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Xikang

Le Xikang ou Sikang (chinois : 西康省 ; pinyin : xīkāng shěng ; EFEO : Si-Kang, le terme kang est la transcription phonétique du tibétain : ཁམས།, Wylie : khams, pinyin tibétain : kam, THL : kham) est une ancienne province créée sous la République de Chine (1912-1949) en 1928, d'après un article de 1930 de George Babcock Cressey[1], en 1939 pendant l'invasion japonaise d'après une publication de Lawrence Epstein de 2000[3] et qui prendra fin sous la République populaire de Chine, en 1955[4]. Elle remplace donc en 1928 le District spécial de Chuanbian (créé en 1914[5] ou 1916 à 1926[5])[1], et remplaçant la voie du chuanbian (zh) (川边道) créée sous la dynastie Qing.

Xikang
(zh) 西康省

1928[1]
1er janvier 1939[2] – 1950
1950–1955

Description de l'image ROC Div Xikang.svg.
Informations générales
Capitale Kangding
Démographie
Population 1 748 458 hab.
Densité 3,9 hab./km2
Superficie
Superficie 451 521 km2
Gouverneur
au Liu Wenhui
à He Guoguang

Description

Xikang en 1925 (n'est créé qu'en 1928) sur une carte militaire américaine (date ultérieure à 1949 inconnue) de la Chine

La province comprenait notamment la plus grande partie de l'ancienne province tibétaine du Kham, où vivent les Khampas, un sous-groupe de la population tibétaine[6], ainsi que des Qiang et Hui (notamment à Kangding, sa capitale) et les régions orientales sont traditionnellement, et toujours aujourd'hui peuplées de Naxi, Qiang, Gyalrong, Yi ou Han, tandis que la partie ouest était habitée essentiellement par des Tibétains.

Histoire

Carte de Chine publiée par le journal chinois Shen Bao en 1936, figurant le Xikang en bleu foncé

Selon l'universitaire Peng Wenbin (彭文斌, l'invasion britannique de Lhassa, en 1904 a créé une profonde anxiété parmi les officiers des frontières chinois, concernant la sécurité des frontières du sud-ouest de la Chine. Dans leurs esprits, des mesures immédiates devaient être prises pour redresser les vulnérabilités de la frontière sino-tibétaine. Ces mesures allaient se matérialiser par le « projet de civilisation » de Zhao Erfeng, comprenant la réforme du système tusi, et le développement de l'agriculture, de l'exploitation des minerais et de l'éducation[7].

Le Xikang est découpé en 1905 (la capitale est alors Kang Ting et anciennement Ta Tsien Lou 打箭爐), par la dynastie Qing, sous le nom de voie du Chuanbian (zh) (川边道, ou circuit du Chuanbian)[8]. Elle a été faite afin d'affirmer la maîtrise chinoise du Tibet oriental (pays du Kam, par opposition au Tibet propre, ou pays Tsang)[9].

Selon Claude Arpi, en 1905, alors que l'empire de la dynastie Qing était sur son déclin, les frères Zhao Erfeng et Zhao Erxun, de la bannière bleue, unique bannière han des Huit Bannières du gouvernement mandchou, se partagèrent la tâche de redécouper le plateau du Tibet en différentes régions administratives. L'Amdo et le Kham devinrent respectivement les provinces du Qinghai et du Xikang[10].

D'abord voie du chuanbian (zh) (川边道)[8] en 1905, puis « district spécial de Chuanbian » du au [5], le Xikang devint officiellement une province en 1939. Jusqu'en 1955, sa capitale a été la ville de Kangding, et son gouverneur le seigneur de la guerre Liu Wenhui.

Durant la chute de la Dynastie Qing, à la suite du soulèvement de Wuchang, en 1911, les propositions de Zhao Erfang n'étaient plus la priorité du gouvernement mandchou[7].

Le projet du Xikang a été ravivé en 1928, à la fin du Gouvernement de Beiyang (1912 — 1928) par le gouvernement nationaliste, ainsi que les plans de création de quatre provinces ; Rehe, Chahaer, Suiyuan et Qinghai[7]. Les provinces du Qinghai et du Xikang sont donc créées cette année-là[1]

Carte de 1947 du Xikang

Dans les années 1940, l'artiste peintre Xia Ming s'installe dans le tusi de Muli (minorité pumi), situé dans le Xikang, où il peint de 1945 à 1948, et devient fondateur de l'école primaire nationale du Xikang[11].

Servage et agriculture

Selon Pierre Gourou, l'administration est aux mains des lamas. Les populations sédentaires des vallées sont presque exclusivement agricoles, routinières, mais dégradées par la décadence économique du XIXe siècle. Les paysans sont tous serfs (tibétain : ཙེ་བ, Wylie : tse ba, THL : tséba) : serfs des seigneurs (tibétain : ཀོ་བ, Wylie : ko ba, THL : kowa), employés des seigneurs (tibétain : ལ་ད, Wylie : la da, THL : lada), serfs des lamaseries (tibétain : ཀ་དུ, Wylie : ka du, THL : ka du), ou journaliers sans terre. Les paysans ne nagent pas dans l'abondance, comme les paysans tibétains ; ils ne pratiquent pas l'élevage. Ils exploitent de façon assez intensive les fonds de vallée. Ils ont ravagé les forêts au point qu'il n'y a plus de bois de construction ou combustible[12].

Dans les faits, le contrôle chinois ne portait que sur le Kham oriental, les Tibétains contrôlant le Kham occidental (région de Qamdo), le fleuve Yangzi constituant alors la frontière définie lors de la convention de Simla, entre Chine et Tibet[13] - [14]. Pendant cette période, la région contrôlée par Liu Wenhui devint un centre important de production d'opium[15].

République populaire de Chine

En 1950, après la défaite du Kuomintang face au Parti communiste chinois dans la guerre civile chinoise, la province fut amputée du territoire de Qamdo, officialisant ainsi la situation antérieure, et sa capitale transférée à Ya'an[16]. La province ainsi réduite disparut en 1956, lors de l'intégration du Kham oriental à la province du Sichuan[17] ; quant au territoire de Qamdo, il fut rattaché en tant que préfecture de Qamdo à la région autonome du Tibet lors de sa création en 1965. Une partie a également été intégrée à l'état d'Arunachal Pradesh, en Inde.

Annexes

Notes et références

  1. (Cressey 1930, p. 655,656) « Nearer Tibet comprises the mountainous borderland next to the old limits of China. This region consists of two parts, for several years classed as special administrative districts but in 1928 organized as provinces. That to the south lies largely in what was formerly western Szechwan and is known as Sikang or Chwanpien. »
  2. Fabienne Jagou, Le 9e Panchen Lama (1883-1937): enjeu des relations sino-tibétaines, p. 251
  3. Lawrence Epstein et International Association for Tibetan Studies. Seminar, Khams Pa Histories : Visions of People, Place and Authority : PIATS 2000, Leiden, Boston, Brill, , 172 p. (ISBN 978-90-04-12423-3, OCLC 48619288, lire en ligne), p. 287
  4. « TIBET (XIZIANG) », sur Universalis
  5. (en) « Provinces and Administrative Divisions », sur Worldstatesmen.org
  6. Robert W. Ford, Tibet Rouge, Capturé par l'armée chinoise au Kham, Éditions Olizane, Genève, 1999, (ISBN 2-88086-241-8), p. 14 et p. 51
  7. (en) Peng Wenbin, Frontier Process, Provincial Politics and Movements for Khampa Autonomy, in (en) Lawrence Esptein (dir.), Khams Pa Histories : Visions of People, Place and Authority : Tibetan Studies: Proceedings of the Ninth Seminar of the International Association for Tibetan Studies, Leiden 2000, Brill, (ISSN 1568-6183, lire en ligne)
  8. Xin 2006.
  9. (Gourou 1950, p. 77)
  10. Claude Arpi, Tibet, le pays sacrifié, Calmann-Lévy, 2000, chap. 11, p. 126.
  11. (Maconi 2014)
  12. (Gourou 2006)
  13. (Jagou 2006) « Au cours des différentes phases de négociations engagées à Simla, divers arguments furent avancés par les protagonistes pour parvenir à un éventuel accord. Les Tibétains souhaitaient recouvrer un Tibet composé des trois provinces (Û-Tsang, Amdo et Kham) avec une frontière sino-tibétaine allant de Dartsédo au Kham au nord du lac Kokonor en Amdo. Les Chinois revendiquèrent une frontière interne passant à l'ouest de Gyamda, incluant de la sorte tout l'Amdo et la majeure partie du Kham au territoire chinois. Les Britanniques proposèrent alors de diviser le Tibet en un Tibet Extérieur (Û-Tsang) autonome et un Tibet Intérieur (Amdo et Kham) sous suzeraineté chinoise. Mais, les Tibétains et les Chinois rejetèrent cette proposition. Face à ce double refus, les Britanniques modifièrent leur projet en avril 1914, ne parlant alors que d'une suzeraineté chinoise dite «nominale» sur le Tibet extérieur et «effective» sur le Tibet intérieur. Cette version fut d'abord paraphée par les trois protagonistes, avant que le gouvernement chinois ne se rétracte. Finalement, seuls les Britanniques et les Tibétains la signèrent le 3 juillet 1914. »
  14. « On 10th October 1932, Liu and the Tibetan leaders signed a truce in which it was agreed that the Tibetan forces would remain west of the Yangtze river and the Chinese would remain east of it. The river remained the de facto border between Tibet and China until October 1950 (Peissel 1972 Guibaut 1949) » John Studley, « The History of Kham », (consulté le )
  15. « Red Poppies: A Novel of Tibet, Review by Gang Yue », MCLC Resource Center (consulté le )
  16. « Xikang », The Columbia Encyclopedia, Sixth Edition (consulté le )
  17. (en) China News Analysis, 1965, Numéros 551 à 600, p. 76 "originally 'Sikang province Tibetan aut. district" 1950, the same aut. chou in 1955. Incorporated in Szechuan in 1956"

Bibliographie

  • (en) George Babcock Cressey, « The New Map of China. », Geographical Review, vol. 20, no 4, , p. 652-656 (DOI 10.2307/209018)
  • (en) George Babcock Cressey, « The Geographic Regions of China », The ANNALS of the American Academy of Political and Social Science, vol. 152, no 1, , p. 1–9 (DOI 10.1177/000271623015200102)
  • Fabienne Jagou, « Vers une nouvelle définition de la frontière sino-tibétaine : la Conférence de Simla (1913-1914) et le projet de création de la province chinoise du Xikang », Extrême-Orient, Extrême-Occident, no 28 « Desseins de frontières, sous la direction de Paola Calanca », , p. 147-167 (DOI 10.3406/oroc.2006.1229, lire en ligne)
  • (en) Joe Lawson, Xikang : Han Chinese in Sichuan's Western Frontier, 1905-1949, Victoria University of Wellington, (présentation en ligne, lire en ligne)
  • Lara Maconi, « Dans les yeux des artistes : visions chinoises de Muli 木里 et du Kham Pendant la Seconde Guerre sino-japonaise (1937-1945) », Cahiers d'Extrême-Asie, École française d’Extrême-Orient, vol. 23, , p. 163-199 (lire en ligne)
  • (zh) 梅心如, 西康, 上海, 上海交通大學出版社, (OCLC 988012055)
  • Pierre Gourou, « Quelques données sur l'agriculture au Si Kang », Annales de Géographie, t. 59, no 313, , p. 77-78 (lire en ligne)
  • (zh) 董恩强, « 西康建省始末记 », 民国春秋, no 2, , p. 21-23 (présentation en ligne)
  • (zh) 辛宇玲, 西康建省研究, 中央民族大学, (présentation en ligne, lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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