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Économie du Tibet

Dans l’ancien Tibet, selon la Mission permanente de la RĂ©publique populaire de Chine auprĂšs de l'ONU, l’industrie Ă©tait quasi inexistante[1], tout mĂ©tal devait ĂȘtre importĂ©[2]. Au contraire la tibĂ©tologue Katia Buffetrille indique que les TibĂ©tains exploitaient des mines.

Le tibĂ©tologue Andrew Martin Fischer indique que, selon un recensement chinois de 2000, les TibĂ©tains restent massivement ruraux car le taux gĂ©nĂ©ral de rĂ©sidents tibĂ©tains en zone rurale est de 87,2 % avec 91,4 % dans le Qinghai, 90,9 % dans le Gansu, 89,5 % dans le Sichuan, 84,8 % dans la RĂ©gion autonome du Tibet et 80 % dans le Yunnan[3]. En raison de la limitation des terres arables, l’élevage du bĂ©tail est l’occupation principale sur le Plateau tibĂ©tain.

Selon le Livre blanc illustrĂ© publiĂ© par le gouvernement central en 2009 Ă  l’occasion du Cinquantenaire de la RĂ©forme dĂ©mocratique au Tibet, une industrie moderne aux couleurs tibĂ©taines s’est dĂ©veloppĂ©e avec pour piliers l’extraction miniĂšre, les matĂ©riaux de construction, l’artisanat et la mĂ©decine tibĂ©taine, et comme auxiliaires la production d’électricitĂ©, la transformation des produits de l’agriculture et de l’élevage et la production alimentaire. Le commerce moderne, le tourisme, la restauration, les loisirs et autres industries, inconnues sous l’ancien rĂ©gime, sont en plein essor et constituent les industries premiĂšres de la rĂ©gion. De 2001 Ă  2009, PĂ©kin a dĂ©pensĂ© 45,4 milliards de dollars au dĂ©veloppement Ă©conomique de la rĂ©gion autonome du Tibet. Cela a eu des effets bĂ©nĂ©fiques sur la croissance Ă©conomique, le niveau de vie, les infrastructures[4].

Andrew Martin Fischer indique que le discours sur la croissance ne mentionne pas le « contexte de privation continue du pouvoir politique des TibĂ©tains » oĂč les stratĂ©gies de subventions massives servent directement le gouvernement ou des entreprises chinoises dont le siĂšge se situe Ă  l’extĂ©rieur des secteurs tibĂ©tains. Cette situation permet une appropriation de l’économie locale par les populations non tibĂ©taines et ce malgrĂ© l’importance des subventions. Fischer note ainsi que la majoritĂ© des constructions sont confiĂ©es Ă  des entreprises extĂ©rieures au Tibet et qui emploient essentiellement des travailleurs d’origine Han. Ces entreprises rĂ©investissent les bĂ©nĂ©fices dans leur province d’origine plutĂŽt que dans l’économie du Tibet[3]. Le sinologue Jean-Luc Domenach considĂšre que « si les TibĂ©tains ont regagnĂ© partiellement le contrĂŽle de leur culte et de leurs mƓurs, ils n’ont guĂšre renforcĂ© leur poids Ă©conomique et social. De leur cĂŽtĂ©, avec le dĂ©veloppement Ă©conomique, les colons chinois se sont installĂ©s en nombre croissant alors que se rĂ©pandait dans les villes chinoises l’idĂ©e que le Tibet n’était plus qu’une charmante bizarrerie touristique »[5].

GĂ©ographie

Le Tibet est une rĂ©gion culturelle et historique d’Asie, situĂ©e en RĂ©publique populaire de Chine. ConstituĂ© des anciennes provinces tibĂ©taines du Kham, de l’Ü-Tsang et de l’Amdo, il comprend aujourd’hui essentiellement les subdivisions administratives autonomes tibĂ©taines de la RĂ©publique populaire de Chine dont la rĂ©gion autonome du Tibet.

Le Tibet est principalement constituĂ© d’un haut plateau, le plateau TibĂ©tain, entourĂ© de trois cĂŽtĂ©s par les plus hauts massifs du monde, l’Himalaya au sud, le Karakoram Ă  l’ouest et le massif du Kunlun au nord. Souvent appelĂ© « le Toit du Monde », le Tibet a une altitude moyenne de 4 200 mĂštres et son plus haut sommet, l’Everest culmine Ă  8 849 mĂštres[6]. Sa superficie est de 2,5 millions de km2[7].

La rĂ©gion autonome du Tibet couvre 1 200 000 km2. Le plateau nord (Changthang) comprend les rĂ©gions de haute altitude, le plateau central autour de Lhassa comprend les rĂ©gions agricoles majeures, et le plateau sud-est (pays des gorges) comporte des ressources forestiĂšres importantes, la 2ezone de biomasse forestiĂšre de la Chine. Dans les zones agricoles reprĂ©sentant 2 % de la superficie vivent la majoritĂ© des TibĂ©tains. Il y a environ 500 000 pasteurs nomades au Tibet[8]. La rĂ©gion autonome du Tibet est riche en minĂ©raux, dont certains rares dans d'autres rĂ©gions de Chine. Les gisements de chrome et de cuivre sont les plus importants Ă  l'Ă©chelon national. Au Tibet se trouvent les gisements de borax et d'uranium les plus importants du monde, et la moitiĂ© de la rĂ©serve mondiale de lithium. Dans le but d'augmenter les activitĂ©s miniĂšres au nord-est et Ă  l'ouest de la rĂ©gion autonome du Tibet, cette derniĂšre a Ă©tĂ© classĂ©e zone Ă©conomique spĂ©ciale. Le potentiel hydroĂ©lectrique de la rĂ©gion autonome du Tibet est le plus important de l'Asie. L'hĂ©ritage culturel et Ă©cologique tibĂ©tain est riche et des parcs nationaux ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s dont la Changthang Wildlife Reserve en 1992[9].

Historique

Monnaie

PiĂšce de monnaie au XVIIIe siĂšcle.

Comme les NĂ©palais et les Chinois, les TibĂ©tains n’utilisent pas l’or pour leur monnaie contrairement aux EuropĂ©ens. En 1650, le 5e dalaĂŻ-lama signe un traitĂ© avec le roi de Patan, Siddhi Narasimha Malla, autorisant le NĂ©pal Ă  frapper la monnaie avec des lingots d’argent fournis par les TibĂ©tains. Les rois Malla touchent alors une commission de 12 %. Cette monnaie a cours au Tibet, jusqu’en 1792, quand le gouvernement tibĂ©tain frappe sa propre monnaie[10].

Agriculture

Les champs se trouvent dans les vallĂ©es et les premiĂšres pentes des montagnes. L’orge qui se cultive jusqu’à 4 500 mĂštres est la culture premiĂšre. Le blĂ©, le sarrasin, le maĂŻs, le navet, le radis, les fĂšves mais aussi le riz se cultivent dans les vallĂ©es. Compte tenu du climat, une seule rĂ©colte par an est possible. Les agriculteurs possĂšdent souvent quelques animaux comme le dzo. Des missionnaires rapportent que des vignes de raisins blancs, situĂ©es au Kham, au sud de Lhassa, et Ă  Bathang, leur permettent d’obtenir le vin des messes[11].

Élevage

Les pasteurs nomades Ă©lĂšvent notamment des chevaux, des chĂšvres, des yaks, des moutons, des dri et des dzo. Ils utilisent un campement en Ă©tĂ© et un autre en altitude l’hiver. Les moutons fournissent une viande apprĂ©ciĂ©e des TibĂ©tains. Les Ă©levages de porcs sont associĂ©s Ă  ceux des poules. Les abattages des animaux sont faits Ă  l’automne quand ceux-ci sont les plus gras. Quand c’est possible les Ă©leveurs font tuer les bĂȘtes par une autre personne pour Ă©viter le dĂ©mĂ©rite d’avoir Ă  tuer un ĂȘtre vivant. L’Amdo et le Kongpo sont rĂ©putĂ©s pour les Ă©levages de chevaux[12].

Commerce

Le commerce est une des principales activitĂ©s avec l’agriculture et l’élevage. À l’époque le Tibet est largement ouvert sur l’extĂ©rieur sauf lors de pĂ©riodes troubles.

Le Tibet exporte de nombreux produits. PossĂ©dant des lacs salĂ©s utilisĂ©s pour rĂ©colter du sel, le Tibet exporte du sel vers l’Inde et la Chine. Il vend Ă  la Chine des animaux, des chevaux, de l’or, de la laine, des tapis, de l’encens et du musc, des peaux d’animaux. Vers l’Inde et le NĂ©pal c’est le fer de la rĂ©gion de Kutti, le papier de Dakpo ou du quartz de Yarlung qui sont exportĂ©s[13].

Le pays importe du thĂ© en grande quantitĂ©, des instruments de musique, de la porcelaine, des grains depuis la Chine. Bien que lui-mĂȘme producteur de soie, le Tibet importe aussi de la soie pour la fabrication de vĂȘtements et des khatas[13].

Exploitations miniĂšres

Pont suspendu de Chaksam en fer construit en 1430 par Thang Tong Gyalpo.

Les TibĂ©tains dĂ©veloppent des mines malgrĂ© les prĂ©ceptes religieux qui freinent cette exploitation. Ainsi, au XVe siĂšcle, Thang Tong Gyalpo se fournit en fer dans les mines du Kongpo, lui permettant la construction de ponts suspendus avec des chaines d'acier (les TibĂ©tains construisent des ponts Ă  chaĂźnes dĂšs le sixiĂšme siĂšcle[14]). De mĂȘme en 1445, Chokyi Dronma, princesse de Gungthang, se dĂ©place dans cette rĂ©gion pour chercher une grande quantitĂ© de fer. Des mines de cuivre, de borax, d’acide sulfurique, de sel gemme, de fer et d’or sont citĂ©s par le missionnaire Francesco della Penna. Ces mines se situent dans le Tibet central, du Dakpo, du Kham et du Kongpo. L’explorateur Samuel Turner mentionne des mines d’or, de plomb, de cinabre. Le Tibet est alors rĂ©putĂ© pour sa richesse en or celui-ci vient de l’orpaillage et des mines[15]. Les autoritĂ©s tibĂ©taines autorisent l’exportation de l’or[16].

Chasse

MalgrĂ© les prĂ©ceptes bouddhiques les TibĂ©tains chassent pour des raisons Ă©conomiques. Ils prĂ©fĂšrent tuer des gros animaux plutĂŽt que des petits pour Ă©viter un mauvais karma. Ils chassent pour la viande des yaks sauvages et pour la fourrure les lĂ©opards des neiges, les loups, les renards, les loutres
 Quand c'est nĂ©cessaire il tuent les prĂ©dateurs de leurs troupeaux, cela permet aussi de vendre la fourrure et la peau des bĂȘtes ou le musc. Dans l'Amdo des chasses rituelles aux cerfs et aux moutons sauvages sont organisĂ©es. Ces chasses n'ont pas d'impact sur la conservation de la faune compte tenu de l'immensitĂ© du territoire tibĂ©tain, de la trĂšs faible densitĂ© de la population et des armes rudimentaires utilisĂ©es (arc, lances, couteaux
)[17].

XIXe siÚcle aux années 1950

Un billet de banque tibĂ©tain de 100 tam srang (recto).

À la fin du XIXe siĂšcle, le visiteur japonais Ekai Kawaguchi indique que le commerce Ă  Lhassa est actif. Sur les marchĂ©s se vendent des articles provenant de Chine et de l’Inde. Les paiements s’effectuent en or, qui est alors pesĂ© ou en roupie indienne ou en utilisant la monnaie tibĂ©taine. Les moines ont le monopole du commerce du thĂ© et des images pieuses. Des Chinois tiennent de nombreux restaurants[18].

Heinrich Harrer, qui résida à Lhassa de 1946 à 1951, indique dans son livre Sept Ans d'aventures au Tibet que les piÚces sont en or, en argent ou en cuivre. Elles portent les emblÚmes du Tibet : lion des neiges et montagne, reproduits aussi sur le drapeau national, à cÎté du soleil levant[19].

Selon le gouvernement chinois, en dehors d’une centrale Ă©lectrique de 92 kilowatts Ă  Lhassa, d’une petite usine d’armements et d’un petit hĂŽtel de la monnaie crĂ©Ă©s par le 13e dalaĂŻ-lama, il n’y avait pas, d’industrie dans l’ancien Tibet[1]. Selon le journal marxiste-lĂ©niniste Lalkar, l’arriĂ©ration du pays Ă©tait telle qu’on n’utilisait mĂȘme pas la roue[20].

Heinrich Harrer se plaignait de la gĂȘne publique causĂ©e par les mendiants qui exploitaient leurs difformitĂ©s en les exhibant sous le nez des passants[21]. Selon Li Sha, de l’universitĂ© de Shenyang, il y avait Ă  Lhassa, au sud du temple de Jokhang, un village de mendiants appelĂ© Lu Bu Band Cang, et ces derniers se rĂ©unissaient aux alentours du temple de Ramoche. En 1951, il y avait de 3 000 Ă  4 000 mendiants, soit un dixiĂšme de la population de la ville[22].

En 1947, le Kashag envoya une dĂ©lĂ©gation tibĂ©taine conduite par Tsepon W. D. Shakabpa en tant que ministre des finances du Tibet, notamment aux États-Unis pour des nĂ©gociations commerciales. Il reçut aussi un visa sur son passeport en 1947 pour Ă©changes commerciaux, il se rendit en Chine, Inde, Angleterre, États-Unis, Italie, Suisse et France[23]. Surkhang Lhawang Topgyal participa en tant qu'interprĂšte Ă  la dĂ©lĂ©gation commerciale. L'objectif Ă©conomique de la mission Ă©tait l'introduction de machines pour l'agriculture, l'Ă©levage au Tibet, et la transformation de la laine, ainsi que d'obtenir le relĂąchement du contrĂŽle indien sur les exportations du Tibet et l'achat d'or pour la monnaie tibĂ©taine. Du point de vue politique, la mission visait Ă  souligner l'indĂ©pendance du Tibet Ă  l'Ă©tranger, car l'information sur le Tibet dans le monde Ă  cette Ă©poque aurait eu principalement des sources chinoises[24]. Selon Thubten Samphel, un porte-parole du dalaĂŻ-lama, reprĂ©sentant du gouvernement tibĂ©tain en exil : « Ceci indique que lĂ  oĂč Tsepon W.D. Shakabpa s'est rendu en visite, on a reconnu le passeport dĂ©livrĂ© par le gouvernement tibĂ©tain »[25].

Les réformes démocratiques (1959-1969)

AprĂšs l'Ă©chec du soulĂšvement tibĂ©tain de 1959 (ce que l'historiographie chinoise appelle « la rĂ©bellion armĂ©e Â»)[26] - [27] et le dĂ©part en exil d'une partie de la population, le gouvernement chinois dĂ©clara qu'il n'Ă©tait plus tenu de retarder les rĂ©formes puisque l'Accord en 17 points sur la libĂ©ration pacifique du Tibet de 1951 avait Ă©tĂ© rompu. Il dĂ©crĂ©ta et mit en application ce qu'il appelle les « rĂ©formes dĂ©mocratiques Â»[28].

Selon Jiawei Wang et Nyima Gyaincain, en , le gouvernement central approuva les réformes démocratiques préparées par le Comité de travail du Tibet. Elles se dérouleraient en deux étapes :

  • la premiĂšre se focaliserait sur la suppression de la corvĂ©e obligatoire (ulag) et de l'esclavage, ainsi que la rĂ©duction des loyers et des intĂ©rĂȘts des prĂȘts;
  • la deuxiĂšme se concentrerait sur la distribution des terres,

le but visĂ© Ă©tant la disparition du systĂšme fĂ©odal. Les propriĂ©taires de grands domaines n'ayant pas participĂ© Ă  la rĂ©volte virent leurs biens rachetĂ©s par l'État, les autres furent expropriĂ©s[29].

La révolution culturelle (1966-1976)

Dans la dĂ©cennie s'arrĂȘtant en 1975, l'organisation des communes populaires fut progressivement mise en place dans la plupart des zones rurales de la R. A. du Tibet[30].

Pendant la révolution culturelle, la production industrielle et l'activité économique dans la R.A. du Tibet et dans le reste de la Chine connurent un recul voire s'interrompirent. La situation commença à changer à partir de l'arrestation de la Bande des Quatre en 1976, peu de temps aprÚs la mort du président Mao[31].

L'Úre des réformes et de l'ouverture (années 1980)

Lorsque Deng Xiaoping revint aux affaires en 1978, la Chine entra dans une nouvelle Ăšre « de rĂ©forme et d'ouverture du systĂšme Â». Les communes furent dĂ©membrĂ©es, l'initiative privĂ©e fut lĂ©galisĂ©e et mĂȘme encouragĂ©e au dĂ©but des annĂ©es 1980. À l'instar des autres groupes, les TibĂ©tains profitĂšrent de la nouvelle ligne politique[32].

Hu Yaobang au Tibet (1980) : constat et mesures prises

Selon le journaliste Pierre-Antoine Donnet[33] - [34], citant une publication de JigmĂ© Ngapo dans Emancipation monthly, Hong Kong, , au dĂ©but des rĂ©formes Ă©conomiques engagĂ©es par Deng Xiaoping en 1979, Hu Yaobang fit une tournĂ©e d’inspection au Tibet en . Lors de cette visite il constata que le peuple tibĂ©tain et le Tibet se trouvaient dans une situation d’une pauvretĂ© Ă©crasante. Pas un bĂątiment moderne n’avait Ă©tĂ© construit Ă  Lhassa. L’économie du Tibet autrefois autarcique Ă©tait devenue complĂštement dĂ©pendante de la Chine continentale. Tous les biens de consommation, dont la nourriture, devaient ĂȘtre importĂ©s. Le Tibet n’exportait que quelques minĂ©raux, des herbes mĂ©dicinales et du bois. Hu Yaobang prit des mesures pour rendre vie au Tibet sinistrĂ© en demandant :

  • d’exempter d’impĂŽt pendant 3 ans les paysans et les nomades,
  • le dĂ©part du Tibet de 85 % des cadres chinois[35],
  • le renforcement de l’autonomie du Tibet.

L'ouverture sur les provinces intérieures (années 1990)

Selon Andrew Martin Fischer, le développement économique de la Région autonome du Tibet engagé dans les années 1990 accentue la dépendance de la région et marginalise la majorité des Tibétains[36].

Selon Yves Kernöac’h, dans les annĂ©es 1990, l’ouverture Ă  la Chine entraĂźne hausse des prix importante, chĂŽmage, corruption, immigration han, faisant le lit de la contestation[37].

Selon Robert Barnett, c’est dans les Ă©crits de Chen Kuiyuan, secrĂ©taire du parti communiste de la RĂ©gion autonome du Tibet entre 1992 et 2000, que l’on peut trouver les justifications les plus explicites Ă  l’utilisation de l’économie comme moyen de contrĂŽle[38].

Selon Vegard Iversen, les Ă©conomistes de l'AcadĂ©mie chinoise des sciences sociales prĂ©conisĂšrent une stratĂ©gie de dĂ©veloppement industriel en 2 phases sur 20 ans impliquant une voie de dĂ©veloppement rĂ©gionale inĂ©gale au profit des provinces cĂŽtiĂšres dans la 1re phase. Dans ce modĂšle, les rĂ©gions occidentales, dont le Tibet fait partie, sont les fournisseurs des matiĂšres premiĂšres pour les rĂ©gions cĂŽtiĂšres. L'extraction de matiĂšres premiĂšres des rĂ©gions occidentales incluant le Tibet, vers les rĂ©gions de l'est de la Chine est une politique dĂ©libĂ©rĂ©e. Les prix infĂ©rieurs aux marchĂ©s mondiaux correspondent Ă  des subventions implicites et des pertes de revenu pour les rĂ©gions occidentales productrices. Pour la laine, les estimations suggĂšrent une modeste plus-value (53 % du montant perçu par les nomades). Pour le cachemire, la plus-value est de 360 %. Il s'agit de subventions cachĂ©es passant des rĂ©gions occidentales Ă  l'est de la Chine. Cette politique peut s'Ă©loigner considĂ©rablement d'une stratĂ©gie de dĂ©veloppement dans l'intĂ©rĂȘt de l'ouest. Bien que le dĂ©veloppement industriel et l'exploitation des ressources soit rĂ©duit, le secteur forestier a Ă©tĂ© lourdement exploitĂ©[39].

Vegard Iversen note qu’alors que pour d'autres rĂ©gions de Chine, il existe des estimations de la pauvretĂ©, il n'y a pas de chiffre disponible pour le Tibet. Il cite cependant Rong Ma (1997) qui rĂ©vĂšle dans une enquĂȘte que 38,5 % des chefs de familles tibĂ©taines n'ont pas de travail ou pas de travail stable, suggĂ©rant qu'il existe un nombre important de familles vulnĂ©rables Ă  Lhassa[40].

Rapport de l'ONG Gongmeng (2008)

Un an aprĂšs les troubles au Tibet en 2008, Gongmeng (ou Open Constitution Initiative), une organisation non gouvernementale chinoise (aujourd'hui interdite), publia un document intitulĂ© Rapport d’enquĂȘte sur les causes sociales et Ă©conomiques de l’incident du dans les zones tibĂ©taines. L’enquĂȘte souligne les limites des politiques de « dĂ©veloppement rapide » lancĂ©es dans les annĂ©es 1990 par le gouvernement chinois, qui ont « crĂ©Ă© les bases d’une marginalisation accrue » des TibĂ©tains[41].

DĂ©veloppement Ă©conomique

Mesures du niveau de développement

Le développement du PIB
Année PIB en milliard de yuans
1994 5
2000 12
2004 20
2006 29
Source du gouvernement chinois[42]

La mesure de la croissance Ă©conomique du Tibet est difficile Ă  restituer en raison de « l’absence de sĂ©ries statistiques continues et homogĂšnes » tant pour le rĂ©gime antĂ©rieur Ă  1951 que pour les dĂ©cennies de 1950 Ă  1970. Il faut attendre la rĂ©forme Ă©conomique de Deng Xiaoping en 1978 pour avoir des sĂ©ries exploitables[43].

Selon Vegard Iversen, en 1982, le Tibet avait le plus faible taux d'alphabĂ©tisation de toutes les provinces de la Chine, que ce soit en zone urbaine ou rurale. L'Ă©cart entre urbain et ruraux Ă©tait aussi le plus grand soulignant le dĂ©sintĂ©rĂȘt relatif de la politique publique pour cette catĂ©gorie. Dans les annĂ©es 1990, le Tibet a stagnĂ©. Ainsi, le Tibet est en bas de l'Ă©chelle en Chine, mais aussi du monde concernant l'alphabĂ©tisation (citant un tableau du PNUD, UNDP, 1998). Ainsi, les rapports sur l'Ă©ducation au Tibet contredisent les dĂ©clarations des autoritĂ©s chinoises qui affirment poursuivre des efforts sĂ©rieux pour le dĂ©veloppement du Tibet[44].

En 1990, dans le cadre du Programme des Nations unies pour le dĂ©veloppement (PNUD) pour Ă©valuer le niveau de dĂ©veloppement humain des pays du monde, il a Ă©tĂ© crĂ©Ă© l’indice de dĂ©veloppement humain, ou IDH, un indice statistique composite. En 1994, la Chine s’y inscrivait dans la catĂ©gorie moyenne de l’IDH avec des investissements importants et ce malgrĂ© un faible revenu par individu. L’indice de dĂ©veloppement humain prĂ©sente en RĂ©publique populaire de Chine de fortes disparitĂ©s rĂ©gionales. Shanghai (0,865) et PĂ©kin (0,861) Ă©taient placĂ©s au 31e rang. Au bas de l’échelle se trouvaient le Qinghai et le Tibet (0,404) qui se situent respectivement au 110e et 131e rang[45].

Selon Claude B. Levenson, la rĂ©gion autonome du Tibet Ă©tait en 2000, le territoire le plus pauvre de Chine parmi les 31 subdivisions considĂ©rĂ©es dans la liste des subdivisions de Chine par PIB[46].

En 2005, selon Louis de Broissia, le PIB par habitant s’élevait Ă  environ 1 000 dollars, ce qui situait la RAT au 25e rang sur les 31 provinces chinoises[47].

Aide du gouvernement central au développement de la région autonome du Tibet

Dans ses mémoires publiées en 2005, Israel Epstein détaille les multiples aides accordées par le gouvernement central à la région autonome du Tibet au cours du demi-siÚcle écoulé :

  • couverture par le TrĂ©sor national d'une grande partie des coĂ»ts de l'administration locale ;
  • taux d'imposition limitĂ©s Ă  une fraction de ceux des provinces intĂ©rieures ;
  • subventions pour le transport des marchandises au Tibet de sorte que leur prix Ă  l'arrivĂ©e soit le mĂȘme qu'au point de dĂ©part ;
  • prise en charge par le gouvernement central du coĂ»t de l'envoi au Tibet de personnels dans les domaines de la recherche et du dĂ©veloppement Ă©conomique ;
  • idem pour l'envoi d'Ă©coliers tibĂ©tains dans des Ă©coles et collĂšges d'autres provinces chinoises ;
  • fourniture gratuite d'une bonne partie de l'Ă©quipement industriel et cession Ă  prix rĂ©duit des machines agricoles ;
  • relĂšvements successifs du prix d'achat des produits des paysans et Ă©leveurs tibĂ©tains.

Toutes ces mesures découlent de l'égalité stipulée par la constitution chinoise entre les différentes nationalités ou minorités ; elles visent à créer l'égalité dans les faits, laquelle n'est possible, selon Epstein, qu'au prix du développement de la production, de l'éducation et autres domaines[48].

Ressources primaires

ConformĂ©ment Ă  la Constitution chinoise, « Les ressources minĂ©rales, eau, forĂȘts, montagnes, prairies, les terres non dĂ©frichĂ©es, les plages et autres ressources naturelles sont propriĂ©tĂ© de l’État ». Ainsi, selon Susette Cooke, mĂȘme si l’exploitation des ressources est de plus en plus ouverte aux investisseurs privĂ©s, la rĂ©gion est privĂ©e d'actifs importants[49].

Selon Les Amis de la Terre (Flandres et Bruxelles), la plus importante réserve d'uranium mondiale se trouverait au Tibet et l'on compterait 9 mines d'uranium sur le plateau tibétain qui alimentent le programme d'armement et d'énergie nucléaire de la Chine. L'uranium est aussi exporté vers d'autres pays, par exemple entre 1990 et 2005 il a constitué 8 % de la consommation d'uranium de la Belgique. Il y a peu ou pas de rÚgles pour vérifier l'élimination des déchets, et ceux qui sont frappés les plus durement sont les Tibétains. Ils sont exclus des décisions gouvernementales concernant l'extraction, sont souvent contraints de se déplacer, et n'ont pas accÚs aux informations sur les risques pour la santé associés à l'exposition. La plus grande mine d'uranium de la Chine, No 792, déchargerait ses eaux irradiées non traitées directement dans la riviÚre Bailong, un affluent du Yangtze[50] - [51].

Dans la prĂ©fecture autonome mongole et tibĂ©taine de Haixi de la province du Qinghai, le bassin du Qaidam est qualifiĂ© de « bassin aux trĂ©sors », en raison de sa richesse en ressources miniĂšres. Parmi ses nombreuses ressources minĂ©rales, les plus notables sont le pĂ©trole, le gaz naturel, le charbon, le chlorure de sodium, le potassium, le magnĂ©sium, le plomb, le zinc et l’or[52], ainsi que d’importantes rĂ©serves d’amiante, de borax et de gypse[53].

Agriculture, Ă©levage et sylviculture

Agriculture

Schigatsé-Taktsé, agriculture avec des yaks, 1938.
Agriculteur labourant un champ avec une paire de yaks, photo de Nathan Freitas intitulée « Les yaks fournissent toujours la meilleure façon de labourer les champs au Tibet ».

L’économie de l’ancien Tibet Ă©tait dominĂ©e par une agriculture de subsistance ayant pour but de pourvoir ses proches et sa famille.

Les principales cultures aujourd’hui sont l’orge, le blĂ©, le sarrasin, le seigle, la pomme de terre, l’avoine, le colza, le coton, des fruits et lĂ©gumes variĂ©s. L’orge, qui est la culture principale, est cultivĂ©e essentiellement entre 2 500 m et 4 000 m d’altitude car cette cĂ©rĂ©ale rĂ©siste bien au froid.

Selon Roland Barraux, l'arrivée massive de consommateurs dans les années 1950 pesa sur le marché fragile des ressources alimentaires, entraßnant une inflation[54] - [55].

Selon Horst SĂŒdkamp, en 1954, 40 000 agriculteurs Han furent installĂ©s au Tibet[56]. Selon le Tibetan Centre for Human Rights & Democracy, entre 1954 et la moitiĂ© des annĂ©es 1960, une migration Ă  grande Ă©chelle des Han s’est produite dans le Qinghai (Amdo), pour revendiquer les prairies pour l’agriculture, Ă  la fois pour des fermes d’état et des laogai (camps de rĂ©forme par le travail). Des milliers de migrants Han attirĂ©s par les possibilitĂ©s agricoles ont commencĂ© Ă  arriver dans les annĂ©es 1960, et des cadres Han ont Ă©tĂ© envoyĂ©s dans des rĂ©gions rurales du plateau pour l’administration[57].

Selon des sources chinoises, Ă  l’automne 1960, 200 000 paysans se virent attribuer les titres de jouissance et de libre gestion des terres tandis que les nomades devenaient propriĂ©taires et gestionnaires de leurs troupeaux[58].

Selon Laura S. Ziemer, dans les annĂ©es 1960, les autoritĂ©s forcĂšrent les agriculteurs tibĂ©tains Ă  cultiver le blĂ©, Ă  la place de l’orge qui est la rĂ©colte traditionnelle dans la rĂ©gion de l’Himalaya, ce qui eut pour rĂ©sultat deux famines graves, inĂ©dites dans l’histoire tibĂ©taine : la premiĂšre, dans les annĂ©es 1960, suivie d'une deuxiĂšme entre 1968 et 1973, durant la rĂ©volution culturelle[59] - [60] - [61]

En 1997, Laurent Deshayes indiquait qu’il existait un problĂšme de « pollution des sols par les boues industrielles et les diffĂ©rents engrais et pesticides utilisĂ©s pour faciliter la croissance des blĂ©s hybrides, imposĂ©s par les autoritĂ©s, au dĂ©triment des cultures traditionnelles, principalement celle de l’orge ». Ces techniques permettaient d’obtenir des rendements trĂšs importants en zone de montagne mais finalement « stĂ©rilisaient les sols »[62].

InterrogĂ© par le Centre tibĂ©tain pour les droits de l'homme et la dĂ©mocratie, Tsering Dorjee, un TibĂ©tain natif de la rĂ©gion de Qomolangma, qui quitta son village pour faire des Ă©tudes puis passa une annĂ©e au Tibet entre 2005 et 2006 (il vit actuellement aux États-Unis), rapporte que les mĂ©thodes agricoles n’ont pas changĂ© au Qomolangma depuis l’entrĂ©e des Chinois. Les autoritĂ©s locales auraient derniĂšrement introduit des engrais et des pesticides pour amĂ©liorer la productivitĂ©, obligeant les agriculteurs tibĂ©tains Ă  les acheter ou Ă  les rembourser sous forme de grain. Ces derniers se plaignent des dommages sur les sols dus Ă  l’utilisation de ces produits et de la modification du goĂ»t de la farine d’orge. Les paysans ne peuvent rembourser ces produits et certains deviennent endettĂ©s[63].

Selon RevolutionĂ€r Sozialistische Organisation, une organisation trotskiste basĂ©e en Autriche, en 2008, environ 60 % de la population de la rĂ©gion autonome du Tibet vit de l’agriculture[64].

Élevage

Yaks devant le monastĂšre Ganden Thubchen Choekhorling.

Avec ses 80 millions d’hectares de prairies, le Tibet est une des cinq grandes rĂ©gions pastorales de la Chine. Au dĂ©but des annĂ©es 1950, la valeur de la production pastorale reprĂ©sentait les 2⁄3 de la production agricole et pastorale totale. Depuis 1994, la production agricole dĂ©passe la production pastorale[65].

En raison de la limitation des terres arables, l’élevage du bĂ©tail est l’occupation principale sur le Plateau tibĂ©tain, les espĂšces incluent mouton, vache, chĂšvre, chameau, yak, Ăąne et cheval.

Le Yak domestique (Bos grunniens grunniens Linnaeus, 1766) est utilisĂ©e comme bĂȘte de somme (un yak porte environ 130 kg) et comme monture et fournit laine (avec laquelle on confectionne des vĂȘtements et des cordes), cuir, viande (sĂ©chĂ©e Ă  l’air froid et sec), lait (sous forme nature ou fermentĂ©e) et fromage. De plus, ses bouses sĂ©chĂ©es sont un combustible trĂšs utilisĂ©. En Mongolie, le yak est frĂ©quemment croisĂ© avec des vaches, les hybrides sont des dzo et remplacent admirablement bien les yaks aux faibles altitudes. Ils sont utilisĂ©s comme animaux de bĂąt et pour les travaux aux champs[66].

Urbanisation d'Ă©leveurs et des nomades

En 1996, une politique de sédentarisation et une réglementation des libertés des nomades dans la Région autonome du Tibet est mise en place[67].

Selon un rapport publiĂ© par l’ONG amĂ©ricaine Human Rights Watch en 2007, le gouvernement chinois obligerait les bergers tibĂ©tains au Gansu, Qinghai, Sichuan et dans la RĂ©gion autonome du Tibet Ă  quitter leur activitĂ© d’éleveur et Ă  rejoindre les grandes villes[68]. Le directeur pour l’Asie de Human Rights Watch indique que « Certaines autoritĂ©s chinoises prĂ©tendent que leur urbanisation forcĂ©e des bergers tibĂ©tains est une forme Ă©clairĂ©e de modernisation ». La tibĂ©tologue Anne-Marie Blondeau indique que ces populations, qui subvenaient Ă  leurs besoins, sont maintenant logĂ©es dans les banlieues des grandes villes dans des conditions Ă©conomiques difficiles [69].

Selon l'anthropologue allemand Adrian Zenz, un certain nombre de camps de travail ont Ă©tĂ© Ă©tablis dans la rĂ©gion autonome du Tibet. Dans un rapport de il indique que plus de 500 000 TibĂ©tains ont Ă©tĂ© contraints d’intĂ©grer ces « camps de formation militarisĂ©s ». Pour la tibĂ©tologue Françoise Robin : « il faut les changer Ă  travers une formation qui va les Ă©loigner de leurs repĂšres traditionnels pour les engager dans une voie plus assimilationniste. En fait, ce que craignent tous les spĂ©cialistes du Tibet, c'est une intensification de l'assimilation » [70] - [71].

Nomadisme

Se basant sur une description des nomades du royaume de DergĂ©, une Ă©tude rĂ©cente analyse l’économie pastorale tibĂ©taine prĂ©-moderne et l’organisation sociale dans la rĂ©gion du Kham, le Tibet oriental. Il replace de façon convaincante les dĂ©bats anthropologiques et politiques sur le fĂ©odalisme ou le servage dans les sociĂ©tĂ©s tibĂ©taines dans une perspective des contextes locaux, historiques, et socio-Ă©conomiques[72].

Ressources forestiĂšres

Le Tibet est riche en ressources forestiĂšres. Il possĂšde 7,17 millions d’hectares de forĂȘt, et les rĂ©serves estimĂ©es se montent Ă  2,08 milliards de mĂštres cubes, soit les plus Ă©levĂ©es de Chine. Il y a environ 13 millions d’hectares de terres convenant au reboisement[73]. Ces rĂ©serves se trouvent dans le sud, l’est et le sud-est du Tibet. Il y a des forĂȘts alpines, tempĂ©rĂ©es, subtropicales et mĂȘme tropicales. La couverture forestiĂšre reprĂ©sente 9,8 % du territoire[74].

Déforestation : un phénomÚne postérieur ou antérieur à 1951 ?

Selon Jean-Paul Ribes, prĂ©sident du ComitĂ© de soutien au peuple tibĂ©tain, en 1949, les forĂȘts recouvraient 222 000 km2, soit prĂšs de la moitiĂ© de la superficie de la France. En 1989, la moitiĂ© de la surface de la forĂȘt Ă©tait rasĂ©e[75].

Selon une Ă©tude du World Watch Institute datant de 1998, la dĂ©forestation dans le bassin du YangtsĂ© pour l’ensemble de la Chine atteindrait 85 %[76].

En l’an 2000, on a estimĂ© que 80 Ă  90 % des forĂȘts qui protĂ©geaient le sol sur les montagnes en amont du bassin du YangzĂ© Kiang avaient Ă©tĂ© dĂ©truites[77].

En 1997, Laurent Deshayes indique que depuis 1951, l’exploitation industrielle avait « fait disparaĂźtre environ 45 % de la surface boisĂ©e ». Dans les territoires montagneux, cette dĂ©forestation augmente l’érosion des sols, ce qui induit une dĂ©sertification de vastes rĂ©gions en particulier dans le Kham. Par ailleurs, le Tibet « Ă©tant le rĂ©servoir de l’Asie, les consĂ©quences hydrologiques et atmosphĂ©riques de ces coupes forestiĂšres sont immenses ». Ainsi les crues de plus en plus importantes du YangtsĂ©, du Haut MĂ©kong et des cours d’eau du nord de l’Inde ont pour origine en partie ces dĂ©forestations. Par ailleurs ce dĂ©boisement mais aussi la mise en culture des pĂąturages rĂ©duisent les espaces de la faune[78].

Selon Jack Ives et Bruno Messerli[79], citĂ©s par Dorothy Klein, le dĂ©boisement est une affaire Ă  long terme, il remonte non pas Ă  1950 mais peut-ĂȘtre Ă  des centaines d'annĂ©es en arriĂšre, voire un millier d'annĂ©es. Ils font valoir que les tourbiĂšres qui existent et les arbres qui subsistent Ă  haute altitude tĂ©moignent du fait qu'il y avait autrefois davantage de forĂȘts au Tibet ; de plus, la sociĂ©tĂ© n'aurait pas pu financer la construction d'institutions religieuses aussi nombreuses et aussi grandes si tout le bois avait dĂ» ĂȘtre importĂ©[80].

Les dĂ©gĂąts du dĂ©boisement dans la rĂ©gion de Chamdo, capitale du Kham, dans les annĂ©es 1940, sont notĂ©s par l’opĂ©rateur radio Robert W. Ford : les collines Ă©taient nues et Ă©rodĂ©es, il ne restait que quelques bosquets de sapins[81].

La Chine indique avoir importĂ© du Tibet 18 millions de mĂštres cubes de grumes en 40 ans. Pendant ces 40 ans, les Chinois estiment le commerce du bois pour la seule rĂ©gion autonome du Tibet Ă  54 milliards de dollars[82].

Commerce

Traditionnellement, le Tibet exportait des peaux, de la laine, des produits mĂ©dicinaux et importait, depuis la Chine, du thĂ© et de la soie, et depuis l’Inde, des produits fabriquĂ©s. Ce commerce se faisait au moyen de caravanes de bĂȘtes de somme (yaks, mules, chevaux)[83] - [84].

Selon le sociologue chinois Rong Ma, les marchands Han ont jouĂ© un rĂŽle important dans le commerce du Tibet et pendant des siĂšcles, les principaux Ă©changes commerciaux se faisaient entre le Tibet et d'autres parties de la Chine. Il cite une estimation faite par le consul gĂ©nĂ©ral britannique de Chengdu (Sichuan) au dĂ©but du XXe siĂšcle indiquant que le commerce entre le Tibet et les autres rĂ©gions de Chine Ă©tait quatre fois plus Ă©levĂ© que celui entre le Tibet et l'Inde. Pendant des dĂ©cennies, l'une des trois plus grandes sociĂ©tĂ©s commerciales du Tibet, la sociĂ©tĂ© Retingsang que possĂ©dait le rĂ©gent Reting RinpochĂ©, contrĂŽla, conjointement avec la sociĂ©tĂ© Heng-Sheng-Gong, une sociĂ©tĂ© Han Ă©tablie dans le Yunnan, le commerce du thĂ© entre le Sichuan et le Tibet, soit 10 000 ballots de thĂ© annuellement. Lhassa comptait plus de 2 000 sociĂ©tĂ©s et magasins de commerce tenus par des Han Ă  la fin de la dynastie Qing[85].

Le commerce entre le Tibet, l'Inde et le NĂ©pal Ă©tait Ă©galement important. Les marchands tibĂ©tains Ă©taient trĂšs actifs, faisant venir diverses marchandises des zones Han comme de l'Inde et du NĂ©pal. Les comptes des douanes de Yatung indiquent que le tonnage annuel de laine exportĂ© en Inde atteignait 544 tonnes de 1895 Ă  1898. Plus de 150 magasins Ă  Lhassa Ă©taient tenus par des NĂ©palais dans les annĂ©es 1940. Enfin, le gouvernement des Indes britanniques avait ses propres agences commerciales Ă  Lhassa et Ă  Gyantse[86]

À la fin des annĂ©es 1940, Ă  ce que rapporte l’Autrichien Heinrich Harrer, Lhassa recelait nombre de bazars oĂč l’on trouvait de tout, depuis des aiguilles jusqu’aux bottes en caoutchouc, ainsi que des boutiques de mode vendant des tentures et des soieries. Il y avait des magasins d’alimentation oĂč l’on pouvait acheter, outre les produits du pays, du corned-beef (« singe ») amĂ©ricain, du beurre australien et du whisky anglais. On pouvait mĂȘme se procurer des produits de beautĂ© Elizabeth Arden. Harrer prĂ©cise qu’il n’y a rien qu’on ne puisse acheter ou du moins commander : machines Ă  coudre, postes de radio, et phonographes[87] - [88].

Les nomades du sel, avec leurs longues caravanes de troc de sel pour de l’orge, ont Ă©tĂ© mieux connus en Occident grĂące au documentaire suisse-allemand de 1997, La Route du sel[89] - [90], et au film multi-primĂ© franco-nĂ©palais de 1999, Himalaya : L’Enfance d’un chef.

Industrie

Dans le Tibet d’avant 1950, d’aprĂšs le philosophe et Ă©crivain slovĂšne Slavoj ĆœiĆŸek, l’élite dirigeante empĂȘchait tout dĂ©veloppement de l’industrie par crainte d’une disruption de la sociĂ©tĂ©, Ă  telle enseigne que tout mĂ©tal devait ĂȘtre importĂ© d’Inde[91]. Nain Singh (en) qui se rendit au Tibet en 1867-1868 passa par des sites aurifĂšres, certains abandonnĂ©s, et d'autres exploitĂ©s, nommĂ©s en tibĂ©tain Thok Jalung, Thok Nianmo, Thok Sarlung, Thok Ragyok, Thok dalung, Thok-Bakung, Sarlung... La carte et la description des mines furent publiĂ©es par le colonel Thomas George Montgomerie dans le journal de la sociĂ©tĂ© royale de gĂ©ographie de Londres en 1868 et 1869[92]. Selon le britannique Robert W. Ford qui sĂ©journa Ă  Chamdo Ă  la fin des annĂ©es 1940, le Tibet Ă©tait riche en minerais, dont l’or, mais ceux-ci n’avaient jamais Ă©tĂ© exploitĂ©s. Un moine nommĂ© Möndro prospecta et creusa Ă  son retour de stage en Angleterre fin 1916 ou Ă©tĂ© 1917. L'abbĂ© d'une rĂ©gion protesta qu'il aurait risquĂ© de dĂ©ranger les esprits et de gĂąter les rĂ©coltes. Möndro changea d'endroit et commença Ă  creuser, mais le mĂȘme phĂ©nomĂšne se produisit[93]. Cependant, selon Bradley Mayhew et Michael Kohn le 13e dalaĂŻ-lama avait invitĂ© des spĂ©cialistes britanniques pour effectuer des Ă©tudes gĂ©ologiques dans certaines parties du Tibet afin d'Ă©valuer les possibilitĂ©s d'extraction miniĂšre[94]. Dans la liste des mesures qu'il avait proposĂ©es pour aider le Tibet Ă  garder sa libertĂ©, Sir Charles Bell avait citĂ© l'assistance de la Grande-Bretagne pour faire venir des prospecteurs et Ă©ventuellement des ingĂ©nieurs des mines. Il recommandait cependant que le gouvernement tibĂ©tain en ait la pleine propriĂ©tĂ©, et qu'il n'engage que des entreprises dignes de confiance pour les exploiter[95]. En 1922, Möndro a poursuivi sa recherche d'or au Tibet avec le Britannique Sir Henry Hubert Hayden (1869–1923) quand l'intervention de ce dernier fut demandĂ© par le gouvernement tibĂ©tain pour la prospection de mines au Tibet[96].

Selon Rong Ma, de nombreuses usines ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es dans la rĂ©gion autonome du Tibet depuis 1959 mais le dĂ©veloppement de l'industrie y a connu une histoire sinuueuse. Le gouvernement s'en est d'abord tenu Ă  la structure industrielle et aux plans de dĂ©veloppement en vigueur dans d'autres rĂ©gions sans tenir compte de la situation locale (raretĂ© des combustibles, coĂ»ts de transport Ă©levĂ©s, main-d'Ɠuvre locale non qualifiĂ©e, etc.), dans une rĂ©gion oĂč, avant 1950, il n'y avait aucune industrie ni infrastructure modernes et oĂč le mode de vie et les habitudes de travail des habitants Ă©taient bien diffĂ©rents de ceux des sociĂ©tĂ©s industrielles. Si bien que nombre d'usines devinrent rapidement dĂ©ficitaires financiĂšrement et un boulet pour le gouvernement. La valeur de la production industrielle des entreprises d'État grimpa Ă  141,7 millions de yuans en 1960 pour redescendre Ă  11,2 millions en 1968[97].

Toujours selon Rong Ma, non sans quelques rajustements, la valeur de la production industrielle remonta Ă  la fin des annĂ©es 1980. Par ailleurs, comme dans le reste de la Chine, la propriĂ©tĂ© des entreprises industrielles connut de grands changements dans sa composition. En 2007, pour une production industrielle brute d'une valeur totale de 5 044 millions de yuans, 35,1 % provenaient des entreprises Ă©tatiques, 5,6 % des entreprises en propriĂ©tĂ© collective et 61,3 % du reste (sociĂ©tĂ©s privĂ©es, coentreprises et sociĂ©tĂ©s Ă©trangĂšres). L'entreprise privĂ©e est dĂ©sormais la source principale de la croissance de la production industrielle[98].

Selon Vegard Iversen, citant Rong Ma (1997, p. 184), le développement industriel au Tibet a été trÚs limité. En zone rurale, le poids industriel avait une valeur de 1,1 % en 1986, chiffre le plus bas de toutes les provinces chinoises. Ainsi, l'industrialisation limitée du Tibet est-elle pour l'essentiel urbaine. La majorité des travailleurs employés dans l'industrie sont des Chinois, les effets de l'industrie sont donc négligeables sur l'emploi des Tibétains[99].

Selon le Livre blanc illustrĂ© publiĂ© par le gouvernement central en 2009 Ă  l’occasion du Cinquantenaire de la « RĂ©forme dĂ©mocratique au Tibet », une industrie moderne aux couleurs tibĂ©taines s’est dĂ©veloppĂ©e avec pour piliers l’extraction miniĂšre, les matĂ©riaux de construction, l’artisanat et la mĂ©decine tibĂ©taine, et comme auxiliaires la production d’électricitĂ©, la transformation des produits de l’agriculture et de l’élevage et la production alimentaire. La valeur ajoutĂ©e industrielle a grimpĂ© de 15 millions de yuans en 1959 Ă  2,968 milliards de yuans en 2008. Le commerce moderne, le tourisme, la restauration, les loisirs et autres industries, inconnues sous l’ancien rĂ©gime, sont en plein essor et constituent les industries premiĂšres de la rĂ©gion[100].

Artisanat

Dans les rĂ©gions agricoles et pastorales, l’artisanat a toujours constituĂ© une occupation familiale auxiliaire. Avant les annĂ©es 1970, la plupart des produits d’artisanat servaient Ă  l’usage familial, quelques-uns au troc. Dans les annĂ©es 1950, les artisans spĂ©cialisĂ©s, concentrĂ©s dans les rĂ©gions urbaines, regroupaient 800 foyers[101].

Selon le sociologue chinois Rong Ma, les principales productions artisanales étaient du tissu tibétain, des tapis, des tentes, des bols en bois, des bottes, des couteaux et des bijoux. En dehors de la laine, du cuir et du bois produits sur place, les autres matiÚres (tissu en coton, soie, métaux, etc.) étaient importées des provinces Han voisines ou de l'Inde et du Népal[102].

L’essor Ă©conomique de la rĂ©gion autonome permet de faire revivre l’artisanat traditionnel. Selon l’enseignant et Ă©crivain australien Mark Anthony Jones, nombre de TibĂ©tains trouvent dĂ©sormais, dans la vente d’objets artisanaux et de produits culturels aux touristes, un revenu non nĂ©gligeable. Ces divers produits rencontrent mĂȘme le succĂšs auprĂšs des TibĂ©tains eux-mĂȘmes[103].

CrĂ©Ă©e en 1953, l’usine Ă©tatique[104] de tapis de Lhassa est devenue une entreprise moderne dont les produits se vendent en Europe, en AmĂ©rique du Nord et en Asie du Sud[105].

Selon Vegard Iversen, en 1989-1990, les exportations de tapis tibĂ©tains du NĂ©pal atteignaient 74 millions au NĂ©pal contre seulement 11 000 dollars pour la RĂ©gion autonome du Tibet[106].

Environ 2 000 artisans rĂ©alisent et vendent des productions de l’art Regong nĂ© le long de la riviĂšre Longwu qui traverse l’actuelle prĂ©fecture autonome tibĂ©taine de Huangnan[107].

Tourisme

Étal de souvenirs à Lhassa (2007).

AprĂšs s’ĂȘtre ouverte aux touristes Ă©trangers en 1979, Ă  ce que rapporte l’historien Pierre Chapoutot, la RĂ©gion autonome du Tibet en reçut 300 en 1980, 2 000 en 1984 et 28 000 en 1994[108].

Dans la 2e moitiĂ© des annĂ©es 1980, le dĂ©veloppement de l'industrie du tourisme, selon Vegard Iversen, a Ă©tĂ© freinĂ© par la prĂ©sence de l'État chinois au Tibet. Alors qu'au NĂ©pal, les revenus de ce secteur atteignirent plus de 24 % des revenus des Ă©changes extĂ©rieurs en 1985-1990, le nombre de touristes Ă©trangers ayant visitĂ© le Tibet entre 1985 et 1989 Ă©tait de 23 000 contre 273 000 en 1991 au NĂ©pal, oĂč les revenus de cette industrie Ă©taient de 73 millions de dollars amĂ©ricains[109].

En 2004, le chiffre de visiteurs grimpa Ă  1,1 million[110], en 2005 Ă  1,6 million[111]. AprĂšs l’achĂšvement de la Ligne ferroviaire Qing-Zang au mois de , le tourisme augmenta rapidement. La rĂ©gion autonome reçut 2,5 millions de touristes en 2006, principalement chinois, et pour 150 000 d’entre eux, des Ă©trangers[112]. En 2007 le chiffre monta Ă  4 millions pour resdescendre Ă  2 246 400 visiteurs en 2008[113] en raison de la fermeture de la rĂ©gion de mars Ă  juin. Entre janvier et , plus de 2,7 millions de touristes visitĂšrent la rĂ©gion, soit trois fois plus que durant la mĂȘme pĂ©riode de 2008, indique le Quotidien du Tibet[114], pour un revenu de 2,29 milliards de yuans[115].

En 2010, la région accueillit 6,85 millions de touristes chinois et étrangers, dégageant des revenus de 7,14 milliards de yuan (11 milliards de dollars), soit 14 % de son produit intérieur brut[116].

L'année 2011 vit la réalisation du premier office de tourisme à Lhassa. Le coût du projet était de 15,7 millions de yuans (2,29 millions de dollars), pris en charge par les autorités centrales. L'office est situé sur la place de la gare, dans le centre-ville de Lhassa[117].

Pour l'annĂ©e 2012, Ă  la date du , la rĂ©gion autonome du Tibet a reçu 10,34 millions de visiteurs venant d'autres rĂ©gions de Chine ou de l'Ă©tranger, contre 8,69 millions en 2011. PrĂšs de 300 000 personnes sont employĂ©es dans le secteur touristique rĂ©gional[118].

Infrastructures

Ringang (Rinzin Dorji), 1938.

Selon un rapport du sĂ©nateur Louis de Broissia, « Le Tibet ancien Ă©tait Ă  peu prĂšs complĂštement dĂ©pourvu d’infrastructures Ă©conomiques. Il suffit de lire les rĂ©cits des voyages effectuĂ©s par l’aventuriĂšre française Alexandra David-NĂ©el dans la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle pour mesurer l’archaĂŻsme des moyens de communication du Tibet traditionnel, oĂč les durĂ©es de trajet se mesuraient en nombreuses semaines »[119]. « Si on allait [au Tibet] du Qinghai ou du Xikang (province disparue situĂ©e entre le Sichuan et le Tibet) », affirme Li Youyi, « il fallait trois mois au minimum. L’état des routes ne permettait pas aux gens faibles de voyager »[120]. Au milieu du XXe siĂšcle, le Tibet n'avait toujours pas de routes pour vĂ©hicules automobiles, de voies de chemin de fer et de lignes aĂ©riennes[121].

La construction de routes, de voies ferrĂ©es et d’aĂ©roports[122] a permis de dĂ©senclaver le pays et a favorisĂ© le dĂ©veloppement du tourisme[123], de l’industrie et du commerce dans la rĂ©gion autonome du Tibet. Un olĂ©oduc de plus de 1 000 km de long a mĂȘme Ă©tĂ© posĂ© entre Goldmund et Lhassa[124].

Selon Claude Levenson, les investissements mis en avant par le gouvernement chinois servent avant tout Ă  la rĂ©alisation des infrastructures afin de relier le Tibet Ă  la Chine et au paiement d’une administration importante[46].

RĂ©seau Ă©lectrique

Trabshi Lekhung, 1933
Trabshi Lekhung, 1933

La construction de la premiĂšre centrale hydroĂ©lectrique remonte Ă  1927. Elle supplĂ©a l’arsenal (Trabshi Lekhung) installĂ© par Ringang Ă  Drapchi, prĂšs de Lhassa oĂč Ă©tait notamment fabriquĂ©e la monnaie[125] - [126]. Dans son livre My China eye: memoirs of a Jew and journalist, Israel Epstein rapporte que la distribution de l’électricitĂ©, souvent irrĂ©guliĂšre, ne concernait que le Potala et quelques familles nobles. En 1965, ajoute-t-il, les neuf-dixiĂšmes des foyers de Lhassa disposaient de l’éclairage Ă©lectrique. Cependant, selon le docteur Tenzin Choedrak, Ă  Lhassa en 1980, seuls les Chinois avaient accĂšs Ă  l'Ă©lectricitĂ©[127].

La centrale hydroélectrique de Nagchen, située dans la région de Lhassa a été construite entre 1959 et 1960. Elle fut construite par des prisonniers d'un camp de détention situé à proximité. Affectés par la malnutrition et exténués par un travail harassant, plusieurs d'entre eux mouraient chaque jour, leurs cadavres étaient jetés dans le fleuve par les gardes. Selon Tubten Khétsun, un des travailleurs du chantier, la centrale fournissait de l'électricité aux unités de travail chinoises, la population ne bénéficiant que d'un éclairage succinct durant prÚs de 10 jours par mois. En hiver et au printemps, quand le niveau d'eau était au plus bas, elle ne fonctionnait pas. L'électrification n'était qu'une fiction[128].

En 1976, le Tibet possĂ©dait plusieurs centrales hydro-Ă©lectriques de taille moyenne alimentant les villes, en plus d’un grand nombre de petites centrales dans les campagnes reculĂ©es fournissant de l’électricitĂ© aux petites communautĂ©s rurales[129].

En 2002, la tibĂ©tologue Françoise Pommaret Ă©crit que la richesse hydroĂ©lectrique reprĂ©sente 57 % du potentiel de la Chine et des centrales sont construites pour exporter l’électricitĂ© vers le sud du pays[130].

L’autosuffisance hydroĂ©lectrique est programmĂ©e pour la fin de l’annĂ©e 2010 au plus tard, avec une puissance installĂ©e de 500 MW. En raison de la dispersion de l’habitat sur le haut plateau, on compte sur l’énergie solaire pour Ă©largir l’accĂšs Ă  l’électricitĂ© au 1 million d’habitants qui ne sont pas encore couverts[131].

La plus grande centrale solaire de la rĂ©gion autonome est entrĂ©e en service en . SituĂ©e Ă  km au nord-ouest de la ville de Xigaze, dans la prĂ©fecture du mĂȘme nom, elle devrait produire jusqu'Ă  20,23 millions de kWh par an et permettre d'y attĂ©nuer la pĂ©nurie d'Ă©lectricitĂ©, en plus d'Ă©conomiser 9 000 tonnes mĂ©triques de charbon. Le financement a Ă©tĂ© assurĂ© par le groupe Linuo Power, fournisseur de panneaux solaires photovoltaĂŻques ayant son siĂšge dans la province de Shandong[132]. En 2011, il est prĂ©vu de construire 10 centrales solaires (dont celle de Xigaze) produisant en tout 100 mĂ©gawatts. L'Ă©nergie du soleil est trĂšs largement utilisĂ©e par les foyers tibĂ©tains : il y a 400 000 rĂ©chauds solaires, 200 000 foyers Ă©clairĂ©s Ă  l'Ă©nergie solaire[133].

En 2011, a Ă©tĂ© raccordĂ©e au rĂ©seau la centrale photovoltaĂŻque de Yangbajing, situĂ©e dans le comtĂ© de Dangxiong Ă  90 km au nord-ouest de Lhassa, dans la rĂ©gion autonome du Tibet. Elle a une capacitĂ© de 10 mĂ©gawatts[134].

À la fin de l'annĂ©e 2011, dans la rĂ©gion autonome du Tibet, prĂšs de 500 000 TibĂ©tains, soit un cinquiĂšme de la population, n'ont pas accĂšs Ă  l'Ă©lectricitĂ©. Les autoritĂ©s chinoises envisagent de combler ce retard d'ici la prochaine dĂ©cennie[135].

RĂ©seau ferroviaire

Ligne ferroviaire Qing-Zang (2007)
Gare ferroviaire de Lhassa (vers 2009)

Le , Hu Jintao a inaugurĂ© le premier train pour Lhassa Ă  la gare de Golmud, dans la prĂ©fecture autonome mongole et tibĂ©taine de Haixi de la province du Qinghai. Cette nouvelle ligne ferroviaire relie le Tibet au reste de la Chine, mettant PĂ©kin Ă  deux jours de train[136]. GrĂące Ă  elle, 4 561 km sont franchis pour environ 80 Euros.

Depuis , une extension de la ligne Qing-Zang jusqu'Ă  Xigaze est en cours de construction et devrait ĂȘtre achevĂ©e d'ici 2015 selon la commission de dĂ©veloppement et de rĂ©forme rĂ©gionale. Longue de 253 kilomĂštres, cette extension traversera cinq comtĂ©s. Elle est conçue pour transporter 8,8 millions de tonnes de fret annuellement et permettre aux trains de rouler Ă  la vitesse minimale de 120 km/h. Un autre prolongement est prĂ©vu entre Lhassa et Nyingchi dans les cinq prochaines annĂ©es[137].

L'absence de véhicules à roues pour le transport

VĂ©hicule au Tibet (1933)
Carrioles Ă  pneumatiques (2002).

Edmund Candler, William Montgomery McGovern, Heinrich Harrer, Robert W. Ford, qui sĂ©journĂšrent au Tibet Ă  diverses pĂ©riodes de la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle, signalent dans leurs mĂ©moires que l’usage de la roue y Ă©tait inconnu dans les moyens de transport.

Selon Edmund Candler, les premiers véhicules à faire leur apparition au Tibet furent les charrettes (ekkas) construites spécialement pour le corps expéditionnaire britannique en 1904[138].

L’aventurier amĂ©ricain William Montgomery McGovern, qui voyagea au Tibet en 1922, rapporte que l’usage de vĂ©hicules Ă  roues Ă©tait certes impossible pour traverser les cols mais restait inconnu partout au Tibet[139].

L’Autrichien Heinrich Harrer dĂ©plorait que la roue soit interdite au Tibet alors que les Chinois l’utilisaient depuis des milliers d’annĂ©es. Son usage, argumentait-il, donnerait une impulsion considĂ©rable au transport et au commerce et entraĂźnerait une Ă©lĂ©vation du niveau de vie dans tout le pays[140]. (De retour au Tibet en 1982, il constate que les paysans disposent dĂ©sormais de carrioles Ă  roues de bicyclettes)[141].

De mĂȘme, l’Anglais Robert W. Ford constatait qu’il n’y avait aucun vĂ©hicule sur roues, pas mĂȘme des charrettes tirĂ©es par des animaux, ni aucune route digne de ce nom[142].

Lorsqu'il quittait sa résidence d'hiver, le palais du Potala, pour passer l'été au parc de Norbulingka, le 14e dalaï-lama se déplaçait dans un palanquin jaune, tapissé de soie, porté par trente-six porteurs et abrité du soleil par un moine portant une vaste ombrelle en plumes de paon[143]. Cette chaise à porteurs est conservée aujourd'hui au Norbulingka, dans le nouveau palais d'été construit de 1954 à 1956.

Les moyens de locomotion Ă  la fin du XIXe siĂšcle

Traversée d'une passerelle en bois par un convoi de mules (1938)

Dans un livre publiĂ© en 1886, l’orientaliste français LĂ©on Feer Ă©voquait en ces termes les « moyens de locomotion » au Tibet Ă  cette Ă©poque :

« Les routes sont fort peu entretenues au Tibet ; surtout elles prĂ©sentent frĂ©quemment des passages trĂšs difficiles dans les montagnes et traversent des fleuves et des torrents ; les chutes de neige viennent souvent accroĂźtre les obstacles. On ne fait pas grand usage de voitures ; les voyages s’exĂ©cutent surtout Ă  dos de cheval, d’ñne et de mulet ; les moutons et les yaks portent les bagages. Quand la neige a rendu les chemins impraticables, on envoie des yaks en avant pour la piĂ©tiner et frayer un sentier. Les prĂ©cipices et les fleuves se traversent au moyen soit de bacs, soit de ponts. Les ponts sont de plusieurs espĂšces ; il y en a en fer, en bois, en corde[144]. »

Objections Ă  l'Ă©tablissement de routes en 1904

Dans son rĂ©cit des pourparlers ayant conduit au traitĂ© de Lhassa de 1904 Ă  la suite de l’invasion du Tibet par l’armĂ©e britannique, le journaliste militaire Edmund Candler Ă©voque les raisons avancĂ©es par l’assemblĂ©e nationale tibĂ©taine dans sa premiĂšre rĂ©ponse en opposition notamment au percement de routes exigĂ© par la partie britannique : les tirs de mines et le soulĂšvement du sol offenseraient les dieux et attireraient des ennuis au voisinage [145].

Les premiĂšres autos et motos

En 1925, le 13e dalaĂŻ-lama, qui lança au Tibet une campagne de modernisation, confia le dĂ©partement gouvernemental regroupant la monnaie, l’arsenal et la production Ă©lectrique Ă  Thupten Kunphel-la, un moine issu d’une famille d’humbles paysans. Adepte de la modernitĂ©, Kunphel-la importa au Tibet les premiĂšres automobiles, une Dodge et deux petites Austin[146].

Selon Dundul Namgyal Tsarong, le 13e dalaĂŻ-lama possĂ©dait trois voitures et envisageait la construction de routes[147]. D'autres sources prĂ©cisent que 2 voitures lui furent offertes, une Austin Baby 1927 et une Dodge orange[148], tandis qu'une troisiĂšme, une Austine A40, appartenait Ă  Thupten Kunphel-la[149]. AprĂšs la disparition du 13e dalaĂŻ-lama en 1933, Reting RinpochĂ©, lui aussi favorable Ă  la modernisation, devint rĂ©gent. Il possĂ©dait plusieurs motocyclettes, et de jeunes tibĂ©tains en importĂšrent sous sa rĂ©gence[150]. Cependant, en 1943, le nouveau rĂ©gent, Taktra RinpochĂ©, un conservateur opposĂ© Ă  la modernisation, interdit l’usage des motocyclettes et des vĂ©los[150]. Le rĂ©gent et le clergĂ© conservateur croyaient que les roues des vĂ©hicules laisseraient des cicatrices Ă  la surface sacrĂ©e de la terre[151].

Le désenclavement de la région

Proposition par Sun Yat-sen d'un rĂ©seau de chemin de fer couvrant toute la Chine, Tibet et Mongolie compris (1917–1920)

Selon Zhao Zongzhi et Jia Lijun, avant les annĂ©es 1950, il n’existait aucune route vĂ©ritable sous le 14e dalaĂŻ-lama, en dehors de la route de terre longue d’un kilomĂštre reliant le palais du Potala Ă  la rĂ©sidence d’étĂ© du Norbulingka[152].

Le dĂ©senclavement routier du Tibet fut entrepris par le gouvernement chinois dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1950. Une premiĂšre route reliant le Sichuan Ă  Lhassa fut ouverte officiellement le . Longue de 2 400 km, elle nĂ©cessita quatre annĂ©es et neuf mois de travaux[153]. Le mĂȘme jour vit l’inauguration d’une route reliant Xining, la capitale du QinghaĂŻ, Ă  Lhasa, la capitale du Tibet. Longue de quelque 2 000 km, elle fut baptisĂ©e « route de la libertĂ© »[154]. Le premier convoi de camions chinois atteignit Lhassa le jour de NoĂ«l 1954[155].

Ces deux premiĂšres routes, construites par l’ArmĂ©e populaire de libĂ©ration et des TibĂ©tains, marquĂšrent un tournant pour les transports en raccourcissant les distances entre la rĂ©gion et le reste du pays et vinrent Ă  ĂȘtre connues sous l’appellation de « ponts dorĂ©s »[156].

Une 3e grande voie de communication fut ouverte en , reliant le Xinjiang au Tibet en passant par l’AksaĂŻ-Chin et couvrant 1 200 km. GrĂące Ă  ces nouvelles routes, le prix du thĂ© chinois, une des denrĂ©es quotidiennes des habitants, baissa des deux tiers en deux ans. Un camion pouvait dĂ©sormais transporter en deux jours la mĂȘme quantitĂ© de marchandises que soixante yaks en douze jours[157].

Selon Adhe Tapontsang, certains TibĂ©tains croyaient que ces routes seraient un avantage, mais la plupart savaient qu’elles serviraient bien plus au dĂ©ploiement rapide de l’équipement et des troupes chinoises dans l’ensemble du Tibet. La route reliant Lhassa Ă  Xikang, passant par Dartsedo et Karze, fut construite par des Chinois de Chengdu et d’autres villes du Sichuan, la plupart enrĂŽlĂ©s de forces, certains Ă©taient des prisonniers, des anciens du Guomindang. Le mal des montagnes et les dures conditions de travail entraĂźnĂšrent de nombreuses morts, et les survivants devinrent les premiers colons chinois vivant dans un Tibet sous rĂ©gime communiste. Des TibĂ©tains de Minyak ou d’autres rĂ©gions entre Dartsedo et Nyarong furent embauchĂšs pour travailler sur des chantiers sĂ©parĂ©s des Chinois. Bien payĂ©s au dĂ©part, ils virent leurs salaires diminuĂ©s subitement de façon importante aprĂšs l’arrivĂ©e des nouvelles unitĂ©s de l’ArmĂ©e populaire de libĂ©ration. Comme ils refusaient de poursuivre dans ces conditions, on tenta de les convaincre de reprendre le travail, puis on les menaça de reprĂ©sailles, certains disparurent : ils furent dĂ©placĂ© plus au nord, Ă  Golmud[158].

La situation dans les années 2000

À la date de 2003, 41 302 km de routes avaient Ă©tĂ© construits. La rĂ©gion possĂ©dait 5 nationales, 14 rĂ©gionales et 6 qui s’entrecroisent. En plus des 3 200 km de routes asphaltĂ©es, il y avait dĂ©sormais 32 195 km de voies rurales reliant quelque 683 communes et 5 966 villages[159].

Le , la Chine avait annoncĂ© la construction de la premiĂšre autoroute du Tibet, un tronçon de 37,9 kilomĂštres de route dans le sud-ouest de Lhassa. Le projet devait coĂ»ter 1,55 milliard de yuans (227 millions de dollars)[160]. Ouverte en , cette autoroute relie Lhassa Ă  l'aĂ©roport de Gonggar dans la prĂ©fecture de Shannan. Elle a 4 voies et un Ă©clairage d'origine solaire[161]. Il y a 216 478 automobiles au Tibet en 2011[162].

AĂ©roports

Salle d'embarquement de l'aéroport de Gonggar (2011)

Le premier aĂ©roport Ă  ĂȘtre construit au Tibet fut celui de Damxung en 1956. En 2011, la rĂ©gion autonome compte cinq aĂ©roports civils : Lhassa Gonggar, Chamdo Bamda, Nyingchi, Shigatse et Ngari Gunsa.

L’aĂ©roport de Gonggar est un aĂ©roport national et international desservant la ville de Lhassa. Il est situĂ© Ă  environ 45 km de Lhassa et Ă  plus de 3 500 m d’altitude. L’aĂ©roport de Chamdo Bamda (ou Bangda) se trouve dans la prĂ©fecture de Chamdo, Ă  4 334 m d’altitude. L’aĂ©roport de Nyinchi se trouve dans le sud-est du Tibet, Ă  2 949 m d’altitude. L'aĂ©roport de la Paix se trouve dans le comtĂ© de Jangdan, dans la prĂ©fecture de Shigatse, Ă  45 km de Shigatse et Ă  3 783 mĂštres d'altitude[163]. L'aĂ©roport de Ngari Gunsa se trouve dans la prĂ©fecture de Ngari, Ă  4 500 m d'altitude.

Tibet Airlines

En , le transporteur Tibet Airlines, sis à Lhassa, a réceptionné le premier d'une commande de trois A 319 d'Airbus. La compagnie aérienne veut créer un réseau régional couvrant l'ensemble des aéroports civils de la région autonome[164]. En , Tibet Airlines a inauguré trois nouvelles lignes reliant la ville de Nyingchi au Tibet respectivement à Lhassa, Chengdu (Sichuan) et Chongqing (Sichuan)[165].

La poste

Lors de l’indĂ©pendance de facto du Tibet et jusqu’à 1959, le Tibet avait un systĂšme postal. Dans ses mĂ©moires, Heinrich Harrer mentionne l’existence de timbres tibĂ©tains. Ils ont cĂ©dĂ© la place Ă  des timbres chinois.

La monnaie

Un billet de banque de 25 tam, daté 1659 (= AD 1913) (verso)

Le thangka Ă©tait nommĂ©e entre autres la monnaie. Le Tibet indĂ©pendant de facto avait sa propre monnaie (billets et piĂšces)[166]. Elle Ă©tait fabriquĂ©e dans un hĂŽtel de la monnaie construit dans les annĂ©es 1920[167] et fonctionnant Ă  l’électricitĂ© d’une petite centrale Ă©lectrique construite Ă  la mĂȘme Ă©poque[168]. La monnaie tibĂ©taine a cĂ©dĂ© la place Ă  la monnaie chinoise[169] - [170].

Les télécommunications

Le téléphone n'est devenu accessible au public qu'à partir de la fin des années 1950[171].

En 1994, la moitiĂ© des comtĂ©s du Tibet chinois Ă©taient Ă©quipĂ©s de lignes tĂ©lĂ©phoniques (28 000 en tout) permettant aux TibĂ©tains d'appeler partout dans le monde[172].

Aujourd'hui, les téléphones portables au Tibet sont dotés de l'écriture tibétaine[173].

Essor Ă©conomique (2000-2010)

Les chiffres

Depuis 2001, PĂ©kin a dĂ©pensĂ© 45,4 milliards de dollars au dĂ©veloppement Ă©conomique de la rĂ©gion autonome du Tibet. Cela a eu des effets bĂ©nĂ©fiques sur la croissance Ă©conomique, le niveau de vie, les infrastructures, et s’est traduit par un accroissement Ă  deux chiffres du produit intĂ©rieur brut de 2001 Ă  2009. Un tiers de cette somme est allĂ© Ă  des investissements dans les infrastructures, notamment le train reliant PĂ©kin Ă  Lhassa, lequel a fait baisser le prix des produits industriels et mĂ©nagers pour les TibĂ©tains tout en favorisant la vente des produits tibĂ©tains dans le reste de la Chine. Le tourisme a fait un bond, passant Ă  5,5 millions de visiteurs en 2009[174].

Selon le bureau national des statistiques de Chine, en 2001, le PIB du Tibet Ă©tait 13,9 milliards de yuans[175]. Le gouvernement central chinois exempte le Tibet de toute taxation et fournit 90 % des dĂ©penses du gouvernement du Tibet[176].

Selon le PrĂ©sident de la rĂ©gion autonome du Tibet, Qiangba Puncog, l’économie du Tibet se serait accrue en moyenne de 12 % par an de 2000 Ă  2006. Le PIB par personne a atteint 10 000 RMB en 2006 pour la premiĂšre fois de l’histoire du Tibet[112].

Un mode de vie en mutation

Bouilloire solaire pour le thé (1993).

Selon Xu Mingxu et Yuan Feng, la vie des TibĂ©tains change, les ampoules remplacent les lampes au beurre, la cuisine se fait au gaz et non plus Ă  la bouse de yak. Les gens se dĂ©placent en bus, en voiture, Ă  moto, Ă  vĂ©lo, en avion, ils disposent des attributs de la modernitĂ© que sont le tĂ©lĂ©phone, la tĂ©lĂ©vision, l’eau courante. L’ordinateur et l’Internet font leur entrĂ©e dans les Ă©coles, les entreprises, les services sociaux et les administrations. Les enfants, les gens d’ñge mĂ»r et mĂȘme les anciens aiment Ă  regarder la tĂ©lĂ©vision chez eux, se rendant moins souvent qu’autrefois dans les temples[177].

Les ombres au tableau

Un des points de vue des exilĂ©s tibĂ©tains est que « l’exploitation des ressources tibĂ©taines financĂ©e par l’État vise principalement Ă  soutenir l’industrie chinoise, et non pas Ă  favoriser le dĂ©veloppement durable du Tibet ». Par ailleurs les revenus des populations urbaines sont cinq fois plus Ă©levĂ©s que les revenus des populations rurales, les plus faibles de la RĂ©publique populaire de Chine, celles-ci concernent 85 % de la population tibĂ©taine. La culture tibĂ©taine avec l’industrie du tourisme, devrait devenir « une marchandise adaptĂ©e aux besoins de l’économie socialiste de marchĂ© »[178].

Selon Claude B. Levenson, un phénomÚne récent et nouveau est apparu dans les villes avec la mendicité enfantine, phénomÚne explicite concernant la situation économique du Tibet[46].

Selon Kent Ewing, journaliste de Asia Times Online, l’évolution Ă©conomique actuelle du Tibet est critiquĂ©e pour la maniĂšre dont elle « avantage de fait les rĂ©sidents chinois Â» et pour les atteintes Ă  l’agriculture et l’écologie de la rĂ©gion[179].

AprĂšs les troubles au Tibet en mars 2008, les autoritĂ©s chinoises en vinrent Ă  soupçonner de riches entrepreneurs, qui devraient ĂȘtre leurs plus fidĂšles soutiens. Karma Samdrup, un marchand d'art ayant fondĂ© une ONG de protection de l'environnement, est arrĂȘtĂ© en janvier 2010 et condamnĂ© Ă  quinze ans de prison[180]. Dorje Tashi, Ă  la tĂȘte d'une entreprise Ă  huit filiales dans le tourisme et l'immobilier, accusĂ© d'avoir financĂ© des associations Ă  l'Ă©tranger, est condamnĂ© Ă  perpĂ©tuitĂ©, alors qu'il Ă©tait un exemple pour les autoritĂ©s[181]. Robert Barnett a dĂ©clarĂ© que cette vague de procĂšs a montrĂ© que la politique de la Chine de favoriser le dĂ©veloppement Ă©conomique au Tibet avait Ă©chouĂ© Ă  assurer la loyautĂ© des hommes d'affaires tibĂ©tains[180].

À voir

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes et sources

Références

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  4. (en) Tibet’s GDP has an average annual growth of 8.9 percent, Illustrated White Paper: Fifty Years of democratic Reform in Tibet, sur le site chinahumanrights.org : « There was no modern industry in old Tibet. Now, a modern industrial system with Tibetan characteristics has formed, with mining, building materials, folk handicrafts and Tibetan medicine as pillar industries, and power, farming and animal product processing and foodstuffs as supplement. The industrial added value skyrocketed from 15 million yuan in 1959 to 2.968 billion yuan in 2008. Modern commerce, tourism, catering, entertainment and other industries that had never been heard of in old Tibet are now booming as primary industries in the region. »
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  6. Présentation géographique.
  7. Note : soit cinq fois la superficie de la France.
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  10. Buffetrille 2019, p. 143
  11. Buffetrille 2019, p. 129 Ă  131
  12. Buffetrille 2019, p. 131 et 132
  13. Buffetrille 2019, p. 134 Ă  139
  14. Michel Virlogeux Ponts métalliques EncyclopÊdia Universalis
  15. Buffetrille 2019, p. 144 et 145
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  18. Chronologie de l’histoire du Tibet et de ses relations avec le reste du monde par Jean Dif.
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) Many beggars have horrible diseases that deserve sympathy, but they exploit their difformities by thrusting them on the notices of the passerby ».
  22. (en) Li Sha, Department of Social Sciences, Shenyang University, Contribution of "Abolishment of Serf System" in Tibet, Human Rights Campaign - In Memory of the fiftieth Anniversary of Democratic Reform : « The south of the Jokhang Temple was a beggar village called "Lu Bu Bang Cang", and surroundings of Ramoche Temple were assembly places of beggars. The number of beggars at that time almost reached over three to four thousand, which accounted for one tenth of population in the city ».
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  27. (en) Jiawei Wang, Nyima Gyaincain, The Historical Status of China's Tibet, Chapter IX - Tibetan People Acquired Ultimate Human Rights Through Quelling of Rebellion and Conducting the Democratic Reform : « (1) Putting Down the Armed Rebellion. »
  28. (en) June Teufel Dreyer, Economic Development in Tibet Under the People's Republic of China, in Contemporary Tibet: politics, development and society in a disputed region, Barry Sautman, June Teufel Dreyer (eds.), M. E. Sharpe, 2006, 360 p. (ISBN 0765613573 et 9780765613578), p. 129-151, en part. p. 131 : « The failure of a rebellion against Chinese rule in March 1959 began the second stage of economic development under the PRC. [...] The Chinese government declared that, since the local government of Tibet had broken the 1951 agreement, Beijing was no longer obliged to postpone reforms. It proceeded to enact them. According to official sources, the institution of what it described as democratic reforms led to huge increases in the production of virtually all goods. »
  29. (en) Jiawei Wang, Nyima Gyaincain, The Historical Status of China's Tibet, Chapter IX - Tibetan People Acquired Ultimate Human Rights Through Quelling of Rebellion and Conducting the Democratic Reform, (2) Democratic Reform : « On March 22, 1959, the Central Government put forward a policy of "conducting reform while quelling the rebellion, first in areas witnessing rebellion and second in other areas." It stressed that the system of feudal possession must be abolished, but in different ways. The property of serf owners who participated in the rebellion must be confiscated and distributed to peasants; that of those who did not participate could be redeemed. In mid-April, Chairman Mao said a buying-out policy could be adopted toward serf owners who did not take part in the rebellion during the Democratic Reform in Tibet. In May, the Central Government approved the policies submitted by the Tibet Work Committee. According to them, the Democratic Reform in Tibet would be carried out in two stages. The first step would concentrate on "Three Against and Two Reduction" movement against rebellion, ula and slavery, and for the reduction of rent and interest charges. The second step would focus on distribution of land. »
  30. (en) Rong Ma, Population and Society in Tibet, Hong Kong University Press, 2010, 350 p., p. 157 : « In the 10 years to 1975 the commune system was gradually established in most rural areas in the TAR (Lhapa Phuntso, 1984:455-459). »
  31. (en) Rong Ma, Population and Society in Tibet, 2010, 350 p., p. 158 : « During the Cultural Revolution, industrial production and other economic activities in the TAR and other parts of China were seriously curbed and even halted. The situation started to change when the Gang of Four was arrested in 1976, soon after Chairman Mao's death. »
  32. (en) Rong Ma, Population and Society in Tibet, Hong Kong University Press, 2010, 350 p., p. 158 : « When Deng Xiaoping returned to power in 1978, the situation started to change and China entered a new era of "system reform and opening up". During the reform area, when communes disintegrated and private business became legal and even encouraged in the early 1980s, Tibetans, like other groups, benefited from the new policies » (Goldstein and Beall, 1990).
  33. Pierre-Antoine Donnet, Tibet mort ou vif, Édition Gallimard, 1990, nouv. Ă©d. augmentĂ©e 1993, (ISBN 2070328023), p. 155 : « JigmĂ© Ngapo, tĂ©moin privilĂ©giĂ© des dĂ©bats internes derriĂšre les paravents du pouvoir dans la capitale chinoise, se souvient de la rĂ©action de Hu Yaobang et de son second, le vice-Premier ministre Wan Li, quand ils dĂ©couvrirent avec Ă©pouvante dans quelle dĂ©tresse le Tibet Ă©tait plongĂ©. « Quand Hu Yaobang et Wan Li se rendirent au Tibet, ce qui les choqua le plus fut la pauvretĂ©. » (
) « Hu Yaobang a dit quelque chose que personne n’avait jamais osĂ© dire en Chine : "Ceci, c’est du colonialisme Ă  l’état pur" » »
  34. L’express international - Google Livres.
  35. Visite de Hu Yaobang au tibet en 1980
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  38. (en) Robert Barnett, Chen Kuiyuan and the marketisation of policy in Alex McKay Ă©d., Tibet and Her Neighbours : A History, London, Édition Hansjörg. Mayer, 2003, p. 229-239 « Significantly, it was in Chen’s writings that we can find the most explicit justifications of the use of economy as control. »
  39. Vegard Iversen op. cit., p. 300-333
  40. Vegard Iversen op. cit. p. 307 et 319
  41. Une ONG chinoise remet en cause la version officielle sur la révolte tibétaine de 2008, article reproduit par Briançon-Urgence-Tibet.
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  43. Quelle solution politique pour le Tibet ?, rapport prĂ©sentĂ© par M. Louis de Broissia, sĂ©nateur, sĂ©rie Relations interparlementaires France-Tibet, 2006, III Le dĂ©veloppement du Tibet : lumiĂšres et ombres : « La mesure de la croissance Ă©conomique du Tibet depuis son annexion Ă  la Chine se heurte Ă  l’absence de sĂ©ries statistiques continues et homogĂšnes. Le rĂ©gime antĂ©rieur ignorait les bases mĂȘmes de la macroĂ©conomie et de la comptabilitĂ© nationale, tandis que le rĂ©gime actuel ne se risque pas Ă  avancer des chiffres pour la pĂ©riode troublĂ©e des annĂ©es 1950 Ă  1970. En pratique, les donnĂ©es disponibles remontent rarement au-delĂ  du mouvement « d’ouverture et de rĂ©forme » initiĂ© Ă  partir de 1978 par Deng Xiaoping ».
  44. Vegard Iversen, op. cit. p. 326
  45. Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, Le Tibet est-il chinois ?, page 332 ; Ă©d. Albin Michel, coll. Sciences des religions, 2002 (ISBN 2226134263).
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  47. Quelle solution politique pour le Tibet, op. cit., III Le développement du Tibet : lumiÚres et ombres.
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  51. Les Amis de la Terre, Case 3: China/Tibet, p. 3.
  52. (en) Rich Resources to Open Qaidam Basin to Multiple Industries, China Internet Information Center, juillet 2002.
  53. Richesses minĂ©rales du Qaidam Actions pour le dĂ©veloppement et l’étude du Qinghai, aoĂ»t 1998.
  54. Roland Barraux, Histoire des Dalaï-Lamas: quatorze reflets sur le Lac des Visions, 1993, p. 334 : « Comme dans le passé, l'arrivée massive de consommateurs pesa sur le marché fragile des denrées alimentaires; les Tibétains connurent l'inflation »
  55. Thomas Laird, Une histoire du Tibet : Conversations avec le dalaĂŻ-lama, Christophe Mercier, Plon, 2007, (ISBN 978-2-259-19891-2), p. 319.
  56. (de) Horst SĂŒdkamp, Breviarium der tibetischen Geschichte, Opuscula Tibetana, Éditeur Tibet-Institut, 1998, p. 191 : « Die ersten Kollektivierungsversuche der Landwirtschaft wurden in Angriff genommen, die allerdings in Kham sofort auf Widerstand stießen und der Besatzungsmacht den Vorwand lieferten, das 17-Punkte Abkommen zu brechen. Es wurden 40.000 chinesische Bauern in Tibet angesiedelt ».
  57. (en) 4.1 Development imperatives: economic development and population transfer, Population transfer.
  58. (en) Pradyumna P. Karan, The new Tibet, in Focus on Geography, American Geographical Society, vol. 52, no 2, p. 7-13, 22 septembre 2009 : « According to Chinese sources, in the fall of 1960, land certificates were granted to 200,000 farmers, giving them long-term rights of land use and independent management. Tibetan herdsmen were also granted long-term ownership of livestock and independent management ».
  59. Laura S. Ziemer, Application in Tibet of the Principles on Human Rights and the Environment : « The Tibetans’ traditional crop is barley, which is well suited to the short growing season and the harsh, high-altitude conditions of the Tibetan plateau. China, however, required the communes to grow hybrid wheat varieties, often referred to as “winter wheat,” a crop ill-suited to Tibet and dependent on intensive application of artificial fertilizers and pesticides.[129] The program’s results proved disastrous. Tibet experienced two intense periods of widespread famine—the first ever in over 2000 years of recorded Tibetan history—from 1961 to 1964 and again from 1968 to 1973 during the Cultural Revolution.[130] »
  60. (en) Tsering Shakya, The Dragon in the Land of Snows, Columbia University Press, 1999 (ISBN 978-0712665339), p. 310 : « They had to follow centrally determined targets and were under pressure to meet state targets set by the higher authority, with production decisions being made by government officials: the communes themselves did not even have the authority to decide what crop to plant. This led to pressure to grow wheat rather than traditional barley, in line with the need to minimise the import of wheat from China to feed the military and the Chinese cadres living in Tibet. »
  61. (en) Rolf Stein, Tibetan Civilization, Stanford University Press, 1972 (ISBN 0-8047-0806-1).
  62. Laurent Deshayes Histoire du Tibet, Fayard 1997, p. 369, (ISBN 978-2213595023).
  63. (en) Railway and China’s Development Strategy In Tibet, A Tale of Two Economies [PDF], Tibetan Centre for Human Rights & Democracy, 2007 (ISBN 8188884243) : « Compulsory Purchase of Fertilizer: The enforcement for the Tibetan farmers to increase the wheat production lands them in problem since the cultivation of winter heat requires concentrated applications of fertilizer. Moreover, it is compulsory for Tibetan farmers to buy fertilizers according to some of [the] testimonies documented by TCHRD. The heavy concentrated applications of fertilizer degrade the natural fertility of the soil and hence soil loses its natural nutrition, thus resulting in a decline of harvest each following year. There are also many cases of Tibetan farmers unable to pay back the price of fertilizers due to their growing poverty ».
  64. Qu’y a-t-il derriĂšre les Ă©meutes au Tibet ?, site Europe solidaire sans frontiĂšres, 1er avril 2008.
  65. (en) Wang Wenchang et Lha Can, L’économie du Tibet, Collection Tibet, Chine Intercontinental Presse, 2004, 121 p. (ISBN 7508505670), p. 4.
  66. (fr) Le yak : animal de survie de l’Himalaya.
  67. Vegard Iversen, op. cit. p. 322
  68. (fr) Les bergers tibĂ©tains contraints de rejoindre les villes, sur le site de Human Rights Watch. Ce rapport s’appuie sur des entretiens menĂ©s de juillet 2004 Ă  dĂ©cembre 2006, avec environ 150 TibĂ©tains anonymes provenant des zones directement touchĂ©es.
  69. (fr) Anne Marie Blondeau.
  70. Adrian Zenz Xinjiang’s System of Militarized Vocational Training Comes to Tibet
  71. Tibet : la conversion forcée des agriculteurs en ouvriers France Inter, 24 septembre 2020
  72. (en) Rinzin Thargyal, Nomads of eastern Tibet : social organization and economy of a pastoral estate in the kingdom of Dege, édité par Toni Huber.
  73. (en) Matchmaking Symposium for FDI in China.
  74. (en) Kezia Dewi, Why Tibet is important to China, sur le site Confucius Institute, 23 mars 2009.
  75. Jean-Paul Ribes, PrĂ©server l’écosystĂšme le plus vaste d’Asie, GEO, Tibet, no 186, aoĂ»t 1994 (p. 98-99) : « En 1949, les forĂȘts sĂ©culaires couvraient 222 000 km2. En 1989, ce chiffre serait tombĂ© Ă  134 000 km2, un peu plus de la moitiĂ© (
) Ces forĂȘts ont Ă©tĂ© massivement dĂ©vastĂ©es par des coupes « Ă  nu » particuliĂšrement redoutables lorsqu’elles touchent les vallĂ©es pentues (
) Ce sont essentiellement les troupes d’occupation chinoises, qui, en utilisant la main-d’Ɠuvre fournie par les camps de travail, sont Ă  l’origine de la coupe de prĂšs de 2,5 millions de mĂštres cubes de bois pour une valeur de plus de 54 milliards de dollars. ConsĂ©quences : une disparition irrĂ©versible des couches d’humus dans les rĂ©gions pentues, l’extinction de certaines espĂšces de la flore et de la faune, l’embourbement des fleuves dont les crues ne sont plus rĂ©gulĂ©es, une exposition sans Ă©cran aux fortes variations de tempĂ©rature. »
  76. (en) Lester R. Brown et Brian Halweil, The Yangtze flood: the human hand, local and global, World Watch Institute, 13 août 1998 : « To begin with, the Yangtze river basin, which originates on the Tibetan Plateau, has lost 85 percent of its original forest cover ».
  77. (en) Qian Ye et Michael H. Glantz, The 1998 Yangtze Floods: The Use Of Short-Term Forecasts In The Context Of Seasonal To Interannual Water Resource Management [PDF].
  78. Laurent Deshayes Histoire du Tibet, Fayard 1997, p. 368 et 369, (ISBN 978-2213595023).
  79. (en) The Himalayan Dilemma, Routledge, 1989, p. 53-60 et 227.
  80. (en) Dorothy Stein, People who counts, Earthscan, 1995, 238 pages, p. 187-188 : « These authors argue that, contrary to general belief, the Himalayan ecology is not going into supercrisis, even in Tibet. Deforestation has been a long-term affair, not just since 1950, but may stretch back hundreds or even over a thousand years. They point out that peat deposits, and still surviving trees at high altitudes indicate there were formerly more forests in Tibet, and besides, the society could not have supported the building of so many large religious institutions if all the wood had to be imported. »
  81. (en) Robert Ford, Captured in Tibet, Oxford University Press, 1990 (ISBN 019581570X), p. 7 : « Nearer Chamdo the hills were bare and eroded, and only a few clumps of firs had escaped deforestation ».
  82. Françoise Pommaret, Le Tibet : Une civilisation blessée, Découverte Gallimard, 2002, p. 120 et suivantes.
  83. (en) The Columbia Electronic Encyclopedia, 6e édition sur le site infoplease.com : « Traditionally, goods for trade, particularly foreign trade, were carried by pack trains (yaks, mules, and horses) across the windswept plateau and over difficult mountain passes. In exchange for hides, wool, and salt there were imports of tea and silk from China and of manufactured goods from India ».
  84. (en) Wang Zhengxing, Towards Sustainable Agriculture in a Marginal Area. A Case Study in Tibet [PDF] : « Dans le passé, le gros du commerce (ou du troc) consistait à importer du sel et du thé et à exporter des produits médicinaux et du bétail ».
  85. (en) Rong Ma, Population and Society in Tibet, Hong Kong University Press, 2010, 350 p., p. 143 : « Han merchants played important roles in Tibet's trade. For centuries, Tibet major economic exchange had been between Tibet and other parts of China. An estimate made by a British consul-general in Chengdu in the early 20th century suggested that trade between Tibet and other parts of China was four times that between Tibet and India. [...]. Retingsang was a company owned by regent Reting Rempoche, one of the three largest trading companies in Tibet (Goldstein, 1989a:331). For decades it and a Han company, Heng-Sheng-Gong (from Yunnan Province), together controlled the tea trade between Sichuan and Tibet, managing to move some 10,000 packages annually (Chen Xunzhou et al, 1988:53). There were more than 2,000 Han-owned trade companies and stores in Lhasa in the late Qing Dynasty (Hong Dichen, 1936:43). »
  86. Rong Ma, op. cit., p. 143 : « Trade between Tibet, India and Nepal was also important. Tibetan merchants were also very active. They brought various goods from Han areas as well as from India and Nepal. The Yatung customs records indicate that the annual export of wool to India reached 544 tons from 1895 to 1898 (Huang Wangun, 1982:49). Meanwhile, more than 150 stores in Lhasa were owned by Nepalese in the 1940s (Wu Zhongxin, 1953:112). The British-Indian government had its trade agencies in Lhasa and Gyantse. »
  87. (en) Heinrich Harrer, Seven Years in Tibet, with a new epilogue by the author. Translated from the German by Richard Graves. With an introduction by Peter Fleming, First Tarcher/Putnam Hardcover Edition, 1997 (ISBN 0-87477-888-3) : « One finds numbers of general stores containing a large range of goods from needles to rubber boots, and near them smart shops selling draperies and silks. Provision stores contain, as well as local produce, American corned beef, Australian butter, and English whisky. There is nothing one cannot buy, or at least order. One even finds the Elizabeth Arden specialities, and there is a keen demand for them. (
) You can order, too, sewing machines, radio sets, and gramophones (
) ».
  88. Heinrich Harrer Sept Ans d'aventures au Tibet, traduction de Henry Daussy Arthaud, 1954 (ISBN 2-7003-0427-6) : « En dehors de bric-Ă -brac oĂč l’on trouve de tout, des aiguilles aux bottes en caoutchouc, il existe des maisons spĂ©cialisĂ©es dans la vente de tel ou tel article : Ă©piceries, magasins de tissus ou de soieries (
) Les produits du Tibet voisinent avec ceux de l’étranger ; le tabac Ă  priser et le poil de yak font bon mĂ©nage avec le corned beef made in U.S.A., le beurre australien en boĂźte et le Scotch Whisky. Il n’est pas d’objet que l’on puisse, sinon trouver, du moins commander. (
) Dans certaines boutiques, on peut se procurer sans difficultĂ© une machine Ă  coudre, un rĂ©cepteur de radio ou un pick-up. »
  89. Charlie Buffet, Un documentaire plein de poésie sur la récolte du sel chez les nomades tibétains. Pas à pas sur le toit du monde. La Route du sel, Documentaire de Ulrike Koch, 110 min, Libération, 16 décembre 1998
  90. Marine Landrot, La Route du sel au Tibet, Télérama, 16 décembre 1998
  91. (en) Slavoj ĆœiĆŸek, Tibet: dream and reality, sur le site mondediplo.com (Ă©dition anglaise du Monde diplomatique), mai 2008 : « Facing social unrest and disintegration, the ruling elite prohibited any development of industry, so all metal had to be imported from India » ; voir aussi : Le Tibet pris dans le rĂȘve de l’autre (Ă©dition française du Monde diplomatique), mai 2008.
  92. Lucette Boulnois, Poudre d'or et monnaie d'argent au Tibet, Ă©ditions du CNRS, 1983, (ISBN 2222028868), p. 57-58
  93. (en) Robert Ford, Captured in Tibet, Oxford University Press, 1990 (ISBN 019581570X), p. 108 : « Tibet is rich in minerals, including gold, and they had never been exploited. [A monk named] Möndo came back and began propecting. At once the local abbot protested that he was upsetting the spirits and would cause the crops to fail. Möndo did not want to be blamed for a possible bad harvest, so he moved to another district and began digging there. The same thing happened ».
  94. (en) Bradley Mayhew, Michael Kohn, Tibet, Lonely Planet, 2005, 360 p., p. 32 : « At the invitation of the Dalai Lama, British experts conducted geological surveys of parts of Tibet with a view to gauging mining potential. »
  95. (en) Sir Charles Bell, Tibet: Past and Present, Motilal Banarsidass Publications, 1992, 326 p., en part. p. 194 : « I proposed such measures as seemed necessary to enable Tibet to maintain freedom and good government (...) Put briefly, my proposals amounted to : (...) b/ Assistance in engaging mining prospectors to discover mines, if discovered, mining engineers to test them, and, if necessary, work them. [...] It was desirable that the Tibetan Government should retain the full ownership of the mines and that they should engage only trustworthy firms and agents to develop them. »
  96. (en) Tibet Album, British photography in Central Tibet 1920-1950, Mondo Biography
  97. (en) Rong Ma, Population and society in Tibet, Hong Kong University Press, 2010, 350 p., p. 161 : « Many factories have been established in the TAR since 1959, but the development of industry has had a tortuous history. The government simply tried to follow the industrial structure and development plans of other regions, ignoring the actual situation in the TAR (scarcity of fuel, high costs of transportation, inxperienced local laborers, etc.). There was no modern industry or infrastructure before the 1950s and people's life-styles and work customs were much different to those in industrial societies. Many factories established in the TAR rapidly acquired a financial deficit and became a burdent on the government. So, the value of industrial production of state-owned entreprises first increased to 141.7 million yuan in 1960, and then decreased to 11.2 million yuan in 1968. »
  98. Rong Ma, Population and society in Tibet, op. cit., p. 161 : « After some adjustments, the value of industrial production increased again in the late 1980s. The ownership structure of industrial enterprises in the TAR also experienced a great change, as in other parts of Chin. Among the total 5,044 million yuan "gross output value of industry" in 2007, 33,1 percent was produced by state-owned enterprises, 5.6 percent by collective-owned and 61.3 per cent by "others" (private, joint venture and foreign companies) (SBT, 2008: 169). Therefore, the major industrial production growth was due to private enterprises. »
  99. Vegard Iversen, op. cit. p. 315
  100. (en) Tibet’s GDP has an average annual growth of 8.9 percent, Illustrated White Paper: Fifty Years of democratic Reform in Tibet, sur le site chinahumanrights.org : « There was no modern industry in old Tibet. Now, a modern industrial system with Tibetan characteristics has formed, with mining, building materials, folk handicrafts and Tibetan medicine as pillar industries, and power, farming and animal product processing and foodstuffs as supplement. The industrial added value skyrocketed from 15 million yuan in 1959 to 2.968 billion yuan in 2008. Modern commerce, tourism, catering, entertainment and other industries that had never been heard of in old Tibet are now booming as primary industries in the region ».
  101. (en) Wang Wenchang et Lha Can, L’économie du Tibet, Collection Tibet, Chine Intercontinental Presse, 2004, 121 p., p. 6-7, (ISBN 7508505670).
  102. (en) Rong Ma, Population and Society in Tibet, Hong Kong University Press, 2010, 350 p., p. 142 : « Major handicraft products in Tibet included: Pulu (special style Tibetan fabric), Kadian (carpets), tent, wooden bowls, boots, knives, and jewelry (Lhapa Phuntso, 1984:478). Except for local products such as wool, leather and wood, handicraft production relied on the import of raw materials (cotton cloth, silk, metal, etc.) from nearby Han provinces or India and Nepal. »
  103. (en) Mark Anthony Jones, Flowing Waters Never Stale: Journey Through China, Zeus Publications, Burleigh MDC, Queensland, 2008 (ISBN 978-1-921406-32-4), p. 143 : « Many Tibetans are clearly keen to benefit from the money that the sharply increasing number of tourists bring, producing and selling all kinds of traditional handicrafts, and (
) some of these cultural products on sale to tourists have also become popular with the Tibetans themselves, which is why cultural production, now linked to tourism, is ‘a very important factor in the revitalisation of Tibetan culture.’ »
  104. Style et origine des tapis tibétains.
  105. Wang Wenchang et Lha Can, op. cit., p. 7.
  106. Vegard Iversen Le Tibet est-il chinois ? Ouvrage collectif dirigé par Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, ed. Albin Michel, coll. Sciences des religions 2002 (ISBN 2226134263), p. 316.
  107. La Chine au prĂ©sent : Une fleur de l’art tibĂ©tain – Visite au lieu de naissance de l’art Regong.
  108. Pierre Chapoutot, GĂ©opolitique de l’Everest [PDF], Cimes, 2002, p. 87 : « Cependant, un Ă©lĂ©ment nouveau est le dĂ©veloppement du tourisme sous toutes ses formes. Le Tibet reçoit 300 touristes Ă©trangers en 1980, 2000 en 1984, 28 000 en 1994 ».
  109. Vegard Iversen, op. cit. p. 316
  110. (en) Paul Miles, Tourism drive is destroying Tibet, Telegraph.co.uk, 8 avril 2005.
  111. (en) Andrew Martin Fischer, "Population Invasion" versus Urban Exclusion in the Tibetan Areas of Western China[PDF].
  112. (en) « Tibet’s economy grows at an average rate of 12 percent last 6 years », sur CCTV, (consultĂ© le )
  113. (en) Report: tourism in Tibet plays more important role, Focus on Tibet, 5 avril 2009.
  114. Le Tibet a accueilli 2,7 millions de touristes entre janvier et juillet 2009
  115. Tourisme au Tibet : record du nombre de touristes en juillet 2009.
  116. (en) Direct flight boosts Tibet's tourism, chinatibetnew.com, 16 décembre 2011 : « Last year [2010], the region received 6.85 million tourists from home and abroad, generating revenues of 7.14 billion yuan ($11 million), 14 percet of its total GDP ».
  117. Chine informations Lhassa construira son premier office de tourisme.
  118. (en) Tibet receives record number of tourists, sur le site chinatibetnew.com, 10 décembre 2012 : « Southwest China's Tibet Autonomous Region has received a record 10 million domestic and foreign tourists so far this year, tourism authorities said Friday (Dec. 7, 2012). [...] Nearly 300,000 people are employed in the region's tourism sector, according to government figures. [...] Last year, more than 8.69 million people visited Tibet. »
  119. Quelle solution politique pour le Tibet ?, rapport présenté par M. Louis de Broissia, sénateur, série Relations interparlementaires France-Tibet, 2006, III - Le développement du Tibet : lumiÚres et ombres.
  120. Li Youyi, Le Tibet mystĂ©rieux et clair, in Jianguo Li, Cent ans de tĂ©moignages sur le Tibet : reportages de tĂ©moins de l’histoire du Tibet, 2005, 196 p., p. 13-14.
  121. Lucette Boulnois, La politique de construction de routes dans la région autonome du Tibet (1950-2001), p. 178-198, in Flora Blanchon (sous la dir. de), Aller et venir : Faits et perspectives, Volume 2, Presses Paris Sorbonne, 2002, 389 pages, p. 198 (Abstract) : « In the middle of [the] XX(th) century, Tibet still had no motor-roads, no railways, no airlines. »
  122. Un aĂ©roport Ă  4 436 mĂštres au Tibet ?, AFP, 12 janvier 2010.
  123. Le tourisme au Tibet amplifiĂ© par le chemin de fer Qinghai-Tibet : « La ligne Qinghai-Tibet, longue de 1 956 km, a une influence profonde sur le dĂ©veloppement du Tibet depuis qu’elle a mis fin Ă  l’histoire de la rĂ©gion enclavĂ©e sans chemin de fer. »
  124. (en) Rolf Berthold, Tibet, an inalienable art of China, The Guardian, 30 août 2006, reproduit sur le site Bellaciao : « an oil pipeline of more than 1000 km length runs from Goldmund to Lhasa, supplying fuel ».
  125. (en) Ringang Biography.
  126. (de) Tibetische MĂŒnzstĂ€tte Trabshi Lekhung (Grwa-bzhi glog-ÂŽphrul las-khungs).
  127. Tenzin Choedrak et Gilles van Grasdorff, Le Palais des Arcs-en-ciel, ed. Albin-Michel, 1998, (ISBN 2-226-10621-9), p. 262
  128. Sofia Stril-Rever, DalaĂŻ Lama, Appel au monde, Seuil, 2011, (ISBN 9782021026757), p. 119
  129. (en) Israel Epstein, My China Eye: memoirs of a Jew and a journalist, Long River Press, 2005, 358 p., p. 282, (ISBN 1-59265-042-2) : « Electricity had been available only to the Potala and a few aristocrats, and even that was supplied erratically. By 1965 nine-tenths of the city’s homes were lit. By my third visit in 1976, Tibet had several medium-sized hydroelectric power substations in the remote countryside supplying electricity to small villages and communities ».
  130. Françoise Pommaret, Le Tibet : Une civilisation blessée, Découverte Gallimard, 2002.
  131. Quelle solution politique pour le Tibet ?, rapport prĂ©sentĂ© par M. Louis de Broissia, sĂ©nateur, sĂ©rie Relations interparlementaires France-Tibet, 2006, III - Le dĂ©veloppement du Tibet : lumiĂšres et ombres : « Le dĂ©veloppement des infrastructures hydroĂ©lectriques, d’une puissance installĂ©e de 500 MW, devrait permettre Ă  la RAT d’atteindre l’autosuffisance en Ă©lectricitĂ© d’ici la fin de la XIe programmation quinquennale en 2010. Compte tenu de la dispersion de l’habitat sur le haut plateau, l’élargissement de l’accĂšs Ă  l’électricitĂ© (1 million d’habitants ne sont pas encore couverts) pourrait ĂȘtre facilitĂ© par le recours Ă  l’énergie solaire ».
  132. La plus grande centrale solaire du Tibet entre en activité, french.news.cn, 6 juillet 2011.
  133. Tibet to become China's leading solar power base, Chinatibetnews, 12 mai 2011.
  134. (en) Tibet Yangbajing 10MWp Solar PV Grid-Connected Power Station Successfully Combined to the Grid, site China Renewable Scale-up Programme, 2011-3-14.
  135. La Chine veut offrir à chaque foyer tibétain un accÚs à l'électricité
  136. Julien Chatelin, Lhassa aujourd’hui, National Geographic, France, janvier 2008, no 100, p. 33.
  137. (en) Catherine Liu, Full speed ahead for Tibet railway extension, chinatibetnews, 18 janvier 2012.
  138. (en) Edmund Candler, Edmund Candler, The Unveiling of Lhasa, p. 125 : « They were the first vehicles ever seen in Tibet ».
  139. (en) W. Montgomery McGovern, To Lhasa In Disguise. A Secret Expedition Through Mysterious Tibet, 2000, 462 p. (rĂ©impression de l’édition de 1924), p. 17 : « Wheeled traffic of any sort was of course impossible over the passes and is unknown anywhere in Tibet ».
  140. (en) Heinrich Harrer, Seven Years in Tibet, with a new epilogue by the author. Translated from the German by Richard Graves. With an introduction by Peter Fleming, First Tarcher/Putnam Hardcover Edition, 1997 (ISBN 0-87477-888-3) : « The Chinese invented and used the wheel thousands of years ago. But the Tibetans will have none of it, though its use would give an immense impulse to transport and commerce, and would raise the whole standard of living throughout the country ».
  141. (en) Interview: Heinrich Harrer, "I was disappointed to see the Changes" : « they had bicycle-wheeled carts in which to carry the dirt to the fields ».
  142. (fr) Robert Ford, Tibet rouge : capturĂ© par l’armĂ©e chinoise au Kham, Olizane, 1999, p. 20, (ISBN 2-88086-241-8) : « (
) il n’y avait aucun vĂ©hicule sur roues au Tibet, pas mĂȘme des charrettes tirĂ©es par des animaux et il n’y avait donc aucune route digne de ce nom. »
  143. Heinrich Harrer, Seven Years in Tibet, op. cit. : « And now approached the yellow, silk-lined palanquin of the Living Buddha, gleaming like gold in the sunlight. The bearers were six-and-thirty men in green silk cloaks, wearing red plate-shaped caps. A monk was holding a huge iridescent sunshade made of peacock's feathers over the palanquin. »
  144. LĂ©on Feer, Le Tibet. Le pays, le peuple, la religion, BibliothĂšque ethnographique, vol. VII, 1886, chap. III : MƓurs. CaractĂšre. DĂ©veloppement intellectuel.
  145. (en) Edmund Candler, The Unveiling of Lhasa, Pentagon, London, 2007, chap. XV (The Settlement), p. 288 : « The first reply of the Assembly to our demands 
 Road-making they would not allow, as the blasting and upheaval of soil offended their gods and brought trouble on the neighbourhood ».
  146. Roland Barraux, Histoire des Dalaï Lamas - Quatorze reflets sur le Lac des Visions, Albin Michel, 1993 ; réédité en 2002, Albin Michel (ISBN 2226133178).
  147. Dundul Namgyal Tsarong, Jean-Paul Claudon, Le Tibet tel qu’il Ă©tait, Ă©ditions Anako, 1996 (ISBN 978-2-907754-21-7).
  148. Paris match, NumĂ©ros 2102 Ă  2109, 1989 « Plus tard, au Potala, il Ă©chappe Ă  la surveillance de ses tuteurs pour aller conduire en cachette l'Austin Baby 1927 et la Dodge orange qui avaient franchi l'Himalaya en piĂšces dĂ©tachĂ©es avant d'ĂȘtre offertes Ă  son prĂ©dĂ©cesseur. »
  149. (en) Tsepon Wangchuk Deden Shakabpa, Tibet: A Political History, Potala Publications, New York, (ISBN 0-9611474-1-5), 4e édition 1988, p. 267 « The real strong man was Kunphela, with whom even the Kashag ministers were careful. He was the only man, apart from the Dalai Lama, who had his own private car. It was an Austin A-40, and when Kunphela drove about Lhasa, he created quite a sensation. »
  150. Dundul Namgyal Tsarong, Jean-Paul Claudon, op. cit.
  151. (en) Michael Buckley, A Railway Runs Through It, sur le site Perceptive Travel : « Even motor vehicles were rare in pre-1950 Tibet. Wheeled vehicles like motorcycles were effectively banned in the 1940s because the ruling regent and conservative clergy believed that wheels would scar the sacred surface of the earth ».
  152. (en) Zhao Zongzhi and Jia Lijun, Roads of Change Revitalize Tibet, China Daily, , reproduit sur le site du World Tibet News (WTN), tibet.ca : « Before the 1950s, a 1-kilometre long dirt road linked the Potala Palace to Norbu Lingka, former summer residence of the Dalai Lama. No highway in its true sense existed in the region which lies over 4,000 metres above sea level ».
  153. (en) Wang Zai-Tian, A brief introduction of Tibet history and lamaism, chap. 22 (1950s: the Honeymoon) : « The first highway connecting Sichuan and Lhasa was officially opened on 25 December 1954. It is 2400 km in distance and took four years and nine months to complete ».
  154. Zhao Zongzhi and Jia Lijun, op. cit. : « The Qinghai-Tibet Highway runs from Xinning, capital of Qinghai, to Lhasa, capital of Tibet, a distance of 2000 kilometers. The highway, also known as "Freedom Highway", accounts for 85 percent of Tibet’s cargo since it opened in 1954 ».
  155. (en) Peter Allen, Tibet, China and the Western World, sur le site History Today : « The first convoy of Chinese trucks reached Lhassa on Christmas Day 1954 ».
  156. Zhao Zongzhi and Jia Lijun, op. cit. : « These were the Sichuan-Tibet and Qinghai-Tibet highways, with a total length of 4,360 kilometres, built by soldiers of the People’s Liberation Army and local Tibetans. (
) But it was the first two highways which marked the transportation turning point for Tibet. They helped shorten the distance between the region and other parts of the country and became known among Tibetans as "golden bridges" »
  157. (en) Wang Zai-Tian, A brief introduction of Tibet history and lamaism, chap. 22 (1950s: the Honeymoon) : « The third major link was opened in October 1957 from Xinjiang Province through the disputed Aksai-Chin area, totaling 1200 km. With these arteries in operation, the price of Chinese tea, a daily commodity in Tibetan’s life, dropped by two-thirds in two years. The road allows one truck to transport in two days the same quantity of goods previously carried by sixty yaks in twelve days. Besides supplying Tibet market with more and cheaper products, it also relieved central government staff and PLA in Tibet of their food supply problem ».
  158. Ama Adhe voix de la mĂ©moire, du Tibet libre Ă  l’exil, 1999, Éditeur Dangles, (ISBN 2703304900), p. 77-79 (en) The Voice That Remembers: A Tibetan Woman’s Inspiring Story of Survival, Adhe Tapontsang as told by Joy Blakeslee, Wisdom Publications, Boston, MA, 1997.
  159. (en) Zhao Zongzhi et Jia Lijun, op. cit. : « By the end of 2003, some 41,302 kilometres of roads had been completed. (
) To date, the region has five national-level, 14 regional-level and six criss-cross highways, which basically satisfy the social and economic development needs of Tibet. (
) In addition to the 3,200 kilometres of asphalted roads, 32,195 kilometres of rural roads have also been built, linking some 683 townships and 5,956 villages across the region ».
  160. (en) Peng, James, « China Says ‘Sabotage’ by Dalai Lama Supporters Set Back Tibet », .
  161. (en) Travel made easy on "roof of the world", English.news.cn, 17 juillet 2011, p. 1.
  162. (en) Travel made easy on "roof of the world", English.news.cn, 17 juillet 2011, p. 2.
  163. (en) Heping Airport in Shigatse ready for flight, Chinatibetnews.com, 31 octobre 2010.
  164. Tibet Airlines réceptionne son premier A319 d'Airbus, french.news.cn, 2 juillet 2011.
  165. (en) Tibet Airlines to fly 3 new routes from Nyingchi, chinatibetnews, 6 février 2012.
  166. Heinrich Harrer, Seven Years in Tibet, op. cit. : « Tibet produces its own paper money and coinage. »
  167. (en) Source : china.com.cn : « a small mint ».
  168. Heinrich Harrer, Seven Years in Tibet, op. cit. : « Lhasa had an old electric plant, which had been put up twenty years before by one of the former Rugbians. It was now in a terribly neglected state and gave practically no current. On working days there was just enough power to keep the machines in the mint in motion, but only on Saturdays was there enough current for the needs of private houses ».
  169. « Les billets tibétains », tibetonline.fr.
  170. Laurent Deshayes, Histoire du Tibet, Fayard, 1997, p. 268 (ISBN 978-2213595023).
  171. (en) Rong Ma, Population and Society in Tibet, Hong Kong University Press, 2010, 350 p., p. 142 : « Telephone and government postal services have become available to the public since the late 1950s (SBT, 1989:27). »
  172. (en) Jiawei Wang, Nimajianzan, The Historical Status of China's Tibet, 2e Ă©dition, äș”æŽČ䌠播ć‡ș版瀟, 1997, 333 p., (ISBN 7801133048 et 9787801133045), p. 309 : « Post and telecommunications have made astonishing progress. By early 1994, the region had completed 41 communications satellite receiving stations. Half of the counties had access to direct dial telephone services, which had reached 28,000 lines. Tibetans can make telephone calls to any country or region around the world. »
  173. Handwriting Tibetan language mobile phone developed, Tibet News, 3 décembre 2009
  174. (en) Isaac Stone Fish, Charity Case. Whether they like it or not, China has been very good for Tibetans, Newsweek Web, Feb 17, 2010 : « The other story is that, for China’s many blunders in mountainous region, it has erected a booming economy there. Looking at growth, standard of living, infrastructure, and GDP, one thing is clear: China has been good for Tibet. Since 2001, Beijing has spent $45.4 billion on development in the Tibet Autonomous Region (TAR). (That’s what the Chinese government calls Tibet, even though many Tibetans live in neighboring provinces, too). The effect: double-digit GDP growth for the past nine years. About a third of the money went to infrastructure investment, including the train connecting Beijing to Lhasa. "A clear benefit of the train was that it makes industrial goods cheaper for Tibetans, who, like everyone else in the world, like household conveniences, but normally had to pay very high prices," said Ben Hillman, a Tibet expert from the Australian National University’s China Institute. The train also provides an opportunity for Tibetan goods to be sold outside of the region and for a massive increase in number of tourists, reaching more than 5.5 million in 2009—up from close to 2 million in 2005, the year before the train. »
  175. (en) « China’s Tibet Fact and Figures 2003 », China Tibet Information Service,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  176. (en) « Tibet’s economy depends on Beijing », NPR News,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  177. (en) Xu Mingxu et Yuan Feng, The Tibet Question; A New Cold War, in Barry Sautman, June Teufel Dreyer (sous la direction de), Contemporary Tibet: Politics, Development, and Society in a Disputed Region, China Perspectives, no 68, novembre-dĂ©cembre 2006, p. 313 : « (
) the Tibetans are changing (
). They are now using electric lights as a substitute for butter lamps. They are cooking with gas instead of yak chips. They travel by buses, cars, motorcycles, planes, and bicycles (
). They are enjoying other basic conveniences of modern times, such as telephones, movies, televisions, and running water. Computers and the Internet are entering Tibetan schools, businesses, government offices, and social services. Children, middle-aged, and even old Tibetans like to watch TV at home. They visit temples less frequently than they did in the past ».
  178. Susette Cooke, La culture tibétaine menacée par la croissance économique, Perspectives chinoises, no 79, 2003, 2 août 2006. Consulté le 3 avril 2010.
  179. Kent Ewing, PĂ©kin n’a toujours pas rĂ©ussi Ă  dompter le Tibet, Asia Times Online, sur le site buddhachannel : « l’évolution Ă©conomique rĂ©cente du Tibet est fort critiquĂ©e pour la maniĂšre dont elle avantage de fait les rĂ©sidents chinois et pour les atteintes au systĂšme agricole et Ă©cologique de la rĂ©gion ».
  180. Austin Ramzy, « China Tightens Grip on Tibet's Business Class », (consulté le ), The Times.
  181. Nadia Carrassan, Tibet: "Si par malheur nous redressons la tĂȘte...", L'Express, 30 novembre 2010
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