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Ernst SchÀfer

Ernst SchĂ€fer, nĂ© le Ă  Cologne et mort Ă  Bad Bevensen le , est un zoologue allemand, spĂ©cialisĂ© en ornithologie. Il a effectuĂ©, avec Brooke Dolan II, deux expĂ©ditions scientifiques en Chine et au Tibet[1]. Son principal titre de gloire est une expĂ©dition scientifique qui sĂ©journa au Tibet en 1938-1939, en allemand Deutsche Tibet-Expedition Ernst SchĂ€fer (l'« expĂ©dition allemande au Tibet Ernst SchĂ€fer ») selon le sous-titre choisi par SchĂ€fer lui-mĂȘme dans son livre de 1943, Geheimnis Tibet[2].

Ernst SchÀfer
Ernst SchÀfer en 1938.
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  82 ans)
Bad Bevensen
Nationalité
Allégeance
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Directeur de thĂšse
Distinctions

Ayant rejoint la SS Ă  l'Ă©tĂ© 1933 selon Peter Levenda, ou en 1934 suivant le conseil du maire de Göttingen selon Isrun Engelhardt[1], et y atteignant les grades de UntersturmfĂŒhrer (sous-lieutenant) en 1936, ObersturmfĂŒhrer (lieutenant) en 1937, HauptsturmfĂŒhrer (capitaine) en 1938 et SturmbannfĂŒhrer (commandant) en 1942[3]. Selon le renseignement militaire amĂ©ricain en Europe, SchĂ€fer Ɠuvra dans le cadre de l'Ahnenerbe, un institut crĂ©Ă© par Heinrich Himmler[4]. Selon Isrun Engelhardt, l'expĂ©dition ne fut pas subventionnĂ©e par l’Ahnenerbe[1].

Selon sir Basil Gould, le reprĂ©sentant de la Grande-Bretagne au Sikkim en 1938, Ernst SchĂ€fer Ă©tait « avant toutes choses, un nazi dans l'Ăąme »[5]. De mĂȘme, le diplomate britannique Hugh Richardson, qui se trouvait Ă  Lhassa en 1939, se souvient de SchĂ€fer comme d'« un nazi jusqu'au bout des ongles »[6].

Isrun Englehardt remet les déclarations des représentants britanniques dans le contexte précédant la Seconde Guerre mondiale. Elle mentionne aussi une rencontre entre Ernst SchÀfer et le vice-roi des Indes, au cours de laquelle ce dernier lui remit un message à l'attention d'Adolf Hitler, ce qu'il ne pourra faire, en raison de l'opposition furieuse de Himmler[1].

Selon Alex McKay, Ernst SchÀfer était un scientifique sérieux et apparemment un nazi réticent[7]. En 1932, il a été élu membre de l'Académie nationale des sciences américaine, une distinction qu'il a gardée à vie.

Études et premiĂšre expĂ©dition en Chine et au Tibet (1931-1932)

NĂ© le Ă  Cologne, Ernst SchĂ€fer Ă©tait le fils d'un grand industriel allemand, directeur de la compagnie de pneus Phoenix[8]. Quand ses parents s'installĂšrent Ă  Hambourg, oĂč son pĂšre Ă©tait devenu prĂ©sident de la chambre de commerce et d'industrie, le jeune garçon se mit Ă  nĂ©gliger l'Ă©cole au profit d'excursions dans les environs, si bien qu'on dĂ©cida de l'envoyer en pension Ă  Heidelberg. C'est lĂ , Ă  l'Ăąge de 12 ans, qu'il dĂ©couvrit la chasse, le directeur du pensionnat l'emmenant avec lui dans ses expĂ©ditions cynĂ©gĂ©tiques[9]. AprĂšs l'obtention de son Abitur (diplĂŽme de fin d'Ă©tudes secondaires) Ă  Mannheim en 1929, SchĂ€fer entreprit des Ă©tudes universitaires de zoologie[10], gĂ©ologie, botanique et gĂ©ographie Ă  l’universitĂ© de Göttingen, en Basse-Saxe.

En 1930, le naturaliste américain Brooke Dolan II vint en Allemagne recruter des scientifiques pour une expédition zoologique[10]. Ernst SchÀfer interrompit ses études pour rejoindre, en 1931, la premiÚre expédition de Brooke Dolan en Chine occidentale et au Tibet[10] - [11]. Financée par l'Académie d'histoire naturelle de Philadelphie en Pennsylvanie et conduite par Brooke Dolan II, chasseur de gros gibier à ses heures, cette expédition gagna le Tibet oriental, au milieu des escarmouches entre le gouvernement nationaliste chinois, les seigneurs de la guerre et l'armée tibétaine[12].

Ernst SchÀfer revint en Allemagne en 1932 pour reprendre ses études[10]. Il savait qu'il se retrouverait dans une impasse s'il ne finissait pas son Doktorarbeit[13].

En reconnaissance de ses nombreuses contributions scientifiques, il fut Ă©lu membre Ă  vie de la National Academy of Sciences de Philadelphie en 1932[10] - [14]. À peine ĂągĂ© de 23 ans, il publia un premier livre, Berge, Buddhas und BĂ€ren. Forschung und Jagd in geheimnisvollem Tibet, oĂč il racontait sa participation Ă  cette premiĂšre expĂ©dition[15]. L'ouvrage lui valut un dĂ©but de notoriĂ©tĂ©[16].

Selon Christopher Hale, SchÀfer serait revenu de cette premiÚre expédition non sans éprouver de la méfiance vis-à-vis du « lamaïsme », affirmant que les Tibétains, « un peuple puissant, sain », « étaient sous le joug de leur religion, laquelle les privait de toute possibilité de développement »[17].

Adhésion au nazisme

Au printemps 1933, lorsque Hitler eut consolidé son pouvoir, SchÀfer devint membre du parti nazi, sous le numéro 4690995, à l'instar de ces opportunistes que l'époque qualifiait de « violettes de mars » [18]. Dans la foulée, à l'été 1933, il s'engagea dans la SS [19].

Selon Isrun Engelhardt, c'est en 1934 qu'il s'engagea dans la SS suivant le conseil du maire de Göttingen[20], un ami de son pÚre[21].

Seconde expédition en Chine et au Tibet (1934-1936)

Entre 1934 et 1936 il participa à la seconde expédition scientifique de Brooke Dolan II en Chine et au Tibet oriental[10]. Cette expédition parvint en Chine occidentale et au Tibet oriental. Un missionnaire américain du nom de Marion H. Duncan était également du voyage[22]. SchÀfer rencontra, en , le 9e panchen-lama, Thubten Chökyi Nyima, alors en exil à Hangzhou, en Chine[23].

Retour d'expĂ©dition via les États-Unis et doctorat

Selon Isrun Engelhardt, Ernst SchĂ€fer rentra aux États-Unis avec Dolan en . C'est Ă  Philadelphie qu'il reçut un tĂ©lĂ©gramme de fĂ©licitations Ă©manant du gouvernement allemand et lui indiquant que son retour en Allemagne Ă©tait souhaitĂ©. Peu de temps aprĂšs, une nouvelle missive l'informa qu'en reconnaissance du succĂšs de son expĂ©dition, il avait Ă©tĂ© nommĂ© sous-lieutenant SS[24].

De retour au pays, SchÀfer publia en 1937 le récit de ses expériences tibétaines dans un livre intitulé Unbekanntes Tibet (litt. « Tibet inconnu »), dans lequel il appelait à l'envoi d'une expédition scientifique allemande au Tibet[25] - [26].

En outre, il poursuivit ses Ă©tudes Ă  Berlin oĂč il obtint le titre de docteur en zoologie en 1937[10].

Rencontre avec Heinrich Himmler

Entretemps sa notoriĂ©tĂ© avait attirĂ© l'attention de Heinrich Himmler, lequel l'avait nommĂ© in absentia UntersturmfĂŒhrer (sous-lieutenant) dans la SS et sommĂ© de lui faire son rapport dĂšs son retour du Toit du monde[27]. Ce qui fut fait en : trĂšs intĂ©ressĂ© par le travail de SchĂ€fer, Himmler lui dĂ©clara, lors de leur rencontre, qu'il souhaitait faciliter ses projets Ă  venir et qu'il parrainerait sa prochaine expĂ©dition[28]. Il fut convenu que l'expĂ©dition aurait lieu, qu'elle serait parrainĂ©e par l'Ahnenerbe Forschungs and Lehrgemeinschaft (la « sociĂ©tĂ© du patrimoine ancestral »), institut de recherches anthropologiques et archĂ©ologiques crĂ©Ă© par Himmler, que les membres de l'expĂ©dition seraient de la SS et que SchĂ€fer se chargerait de la prĂ©parer et de choisir une Ă©quipe de savants, avec l'accord de Himmler[29].

En , SchĂ€fer se rendit en Angleterre pour travailler au MusĂ©e britannique. Il y aurait Ă©tudiĂ© les collections d'oiseaux tibĂ©tains et himalayens aux fins de comparaison avec sa propre collection. À son retour en Allemagne en septembre, il fut invitĂ© par Himmler Ă  rejoindre l'Ahnenerbe, honneur que SchĂ€fer affirme avoir dĂ©clinĂ© Ă  ce moment-lĂ [30].

Toujours en 1936, il devait ĂȘtre invitĂ© d'honneur Ă  la Reichsparteitag (ou CongrĂšs de Nuremberg), oĂč il rencontra tous les hauts responsables nazis[31].

Entre et , il Ă©crivit un livre, Dach der Erde (« Le toit du monde ») et aida l'explorateur britannique Frank Wallace Ă  organiser la partie asiatique du « Salon international des trophĂ©es » Ă  Berlin. Il eut l'honneur de faire visiter l'exposition Ă  Goering et Himmler en [32]. La mĂȘme annĂ©e, il obtint le grade de obersturmfĂŒhrer (lieutenant) [33].

Mariage et décÚs de son épouse

À l'Ăąge de 26 ans, il Ă©pousa Hertha Volz, une grande beautĂ© blonde, aprĂšs que celle-ci eut obtenu un certificat d'aryanitĂ© en bonne et due forme Ă  l'instar de toute future conjointe de membre de la SS[34]. Elle devait pĂ©rir Ă  la suite d'un accident lors d'une partie de chasse au gibier d'eau avec des officiers SS et leurs Ă©pouses, le . SchĂ€fer, l'auteur involontaire du coup de feu selon les attestations de toutes les personnes prĂ©sentes, devait par la suite ĂȘtre tenaillĂ© par un sentiment tenace de culpabilitĂ©[35] - [36].

L'expédition allemande au Tibet (1938-1939)

Le Dr SchÀfer, sur le glacier de Zemu, au Sikkim

Origines

Le Reichsfuehrer-SS Himmler tenta de profiter de la rĂ©putation d'Ernst SchĂ€fer pour la propagande nazie et s’enquit de ses projets d'avenir. Ce dernier lui rĂ©pondit qu’il voulait mener une autre expĂ©dition au Tibet. Il aurait souhaitĂ© placer son expĂ©dition sous le patronage du dĂ©partement culturel des affaires Ă©trangĂšres ou de la Deutsche Forschungsgemeinschaft (« CommunautĂ© scientifique allemande ») comme l’indiquent ses dĂ©marches[37]. Himmler Ă©tait fascinĂ© par le mysticisme asiatique et souhaitait qu'une telle expĂ©dition s'effectue sous les auspices de l’Ahnenerbe et que SchĂ€fer dĂ©veloppe une recherche fondĂ©e sur la thĂ©orie pseudo-scientifique de Hans Hörbiger, « la cosmogonie glaciaire », promue par l'Ahnenerbe. SchĂ€fer avait des objectifs scientifiques, il refusa donc d’incorporer Ă  son Ă©quipe Edmund Kiss, un adepte de cette thĂ©orie, et formula 12 exigences pour obtenir la libertĂ© scientifique. En consĂ©quence, Wolfram Sievers, de l'Ahnenerbe, critiqua les objectifs de l'expĂ©dition, si bien que celle-ci ne fut pas subventionnĂ©e. Himmler accepta que l'expĂ©dition s’organise Ă  la condition que tous ses membres deviennent des SS. SchĂ€fer dut accepter des compromis[1].

Préparation

Dans le cadre du projet d'une expĂ©dition dĂ©nommĂ©e « expĂ©dition SS au Tibet » – c'est l'intitulĂ© employĂ© par SchĂ€fer et les journaux allemands de l'Ă©poque [38] - [39] - [40], ou encore « expĂ©dition allemande au Tibet Ernst SchĂ€fer » – c'est le sous-titre choisi par SchĂ€fer dans son livre de 1943, Geheimnis Tibet[2], SchĂ€fer publia des articles dans la revue SS Das Schwarze Korps (« Le Corps noir ») et autres pĂ©riodiques nazis afin d'en faire connaĂźtre les buts et le rĂŽle dans les visĂ©es de conquĂȘte mondiale du National Socialisme[41].

Placée sous l'égide de l'Ahnenerbe, l'expédition fut financée par des contributeurs publics et privés, le retour en avion étant pris en charge par la SS[42].

Les préparatifs de l'expédition s'échelonnÚrent de janvier à [43].

Elle était composée de cinq membres (outre SchÀfer, déjà promu lieutenant), quatre sous-lieutenants SS : Edmund Geer, le chef d'expédition et technicien ; Ernst Krause, un entomologiste, photographe et preneur de vues cinématographique de l'expédition; Karl Wienert, un géophysicien; Bruno Beger, un anthropologue et ethnologue[44] - [45].

DĂ©roulement

Sous le sigle SS et la swastika, les membres de l'expĂ©dition recevant les dignitaires tibĂ©tains et chinois, Ă  Lhassa; Ă  gauche : : Ringang, Beger, Tschang (ambassadeur de la Chine au Tibet), Geer ; au centre: Tsarong Dzasa, SchĂ€fer; Ă  droite : JigmĂ© Taring, Yabshi LangdĂŒn, Wienert, Möndro (Möndo)
L'anthropologue Bruno Beger en compagnie du Régent du Tibet, Reting Rinpoché, à Lhassa, capitale du Tibet

SchÀfer, qui avait opté de gagner le « pays interdit » depuis l'Inde britannique et le Sikkim[46], se rendit à Londres pour obtenir des lettres de recommandation de la part de diverses personnalités germanophiles[47].

Partie le , l'expédition arriva à Calcutta le . SchÀfer obtint le soutien du ministre des affaires étrangÚres et du vice-roi [48], et la permission d'adresser au gouvernement de Lhassa une demande pour entrer au Tibet[49].

AprĂšs avoir fait halte dans l'État semi-indĂ©pendant du Sikkim[50], SchĂ€fer rĂ©solut de franchir, en , malgrĂ© l'absence de rĂ©ponse, la frontiĂšre entre le Nord Sikkim et le Tibet[51]. Les autoritĂ©s tibĂ©taines accordĂšrent finalement Ă  l'expĂ©dition la permission de se rendre Ă  Lhassa et d'assister aux fĂȘtes du Nouvel An.

L'expédition arriva à Lhassa le et y resta deux mois[52], pendant lesquels ses membres établirent de bons rapports avec les responsables tibétains[53]. SchÀfer rencontra le régent Reting Rinpoché.

Buts officiels

Beger en train de prendre des mensurations faciales

Selon Claudio Mutti, les buts officiels de l'expédition étaient d'étudier les régions tibétaines sur les plans géographique, géologique, zoologique, anthropologique, botanique et culturel et de contacter les autorités locales en vue d'établir une représentation dans le pays[54].

Selon Kathy Brewis, les membres de l'expĂ©dition recueillirent une Ă©norme quantitĂ© de plantes et d'animaux. Wienert prit des mesures gĂ©omagnĂ©tiques. Krause Ă©tudia les guĂȘpes tibĂ©taines. SchĂ€fer observa les rituels tibĂ©tains, dont les funĂ©railles cĂ©lestes. Ils photographiĂšrent et filmĂšrent des manifestations folkloriques[55].

Témoignages sur la personnalité de SchÀfer

La personnalité de SchÀfer à l'époque nous est connue par ce qu'en dit le représentant de la Grande-Bretagne au Sikkim en 1938, sir Basil Gould, lequel eut l'occasion d'observer l'expédition lors de sa formation à Gangkok : un personnage « intéressant, énergique, versatile, érudit, vaniteux à un degré frisant la puérilité, insensible aux rÚgles sociales et aux sentiments d'autrui, et avant toutes choses, un nazi dans l'ùme » [56]. Il était également « sujet à de violents emportements », affirme l'écrivain britannique Patrick French[57].

Retour en Allemagne

Munis de deux lettres de courtoisie du RĂ©gent destinĂ©es Ă  Hitler et Ă  Himmler ainsi que de cadeaux pour le FĂŒhrer (un habit de lama et un chien de chasse)[58], SchĂ€fer et ses compagnons quittĂšrent le Tibet en , emportant Ă©galement un exemplaire de la « bible » tibĂ©taine, le Kangyour (120 volumes en tout), des objets prĂ©cieux et des animaux rares. Un hydravion les emmena de Calcutta Ă  Bagdad puis Ă  Berlin, oĂč ils furent accueillis sur la piste de l'aĂ©roport de Tempelhof par Himmler en personne[59].

Lors de son interrogatoire par le Renseignement militaire américain en 1946, SchÀfer déclara qu'à son retour du Tibet en , il avait rencontré Himmler pour lui exposer son projet d'une nouvelle expédition en cas de guerre : avec quelques hommes, il se rendrait au Tibet en avion, gagnerait les Tibétains à la cause allemande et mettrait sur pied un mouvement de résistance en s'inspirant de l'action de l'Anglais Lawrence pendant la PremiÚre guerre mondiale[60]. Ce projet toutefois n'eut pas de suite.

En 1942, il fut promu au grade de SturmbannfĂŒhrer (major) dans la SS[61].

Selon Kathy Brewis, en 1943, on lui confia, dans le cadre de l'Ahnenerbe, la direction d'un tout nouvel institut des Ă©tudes asiatiques qu'il baptisa Sven Hedin Institut fĂŒr Inner Asien und Expeditionem (« Institut Sven Hedin pour la recherche en Asie centrale »), du nom de l'explorateur suĂ©dois Sven Hedin[62] - [63].

C'est lui qui fut Ă  l'origine, avec le botaniste SS Heinz BrĂŒcher, de la mission visant Ă  s'approprier des semences du botaniste soviĂ©tique NikolaĂŻ Vavilov et effectuĂ©e par BrĂŒcher Ă  la mi-1943, les deux demandant l'autorisation pour ce faire, le , Ă  l'ObergruppenfĂŒhrer Oswald Pohl[64].

L'annĂ©e 1943 vit aussi la sortie du film Geheimnis Tibet (de) (« Tibet secret »), rĂ©alisĂ© Ă  partir des pellicules rapportĂ©es du Tibet. Il fut projetĂ© Ă  l'occasion de l'inauguration officielle de l'Institut Sven Hedin le , en prĂ©sence de l'explorateur suĂ©dois lui-mĂȘme. Ce dernier, sous le coup de l'enthousiasme, s'Ă©cria : « Grandiose, merveilleux, ce que nous avons vu ici ! », et se tournant vers SchĂ€fer : « Vous ĂȘtes l'homme qui devait continuer mes recherches et qui doit les continuer ». Et de fait, sous la conduite de SchĂ€fer, l'Institut devait devenir le plus grand dĂ©partement de l'Ahnenerbe [65].

Selon Kathy Brewis, il aurait aussi fait des photographies d'expériences médicales menées au camp de travail de Dachau[66]. Selon Peter Levenda, il aurait en outre reçu une collection de « crùnes asiatiques » prélevés sur des prisonniers par l'anthropologue Bruno Beger[67].

SchĂ€fer passa les derniĂšres annĂ©es de la guerre Ă  la tĂȘte non seulement de l'Institut Sven Hedin mais aussi d'un institut d'Ă©tude et de recherche sur la gĂ©nĂ©tique des plantes et d'une fondation d'Ă©tude et de recherche sur l'Ă©levage chevalin, tous deux liĂ©s Ă  l'Ahnenerbe Ă©galement[68]. Selon Kathy Brewis, il enfourcha le tout dernier dada de Himmler : les origines d'un mythique cheval roux Ă  la criniĂšre blanche[69].

DĂ©nazification

À l'Ă©tĂ© 1945, il tomba aux mains des AlliĂ©s Ă  Munich. Étant officier d'une organisation criminelle, la SS, il eut droit Ă  la dĂ©nazification et fut internĂ© trois ans durant avant d'obtenir un certificat d'exonĂ©ration (persilschein)[70]. Selon Kathy Brewis, il minimisa ses liens avec le rĂ©gime nazi et prĂ©tendit que ni la politique ni l'idĂ©ologie n'Ă©taient entrĂ©es en ligne de compte dans ses recherches scientifiques[71]. Il affirma qu'il Ă©tait devenu SS, uniquement mĂ» par le dĂ©sir d'obtenir les moyens d'effectuer ses recherches[72]. Selon Kathy Brewis, il s'Ă©tait retrouvĂ© « pris dans une toile d'araignĂ©e ». Il s'en tira avec une amende[73].

CarriĂšre aprĂšs guerre

Selon Kathy Brewis, en 1949, SchÀfer partit pour le Venezuela dans le but d'y créer un parc animalier[74]. Un ouvrage publié en 1956 le donne comme « professeur à l'Université centrale, ancien chef de la Station biologique de Rancho Rio Grande, Venezuela ». Cette carriÚre universitaire se termina en 1959.

Il devint également conseiller scientifique de l'ancien roi des Belges Léopold III. Il entreprit un voyage de recherches au Congo belge et réalisa, en collaboration avec le professeur Heinz Sielmann, un film sur les gorilles, Herrscher des Urwalds (« Les seigneurs de la jungle »), qui sortit en 1958.

De 1960 Ă  1970, il fut conservateur de la section d'histoire naturelle du musĂ©e d'État de Basse-Saxe Ă  Hanovre.

Selon Kathy Brewis, dans les années 1970, il échafauda le projet d'une réserve dans le nord de l'Inde mais celui-ci capota, faute de visa pour son auteur[75]. Toujours selon l'auteure, la toute derniÚre photo de lui, prise avant sa mort en 1992, montre un homme méfiant et blessé[76].

SchÀfer aura laissé son nom à une espÚce de caprins habitant les hautes gorges du Yangtze en Chine, le petit bharal ou, de son nom scientifique, Pseudois schaeferi.

Des documents concernant SchĂ€fer se trouvent dans le fonds Ahnenerbe conservĂ© aux Archives nationales des États-Unis : il s'agit non seulement de sa correspondance personnelle et officielle, de ses carnets du Tibet, de son dossier individuel Ă  la SS, mais aussi de coupures de journaux allemands relatant la SS-Tibet Expedition[77].

ƒuvre scientifique

SchÀfer a laissé des articles de revues scientifiques, plusieurs livres et a collaboré à la réalisation du film Geheimnis Tibet (litt. Tibet secret), fait à partir de scÚnes filmées lors de la 3e expédition (le site YouTube présente, sous le titre The Nazi Expeditions to Tibet, des scÚnes tournées par l'expédition).

Articles :

  • (de) Habits of the Pheasants of the Chinese-Tibet Frontier (titre originel en allemand non disponible), in Journal fĂŒr Ornithologie, LXXXII, Heft 4, October 1934.
  • (en) Four New Birds from Tibet, in Proceedings of the Academy of Natural Sciences, Philadelphia, 1937.
  • (de) Forschungsraum Innerasien, in Asienberichte. Viertejahresschrift fĂŒr asiatische Geschishte und Kultur, NĂ  21, , p. 3-6.

Livres :

  • (de) Berge, Buddhas und BĂ€ren (litt. Montagnes, bouddhas et ours). Forschung und Jagd in geheimnisvollem Tibet, Berlin, Paul Parey, 1933, 354 p., 32 p. illus., 2 cartes.
  • (de) Unbekanntes Tibet (litt. Tibet inconnu): Durch die Wildnisse Osttibets zum Dach der Erde. Tibetexpedition 1934/36, Berlin, Paul Parey, 1937, viii, 295 p., [48] p. of plates.
  • (de) Dach der Erde (litt. Le toit du monde): Durch das Wunderland Hochtibet. Tibetexpedition 1934/36, Berlin, Paul Parey, 1938, xii, 292 p.
  • (de) Geheimis Tibet : Erster Bericht der Deutschen Tibet-Expedition Ernst SchĂ€fer, 1938/39; Schirmherr ReichsfĂŒhrer SS H. Himmler, MĂŒnchen, F. Bruckmann, 1943, 183 p.
  • (de) Fest der weissen Schleier: Eine Forscherfahrt durch Tibet nach Lhasa, der heiligen Stadt des Gottkönigtums, Braunschweig, Vieweg, 1949, 199 p.
  • (de) Über den Himalaja ins Land der Götter : Auf Forscherfahrt von Indien nach Tibet, Hamburg - Berlin, Dt. HausbĂŒcherei, 1951, 214 p.
  • (fr) Éblouissant Venezuela, Bruxelles, J. Malvaux, 1956, 190 p. (adaptation française de Samivel) ; Ă©dition en anglais : Ebullient Venezuela, Brussels, 1956, 195 p. (traduction de Eric Peters (texte gĂ©nĂ©ral) et Anne M. MacGregor (notes scientifiques)).
  • (fr) Les Conotos : Étude comparative de Psarocolius angustifrons et Psarocolius decumanus, Zoologische Forschungsinst, Museum Alexander Koenig, 1957, 147 p.
  • (de) Unter RĂ€ubern in Tibet : Abenteuer in einer vergessenen Welt zwischen Himmel und Erde, Durach, Windpferd, , 215 p. (ISBN 3-89385-052-X)
  • (de) Die Vogelwelt Venezuelas und ihre ökologischen Bedingungen, Berglen, Wirtemberg-Verl. Lang-Jeutter und Jeutter, 1996,1999,2004,2009 4.Bd.

Films :

  • (de) Geheimnis Tibet (de), 1943 (acteur, rĂ©alisateur, auteur) (autre titre : Lhasa-Lo - Die verbotene Stadt)[78]
  • (de) En collaboration avec Heinz Sielmann, Herrscher des Urwalds, 1959 (version française : Les seigneurs de la forĂȘt, 1958).

Émission de tĂ©lĂ© (en tant qu'acteur) :

  • (de) Unterwegs zur Familie Mann: Das Monstrum, #1.2, 2001.

Sources

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • Detlev Rose, « L'expĂ©dition allemande au Tibet de 1938-39 : Voyage scientifique ou quĂȘte de traces Ă  motivation idĂ©ologique ? », Deutschland in Geschichte und Gegenwart, Bruxelles-Munich-TĂŒbingen, Synergies europĂ©ennes, no 3,‎ . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (fr) Blondeau, Buffetrille, Robin H. Stoddard, RĂ©ponse sur les liens entre le dalaĂŻ-lama et les nazis, LibĂ©ration Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Isrun Engelhardt, The Ernst-Schaefer-Tibet-Expedition (1938-1939): new light on the political history of Tibet in the first half of the 20th century, in McKay Alex (ed.), Tibet and Her Neighbours : A History, Édition Hansjörg Mayer, London, 2003 (ISBN 3883757187)
  • (fr) Claudio Mutti, Les SS au Tibet, article publiĂ© sur le site Claudiomutti.com, .Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) The Activities of Dr Ernst Schaefer, United States Forces - European Theater, Military Intelligence Service Center, APO 757 Final Interrogation Report (OI-FIR) (no), .Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) John J. Reilly, Compte rendu du livre de Christopher Hale, Himmler's Crusade. The Nazi Expedition to Find the Origins of the Origins of the Aryan Race, John Wiley & Sons, Hoboken (NJ), 2003.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Alexander Berzin, The Nazi Connection with Shambhala and Tibet, The Berzin Archives, The Buddhist Archives of Dr Alexander Berzin, May 2003.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Kathy Brewis, « Quest of the Nazis », The Sunday Times,‎ (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
    sur l'expédition SS au Tibet et sur la carriÚre de SchÀfer, d'aprÚs le livre de Christopher Hale, Himmler's Crusade.
  • (en) Patrick French, « The master race in the mountains », The Telegraph,‎ (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
    compte rendu de Himmler's Crusade de Christopher Hale
  • (en) Julie G. Marshall, Britain and Tibet, 1765-1947: a select annotated bibliography of British relations with Tibet, revised and updated to 2003, Routledge, 2005, 607 p.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Peter Levenda (prĂ©f. Norman Mailer), Unholy alliance : a history of nazi involvement with the occult, New York, Continuum, , 2e Ă©d., 423 p. (ISBN 978-0-8264-1409-0, lire en ligne), p. 191-197. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (en) Christopher Hale, Himmler's Crusade : The Nazi Expedition to Find the Origins of the Aryan Race, Hoboken, N.J, John Wiley & Sons, , 422 p. (ISBN 0-471-26292-7, OCLC 811606122). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (en) Isrun Engelhardt (sous la direction de), Bianca Herleman, Clare Harris, Claudius MĂŒller, Tibet in 1938-1939. Photographs from the Ernst SchĂ€fer Expedition to Tibet, Serindia, Chicago, 2007. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (de) Michael H. Kater, Das "Ahnenerbe" der SS 1935-1945; ein Beitrag zur Kulturpolitik des Dritten Reiches, Stuttgart, Deutsche Verlags-Anstalt, 1974 (paperback Ă©dition 2001, Oldenbourg Verlag, 2001 (ISBN 3-486-56529-X))

Notes et références

  1. (en) Isrun Engelhardt, The Ernst-Schaefer-Tibet-Expedition (1938-1939): new light on the political history of Tibet in the first half of the 20th century, in McKay Alex (ed.), Tibet and Her Neighbours : A History, Edition Hansjörg Mayer, London, 2003 (ISBN 3883757187)
  2. (de) Ernst SchĂ€fer, Geheimis Tibet : Erster Bericht der Deutschen Tibet-Expedition Ernst SchĂ€fer, 1938/39; Schirmherr ReichsfĂŒhrer SS H. Himmler, MĂŒnchen, F. Bruckmann, 1943, 183 p.
  3. « his personnel record shows membership in the SS as beginning in the summer of 1933, rising in rank to UntersturmfĂŒhrer in 1936, ObersturmfĂŒhrer in 1937, HauptsturmfĂŒhrer in 1938 and finally to SturmbannfĂŒhrer in 1942. (...) The orders raising him in rank were signed by Himmler » Levenda 2002, p. 193
  4. (en) European Theater of Operations, The Activities of Dr Ernst Schaefer, United States Forces - European Theater, Military Intelligence Service Center, APO 757 Final Interrogation Report (OI-FIR) No. 32, Feb. 12, 1946. : « Schaefer was a member of Das Ahnenerbe, the organization founded by Himmler in 1935 to investigate a variety of scientific and pseudo-scientific problems raised in Germany following the Nazi ascension to power ».
  5. « first and foremost always a Nazi » French 2003
  6. « The British diplomat Hugh Richardson, who was in Lhasa in 1939, remembered SchÀfer as 'an out and out Nazi'. » Hale 2003
  7. (en) Alex McKay Introduction, in : (en) Alex McKay, Tibet and her neighbours : a history, Londres, Edition Hansjörg Mayer, , 239 p. (ISBN 3-88375-718-7, OCLC 52784305), p. 16 : « The mission's leader, Ernst Schaeffer, was a serious scientist and apparently a reluctant Nazi »
  8. « Ernst SchÀfer was (...) the son of an important industrialist and director of the Phoenix Rubber Company » Levenda 2002, p. 193
  9. « The son of a wealthy businessman, SchĂ€fer was born in Cologne in March 1910. [...] The SchĂ€fers moved to Hamburg where his father had become president of the local board of trade and industry. Young Ernst would disappear for much of the day on long expeditions out of the city. [...] His father, angered by poor school reports [...], tried to rein in his son: [...] he was sent – ‘for taming’ – to a boarding school in Heidelberg. » Hale 2003
  10. Isrun Engelhardt, op. cit.
  11. The Activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « Schaefer left the University of Goettingen in 1930, and in 1931 joined the scientific staff of an expedition to Tibet, led by Brooke Dolan, an American, under the auspices of the Academy of Natural Sciences, Philadelphia, Pennsylvania ».
  12. (en) John J. Reilly, Compte rendu du livre de Christopher Hale, Himmler's Crusade, John Wiley & Sons, Hoboken (NJ), 2003 : « Dolan and SchÀfer journeyed to eastern Tibet, a debatable land of chronic skirmishing among the Chinese Nationalist government, various war lords, the ineffectual Tibetan army (...) ».
  13. « he knew that he faced a dead end if he did not return to university and finish his Doktorarbeit. So he returned to University. » Hale 2003
  14. Schweizerische Gesellschaft fĂŒr Asienkunde, Asiatische Studien: Études asiatiques, Volume 58, NumĂ©ros 1 Ă  2, Éditeur A. Francke., 2004 p. 63 : « In recognition of his many scientific contributions Dr. Schafer was elected to life membership in the Academy in 1932 »
  15. The Activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « This expedition furnished him the material for his first book, Berge, Buddhas und Baeren (Mountains, Buddhas and Bears). »
  16. Brewis 2003
  17. « By the time he had returned to Germany and written about his experiences, SchÀfer appears to have begun to distrust Lamaism. The Tibetans he viewed as "hard and cruel like the land itself", but "their whole life and work is dominated by their fanatical Lamaist religion. I know the Tibetans are a powerful, healthy people - but they suffer under the yoke of their religion, depriving them of any chance of development" » Hale 2003
  18. « it appears as if SchÀfer was one of the "March violets" who got on the Nazi bandwagon after Hitler consolidated his political power that spring » Levenda 2002, p. 193
  19. The Activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « In 1933 he returned to Germany from the United States, and resumed his studies at the University of Goettingen. In the summer of that year, he joined the SS ».
  20. Isrun Engelhardt, op. cit. : « In 1934 he followed the advice of the Lord Mayor of Göttingen to enter the SS ».
  21. « Urged by the Mayor of Göttingen, a friend of his father, he applied to join the SS. » Hale 2003
  22. « Marion Duncan joined them in July, and on a hot, torpid evening SchÀfer and the Americans boarded the SS Ichang and began their journey » Hale 2003, p. 63
  23. « In June, (...), SchÀfer decided to travel south to Hangshou where he had heard that the Panchen Lama was staying in a mountain temple. He turned out to be a middle-aged man 'with a good-natured, but forceful facial expression and beautiful dark eyes' » Hale 2003, p. 62-63
  24. Isrun Engelhardt, op. cit. : « he recieved a telegram from the German government congratulating him (...) indicating that his return to Germany was desired. Shortly thereafter, a second cable arrived, informing him that in recognition of the success of his expedition he had been nominated SS Unterstrumfeuhrer (SS Second Lt.) »
  25. (de) Unbekanntes Tibet. Durch die Wildnisse Osttibets zum Dach der Erde. Tibetexpedition 1934/36, Berlin, Paul Parey, 1937, viii, 295 p., [48] p. of plates.
  26. (en) Joseph Cummins, History's great untold stories: obscure events of lasting importance, Murdoch Books, 2006, 366 p., chap. Explorers of the Deep, en part. p. 326 (ISBN 1740458087) : « After returning to Germany, SchÀfer was lionised as a veteran explorer of Tibet and published a book about his experiences, Unknown Tibet, in which he called for a German scientific expedition to the country. »
  27. The Activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « The recognition he gained through this work brought him to the attention of Himmler, who promoted him in absentia to SS Untersturmfuehrer, and requested him to report to Berlin immediately upon his return to Germany ».
  28. The Activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « In June 1936, Schaefer had his first interview with Himmler, who showed great interest in the former's studies. At this interview, Himmler said that he would like to facilitate Schaefer's future plans for exploration, and that he would take over the sponsorship of Schaefer's next expedition ».
  29. Joseph Cummins, History's great untold stories: obscure events of lasting importance, op. cit., p. 326 : « In the summer of 1936, as Germany prepared for the Olympics, he met with Himmler in his offices in Berlin. At the meeting, it was agreed that a German expedition to Tibet should occur, sponsored by the Ahnenerbe and comprising SS scientists, and that it would be Schafer's job to organise the expedition and choose a team of scientists, with Himmler's approval. »
  30. The Activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « In August 1936 Schaefer went to England to work in the British Museum. He claims to have studied the collections of Tibetan and Himalayan birds for comparison with his own collection, which had been shipped to Germany from the United States. Upon his return to Germany in September, he was invited by Himmler to join the Ahnenerbe Forschungs and Lehrgemeinschaft (Society for Research and Teaching of Ancestral Heritage), an honor which for the time being he declined ».
  31. The Activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « Schaefer was a special guest at the Reichsparteitag, in 1936, at which he met all high Nazi officials ».
  32. The Activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « Between November 1936, and June 1937, he wrote a book, Dach der Erde (Roof Top of the World), and helped the British explorer Frank Wallace organize the Asiatic part of the International Trophy Show in Berlin. »
  33. « rising in rank to UntersturmfĂŒhrer in 1936, ObersturmfĂŒhrer in 1937 » Levenda 2002, p. 193
  34. « his fiancée had to undergo the usual investigation of her racial background as the prospective spouse of an SS officer » Levenda 2002, p. 193
  35. « He was a difficult character, plagued by remorse over the death of his wife. They had taken a boat out onto a lake in Germany so that he could shoot game. He leapt up to fire at some ducks, but stumbled and accidentally shot Hertha in the head. She died an hour later, and SchÀfer's guilt and grief heightened an already volatile nature » Brewis 2003
  36. Joseph Cummins, History's great untold stories: obscure events of lasting importance, op. cit., p. 327 : « On 8 November 1937 he was out on a lake in a remote forest estate, hunting ducks with a large party of SS officers and their wives. Accompanying Schafer was his wife, the tall, blonde and beautiful Hertha Volz Schafer [...]. Schafer stood up to fire as some ducks sped through the sky. He stumbled, his rifle fell against the oarsman's seat and discharged. Hertha, shot in the head, died an hour later. Every one testified it was an accident, but Schafer, wracked by guilt, was never to be the same again. »
  37. Rose 2006.
  38. The Activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « A new Tibetan expedition, to be called the SS Tibet Expedition, was then in preparation ».
  39. « the official SS-Tibet Expedition referred to in the press » Levenda 2002, p. 192
  40. « the following article from the Nazi Völkischer Beobachter of July 29, 1939, relates: Dr. Ernst SchĂ€fer, SS-HauptsturmfĂŒhrer, has now completed the first German SS-Tibet Expedition with extraordinarily great success » Levenda 2002, p. 194
  41. The Activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « Articles under Schaefer's name appeared in Das Schwarze Korps and other Nazi periodicals, publicizing the expedition, its scientific goals, and its role in the National Socialistic scheme for world domination ».
  42. Une liste en est fournie dans le rapport du renseignement militaire américain en Europe daté de 1946 : The Activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « The expedition was financed by the following contributors: Werberat der Deutschen Wirtschaft - RM 40.000, (Propaganda Council for German Economy) ; I.G. Farbenindustrie (through Filchner, Tibet explorer) - RM 35,000 ; Illustrierter and Voelkischer Beobachter - RM 40,000 (Eher Publishing House, later claimed sponsorship of the expedition.) ; Reichsforschungsdienst (Reich Research Service) - RM 6,000 ; Deutsche Forschungsgesellschaft (German Research Society) - RM 10,000 ; Hecker, head of Ilseder Huette - RM 2,000 ; Phoenix Rubber Works, Harburg (plant owned by Schaefer's father) - RM 3,000 ; Academy of Natural Sciences, Philadelphia - $1,000 ; Varying amounts from several smaller firms and associations. The cost of equipping the expedition was RM 65,000, and the expedition itself cost another RM 65,000, excluding the flight back to Germany, which was financed by the SS. »
  43. The Activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « The SS Tibet Expedition was finally organized between January and April 1938 ».
  44. « The other team members were SS officers too: Ernst Krause, a botanist and entomologist, who would double as the official cameraman; Karl Wienert, a geophysicist; Edmund Geer, the expedition's manager; and Bruno Beger, an anthropologist » Brewis 2003
  45. Claudio Mutti, Les SS au Tibet, article publiĂ© sur le site Claudiomutti.com, 10 octobre 2005 : « Outre SchĂ€fer, faisaient partie du groupe quatre ObersturmfĂŒhrer SS : le chef de caravane et " technicien " Edmund Geer, l'anthropologue et ethnologue Bruno Beger, le gĂ©ographe et gĂ©omagnĂ©tologue Dr. Karl Wienert, le photographe et opĂ©rateur cinĂ©matographique Ernst Krause ».
  46. (en) Dr Bruno Beger, The Status of Independence of Tibet in 1938/39 according to the travel reports (memoirs), publié sur le site du gouvernement tibétain en exil Tibet.com en 1996; « Tibet was regarded as the "Forbidden Land". (...) The Schaefer Tibet Expedition of 1938/39 finally chose the route via India and Sikkim (...) ».
  47. The Activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « Schaefer flew to London to get letters of recommendation for the expedition, and obtained a large number of them (...) ».
  48. The Activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « He was received in India by Foreign Secretary Sir Aubrey Metcaffe, and by the Viceroy, Lord Linlithgow. Schaefer claims to have had their full support throughout the expedition ».
  49. Dr Bruno Beger, op. cit. : « After causing some trouble, British India had given its permission to the expedition to address a request for entry to the Government in Lhasa. They were very keen on keeping up their limited influence in South Tibet, for they feared the ambitions of China and the Soviet Union ».
  50. The Activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « (...) in the semi-independent native state of Sikkim, en route, he established good relations with the local authorities, including the Maharajah ».
  51. Dr Bruno Beger, op. cit. : « A non-permitted frontier crossing in October 1938, leading in from North Sikkim to the King of Tharing, who at the time resided at Doptra-Dzong, brought about our first contact with the Tibetan Government ».
  52. (en) Julie G. Marshall, Britain and Tibet, 1975-1947, a select bibliography of British relations with Tibet, revised and updated to 2003, Routledge, 2005, 607 pages, p. 496.
  53. Julie G. Marshall, op. cit., p. 496.
  54. Claudio Mutti, op. cit. : « Le but officiel de l'expédition était d'étudier la région tibétaine du point de vue anthropologique, géographique, zoologique et botanique. Mais pour Himmler il importait aussi d'établir le contact avec l'abbé Reting, devenu Régent du pays en 1934, un an aprÚs la mort du treiziÚme Dalaï-lama ».
  55. « The Germans collected anything they could: thousands of artefacts, a huge number of plants and animals, including live specimens. Wienert took four sets of geomagnetic data. Krause studied Tibetan wasps. SchÀfer observed Tibetan rituals, including sky burials (he even bought some human skulls). And they took stills and film footage of local culture, including the spectacular New Year celebrations when tens of thousands of pilgrims descended upon Lhasa » Brewis 2003
  56. « interesting, forceful, volatile, scholarly, vain to the point of childishness, disregardful of social conventions and the feelings of others, and first and foremost always a Nazi » French 2003
  57. « (he was) prone to violent rages » French 2003
  58. The activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « When Schaefer left Lhasa the Tibetan ruler gave him a letter to Hitler and one to Himmler. He does not recall the exact contents of these letters, but states that they were purely complimentary notes. He also received a present for Hitler consisting of a Lhama dress and a hunting dog ».
  59. « In August 1939, the five men fled south to Calcutta taking with them 120 volumes of the Tibetan ‘Bible’, the Kangyur, hundreds of precious artefacts and assorted rare animals. At the mouth of the Hoogli River, they boarded a seaplane and began the long journey home – first to Baghdad, then to Berlin. [...] When their aircraft touched down at Tempelhof Airport an ecstatic Heinrich Himmler was waiting on the runway. For the ReichsfĂŒhrer, the ‘German Tibet Expedition’ had been a triumph. » Hale 2003
  60. The Activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « After his return from Tibet in August 1939, just shortly before the war, Schaefer had a meeting with Himmler. On this occasion Schaefer outlined his plans to launch another expedition in case of war to try to win the Tibetans to the German side. His plan was to fly to Tibet with only a few men and organize a resistance movement along the same lines as Lawrence had done during World War 1 ».
  61. Peter Lavenda, op. cit., p. 193 : « his personal record shows membership in the SS (...) rising in rank to (...) SturmbannfĂŒhrer in 1942. »
  62. « On returning from Tibet, he had been given his own institute, which he named after an anti-semitic Swedish explorer. The Sven Hedin Institute for Inner Asian Research opened in January 1943 » Brewis 2003
  63. Explorateur suĂ©dois ayant voyagĂ© au Tibet en 1907; par des propos favorables Ă  l'Allemagne nazie il s'Ă©tait efforcĂ© de faire libĂ©rer des juifs dĂ©portĂ©s vers la mĂȘme Ă©poque, cf Sven Hedin.
  64. Carl-Gustaf Thornstrom et Uwe Hossfeld, Instant appropriation-Heinz BrĂŒcher and the SS botanical collecting commando to Russia 1943, PRG Newsletter, no 129, p. 54-57.
  65. Victor et Victoria Trimondi, Le film SS « Le secret du Tibet », Online Magazine, 2003.
  66. « In 1942, SchÀfer and Krause had photographed some of Dr Rascher's gruesome medical experiments in the labour camp at Dachau » Brewis 2003
  67. « Beger even provided SchÀfer with a collection of Asian skulls while he was collecting over a hundred "Jewish Commissars" skulls for the Berlin Institute » Levenda 2002, p. 193
  68. The Activties of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « Subsequently he headed the following three scientific organizations: the Sven Hedin Institute, the Instruction and Research Foundation for Horse-breeding, and the Instruction and Research Institute for Plant Genetics, all of which were connected with the Ahnenerbe ».
  69. « SchÀfer spent the last part of the war investigating Himmler's latest obsession: the origins of a mythical red horse with a white mane » Brewis 2003
  70. « In the summer of 1945, SchÀfer was captured in Munich by the Allies (...). Because he was an officer in a 'criminal organization', the SS, he (...) would now endure 'de-nazification'. SchÀfer was interned for three long, uncomfortanle years (...). He had to fight hard to get his Persilschein, the much-coveted certificate of exoneration » Hale 2003, p. 6
  71. « When the allies' victory was declared, he surrendered, playing down his links to the regime. He tried to convince his captors that he had maintained a purely scientific vision, untainted by politics or ideology » Brewis 2003
  72. The Activities of Dr Ernst Schaefer, op. cit. : « Now he claims that he used the SS solely to obtain the means for his scientific work ».
  73. « SchÀfer would later claim he had been trapped 'in a spider's web'. (...) He was let off with a fine » Brewis 2003
  74. « (...) in 1949 (he) moved to Venezuela to create a new wildlife park » Brewis 2003
  75. « In the 1970s, SchÀfer applied to set up a conservation project in northern India, but was denied a visa » Brewis 2003
  76. « In the last known photograph taken before his death in 1992, he looks distrustful, slightly wounded » Brewis 2003
  77. « (...) the records [in the Captured German Documents Section of the National Archives] contain not only SchÀfer's personal and official correspondence, his Tibet notebooks, and his permanent SS files, but also clippings from German newspapers chronicling the "SS-Tibet Expedition" » Levenda 2002, p. 192
  78. Victor et Victoria Trimondi, « Le film SS Le secret du Tibet »

Annexes

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