai plus Ă servir en qualitĂ© de maĂźtre de musique aprĂšs le 10 mai 1839.
Je conserverai dans mon cĆur la plus vive affection pour ma patrie et une reconnaissante estime pour ceux qui mây ont aimĂ©, encouragĂ© et assistĂ© [âŠ][30] »
De Lord Hamilton Ă Oberto, en passant par Rocester
Verdi revient le sâinstaller Ă Milan avec Margherita et Icilio Romano. Les rĂ©pĂ©titions dâOberto dĂ©butent au printemps avec une distribution de rĂȘve, dont Giuseppina Strepponi, mais sont interrompues du fait des dĂ©fections successives. Contre toute attente, Merelli accepte finalement de monter lâopĂ©ra qui serait donnĂ© Ă la Scala aprĂšs la premiĂšre prĂ©vue au Pio Istituto et aprĂšs quelques retouches apportĂ©es au livret par Temistocle Solera et Ă la partition par lâajout dâun quatuor vocal.
Une totale incertitude rĂšgne chez les musicologues car, si Oberto nous est bien parvenu, il ne reste que peu de traces du Lord Hamilton et du Rocester et il est bien difficile de savoir lequel a succĂ©dĂ© Ă lâautre et lequel est Ă lâorigine dâOberto. Une lettre de Verdi Ă Massini du Ă©voque la possibilitĂ© de « monter lâopĂ©ra Rocester Ă Parme » ce qui laisserait le temps Ă Piazza de « modifier le livret ici ou là ». Or, dans une autre lettre de 1871, Verdi prĂ©cise que câest le Lord Hamilton de Piazza qui serait Ă lâorigine dâOberto. Se pose encore la question de savoir si Piazza avait fourni un ou deux livrets Ă Verdi, sous deux titres diffĂ©rents. Quâil y ait eu un, deux ou trois livrets, il nây a quâun librettiste initial et, seule subsiste la composition musicale dâOberto[31].
Verdi et Margherita amĂ©nagent en septembre dans un appartement plus confortable et alors que le compositeur travaille aux retouches de lâopĂ©ra et que se dĂ©roulent les ultimes rĂ©pĂ©titions, un nouveau drame survient, emportant le petit Icilio Romano, le .
La premiĂšre dâOberto, Conte di San Bonifacio a finalement lieu le Ă la Scala et obtient un rĂ©el succĂšs public et une critique suffisamment favorable aux yeux de lâimpresario de la Scala pour que celui-ci programme quatorze reprĂ©sentations supplĂ©mentaires et propose Ă Verdi un contrat que celui-ci qualifiera de « proposition fastueuse pour lâĂ©poque » : lâimpresario offrait quatre mille livres autrichiennes (quatre fois le salaire dâun maĂźtre de musique pendant trois ans) contre la production de trois opĂ©ras pour la Scala et pour Vienne oĂč Merelli est Ă©galement inspecteur des thĂ©Ăątres de la Cour. Ă cette proposition se rajoutait en outre celle de Giovanni Ricordi dâĂ©diter Oberto, conte di Bonifacio. Verdi signe les deux contrats.
DâIl proscritto Ă Un giorno di regno en passant par Il finto Stanislao
Le livret dâIl proscritto fourni au dĂ©but de lâannĂ©e 1840 par Gaetano Rossi sur la commande de Merelli ne convient pas au compositeur qui nây donnera pas suite. Lâimpresario le pressant de choisir une Ćuvre comique parmi plusieurs livrets de Felice Romani, Verdi porte son choix sur Il finto Stanislao, qui lui semble, selon ses propos, le moins mauvais et qui deviendra lâopera buffa Un giorno di regno.
Alors quâil travaillait dâarrache-pied pour rattraper le retard accumulĂ©, Margherita, sans doute affaiblie par la perte coup sur coup de ses deux enfants, mourut le dâune mĂ©ningite fulgurante.
« JâĂ©tais seul, dĂ©sespĂ©rĂ©ment seul[32]. »
Au plus profond de son dĂ©sespoir, Verdi envisage sĂ©rieusement dâabandonner la carriĂšre lyrique. Lâamicale fermetĂ© de Merelli, et la menace de devoir payer le dĂ©dit prĂ©vu au contrat, le contraignent Ă respecter son engagement et Ă terminer son opera buffa. Lâunique reprĂ©sentation dâUn giorno di regno, le est un fiasco. Câest le manque de conviction des chanteurs, sĂ©vĂšrement huĂ©s, qui est Ă lâorigine de cet Ă©chec. La musique de Verdi, quant Ă elle, est accueillie par des applaudissements. Ce sera son seul essai Ă la comĂ©die jusquâĂ Falstaff, Ă la fin de sa carriĂšre.
Il nâen fallait pas plus pour rouvrir la blessure. Verdi informe Merelli de sa dĂ©cision de rĂ©silier son contrat et de renoncer Ă sa carriĂšre de compositeur. Encore une fois, Merelli joue finement en remettant Oberto Ă lâaffiche pour dix-sept reprĂ©sentations dont le succĂšs remet un peu de baume au cĆur du maestro et lui permet de gagner lâargent nĂ©cessaire pour quitter lâappartement oĂč se trouvent trop de douloureux souvenirs.
Nabucco : le dĂ©but dâune fulgurante carriĂšre
La seconde commande de Merelli, sur un livret de Temistocle Solera, est le triomphal Nabucco, reprĂ©sentĂ© pour la premiĂšre fois le Ă La Scala, avec Giuseppina Strepponi, soprano, dans le rĂŽle dâAbigaille.
DâaprĂšs un des deux rĂ©cits que le compositeur donna de la genĂšse de ce premier chef-d'Ćuvre, ce sont les paroles du ChĆur des HĂ©breux, le cĂ©lĂšbre Va, pensiero, qui permirent Ă Verdi de retrouver le goĂ»t de lâĂ©criture.
En rĂ©alitĂ©, une analyse serrĂ©e du drame, mise en regard du Saul d'Alfieri qui avait dĂ©jĂ inspirĂ© Verdi dans son adolescence, met au jour les moteurs littĂ©raires et symboliques de cette histoire d'un roi sombrant dans la folie pour avoir voulu transcender sa condition[33], thĂšme autrement important que la rĂ©volte politique dans l'Ćuvre et la psychĂ© verdiennes.
AprĂšs une longue pĂ©riode de dĂ©pression durant lâhiver 1840-1841, Verdi reprend donc progressivement contact avec le milieu musical milanais et se met finalement Ă la composition en mai 1841. La partition de Nabucco (le nom abrĂ©gĂ© du roi est une tradition italienne depuis le XVIe siĂšcle) est livrĂ©e au dĂ©but de lâautomne et mise Ă lâaffiche de la Scala par Merelli pour la saison de Carnaval[34]. DĂšs le finale du premier acte, le rideau tombe sur les acclamations du public et câest sur une tornade dâapplaudissements que se termine la reprĂ©sentation. La presse milanaise est dithyrambique : Verdi triomphe Ă Milan.
Et pourtant, le public de mars 1842 n'est pas seulement sensible au message politique, du reste exagĂ©rĂ©, de Nabucco. Câest une autre composante de lâopĂ©ra qui, dĂšs la premiĂšre reprĂ©sentation, emporte si spontanĂ©ment lâadhĂ©sion des Milanais pour lâĆuvre de Verdi. Dâun Verdi qui a Ă©tĂ© nourri par la violence de cette terre Ă©milienne et par la duretĂ© de sa formation, mais aussi par lâamour des chants repris en chĆur par les paysans et les musiciens ambulants. LâĆuvre dâun Verdi qui sera qualifiĂ©e de « barbare » par la critique parisienne. Mais qui rĂ©pond pour lâheure Ă la demande dâun public lassĂ© de psychologisme et en attente de la grandeur qui manque aux opĂ©ras de Gaetano Donizetti ou Saverio Mercadante. Câest le caractĂšre romantique de Verdi qui, faisant fi des rĂšgles du classicisme et du « bon goĂ»t », a touchĂ© le cĆur de ce public.
Giuseppe Mazzini, reprochant Ă la production lyrique de ce temps « son hĂ©donisme, son individualisme et son absence dâinspiration morale estime que doit se substituer Ă cet art matĂ©rialiste et dĂ©cadent une nouvelle forme de dramaturgie privilĂ©giant le rĂ©alisme et les prĂ©occupations sociales ». Le patriote italien en appelle, en exergue Ă la Philosophie de la musique, publiĂ© en 1836 :
« au jeune inconnu qui, peut-ĂȘtre, quelque part dans notre pays, est travaillĂ© par lâinspiration, tandis que jâĂ©cris ces lignes, et enferme en lui le secret dâune Ă©poque nouvelle[35]. »
AprĂšs une saison de cinquante-sept reprĂ©sentations triomphales Ă la Scala, lâopĂ©ra est donnĂ©, pour la premiĂšre fois en dehors de l'Italie, au Theater am KĂ€rntnertor de Vienne avec le mĂȘme succĂšs le [36]. Verdi, dont les relations avec la Strepponi sont dĂ©sormais connues rejoint ensuite la cantatrice Ă Parme. Nabucco est programmĂ© au Teatro Regio oĂč Carlo Verdi assiste, le 17, en proie Ă une Ă©motion bien comprĂ©hensible, Ă la premiĂšre des vingt-deux reprĂ©sentations dont deux, dirigĂ©es par le maestro, ont pour spectatrice Marie-Louise d'Autriche, archiduchesse de Parme.
Des Lombardi alla prima crociata à La battaglia di Legnano : les années difficiles
Ce succĂšs est le dĂ©but dâune fulgurante et longue carriĂšre. Les seize annĂ©es qui suivent, durant lesquelles Verdi Ă©crit en moyenne un opĂ©ra par an, sont qualifiĂ©es par le maestro lui-mĂȘme comme ses « annĂ©es de galĂšre », lors desquelles il est contraint de composer frĂ©nĂ©tiquement pour vivre. Toutes les Ćuvres de cette pĂ©riode ne sont pas excellentes, mais toutes sont caractĂ©risĂ©es par une thĂ©ĂątralitĂ© typique de Verdi. Des Lombardi alla prima crociata donnĂ©s Ă la Scala le , Ă La battaglia di Legnano reprĂ©sentĂ©e au Teatro Argentina de Rome le , câest une succession quasi ininterrompue de succĂšs, avec des reprĂ©sentations dans les thĂ©Ăątres de toute lâEurope.
Le musicien qui nâest dĂ©sormais plus le jeune inconnu invoquĂ© par Mazzini passe lâĂ©tĂ© de 1842 Ă Busseto oĂč, le goĂ»t retrouvĂ© pour lâĂ©criture, il entreprend la composition des Lombardi alla prima crociata sur le livret que Temistocle Solera a tirĂ© dâun poĂšme de Tommaso Grossi. Verdi est maintenant tout Ă fait conscient de lâeffet produit sur les Milanais par les thĂšmes patriotiques et les chĆurs vibrants de Nabucco. Et force est de constater qu'il n'hĂ©site pas Ă user de cette « recette », qui ne va pas Ă lâencontre de ses convictions, pour donner au public cette satisfaction que nâoffrent pas les Ćuvres des autres compositeurs. Lâallusion est claire et les autoritĂ©s autrichiennes ne sây trompent pas : la dĂ©livrance de JĂ©rusalem par les Lombards parle aux Milanais le langage de lâindĂ©pendance par rapport Ă la domination des Habsbourg. Mais câest lâĂ©glise, reprĂ©sentĂ©e par lâarchevĂȘque Gaisruck, qui exercera une censure contre laquelle, le compositeur nâayant aucune intention de changer ni la moindre virgule ni la moindre croche, Bartolomeo Merelli doit lutter pied Ă pied pour sauver sa saison. Et câest sur les accents patriotiques du chĆur des croisĂ©s que le public de la Scala acclame encore une fois, le , le compositeur et les chanteurs rappelĂ©s longuement par de vibrants applaudissements. Ă Florence, les rĂ©actions du public de la Pergola sont plus mitigĂ©es et le fiasco de la Fenice Ă Venise nâest finalement quâune parenthĂšse vite refermĂ©e sur la fulgurante carriĂšre qui sâouvre devant le compositeur pour de longues annĂ©es.
Le comte Mocenigo, directeur de la Fenice, ne sây est pas trompĂ©, qui souhaite voir Verdi crĂ©er une nouvelle Ćuvre Ă Venise. Le compositeur est maintenant un homme dâaffaires averti et ce nâest quâaprĂšs dâĂąpres nĂ©gociations que le contrat est signĂ© dans les termes souhaitĂ©s par le maestro. Il Ă©crivait Ă Mocenigo, le :
« Je mettrai en scĂšne I Lombardi, jâĂ©crirai le nouvel opĂ©ra en laissant toute la partition Ă la sociĂ©tĂ© de gestion.
Je ferai écrire le livret à mes frais et la société me versera 12 000 lires autrichiennes.
Ou bien, si on me laisse la propriété de la partition, tout en acceptant les autres conditions, on me versera 6 000 lires autrichiennes[37]. »
Le travail sur le livret qui devait ĂȘtre tirĂ© du drame romantique de Victor Hugo, Hernani, consacre le dĂ©but dâune Ă©troite collaboration et dâune grande amitiĂ© avec le librettiste Francesco Maria Piave. Encore une fois, Verdi doit lutter contre la censure et accepter de supprimer les termes de « vengeance » ou de « sang » pour que soit maintenu le titre original (italianisĂ©) dâErnani contre lâexigence des autoritĂ©s autrichiennes. Il se bat aussi contre la direction de la Fenice pour obtenir des chanteurs capables de faire face aux difficultĂ©s vocales des rĂŽles. Et malgrĂ© les difficultĂ©s, malgrĂ© les contre-temps, malgrĂ© les mauvaises volontĂ©s, la premiĂšre, le est un succĂšs, la seconde un triomphe. Verdi a 30 ans. Ă Venise, Milan, Parme, Florence, Bologne, il est le maĂźtre de la scĂšne lyrique.
AprĂšs une sĂ©rie de reprĂ©sentations Ă Vienne organisĂ©e par Gaetano Donizetti qui assurait alors la direction artistique du KĂ€rntnerthor Theater, Ernani fait en trois ans le tour de la planĂšte : Paris, Rio de Janeiro, Londres, Copenhague, Istanbul, et en comptant les thĂ©Ăątres de la pĂ©ninsule, ce sont plus de deux cent cinquante maisons dâopĂ©ra qui accueilleront lâĆuvre, assurant ainsi Ă Verdi la notoriĂ©tĂ© quâil pouvait attendre en retour dâune vie extĂ©nuante consacrĂ©e autant Ă la course au cachet quâĂ lâĂ©criture.
NotoriĂ©tĂ©, mais aussi double revanche, sociale et Ă©conomique, de ce fils dâaubergiste pauvre aux origines paysannes. Verdi est depuis dĂ©jĂ quelques annĂ©es bien introduit et parfaitement Ă lâaise dans les milieux musicaux et aristocratiques milanais. La comtesse Clara Maffei, dont le salon bruissait des dĂ©sirs et projets dâunification italienne, et qui restera son amie sa vie entiĂšre, le reçoit dĂšs cette Ă©poque. Et câest Ă©galement Ă cette Ă©poque que Verdi commence sa double vie de musicien et de propriĂ©taire terrien. Sa premiĂšre acquisition, Il Pulgaro, est une ferme qui jouxte les terres que son pĂšre louait jusquâĂ la rĂ©siliation du bail par le curĂ© de la Madonna dei Prati lorsque Carlo nâa plus Ă©tĂ© en mesure de faire face Ă cette charge.
MalgrĂ© lâaltĂ©ration de sa santĂ© occasionnĂ©e par la lutte opiniĂątre contre les directeurs de thĂ©Ăątres trop exigeants, le harcĂšlement des Ă©diteurs de musiques rivaux (les Lucca et les Ricordi Ă Milan, les frĂšres Escudier Ă Paris ou Benjamin Lumley Ă Londres) en recherche dâexclusivitĂ©, et surtout par les menaces d'un caractĂšre dĂ©pressif[38], Verdi va encore accĂ©lĂ©rer sa production. Si ses cinq premiers opĂ©ras sont crĂ©Ă©s sur un rythme annuel, les suivants ne seront espacĂ©s que de quelques mois et leur qualitĂ© se ressentira de ces mauvaises conditions.
Le repos forcĂ© quâil prend Ă Busseto lors de lâĂ©tĂ© 1844 nâest pas complĂštement oisif puisquâil y termine la composition de I due Foscari sur un livret inspirĂ© au fidĂšle Piave par un drame du mĂȘme nom de Lord Byron. Ă dĂ©faut dâune Ćuvre transcendante (Verdi lui-mĂȘme la trouvait trop uniforme de couleur[39]), l'opĂ©ra, dĂ©pourvu de contenu politique, est une sombre et belle mĂ©ditation que, curieusement, le public du Teatro Argentina de Rome accueille avec succĂšs le .
LâannĂ©e suivante, Giovanna d'Arco, inĂ©gale mais mĂ©lodiquement surabondante[40], renforce sa cĂ©lĂ©britĂ©. Trois mois aprĂšs I due Foscari, le nouvel opĂ©ra est prĂȘt. Comme pour les premiĂšres Ćuvres milanaises, le livret, inspirĂ© dâun poĂšme de Friedrich von Schiller, est ici Ă©crit par Temistocle Solera. Il est donnĂ© le Ă la Scala oĂč il bĂ©nĂ©ficie du mĂȘme accueil par le public et oĂč il sera reprĂ©sentĂ© dix-sept fois.
La bourse que le Monte di PietĂ e dâAbbondanza de Busseto avait accordĂ©e Ă Verdi, loin dâĂȘtre exceptionnelle, relevait au contraire dâune pratique habituelle dont allait bĂ©nĂ©ficier un autre protĂ©gĂ© du « clan » Barezzi, Emanuele Muzio. De 1844 Ă 1847, envoyĂ© Ă Milan pour y poursuivre des Ă©tudes musicales dĂ©butĂ©es dans lâĂ©cole de Ferdinando Provesi, il est lâĂ©lĂšve de Verdi. Sa correspondance avec Barezzi nous renseigne sur la vie du maestro dans ces annĂ©es prĂ©sentĂ©es par lui-mĂȘme comme des « annĂ©es de galĂšre ». Muzio en parle comme « le plus fĂȘtĂ©, le plus fameux de toute lâEurope, le signor Giuseppe Verdi, lâidole des Milanais » pendant que le musicologue italien Massimo Mila Ă©voque un « Verdi Ă lâombre des jeunes filles en fleur[41] ». Ce qui nâempĂȘche pas Verdi de mener parallĂšlement cette vie de galĂ©rien que lui impose sa phĂ©nomĂ©nale production et ses engagements de plus en plus nombreux. Le jeune Muzio, extrĂȘmement attachĂ© au « Signor Maestro », est alors dâune aide prĂ©cieuse pour le compositeur dont il devient Ă la fois le secrĂ©taire et lâhomme Ă tout faire et dont il restera sa vie durant lâami indĂ©fectible.
Verdi, malade pendant la composition dâAlzira, est lâobjet de tous les soins de la part du jeune Bussetan dont la sollicitude et lâinquiĂ©tude pour lâĂ©tat de santĂ© du maestro ressort des lettres envoyĂ©es Ă Antonio Barezzi. Vincenzo FlaĂčto, impresario du Teatro San Carlo de Naples et commanditaire de lâopĂ©ra, auquel Verdi a demandĂ© un report de la date de crĂ©ation, ne sây laisse pas prendre qui rĂ©pond Ă sa lettre :
« Votre guĂ©rison, vous lâobtiendrez grĂące Ă lâair de Naples et aux conseils que je vous donnerai quand vous serez ici, puisque jâai Ă©tĂ© moi-mĂȘme mĂ©decin et ai renoncĂ© aux impostures de cette profession[42]. »
FlaĂčto connaĂźt les causes de la « maladie » de Verdi : celui-ci redoute en fait plus que tout autre le public de « la grande dame dĂ©chue du mĂ©lodrame italien ». Et en effet, est-ce en raison de la cabale de la presse qui qualifie sa musique de « barbare », de lâopposition des partisans de Saverio Mercadante (directeur du conservatoire de Naples) rĂ©fractaires Ă toute nouveautĂ© et donc Ă la musique romantique, est-ce grĂące Ă lâexcellente prestation des Tadolini, Fraschini et Coletti ou Ă la rĂ©putation qui avait prĂ©cĂ©dĂ© Verdi et Ă lâaccueil enthousiaste rĂ©servĂ© Ă I due Foscari, toujours est-il que la premiĂšre de la mĂ©diocre Alzira au Teatro San Carlo le nâest ni un succĂšs ni un fiasco et câest dĂ©couragĂ© que Verdi quitte Naples aprĂšs la troisiĂšme reprĂ©sentation.
Ă la fin de lâĂ©tĂ© il se rend Ă Busseto oĂč il achĂšte le palazzo Cavalli, lâimposante demeure bourgeoise de lâancien maire, lâune des plus magnifiques de la ville et oĂč il entreprend la composition de lâopĂ©ra commandĂ© pour la Fenice.
Venise nâest pas Naples. Verdi est heureux dây retrouver son ami Francesco Maria Piave, initialement pressenti pour lâĂ©criture du livret dâAttila finalement confiĂ©e Ă Temistocle Solera. Et le public vĂ©nitien se rĂ©jouit Ă lâidĂ©e de revoir lâauteur dâErnani auquel il a fait un accueil triomphal trois ans plus tĂŽt et dont Un giorno di regno, sifflĂ© Ă Milan, connaĂźt ici un succĂšs qui pourrait paraĂźtre inattendu. Le , terrassĂ© par un refroidissement qui lui impose de garder la chambre pendant plus dâun mois il ne peut cependant assister au gala dâouverture de la saison oĂč sont prĂ©sents le tsar et la tsarine de Russie et oĂč lâon donne sa Giovanna d'Arco.
Le , lâaccueil dâAttila est mitigĂ© lors de la premiĂšre mais, Ă la direction de lâorchestre de la Fenice et avec une distribution magnifique, Verdi triomphe lors des reprĂ©sentations suivantes. Ce neuviĂšme opĂ©ra, qui, selon certains, marque un tournant[43], approfondit en rĂ©alitĂ© les thĂšmes les plus intimes de l'Ăąme verdienne, en lui permettant de se dĂ©barrasser des facilitĂ©s :
« Je suis fatiguĂ© de ces fanfares sur la scĂšne. [Elles] nâont plus le prestige de la nouveautĂ©. Et puis des marches, jâen ai dĂ©jĂ fait beaucoup : une guerriĂšre dans Nabucco, une autre solennelle et grave dans Giovanna dâArco, et je nâen ferai jamais de meilleure. Enfin ! ne peut-on faire un opĂ©ra grandiose sans le fracas de la fanfare ? Et Guillaume Tell ? et Robert le Diable ? ne sont-ils pas grandioses ? Et pourtant ils nâont pas de fanfare ! dĂ©sormais la fanfare est un genre provincial [una provincialata] qui nâa plus lieu dâĂȘtre dans les grandes villes[44]. »
Et, en effet, prĂ©figurĂ©es par Nabucco, I due Foscari ou Attila, les Ćuvres de la maturitĂ© ne sont pas loin.
Macbeth, qui marque une vĂ©ritable rĂ©volution dans le thĂ©Ăątre de Verdi et l'opĂ©ra italien, est une Ćuvre si importante et si novatrice que, vingt ans plus tard, Verdi la retouchera sans affecter la gĂ©niale « naĂŻvetĂ© » de la partition originelle[45]. Il y travaille pour la premiĂšre fois le drame pulsionnel des individus plutĂŽt que les sentiments collectifs. Verdi nâest dĂ©jĂ plus dans les meilleurs termes avec Bartolomeo Merelli aussi le compositeur sâattache-t-il Ă convaincre Alessandro Lanari, lâimpresario du Teatro della Pergola afin de voir son opĂ©ra montĂ© Ă Florence plutĂŽt que sur la scĂšne milanaise avec laquelle il ne veut plus avoir affaire. Le livret est confiĂ© Ă Francesco Maria Piave et retravaillĂ© par Andrea Maffei.
Triomphe public pour la premiĂšre, le , rĂ©serve de la critique cependant qui reproche encore au compositeur la « facilitĂ© » de sa musique et de ne pas avoir suffisamment retranscrit la dimension shakespearienne. Câest donc plus le patriote portant, Ă la veille des rĂ©volutions de 1848, les espoirs de libertĂ© du peuple italien qui est fĂȘtĂ© par les Florentins que le compositeur dont le caractĂšre novateur de lâĆuvre nâest pas encore nettement perçu.
Au mois de mai 1847, la partition des masnadieri, commencĂ©e avant celle de Macbeth sur le livret de Maffei, est enfin terminĂ©e. Verdi va peut-ĂȘtre enfin pouvoir rĂ©pondre Ă la sollicitation de Benjamin Lumley qui lui rĂ©clame cette Ćuvre depuis plus dâun an pour Her Majesty's Theatre. AprĂšs un intermĂšde parisien dâun mois, lors duquel il retrouve son amante et future compagne Giuseppina Strepponi installĂ©e dans la capitale française oĂč elle donne des cours de chant, le compositeur se rend, sans enthousiasme et pressĂ© dâen repartir, Ă Londres oĂč lâopĂ©ra est crĂ©Ă© le . La passion sans borne des Londoniens pour le musicien fera passer au second plan les dĂ©fauts dâune Ćuvre qui souffre de lâindigence de son livret, mais qui pour lâheure bĂ©nĂ©ficie des acclamations du public de la premiĂšre. Ni lâovation dĂ©lirante[46] au compositeur adulĂ© plutĂŽt quâĂ lâĆuvre, ni lâaccueil triomphal rĂ©servĂ© Ă Ernani et I due Foscari reprĂ©sentĂ©s Ă Covent Garden ne le retiendront : cinq jours plus tard, il est de nouveau Ă Paris. Il y restera sept mois.
Ă Paris, Verdi se risque pour la premiĂšre fois dans le genre du « grand opĂ©ra », en rĂ©crivant rapidement pour lâOpĂ©ra I Lombardi alla prima crociata jamais reprĂ©sentĂ©s en France. ChantĂ©e en français sur un livret dâAlphonse Royer et Gustave VaĂ«z lâĆuvre remaniĂ©e et rebaptisĂ©e JĂ©rusalem ne connaĂźtra quâun demi-succĂšs. Cette fois câest Ă la mĂ©diocritĂ© des interprĂštes, chĆurs et orchestre compris, que Verdi attribuera la mauvaise rĂ©ception de son opĂ©ra[47], le , par le public de la salle de la rue Le Peletier.
Câest Ă Paris que Verdi Ă©crit, en deux mois, l'inĂ©gale partition d'Il corsaro[48] pour la confier Ă Muzio en fĂ©vrier 1848 Ă lâattention de lâĂ©diteur Francesco Lucca avec lequel un contrat avait Ă©tĂ© signĂ© en 1845, car Ricordi subissait Ă lâĂ©poque le mĂȘme ostracisme que le directeur de la Scala de la part du maestro. La crĂ©ation en est rĂ©servĂ©e au Teatro Grande de Trieste oĂč lâĆuvre est donnĂ©e le en lâabsence de Verdi alors occupĂ©, entre autres, Ă lâĂ©criture de La battaglia di Legnano.
En ce printemps 1848, câest encore de Paris que Verdi suit les Ă©vĂ©nements qui mettent Ă feu et Ă sang Milan, Venise et toute la pĂ©ninsule et qui vont embraser lâEurope. Ses opĂ©ras Ă la rĂ©sonance patriotique sont pour une bonne part Ă lâorigine de ce mouvement rĂ©volutionnaire : heureux Ă Paris auprĂšs de Giuseppina Strepponi, mais attendu par ses amis qui ont fait le coup de feu contre lâoccupant autrichien et par toute une nation dont il est devenu le chantre, le compositeur ne peut dĂ©cemment plus rester Ă lâĂ©cart de cet Ă©vĂ©nement historique. Il arrive Ă Milan le pour se rendre quelques jours plus tard Ă Busseto puis Ă SantâAgata, oĂč il se rend acquĂ©reur dâune propriĂ©tĂ©, et pour reprendre, mi-mai, le chemin vers la France. Ce qui fait dire Ă Pierre Milza :
« ⊠il arrivait aprÚs la bataille et il repartait avant que les soldats de Radetzky eussent réoccupé la ville[49]. »
pour ajouter aussitĂŽt :
« Simplement, Verdi nâavait ni lâĂ©toffe dâun combattant ni la vanitĂ© de se prendre pour un hĂ©ros. Son combat pour la libertĂ© et pour la patrie italienne, il le menait sur la scĂšne. »
affirmant la sincĂ©ritĂ© du maestro qui ressort de la lettre du envoyĂ©e Ă Piave. Câest donc Ă nouveau de Paris que Verdi apprend lâarrestation de nombre de ses amis ou leur exil forcĂ© par la rĂ©pression autrichienne. Clara Maffei et Carlo Tenca sont maintenant des fuorusciti, des rĂ©fugiĂ©s politiques en Suisse.
LâĂ©tĂ© 1848 vĂ©cu Ă Passy, dans une atmosphĂšre que lâon retrouvera dans le deuxiĂšme acte de La traviata, marque un tournant dans la vie de Verdi qui dĂ©cide de faire de Giuseppina Strepponi, alias « Peppina », sa compagne. En attendant lâĂ©criture du livret de La battaglia di Legnano par Salvatore Cammarano, et pour rĂ©pondre Ă la promesse faite Ă Giuseppe Mazzini, il Ă©crit la musique de Suona la tromba (Sonne la trompette) sur un poĂšme de Goffredo Mameli quâil envoie le au fondateur de la Giovine Italia avec ces mots dĂ©notant son engagement patriotique :
« Puisse cet hymne ĂȘtre bientĂŽt chantĂ© dans les plaines lombardes, au son du canon[50]. »
Pendant quâil compose Ă Paris son nouvel opĂ©ra sur un sujet historique tellement proche de la situation contemporaine : la lutte de la Ligue lombarde contre lâempereur germanique FrĂ©dĂ©ric Barberousse, se dĂ©roulent en Italie les Ă©vĂ©nements qui seront suivis dâun armistice qui ne fera pas rendre les armes aux rĂ©volutionnaires. Radetzky saisira lâoccasion de la rupture de cette trĂȘve pour Ă©craser, le , lâarmĂ©e piĂ©montaise et aprĂšs deux mois de lutte acharnĂ©e les Autrichiens finiront par venir Ă bout, le , de la rĂ©sistance du royaume lombard-vĂ©nitien. De son cĂŽtĂ©, Louis NapolĂ©on fait reprendre Rome, le , par les troupes dâOudinot pour permettre le retour de Pie IX dans les Ătats de l'Ăglise quâil avait fuis : ce sera la fin de lâĂ©phĂ©mĂšre rĂ©publique romaine.
Mais le , lors de la premiĂšre de La battaglia di Legnano au Teatro Argentina, Rome nâest pas encore perdue et câest dans une atmosphĂšre de dĂ©lire quasiment hystĂ©rique que sont accueillis lâĆuvre et le maestro par un public mis en transe par les airs patriotiques. Verdi est vĂ©ritablement ce soir-lĂ devenu aux yeux du peuple italien lâincarnation des idĂ©aux du Risorgimento et il en prend la pleine mesure.
Le retour Ă Busseto : Luisa Miller, Ćuvre de transition
DĂšs le , Verdi est de nouveau Ă Paris oĂč il retrouve Giuseppina Strepponi. Il a trente-cinq ans, il est amoureux, ce qui ne lâempĂȘche pas de rester un homme dâaffaires intransigeant : estimant que les clauses nâen sont pas respectĂ©es par lâOpĂ©ra, il va mettre fin au contrat qui le lie Ă lâĂ©tablissement parisien. Il se prĂ©occupe aussi de la carriĂšre de ses Ćuvres sur les scĂšnes du monde entier oĂč elles sont maintenant produites. Mais Ă©galement de lâĂ©criture des prochaines : il lui faut en effet honorer le contrat en cours avec Naples. Salvatore Cammarano lui a envoyĂ© au mois de mai la trame du nouveau programme pour le Teatro San Carlo et il commence Ă travailler sur le spartito[51] de ce qui deviendra, Ă partir du drame de Friedrich von Schiller Kabale und Liebe, Luisa Miller.
Mais il a, certainement depuis mĂȘme avant le retour Ă Paris, lâintention de sâinstaller en Italie oĂč il pourra mieux sâoccuper de ses affaires, musicales comme fonciĂšres. Lâintention prĂ©cisĂ©ment de sâinstaller avec Peppina au palazzo Cavalli quâil a acquis lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente. Le maestro et son amie quittent Passy pour Busseto en , non sans apprĂ©hension car ils allaient devoir faire face aux prĂ©jugĂ©s conformistes de la petite ville. Et de fait ils vont passer les mois dâĂ©tĂ© Ă travailler sans contact avec la population bussĂ©tane pour en Ă©viter la malveillance qui ne manque pas de se faire jour. La partition du nouvel opĂ©ra est prĂȘte dĂšs la fin septembre et Verdi se rend Ă Naples dĂ©but octobre pour un sĂ©jour de deux mois oĂč il va dĂ©couvrir la Campanie en compagnie de son beau-pĂšre Antonio Barezzi. Luisa Miller est donnĂ©e au San Carlo le : la premiĂšre est un peu tiĂšde, le public napolitain Ă©tant un peu dĂ©concertĂ© par la nouveautĂ© de l'ouvrage, mais dĂšs la seconde le succĂšs ne cessera de croĂźtre.
Au terme de ces « annĂ©es de galĂšre », Luisa Miller marque en effet un moment fondamental dans lâĂ©volution stylistique de Verdi : sa pensĂ©e musicale se fait plus raffinĂ©e et sa dramaturgie sâoriente vers une recherche approfondie et subtile de la psychologie des personnages toujours plus liĂ©e Ă la dimension bourgeoise et plus Ă©loignĂ©e des prĂ©occupations patriotiques exprimĂ©es Ă grand renfort dâĂ©clatantes manifestations collectives[52]. Mais ce qui occasionne le trouble du public napolitain se situe dans le continuum musical, et dans lâimportance accordĂ©e au sens des mots plutĂŽt quâĂ leur son. Verdi est ici en accord avec Richard Wagner quant au rapport nouveau entre le livret et la partition.
La commande suivante est un opĂ©ra pour Trieste. Verdi est tentĂ© par plusieurs propositions dâadaptations (Marion Delorme et Ruy Blas de Victor Hugo, La TempĂȘte et Hamlet de Shakespeare, CaĂŻn de Lord Byron, PhĂšdre de Racine, Atala de Chateaubriand). Il aimerait surtout se consacrer enfin au Re Lear quâil porte depuis si longtemps en lui[53]. Face aux difficultĂ©s, il se rĂ©sout provisoirement Ă Ă©crire la musique de Stiffelio sur lâadaptation par son ami Francesco Maria Piave dâune piĂšce dâĂmile Souvestre et EugĂšne Bourgeois, drame bourgeois qui raconte lâhistoire dâune Ă©pouse adultĂšre pardonnĂ©e par son pasteur de mari : lâopĂ©ra Ă©tait dĂ©jĂ vendu par Ricordi au Teatro Grande. AprĂšs le passage hargneux des ciseaux de la censure, lâĆuvre est prĂ©sentĂ©e au public triestain le , dĂ©figurĂ©e, « chĂątrĂ©e » selon les propres termes de Verdi[54]. Stiffelio rencontre malgrĂ© cela un succĂšs qui le fait rĂ©clamer sur plusieurs scĂšnes dont la Scala. AprĂšs le dĂ©part de Bartolomeo Merelli, Verdi Ă©tait prĂȘt Ă revenir sur la scĂšne milanaise, sâil nây avait constatĂ© de nouvelles coupes Ă Gerusalemme et aux Lombardi : la rĂ©conciliation entre Verdi et Milan nâĂ©tait pas pour tout de suite[55].
Rigoletto, Il trovatore et La traviata : la trilogie populaire
Câest la rĂ©alisation de la pleine maturitĂ©, confirmĂ©e par les trois titres de la « trilogie populaire », un triptyque dâopĂ©ras aux sujets extrĂȘmement diffĂ©rents mais Ă©galement aimĂ©s du public : Rigoletto (La Fenice Venise, 1851), Il trovatore (Teatro Apollo Rome, 1853) et La traviata (La Fenice Venise, 1853), trois mĂ©lodrames destinĂ©s Ă un succĂšs jamais dĂ©menti malgrĂ© les dĂ©buts difficiles de La traviata.
Verdi avait envisagĂ© dĂšs la fin 1849 dâĂ©crire Ă nouveau, pour la Fenice, sur une Ćuvre de Victor Hugo. Refus de Cammarano qui redoute non sans raison la censure napolitaine : les ciseaux de la Monarchie de Juillet ont en effet interdit la production, sur les scĂšnes parisiennes, du Roi sâamuse qui dĂ©crit sans dĂ©tour la vie dissolue Ă la cour du Roi de France, avec au centre le libertinage de François Ier. Le compositeur sâadresse donc une nouvelle fois Ă Piave en le persuadant quâil tient là « lâune des plus grandes crĂ©ations du thĂ©Ăątre moderne », ce qui en dit long sur l'implication affective du compositeur[56]. Croyant se jouer ainsi des censeurs vĂ©nitiens, Verdi change le titre initial pour La maledizione. Ceux-ci ne sont bien sĂ»r pas dupes et qualifient le livret de « rĂ©pugnante immoralitĂ© » et de « trivialitĂ© obscĂšne ». La crainte de voir sa saison ruinĂ©e, Verdi menaçant de ne pas composer sur un nouveau livret avant le Carnaval, conduit Carlo Marzari, le directeur de la Fenice Ă intervenir auprĂšs du directeur central de lâordre public Luigi Martello. Verdi accepte finalement le compromis proposĂ© de transfĂ©rer lâaction Ă la cour de Mantoue et de remplacer le roi de France par le duc et sâengage Ă respecter « les exigences de la dĂ©cence en scĂšne ». Le titre de Rigoletto est enfin substituĂ© Ă celui de La maledizione.
La partition terminĂ©e, Verdi se rend en fĂ©vrier Ă Venise oĂč lâĆuvre est donnĂ©e le . Accueilli par les ovations du public, Rigoletto commence alors Ă la Fenice une carriĂšre dont le succĂšs Ă©clatant sur toutes les scĂšnes internationales ne sâest jamais dĂ©menti. Au sortir de la reprĂ©sentation, La donna Ăš mobile, lâair du duc de Mantoue, est sur toutes les lĂšvres. La critique en revanche, qui qualifie lâĆuvre de « maudite » (L'Italia musicale), dâ « opĂ©ra le plus faible du signor Verdi » (le Times)[57] ne rĂ©alise pas que Verdi a prĂ©sentĂ© lĂ une de ses Ćuvres les plus accomplies.
Au dĂ©but de 1850, peu aprĂšs Luisa Miller, Verdi avait demandĂ© Ă Cammarano dâĂ©crire un livret sur El Trovador (Le TrouvĂšre) du dramaturge espagnol Antonio GarcĂa GutiĂ©rrez dont il admire la force thĂ©Ăątrale. Mais pas plus Cammarano que la direction du San Carlo ne semblent convaincus de lâintĂ©rĂȘt de crĂ©er cet opĂ©ra qui ne manquerait pas dâattirer Ă nouveau les foudres de la censure sur lâĂ©tablissement napolitain. Verdi propose alors lâĆuvre Ă Vincenzo Jacovacci, lâimpresario du Teatro Apollo de Rome. La mort de Cammarano en interrompt lâĂ©criture du livret. MalgrĂ© sa tristesse, Verdi est trop avancĂ© dans le projet pour y renoncer : il sollicite Leone Emanuele Bardare, jeune artiste parthĂ©nopĂ©en et ami de Cammarano pour terminer le texte.
La douleur occasionnĂ©e par la perte de sa mĂšre en , suivie par la disparition de Cammarano, auxquelles viennent s'ajouter des soucis financiers liĂ©s Ă la crise que traverse le milieu du spectacle en ces temps rĂ©volutionnaires mais aussi la vie difficile au sein dâune population hostile qui nâaccepte pas sa liaison « scandaleuse » avec la Strepponi, ne sont certainement pas Ă©trangers aux pĂ©nibles troubles gastriques (frĂ©quents chez lui) et Ă une laryngite persistante dont souffre alors Verdi.
Sâil est en mesure de faire face pendant lâĂ©criture de son trovatore, tel nâest pas le cas lorsquâil doit participer aux rĂ©pĂ©titions Ă Rome au dĂ©but de lâannĂ©e : lâĆuvre est particuliĂšrement difficile et exigeante pour les voix, et la mĂ©diocritĂ© des chanteurs mis Ă sa disposition par le thĂ©Ăątre ne peuvent que faire sombrer Verdi dans une terrible angoisse. Le compositeur demande ici aux voix dâaller Ă la rencontre de la particularitĂ© des personnages ce qui reprĂ©sente des performances inhabituelles et qui sera Ă la source, par exemple, de ce que lâon nommera par la suite le « baryton verdien ». InquiĂ©tude qui se rĂ©vĂ©lera finalement infondĂ©e puisque, le , le public du Teatro Apollo ovationne une nouvelle fois le maestro et son Ćuvre. L'action en est complexe, mais, comme l'a si bien pressenti G. B. Shaw[58], l'Ćuvre, qu'irriguent « une puissance tragique, une mĂ©lancolie poignante, une vigueur impĂ©tueuse et un pathĂ©tisme Ă la fois intense et doux »[59], s'adresse « aux instincts et aux sens » et ne peut ĂȘtre comprise que comme un long rĂȘve Ă©veillĂ©, avec ses incohĂ©rences apparentes et ses fulgurations d'outre-monde. Dans toute la pĂ©ninsule, en Angleterre, en France, en Russie, la carriĂšre du trovatore est partout triomphale. Peut-ĂȘtre est-ce lĂ lâĆuvre dâun gĂ©nie dont les angoisses ont Ă©tĂ© adoucies par la tendresse dâune traviata aimante ?
Lors dâun nouveau sĂ©jour Ă Paris, Verdi assiste avec Peppina au dĂ©but de 1852 Ă une reprĂ©sentation de La Dame aux camĂ©lias dâAlexandre Dumas fils. Pour le compositeur, le parallĂšle est inĂ©vitable entre la vie de « dĂ©voyĂ©e » de lâhĂ©roĂŻne Marguerite Gautier et celle de Giuseppina qui, dans la pĂ©riode prĂ©cĂ©dant sa rencontre avec Verdi avait vĂ©cu comme une « traviata ». La comparaison entre le pĂšre d'Armand Duval (Germont dans l'opĂ©ra) et Barezzi, son pĂšre adoptif, ne sera pas moins perceptible dans l'opĂ©ra. Lorsqu'en octobre de la mĂȘme annĂ©e Carlo Marzari, le directeur de la Fenice, presse le maestro de respecter le contrat signĂ© au printemps, Verdi se dĂ©cide pour cette adaptation Ă laquelle il travaille avec Piave.
Il considĂšre que le sujet est parfaitement situĂ© dans le Paris du Second Empire et nâadmet pas la dĂ©cision de la direction de la Fenice de dĂ©caler lâaction et de la faire reprĂ©senter en costumes du XVIIe siĂšcle. Verdi sent dâautant plus le fiasco arriver quâil ne rĂ©ussit pas Ă avoir la soprano quâil souhaite pour le rĂŽle de Violetta : « une personnalitĂ© Ă©lĂ©gante, jeune, capable de chanter avec passion »[60]. Le , si la musique de Verdi est acclamĂ©e dans le prologue, il nâen va pas de mĂȘme pour la suite et aprĂšs rires et sifflets, la reprĂ©sentation se termine sous les huĂ©es du public. Les puritains ont rĂ©ussi Ă dĂ©voyer la puretĂ© de ce drame intimiste, Ă l'Ă©criture raffinĂ©e, oĂč le pessimisme verdien face au monde social s'accroĂźt singuliĂšrement[61].
Ce nâest que lors de la reprise en 1854 que La traviata triomphe Ă Venise. Depuis lors ce succĂšs ne sâest jamais dĂ©menti. Pourtant, la satisfaction de Verdi ne sera jamais complĂšte : lâopĂ©ra ne sera reprĂ©sentĂ© dans une mise en scĂšne contemporaine quâen 1906, cinq ans aprĂšs sa mort.
Lâinstallation Ă SantâAgata : des VĂȘpres siciliennes Ă Un ballo in maschera
Verdi a installĂ© ses parents sur le domaine dont il avait fait lâacquisition, Ă son retour de Paris en 1848, Ă SantâAgata, le hameau des origines de sa famille paternelle. Or, Carlo Verdi nâadmet pas la cohabitation hors mariage, considĂ©rĂ©e en soi comme scandaleuse au XIXe siĂšcle, de son fils avec une femme, au passĂ© de traviata qui plus est. Son attitude hostile achĂšve de dĂ©grader les rapports qui nâĂ©taient dĂ©jĂ pas des meilleurs entre le pĂšre et le fils, et Verdi se dĂ©cide Ă demander Ă ses parents de quitter son toit.
Au printemps de 1851, la vie Ă Busseto devenant par trop Ă©touffante, le compositeur sâinstalle Ă SantâAgata avec Giuseppina (quâil nâĂ©pousera quâen 1859). La disparition de Luigia dans cette circonstance est alors une source de remords pour Verdi, ajoutant Ă la dĂ©chirure de la perte de cette mĂšre aimante. La tendresse de Peppina et la prĂ©sence affectueuse de ses deux amis, Emanuele Muzio son ancien Ă©lĂšve et le librettiste Francesco Maria Piave, se rĂ©vĂ©leront nĂ©cessaires pour lui permettre de sortir de son dĂ©sespoir et de poursuivre la composition des deux derniers opĂ©ras de la « trilogie », les deux premiĂšres Ćuvres composĂ©es Ă SantâAgata.
Ă son retour de Venise au printemps 1853, Verdi se penche Ă nouveau sur le projet du Re Lear. AprĂšs avoir rĂ©cupĂ©rĂ©, par lâentremise de son ami napolitain Cesare De Sanctis, le synopsis quâil avait envoyĂ© Ă Salvatore Cammarano en 1850, il le propose Ă Antonio Somma, un dramaturge dont il a fait la connaissance Ă Venise. MalgrĂ© un livret bien avancĂ©, encore une fois, le maestro laisse lâouvrage de cĂŽtĂ© pour se consacrer Ă une autre commande.
La « grande boutique », comme lâappelle Verdi a, selon lui, « assassinĂ© » Luisa Miller et JĂ©rusalem[62]. Or, lâOpĂ©ra du Paris haussmannien est avec La Scala le temple incontournable de lâart lyrique et Nestor Roqueplan a, en 1852, passĂ© commande Ă Verdi dâun nouvel ouvrage, qui doit ĂȘtre obligatoirement Ă©crit sur un livret produit par EugĂšne Scribe, le dramaturge attachĂ© au thĂ©Ăątre, et livrĂ© pour ĂȘtre reprĂ©sentĂ© Ă lâoccasion de lâExposition universelle de 1855. Renonçant Ă cause dâune Ă©pidĂ©mie de cholĂ©ra Ă un sĂ©jour hivernal Ă Naples qui devait lui permettre dâĂ©chapper Ă la morositĂ© dâun hiver en tĂȘte Ă tĂȘte avec Peppina, qui sâadapte difficilement Ă SantâAgata et au climat humide de la Bassa padana, Verdi dĂ©cide de poursuivre dĂšs le mois dâoctobre 1853 la composition des VĂȘpres siciliennes Ă Paris, pour le plus grand bonheur de la Strepponi.
Mais Verdi nâaime pas le livret et il se saisit du moindre prĂ©texte pour essayer de se dĂ©gager de ce contrat : la fugue sentimentale de la soprano Sophie Cruvelli, la mauvaise production de « lâusine Ă livrets » de Scribe, mais surtout, les « graves offenses Ă lâĂ©gard du peuple italien »[63] qui ressortent du texte relatant le massacre Ă Palerme des troupes dâoccupation angevines par les insurgĂ©s siciliens. François-Louis Crosnier qui a succĂ©dĂ© Ă Nestor Roqueplan Ă la direction de lâOpĂ©ra doit dĂ©ployer des trĂ©sors de diplomatie pour convaincre Verdi que le contexte international des relations nouvelles entre la France et le royaume de PiĂ©mont-Sardaigne et de la guerre de CrimĂ©e dans laquelle les deux nations (rejointes par lâAngleterre) sont engagĂ©es cĂŽte Ă cĂŽte exclut le risque dâune manifestation dâitalophobie.
LâopĂ©ra est finalement crĂ©Ă© le rue Le Peletier : le prestige de lâExposition universelle est sauf au grand soulagement du gouvernement impĂ©rial. La rĂ©ception tant par le public que par la critique est plutĂŽt rĂ©servĂ©e. Seul Hector Berlioz, si rarement tendre avec ses contemporains, dans La France musicale voit dans Les VĂȘpres « une empreinte de grandeur, une sorte de majestĂ© souveraine »[64].
Verdi et Peppina ne sont pas pressĂ©s de quitter Paris oĂč ils resteront encore six mois avec un intermĂšde thermal Ă Enghien-les-Bains. Ils ne regagnent SantâAgata que pour y passer lâhiver et le printemps 1855-1856. MalgrĂ© des conditions de vie nettement plus faciles (le maestro nâa plus besoin de courir le cachet; Giuseppina est maintenant acceptĂ©e par les notables de la rĂ©gion comme la moglie (l'Ă©pouse) du compositeur; Verdi est devenu le propriĂ©taire foncier le plus important de SantâAgata avec lâacquisition de huit fermes; il est fait chevalier de lâordre des Saints-Maurice-et-Lazare par Victor-Emmanuel), lâĂ©tat de santĂ© du musicien est encore mauvais. Ses maux dâestomac sont sans doute Ă mettre sur le compte de lâobligation de lâĂ©criture quasi simultanĂ©e de deux autres opĂ©ras qui devaient ĂȘtre produits en mars et en aoĂ»t 1857 mais aussi des prĂ©occupations liĂ©es Ă la surveillance de son patrimoine musical.
Retour Ă Paris au milieu de lâĂ©tĂ©, nouvelle cure Ă Enghien, sĂ©jour Ă la rĂ©sidence impĂ©riale de CompiĂšgne Ă lâinvitation de NapolĂ©on III, nouveau contrat avec « la grande boutique ». Il sâagit cette fois dâadapter pour la scĂšne parisienne Il trovatore qui sera crĂ©Ă© Ă lâOpĂ©ra le sous le titre du TrouvĂšre et obtiendra un formidable succĂšs, tant public que critique[65]. Il sâagit aussi de protĂ©ger ses Ćuvres contre les plagiats et autres pirateries dont elles faisaient lâobjet et notamment de rĂ©gler le contentieux qui opposait Verdi Ă Toribio Calzado, le directeur du thĂ©Ăątre des Italiens. Sâil obtient gain de cause pour La traviata et Rigoletto, il est dĂ©boutĂ© pour Il trovatore, lâimpresario ayant utilisĂ© non la partition de Ricordi mais des copies rĂ©alisĂ©es en Espagne. Le , la soprano Marietta Piccolomini est Ă Paris et chante pour la premiĂšre reprĂ©sentation de l'opĂ©ra de Verdi, La Traviata, au ThĂ©Ăątre italien de Paris. L'impĂ©ratrice EugĂ©nie, n'ayant pu assister Ă ce spectacle saluĂ© par les critiques et le public, ordonna Ă Toribio Calzado, directeur du thĂ©Ăątre italien, de donner une reprĂ©sentation supplĂ©mentaire pour elle et son mari, NapolĂ©on III[66].
Mais lâheure est Ă la crĂ©ation de Simon Boccanegra. Mi-, Verdi est Ă Venise pour les rĂ©pĂ©titions de son nouvel opĂ©ra. Le la reprĂ©sentation Ă la Fenice est catastrophique :
« Jâai eu Ă Venise un fiasco aussi grand que celui de La traviata. Je croyais avoir fait quelque chose de passable, mais il semble que je me sois trompĂ©[67]. »
Pourtant lâargument est politique, la musique est belle et les interprĂštes, chanteurs, chĆurs et orchestre furent Ă la hauteur. Mais nous sommes Ă Venise et les VĂ©nitiens sont historiquement en lutte contre les GĂ©nois dans la conquĂȘte de la suprĂ©matie sur le commerce maritime : Venise boude tout simplement le sujet qui Ă©voque la conjuration de Fiesco contre Simon Boccanegra, le premier Doge de GĂȘnes. Le succĂšs rencontrĂ© par Simon dans les autres villes, notamment Ă Reggio d'Ămilie confirme si besoin Ă©tait que la composition de Verdi nâest effectivement pas en cause dans ce qui ressemble plus Ă une cabale quâĂ une critique musicalement justifiĂ©e. De fait, dans sa rĂ©vision de 1881, l'ouvrage nous paraĂźt aujourdâhui l'un des plus grands et des plus profonds de Verdi[68].
Verdi ne porte pas dans son cĆur les frĂšres Ercole et Luciano Marzi, impresarios notamment de la Fenice de Venise, du Teatro Grande de Trieste et du thĂ©Ăątre de Reggio d'Ămilie. Mais un contrat est un contrat et les directeurs du Teatro Nuovo Comunale de Rimini mettent Ă la disposition du maestro les chanteurs quâil souhaite et, surtout, la direction de lâorchestre est confiĂ©e Ă Angelo Mariani, lâun des meilleurs chefs italiens de lâĂ©poque â qui deviendra lâun des plus grands amis de Verdi, avant que les deux hommes ne se brouillent.
Le compositeur a donc acceptĂ© dĂšs la fin de 1855 de reprendre son Stiffelio et, avec lâaide du fidĂšle Piave, il sâattelle au remaniement du livret qui passera ainsi plus facilement lâĂ©preuve de la censure de cette ville sous autoritĂ© pontificale et sâadaptera mieux au goĂ»t du public. Un important travail de rĂ©Ă©criture musicale avec notamment lâadjonction dâun quatriĂšme acte finira de transformer Stiffelio en un Aroldo plutĂŽt dĂ©cevant.
AprĂšs une annĂ©e de labeur interrompu par Boccanegra et Le TrouvĂšre parisien, les rĂ©pĂ©titions peuvent enfin dĂ©buter dont Mariani se partage la direction avec Verdi pendant que celui-ci fait travailler les chanteurs. Le , le Teatro Nuovo Comunale de Rimini est inaugurĂ© avec Aroldo. Lâaccueil est triomphal : applaudissements aprĂšs chaque numĂ©ro, vingt-sept rappels pour le compositeur et son librettiste, raccompagnement de Verdi Ă son hĂŽtel Ă la lueur des flambeaux[69]. Reggio d'Ămilie, Rimini, le « cigno di Busseto » est prophĂšte en son pays.
« Je pose en outre la question suivante ; les éléments suivants de mon drame subsistent-ils, oui ou non, dans la version censurée :
Le titre ? Non
Le poĂšte ? Non
La période ? Non
Le cadre ? Non
Les personnages ? Non
Les situations ? Non
Le tirage au sort ? Non
Le bal ? Non
Un musicien qui se respecte et qui respecte son Art ne peut ni ne doit se dĂ©shonorer en acceptant [âŠ] de telles monstruositĂ©s qui violent les principes les plus fondamentaux de lâart dramatique et avilissent la conscience de lâartiste[70] »
LâopĂ©ra composĂ© sur le thĂšme de lâassassinat de Gustave III de SuĂšde lors dâun bal masquĂ©, qui avait dĂ©jĂ inspirĂ© le drame Ă©crit par EugĂšne Scribe pour lâopĂ©ra de Daniel-François-Esprit Auber, choisi par Verdi pour honorer le contrat conclu avec lâadministration du Teatro San Carlo en 1856 et devenu sous la plume dâAntonio Somma Una vendetta in domino, ne sera pas montĂ© Ă Naples.
AprĂšs avoir rejetĂ© lâidĂ©e dâune adaptation de Ruy Blas, le premier choix de Verdi sâĂ©tait une nouvelle fois portĂ© sur le Re Lear dont lâidĂ©e ne le quittait pas. La direction du San Carlo nâĂ©tant pas en mesure de fournir les seuls chanteurs susceptibles pour Verdi de tenir les rĂŽles de Lear et Cordelia, le compositeur remplace finalement cette proposition par celle dâUn ballo in maschera. Alors quâil est Ă Naples en janvier 1858, prĂȘt Ă commencer les rĂ©pĂ©titions, Verdi connaĂźt, selon ses propres termes[71], une vĂ©ritable descente aux enfers : lâimposition par la censure bourbonienne dâun livret complĂštement mutilĂ©, plus de trois mois aprĂšs avoir proposĂ© son projet dĂ©jĂ modifiĂ© pour complaire Ă lâadministration. Vendetta in domino, rendu mĂ©connaissable sous lâeffet des coups de ciseaux rageurs dâun fonctionnaire zĂ©lĂ©, est devenu Adeglia degli Ademari. Rien ne subsiste, non seulement du titre, mais de la pĂ©riode, des personnages, des situations. Verdi demande aux juges dâapprĂ©cier la mutilation rendant le contrat caduc et obtient gain de cause : il peut reprendre son Ćuvre ; il devra en compensation accepter de monter Simon Boccanegra Ă lâautomne pour la scĂšne napolitaine. La reprĂ©sentation de Simon donnĂ©e en novembre 1858 est un triomphe : belle revanche pour Verdi.
Entre-temps, le maestro est entrĂ© en contact avec Vincenzo Jacovacci, lâimpresario romain ravi de voir une nouvelle Ćuvre de Verdi Ă lâaffiche du Teatro Apollo. RetournĂ© Ă SantâAgata, le compositeur travaille avec Somma Ă la rĂ©vision du livret dans le sens souhaitĂ© par les censeurs de lâadministration pontificale. Lâaction de Vendetta in domino, qui devient finalement Un ballo in maschera, se trouve transposĂ©e Ă Boston et Gustave III est remplacĂ© par le comte de Warwick. Les exigences sont moindres et ne portent que sur une soixantaine de vers. Le lâopĂ©ra â le plus mozartien de Verdi, qui marque une nouvelle Ă©tape dans sa conquĂȘte de la « fusion des genres » â est donnĂ© Ă guichets fermĂ©s et obtient les acclamations dĂ©lirantes du public. Les places des reprĂ©sentations suivantes atteignent des prix faramineux. Tous les soirs, Verdi est rappelĂ© longuement aux cris de :
« Viva V.E.R.D.I[72].! »
Ce rappel n'était pas qu'un hommage à l'auteur : il constituait aussi, pour un peuple qui ne pouvait pas par des voies officielles et ouvertes clamer son patriotisme, l'occasion d'exprimer un souhait politique : « Victor-Emmanuel Roi d'Italie ».
La députation à Turin, La forza del destino à Saint-Petersbourg et l'Inno delle nazioni à Londres
« J'ai adorĂ© cet art, et je l'adore toujours ; quand tout seul, je me dĂ©bats avec mes notes, mon cĆur bat, les larmes me coulent des yeux, mes Ă©motions et mes joies passent toute description[73]. »
Cet aveu Ă Francesco Maria Piave survient Ă un moment oĂč, paradoxalement, Verdi semble songer Ă abandonner la composition. Il vient de rĂ©gulariser sa liaison avec Giuseppina [74]. Peut-ĂȘtre parce que les fonctions officielles qui l'attendent nĂ©cessitent cette aura de respectabilitĂ©. Pendant les deux annĂ©es qui suivent la crĂ©ation du Ballo in maschera, les prĂ©occupations du Bussetan ne sont pas musicales. En cette pĂ©riode oĂč la deuxiĂšme guerre d'indĂ©pendance va conduire Ă l'aboutissement du processus d'unification, Verdi va accepter la charge de reprĂ©senter ses concitoyens Ă l'assemblĂ©e des provinces de Parme puis, plus sur l'insistance de Camillo Cavour [75] que par rĂ©elle conviction, la dĂ©putation au Parlement de Turin. Pas plus la demande de Vincenzo Jacovacci d'un nouvel opĂ©ra pour Rome (« La boutique est fermĂ©e » et il n'a « aucun dĂ©sir de la rouvrir ») que les sollicitations qu'il reçoit pour composer alors un hymne Ă la nation, dont l'unitĂ© n'est pas encore entiĂšrement rĂ©alisĂ©e, ne l'amĂšnent Ă reprendre sa plume. Ă cĂŽtĂ© de la politique, une autre de ses prĂ©occupations, l'embellissement de la villa de Sant'Agata, dont le coĂ»t des travaux se rajoute aux charges de son mandat, est peut-ĂȘtre ce qui le dĂ©cide finalement Ă accepter une nouvelle proposition.
Elle Ă©mane cette fois du thĂ©Ăątre impĂ©rial de Saint-PĂ©tersbourg. Et c'est une Ćuvre de l'espagnol Ăngel de Saavedra, Don Alvaro o la Fuerza de sino (« Don Alvaro ou la force du destin »), qui est choisie dĂšs le mois de juin 1860 par le maestro. L'adaptation en est confiĂ©e une fois encore Ă son ami Piave. Le , Verdi et Peppina se rendent dans la capitale de l'Empire russe oĂč la fastueuse architecture italianisante de Rastrelli et le chauffage admirable des palais cachent aux yeux de Verdi, trop absorbĂ© par son opĂ©ra, la condition misĂ©rable des classes ouvriĂšres, qui n'Ă©chappe cependant pas Ă Peppina, choquĂ©e par la situation de ces populations Ă peine sorties du servage. Ă l'inverse de Giovanni Paisiello ou de Domenico Cimarosa qui, comme tant d'autres artistes italiens, l'y ont prĂ©cĂ©dĂ© mais qui, en qualitĂ© de maĂźtre de chapelle de la Grande Catherine, occupaient une position subalterne, Verdi, aurĂ©olĂ© de sa gloire et de sa qualitĂ© de reprĂ©sentant de la nation italienne, est traitĂ© en ambassadeur.
AprĂšs plusieurs semaines de rĂ©pĂ©titions, Emma La Grua, la soprano choisie pour le rĂŽle de Leonora tombe malade et Verdi demande l'annulation du contrat dont la qualitĂ© des chanteurs est l'un des Ă©lĂ©ments essentiels. Finalement, la crĂ©ation de l'opĂ©ra est simplement reportĂ©e Ă la saison suivante. La premiĂšre de La forza del destino est donnĂ©e le avec Caroline Barbot, trĂšs applaudie, comme l'ensemble des chanteurs. Verdi, sans recevoir un accueil aussi dĂ©lirant que ceux auxquels il est maintenant habituĂ©, est ovationnĂ©. Pourtant la critique se montre rĂ©servĂ©e, qui estime que le maestro a « fait du Meyerbeer » en voulant se rapprocher du style « grand opĂ©ra ». Qu'importe : les rĂ©ceptions dans les palais de l'aristocratie pĂ©tersbourgeoise sont agrĂ©ables et la somme encaissĂ©e considĂ©rable. Ă l'issue de la quatriĂšme reprĂ©sentation, Verdi est reçu dans la loge du couple impĂ©rial. Il a un long entretien avec Alexandre II qui le dĂ©core, quelques jours plus tard, de l'ordre de Saint-Stanislas[76]. Verdi quitte Saint-PĂ©tersbourg riche d'une Ćuvre pleine d'innovations[77] et d'une nouvelle consĂ©cration.
Entre les deux sĂ©jours Ă Saint-PĂ©tersbourg, Verdi, alors Ă Paris, compose la cantate qui lui est commandĂ©e pour l'Exposition universelle de Londres. C'est l'occasion de sa premiĂšre rencontre avec un jeune poĂšte de vingt ans, Arrigo Boito, qui lui est envoyĂ© par Clara Maffei. Fort de sa recommandation et dĂ©jĂ assurĂ© d'une certaine notoriĂ©tĂ© dans le domaine musical et littĂ©raire (il est notamment l'auteur d'une cantate, Le sorelle d'Italia), il se voit chargĂ© par Verdi de l'Ă©criture du texte de l'Inno delle nazioni. En raison des obstacles crĂ©Ă©s par Michele Costa, le directeur napolitain de Covent Garden, prĂ©textant un soi-disant retard dans la livraison de l'Ćuvre et un non-respect de la forme exigĂ©e (exclusivement instrumentale), l'hymne n'est pas jouĂ© lors de l'inauguration de l'Exposition. Le la cantate est donnĂ©e au Her Majesty's Theatre avec 260 choristes, la soprano Therese Tietjens et sous la direction de Luigi Arditi. Verdi tient sa revanche, acclamĂ© par le public outrĂ© de l'affront infligĂ© par le ComitĂ© au maestro pour lequel il s'agissait lĂ d'un vĂ©ritable outrage Ă la nation italienne. Plus qu'une revanche, puisque cet esclandre a procurĂ© Ă sa cantate une publicitĂ© inespĂ©rĂ©e et incomparable laissant dans l'ombre les Ćuvres prĂ©sentĂ©es dans le cadre de l'exposition.
Les reprises pour Paris : les VĂȘpres, Rigoletto, Violetta, Macbeth
Ă leur retour de Saint-PĂ©tersbourg, les Verdi se rendent Ă Paris oĂč ils passent NoĂ«l et le Nouvel An avant de gagner Madrid pour les reprĂ©sentations en fĂ©vrier 1863 de la forza del destino au Teatro Real. En Espagne, Verdi dĂ©couvre grandeur nature les dĂ©cors de ses prĂ©cĂ©dents opĂ©ras et le « morceau de marbre » du palais de l'Escurial qui sera le cadre de sa prochaine Ćuvre mais le maestro ne le sait pas encore. Pour l'heure Verdi rĂšgle ses comptes avec la « grande boutique » qu'il quitte en claquant la porte, jurant de n'y plus remettre les pieds, dĂ©savouĂ© par la direction de l'OpĂ©ra lors d'un accrochage avec les musiciens de l'orchestre pendant une rĂ©pĂ©tition de la reprise, en juin 1863, des VĂȘpres siciliennes[78]. Juillet voit le couple Verdi reprendre possession du domaine de Sant'Agata.
Durant les dix années qui suivent, en dehors des deux seules créations de Don Carlos et d'Aida, Verdi se consacre à son mandat de député au Parlement de Turin auquel il mettra fin en août 1865 et, essentiellement, à la valorisation de ses deux patrimoines, foncier et musical. Les revenus qu'ils lui procurent, s'ils nécessitent d'incessants et rigoureux contrÎles, lui permettent néanmoins de résister aux sollicitations qui affluent de toutes parts, y compris dans le domaine politique :
« Sachez que pendant plusieurs jours je me suis trouvĂ© pĂȘle-mĂȘle avec des municipalitĂ©s, des congrĂšs, des monuments, des dĂ©putations, des sociĂ©tĂ©s de musique de chambre, des hymnes aux prĂȘtres, aux moines, aux saints archanges, etc[79]. »
Ă©crit-il le Ă sa grande amie Clara Maffei.
Le coup de sang qui l'a Ă©loignĂ© de l'OpĂ©ra ne l'empĂȘche cependant pas d'ĂȘtre reconnu Ă Paris oĂč il est Ă©lu Ă l'AcadĂ©mie des Beaux-Arts au fauteuil de Giacomo Meyerbeer et oĂč LĂ©on Carvalho, le directeur du ThĂ©Ăątre Lyrique, monte Rigoletto et Violetta, la version française de La traviata. Le triomphe obtenu amĂšne LĂ©on Escudier et Carvalho Ă proposer Ă Verdi de remanier son Macbeth pour le public parisien. Le livret est traduit par Charles Nuitter et Alexandre Beaumont sous le contrĂŽle de Francesco Maria Piave pendant que le maestro apporte des modifications importantes mais non essentielles Ă la partition. La premiĂšre est donnĂ©e le mais l'opĂ©ra est rapidement retirĂ© de l'affiche : la critique reproche Ă Verdi de « ne pas connaĂźtre Shakespeare ». Verdi, qui se targue de possĂ©der son auteur favori sur le bout des doigts, et mieux sans doute que nombre de lettrĂ©s parisiens, le prend Ă©videmment trĂšs mal.
La carriĂšre d'un compositeur passe inĂ©vitablement par l'OpĂ©ra et Verdi le sait bien qui a bien pris garde de vĂ©ritablement couper les ponts avec la « grande boutique ». Aussi, lorsqu'Ămile Perrin lui propose un nouveau contrat, le compositeur est tout Ă fait prĂȘt Ă occuper la place laissĂ©e vide par la mort de Meyerbeer et par le rejet de Richard Wagner dont le TannhaĂŒser a Ă©tĂ© sifflĂ© par le public parisien. Les Verdi se rendent Ă nouveau en Ă Paris oĂč le compositeur commence Ă Ă©crire la nouvelle Ćuvre, qui n'est pas terminĂ©e lorsqu'il reçoit de ses amis patriotes l'information de l'insurrection qui allait aboutir Ă la libĂ©ration de Venise de l'occupant autrichien. Retour Ă Sant'Agata au printemps 1866 oĂč le maestro joue Ă nouveau le rĂŽle de composition qui fut le sien sept ans auparavant. Tout en affirmant ses convictions patriotiques, il se dĂ©sole de n'avoir la force de prendre les armes quand il est capable de chasser des heures durant. Il Ă©crit encore Ă la comtesse Maffei :
« La seule idée que les Autrichiens pourraient venir ici me ferait courir à des milliers de kilomÚtres sans reprendre mon souffle, pour ne pas voir leurs sales gueules. »
Bien sĂ»r, Verdi ne manque ni de rĂ©sistance ni de courage et seul, comme le rappelle Pierre Milza, « le sens aigu qu'il a du ridicule le fait repousser l'image du soldat d'opĂ©rette, du faux hĂ©ros, qui ne manquerait pas d'ĂȘtre accolĂ© Ă sa personne s'il s'avisait de revĂȘtir l'uniforme »[80]. Avant de rejoindre Paris pour la crĂ©ation de Don Carlos, il s'installe avec Peppina et avec l'aide d'Angelo Mariani au Palazzo Sauli Pallavicino de GĂȘnes qui deviendra sa rĂ©sidence hivernale jusqu'Ă son installation, aprĂšs la mort de Mariani, dans la Villa del Principe. C'est lĂ qu'il apprend la cession de la VĂ©nĂ©tie par l'Autriche Ă la France, ignorant encore l'existence des tractations par lesquelles elle serait finalement cĂ©dĂ©e Ă l'Italie enfin unie.
Don Carlos pour l'Opéra
Parmi les sujets proposĂ©s par Ămile Perrin, Verdi, aprĂšs avoir repoussĂ© l'idĂ©e se rĂ©vĂ©lant une nouvelle fois irrĂ©alisable de crĂ©er son Re Lear, avait retenu le drame de Schiller, Don Carlos. La mise en musique du livret en français tirĂ©, d'abord par Joseph MĂ©ry puis, Ă sa mort, par Camille du Locle de l'Ćuvre du poĂšte allemand, avait Ă©tĂ© laborieuse, tant en raison des difficultĂ©s liĂ©es Ă la langue que du changement de librettiste, mais aussi Ă cause des exigences de la « grande boutique », inconcevables pour Verdi qui devait malgrĂ© tout s'y plier.
AprÚs une cure en août à Cauterets, durant laquelle le compositeur écrit le cinquiÚme acte, les époux Verdi retrouvent enfin Paris[81]. Les répétitions débutent en septembre mais s'éternisent et se compliquent au point que lorsque Giuseppe apprend la mort, le , de son pÚre Carlo, il ne peut s'absenter pour se rendre à Busseto et doit confier l'organisation des obsÚques à son ami Carrara. Le rapport difficile pÚre-fils que l'on avait déjà pu voir évoqué dans La traviata (Germont/Alfredo) prend dans l'opposition Philippe II/Carlos une signification bouleversante avec la survenance de la mort du pÚre[82]. Pour le fils, « cette année est aussi maudite que 1840 »[83].
La premiĂšre est donnĂ©e le salle Le Peletier en prĂ©sence du couple impĂ©rial et de tout l'establishment. RĂ©action mitigĂ©e, tant du public que de la critique : applaudissements polis, reproches de passĂ©isme comme de novation inaboutie. Jusqu'Ă Georges Bizet de taxer Ă©trangement Verdi d'avoir voulu « faire son Wagner » quand le maestro ne connaĂźt tout juste de son concurrent allemand que l'ouverture de TannhaĂŒser. ThĂ©ophile Gautier est alors l'une des rares personnes Ă comprendre la grandeur de Don Carlos du « maĂźtre de Parme » mĂȘme s'il se trompe en parlant de « conversion Ă la musique moderne »[84]. L'Ćuvre reste malgrĂ© tout plusieurs mois Ă l'affiche de l'OpĂ©ra ou elle finit par rencontrer un plus grand succĂšs.
Le c'est au tour d'Antonio Barezzi de disparaßtre, laissant Giuseppe encore plus désespéré par la mort de ce deuxiÚme pÚre. Du fond de sa dépression, Verdi laisse Angelo Mariani s'occuper de monter Don Carlos pour la scÚne italienne. Le Don Carlo (titre adopté pour la péninsule) triomphe sur la scÚne du Teatro comunale di Bologna avec une Teresa Stolz au faßte de sa gloire et Mariani, le plus grand des chefs verdiens, à la baguette.
Le requiem pour Rossini et le retour Ă la scĂšne milanaise
Années noires pour Verdi que ces années 1867 à 1869 qui voient son ami Francesco Maria Piave paralysé à la suite d'une attaque et ses relations avec Mariani assombries par la suspicion du maestro pour ce fidÚle compagnon. C'est tout d'abord pour une sombre affaire de décoration refusée par l'un et acceptée par l'autre que leurs rapports se dégradent. Un imbroglio autour de la messe écrite par un collectif des plus grands compositeurs en hommage à Gioachino Rossini qui vient de mourir, le , continue d'attiser la fureur de Verdi contre le pauvre Mariani totalement étranger à l'échec qui lui est reproché. Le compositeur le rend responsable du refus par l'impresario du Teatro comunale di Bologna, Luigi Scalaberni, de donner le Requiem qu'il proposait alors que celui qu'il ne considÚre déjà plus comme son ami s'était vu confier l'organisation de la cérémonie de souvenir en l'honneur de Rossini.
Est-ce la déception affichée par rapport au comportement de Mariani ou les tensions qui traversent son couple avec Peppina qui amÚnent Verdi à renouer avec la scÚne milanaise malgré sa promesse de n'y jamais remettre les pieds ? Toujours est-il qu'il y retrouve Teresa Stolz, alors la maßtresse de Mariani, pour la reprise de La forza del destino le . Le triomphe est à la hauteur de l'événement, le public rappelle vingt-sept fois le maestro resté absent plus de vingt ans de la Scala. Verdi comme le public trouve Teresa Stolz « sublime »[85] et son goût pour la composition renaßt.
Il retrouvera bientĂŽt la diva autrichienne sur la scĂšne milanaise. Mais l'heure est sombre pour la sĆur latine. MalgrĂ© son ressentiment contre les Français qui « se sont rendus insupportables par leur insolence, leurs blagues et leurs fanfaronnades[86] », Verdi exprime dans une lettre Ă son amie Clara Maffei sa tristesse pour la nation Ă laquelle l'Italie doit la rĂ©alisation de son unitĂ© et lui fait part en ces termes de sa position interventionniste :
« J'aurais aimĂ© une politique plus gĂ©nĂ©reuse, j'aurais aimĂ© que l'on payĂąt une dette de reconnaissance. Cent mille des nĂŽtres pouvaient peut-ĂȘtre sauver la France et nous en mĂȘme temps. Quoi qu'il en soit, j'aurais prĂ©fĂ©rĂ© nous voir signer la paix, vaincus aux cĂŽtĂ©s des Français, plutĂŽt que cette inertie qui nous fera mĂ©priser un jour[87] »
Des raisons plus pragmatiques expliquent aussi l'intĂ©rĂȘt de Verdi pour le sort de la France : le siĂšge de Paris par les prussiens empĂȘche l'acheminement des dĂ©cors d'Aida, l'ouvrage composĂ© pour Le Caire.
Le Caire et la Scala avec Aida
AprĂšs les deux monumentaux drames historiques de facture « grand opĂ©ra », La forza del destino commandĂ© par le thĂ©Ăątre impĂ©rial de Saint-PĂ©tersbourg et Don Carlos pour l'OpĂ©ra de Paris, cette pĂ©riode dâexpĂ©rimentation culmine avec Aida, prĂ©vu initialement pour l'ouverture de l'OpĂ©ra khĂ©dival du Caire lors de l'inauguration de canal de Suez en .
L'ouvrage n'ayant finalement pas Ă©tĂ© utilisĂ© lors des manifestations de 1869, ce n'est qu'en que Verdi reçoit de Camille du Locle le canevas, imaginĂ© par Auguste-Ădouard Mariette mais vraisemblablement, parce qu'il est l'Ćuvre d'« une main trĂšs experte, celle d'un homme qui connaĂźt trĂšs bien le thĂ©Ăątre[88] » comme le dĂ©cĂšle Verdi, Ă©crit par Temistocle Solera, le librettiste de Nabucco, alors chargĂ© de l'organisation des festivitĂ©s. Le KhĂ©dive IsmaĂŻl Pacha souhaite voir l'OpĂ©ra du Caire aurĂ©olĂ© du prestige de la crĂ©ation de l'un des maĂźtres de l'opĂ©ra, Verdi, Wagner ou Gounod. Le compositeur italien accepte la proposition communiquĂ©e par Paul Draneht, le surintendant des thĂ©Ăątres du Caire. Du Locle Ă©crit le livret en prose et en français et Antonio Ghislanzoni est chargĂ© de sa versification en italien. Il va en Ă©merger une Ćuvre Ă©tonnante, longtemps mal comprise, oĂč les « fanfares » ne sont que l'emblĂšme mortifĂšre du pouvoir bourgeois face Ă la sublimitĂ© mĂ©lodiques de l'amour impossible[89].
Le retard provoqué par la rétention des décors à Paris sera l'occasion pour Verdi de montrer, dans une lettre adressée au sculpteur romain Vincenzo Luccaroni, une qualité de visionnaire d'une lucidité rare :
« Mon opĂ©ra pour le Caire est fini mais ne peut ĂȘtre donnĂ© car les costumes et dĂ©cors sont restĂ©s enfermĂ©s Ă Paris. Il n'y a pas grand mal ! Mais un mal plus grave, c'est cette horrible guerre et la prĂ©pondĂ©rance qu'ont prise ces Prussiens ; prĂ©pondĂ©rance qui nous sera fatale plus tard, y compris pour nous. Ce n'est plus une guerre de conquĂȘte, d'ambition ; c'est une guerre de race, et elle durera trĂšs longtemps [...] c'est la force de ces nouveaux Goths qui m'Ă©pouvante[90]... »
Le succĂšs obtenu lors de la premiĂšre au Caire le laisse indiffĂ©rent un Verdi prĂ©occupĂ© par la programmation de l'opĂ©ra Ă Milan oĂč l'enjeu n'est autre que, certes sa reconnaissance par le public de la Scala, mais surtout, la sauvegarde de la prĂ©pondĂ©rance de l'opĂ©ra italien sur le style germanique de Wagner et français de Meyerbeer. DirigĂ© par Franco Faccio, scapigliato converti, chantĂ© par Teresa Stolz, dont les exigences contractuelles n'avaient permis de l'engager au Caire, Aida triomphe Ă la Scala le . Le maestro est rappelĂ© trente-trois fois et reçoit en hommage une baguette en ivoire rehaussĂ©e d'une Ă©toile de diamant. PrĂšs de trente ans aprĂšs ses premiers succĂšs au sein du temple de l'art lyrique Verdi en est encore le dieu.
AprĂšs un temps de repli, cet opĂ©ra va ouvrir la pĂ©riode des derniers chefs-dâĆuvre : le Requiem, les Quattro pezzi sacri, Otello et Falstaff.
Les révisions
AprÚs Aïda, satisfait des succÚs internationaux et plutÎt critique en regard des progrÚs musicaux de ses contemporains, Verdi décide de se retirer. Il passe les années qui suivent à la révision de ses premiÚres partitions pour en tirer notamment de nouvelles versions de Don Carlos, La forza del destino, et Simon Boccanegra.
Otello et Falstaff
Seul saura le faire sortir de lâisolement Arrigo Boito, le poĂšte et compositeur scapigliato dâun Mefistofele, qui lâavait publiquement offensĂ© en 1863 en le rendant responsable du provincialisme et du retard de la musique italienne de ce temps. Avec les annĂ©es, Boito a cependant compris que seul Verdi Ă©tait en mesure de ramener lâItalie musicale au niveau europĂ©en.
Avec lâaide prĂ©cieuse du clairvoyant Ă©diteur Giulio Ricordi, il rĂ©ussit, en 1879 Ă convaincre le musicien de collaborer Ă un nouveau grand projet lyrique en Ă©crivant pour lui le livret dâOtello, un drame du dĂ©cadentisme tirĂ© de la tragĂ©die de Shakespeare, auteur qui, depuis toujours, passionne autant le compositeur dâĂąge mĂ»r que le plus jeune Boito. AprĂšs huit ans de travail alternĂ© avec le remaniement de Simon Boccanegra, Otello, pour lequel Verdi a souvent imposĂ© ses vues Ă l'Ă©crivain subtil et lettrĂ© qu'est Boito, est crĂ©Ă© le Ă la Scala et accueilli avec un succĂšs Ă©clatant. Pourtant, sa musique continue ne peut aisĂ©ment ĂȘtre scindĂ©e en numĂ©ros pouvant ĂȘtre donnĂ©s en concert. Certains critiques estiment que, bien que magistralement orchestrĂ©, il manque de lâĂ©clat mĂ©lodique si caractĂ©ristique des premiers grands opĂ©ras de Verdi. Beaucoup en revanche considĂšrent Otello comme le plus grand opĂ©ra tragique de Verdi, celui qui contient lâune de ses plus belles, de ses plus expressives musiques. Le fait est qu'Otello est « l'extrĂȘme fruit des audacieuses expĂ©rimentations lancĂ©es avec le Macbeth de 1847 »[91].
Les deux Ćuvres, reprĂ©sentĂ©es Ă la Scala, connaissent un accueil diffĂ©rent : si Otello rencontre immĂ©diatement le goĂ»t du public, sâimposant durablement au rĂ©pertoire, Falstaff, crĂ©Ă© le et dont le livret basĂ© sur la traduction par François-Victor Hugo des Joyeuses commĂšres de Windsor de William Shakespeare est Ă©galement dâArrigo Boito, dĂ©concerte mais subjugue aussi le public italien : non seulement, pour la premiĂšre fois depuis lâinfortunĂ© Un giorno di regno, le vieux Verdi se confronte au thĂ©Ăątre comique, mais, montrant son gĂ©nie contrapuntiste, il rĂ©ussit Ă balayer dâun seul coup toutes les conventions de forme de lâopĂ©ra italien, montrant une vitalitĂ© artistique, un esprit de modernitĂ© et une Ă©nergie crĂ©ative surprenants. Falstaff a toujours attirĂ© les musiciens, et exercĂ© une influence dĂ©cisive sur les jeunes compositeurs dâopĂ©ras, de Puccini Ă la gĂ©nĂ©ration des annĂ©es quatre-vingt.
Otello et Falstaff, la tragédie et la comédie, sont considérés comme les opéras les plus achevés du maßtre.
Les derniÚres années
La vie de Giuseppe Verdi est caractĂ©risĂ©e par deux pĂ©riodes : celle de la jeunesse, faite de tribulations et de luttes et celle de la pleine maturitĂ©, riche de sĂ©rĂ©nitĂ© et dâinspiration. Celle des derniĂšres annĂ©es sâĂ©coule entre SantâAgata et Milan ainsi qu'Ă GĂȘnes, dans le nouvel appartement de la Villa del Principe, durant la pĂ©riode hivernale.
Giuseppina Strepponi meurt subitement le .
La casa di riposo per musicisti
Le , Verdi fonde Ă Milan la maison de retraite des musiciens (Casa di riposo per musicisti) dans lâobjectif dâassurer lâentretien de « ceux qui ont consacrĂ© leur vie Ă lâart musical » et qui se trouvent en difficultĂ©. Selon sa volontĂ©, les premiers hĂŽtes nâaccĂ©deront Ă la maison de repos quâaprĂšs sa mort.
DĂ©cĂšs
Alors quâil sĂ©journait dans un hĂŽtel milanais, Verdi a une attaque le . Il sâaffaiblit progressivement et meurt six jours plus tard, le . Dans son testament du , Verdi dĂ©signe en qualitĂ© de lĂ©gataire universel une cousine de Busseto, Maria Verdi Carrara. Nombreux furent les legs destinĂ©s Ă divers organismes sociaux dont, naturellement, la Casa di riposo per musicisti, dans lâoratoire de laquelle il est enseveli, aux cĂŽtĂ©s de son Ă©pouse Giuseppina, le .
Le jour des funĂ©railles du maestro, la Piazza Duomo et les rues adjacentes sont recouvertes de paille pour que le vacarme des fiacres ne vienne pas troubler son repos. Ses funĂ©railles sont immenses. 250 000 personnes sont prĂ©sentes pour rendre un dernier hommage Ă lâune des plus importantes figures de la musique italienne. Lorsque son corps est transfĂ©rĂ© du cimetiĂšre Ă la Casa di riposo, un chĆur de 820 chanteurs dirigĂ© par Arturo Toscanini interprĂšte le Va pensiero et le Miserere du TrouvĂšre.
Analyse
L'Ćuvre
Giuseppe Verdi laisse un catalogue de 42 Ćuvres musicales.
Verdi sâest aussi confrontĂ© Ă lâĂ©criture en dehors du champ de lâopĂ©ra. AprĂšs avoir reçu la formation de maĂźtre de chapelle, selon la pratique de lâĂ©poque, il Ă©crit quantitĂ© de musique sacrĂ©e instrumentale, mais abandonne presque complĂštement les genres non lyriques, Ă lâexception de la romance de salon, dĂšs le dĂ©but de sa carriĂšre de compositeur dâopĂ©ras.
LâĆuvre de Verdi est souvent empreinte de patriotisme italien : le ChĆur des esclaves hĂ©breux dans Nabucco, connu sous l'incipit Va, pensiero, est rĂ©guliĂšrement proposĂ© comme un possible hymne national italien. Dâautres rĂ©fĂ©rences Ă des Ă©vĂ©nements politiques sont prĂ©sentes dans I Lombardi alla prima crociata.
Les opéras
On trouvera lâanalyse de chacune des Ćuvres opĂ©ratiques dans lâarticle qui lui est consacrĂ© auquel on accĂ©dera Ă partir de la liste ci-dessus.
La musique instrumentale
La partition d'une Valse gracieuse composĂ©e en 1859, dâabord perdue, fut finalement retrouvĂ©e. Dans la fameuse scĂšne du bal du film Il Gattopardo de Luchino Visconti, les invitĂ©s dansent sur cette valse orchestrĂ©e par Nino Rota.
Lâunique incursion de Verdi dans le genre de la musique de chambre est constituĂ©e par un magnifique Quatuor Ă cordes en mi mineur (1873), dans lequel il a voulu montrer qu'il pouvait rivaliser avec la musique allemande.
La musique sacrée
Il Ă©crit une messe de Requiem pour la mort dâAlessandro Manzoni, « lâune des plus formidables piĂšces de lâhistoire de la musique sacrĂ©e[92] », exĂ©cutĂ©e en lâĂ©glise San Marco Ă Milan le . AprĂšs la mort de Rossini, en 1869, Verdi avait dĂ©jĂ proposĂ© en hommage collectif au compositeur de Pesaro un Requiem composĂ© par tous les musiciens italiens majeurs de ce temps, et dont il avait rĂ©servĂ© le Libera me qui passera, aprĂšs quelques changements, dans le Requiem pour Manzoni.
Toujours dans le domaine de la musique sacrée, l'athée Verdi laisse un Pater noster, sur le texte en italien du Dante, publié en 1880 et les Quattro pezzi sacri (Quatre piÚces sacrées), composées dans la maturité tardive et publiées en 1898 : Ave Maria, Stabat Mater, Laudi alla Vergine et Te Deum.
Les hymnes
Il compose, pour l'Exposition universelle de Londres en 1862, une cantate, l'Inno delle nazioni, dont le texte est Ă©crit par Arrigo Boito. Ćuvre patriotique, son ouverture invoque la joie du peuple et son finale mĂȘle les hymnes nationaux Fratelli d'Italia, la Marseillaise et God Save the King. Ă la suite d'un imbroglio, la cantate n'est finalement pas donnĂ©e pour l'ouverture de l'exposition. Verdi furieux, s'en dĂ©clare malgrĂ© tout, dans une lettre Ă LĂ©on Escudier, parfaitement satisfait :
« Moi qui n'Ă©cris jamais ni cantates ni hymnes ni marches, moi qui dĂ©teste et mĂ©prise toute Ćuvre de circonstance, vous imaginez combien je me sens heureux de m'en ĂȘtre tirĂ© Ă si bon compte[93] »
Le style
Les prĂ©dĂ©cesseurs de Verdi qui ont influencĂ© sa musique sont Gioachino Rossini, Vincenzo Bellini, Giacomo Meyerbeer et, plus notablement, Gaetano Donizetti, Giovanni Pacini et Saverio Mercadante. Ă la possible exception dâOtello et surtout du prĂ©lude dâAĂŻda, il est libre de lâinfluence de Wagner. Quoique respectueux de Gounod, Verdi est attentif Ă ne rien apprendre du Français que certains de ses contemporains regardent comme le plus grand compositeur vivant. Quelques traits dans AĂŻda suggĂšrent au moins une connaissance superficielle de lâĆuvre du compositeur russe Mikhail Glinka que Franz Liszt, aprĂšs sa tournĂ©e dans lâempire russe a popularisĂ© en Europe de lâOuest.
Dans toute sa carriĂšre, Verdi a rarement utilisĂ© le contre-ut dans ses arias pour tĂ©nor, considĂ©rant que le fait de chanter cette note particuliĂšre devant une assistance distrait lâinterprĂšte avant et aprĂšs que la note apparaĂźt. Toutefois, il a donnĂ© un contre-ut Ă Duprez dans JĂ©rusalem et Ă Tamberlick dans La forza del destino. Le contre-ut souvent entendu dans lâaria Di quella pira (Il trovatore) nâapparaĂźt pas sur la partition de Verdi.
Bien que son orchestration soit souvent magistrale, Verdi compte fortement sur son don mĂ©lodique comme ultime instrument dâexpression musicale. En fait, dans plusieurs passages, et particuliĂšrement dans ses arias, lâharmonie est ascĂ©tique, tout lâorchestre sonnant comme un grand instrument dâaccompagnement, comme une « grande guitare », dira Stravinsky[94]. Certains critiques maintiennent quâil nâaccorde pas suffisamment dâattention Ă lâaspect technique de la composition, manquant de raffinement comme sâil Ă©tait toujours en train dâapprendre. Verdi lui-mĂȘme a dĂ©clarĂ© : « de tous les compositeurs passĂ©s ou prĂ©sents je suis le moins instruit » sâempressant toutefois dâajouter : « je le pense tout Ă fait sĂ©rieusement et par instruction je nâentends pas connaissance de la musique ». Cependant, il serait incorrect dâaffirmer que Verdi sous-estime la puissance expressive de lâorchestre ou ne lâemploie pas dans toute sa capacitĂ© lorsque câest nĂ©cessaire. Dâailleurs, le renouvellement perpĂ©tuel de ses formes musicales, au service d'une idĂ©e dramatique unitaire, est incontestable et force mĂȘme l'admiration des plus grands.
Les innovations de Verdi sont si caractĂ©ristiques quâaucun autre compositeur ne les emploie ; elles restent encore aujourdâhui la signature exclusive de Verdi. Verdi est lâun des premiers compositeurs Ă avoir patiemment recherchĂ© le terrain dans lequel enraciner ses talents particuliers. Travaillant Ă©troitement avec ses librettistes et bien conscient que lâexpression dramatique est son atout, il sâassure que le travail initial sur lequel est basĂ© le livret est dĂ©barrassĂ© de tous les dĂ©tails inutiles et de tous les personnages superflus, et ne conserve que les rĂŽles dĂ©bordant de passion et les scĂšnes dramatiquement riches.
Bien que ses compositions soient parfois critiquĂ©es pour utiliser un diatonisme sacrifiant au goĂ»t populaire plutĂŽt quâun idiome musical purement chromatique et pour leur tendance au mĂ©lodrame, les opĂ©ras de Verdi dominent encore le rĂ©pertoire de l'art lyrique un siĂšcle et demi aprĂšs leur crĂ©ation.
Verdi et Wagner
Les deux compositeurs, qui sont les chefs de leurs Ă©coles respectives, semblent ne pas sâapprĂ©cier mais ils ne se sont jamais rencontrĂ©s. Les quelques commentaires de Verdi Ă propos de Richard Wagner et de sa musique sont loin dâĂȘtre bienveillants :
« Il choisit invariablement et inutilement la voie inexplorĂ©e, essayant de voler lĂ oĂč une personne raisonnable marcherait avec de meilleurs rĂ©sultats. »
Mais il a au moins cette parole aimable en apprenant la mort de Wagner :
« Triste ! Triste ! Triste !⊠Un nom qui laisse une empreinte des plus puissantes dans lâhistoire de notre art. »
Lâun des commentaires de Wagner est bien connu : aprĂšs avoir Ă©coutĂ© le Requiem le grand musicien allemand, dâhabitude prolixe et Ă©loquent dans ses commentaires sur les autres compositeurs, se contente de dire : « Il vaut mieux ne rien dire. »
La postérité
Plusieurs de ses opĂ©ras, notamment ceux postĂ©rieurs Ă 1851 sont ancrĂ©s dans le rĂ©pertoire. Aucun compositeur dâopĂ©ras italiens nâa atteint la popularitĂ© de Verdi, Ă lâexception de Puccini et Rossini.
Verdi et la politique
Quand Milan, toujours sous lâoccupation autrichienne, commence Ă soutenir les efforts de Victor Emmanuel pour la rĂ©unification, des partisans clandestins commencent Ă comploter pour que le roi de Sardaigne conquiĂšre Milan et, Ă cause de la censure autrichienne sĂ©vĂšre, une inscription circule : W VERDI (« Viva Verdi »), dissimulant un code de ralliement contre lâoccupant et qui se lisait : ViVa Vittorio Emanuele Re DâItalia[95] - [96]. Le compositeur Ă©tait au courant de cette utilisation de son nom et est supposĂ© y avoir consenti.
Partisan du risorgimento, il participe par les prises de position de ses compositions musicales Ă lâUnification italienne.
Ă la demande de son ami Cavour, PrĂ©sident du Conseil italien, Verdi est dĂ©putĂ© du premier parlement du royaume dâItalie (1861 Ă 1865, VIIIe lĂ©gislature). Peu enclin Ă la politique, il ne se reprĂ©sente pas aux Ă©lections qui suivent la mort de Cavour[96]. Il est nĂ©anmoins nommĂ© sĂ©nateur en 1874[97].
Le propriétaire terrien
Propriétaire de nombreux domaines constitués de terres agricoles et d'élevages à Sant'Agata et alentour, Giuseppe Verdi crée, dans le courant de l'année 1890, une société de commercialisation, sous la marque G.V., de la viande de porc et de la charcuterie issues de la production de ses fermes - [98] - [99].
Autour de Verdi
Quelques lieux et musées dédiés à Giuseppe Verdi
- Musée national Giuseppe Verdi de Busseto.
- Villa del Principe de GĂȘnes.
- Villa Verdi de Sant'Agata en Ămilie-Romagne.
- Casa di riposo per musicisti (maison de retraite des musiciens) de Milan
Films biographiques
Films biographiques, plus ou moins librement tirés de la vie de Giuseppe Verdi :
- Giuseppe Verdi (1938) â film dirigĂ© par Carmine Gallone
- Verdi (Giuseppe Verdi) (1953) â film dirigĂ© par Raffaello Matarazzo
- Giuseppe Verdi (1982) â scĂ©nario pour la tĂ©lĂ©vision dirigĂ© par Renato Castellani
- Giuseppe Verdi (2000) â documentaire de Francesco Barilli
Verdi chez Visconti
Nino Rota a utilisĂ© pour la scĂšne centrale du GuĂ©pard de Visconti, la scĂšne du bal, la Walzer in fa maggiore composĂ©e en 1859 pour piano, en crĂ©ant un arrangement pour lâorchestre symphonique. Cette piĂšce, mineure dans la carriĂšre de Verdi, retrouve chez Visconti la dimension psychologique et sociopolitique de lâĆuvre verdienne. Deux extraits de La traviata sont Ă©galement entendus : vers le premier tiers du film, la petite fanfare municipale joue quelques notes du chĆur des bohĂ©miennes de l'opĂ©ra (Noi siamo zingarelle) accompagnant l'entrĂ©e des Salina dans leur village. La scĂšne suivante montre l'entrĂ©e des personnages dans l'Ă©glise : alors que tout le monde s'installe, l'organiste joue un bref extrait du prĂ©lude de l'opĂ©ra[100].
Senso dĂ©bute sur une scĂšne de manifestation des partisans de lâunitĂ© italienne contre lâoccupant autrichien, lors dâune reprĂ©sentation d'Il trovatore Ă La Fenice de Venise. La scĂšne se dĂ©roule sur lâair cĂ©lĂ©brissime de Manrico, Di quella pira. Ă la fin du troisiĂšme acte, lorsque le chĆur en armes chante « Allâarmi, allâarmi! Eccone presti / a pugnar teco, teco a morir[101] », semblant dĂ©fier les officiers autrichiens, les patriotes lancent des balcons leurs affichettes vert blanc rouge, au cri de « Viva lâItalia » et « Viva Verdi ». LĂ encore, Visconti rappelle intensĂ©ment le rĂŽle et lâutilisation de Verdi dans le Risorgimento.
Chez les autres réalisateurs
Bernardo Bertolucci ouvre son film 1900 par lâannonce, symbolisant le siĂšcle finissant mais aussi celui qui commence, de la mort de Verdi, aux cris de « Verd, l'Ă© mort » (en dialecte Ă©milien).
La reconnaissance institutionnelle
Trois conservatoires de musique italiens portent son nom : celui de Milan, celui de Turin et celui de CĂŽme.
Nombre de communes ont également dédié leur théùtre au maestro Verdi :
- Teatro Giuseppe Verdi de Brindisi
- Teatro Giuseppe Verdi de Busseto
- Teatro Giuseppe Verdi de Cesena
- Teatro Giuseppe Verdi (it) de Florence
- Teatro Verdi de Milan connu Ă©galement sous le nom de Teatro del Buratto
- Teatro comunale Giuseppe Verdi de Padoue
- Teatro Giuseppe Verdi de Pise
- Teatro Giuseppe Verdi de Pollenza
- Teatro Giuseppe Verdi de Salerne
- Teatro comunale Giuseppe Verdi de San Severo
- Teatro Giuseppe Verdi de Sassari
- Teatro lirico Giuseppe Verdi de Trieste
Hommages
Sont également nommés en son honneur :
- (3975) Verdi, un astéroïde de la ceinture principale découvert en 1982[103] ;
- Verdi, un cratĂšre de la planĂšte Mercure[104] ;
- l'anse Verdi, en Antarctique ;
- aux Ătats-Unis, Verdi Square, Ă New York, la ville de Verdi, au Nevada ;
- la rue Verdi, Ă Paris[105].
Des enregistrements faits avec des instruments de l'Ă©poque de Verdi
- Richard Burnett. Giuseppe Verdi. Romanza. Pianoforte Herschker de 1845
Instruments
Lorsque Giuseppe Verdi Ă©tait enfant, il avait l'habitude de jouer chez les Barezzi[106]. L'instrument dont il jouait Ă©tait un piano d'Anton Tomaschek[107]. Giuseppe Verdi aimait Ă©galement les pianos de Johann Fritz et a utilisĂ© le piano viennois Fritz Ă 6 pĂ©dales, de l'Ă©poque de Rigoletto en 1851 Ă Aida en 1871. On peut voir ce mĂȘme piano dans la Villa Verdi du compositeur, dans la province de Piacenza en Italie. En 1857, pour l'inauguration du thĂ©Ăątre A.Galli Ă Rimini, Verdi a jouĂ© sur un piano Ă queue de Joseph Danckh[108].
Bicentenaire de la naissance
En 2013, le portail institutionnel www.giuseppeverdi.it recense les célébrations qui ont lieu dans le monde entier à l'occasion du bicentenaire de sa naissance, à savoir plus de 1 000 évÚnements dans 200 villes sur 5 continents (331 opéras, 302 concerts, 163 conférences et débats, 84 projections, 44 expositions, 14 représentations théùtrales, 12 spectacles de danse et de ballet)[109].
Annexes
Documents sonores
Ernani (1844) : O sommo Carlo |
La traviata (1853) : Ah! fors'Ăš lui |
Aida (1871) : O patria mia |
Iconographie
- Portrait de Verdi vers 1844 (photographe inconnu) autour d'Ernani
- Verdi photographié par Disderi à l'époque de l'Exposition universelle de 1855 à Paris
- Portrait de Verdi par Disderi dans les annĂ©es 1855-1857 (Les VĂȘpres siciliennes)
- Verdi portraitisĂ© par Charles Reutlinger dans les mĂȘmes annĂ©es parisiennes
- Portrait de Verdi réalisé vers 1895 par l'artiste vénitienne Bice Lombardini et conservé au musée des instruments de musique du Conservatoire Giuseppe Verdi de Turin
- Verdi vers 1899, Ă l'Ă©poque des Quattro pezzi sacri
- Verdi et Francesco Tamagno créateur du rÎle d'Otello douze ans auparavant (photo Guigoni & Bossi, 1899).
- Commémorations annuelles en l'honneur du Maestro Verdi au Teatro Regio de Parme
- Verdi par Truchelut Ă la Une du journal L'illustration
Bibliographie
La bibliographie verdienne est innombrable, essentiellement en Italie et dans les pays anglo-saxons. Ne sont reprises ici que les publications signalées, dans les ouvrages les plus récents, comme étant les plus facilement accessibles en français ou les plus importantes en langue étrangÚre. On se reportera utilement à la notice bibliographique de ces publications pour un développement plus détaillé.
Nota : Les ouvrages ou articles relatifs Ă lâun des vingt-huit opĂ©ras de Verdi sont citĂ©s dans lâarticle correspondant.
Ouvrages
- En français
- Michel Orcel, Verdi, La vie, le mélodrame, Grasset, Paris, 2001, 367 p. (ISBN 2246610516)
- Giuseppe Verdi (trad. de l'italien par Margaux Bricler), Câest si beau de rire. Lettres dâun gĂ©nie compris : lettres choisies et prĂ©sentĂ©es par Eusebio Trabucchi, Rome, Paris, L'orma, coll. « Les plis », , 62 p. (ISBN 978-88-31312-19-6, BNF 46673604)
- Sylvain Fort, Verdi, l'insoumis, Ed. Robert Laffont, Paris, 2020
- Jean-Pierre Labaune, Giuseppe Verdi, Le souffle du génie, Editions Baudelaire, 2014, 566 p. (ISBN 979-10-203-0495-7)
- Patrick Favre-Tissot-Bonvoisin, Giuseppe Verdi. Ăditions Bleu nuit, 2013, 175 p. (ISBN 978-2-35884-022-4)
- Chantal Cazaux, Giuseppe Verdi mode d'emploi, Avant ScÚne Opéra, Paris, 2012, 286 p. (ISBN 978-2-843-85274-9)
- André Tubeuf, Verdi, de vive voix, Actes Sud, coll. Classica, Arles, 2010, 288 p. (ISBN 978-2-7427-8837-8)
- Emmanuel Reibel, Verdi (1813-1901), Gisserot, Paris, 2001, 128 p. (ISBN 2877475751)
- Gilles de Van, Verdi, un théùtre en musique, Fayard, Paris, 2001, 470 p. (ISBN 2213028958)
- Pierre Milza, Verdi et son temps, Perrin, Paris, 2001, 559 p. (ISBN 2262016194), réédit. collection Tempus, 2004 (ISBN 2262022941)
- Gérard Gefen (trad. de l'italien, textes choisis et présentés par Gérard Gefen), Verdi par Verdi, Paris, L'Archipel, , 285 p. (ISBN 2-84187-278-5, OCLC 716877669, BNF 37218977)
- Jean-François Labie, Le cas Verdi, Fayard, Paris, 2001, 462 p. (ISBN 221360813X)
- Alain Duault, Verdi, la musique et le drame, Gallimard, collection « Découvertes Gallimard/Arts » (no 9), Paris, 2001, 192 p. (ISBN 2070530159)
- Mary Jane Phillips-Matz (trad. de l'anglais par Gérard Gefen, préf. Gérard Gefen), Giuseppe Verdi [« Verdi, a biography »], Paris, Fayard, coll. « BibliothÚque des grands musiciens », , 1034 p. (ISBN 2-213-59659-X, OCLC 911343033, BNF 35817007)
- Carlo Gatti (trad. de l'italien par Pierre Barbaud), Verdi, Plan de la Tour, Ăditions d'Aujourd'hui, coll. « Les introuvables », , 274 p., 2 volumes (OCLC 8899421) (Nota : Reproduction en fac-similĂ© de lâĂ©dition de Paris, Gallimard, 1961 (OCLC 460463293).)
- Dans les autres langues
- (de) Christian Springer
- Giuseppe Verdi â Simon Boccanegra. Dokumente â Materialien â Texte. Ăditions Praesens, Vienne, 2008, 719 p. (ISBN 978-3-7069-0432-2)
- Verdi-Studien : Verdi in Wien ; Hanslick versus Verdi ; Verdi und Wagner ; Zur Interpretation der Werke Verdis ; "Re Lear" â Shakespeare bei Verdi. Ădition Praesens, Vienne, 2005, 435 p. (ISBN 3-7069-0292-3)
- Verdi und die Interpreten seiner Zeit. Holzhausen, Vienne, 2000, 490 p. (ISBN 3-85493-029-1)
- (it) Claudia Polo, Immaginari verdiani. Opera, media e industria culturale nell'Italia del XX secolo, Milano: BMG/Ricordi, 2004
- Gabriele Baldini :
- Julian Budden, Les Opéras de Verdi, en 3 volumes :
- (it) Le opere di Verdi, EDT, Biblioteca di cultura musicale, Torino, Vol. I, 1985, Da Oberto a Rigoletto, 600 p. (ISBN 88-7063-038-2), Vol. II, 1986, Dal Trovatore alla Forza del destino, 601 p. (ISBN 88-7063-042-0), Vol. III, 1988, Da Don Carlos a Falstaff, 629 p. (ISBN 88-7063-058-7)
- (en) The operas of Verdi, Oxford University Press, New-York, 1973 - 1981, Vol. I (ISBN 0-19-520030-6), Vol. II (ISBN 0-19-816262-6), Vol. III (ISBN 0-19-520254-6)
- (it) Franco Abbiati, Giuseppe Verdi, Ricordi, Le vite, Milan, 1959, 4 vol.
- (en) Verdi, the man in his letters, par Franz Werfel, Paul Stefan et Edward Downes, L.B. Fischer, New York, 1942
- (es) Hercules Cavalli, BiografĂas artĂsticas contemporĂĄneas de los cĂ©lebres JosĂ© Verdi, maestro de mĂșsica y Antonio Canova, escultor [« Cenni biografici del celebre maestro Giuseppe Verdi »], Madrid, J.M. Ducazcal, , 67 p. (prĂ©sentation en ligne, lire en ligne) sur le site de la BibliothĂšque nationale d'Espagne
- (it) Giuseppe DemaldÚ, Cenni biografici del maestro di musica Giuseppe Verdi, (présentation en ligne)
Articles ou publications collectives
- En français
- Alessandro di Profio, Verdi, Giuseppe, Dictionnaire de la musique en France au XIXe siÚcle, dir. Joël-Marie Fauquet, Fayard, Paris, 2003, (ISBN 2-213-59316-7)
- Maestro Verdi, Christian Merlin, Jean Cabourg, Pierre Flinois, Gilles de Van, Etienne Barilier, Alessandro di Profio, André Lischke, Damien Colas, Jean-François Labie, Hector Bianciotti, Didier Van Moere, Jean-Claude Yon, Alain Perroux, Pierre Michot, Joël-Marie Fauquet, Jean-Louis Dutronc, Sandro Cometta, Jean-Michel BrÚque, Elisabetta Soldini, Laureto Rodoni, L'Avant-scÚne Opéra, Paris, 2001, 155 p. (ISBN 2-84385-171-8)
- Guide des opéras de Verdi, Jean Cabourg, directeur de la publication, avec la collaboration de Ivan A. Alexandre, Christophe Capacci, Michel Debrocq, Gilles de Van, Sylviane Falcinelli, Stéphane Goldet, Piotr Kaminski, Fernand Leclercq, Rolland Mancini, Isabelle Moindrot, Marie-Aude Roux, Pascale Saint-André, Georges Voisin et Jean-Paul Williart, traduction des livrets par Yvelaine Duault, Georges Farret, Jacques Fournier, Michel Orcel et Béatrice Vierne, Fayard, collection Les indispensables de la musique, Paris, 1990, 1283 p. (ISBN 2-213-02409-X)
- Dans les autres langues
- (de) Damien Colas, « Verdi und Donizetti: ein Vergleich », Giuseppe Verdi â GroĂe Komponisten und ihre Zeit, Markus Engelhardt (Ă©d.), Laaber, Laaber-Verlag, 2001, p. 317-338 (ISBN 978-3-89007-182-4)
- (it) Ercole Cavalli, « Giuseppe Verdi. Nuovi particulari inediti ed interessanti », Il Pensiero di Nizza, 29, 30 et et
Notes et références
- (it)/(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en italien « Giuseppe Verdi » (voir la liste des auteurs) et en anglais « Giuseppe Verdi » (voir la liste des auteurs).
- Prononciation en italien standard retranscrite selon la norme API. Ăcouter un exemple audio sur Forvo.
- GĂ©rard Gefen (textes choisis, traduits et prĂ©sentĂ©s par), Verdi par Verdi, L'Archipel, , 285 p. (ISBN 978-2-84187-278-7, OCLC 716877669), p. 24â26.
- Lâacte de naissance de Joseph Verdi portĂ© au registre de lâĂ©tat civil de Busseto est repris ainsi par plusieurs auteurs (notamment Mary Jane Phillips-Matz). Cf. bibliographie supra
- (en) Mary Jane Phillips-Matz, Verdi : a biography, Oxford University Press, , p. 12
- (en) Mary Jane Phillips-Matz, op. cité, p.13
- Petit peuple
- Pierre Milza, Verdi et son temps, p. 13 (Cf. bibliographie)
- Michel Orcel, Verdi, La vie, le mélodrame, p. 12 (Cf. bibliographie)
- GĂ©rard Gefen, Verdi par Verdi, p. 29 (Cf. bibliographie).
- Pierre Milza, Verdi, op. cit., p. 19.
- Verdi nâaura quâune sĆur, nĂ©e en 1816, Giuseppa Francesca, quâil chĂ©rira, mais qui mourra Ă lâĂąge de dix-sept ans
- Situation exceptionnelle dans un village oĂč les habitants parlent le dialecte parmesan et oĂč seuls les enfants de notables sont instruits dans la langue du Dante
- Ce thÚme de la malédiction se retrouve dans nombre de ses opéras : Nabucco, Macbeth, Rigoletto, Simon Boccanegra, La Force du destin.
- Lâinscription retrouvĂ©e sur la face infĂ©rieure de la touche la plus aigĂŒe est ainsi reproduite, avec ses errements orthographiques, sur le site de la Casa Verdi : « Da me Stefano Cavalletti fu fato (sic) di nuovo questi saltarelli e impenati a corame e vi adatai (sic) la pedagliera che ci ho regalato ; come anche gratuitamente ci ho fato (sic) di nuovo li detti saltarelli, vedendo la buona disposizione che ha il giovanotto Giuseppe Verdi di imparare a suonare questo strumento, che questo mi basta per essere del tutto sodisfato (sic). ANNO DOMINI 182(1) ». Les traductions donnant « marteaux » pour « saltarelli » sont erronĂ©es : lâinstrument serait alors non une Ă©pinette mais un clavicorde.
- (en) Mary Jane Phillips-Matz, op. cité, p.23
- Pierre Milza, Verdi, op. cit., p. 35.
- Sur l'influence fondatrice d'Alfieri dans le théùtre musical de Verdi, v. M. Orcel, Trois Guerriers plus un, Le temps qu'il fait, Cognac, 1993, p. 51-54, et Verdi. La vie, le mélodrame
- Filomena Maria Verdi, sa fille adoptive, Ă©tait chargĂ©e de les dĂ©truire aprĂšs la mort de son pĂšre ; certaines ont cependant Ă©tĂ© retrouvĂ©es dans les archives du Monte di PietĂ e dâAbbondanza de Busseto.
- (en) Gabriele Baldini, The Story of Giuseppe Verdi : Oberto to Un Ballo in Maschera, Cambridge University Press, , p. 15
- Le passeport de Giuseppe Verdi est conservé au musée de la Scala de Milan
- (en) John Rosselli, The Life of Verdi, Cambridge University Press, , p. 19
- Dont Verdi prĂ©tendra par la suite quâelle Ă©tait destinĂ©e Ă la famille du comte
- Pierre Milza, Verdi, op. cit., p. 63
- Pas plus que pour celles de sa jeune sĆur, disparue quelques semaines plus tard, Verdi nâavait eu la possibilitĂ© de se dĂ©placer pour assister aux obsĂšques de son maĂźtre.
- Guerre civile (!) pour Phillips-Matz, Giuseppe Verdi, p. 80.
- Milza, op. cit., p. 67.
- Patrick Favre-Tissot-Bonvoisin, Giuseppe Verdi, Bleu nuit Ă©diteur, , p. 20
- Lâarchiduchesse Marie-Louise avait interdit lâexĂ©cution de toute musique dans les Ă©glises de Busseto pour couper court Ă la querelle entre Coccardini et Codini
- Milza, op. cit., p. 71
- Lettre conservée au museo civico de Busseto, rapportée par Milza, op. cit., p. 78
- Ivan A. Alexandre, Guide des opéras de Verdi, sous la direction de Jean Cabourg, p. 22 et 23
- Récit autobiographique de Verdi à Giulio Ricordi en 1879, rapporté par Milza, op. cit., p. 86
- M. Orcel, Trois Guerriers plus un, op. cit., p. 51-54, et Verdi. La vie, le mélodrame, op. cit., p 38-44
- La programmation de la Scala Ă©tait alors dĂ©coupĂ©e en deux saisons : celle du carnaval qui commençait Ă NoĂ«l et sâachevait au 21 mars, et celle de lâautomne, du 11 aoĂ»t au 30 novembre.
- Rapporté par Milza, op. cit., p. 114
- (en) « Giuseppe Verdi and Vienna », sur le site de la ville de Vienne (lire en ligne)
- Il faut savoir que Donizetti Ă la mĂȘme Ă©poque se contentait dâun cachet de 3 000 lires : Milza, Verdi, op. cit., p. 121.
- M. Orcel, op. cit.
- Voir M. Orcel, op. cit., p. 68-70
- Voir M. Orcel, op. cit., p. 72-73
- Mila Massimo, La giovinezza di Verdi
- Milza, Verdi, op. cit., p. 133
- Voir M. Orcel, op. cit., p. 82-86
- Milza, Verdi, op. cit., p. 140
- Voir M. Orcel, op. cit., p. 94-107
- Milza, Verdi, op. cit., p. 157
- Lettre de Verdi à Clara Maffei, citée par Milza, op. cit., p. 159
- Voir M. Orcel, op. cit. p. 122-124
- Pierre Milza, Verdi, op. cit., p. 165
- Lettre de Verdi à Mazzini citée par Pierre Milza, Verdi, op. cit., p. 170
- La partition non orchestrée
- Voir M. Orcel, op. cit., p. 142-144.
- V. Michel Orcel, op. cit., p. 144-147
- Pierre Milza, Verdi, op. cit. p. 186
- Mary Jane Phillips-Matz, Verdi, op. cit., p. 317
- V. l'analyse de M. Orcel, op. cit., pp. p. 159-164
- Pierre Milza, Verdi, op. cit., p. 190
- Voir M. Orcel, op. cit, p. 171-172
- G. B. Shaw, cité par M. Orcel, op. cit
- Lettre de Piave à Marzari citée par Pierre Milza, Verdi, op. cit., p. 201
- M Orcel, op. cit., p. 181-185
- Pierre Milza, Verdi, op. cit., p. 208
- Pierre Milza, Verdi, op. cit., p. 211
- Cité par M. Orcel, op. cit., p. 201
- Pierre Milza, Verdi, op. cit., p. 224
- Ellen Creathorne Clayton, Queens of Song: Being Memoirs of Some of the Most Celebrated Female vocalist, Volume 2, Londres, 1863, p. 388
- Lettre de Verdi datée du 13 mars 1857 citée par Pierre Milza
- V. Michel Orcel, op. cit., p. 313-321
- Pierre Milza, Verdi, op. cit., p. 229
- Extrait du mémoire en défense déposé par Verdi auprÚs du tribunal de commerce de Naples le 13 mars 1858. A. Luzio, Carteggi verdiani I, Rome, 1935, p. 269, cité par Mary Jane Phillips-Matz, Verdi, op. cit., p. 449
- Mary Jane Phillips-Matz, Verdi, op. cit., p.445
- Pierre Milza, Verdi, op. cit., p. 273
- Lettre de Verdi à Piave du 3 novembre 1860, citée par Milza, Verdi, op. cit., p. 297
- Leur mariage est célébré en grand secret le à Collonges-sous-SalÚve, petit bourg savoyard proche de GenÚve, avec pour témoins le cocher qui les y a conduits et le sonneur de l'église.
- Cavour entend bien utiliser, pour « faire l'Italie » le rayonnement international et le symbolisme du « barde de la nation italienne » (Milza, Verdi, op. cit., p. 299).
- Pierre Milza, Verdi, op. cit., p. 318
- M. Orcel, op. cit., p. 238-242
- Pierre Milza Verdi, op. cit., p. 323.
- Lettre à la comtesse Maffei citée par Pierre Milza dans Verdi, op. cit. p. 332.
- Pierre Milza, Verdi, op. cit. p. 341
- AprĂšs une halte, sur le chemin du retour, par Pau, oĂč ils visitent le chĂąteau, et Bordeaux, oĂč ils sont les invitĂ©s de la famille rencontrĂ©e lors de la cure (Mary Jane Phillips-Matz, op. cit., p. 606).
- M. Orcel, op. cit., p. 265 et seq.
- Lettre de Verdi à Clara Maffei en février 1867, citée par Pierre Milza, Verdi, op. cit., p. 347
- Pierre Milza, Verdi, op. cit., p. 349
- Pierre Milza, Verdi, op. cit. p. 369
- Lettre du 10 août 1870 de Verdi a Cesare De Sanctis, citée par Pierre Milza, Verdi, op. cit. p. 373
- Lettre du 30 septembre 1870 de Verdi à Clara Maffei, citée par Milza, ibidem.
- Pierre Milza, Verdi, op. cit., p. 371
- M. Orcel, op. cit., p. 288-296
- Lettre de Verdi à Luccaroni citée par Sylviane Falcinelli dans Guide des opéras de Verdi, op. cit., p. 1042
- M. Orcel, op. cit., p. 331
- GĂ©rard Gefen, op. cit., p. 15
- Mary Jane Phillips-Matz, Verdi, op. cit. p. 528
- Christian Merlin, La direction dâorchestre verdienne, L'Avant-ScĂšne OpĂ©ra
- Vive Victor Emmanuel, roi dâItalie
- « Verdi si ritira dal teatro » (consulté le )
- « Scheda di Giuseppe Verdi », sur Senato della Repubblica (consulté le )
- Mary Jane Phillips-Matz (trad. de l'anglais par Gérard Gefen, préf. Gérard Gefen), Giuseppe Verdi [« Verdi, a biography »], Paris, Fayard, coll. « BibliothÚque des grands musiciens », , 1034 p. (ISBN 2-213-59659-X, OCLC 911343033, BNF 35817007), p. 989-994
- (it) Giovanni Ballarini, « La spalla cotta di Giuseppe Verdi », sur issuu, Premiata salumeria italiana, (consulté le ), p. 44-46
- Jean-François Labie, Maestro Verdi, op. cit., p. 117
- (« Aux armes, aux armes, nous sommes prĂȘts Ă combattre et mĂȘme Ă mourir »)
- "A Brief History of Verdi", Verdi History Center
- (en) « (3975) Verdi », dans Dictionary of Minor Planet Names, Springer, (ISBN 978-3-540-29925-7, DOI 10.1007/978-3-540-29925-7_3962, lire en ligne), p. 338â339
- « Planetary Names: Verdi on Mercury », sur planetarynames.wr.usgs.gov (consulté le )
- Jean-Marie Cassagne, Paris : dictionnaire du nom des rues, Parigramme, (ISBN 978-2-84096-764-4), p. 553
- Kerman, Joseph and Hussey, Dyneley. "Giuseppe Verdi". Encyclopedia Britannica, 23 Jan. 2021, https://www.britannica.com/biography/Giuseppe-Verdi.
- (en-US) « Casa Barezzi: where Verdi was discovered », sur Italian Ways, (consulté le )
- (it) « Il pianoforte di Verdi suona all'Accademia dei Musici », sur Cronache Ancona, (consulté le )
- « Les 200 ans de Verdi célébrés dans le monde entier », sur Le Nouvel Observateur,
Liens externes
- (it) et (en) Site de lâIstituto nazionale di studi verdiani (Institut national dâĂ©tudes verdiennes) ;
- (it) et (en) Portail Verdi ;
- (fr) Acte de naissance de Verdi sur le site vargenau.free (Lire en ligne) ;
- (it) Chronologie de la vie de Verdi sur le site vigevano.net (Lire en ligne) ;
- (fr) Premier chapitre de Verdi. la vie, le mélodrame, Michel Orcel (cité en bibliographie) sur le site grasset.fr (Lire en ligne) ;
- Galerie d'illustrations (photographies, dessins, caricatures, articles de journaux) sur le site Gallica de la BnF (Voir en ligne) ;
- SchĂ©ma dĂ©taillĂ© de lâarticle sur Wikimindmap (Voir en ligne).
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