Les VĂȘpres siciliennes
Les VĂȘpres siciliennes est un grand opĂ©ra en cinq actes de Giuseppe Verdi, sur un livret d'EugĂšne Scribe et Charles Duveyrier, crĂ©Ă© le Ă l'OpĂ©ra de Paris salle Le Peletier.
I vespri siciliani
Genre | Grand opéra |
---|---|
Nbre d'actes | 5 |
Musique | Giuseppe Verdi |
Livret | EugĂšne Scribe, Charles Duveyrier |
Langue originale |
Français |
Durée (approx.) | 190 minutes |
Création |
Opéra de Paris France |
Versions successives
Version italienne :
- : Teatro regio, Parme et Teatro regio de Turin sous le titre Giovanna di Guzman
- : Scala de Milan sous le titre Batilde di Turenna
- : reprise au ThĂ©Ăątre de lâAcadĂ©mie ImpĂ©riale de Musique avec une nouvelle romance pour Henri en substitution de l'air original
Personnages
- HĂ©lĂšne (Elena), soprano
- Henri (Arrigo), ténor
- Guy de Montfort (Guido di Monforte), baryton
- Jean Procida (Giovanni da Procida), basse
- Le sire de BĂ©thune, basse
- Le comte de Vaudemont, basse
- Ninette (Ninetta), contralto
- Daniéli (Danieli), ténor léger
- Thibault (Tebaldo), ténor
- Robert (Roberto), basse
- Mainfroid (Manfredo), ténor
- Soldats, peuple (chĆur)
Airs
- Air « Au sein des mers » (« Giorno di pianto») - HélÚne (acte I)
- Air « Et toi, Palerme, beauté qu'on outrage » (« O tu, Palermo, patria adorata»)- Procida (acte II)
- Air « Au sein de la puissance » (« In braccio ale dovizie l») - Montfort (acte II)
- Air « à jour de peine » (« Giorno di pianto») - Henri (acte IV)
- Sicilienne « Merci, jeunes amies » (« Merce, dilette amiche ») - HélÚne (acte V)
- Mélodie « La brise souffle au loin » (« La brezza aleggia intorno») - Henri (acte V)
GenĂšse
Dans les annĂ©es 1830, se dĂ©veloppe en France sous l'impulsion de compositeurs tels que Giacomo Meyerbeer et Jacques Fromental HalĂ©vy le genre du « grand opĂ©ra » : Ćuvres en quatre ou cinq actes, avec distribution et orchestre de grande envergure, ballet, dĂ©cors et effets de scĂšne spectaculaires, basĂ©es sur des intrigues d'origine historique.
En 1852, un contrat est signĂ© entre Verdi, qui vient de remporter un immense succĂšs en Italie avec son Rigoletto d'aprĂšs Victor Hugo[1], et l'OpĂ©ra de Paris, alors mĂȘme que la mode est un peu passĂ©e, en vue d'une reprĂ©sentation lors de lâexposition universelle de 1855[2].
Alors que la pĂ©riode dite « patriotique » de Verdi s'est achevĂ©e avec La battaglia di Legnano, en 1849, le compositeur accepte de revenir Ă un sujet politique en consacrant un opĂ©ra Ă l'Ă©pisode des VĂȘpres siciliennes, soulĂšvement populaire Ă Palerme puis dans le reste de la Sicile contre les Angevins qui dominaient l'Ăźle. Ce sujet possĂšde alors une forte dimension politique puisqu'en Italie, plusieurs mouvements prĂŽnent l'unification de la pĂ©ninsule, y compris en prenant les armes contre les forces Ă©trangĂšres qui occupent le pays[2]. Cette aspiration unitaire italienne est alors vue avec bienveillance par NapolĂ©on III aprĂšs l'engagement du PiĂ©mont aux cĂŽtĂ©s des troupes françaises et anglaises dans la guerre de CrimĂ©e[2].
C'est le premier opĂ©ra en français de Verdi, si l'on ne tient pas compte de JĂ©rusalem, qui est une version fortement remaniĂ©e des Lombards. Le livret, confiĂ© au plus grand dramaturge français de son Ă©poque, EugĂšne Scribe, en collaboration avec Charles Duveyrier, ne plaĂźt pas Ă Verdi qui met du temps Ă le mettre en musique, Scribe refusant toute modification[3] malgrĂ© les menaces de rupture de contrat de Verdi. Il conteste la façon dont Scribe prĂ©sente Jean de Procida comme un conspirateur assoiffĂ© de sang et de vengeance, sans sens de l'honneur, alors que le gouverneur français apparait comme magnanime et repenti de ses violences passĂ©es. « Plus je rĂ©flĂ©chis Ă ce sujet, plus je suis persuadĂ© quâil est pĂ©rilleux. Il blesse les Français puisquâils sont massacrĂ©s ; il blesse les Italiens, parce que M. Scribe, altĂ©rant le caractĂšre historique de Procida, en a fait (selon son systĂšme favori) un conspirateur commun, mettant dans sa main lâinĂ©vitable poignard. Mon Dieu ! dans lâhistoire de chaque peuple il y a des vertus et des crimes, et nous ne sommes pas pires que les autres. De toute maniĂšre, je suis italien avant tout, et coĂ»te que coĂ»te je ne me rendrai jamais complice dâune injure faite Ă mon pays. » Ă©crit Verdi[2].
Les rĂ©pĂ©titions sont Ă©galement marquĂ©es par l'absence de la chanteuse principale, Sophie Cruvelli, plus occupĂ©e par sa vie privĂ©e que par sa carriĂšre[4]. Verdi Ă©crit Ă son collaborateur Francesco Maria Piave : « La Cruvelli s'est enfuie !!! OĂč ? Le diable seul le sait. Au dĂ©but, la nouvelle m'a quelque peu ennuyĂ© mais maintenant je ris sous cape. [âŠ] Cette disparition me donne le droit de rĂ©silier mon contrat et je n'ai pas laissĂ© Ă©chapper l'occasion ; je l'ai officiellement demandĂ©[5]. » Bien que se plaignant de la mauvaise volontĂ© de Scribe et de l'ambiance dĂ©lĂ©tĂšre des rĂ©pĂ©titions[6], Verdi essuie toutefois un refus de la part de François-Louis Crosnier, alors administrateur du ThĂ©Ăątre impĂ©rial de l'OpĂ©ra, et continue son travail.
L'opéra est créé le suivant, salle Le Peletier, en présence de Napoléon III, de l'impératrice Eugénie et du duc de Porto[7].
Distribution de la création
- Sophie Cruvelli : la duchesse HĂ©lĂšne, sĆur du duc FrĂ©dĂ©ric d'Autriche[8] (soprano)
- Louis Gueymard : Henri, jeune sicilien (ténor)
- Marc Bonnehée : Guy de Montfort, gouverneur de Sicile sous Charles d'Anjou, roi de Naples (baryton)
- Louis-Henri Obin : Jean Procida, médecin sicilien (basse)
- Théodore-Jean-Joseph Coulon : le sire de Béthune, officier français (basse)
- Jacques-Alfred Guignot : le comte de Vaudemont, officier français (basse)
- Clarisse-Françoise Sannier : Ninette, camériste d'HélÚne (contralto)
- AimÚs : Thibault, soldat français (ténor)
- Claude-Marie-MécÚne Marié de l'Isle : Robert, soldat français (basse)
- Jean-Jacques Boulo : Daniéli, jeune sicilien (ténor léger)
- Joseph Koenig : Mainfroid, sicilien, (ténor)
- Soldats, peuple (chĆur)
- Orchestre symphonique et chĆur de l'OpĂ©ra de Paris
- Concertatore : Giuseppe Verdi
- Chef d'orchestre : Narcisse Girard
- Chorégraphie : Lucien Petipa
- Costumes : Alfred Albert et Paul Lormier
Argument
L'action, inspirĂ©e d'un Ă©vĂšnement historique, se situe Ă Palerme en , durant les fĂȘtes de PĂąques.
Acte I
La duchesse HĂ©lĂšne, dont le frĂšre a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă mort, est contrainte par un soldat français Ă chanter. Celle-ci, avec son chant excite la haine des Siciliens contre les Français. Montfort, le gouverneur, intervient et calme tout le monde. Arrive Henri, qui vient juste d'ĂȘtre graciĂ©. Ignorant que Montfort est prĂ©sent, il se met Ă l'insulter. Le gouverneur demande Ă tout le monde de partir afin de rester seul avec le jeune imprudent. Il lui demande son nom mais celui-ci refuse puis il tente de l'acheter en lui offrant un grade dans son armĂ©e et essuie un nouveau refus. Montfort interdit alors Ă Henri de parler avec la duchesse : celui-ci, Ă nouveau, brave l'interdit.
Acte II
Dans une vallée proche de Palerme, se rencontrent Henri, HélÚne et Procida, arrivés clandestinement. Celui-ci annonce le soutien de Pierre d'Aragon en cas de début d'insurrection. Henri déclare son amour à la duchesse qui l'accepte à condition qu'il venge son frÚre. Henri reçoit une invitation de la part de Montfort et la refuse. Ce refus entraßne son arrestation et les Siciliens jurent de le venger. En outre, l'enlÚvement des femmes par les soldats français ne fait qu'accentuer la haine de ceux-ci.
Acte III
Montfort, dans son cabinet, relit une lettre de la mĂšre d'Henri, exĂ©cutĂ©e depuis dix mois, dont il apprend ĂȘtre le pĂšre d'Henri. Celui-ci arrive et apprend la vĂ©ritĂ© concernant son pĂšre, qu'il croyait en exil. Il refuse de le reconnaĂźtre comme son pĂšre. Le soir, un bal masquĂ© a lieu et parmi les danseurs, Henri reconnaĂźt Procida et HĂ©lĂšne, venus le dĂ©livrer et tuer Montfort. Henri empĂȘche ses amis de le faire, au moment oĂč Procida sort sa dague. Les conjurĂ©s sont arrĂȘtĂ©s.
Acte IV
Procida et HélÚne ont été déportés à la forteresse. Henri les rejoint pour tenter de se disculper. S'il y arrive auprÚs d'HélÚne qui lui conserve son amour, l'annonce de son lien de parenté avec Monfort ruine les espoirs de Procida qui a reçu la nouvelle de l'arrivée des armes. Monfort arrive pour annoncer l'arrivée du bourreau et fait le chantage suivant à Henri : soit celui-ci le reconnaßt publiquement comme son pÚre, soit ses amis sont exécutés. Celui-ci finit par céder et Monfort annonce les noces entre Henri et la duchesse. Celle-ci hésite à accepter mais Procida l'incite à le faire.
Acte V
Dans les jardins du palais, se prĂ©pare la fĂȘte pour le mariage. Procida retrouve HĂ©lĂšne et lui annonce que, dĂšs que les cloches sonneront, l'insurrection commencera. Elle retire sa parole au grand dĂ©sespoir d'Henri. Montfort arrive et ordonne que le mariage ait lieu. Les cloches sonnent et les Français sont massacrĂ©s.
Numéros musicaux
- Ouverture
Acte I
- no 1 Introduction
- ChĆur « Beau pays de France ! » (Thibault, Robert, De BĂ©thune, Vaudemont, Soldats, Siciliens, Siciliennes) â ScĂšne I
- RĂ©cit « Quelle est cette beautĂ© » (Vaudemont, De BĂ©thune, Danieli, HĂ©lĂšne, Robert, Thibault, Ninetta) â ScĂšne II
- Air « Au sein des mers » (HĂ©lĂšne) â ScĂšne II (suite)
- Ensemble Quels accents ! quel langage ! (Peuple, Thibault, Robert, Français, HĂ©lĂšne, Danieli, Ninetta, Soldats) â ScĂšne II (suite)
- no 2 Quatuor « Quelle horreur m'environne ! » (HĂ©lĂšne, Ninetta, Danieli, Montfort) â ScĂšne III
- RĂ©cit « HĂ©lĂšne ! - Ă ciel !⊠Henri !⊠» (Henri, HĂ©lĂšne, Ninetta, Montfort) â ScĂšne IV
- no 3 Duo
- Tempo d'attacco « Quel est ton nom ? » (Montfort, Henri) â ScĂšne V
- Cantabile « Punis mon audace ! » (Henri, Montfort) â ScĂšne V (suite)
- Cabalette « TĂ©mĂ©raire ! » (Montfort, Henri) â ScĂšne V (fin)
Acte II
- no 4 Entr'acte, Air et ChĆur
- RĂ©cit « Palerme... ĂŽ mon pays ! » (Procida) â ScĂšne I
- Cantabile « Et toi, Palerme » (Procida) â ScĂšne I (suite)
- RĂ©cit « Ă tous nos conjurĂ©s » (Procida) â ScĂšne I (suite)
- Cabalette (ChĆur) « Dans l'ombre et le silence » (Procida, ChĆur) â ScĂšne I (suite)
- no 5 RĂ©cit, ScĂšne et Duo
- RĂ©cit « FidĂšles Ă ma voix ! » (Procida, HĂ©lĂšne, Henri) â ScĂšne II
- Duo « Comment, dans ma reconnaissance » (HĂ©lĂšne, Henri) â ScĂšne III
- Cantabile « PrĂšs du tombeau peut-ĂȘtre » (HĂ©lĂšne, Henri) â ScĂšne III (suite)
- no 6 RĂ©cit, Tarantelle et ScĂšne
- RĂ©cit « Ă vous, et de la part de notre gouverneur ! » (De BĂ©thune, Henri, HĂ©lĂšne, Procida) â ScĂšnes IV-V
- Marche des douze fiancĂ©s et Tarantelle « VoilĂ , par saint Denis ! » (Robert, Procida, Thibault) â ScĂšne VI
- ChĆur « Vivent les conquĂȘtes ! » (Robert, Thibault, Soldats français, Siciliens et Siciliennes, Ninetta) â ScĂšne VII
- ChĆur final « Interdits, accablĂ©s » (ChĆur, Danieli, HĂ©lĂšne, Procida, Mainfroid) â ScĂšnes VIII-IX
Acte III
- no 7 Entr'acte et Air
- Récit « Oui, je fus bien coupable » (Montfort, De Béthune) ScÚnes I-II
- Air « Au sein de la puissance » (Montfort) â ScĂšne III
- no 8 Duo
- RĂ©cit « Je n'en puis revenir! » (Henri, Montfort) â ScĂšne IV
- Duo « Quand ma bontĂ© toujours nouvelle » (Montfort, Henri) â ScĂšne IV (suite)
- no 9 Marche â ScĂšne V
- no 10 Divertissement : Les Saisons â ScĂšne V (suite)
- L'Hiver
- Le Printemps
- LâĂtĂ©
- L'Automne
- no 11 Final
- « Ă fĂȘte brillante ! » (Procida, Henri, HĂ©lĂšne, Siciliens, Français) â ScĂšne VI
- « De ces plaisir, pour toi nouveaux » (Montfort, Henri, Procida) â ScĂšne VII
- Morceau d'ensemble « Coup terrible qui m'accable / Sort terrible qui m'accable / Dieu sauveur et secourable » (HĂ©lĂšne, Henri, Danieli, Montfort, Procida, Vaudemont, de BĂ©thune, Siciliens, Français) â ScĂšne VII (suite)
Acte IV
- no 12 Entr'acte, RĂ©cit et Air /Entr'acte, RĂ©cit et Romance (1863)
- RĂ©cit « C'est Guy de Montfort ! » (Henri) â ScĂšne I
- Cantabile « Ă jour de peine et de souffrance ! » â Tempo di mezzo « On vient » â Cabalette «Autour de moi tout m'abandonne » (Henri) â ScĂšne I (suite) / Romance « Ă toi que j'ai chĂ©rie » (1863)
- no 13 Duo
- RĂ©cit « De courroux et d'effroi » (HĂ©lĂšne) â ScĂšne II
- Tempo d'attacco « Ăcoute un instant ma priĂšre ! » (HĂ©lĂšne, Henri) â ScĂšne II (suite)
- Cantabile « Ami ! le cĆur d'HĂ©lĂšne » (HĂ©lĂšne, Henri) â ScĂšne II (suite)
- Cabalette « Pour moi rayonne » (Henri, HélÚne) - ScÚne II
- no 14 RĂ©cit et ScĂšne
- RĂ©cit « Par une main amie » (Procida, HĂ©lĂšne, De BĂ©thune, Montfort, Henri) â ScĂšnes III-IV-V
- no 15 Quatuor « Adieu, mon pays, je succombe » (Procida, Montfort, HĂ©lĂšne, Henri) â ScĂšne V (suite)
- no 16 Final
- Final « De profundis ad te clamavi » (ChĆur, HĂ©lĂšne, Henri, Montfort, Procida) â ScĂšne V (suite)
- Ensemble « Ă surprise! ĂŽ mystĂšre ! » (HĂ©lĂšne, Henri, Montfort, Procida, Siciliens, Français) â ScĂšne V (suite)
Acte V
- no 17 Entr'acte et ChĆur « CĂ©lĂ©brons ensemble l'hymen glorieux » (Chevaliers, Jeunes filles) â ScĂšne I
- no 18 Sicilienne et ChĆur « Merci, jeunes amies » (HĂ©lĂšne) â ScĂšne II
- no 19 MĂ©lodie « La brise souffle au loin » (Henri, HĂ©lĂšne) â ScĂšne II (suite)
- no 20 ScĂšne et Trio, ScĂšne et ChĆur final
- RĂ©cit « Ă ton dĂ©vouement gĂ©nĂ©reux » (Procida, HĂ©lĂšne) â ScĂšne III
- Trio « Sort fatal » (HĂ©lĂšne, Henri, Procida) â ScĂšne IV
- ScĂšne « Ah ! venez compatir Ă ma douleur mortelle ! » (Henri, Montfort, Procida) â ScĂšne V
- ChĆur « Oui, vengeance ! vengeance ! » (ChĆur, Henri, Montfort, HĂ©lĂšne, Procida) â ScĂšne V (suite)
RĂ©ception
La crĂ©ation Ă l'OpĂ©ra Ă Paris connaĂźt un grand succĂšs, attirant de riches PiĂ©montais et Lombards Ă Paris[2]. Berlioz, entre autres, Ă©voque « la majestĂ© souveraine de la musique ». LâĆuvre est reprĂ©sentĂ©e soixante-deux fois.
Elle est également jouée en 1856 à Lyon, Barcelone, Madrid, en Hongrie, en Belgique, au Portugal, en Allemagne, en Autriche, en Russie, en Angleterre, à Buenos-Aires... sous le titre de I Vespri siciliani[2].
Verdi entreprend rapidement de faire adapter son opéra en italien, afin de le rendre plus « exportable ». Une premiÚre version due au poÚte Arnaldo Fusinato en collaboration étroite avec Verdi est créée le au Teatro Regio de Parme puis au Teatro Regio de Turin sous le titre Giovanna di Guzman (parfois Giovanna de Guzman ou Giovanna di Gusman), l'action étant transposée en 1640 au Portugal sous occupation espagnole afin d'éviter la censure.
La version italienne adopte plus explicitement la charge patriotique de lâĆuvre et amoindrit la figure nĂ©gative de Procida[2].
La distribution est la suivante :
- Caterina Goldberg Strossi : Giovanna di Guzman[9]
- Antonio Giuglini : Enrico[10]
- Francesco Cresci : Michele de Vasconcello[11]
- Giorgio Atry : Don Giovanni Ribera Pinto[12]
- Guglielmo Giordani : BĂ©thune
- Angelo Corazzani : Vaudemont
- Teresa Lenci Marsili : Ninetta
- Raffaele Giorgi : Tebaldo
- Raimondo Buffagni : Roberto
- Carlo Salvatore Poggiali : Danieli
- Giovanni Battista Garulli : Manfredo
- Concertatore : Giovanni Rossi
- Chef d'orchestre : Nicola De Giovanni
- Chorégraphie : Michele D'Amore
- Costumes : Antonio Lanari[13] - [14]
Entre 1855 et 1856, l'opĂ©ra est jouĂ© dans au moins quatorze thĂ©Ăątres, et notamment seize fois Ă Turin et Ă Parme et quatorze Ă la Scala de Milan. Parfois des adaptations sont exigĂ©es comme une rĂ©conciliation gĂ©nĂ©rale finale Ă Palerme, la suppressions des allusions religieuses et politiques Ă Rome[2]. DotĂ©e d'un nouveau livret d'Enrico Caimi, lâĆuvre est reprise le Ă la Scala de Milan. Elle portera Ă©galement les titres de Batilde di Turenna (pour sa crĂ©ation au Teatro San Carlo de Naples en 1857), Giovanna di Braganza et Giovanna di Sicilia avant de retrouver son titre original italianisĂ©, I vespri siciliani, Ă la crĂ©ation du Royaume d'Italie en 1861.
Ă l'occasion d'une reprise des VĂȘpres siciliennes Ă l'opĂ©ra, Verdi composa pour le tĂ©nor Pierre-François Villaret la romance Ă toi que j'ai chĂ©rie, crĂ©Ă©e le 6 juillet 1863[15]. Ce morceau alternatif, qui substitua l'air original d'Henri au quatriĂšme acte, a Ă©tĂ© enregistrĂ© sur disque[16] - [17], mais n'est presque jamais entendu au thĂ©Ăątre mĂȘme lorsqu'on donne l'opĂ©ra dans sa version originale en français. Ainsi, aucune version DVD ne le prĂ©sente, et il est absent de la version en CD dirigĂ©e par Mario Rossi.
La premiĂšre reprĂ©sentation des VĂȘpres en italien Ă l'OpĂ©ra Garnier eut lieu le , aprĂšs que la reprĂ©sentation prĂ©vue pour le eut Ă©tĂ© annulĂ©e Ă cause de la mort du prĂ©sident Georges Pompidou[7].
Discographie partielle
- en français
- 1970 : Jacqueline Brumaire (HélÚne), Jean Bonhomme (Henri), Neilson Taylor (Guy de Montfort), Ayhan Baran (Jean Procida), BBC Concert Orchestra, Mario Rossi (dir. opéra), Ashley Lawrence (dir. Les Saisons)[18] - Opera Rara
- 2013 : Lianna Haroutounian (HĂ©lĂšne), Bryan Hymel (Henri), Michael Volle (Guy de Montfort), Erwin Schrott (Jean Procida),Orchestr and Chorus of the Royal Opera, Antonio Pappano (dir.),DVD: Opus Arte
- en italien
- 1951 : Maria Callas (Elena), Giorgio Kokolios Bardi (Arrigo), Enzo Mascherini (Guido di Monforte), Boris Christoff (Giovanni da Procida), chĆur et orchestre du Teatro comunale de Florence, Erich Kleiber (dir.) - Diva
- 1955 : Anita Cerquetti (Elena), Mario Ortica (Arrigo), Carlo Tagliabue (Guido di Monforte), Boris Christoff (Giovanni da Procida), chĆur et orchestre de la RAI de Turin, Mario Rossi (dir.) - Walhall Eternity
- 1964 : Leyla Gencer (Elena) Gastone Limarilli (Arrigo), Giangiacomo Guelfi (Guido di Monforte), Nicola Rossi- Lemeni (Giovanni da Procida), chĆur et orchestre de l'OpĂ©ra de Rome, Gianandrea Gavazzeni (dir.) - Operaviva
- 1973 : Martina Arroyo (Elena), Placido Domingo (Arrigo), Sherill Milnes (Guido di Monforte), Ruggero Raimondi (Giovanni da Procida), New Philharmonia Orchestra, James Levine (dir.) - RCA
Notes et références
- Il faudra toutefois attendre 1857 pour la crĂ©ation parisienne, Hugo Ă©tant parvenu jusque-lĂ Ă faire interdire lâĆuvre pour plagiat.
- Brigitte Urbani, « LE THĂME DES VĂPRES SICILIENNES EN ITALIE AU XIX e SIĂCLE », PRISMI : Revue d'Ă©tudes italiennes, no 2,â , p. 199 (lire en ligne, consultĂ© le )
- Alors qu'il a repris, sans en informer Verdi, des passages entiers du livret du Duc d'Albe, écrit pour Jacques Fromental Halévy puis utilisé en 1839 par Gaetano Donizetti pour son opéra, créé de façon posthume en 1882.
- Bertrand Dermoncourt, L'Univers de l'opéra, p. 1122.
- Lettre de Verdi à Piave du 30 octobre 1854 citée dans Mary Jane Phillips-Matz, Giuseppe Verdi, Fayard, Paris, 1996, p. 405 (ISBN 2-213-59659-X).
- Les VĂȘpres siciliennes (livret), op. cit., p. 5, lire en ligne sur Gallica.
- Les VĂȘpres siciliennes (livret), op. cit., p. 2, lire en ligne sur Gallica.
- Historiquement, Charles d'Anjou, roi de Sicile de 1266 à 1285, avait fait exécuter Conradin de Hohenstaufen, petit-fils de Frédéric d'Autriche, mort en 1250. La parenté d'HélÚne semble donc fictive.
- Elena dans la version de 1861.
- Arrigo dans la version de 1861.
- Guido di Montforte dans la version de 1861.
- Giovanni da Procida dans la version de 1861.
- (it) Eduardo Rescigno, Dizionario verdiano, BUR Dizionari, Rizzoli, Milan, 2001 (ISBN 88-1786628-8).
- (it) Cronologia del Teatro Regio di Parma (1829-2001)
- (de) Anselm Gerhard et Uwe Schweikert, Verdi-Handbuch, Stuttgart, Kassel, Metzler, BÀrenreiter, 2001 (premiÚre édition), 2013 (deuxiÚme édition, revue et amplifiée), p. 590
- (en) Michael Cookson, « Giuseppe VERDI (1813-1901) Rarities » (consulté le )
- (en) Roland Graeme, « Verdi Arias (review) », The Opera Quarterly, Oxford University Press, vol. 18, no 2,â , pp. 295-297 (lire en ligne)
- (en) Robert J Farr, « Giuseppe VERDI (1813-1901). Les VĂȘpres Siciliennes. Grand opera in five acts. Libretto by Scribe and Duveyrier The original version of the opera as performed at the AcadĂ©mie ImpĂ©riale de Musique, Paris, (The Opera) on 13 June 1855 » (consultĂ© le )
Annexes
Bibliographie
- ThĂ©Ăątre national de l'OpĂ©ra de Paris, Les VĂȘpres siciliennes (livret), Billaudot, Paris, 1979, lire en ligne sur Gallica
- Alain Duault, Pierre Enckell, Elisabeth Giuliani, Jean-Michel BrĂšque, Michel Orcel, Bruno Poindefert, Alain Arnaud, Anselm Gerhard, Jacques Bourgeois, Jean Cabourg, Georges Voisin, Michel Pazdro, Dominique Ravier, Les VĂȘpres siciliennes, L'Avant-scĂšne opĂ©ra, Ăditions PremiĂšres Loges, Paris, 1985 (ISBN 2-84385-059-2)
- Marie-Aude Roux, « Les VĂȘpres siciliennes » dans Jean Cabourg (dir.), Guide des opĂ©ras de Verdi, coll. « Les Indispensables de la musique », Fayard, Paris, 1990, p. 609-683 (ISBN 2-213-02409-X)
- Patrick Favre-Tissot-Bonvoisin, Giuseppe Verdi, Bleu Nuit Ăditeur, Paris, 2013 (ISBN 978-2-35884-022-4)
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives Ă la musique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (it) Livret italien en ligne sur le Portale Verdi
- (it)/(en) Les VĂȘpres siciliennes sur l'Istituto nazionale di studi verdiani