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Drapeau du Tibet

Le drapeau du Tibet ou drapeau tibétain, aussi appelé drapeau au lion des neiges, fut l'emblème officiel du gouvernement du Tibet à partir de 1916. Créé par le 13e dalaï-lama et interdit par les autorités chinoises en 1959, c'est aujourd'hui le drapeau du gouvernement tibétain en exil, installé à Dharamsala en Inde.

Symbole décrivant l'usage, explicité ci-après Dernière version, à deux lions des neiges (vers le milieu des années 1930), de l'ancien drapeau militaire et officiel en usage au Tibet entre 1916[1] et 1959. Interdit depuis 1959 en république populaire de Chine, il est aujourd'hui celui du Gouvernement tibétain en exil.

Contrairement aux régions administratives spéciales (Macao et Hong Kong), mais à l'instar des autres régions autonomes, la région autonome du Tibet (Xīzàng) ne dispose pas d'un drapeau spécifique. Le drapeau officiel de la république populaire de Chine y est en usage.

Le drapeau militaire ou officiel du Tibet (1913-1959)

Le « drapeau au(x) lion(s) des neiges » fut tout d'abord un drapeau militaire, en usage dans les régiments tibétains lorsque le pays connut une indépendance de facto entre 1913 et 1951, du fait de l'effacement de la Chine en proie à l'invasion et à la guerre civile[2]. Il connut un usage officiel en 1947 lors d'une conférence panasiatique organisée par des représentants du mouvement pour l'indépendance de l'Inde et figura parmi les « drapeaux nationaux du monde » (voir infra) dans la revue National Geographic en 1934.

Alors que chaque pays au monde hisse son drapeau national à l'endroit le plus en vue de sa capitale, le drapeau au lion des neiges ne flotta toutefois jamais sur le palais du Potala à Lhassa ni en d'autres endroits bien en vue[3].

Création du drapeau de l'infanterie tibétaine à la fin du XVIIIe siècle

Selon Melvyn C. Goldstein, à la fin du XVIIIe siècle, le gouvernement Qing, après avoir défendu le Tibet contre l'invasion népalaise, adopta une résolution en 29 points intitulée « Vingt-neuf règles pour mieux gouverner le Tibet[4] ». Le 4e article de ce décret faisait le constat suivant : « L'absence de l'armée officielle dans la région du Tibet a eu pour conséquence l'instauration de conscriptions d'urgence en temps de crise, ce qui s'est avéré dommageable pour le peuple tibétain ». L'empereur donna son aval à la formation par le Tibet d'une troupe de trois mille hommes, lesquels devaient devenir ce qu'on appelle communément l'infanterie tibétaine. Partant du principe qu'un drapeau militaire est une nécessité pour l'entraînement quotidien d'une armée, le gouvernement central des Qing approuva l'adoption du « drapeau au lion des neiges » comme drapeau militaire du Tibet[5].

Création du premier drapeau officiel du Tibet

Après l’invasion du Tibet par le seigneur de la guerre mandchou Zhao Erfeng en 1909, le 13e dalaï-lama (18761933) avait dû fuir en Inde. En 1911, la dynastie mandchoue des Qing fut renversée et les Tibétains expulsèrent du Tibet les forces mandchoues restantes. Selon le gouvernement tibétain en exil, le 13e dalaï-lama, de retour au Tibet, réaffirma l'Indépendance du Tibet le par une proclamation[6] destinée à être affichée et conservée dans chaque district du Tibet[7]. Selon Alfred P. Rubin, il affirma simplement que la relation prêtre-protecteur (mchod-yon) entre les dalaï-lamas et les empereurs chinois s'était éteinte du fait de la fin de l'empire[8].

Selon Dundul Namgyal Tsarong de nouveaux uniformes et drapeaux militaires conçus et approuvés par le dalaï-lama furent fabriqués à l'hiver 1916[9]. Pour Jamyang Norbu la mise au point du drapeau national moderne tibétain remonte à l'année 1916[1].

Le premier drapeau militaire ou officiel se serait inspiré d'une part de motifs de drapeaux tibétains antérieurs et d'autre part de motifs de drapeaux japonais.

Influence tibétaine

Le premier drapeau militaire ou officiel s'inspira des motifs de drapeaux antérieurs utilisés par les régiments tibétains, en particulier la figure du lion des neiges, laquelle remonte au VIIe siècle, sous le règne du roi du Tibet Songtsen Gampo[10] - [11] - [12] - [13].

Selon Gyeten Namgyal, un tailleur de Lhassa, les divisions de l'armée tibétaine possédaient chacune leur bannière, mais il n'existait pas de drapeau national. Le 13e dalaï-lama dessina un projet, annoté afin d'en expliquer le symbolisme lié aux lions des neiges, à l'épée de la sagesse et aux bannières de la victoire. Plusieurs prototypes furent réalisés, et l'un fut approuvée[14].

Influence japonaise

Selon Alexander Berzin, le motif du soleil levant entouré de rayons, propre aux drapeaux de la cavalerie et de l'infanterie japonaises de l'époque (motif qui par la suite fournit le dessin des drapeaux de la marine et de l'armée de terre japonaises pendant la Seconde Guerre mondiale) aurait inspiré la création du drapeau. L'incorporation de ce motif serait due à un prêtre bouddhiste japonais, Aoki Bunkyo, qui séjourna de 1912 à 1916 au Tibet où il représentait, ainsi que Tada Tokan, le comte Ōtani Kōzui[15]. Aoki Bunkyo y traduisit des manuels militaires en tibétain et aurait participé à l'élaboration du drapeau[16] - [17]. Selon Scott Berry, les relations tibéto-japonaises prirent fin en 1914 après la disgrâce du comte Ōtani Kōzui[15] - [18].

Évolution de la représentation

Alexandra David-Néel décrit un drapeau tibétain « cramoisi et portant un lion brodé » flottant en 1921 à un poste-frontrière entre Kantzé et Batang, une région récemment conquise par les troupes de Lhassa[19].

Drapeau du Tibet (1920-1925)

Le vexillologue Roberto Breschi reproduit, sur le site Bandiere Passato e Presente (« Drapeaux d'hier et d'aujourd'hui »), un drapeau tibétain qui a été utilisé entre 1920 et 1925, le décrivant ainsi :

« Drapeau national et d’État, adopté vers 1920, attesté au printemps de cette même année et décrit dans un document trouvé dans les archives du Ministère des Affaires étrangères français. Remplacé peu d’années après (le Flaggenbuch allemand de 1926 fait déjà figurer un nouveau dessin). Proportions 5/6. La représentation, plutôt naïve, montre un lion de montagne, symbole de la puissance du dalaï-lama, le regard tourné vers les seuls éléments supérieurs à lui, le soleil, la lune, les étoiles, par lesquels le dalaï-lama est illuminé. Les montagnes en arrière-plan représentent l’inviolabilité du territoire, et la sphère entourée de flammes à côté des pattes du lion montre la volonté du dalaï-lama de défendre le Tibet contre les ennemis. Il s’agit du premier emblème particulier du Tibet moderne ; il semble qu’entre 1912 et 1920 on ait hissé sporadiquement l’ancien drapeau impérial chinois[20] - [21] - [22]. »

L'historien Laurent Deshayes indique, lui aussi, que le premier drapeau national derrière lequel les troupes vont défiler ne comporte qu'un lion, ainsi que l'atteste une photographie de 1920 conservée dans les archives diplomatiques françaises, et qu'il ne s'agit pas du drapeau utilisé actuellement par les Tibétains en exil[23].

Selon Roberto Breschi, le drapeau au lion des neiges (singulier) devint drapeau aux lions des neiges (pluriel) à partir du milieu des années 1930 : le lion unique céda la place à deux lions affrontés comme dans le drapeau actuel, les seules différences (légères) d'avec ce dernier ne concernant que le tracé et les proportions[20].

Témoignage de Heinrich Harrer

Heinrich Harrer, alpiniste autrichien, membre d'une expédition allemande au Nanga Parbat en 1939, évadé avec Peter Aufschnaiter d'un camp de prisonniers de guerre de l'Inde britannique, traversa l'Himalaya et atteignit Lhassa en 1946[24]. Il indique dans son livre, Lhassa : le Tibet disparu, publié en 1997, que deux drapeaux précédaient le convoi du dalaï-lama dans sa fuite de : « son drapeau personnel et le drapeau national tibétain. Ce dernier arborait deux lions des neiges sur une montagne blanche[25] ». Dans Seven Years in Tibet, publié en 1953, on apprend qu'à cette occasion « Le dalaï-lama était accompagné d'une escorte de quarante nobles et d'une garde de quelque deux cents soldats triés sur le volet, dotés de mitrailleuses et d'obusiers. (..) Les drapeaux étaient le signe de la présence du monarque[26] ». Une photographie présentant ces deux drapeaux, portés par des cavaliers en armes, est visible sur le site Internet « Flags of the World[27] ». Une autre photographie des deux drapeaux est reproduite dans le livre de Martin Brauen, Les dalaï-lamas : les 14 réincarnations du bodhisattva Avalokitesvara[28].

Quelques mois plus tôt, au printemps 1950, le même Harrer rapportait que le gouvernement tibétain, devant les menaces d'intervention de Pékin, s'était mis à lever de nouvelles troupes et à organiser exercices et parades militaires, « le dalaï-lama en personne bénissant les nouvelles couleurs de l'armée »[29].

Par ailleurs, Heinrich Harrer évoque dans son livre Sept ans d'aventures au Tibet les pièces de monnaie tibétaines. Il indique que ces pièces portent les emblèmes du Tibet : lion des neiges et montagne, « reproduits aussi sur le drapeau national à côté du soleil levant »[30]. Dans l'édition anglaise du même livre (Seven Years in Tibet), parue en 1953, il est question non pas de drapeau national mais de timbres postaux : « Gold, silver, and copper coins are also used. They are stamped with the emblems of Tibet - mountains and lions, which also appear on postage stamps, beside the rising sun » (p. 112).

Témoignage de Phuntsok Wangyal

De son côté, le fondateur du Parti communiste tibétain, Phuntsok Wangyal (cité par Melvyn Goldstein), rapporte qu'en 1952, l'un des deux premiers ministres en exercice de l'époque, Lukhangwa, avait affirmé que le drapeau « n'était pas du tout un drapeau national, mais plutôt le drapeau des militaires tibétains ». Il en voulait « pour preuve » le fait « que ce drapeau n'avait jamais flotté sur un quelconque bâtiment public tibétain ». Et Phuntsok Wangyal d'ajouter : « Sur le plan technique, il avait raison »[5] - [31].

Phuntsok Wangyal rapporte également que lorsqu'il quitta le Tibet en 1958 pour se rendre en Chine, le drapeau national de la Chine était porté en même temps que le drapeau militaire par l'armée tibétaine[5].

Il affirme aussi que lors d’une conversation en 1955 avec le 14e dalaï-lama, Mao Zedong avait approuvé l'usage du drapeau comme drapeau national tibétain, à la condition qu'il soit utilisé conjointement avec le drapeau national chinois. Il n'y a cependant aucune reconnaissance officielle de cela dans les documents chinois[5]. Cette conversation fut retranscrite par Phuntsok Wangyal, désireux d'en laisser un témoignage, alors qu'il était emprisonné[5]. Elle est confirmée par Phuntsok Tashi Takla dans les années 1980[32] et le 14e dalaï-lama en 2008[33]. On y apprend également qu'à la question de Mao Zedong « J'apprends que vous avez un drapeau national, est-ce vrai ? », le dalaï-lama se serait contenté de répondre : « Nous avons un drapeau de l'armée ». Mao Zedong aurait répliqué en ces termes « Ce n'est pas un problème. Vous pouvez garder votre drapeau national ». Il aurait cependant demandé au dalaï-lama si celui-ci était d'accord pour que le drapeau national de la république populaire de Chine soit hissé en plus du drapeau tibétain. Son jeune interlocuteur aurait hoché la tête et dit oui[5].

Usage comme drapeau militaire

Parade militaire devant le Potala à Lhassa (Ernst Schäfer, 1938)

Un film tourné au Tibet entre juin et par l'agent britannique Frederick Williamson (en) montre des soldats tibétains présentant les armes et défilant dans la cour d'une caserne sous le drapeau aux lions des neiges, reconnaissable à son soleil et ses rais rouges et bleus. Les uniformes de la troupe et des officiers sont de type britannique[34].

En 1938-1939, les membres de l'expédition ethnographique allemande au Tibet, patronnée par institut Ahnenerbe et dirigée par Ernst Schäfer, eurent l'occasion de photographier des soldats tibétains à la parade, précédés de deux drapeaux où l'on reconnaît, dans le triangle inférieur, deux lions des neiges affrontés, et, dans la partie supérieure, un fond sombre, sans rais visibles (voir photo ci-contre).

En 1951, le drapeau tibétain flottait sur les casernes de l'armée tibétaine, et le premier ministre Lukhangwa, selon le site du groupe Tchousi Gangdroug, avait refusé que le drapeau chinois soit hissé à sa place[35].

Entre 1951 et 1959, certains régiments tibétains incorporés dans l'Armée populaire de libération continuèrent à l'employer lors d'exercices et de cérémonies, non sans provoquer des polémiques. Certains membres de l'Armée populaire de libération n'y voyaient pas d'inconvénient, estimant qu'il s'agissait d'un emblème purement militaire ; d'autres étaient d'avis que le Tibet, n'étant pas un pays indépendant, ne pouvait ni ne devait avoir de drapeau qui lui soit propre. Beaucoup dans le Parti communiste chinois pensaient que l'usage du drapeau indiquait le séparatisme, mais le gouvernement tibétain de l’époque insistait sur son emploi comme drapeau d'une armée — l'armée tibétaine a continué à exister parallèlement à l'infanterie de l'Armée populaire de libération — et non comme drapeau national[5]. Selon le dalaï-lama, les Tibétains aimaient mettre côte à côte les drapeaux tibétains et chinois, au Tibet, pour montrer « leur soutien à ce grand pays »[36].

Une photo de l'armée tibétaine accompagnée du drapeau aux lions des neiges à Lhassa en 1952 figure dans le livre de Melvyn C. Goldstein, A Tibetan revolutionary: the political life and times of Bapa Phuntso Wangye, à la page 175[5].

Après le conflit avec la Chine en 1962, la Special Frontier Force composée de militaires tibétains est créée en Inde. En , un soldat tibétain, Nyima Tenzin, est accidentellement tué lors d’une patrouille à la frontière entre la Chine et l’Inde. Lors des honneurs militaires, les troupes présentaient les drapeaux du Tibet et de l’Inde [37].

Usage comme drapeau officiel à la Conférence des relations asiatiques en Inde

Deux délégués du Tibet à la Conférence des relations asiatiques lors du discours de Gandhi ; un emblème circulaire figurant le drapeau du Tibet est apposé sur le podium, devant eux, à côté des emblèmes des autres pays[38]

Le drapeau fut utilisé pour la première fois à une réunion internationale en mars et avril 1947 à New Delhi en Inde, la conférence panasiatique organisée par des représentants du mouvement pour l'indépendance de l'Inde. Y participèrent Teiji Tsewang Rigzing Sampho et Khenchung Lobsang Wangyal, deux délégués du Tibet[12]. Kyibug Wangdue Norbu, interprète permanent du Bureau des Affaires étrangères du Tibet et du Bureau du Kashag, fut le troisième délégué du Bureau qui représenta le Tibet à cette conférence[39] - [40].

Comme les délégués n'avaient pas de drapeau, l'attaché commercial de l'ambassade britannique Hugh Richardson en manda un auprès du Kashag, lequel envoya un drapeau militaire comportant la représentation du lion des neiges (situation qui a amené les historiens chinois Wang Jiawei et Nyima Gyancain à se demander comment un drapeau de l'armée pouvait bien servir de drapeau national à la suggestion d'un étranger ?)[41]. Selon l'écrivain et journaliste Claude Arpi, directeur du pavillon tibétain d'Auroville, le drapeau du Tibet leur fut remis par un messager du Kashag à la vallée de Chumbi et ils le hissèrent durant la conférence comme demandé[42].

La conférence plénière se tint à Purana Qila, 32 délégations étaient présentes, chacune sur une estrade, avec une plaque portant le nom de son pays, et un drapeau national[42] - [43]. La délégation du Tibet avait son drapeau, ainsi qu'une carte de l'Asie où le Tibet était figuré comme pays séparé[42]. Pour Claude Arpi, cette conférence démontre qu'en 1947 les dirigeants indiens du gouvernement intérimaire de l'Inde reconnaissaient le Tibet comme indépendant[42]. Pour l'historien américain Tom Grunfeld, comme cette conférence non officielle n'était pas parrainée par le gouvernement, la présence du drapeau et de la carte n'avait aucune importance diplomatique »[44].

Selon les sources officielles chinoises, la tentative des Britanniques de faire figurer le Tibet comme pays indépendant sur la carte de la Asie dans la salle de conférence et parmi les drapeaux des différents pays entraîna une protestation solennelle de la part de la délégation chinoise, ce qui obligea les organisateurs à rectifier le tir[45] - [46]. Tom Grunfeld affirme que les cartes furent modifiées et le drapeau abaissé après les protestations de l'ambassadeur de Chine à la Nouvelle Delhi mais que les délégués restèrent jusqu'à la fin[47]. Selon Claude Arpi, le drapeau n'aurait pas été enlevé malgré les protestations de la délégation chinoise[42]. Les organisateurs de la conférence firent une déclaration indiquant que les délégués tibétains avaient été invités par Jawaharlal Nehru en son nom personnel[48] - [49].

Dans sa biographie du dalaï-lama, publiée en 2003, Patricia Cronin Marcello affirme que si les organisateurs ne retirèrent pas le drapeau de la table de la délégation tibétaine, par contre ils enlevèrent la carte, ce qui non seulement témoignait de l'influence accrue de la Chine mais augurait peut-être de la position future de l'Inde sur le Tibet[50].

Mention parmi les « drapeaux nationaux du monde »

Le numéro de septembre 1934 de la revue National Geographic, consacré aux caractéristiques de drapeaux de nombreuses nations du monde, comportait le drapeau tibétain décrit ainsi : « Avec sa montagne de neige imposante, devant laquelle se tiennent deux lions des neiges combattant pour une gemme flambante, le drapeau du Tibet est un des plus distinctifs de l'Orient[12]. Le titre de la section de l’article où le drapeau du Tibet apparaît est Drapeaux de nombreuses nations, et la page est notée Drapeaux nationaux du monde[51]. Écrit par Gilbert Hovey Grosvenor et William J. Showalter, l’article montre une reproduction du drapeau du Tibet identique à sa version actuelle[52].

La même revue avait fait paraître, en 1917, un premier numéro consacré aux drapeaux du monde mais celui du Tibet n'y figurait pas. Pour Jamyang Norbu, qui puise dans une biographie de Dasang Damdul Tsarong la date de 1916 comme date de création du drapeau[53], celui-ci était trop récent et trop peu connu pour y figurer[1].

La représentation du Tibet dans le drapeau chinois

Dans son livre blanc[54] intitulé Tibet – Its Ownership and Human Rights Situation publié en 1992, le Conseil d’État de la république populaire de Chine rappelle que la constitution de 1912 disposait que le Tibet faisait partie intégrante de la république de Chine. Le livre blanc souligne également que les Tibétains envoyèrent des représentants à l'Assemblée nationale de la république de Chine de 1931 qui réaffirma l'appartenance du Tibet à la république de Chine. De même, des représentants tibétains siégèrent à l'Assemblée nationale de 1946, convoquée par le gouvernement national de Nankin[55].

Le drapeau de la république de Chine (1912-1928)

Symbole décrivant l'usage, explicité ci-après Drapeau de la république de Chine (1912-1928) représentant « Les Cinq peuples rassemblés », Hans, Mandchous, Mongols, Ouïgours et Tibétains.

Après le renversement de la dynastie mandchoue des Qing par la révolution chinoise de 1911, Sun Yat-sen annonça, dans son discours inaugural comme premier président de la république de Chine en 1912, « l'unification des peuples han, mandchou, mongol, hui et tibétain[56] ». Selon Thomas Laird, promouvoir un état multiethnique fut le moyen choisi par Pékin pour affirmer son héritage de l'empire[57]. En 1912, sous la présidence de Yuan Shikai, un édit déclara que le Tibet, la Mongolie et le Xinjiang étaient sur le même pied que les provinces de la Chine proprement dite et faisaient partie intégrante de la république de Chine. Des sièges furent réservés aux Tibétains à l'Assemblée nationale et le premier drapeau de la république de Chine, dit drapeau des « Cinq ethnies dans une même union », fut créé, symbolisant cette unification[58].

En 1924, dans le manifeste du premier Congrès de la république de Chine, Sun Yat-sen reconnaît le droit à l’autodétermination des nationalités de Chine[59]. Selon Baogang He, plus tard, Sun Yat-sen et le Guomindang abandonnèrent cette politique, en faveur d'un système fédéraliste, politique abandonnée également en raison de la montée des militaristes régionaux (Geju)[60].

Le drapeau fut employé principalement à Shanghai et dans les régions orientales de la Chine du Nord jusqu'en 1928. L'ethnie tibétaine y était symbolisée par la bande de couleur noire[61] - [62]. Les autres bandes représentaient les autres ethnies, à savoir les Hans (rouge), les Mandchous (jaune), les Mongols (bleu), les Ouïghours (blanc).

Le drapeau de la République populaire de Chine (depuis 1949)

Drapeau de la république populaire de Chine, drapeau officiel de la Région autonome du Tibet

Faisant partie intégrante de la république populaire de Chine, la région autonome du Tibet (Xīzàng) a pour drapeau le drapeau officiel de la RPC — le drapeau rouge aux cinq étoiles[63].

À l'exception des régions administratives spéciales de Macao et de Hong Kong qui ont chacune adopté un drapeau officiel, les provinces et les régions autonomes n'ont pas de drapeau spécifique et sont soumises à l'interdiction de s'en choisir[64].

Selon diverses interprétations, les cinq étoiles du drapeau chinois ou certaines d'entre elles représenteraient les différents groupes ethniques peuplant la Chine, dont les Tibétains[65] - [66], ce qui est généralement considéré comme un amalgame erroné avec le drapeau à cinq couleurs, utilisé entre 1912 et 1928 par le gouvernement de Beiyang de la république de Chine[66] - [67]. Selon l'interprétation actuelle du drapeau par le gouvernement[68], la plus grande étoile représente le Parti communiste chinois et les étoiles qui l'entourent symbolisent les quatre classes sociales du peuple chinois mentionnées par Mao Zedong dans De la dictature démocratique populaire[69].

Composition et symbolisme du drapeau tibétain

Le symbolisme du drapeau tibétain selon les Tibétains en exil

Le mont Kailash. Thangka tibétain (Bön).

Selon le site officiel du gouvernement tibétain en exil[13] et le site International Campaign for Tibet, la symbolique du drapeau tibétain est composée comme expliqué ci-dessous dans un ouvrage scolaire publié en 1989 par les éditions Tibetan Cultural Printing Press à Dharamsala[70] et traduit du tibétain en français[71] :

  • « En position centrale se trouve une somptueuse montagne recouverte par les neiges, symbole de la grande nation du Tibet universellement connue comme étant le Pays aux Monts enneigés »
  • « Dans le ciel, les 6 raies rouges sont le symbole des “Six Tribus” qui sont traditionnellement considérées comme étant à l'origine du pays : les Se, Mu, Dong, Tong, Dru, et Ra. Les 6 raies bleu foncé sont le symbole du ciel. La combinaison de ces 12 raies, les 6 rouges pour les ancêtres et les 6 bleu foncé pour le ciel, symbolise l'incessante activité déployée par les protecteurs noirs et rouges agissant au Tibet afin d'y préserver l'harmonie, tant spirituelle que séculière[72] »
  • « Au sommet de la montagne enneigée, il y a un soleil dont le rayonnement s'étend dans toutes les directions. Il est le symbole de la prospérité ainsi que de la liberté sociale et spirituelle équitablement partagées par tous les habitants du Tibet »
  • « Sur les versants de la montagne se tiennent fièrement deux lions des neiges dont la crinière flamboyante est la marque qu'ils ignorent la peur. Ils sont le symbole de la réussite et de l'accomplissement du pays et de ses habitants, tant sur un plan social que sur un plan spirituel »
  • « Les trois joyaux qu'ils maintiennent élevés devant eux sont le symbole de l'éternel respect et indestructible confiance que le peuple tibétain conserve à l'égard de ceux qui, dans le Bouddhisme, sont les Trois Refuges sublimes : le Bouddha, le Dharma et le Sangha »
  • « Entre les deux lions, il y a un joyau coloré composé de deux parties inextricablement enchâssées l'une dans l'autre. C'est le symbole de l'attention que porte le peuple tibétain tant à l'éthique telle qu'elle est enseignée dans le bouddhisme par l'abandon des 10 actes non-vertueux, qu'à la morale sociale grâce au respect des 16 règles civiques édictées à l'époque de l'empereur Song Tsèn Gam Po »
  • « Enfin, la bordure jaune au pourtour du drapeau symbolise la diffusion, en toutes directions et à toutes les époques, de la parole du Bouddha dont l'éclat est en tous points semblable à celui de l'or le plus pur ! »
  • « Le côté dépourvu de bordure jaune représente l'ouverture du Tibet à la pensée non bouddhiste[73] »

Les divinités protectrices

Selon Rosemary Jones Tung, citée par Amy Heller, les douze raies rouges et bleues représentent les douze tribus nomades dont sont censés descendre les Tibétains. Elles représentent aussi le dieu rouge Chamsing et le dieu bleu Maksorma (R. Tung tient ces informations de l'ancien ministre Shakabpa)[74].

Le joyau tourbillonnant bicolore

Sur le site Lotus au cœur du symbolisme, le joyau tourbillonnant bicolore est représenté par deux spirales, bleue et jaune, enroulées l’une sur l'autre, évoquant un double mouvement. Il représente un mouvement descendant (bleu) du pôle céleste à la manifestation terrestre (ou de l'esprit au corps), et un mouvement ascendant (jaune) d'un pôle terrestre, du monde de manifestation, au non-manifesté (ou du corps à l'esprit). Le site reproduit le joyau tourbillonnant tel qu'on le trouve sur le drapeau tibétain de 1920 et 1925 et certains anciens drapeaux tibétains[75].

Le symbole taoïste du yin yang

Certains auteurs voient, à la place du « joyau tourbillonnant bicolore » entre les deux lions des neiges, le symbole du yin et yang du taoïsme (ou tai chi). L'écrivain américain Bernie Quigley décrit ce symbole dans son blogue[76].

Les premières représentations connues du yin et du yang (parmi celles qui nous sont parvenues) remontent en Chine au XIe siècle, même s'il est question des deux principes associés dès les Ve – IVe siècles av. J.-C. Ce symbole serait cependant représenté dans la Notitia dignitatum aux IVe - Ve siècles, soit 700 ans avant les données iconographiques provenant de la Chine[77].

Le lion des neiges

Thangka représentant Vaiśravana chevauchant un lion des neiges, 2e moitié du XIVe siècle, musée Guimet

Le lion des neiges blanc est représenté sur le drapeau tibétain, symbolisant la nation du Tibet[78].

Le lion des neiges (tibétain : gang seng) est un animal fabuleux du bestiaire tibétain. Le corps de l'animal est blanc tandis que sa crinière, sa queue et ses boucles sur les pattes sont bleues ou vertes. Normalement, le lion des neiges est asexué, mais lorsqu'il est représenté avec un autre lion qui lui est symétriquement opposé, celui à gauche est mâle, celui à droite femelle. Deux grands lions des neiges en pierre gardent l'entrée du palais du Potala. L'intellectuel tibétain Gendün Chöphel (1903 - 1951) voyait dans le lion des neiges probablement une version tibétaine du lion chinois, lui-même inspiré de la Perse ou de l'Inde[79].

Il n’y avait en effet pas de lions en Chine et leur représentation dans la religion et l’art vient d’Asie centrale. Florence Ayscough (1878-1942) décrit les lions de pierre de Chine comme des lions lamaïques ou chiens de Fo. Selon le livre Chiens de la Chine et du Japon dans l'art et la religion de V. W. F. Collier, les attributs des lions proviennent d’incidents de la vie de Bouddha[80].

Des relations directes entre le Tibet, la Perse et l'Inde ont cependant existé. Ainsi, le roi du Tibet Trisong Detsen (704 - 797) développa des échanges commerciaux avec ces deux pays[81].

Milarépa (1040 - 1123) célébra le lion des neiges dans ses chants, et l'animal mythologique est mentionné dans des textes prébouddhiques tibétains[81].

Le lion des neiges est figuré sur des thangkas aussi anciennes que celle représentant Vaiśravana datée de la seconde moitié du XIVe siècle, se trouvant au musée Guimet[82].

Dans sa description de la voie de Shambhala, Chögyam Trungpa (1939 - 1987) décrit le lion des neiges comme le symbole de la vivacité, l'une des quatre dignités[83].

Selon Robert Beér, le lion des neiges est le symbole national du Tibet et, entre 1912 et 1950, le gouvernement tibétain l'a représenté non seulement sur le drapeau, mais aussi sur l'emblème du Tibet, les billets de banque tibétains, les pièces de monnaie tibétaines et les timbres tibétains, ainsi que sur le sceau du dalaï-lama[81] - [84].

« Le répertoire royaliste de la prêtrise lamaïste »

Pour Victor et Victoria Trimondi, une grande partie du symbolisme du drapeau national tibétain (à l'exception des deux lions des neiges et du symbole du yin yang) renvoie à l'ancien régime : « Tous les autres attributs (les couleurs, les joyaux flamboyants, les douze rayons, etc.) sont issus de répertoire royaliste de la prêtrise lamaïste »[85].

Perception du drapeau tibétain

Symbole d'une revendication séparatiste ou d'une liberté d'expression ?

Hsiao Bi-khim, députée taïwanaise, au moment des troubles au Tibet en mars 2008, lors d'une manifestation lumineuse en soutien à la cause tibétaine à Taipei[86]

Depuis 1959, le drapeau tibétain est interdit en république populaire de Chine, laquelle le considère comme le symbole d'une revendication séparatiste ou indépendantiste[87] - [88].

À Hong Kong, qui possède son propre système judiciaire, différent de celui de la république populaire de Chine, les autorités locales ont considéré l'usage public du drapeau tibétain comme une liberté d'expression[89] - [90].

De même, le drapeau tibétain n'est pas interdit à Taïwan[91].

Symbole de l'« identité nationale tibétaine »

Drapeaux tibétains brandis à l'occasion d'un discours du dalaï-lama en 2008 à Berlin
Tenzin Tsundue manifestant devant la chambre d'hôtel du premier ministre chinois Wen Jiabao à Bangalore en 2005.

En 1960, la Commission internationale des juristes[92] estime que « de 1913 à 1950, le Tibet a démontré son existence en tant qu'État, tel que le conçoit le droit international » (« Tibet demonstrated from 1913 to 1950 the conditions of statehood as generally accepted under international law »[93] - [94] - [95].

Pourtant, selon le professeur Dawa Norbu, les Tibétains n'ont pas été un peuple unifié dans leur histoire et le concept d'un État souverain au sens moderne n'a jamais existé dans leur esprit avant que la Chine n'envahisse le Tibet dans les années 1950[96].

Depuis le soulèvement tibétain de 1959 et la fuite du 14e dalaï-lama en Inde, le drapeau est utilisé par le Gouvernement tibétain en exil et les associations luttant pour l'autonomie ou l'indépendance du Tibet, qui le présentent comme le « symbole de l'identité nationale tibétaine[97] ». Il est déployé lors des manifestations comme celle commémorant le soulèvement de 1959, tous les [98] ou est arboré au front de plus de 1500 mairies européennes[99]. Dans de nombreux monastères du bouddhisme tibétain construits en exil, le drapeau du Tibet est souvent visible. Il y est présenté comme le symbole de l’identité et la culture tibétaines[12].

Selon Warren W. Smith Jr, historien du droit et animateur au service tibétain de Radio Free Asia[100], la politique de la Chine a pour objectif de faire disparaître le concept d’une identité nationale tibétaine par l’assimilation culturelle[101]. Symbole de cette identité, le drapeau du Tibet a été brandi par des Tibétains au cours de manifestations depuis plusieurs dizaines d’années dans différentes régions à population tibétaine, aussi bien dans la région autonome du Tibet que dans le Kham et l’Amdo, en dépit des lourdes peines de prison qu'ils subissent[102].

Lors des troubles au Tibet en 2008, les manifestants tibétains ont brandi le drapeau du Tibet[103]. Fin , Tashi Sangpo, un moine du monastère de Ragya, où le drapeau tibétain avait été hissé sur le toit de la salle principale de prière, fut arrêté par la police avec d'autres moines. Il aurait été en possession d'un drapeau et de tracts politiques. Il a échappé à ses gardes et s'est noyé dans le Fleuve Jaune[104].

En 2008, un éditeur tibétain âgé de 80 ans, Paljor Norbu, a été accusé d'avoir imprimé des « documents interdits » par le gouvernement, dont le drapeau du Tibet. Il a été condamné à 7 ans de prison[105].

À contre-courant du discours sur l'« identité nationale tibétaine », l'idéologie et l'attitude nationalistes des exilés sont vues par l'historien tibétain Tsering Shakya comme des facteurs qui éloignent les émigrés des Tibétains de l'intérieur, alors que la communauté monastique demeure, selon le chercheur, plus soudée[106] :

« Les réfugiés en Inde ont élaboré une idéologie et se sont forgé un sentiment nationaliste tels qu'ils en viennent à se voir comme les défenseurs du Tibet et du peuple tibétain. Dans certains cas, ils ne sont pas loin de se voir comme les représentants “authentiques” des Tibétains, considérant les Tibétains de l'intérieur comme étant simplement des victimes passives, opprimées. Cela entraîne souvent une attitude condescendante à l'égard des Tibétains du Tibet. Résultat : le fossé culturel et social entre les Tibétains de l'intérieur et ceux de l'extérieur est profond[107]. »

Le , dans le Xian de Tongde, près d'un millier de Tibétains ont manifesté afin de demander la libération de moines arrêtés pour avoir hissé un drapeau tibétain[108].

Lors du Counter-Strike: Global Offensive Major Championships à Paris le 21 mai, deux jeunes tibétains sont harcelés et malmenés pour avoir arboré le drapeau tibétain par un huit jeunes chinois et leurs appels au personnel de sécurité restent sans réponse[109].

Notes et références

  1. (en) Jamyang Norbu, Independent Tibet: Some facts, February 2009 : « The flag was probably too new and unknown to appear in the very first flag issue (1917) ».
  2. (en) Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon - China, Tibet, and the Dalai Lama, University of California Press, 1997, p. 35-36 : « China was deeply absorbed in internal issues and conflicts and too weak to challenge the Dalai Lama » (« La Chine était trop accaparée par des problèmes et des conflits internes et trop faible pour s'opposer au dalaï-lama »).
  3. (en) Wang Jiawei et Nyima Gyaincain, Le statut du Tibet de Chine dans l'histoire, China Intercontinental Press, 2003, 367 p., p. 192 : « Chaque pays du monde hisse son drapeau national à l'endroit le plus proéminent de la capitale. Si le pays avait été un vrai pays, le drapeau avec le lion des neiges aurait pu se voir souvent au Palais du Potala où en d'autres endroits très proéminents. Touefois, le Tibet ne l'avait jamais fait. »
  4. (en) Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon : China, Tibet, and the Dalai Lama, University of California Press, , 152 p. (ISBN 978-0-520-21951-9, lire en ligne), p. 19.
  5. (en) Melvyn C. Goldstein et Dawei Sherap, A Tibetan revolutionary the political life and times of Bapa Phüntso Wangye, University of California Press, (ISBN 978-1-4175-4514-8, lire en ligne), pp. 174-175, 194-195.
  6. (en) The Status of Tibet, sur le site tibet.com : « After returning to Lhasa, the Thirteenth Dalai Lama issued a proclamation reaffirming the independence of Tibet on 14 February 1913 ».
  7. (en) 13e dalaï-lama, Proclamation Issued by His Holiness the Dalai Lama XIII (1913), sur le site du Tibet Justice Center : « This letter must be posted and proclaimed in every district of Tibet, and a copy kept in the records of the offices in every district. »
  8. (en) Barry Sautman, “All that Glitters is Not Gold”: Tibet as a Pseudo-State, in Maryland Series in Contemporary Asian Studies, No 3-2009 : « A US international law scholar who studied Tibet’s “declarations of independence” found they were not political-legal declarations at all, but merely the 13th Dalai Lama’s affirmations that the mchod-yon (priest-patron) relationship between Dalai Lamas and Chinese emperors had been extinguished due to the end of the empire (note : Alfred P. Rubin, “Tibet’s Declarations of Independence,” AJIL 60 (1966):812-814 and Rubin, “A Matter of Fact,” AJIL 60 (1966):586 ».
  9. (en) Dundul Namgyal Tsarong, Ani K. Trinlay Chödron, In the Service of his Country. The Biography of Dasang Damdul Tsarong. Commander General of Tibet, Snow Lion Publications, Ithaca, New York, 2000, (ISBN 1559391510 et 9781559391511), p. 51 : « 1916. All through the winter, preparations were underway: new uniforms and Tibetan military flags, which had been designed and approved by His Holiness, were made. His Holiness had also given a detailed description of the Tibetan national flag, written in his own hand. »
  10. (en) Pierre Charles Lux-Wurm (trad. de l'anglais), The Story of the Flag of Tibet. Flag Bulletin : Vol. XII - No. 1., Paris, Fayard, , 352 p. (ISBN 2-213-00338-6)
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  14. Kim Yeshi, Gyeten Namgyal, le tailleur des hommes et des dieux in, Tibet. Histoire d'une tragédie, Éditions La Martinière, février 2009, pp. 226-285, (ISBN 978-2-7324-3700-2). « Gyalwa Rinpoche fit un dessin et jeta ses idées sur le papier. Les symboles étaient les lions des neiges, l'épée de la sagesse et les bannières de la victoire. Des notes expliquaient le symbolisme. Le plan fut remis au Namsa Chenmo qui fit plusieurs prototypes. L'un d'eux fut approuvé et j'exécutai le travail, entièrement à partir de brocarts »
  15. (en) Scott Berry, (Alex McKay, editor), The Japanese in Tibet, in The History of Tibet - The Medieval Period: c.850-1895, Cornell University Press, (ISBN 0-415-30843-7) (aperçu limité en ligne), (p 311)
  16. (en) Alexander Berzin, Russian and Japanese involvement with Pre-Communist Tibet. The Role of the Shambhala Legend, The Berzin Archives, avril 2003 : « Aoki Bunkyo, a Japanese Buddhist priest, translated Japanese army manuals into Tibetan. He also helped design the Tibetan National Flag by adding to traditional Tibetan symbols a rising sun surrounded by rays. This motif comprised the Japanese cavalry and infantry flags of the day and later became the design for the Japanese Navy and Army Flag during World War II. ».
  17. (en) Hisao Kimura, Scott Berry, Japanese agent in Tibet: My Ten Years of Travel in Disguise, Serindia Publications Inc, 1990, (ISBN 0-906026-24-5), p. 105 : « Aoki (Bunkyo), who was in Tibet from 1912 to 1916, (...) is reputed to have had a hand in the design of the Tibetan flag » (« (Aoki (Bunkyo), qui séjourna au Tibet de 1912 à 1916, est réputé avoir participé à l'élaboration du drapeau tibétain »).
  18. (en) Scott Berry, Monks, spies and a soldier of fortune: the Japanese in Tibet, Athlone, 1995, 352 p., p. 4 : « This promising decade for Japanese-Tibetan relations was to come to nothing after Count Otani was disgraced in 1914. »
  19. Alexandra David-Néel, Une Parisienne à Lhassa, Ed. Le Club de la Femme, 1971, p. 26.
  20. (it) Roberto Breschi, « Bandiere Passato e Present » (consulté le ); citation : « sembra che da circa il 1912 al 1920 fosse sporadicamente alzata la vecchia bandiera imperiale cinese ».
  21. Le Guichet du Savoir> Questions / Réponses> Les drapeaux tibétains.
  22. (en) « Flag of Tibet 1920-c. 1925 », Flags of the World.
  23. Laurent Deshayes, Histoire du Tibet, Fayard, 1997, p. 268 : « Les troupes vont parader derrière le premier drapeau national (1) dont le symbolisme clame haut et fort la puissance du lion des neiges, le Dalaï Lama : il rugit sous le soleil, la lune et les étoiles qui, seuls, le dominent, devant de puissantes montagnes qui sont autant de remparts protégeant le Tibet de toute agression étrangère. Note 1 : Il ne s'agit pas de l'actuel drapeau utilisé par les Tibétains en exil. Une photographie du nouvel étendard se trouve en annexe à la dépêche No 78 du 28-8-1920 de Chengdu à Paris (Archives diplomatiques de Nantes, carton Pékin 238) ».
  24. (en) Heinrich Harrer Biography.
  25. (fr) Lhassa : Le Tibet disparu, texte et photographie de Henrich Harrer, Édition française de La Martinière, octobre 1997, page 206 (publié pour la première fois en 1992 par Harry N. Abrams, sous le titre de Lost Lhasa.)
  26. (en) Heinrich Harrer, Seven Years in Tibet, édition Putnam de 1997 : « The dalai Lama had an escort of forty nobles and a guard of some two hundred picked soldiers with machine guns and howitzers. (...) The flags denoted the presence of the ruler. »
  27. (en) « Dalai Lama's Personal Flag (Tibet) », Flags of the World
  28. Martin Brauen, Les dalaï-lamas : les 14 réincarnations du bodhisattva Avalokitesvara, traduction Jean-Daniel Pellet, Favre, 2005, (ISBN 2828908402)
  29. (en) Heinrich Harrer, Seven Years in Tibet, édition Putnam de 1997, chap. Tibet is invaded : « (...) new troops were raised, parades and military exercises were carried out, the Dalai Lama himslf consecrated the army's new colors. »
  30. Heinrich Harrer, Sept ans d'aventures au Tibet, Arthaud, 1953, p. 184.
  31. « His position was this was not a national flag at all, but rather the flag of the Tibetan military. As evidence for this, he stated that this flag had never been flown on any Tibetan government buildings, and technically he was correct ».
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  36. (en) Roman von Contzen, « Dalai Lama visited pro Tibet event in Berlin », Berlinista (consulté le )
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  40. Jamyang Norbu, op. cit..
  41. (en) Wang Jiawei et Nyima Gyaincain, Le statut du Tibet de Chine dans l'histoire, China Intercontinental Press, 2003, 367 p., p. 192 : « Comment un drapeau de l'armée peut-il servir de drapeau national à la suggestion d'un étranger ?. »
  42. Claude Arpi (trad. de l'anglais par Claude B. Levenson), Tibet, le pays sacrifié, Paris, Calmann-Lévy, , 325 p. (ISBN 2-7021-3132-8, présentation en ligne), « 11 », p. 126.
  43. Claude Arpi, op. cit., p 175 : « Les chefs de chacune des trente-deux délégations étaient assis sous un dais, avec une plaque portant le nom de son pays, et un drapeau national. »
  44. (en) A. Tom Grunfeld, The Making of Modern Tibet, M.E. Sharpe, 1996, 352 p., p. 78. : « An example that is prominently featured in the literature espousing Tibetan independence is the nonofficial Asian Relations Conference held in New Delhi in March/April 1947. Tibet was invited to send a delegation; their flag was flown along with those of other nations; and the maps used indicated that Tibet was separate from China. Since the conference was not government-sponsored, these actions had no diplomatic significance. »
  45. (en) « Tell you a true Tibet - "Origins of so-called Tibetan independence" », Le Quotidien du Peuple : « At the "Asian Relations Conference" held in New Delhi in March 1947, the British imperialists plotted behind the curtains to invite Tibetan representatives and even identified Tibet as an independent country on the map of Asia in the conference hall and in the array of national flags. The organizers were forced to rectify this after the Chinese delegation made serious protests. »
  46. (en) Wang Jiawei et Nyima Gyaincain, Le statut du Tibet de Chine dans l'histoire, China Intercontinental Press, 2003, 367 p., pp. 192-193 : « Cette condamnation força la partie indienne à dire : "Nehru invite en son nom les délégués concernés à participer à la conférence : il n'y a aucun délégué officiel". Elle révisa toutefois la carte de l'Asie. »
  47. A. Tom Grunfeld, op. cit., p. 78 : « nevertheless, the Chinese ambassador in New Delhi protested. The maps were altered, the flag was lowered, but the delegates remained until the end. »
  48. John Garver, Protracted Contest: Sino-Indian Rivalry in the Twentieth Century, University of Washington Press, 2001, 447 p., p. 14.
  49. Wang Jiawei et Nyima Gyaincain, op. cit..
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  52. (en) Jamyang Norbu, « Tibetan Flag in 1934 National Geographic », World Tibet News
  53. (en) Dundul Namgyal Tsarong, In the Service of His Country: The Biography of Dasang Damdul Tsarong Commander General of Tibet, Ithaca, Snow Lion Publications, 2000, p. 51.
  54. Le gouvernement chinois publie régulièrement des livres blancs sur le Tibet. Ils sont considérés par le sinologue François Danjou comme des documents de propagande, et non une source d’information objective. François Danjou, « Livre blanc sur le Tibet », 9 octobre 2008.
  55. (en) Tibet – Its Ownership and Human Rights Situation, site de l'Assemblée nationale populaire de la République populaire de Chine, mis en ligne le 16 mars 2009.
  56. (en) China White Paper, Tibet:its Ownership and Human Rights Situation, Texte du Conseil des affaires de l'État de la République populaire de Chine septembre 1992, reproduit sur le site de Free Tibet Campaign
  57. Une histoire du Tibet : Conversations avec le Dalaï Lama, de Thomas Laird, Dalaï-Lama, Christophe Mercier, Plon, 2007, (ISBN 2-259-19891-0).
  58. (en) Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon - China, Tibet, and the Dalai Lama, University of California Press, 1997 (ISBN 978-0-520-21951-9), p. 31 : « on April 12, 1912, the new Chinese republic headed by Yuan Shikai issued an edict that declared Tibet, Mongolia, and Xinjiang on equal footing with the provinces of China proper and as integral parts of the republic. Seats were set aside for Tibetans in the National Assembly and a five-colored flag was created, the black band representing Tibet. »
  59. (en) Abstract : « The Kuomintang solemnly declares that the right of self-determination is recognised for all the nationalities inhabiting China; following the victory of the revolution over the imperialists and militarists there will be established a free and united (formed on the basis of a voluntary union of all nationalities) Chinese republic ».
  60. (en) Baogang He, « The Chinese Commitment to the Autonomy of Tibet: Theory and Reality », in Tibetan Autonomy and Self-Government: Myth or Reality?, Tibetan Parliamentary and Policy Research Centre, New Delhi, Inde, 2000.
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  69. Henri Panhuys, La fin de l'occidentalisation du monde ?, L'Harmattan, 2004, 536 p., p. 290 : « Pour la Chine communiste (maoïste), elles représentent les quatre classes sociales fondamentales de la société chinoise gravitant autour du Parti communiste Chinois [...]. »
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  71. Le Drapeau du Tibet, sur le site France-Tibet
  72. Sur la foi d'un document émanant de la Bibliothèque des ouvrages et archives tibétains à Dharamsala et expliquant le symbolisme du drapeau, Amy Heller ((en) Historic and Iconographic Aspects of the Protective Deities Srung-ma dmar-nag, in Amy Heller reader, p. 491, note 81) parle, pour sa part, de deux divinités protectrices, l'une rouge et l'autre noire :
    « Tibetan National Flag. Library of Tibetan Works and Archives, Dharamsala, 1980 (no author, no pagination). In the section 'grel-bshad: rigs kyi kha-dog dmar-po dang / nam-mkha'i kha dog sngo-nag spel-bas ring-nas 'go-ba'i lha-srung dmar-nag gnyis kyis bstan srid srung skyong gi 'phrin las g.yel med du sgrub pa mtshon. Translation in the section 'Explanation of the symbolism of the Tibetan National Flag, no. 3': "The alternating red colour of the peoples and the dark blue color of the sky symbolise the unrelentless accomplishments of the virtuous conduct to guard and protect the spiritual and secular rule enacted by the two protector-deities, one red and one black, who have safeguarded from old." Although no author is named, on the frontespiece of the brochure one reads "Authorized and approved by the Kashag of H. H. the XIV Dalai Lama." It is interesting to note the translation "two protector deities, one red and one black, who have safeguarded from old" for 'go-ba'i lha-srung dmar-nag gnyis, which we understand to refer to the srung-ma dmar-nag as the 'go-ba'i lha, i.e. inherent protective deities, body gods (presumably of H. H. the Dalai Lama). On the role of the 'go-ba'i lha, cf. R. A. Stein, La Civilisation tibétaine. Paris, 1981, pp. 195-198. »
  73. Extrait de (en) « The Symbolism of the Tibetan National Flag », International Campaign for Tibet
  74. Amy Heller, op. cit., p. 491, note 82 : « A photograph of the flag taken ca. 1940 is found in R. Tung, A Portrait of Lost Tibet, New York, 1980, pI. 33 with the following caption: "The Tibetan flag is symbolically significant. The twelve stripes of red and blue represent the twelve nomadic tribes from which the Tibetans are said to have descended. They also represent the red god Chamsing and the blue god Maksorma." In personal communication, Ms. Tung has explained that Tse-pon Shakabpa was the source of this information. »
  75. (en) The Tibetan flag, Site Lotus au cœur du symbolisme.
  76. (en) « the Taoism's tai chi (yin yang symbol) sits in the center of the Tibetan flag » (« le tai chi (le symbole yin yang) du taoïsme trône au centre du drapeau tibétain »), Bernie Quigley, « Particles and Waves - Countries divide into binary chakra orientations & so does the individual & so does the family & so does the world », Quigley in Exile, 27 décembre 2005.
  77. Giovanni Monastra, « Le symbole du “Yin-yang” sur les enseignes de l'Empire romain ? », Nouvelle École, 50, 1998 [ed. it. Futuro Presente, a. IV, n. 8, inverno 1996], traduit de l'italien par Philippe Baillet : « En ce qui concerne le point de l'apparition de l'iconographie du “yin-yang” au fil du temps, il faut rappeler que les premières représentations connues de ce symbole en Chine (parmi celles qui nous sont parvenues) remontent au XIe siècle ap. J.-C., même s'il est question de ces deux principes dès les Ve – IVe siècles av. J.-C. Avec la Notitia dignitatum nous sommes aux IVe – Ve siècles, donc, du point de vue iconographique, en avance de près de 700 ans sur les données en provenance de la Chine. »
  78. Paul Waldau, Kimberley Patton, A Communion of Subjects: Animals in Religion, Science, and Ethics, p. 220
  79. Remarque faite par Jean Dif dans la biographie de Gedun Chöphel publiée sur son site personnel.
  80. Florence Ayscough, Un miroir chinois. À travers la Chine inconnue, Librairie Pierre Roger, Paris, 1926, p. 60.
  81. Marc Moniez, Christian Deweirdt, Monique Masse, Le Tibet, Éditions de l'Adret, Paris, 1999, (ISBN 2-907629-46-8), p. 300.
  82. D. & J. Jackson, La peinture tibétaine, (ISBN 2-907629-06-9).
  83. Chögyam Trungpa, Shambhala, la voie sacrée du guerrier.
  84. (en) Robert Beér, The encyclopedia of Tibetan symbols and motifs, p. 78 : « Hence the snow-lion is the national animal symbol of Tibet: it adorns Tibet's national flag, its government seals of office, its coins, banknotes, and stamps, and forms the insignia of His Holiness the Dalai Lama ».
  85. (en) The Shadow of the Dalai Lama - 3. The foundations of the Tibetan Buddhocracy : « All the other heraldic features of the flag (the colors, the flaming jewels, the twelve rays, etc.), (...) are drawn from the royalist repertoire of the Lamaist priesthood ».
  86. (en) Candlelight vigil for Tibet
  87. (en) Jennie Daley, Tibetan flag brings together several symbols, The Ithaca Journal, 11 octobre 2007, reproduit sur Phayul.com, « Today in Tibet, owning the Tibetan flag is a criminal offence » (« Aujourd'hui, au Tibet, la possession du drapeau tibétain est un délit »).
  88. (en) Report of Austrian Delegation of Legal Experts to China and Tibet (1992), Tibet Justice Center : « (...) the showing of a Tibetan flag, is considered a counter-revolutionary offence. Such persons, (...), are dealt with as separatists » (« (...) parader un drapeau tibétain est considéré comme un délit contre-révolutionnaire. Les contrevenants (...) sont jugés comme séparatistes ».
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  97. « The Tibetan national flag is not an exile Tibetan invention. It has, in its various incarnations down the centuries, become a part of the Tibetan identity » (« Le drapeau national tibétain n'est pas une invention des Tibétains en exil. Il est devenu, sous ses diverses incarnations dans les siècles passés, partie intégrante de l'identité tibétaine »), dans « CTA's Response to Chinese Government Allegations: Part Four »
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  105. Sur Human Rights Watch.
  106. Dans le même essai, écrit au moment des troubles au Tibet en 2008, le chercheur Tsering Shakya ajoute : « Il y a une bien plus forte affinité au sein de la communauté monastique entre ceux de l'Inde et ceux du Tibet (en comparaison de la jeunesse laïque) ».
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Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon - China, Tibet, and the Dalai Lama, University of California Press, 1997, (ISBN 978-0-520-21951-9)
  • Lhassa : le Tibet disparu, texte et photographie de Heinrich Harrer, Édition de La Martinière, 1997, (ISBN 2-7324-2350-5) (publié pour la première fois en 1992 par Harry N. Abrams sous le titre de Lost Lhasa)
  • (en) Peter Gue Zarrow, China in war and revolution : 1895-1949, London/New York, Routledge, , 411 p. (ISBN 0-415-36448-5, lire en ligne).

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