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Expédition allemande au Tibet (1938-1939)

L'expĂ©dition allemande au Tibet de 1938-1939, en allemand Deutschen Tibet-Expedition Ernst SchĂ€fer (l'« expĂ©dition allemande au Tibet Ernst SchĂ€fer ») est la premiĂšre expĂ©dition allemande officielle Ă  pĂ©nĂ©trer au Tibet et atteindre Lhassa[1] - [2]. DirigĂ©e par le scientifique Ernst SchĂ€fer, elle est placĂ©e sous le patronage du ReichsfĂŒhrer-SS Heinrich Himmler et l'Ă©gide nominale de l'Institut d'anthropologie raciale Ahnenerbe[3]. Elle se dĂ©roule de mai 1938 Ă  aoĂ»t 1939. Elle est composĂ©e, outre de SchĂ€fer, de Edmund Geer (chef d'expĂ©dition et technicien), Ernst Krause (entomologiste, photographe et preneur de vues), Karl Wienert (gĂ©ophysicien) et Bruno Beger (anthropologue et ethnologue)[4] - [5].

Les membres de l'expédition à Calcutta en 1938 : de gauche à droite : Wienert, SchÀfer, Beger, Ernst Krause, Geer.
Ernst SchÀfer, sur le glacier de Zemu, au Sikkim (1938).
Edmund Geer au campement du lac Gayamtsona, Tsomo Dramling, un lac du Sikkim (1938).

AprÚs avoir gagné l'Inde britannique puis le Sikkim, l'expédition franchit la frontiÚre tibéto-indienne en octobre 1938, arriva à Lhassa le et y resta deux mois. Ils furent accueillis à l'extérieur de Lhassa par Chang Wei-pei, ancien opérateur radio, promu chef de la Mission chinoise à Lhassa[6] et faisant fonction de représentant de la République de Chine[7] - [8]. Les membres établirent de bons rapports avec les élites tibétaines, dont le régent et 5e Réting Rinpoché, Jamphel Yeshe Gyaltsen[9]. Ils recueillirent quantité de plantes et d'animaux et firent des mesures géomagnétiques et des observations ethnologiques et anthropologiques.

L'intĂ©rĂȘt scientifique rĂ©el de cette expĂ©dition est controversĂ© du fait des objectifs gĂ©ostratĂ©giques et racistes du TroisiĂšme Reich.

Désignations de l'expédition

Karl Wienert manipulant son photogrammĂštre Ă  Pennam (1938).

Pendant la prĂ©paration de l'expĂ©dition, Ernst SchĂ€fer choisit comme dĂ©signation « ExpĂ©dition Schaefer 1938/1939 » sur son en-tĂȘte de papier Ă  lettres et pour ses demandes de subventions auprĂšs d'hommes d'affaires[10] - [11]. Cependant, sur l'ordre de l'Ahnenerbe, cette dĂ©signation fut changĂ©e en « ExpĂ©dition allemande Ernst SchĂ€fer au Tibet » (en grandes lettres), « sous le patronage du ReichsfĂŒhrer-SS Himmler et en rapport avec l'Ahnenerbe » (en petites lettres)[12] - [13] - [14]. L'Ă©crivain et rĂ©alisateur de tĂ©lĂ©vision britannique Christopher Hale rapporte que SchĂ€fer prit grand soin de retirer la ligne en petites lettres lorsqu'il arriva Ă  Gangtok en Inde britannique. Si « cela a fait dire Ă  certains historiens allemands que SchĂ€fer Ă©tait indĂ©pendant de la SS et qu'il avait Ă©tĂ© en mesure de faire de la « science pure » », Hale affirme que « ce n'est pas le cas » : « Himmler demeurait le parrain de l'expĂ©dition et SchĂ€fer n'avait manifestement aucun intĂ©rĂȘt Ă  perdre son soutien »[15]. « ExpĂ©dition allemande au Tibet Ernst SchĂ€fer » est le sous-titre choisi par SchĂ€fer lui-mĂȘme dans son livre de 1943, Geheimnis Tibet[10].

La dĂ©nomination SS-Tibet-Expedition (« expĂ©dition SS au Tibet ») est employĂ©e par Ernst SchĂ€fer lui-mĂȘme dans la revue Atlantis[16], dans la revue SS Das Schwarze Korps (« Le Corps noir ») et autres pĂ©riodiques nazis (afin d'en faire connaĂźtre les buts et le rĂŽle dans les visĂ©es de conquĂȘte mondiale du national-socialisme)[17]. Elle se retrouve Ă©galement dans des journaux allemands[18] - [19] et dans une revue scientifique de l'Ă©poque[20]. Detlev Rose note qu'une dĂ©nomination courante de l'expĂ©dition dans les journaux allemands de l'Ă©poque Ă©tait SS-Tibet-Expedition, mais il met en question la validitĂ© de cette dĂ©nomination[21]. À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, cet intitulĂ© est celui repris par le renseignement militaire amĂ©ricain en Europe en fĂ©vrier 1946[22], puis par les archivistes du fonds Heinrich Himmler Ă  la Hoover Institution[23]. Il est employĂ© aussi par Mechtild Rössler, un docteur en gĂ©ographie, dans un livre sur la science dans le TroisiĂšme Reich (2001)[24], ou par l'Ă©crivain Peter Levenda (2002)[25].

Origines de l’expĂ©dition

Ernst Krause tenant un piĂšge Ă  abeilles Ă  Pennam (1938).
Bruno Beger faisant office de dentiste Ă  Lachen au Sikkim (1938).

Selon Detlev Rose, le Reichsfuehrer-SS Himmler tenta de profiter de la rĂ©putation d'Ernst SchĂ€fer pour la propagande nazie et s’enquit de ses projets d'avenir. Ernst SchĂ€fer lui rĂ©pondit qu’il voulait mener une autre expĂ©dition au Tibet. Il aurait souhaitĂ© placer son expĂ©dition sous le patronage du dĂ©partement culturel des affaires Ă©trangĂšres ou sous celui de la Deutsche Forschungsgemeinschaft (« CommunautĂ© scientifique allemande ») comme l’indiquent ses dĂ©marches[26].

Selon la tibĂ©tologue Isrun Engelhardt, de l'universitĂ© de Bonn, Himmler Ă©tait fascinĂ© par le mysticisme asiatique et souhaitait qu'une telle expĂ©dition s'effectue sous les auspices de l’Ahnenerbe (la sociĂ©tĂ© SS « HĂ©ritage des AncĂȘtres »)[27], et que SchĂ€fer dĂ©veloppe une recherche fondĂ©e sur la thĂ©orie pseudo-scientifique de Hans Hörbiger, « la cosmogonie glaciaire », promue par l'Ahnenerbe. SchĂ€fer avait des objectifs scientifiques, il refusa donc d’incorporer Ă  son Ă©quipe Edmund Kiss, un adepte de cette thĂ©orie, et exigea que douze conditions soient rĂ©unies pour obtenir une libertĂ© scientifique. En consĂ©quence, Wolfram Sievers de l'Ahnenerbe critiqua les objectifs de l'expĂ©dition, si bien que l'Ahnenerbe ne le subventionna pas. Himmler accepta que l'expĂ©dition s’organise Ă  la condition que tous ses membres deviennent des SS. Pour rĂ©aliser son expĂ©dition, SchĂ€fer dut accepter des compromis[28].

Pourtant, dans une confĂ©rence qu'il donna devant les alpinistes de l'Himalayan Club britannique en 1938, SchĂ€fer dĂ©crit ses rapports avec Himmler en termes Ă©logieux bien que, selon Christopher Hale, ce genre d'auditoire ne fĂ»t guĂšre de ceux devant lesquels vanter sa loyautĂ© Ă  Himmler : « Étant membre de la Garde noire depuis longtemps, j'Ă©tais aux anges que le plus haut dirigeant de la SS, lui-mĂȘme amateur fĂ©ru de science, s'intĂ©ressĂąt Ă  mes explorations. Aucun besoin de convaincre le ReichsfĂŒhrer SS : il partageait mes idĂ©es, il promit simplement de m'apporter toute l'aide nĂ©cessaire »[29].

Selon Alexander Berzin, l'expédition répond à l'invitation officielle du gouvernement tibétain qui, alors qu'il renoue avec le Japon, souhaite tenir la balance égale entre les Britanniques et les Chinois d'une part et les Japonais et les Allemands d'autre part[30].

Financement

Ernst SchĂ€fer avait besoin du soutien de Himmler pour obtenir des devises Ă©trangĂšres, ce qui Ă©tait trĂšs difficile durant la pĂ©riode du nazisme[31]. Selon Christopher Hale, les coffres de la SS Ă©taient vides[32]. Selon Isrun Engelhardt, Ernst SchĂ€fer dut rechercher lui-mĂȘme les financements, 80 % venaient du Werberat der deutschen Wirtschaft (Conseil publicitaire de l'Ă©conomie allemande (en)) ainsi que de grandes entreprises allemandes, Deutsche Forschungsgemeinschaft (le Conseil de la recherche du Reich) et Brooke Dolan II. Le cercle des amis de Himmler subventionna uniquement le vol de retour en Allemagne[33].

L'expédition fut financée, d'aprÚs un rapport du renseignement militaire américain en Europe daté de 1946, par divers contributeurs publics et privés[34] :

  • Werberat der Deutschen Wirtschaft (Conseil de la propagande pour l'Ă©conomie allemande) : 40 000 RM ;
  • I.G. Farbenindustrie (par l'entremise de Filchner, explorateur du Tibet) : 35 000 RM ;
  • Illustrierter and Voelkischer Beobachter (Éditions Eher, qui revendiquĂšrent par la suite le parrainage de l'expĂ©dition) : 40 000 RM ;
  • Reichsforschungsdienst (Services de recherche du Reich) : 6 000 RM
  • Deutsche Forschungsgesellschaft (sociĂ©tĂ© de recherche allemande) : 10 000 RM
  • Hecker, chef de Ilseder Huette : 2 000 RM
  • Phoenix Rubber Works, Ă  Harburg (usine du pĂšre de SchĂ€fer) : 3 000 RM
  • Academy of Natural Sciences, Ă  Philadelphie : 1 000 $
  • Sommes diverses provenant de petites sociĂ©tĂ©s ou d'associations.

Bien que l'intitulĂ© de l'expĂ©dition indique qu'elle Ă©tait en relation avec l'Ahnenerbe[3], cette derniĂšre, selon Isrun Engelhardt, n'a pas subventionnĂ© l'expĂ©dition[28], ce que Christopher Hale confirme, ajoutant que le financement provenait nĂ©anmoins d'organismes entretenant des liens trĂšs Ă©troits avec l'État nazi comme le Werberat der Deutschen Wirtschaft, qui faisait partie du ministĂšre de la propagande de Goebbels, et le Voelkischer Beobachter, qui Ă©tait le journal officiel des nazis[35].

Enfin, les devises sans lesquelles l'expédition n'aurait pas été possible, furent mises à la disposition des explorateurs par Göring à la demande de Himmler[36].

DĂ©roulement

Membres

Ernst SchÀfer avec Tashi Namgyal, le Maharajah du Sikkim, et son secrétaire, Tashi Dadul.
École d'une mission à Lachen, une missionnaire finlandaise avec son assistante et un pasteur aborigùne.

Selon Kathy Brewis, elle Ă©tait composĂ©e de cinq membres (outre SchĂ€fer, dĂ©jĂ  promu ObersturmfĂŒhrer (lieutenant), quatre UntersturmfĂŒhrer (sous-lieutenants) SS : Edmund Geer, le chef d'expĂ©dition et technicien ; Ernst Krause, un entomologiste, Ă©galement photographe et preneur de vues cinĂ©matographique de l'expĂ©dition ; Karl Wienert, un gĂ©ophysicien ; Bruno Beger, un anthropologue et Ă©thnologue[37] - [38]. Krause et Wienert n'Ă©taient pas membres de la SS au dĂ©part, mais ils furent nommĂ©s d'office [39].

Préparatifs

Les préparatifs de l'expédition s'échelonnÚrent de janvier à avril 1938[40].

SchÀfer, qui avait opté de gagner le « pays interdit » depuis l'Inde britannique et le Sikkim[41], se rendit à Londres pour obtenir des lettres de recommandation de la part de diverses personnalités : sir Francis Sykes, sir John Anderson, Lord Zetland, J. E. Pryde-Hughes, sir Francis Younghusband, Lord Astor (chef de proue du Cliveden Set, une coterie aristocratique germanophile), Frank Wallace, Saunolt Kaulback[42].

DĂ©part

Partie le 19 avril 1938, l'expĂ©dition s’embarque Ă  GĂȘnes pour arriver Ă  Colombo puis Ă  Calcutta le 13 mai. La presse allemande saisit alors l'occasion pour rompre le secret, jusque-lĂ  bien gardĂ©, sur l'expĂ©dition SS. Apprenant le patronage de la SS, la presse anglo-indienne fait paraĂźtre des articles hostiles Ă  l'expĂ©dition. SchĂ€fer obtient cependant le soutien du ministre des Affaires Ă©trangĂšres, sir Aubrey Metcaffe et du vice-roi, Lord Linlithgow[43], et la permission d'adresser au gouvernement de Lhassa une demande pour entrer au Tibet[44].

SchÀfer reçoit un télégramme du consul général de Calcutta, l'informant que le gouvernement tibétain refuse à l'expédition l'autorisation d'entrée au Tibet[31].

SĂ©jour au Sikkim

Jeune garçon tibétain tenant un grand hibou mort à Gangtok (1938).
Peaux de Jharal au séchage.
Le rĂ©gent du Tibet Jamphel Yeshe Gyaltsen posant sa main sur la tĂȘte de l'anthropologue Bruno Beger Ă  Lhassa en 1939.
Tous les membres de l’expĂ©dition, avec sir Basil Gould Ă  Gangtok en 1938.

Selon Isrun Engelhardt, aprĂšs quelques mois passĂ©s au Sikkim, quand SchĂ€fer apprit que l'entrĂ©e du Tibet Ă©tait toujours interdite, il se joua des Britanniques et suivit les conseils de Francis Younghusband de « traverser furtivement la frontiĂšre »[45]. Il rĂ©ussit Ă  passer en territoire tibĂ©tain pour une courte pĂ©riode et y Ă©tablit des liens amicaux avec des officiels tibĂ©tains locaux qui firent suivre sa demande au gouvernement tibĂ©tain. Dans celle-ci, il rappelait connaĂźtre le 9e panchen-lama et demandait Ă  ĂȘtre le premier allemand Ă  visiter Lhassa. Quelques semaines plus tard, les membres de l'expĂ©dition recevaient une lettre officielle du Kashag portant ses cinq sceaux autorisant les cinq Allemands Ă  rester deux semaines Ă  Lhassa[46].

Selon le philosophe Claudio Mutti, aprĂšs avoir obtenu des autoritĂ©s anglo-indiennes un visa de six mois pour le Sikkim, le petit État himalayen semi-indĂ©pendant qui constitue la porte d'accĂšs au Tibet la plus favorable, l’expĂ©dition part en train de Calcutta dĂ©but juillet et fait halte Ă  Gangtok, la capitale[47]. Elle y Ă©tablit de bonnes relations avec les autoritĂ©s locales, dont Tashi Namgyal, le Maharajah[48]

De lĂ  l'expĂ©dition continue vers le nord : une caravane de dix indigĂšnes et cinquante mulets avance lentement Ă  cause des pluies de la mousson, de la boue et des Ă©boulements. Elle s'arrĂȘte deux semaines prĂšs de Thanggu (Ă  4 500 m), le camp est dressĂ© Ă  Gayokang, aux pieds du Kanchenjunga (8 585 m) ; pendant quelques semaines ce camp est la base dont partent diverses missions de recherche[47].

En octobre, franchissant la frontiĂšre sans autorisation, SchĂ€fer se rend Ă  la rĂ©sidence estivale du roi de Tharing Ă  Doptra-Dzong au Tibet, oĂč promesse lui est faite que l'expĂ©dition sera recommandĂ©e auprĂšs des autoritĂ©s de Lhassa[49] - [50].

Sachant que les Tibétains voient dans la swastika un signe de bonne fortune éternelle, SchÀfer, pour s'attirer les bonnes grùces de ses contacts tibétains, fit valoir auprÚs d'eux que son expédition était la rencontre de la swastika orientale et de la swastika occidentale[51].

Selon Claudio Mutti, fin septembre, ayant effectuĂ© leurs recherches dans la partie tibĂ©taine du Sikkim, les membres de l'expĂ©dition reviennent Ă  Gangtok pour assister Ă  l'annuelle « danse de guerre des dieux ». Wiener et Beger vont jusqu'Ă  l'Himalaya, pendant que Krause et Geer vont terminer des prises cinĂ©matographiques et des recherches zoologiques dans la zone de Gayokang[47]. Pendant que le groupe se reconstitue, le camp reste pendant quelque temps aux pieds du Kanchenjunga. AprĂšs une sĂ©rie de recherches dans le territoire de Lachen et l’ascension de la paroi du Pimpo Kanchen, le 1er dĂ©cembre les membres de l'expĂ©dition reçoivent une invitation du RĂ©gent du Tibet Ă  passer deux semaines Ă  Lhassa, oĂč jusqu'alors aucun Allemand n'avait mis les pieds[47].

SĂ©jour Ă  Lhassa

Devant l'entrée du palais blanc au Potala, danses lors du nouvel an tibétain.
Lhassa, les membres de l'expédition ont de la visite : de gauche à droite, Krause, Wienert, K. A., SchÀfer, Mondro.
La forteresse de Shigatse.
Gyantsé et son chörten.

Selon Christopher Hale, l'expĂ©dition arrive Ă  Lhassa le et y reste finalement non pas deux semaines mais deux mois, pendant lesquels ses membres sont fĂȘtĂ©s par les Ă©lites tibĂ©taines[9]. Selon Isrun Engelhardt, SchĂ€fer rĂ©ussit Ă  allonger la durĂ©e du sĂ©jour de la mission Ă  plusieurs reprises, ce qui explique pourquoi ses membres purent rester deux mois[46]. SchĂ€fer rencontre le rĂ©gent et 5e RĂ©ting RinpochĂ©, mais non le 14e dalaĂŻ-lama, lequel, alors ĂągĂ© de 4 ans, est encore dans son Amdo natal (Qinghai)[52] - [53]. Selon Christopher Hale, Ă  l'occasion d'un des longs entretiens qu'il a avec le rĂ©gent, qui est toujours prĂȘt Ă  le rencontrer, ce dernier lui demande Ă  brĂ»le-pourpoint si l'Allemagne est intĂ©ressĂ©e Ă  vendre des armes au Tibet[54].

Séjours à Gyantsé et à Shigatse

Ernst SchÀfer avec Ngagchen Rinpoché et Möndro à Shigatsé.

Selon Claudio Mutti, ce n’est que le 19 mars que l’expĂ©dition quitte Lhassa, accompagnĂ©e par un haut fonctionnaire jusqu'Ă  GyantsĂ©. AprĂšs avoir explorĂ© les ruines de l'ancienne capitale Jalung Phodrang, inhabitĂ©e depuis un millĂ©naire, et aprĂšs une marche de six cents kilomĂštres jusqu'au lac de Yamdrok, le 25 avril les explorateurs gagnent ShigatsĂ©, rĂ©sidence des panchen-lama. L'accueil est chaleureux comme Ă  Lhassa : toute la population accourt leur souhaiter la bienvenue[47] - [55]. Claudio Mutti Ă©crit que le panchen-lama reçoit officiellement la mission allemande et signe un document d'amitiĂ© avec le TroisiĂšme Reich[47]. Cependant, le 9e panchen-lama est mort en 1937, tandis que son successeur, le 10e panchen-lama n'arrive Ă  ShigatsĂ© qu'aprĂšs 1951[56]. Toutefois, dans le rapport du renseignement militaire du thĂ©Ăątre europĂ©en, Ernst SchĂ€fer affirme avoir parlĂ© au « rĂ©gent pro-allemand de ShigatsĂ© »[57], le rĂ©gent Ă©tant un personnage nommĂ© dans l'inter-rĂšgne entre deux panchen-lamas[58] - [59].

Le 19 mai, l’expĂ©dition entreprend de regagner GyantsĂ©, qui est rejointe en trois jours. LĂ , des nĂ©gociations ont lieu avec les fonctionnaires anglais prĂ©sents sur place au sujet du retour en Inde et du transport du matĂ©riel[47].

Communications avec l'Allemagne

Pendant toute la durĂ©e de son sĂ©jour, Ernst SchĂ€fer resta en contact avec son pays grĂące au courrier postal mais aussi Ă  la radio de la LĂ©gation chinoise mise gracieusement Ă  leur service[60]. Himmler, pour sa part, suivit l'expĂ©dition avec enthousiasme, Ă©crivant Ă  SchĂ€fer plusieurs lettres et lui souhaitant mĂȘme un joyeux NoĂ«l 1938 par ondes courtes[61].

Accueil fait à l'expédition

Selon Bruno Beger, l'arrivĂ©e de l'expĂ©dition ayant Ă©tĂ© annoncĂ©e Ă  l'avance, ses membres furent bien accueillis partout et approvisionnĂ©s de ce dont ils avaient besoin d'un bout Ă  l'autre de leur pĂ©riple tibĂ©tain : le long de la vallĂ©e de Chumbi, puis de GyantsĂ© Ă  Lhassa, puis de lĂ  en passant par Samye dans la vallĂ©e du Yarlung jusqu'Ă  Shigatse et enfin de retour Ă  Gangtok en passant par GyantsĂ©. À Lhassa mĂȘme, ils furent reçus avec des dĂ©monstrations d'amitiĂ© et entretinrent des rapports Ă©troits avec des responsables gouvernementaux et d'autres personnes influentes[62].

Buts allégués

Femme et enfant dans un camp de nomades golok.
Chitishio, spectacle d'opéra (Lhamo), devant le dzong de Gongkar, 1939.

« La tùche principale de l'expédition » était, selon les termes employés par le ministre de la propagande Joseph Goebbels dans une note secrÚte aux journaux en 1940, « de nature politique et militaire » et n'avait « pas grand chose à voir avec la résolution de questions scientifiques »[63].

Bruno Beger prenant des mesures anthropométriques à Lachen, au Sikkim.
Sous la swastika, encadrĂ©e du sigle SS, les membres de l'expĂ©dition recevant les dignitaires tibĂ©tains et le reprĂ©sentant de la Chine Ă  Lhassa; Ă  gauche : Ringang, Beger, Chang Wei-pei, Geer ; au centre: Tsarong Dzasa, SchĂ€fer; Ă  droite : JigmĂ© Taring, Yabshi LangdĂŒn, Wienert, Möndro.

Selon Claudio Mutti, il importait pour Himmler de se mettre en rapport avec le régent du Tibet[64].

Selon le journaliste chinois Ren Yanshi, qui cite Wochenpresse (de), un hebdomadaire autrichien paru entre 1955 et 1993, la tĂąche premiĂšre de l'expĂ©dition Ă©tait d'Ă©tudier la possibilitĂ© de faire du Tibet une base d'oĂč attaquer les troupes britanniques stationnĂ©es en Inde. Sa deuxiĂšme mission Ă©tait de vĂ©rifier la thĂšse raciale de Himmler selon laquelle un groupe d'Aryens de sang pur s'Ă©taient installĂ©s au Tibet[65].

Selon le journaliste amĂ©ricain Karl E. Meyer (en), l'un des buts de l'expĂ©dition Ă©tait d'Ă©tablir des cartes et de faire le relevĂ© des cols susceptibles d'ĂȘtre utilisĂ©s pour envoyer depuis le Tibet des guĂ©rilleros sur le territoire des Indes britanniques[66].

En 1995, l'anthropologue Édouard Conte, directeur de recherches au CNRS[67], affirme que la mission avait pour objectif idĂ©ologique de chercher Ă  prouver certaines thĂšses racialistes sur l'origine de la « race aryenne ». Les mensurations du crĂąne de TibĂ©tains et le moulage de leur visage effectuĂ©s par un des membres de l'expĂ©dition, l'anthropologue Bruno Beger, Ă©tayeraient cette thĂšse. En 2006, Detlev Rose remet en cause cette interprĂ©tation, suggĂ©rant une « dĂ©marche rigoureusement scientifique » de la part de l'expĂ©dition et de Bruno Beger, lequel a rĂ©alisĂ© des mesures anthropomorphiques « en respectant les critĂšres mĂ©dicaux et biologiques de l'Ă©poque » . Il s'appuie aussi sur le fait que les Ă©crits de Beger n'emploient pas les vocables national-socialistes tels que « aryens » [68]. De mĂȘme, en 2016, Detlev Rose se rĂ©fĂšre Ă  l'ouvrage de 2006 de Peter Mierau sur les expĂ©ditions en Asie Ă  l'Ă©poque nazi pour affirmer que si Himmler Ă©voquait la possibilitĂ© d'y trouver des indices d'une culture aryenne, les participants lui opposaient l'aspect scientifique de leur recherche[69].

Pour le journaliste Laurent Dispot, il s'agissait de conquĂ©rir Lhassa comme nƓud stratĂ©gique sur l'axe Berlin-Tokyo [70]. Quatre tibĂ©tologues, Anne-Marie Blondeau, Katia Buffetrille, Heather Stoddard et Françoise Robin, suggĂšrent[52] que la thĂšse de Laurent Dispot sur l'Ă©tablissement de Lhassa comme nƓud stratĂ©gique d'un axe Berlin-Tokyo, relĂšve de la thĂ©orie du complot[71] et a pu s’inspirer de mythes propagĂ©s par des groupuscules nĂ©o-nazis et relayĂ©s par le gouvernement chinois[72].

Selon Gary Wilson, journaliste du Workers World, un journal marxiste-léniniste révolutionnaire, l'Allemagne nazie aurait souhaité prendre pied au Tibet, au Népal et en Inde, laissant la Chine à son allié, le Japon impérialiste[73].

En fait, selon Serge Caillet, la connexion entre le Tibet et les Nazis serait un mythe nĂ© du roman Les sept tĂȘtes du dragon vert, publiĂ© en 1933 sous le pseudonyme de Teddy Legrand[74]. Il aurait Ă©tĂ© repris en partie et dĂ©veloppĂ© par Louis Pauwels et Jacques Bergier dans leur ouvrage Le Matin des magiciens, publiĂ© en 1960. Isrun Engelhardt, se fondant sur de nombreuses sources, a affirmĂ© que le but de l’expĂ©dition n’était ni Ă©sotĂ©rique ni politique et que la lettre Ă©crite par le RĂ©ting RinpochĂ© Ă  Hitler n’était qu’une lettre de politesse[75].

Selon Nico Hirtt, enseignant, syndicaliste et chercheur marxiste[76], les autoritĂ©s tibĂ©taines, bien qu'officiellement neutres, auraient objectivement soutenu l'axe Berlin-Tokyo pendant la Seconde Guerre mondiale en empĂȘchant l'approvisionnement des armĂ©es chinoises par la route, Ă  partir de l'Inde [77].

Selon plusieurs auteurs, Michael Harris Goodman, Thomas Laird et Roland Barraux, la rĂ©ticence tibĂ©taine Ă  autoriser l’approvisionnement en Chine provenait en fait de la crainte d’une invasion chinoise[78] - [79] - [80].

Selon le MinistĂšre des affaires Ă©trangĂšres des États-Unis, qui publia un tĂ©lĂ©gramme du Foreign Office britannique datĂ© du , Lhassa autorisa finalement l'ouverture temporaire de cette voie de communication, ayant reçu des assurances que ni la Chine ni la Grande-Bretagne n'exerceraient de juridiction au Tibet par l'intermĂ©diaire des ayants droit Ă  la libre circulation[81] - [82].

Activités scientifiques

Inscription en tibétain sur le flanc d'un coteau.
Taxidermiste à Shigatsé.

Les membres de l'expĂ©dition recueillirent une Ă©norme quantitĂ© de plantes (en particulier des centaines de variĂ©tĂ©s d'orge, de blĂ©, d'avoine) et d'animaux (dont des spĂ©cimens vivants). Les semences furent conservĂ©es Ă  l'Institut de gĂ©nĂ©tique des plantes des SS Ă  Lannach, prĂšs de Graz (Autriche), organisme dirigĂ© par le botaniste SS Heinz BrĂŒcher[83]. Celui-ci espĂ©rait pouvoir tirer de cette collection, ainsi que d'une autre obtenue sur le front de l'Est, les moyens de sĂ©lectionner des plantes rĂ©sistantes au climat de l'Europe orientale, considĂ©rĂ©e comme partie intĂ©grante du Lebensraum (« espace vital ») nazi, et ce afin d'atteindre l'objectif de l'autarcie [83].

Wienert prit des mesures gĂ©omagnĂ©tiques. Krause Ă©tudia les guĂȘpes tibĂ©taines. SchĂ€fer observa les rituels tibĂ©tains, dont les funĂ©railles cĂ©lestes (achetant quelques crĂąnes au passage). Ils photographiĂšrent et filmĂšrent des manifestations folkloriques, dont les fĂȘtes du nouvel an Ă  Lhassa[84].

Bruno Beger effectua des mesures anthropomĂ©triques des TibĂ©tains[85]. Il prit les mensurations de 376 individus et fit des moulages de la tĂȘte, du visage, des mains et des oreilles de 17 autres, et releva les empreintes digitales et les empreintes de main de 350 autres[86]. Il gagna les faveurs de l’aristocratie tibĂ©taine en distribuant des mĂ©dicaments et en soignant des moines ayant une maladie vĂ©nĂ©rienne, en Ă©change de la possibilitĂ© d'effectuer ses recherches[87].

SchĂ€fer nota mĂ©ticuleusement ses observations sur les mƓurs religieuses et culturelles des TibĂ©tains de l'Ă©poque, depuis les fĂȘtes lamaĂŻstes jusqu'aux attitudes des habitants vis-Ă -vis du mariage, du viol, de la menstruation, de l'accouchement, de l'homosexualitĂ© et mĂȘme de la masturbation[88]. Ainsi, dans le compte rendu qu'il donne de l'homosexualitĂ© au Tibet, il va jusqu'Ă  dĂ©crire les diverses positions prises par les moines avec les jeunes garçons puis se met en devoir d'expliquer le rĂŽle important que joue l'homosexualitĂ© dans les hautes sphĂšres politiques tibĂ©taines. Les archives de l'expĂ©dition contiennent Ă©galement des pages d'observations minutieuses sur les habitudes sexuelles des Lachung et autres peuples himalayens[89].

Selon Alex McKay, une analyse mesurĂ©e de cette mission fut apportĂ©e par Isrun Engelhardt. Ses recherches, fondĂ©es sur les archives allemandes, soulignent la nature scientifique de la mission et indiquent que l'intĂ©rĂȘt des Nazis pour les images occultes qui ont fait la renommĂ©e du Tibet en Occident, fut largement exagĂ©rĂ©[90].

Pour l'écrivain Christopher Hale, « si les notions de « botanique nazie » et d'« ornithologie nazie » sont probablement absurdes, d'autres sciences ne sont pas si innocentes que cela » et « l'expédition de SchÀfer représentait l'éventail de la science allemande dans les années 1930, ce qui a une importance considérable ». Il cite en exemple l'exploitation cruelle de l'anthropologie et de la médecine par le TroisiÚme Reich[91]. Toutefois, pour l'auteur allemand Detlev Rose, l'ouvrage de Hale ne résiste pas à une analyse critique sérieuse. La faiblesse de la thÚse de Hale est encore plus évidente quand il cherche à accréditer l'avÚnement du TroisiÚme Reich par les effets de théories occultistes ou conspirationnistes[92].

Retour en Allemagne

Munis de deux lettres de courtoisie du RĂ©gent destinĂ©es Ă  Hitler et Ă  Himmler ainsi que de cadeaux pour le FĂŒhrer (un habit de lama et un chien de chasse)[93], SchĂ€fer et ses compagnons quittĂšrent le Tibet en aoĂ»t 1939, emportant Ă©galement un exemplaire de la « bible » tibĂ©taine, le Kangyour (120 volumes en tout), des objets prĂ©cieux et des animaux rares. Un hydravion les emmena de Calcutta Ă  Bagdad puis Ă  Berlin, oĂč ils furent accueillis sur la piste de l'aĂ©roport de Tempelhof par Himmler en personne[94].

Lors de son interrogatoire par le renseignement militaire américain en 1946, SchÀfer déclara qu'à son retour du Tibet en août 1939, il avait rencontré Himmler pour lui exposer son projet d'une nouvelle expédition en cas de guerre : avec quelques hommes, il se rendrait au Tibet en avion, gagnerait les Tibétains à la cause allemande et mettrait sur pied un mouvement de résistance en s'inspirant de l'action de l'Anglais Lawrence pendant la PremiÚre Guerre mondiale[95]. Ce projet toutefois n'eut pas de suite.

Une fois rentrés au pays, Wienert, Krause et Geer retournÚrent à la vie civile et on n'entendit plus parler d'eux[96].

Beger devait s'illustrer par la suite, à Auschwitz, en 1943, par la mesure de cent détenus qui furent ensuite gazés et expédiés au département d'anatomie de l'université de Strasbourg[97] - [98].

SchĂ€fer se vit confier, dans le cadre de l'Ahnenerbe, la direction d'un tout nouvel institut des Ă©tudes asiatiques qu'il baptisa Sven Hedin Institut fĂŒr Inner Asien und Expeditionen (« Institut Sven Hedin pour l'Asie centrale et les expĂ©ditions »), du nom de l'explorateur suĂ©dois Sven Hedin[99] - [100]. L'annĂ©e 1943 vit aussi la sortie du film Geheimnis Tibet (« Tibet secret »), rĂ©alisĂ© Ă  partir des pellicules rapportĂ©es du Tibet. Il fut projetĂ© Ă  l'occasion de l'inauguration officielle de l'Institut Sven Hedin le , en prĂ©sence de l'explorateur suĂ©dois lui-mĂȘme. Ce dernier, sous le coup de l'enthousiasme, s'Ă©cria : « Grandiose, merveilleux, ce que nous avons vu ici ! », et se tournant vers SchĂ€fer : « Vous ĂȘtes l'homme qui devait continuer mes recherches et qui doit les continuer »[101].

Legs

Le legs principal de l'expédition allemande au Tibet Ernst SchÀfer est un fonds photographique de plusieurs milliers de clichés rendant compte de la vie au Tibet en 1938-1939.

Ce fonds photographique a fait l'objet d'un ouvrage collectif réalisé sous la direction de Isrun Englehardt et publié en 2007 aux éditions Serindia[102]. Cette étude, qui contient les relations d'un des interprÚtes sikkimais de l'expédition, Rapten Kazi[103], constitue la collection de documents photographiques la plus considérable qui existe sur le Tibet à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

Selon le gouvernement chinois, la collection d'objets tibĂ©tains du musĂ©e Heinrich Harrer Ă  HĂŒttenberg devrait moins Ă  Heinrich Harrer qu'Ă  l'expĂ©dition d'Ernst SchĂ€fer au Tibet[105].

Livres et films sur l'expédition

Livres
  • (de) Ernst SchĂ€fer, Geheimis Tibet : Erster Bericht der Deutschen Tibet-Expedition Ernst SchĂ€fer, 1938/39 ; Schirmherr ReichsfĂŒhrer SS H. Himmler, Munich, F. Bruckmann, , 183 p.
  • (de) Fest der weissen Schleier: Eine Forscherfahrt durch Tibet nach Lhasa, der heiligen Stadt des Gottkönigtums, Braunschweig, Vieweg, 1949, 199 p.
  • (de) Über den Himalaja ins Land der Götter : Auf Forscherfahrt von Indien nach Tibet, Hamburg - Berlin, Dt. HausbĂŒcherei, 1951, 214 p.
  • (de) Unter RĂ€ubern in Tibet : Abenteuer in einer vergessenen Welt zwischen Himmel und Erde, Durach, Windpferd, 1989, 215 p. (ISBN 3-89385-052-X)
Films
  • (de) Geheimnis Tibet, 1943 (acteur, rĂ©alisateur, auteur) (autre titre : Lhasa-Lo - Die verbotene Stadt)[106].
Fiction
  • Eugen Uricaru (ro) (1946-), Le poids d’un ange, roman, 2008, traduction française 2017, Les Ă©ditions Noir sur Blanc , 283 pages (ISBN 978-2-88250-469-2)

Notes et références

  1. « They are the first official German expédition to enter Tibet and reach Lhasa, its holy city. » (Hale 2003).
  2. Engelhardt 2003, p. 188.
  3. « SchĂ€fer cannily had a letterhead printed. It read DEUTSCHE TIBET EXPEDITION ERNST SCHÄFER in large letters, then 'under the patronage of the ReichsfĂŒhrer-SS Heinrich Himmler and in connection with the Ahnenerbe' in small letters !). » (Hale 2003).
  4. « Everyone of the five German scientists was also an officer in the SS. » (Hale 2003).
  5. « SchĂ€fer [
] was a fastidious zoologist with a passion for Tibetan birds. [
] . Ernst Krause was a botanist and entomologist; Karl Wienert was a geographer whose task was to measure variations in the earth’s magnetic field in the Himalayas; and Bruno Beger was an anthropologist who would spend his time in Tibet measuring the heads and bodies of its people. » (Hale 2003).
  6. (en) Alastair Lamb, Tibet, China & India, 1914-1950: a history of imperial diplomacy, 1989 p. 282 : « Meanwhile Chiang Chu-yi had defied his instructions and left Lhasa for India and China via Sikkim in late November 1937.602 The Chinese, well aware that they were unlikely to slip in a new representative through India without, at least, reopening discussions on TibetT with the British Embassy in Peking, decided to confirm the Chinese wireless operator in Lhasa, Chang Wei-pei (in some British sources referred to as Tang Fe-tang), as head of the Chinese Mission and Chiang's successor. Chang was said to smoke opium and be rather eccentric in behaviour.603 ».
  7. (en) Hsiao-Ting Lin, Tibet And Nationalist China's Frontier: Intrigues And Ethnopolitics, 1928-49, p. 82 : « List of Nationalist Chinese Representatives at Lhasa. [
] Technician of the Chinese wireless station in Lhassa. Served as acting representative. ».
  8. « One of them would greet the humiliated Ernst SchÀfer outside Lhasa five years later. His name was Chang Wei-pei, and he was said to be something of an oddball and an opium addict. » (Hale 2003, p. 150).
  9. « By now the expedition had spent more than two monts in Lhasa and they had become honoured guests and friends of the city's elite. [
] By now the Germans were on very good terms with Reting. » (Hale 2003).
  10. SchÀfer 1943.
  11. « In preparation for the expedition he had “Schaefer Expedition 1938/1939” letterhead printed and applied for sponsoring from businessmen. »(Engelhardt 2003).
  12. « The expedition’s name, however, had to be changed on the order of the “Ahnenerbe” to “German Tibet-Expedition Ernst Schaefer” (in big letters), under the patronage of the Reichsfuehrer-SS Himmler and in connection with the Ahnenerbe” (in small letters)) » (Engelhardt 2003).
  13. Detlev Rose : « Le nom officiel de l’expĂ©dition Ă©tait le suivant : « ExpĂ©dition allemande Ernst SchĂ€fer au Tibet » (« Deutsche Tibetexpedition Ernst SchĂ€fer »). Cet auteur ajoute que « dans les articles des journaux, l'entreprise Ă©tait souvent citĂ©e comme “ExpĂ©dition SS” » et que « SchĂ€fer lui-mĂȘme a(vait) utilisĂ© cette dĂ©nomination Ă  plusieurs reprises » », revue Deutschland in Geschichte und Gegenwart, no 3, 2006.
  14. Cette dĂ©nomination est aussi notamment utilisĂ©e par l’Institut de tibĂ©tologie Namgyal, Historic photographs of Sikkim ‘Who is behind the camera?’.
  15. « SchĂ€fer cannily had a letterhead printed. It read DEUTSCHE TIBET EXPEDITION ERNST SCHÄFER in large letters, then 'under the patronage of the ReichsfĂŒhrer-SS Heinrich Himmler and in connection with the Ahnenerbe' in small letters !). He was careful to remove that second line when he arrived in Gangtok in British India. (
) Some German historians have concluded from this that SchĂ€fer was independent of the SS and was thus able to do 'pure science'. This was not the case. Himmler remained the expedition's patron and SchĂ€fer clearly had no interest in losing his support » (Hale 2003).
  16. « an article by Ernst Schaefer from the magazine Atlantis date October 1939. This article had the sub-heading 'von Dr Ernst Schaefer Leiter der SS-Tibet-Expeditionan", (Ofcom, Broadcast Bulletin, Issue number 85 - 21/05/07, Fairness and Privacy Cases, Not Upheld, Complaint by Mr Roger Croston on behalf of Dr Bruno Beger Secret History : The Nazi Expedition, Channel 4, 12 July 2004 ) ».
  17. « Articles under Schaefer's name appeared in Das Schwarze Korps and other Nazi periodicals, publicizing the expedition, its scientific goals, and its role in the National Socialistic scheme for world domination » in The Activities of Dr. Ernst Schaefer.
  18. « the official SS-Tibet Expedition referred to in the press » Levenda 2002, p. 192 c'est-à-dire « l'expédition SS au Tibet officielle qu'évoque la presse ».
  19. « the following article from the Nazi Völkischer Beobachter of July 29, 1939, relates: Dr. Ernst SchĂ€fer, SS-HauptsturmfĂŒhrer, has now completed the first German SS-Tibet Expedition with extraordinarily great success » Levenda 2002, p. 194.
  20. (de) Konrad von Rauch, Die Erste Deutsche SS-Tibet-Expedition (La premiÚre expédition allemande SS au Tibet), in Der Biologe 8, 1939, p. 113-127.
  21. Detlev Rose : « Tous les participants Ă  cette expĂ©dition Ă©taient membres des « Ă©chelons de protection » (SS), mais ce fait justifie-t-il d’étiqueter cette expĂ©dition d’ « expĂ©dition SS », comme on le lit trop souvent dans maints ouvrages ? [... ] dans les articles des journaux, l'entreprise Ă©tait souvent citĂ©e comme "ExpĂ©dition SS" » et que « SchĂ€fer lui-mĂȘme a(vait) utilisĂ© cette dĂ©nomination Ă  plusieurs reprises » », revue Deutschland in Geschichte und Gegenwart, no 3, 2006.
  22. « A new Tibetan expedition, to be called the SS Tibet Expedition, was then in preparation » in The Activities of Dr. Ernst Schaefer.
  23. (en) « Folder 1. The SS-Tibet-Expedition, 1939 ». Le contenu de ce fonds est indiqué sur le site Online Archive of California (OAC).
  24. « Probably the best known expedition was the SS Tibet expedition », Mechtild Rössler, Geography and Area Planning under National Socialism, in Margit Szöllösi-Janze (ed.), Science in the Third Reich, Oxford and New York: Berg Publishers, 2001, 289 p., p. 59-79, p. 71 (ISBN 1859734219).
  25. « the efforts and adventures of the SS-Tibet expedition. » Levenda 2002, p. 192.
  26. Detlev Rose, op. cit..
  27. L'institut de recherches anthropologiques et archĂ©ologiques crĂ©Ă© par Heinrich Himmler, Herman Wirth et Walther DarrĂ© le et qui devait ĂȘtre intĂ©grĂ© Ă  l'organisation des SS en janvier 1939.
  28. « Schaefer, in order to obtain the scientific freedom he needed, asked for the acceptance of twelve conditions, all of which were granted by Himmler himself. However, Sievers, the head of the “Ahnenerbe”, declared in January 1938, “The task of the expedition in the meantime had diverged too far from the targets of the Reichsfuehrer-SS and does not serve his ideas of cultural studies.” Thus, in the end, the expedition was not sponsored by the “Ahnenerbe” » (Engelhardt 2003).
  29. « Although he had spent little time in Germany since 1933, he knew that the Ahnenerbe was a club for crackpots and failures. No-one took its activities seriously and the price of accepting Himmler as a patron could be humiliation. SchĂ€fer appears to have kept his misgivings private. When he drafted a lecture for the British Himalayan Club in 1938, he described his relationship with the ReichsfĂŒhrer in glowing terms: ‘Having been a member of the Black Guard since a long time, I was only too glad that the highest SS leader, himself a very keen amateur scientist, was interested in my work of exploration. There was no need of convincing the ReichsfĂŒhrer SS, as he himself had the same ideas; he simply promised to give me all the help necessary
’ SchĂ€fer addressing an audience of British mountaineers – hardly an occasion at which to exaggerate his loyalty to Heinrich Himmler » (Hale 2003).
  30. (en) Alexander Berzin, The Nazi Connection with Shambhala and Tibet, The Berzin Archives, The Buddhist Archives of Dr. Alexander Berzin, mai 2003 : « Ernst SchĂ€fer, a German hunter and biologist, participated in two expeditions to Tibet, in 1931–1 932 and 1934–1936, for sport and zoological research. The Ahnenerbe sponsored him to lead a third expedition (1938-1939) at the official invitation of the Tibetan Government. The visit coincided with renewed Tibetan contacts with Japan. A possible explanation for the invitation is that the Tibetan Government wished to maintain cordial relations with the Japanese and their German allies as a balance against the British and Chinese. Thus, the Tibetan Government welcomed the German expedition at the 1939 New Year (Losar) celebration in Lhasa. ».
  31. Engelhardt 2003, p. 189.
  32. « the coffers of the SS were much depleted (SchĂ€fer was demanding more than sixty thousand Reichsmarks [
] SchĂ€fer was now faced with a formidable task: he would have to raise the funds himself. » (Hale 2003).
  33. Engelhardt 2003, p. ? .
  34. Une liste en est fournie dans le rapport du renseignement militaire américain en Europe daté de 1946 : « The expedition was financed by the following contributors : Werberat der Deutschen Wirtschaft - RM 40.000, (Propaganda Council for German Economy) ; I.G. Farbenindustrie (through Filchner, Tibet explorer) - RM 35,000 ; Illustrierter and Voelkischer Beobachter - RM 40,000 (Eher Publishing House, later claimed sponsorship of the expedition.) ; Reichsforschungsdienst (Reich Research Service) - RM 6,000 ; Deutsche Forschungsgesellschaft (German Research Society) - RM 10,000 ; Hecker, head of Ilseder Huette - RM 2,000 ; Phoenix Rubber Works, Harburg (plant owned by Schaefer's father) - RM 3,000 ; Academy of Natural Sciences, Philadelphia - $1,000 ; Varying amounts from several smaller firms and associations. The cost of equipping the expedition was RM 65,000, and the expedition itself cost another RM 65,000, excluding the flight back to Germany, which was financed by the SS » in The Activities of Dr. Ernst Schaefer.
  35. « It is also true that SchĂ€fer’s funding, while it did not come from the Ahnenerbe, did come from organizations with very close links to the Nazi state: the Werberat der Deutschen Wirtschaft was part of Goebbels’ Propaganda Ministry, and the Völkischer Beobachter was the official Nazi Party newspaper. » (Hale 2003).
  36. Detlev Rose, op. cit. : « Himmler, pour sa part, s’adressa Ă  Göring pour que celui-ci mette 30 000 RM en devises Ă  la disposition des explorateurs. Il fit verser cette somme Ă  l’avance. Ce n’était pas une maigre somme car il fallait que l’expĂ©dition puisse disposer de toutes les sommes nĂ©cessaires en devises, pour qu’elle soit tout simplement possible. ».
  37. « The other team members were SS officers too : Ernst Krause, a botanist and entomologist, who would double as the official cameraman ; Karl Wienert, a geophysicist; Edmund Geer, the expedition's manager; and Bruno Beger, an anthropologist ». Brewis 2003
  38. Mutti 2005 : « Outre SchĂ€fer, faisaient partie du groupe quatre ObersturmfĂŒhrer SS : le chef de caravane et " technicien " Edmund Geer, l'anthropologue et ethnologue Bruno Beger, le gĂ©ographe et gĂ©omagnĂ©tologue Dr. Karl Wienert, le photographe et opĂ©rateur cinĂ©matographique Ernst Krause ».
  39. « Krause and Wienert were not members of the SS, but Himmler gave all staff members the rank of Untersturmfuehrer and promoted Schaefer to Obersturmfuehrer » in The Activities of Dr. Ernst Schaefer.
  40. « The SS Tibet Expedition was finally organized between January and April 1938 » in The Activities of Dr. Ernst Schaefer.
  41. (en) Dr. Bruno Beger, The Status of Independence of Tibet in 1938/39 according to the travel reports (memoirs), publié sur le site du gouvernement tibétain en exil Tibet.com en 1996; « Tibet was regarded as the "Forbidden Land". (...) The Schaefer Tibet Expedition of 1938/39 finally chose the route via India and Sikkim (...) ».
  42. « Schaefer flew to London to get letters of recommendation for the expedition, and obtained a large number of them, including letters from Sir Francis Sykes, Sir John Anderson, Lord Zetland, Mr J.E. Pryde-Hughes, Sir Francis Younghusband, Lord Astor, Mr. Frank Wallace, Mr. Saunolt Kaulback, and others » in The Activities of Dr. Ernst Schaefer.
  43. « He was received in India by Foreign Secretary Sir Aubrey Metcaffe, and by the Viceroy, Lord Linlithgow. Schaefer claims to have had their full support throughout the expedition » in The Activities of Dr. Ernst Schaefer.
  44. (en) Dr. Bruno Beger, The Status of Independence of Tibet in 1938/39 according to the travel reports (memoirs), op. cit. : « After causing some trouble, British India had given its permission to the expedition to address a request for entry to the Government in Lhasa. They were very keen on keeping up their limited influence in South Tibet, for they feared the ambitions of China and the Soviet Union ».
  45. Engelhardt 2003, p. 189-190.
  46. Engelhardt 2003, p. 190.
  47. Mutti 2005.
  48. « (
) in the semi-independent native state of Sikkim, en route, he established good relations with the local authorities, including the Maharajah » in The Activities of Dr. Ernst Schaefer.
  49. Mutti 2005 : « SchĂ€fer et Krause reçoivent l'invitation d'un influent prince tibĂ©tain et se rendent Ă  sa rĂ©sidence estivale de Doptra, oĂč ils reçoivent la promesse que l'expĂ©dition sera recommandĂ©e auprĂšs des autoritĂ©s de Lhassa. ».
  50. Dr. Bruno Beger, op. cit. : « the King of Tharing, who at the time resided at Doptra-Dzong, brought about our first contact with the Tibetan Government ».
  51. « Since the Tibetans consider the swastika a sign of eternal good fortune Schaefer played up his expedition as the meeting of the Eastern and Western swastikas. He claims that this diplomatic move won the hearts of his hosts and got him permission to enter Lhasa, the Tibetan capital. » in The Activities of Dr. Ernst Schaefer.
  52. Blondeau, Buffetrille, Robin H. Stoddard, RĂ©ponse sur les liens entre le dalaĂŻ-lama et les nazis, LibĂ©ration, , citation : « AprĂšs plusieurs refus du gouvernement tibĂ©tain, l'expĂ©dition de SchĂ€fer au Tibet (1938-1939) fut autorisĂ©e Ă  pĂ©nĂ©trer au Tibet, atteignit Lhassa le 19 janvier 1939 et y resta deux mois. SchĂ€fer ne put pas rencontrer le quatorziĂšme dalaĂŻ-lama, alors ĂągĂ© de 4 ans : en effet, ce dernier n'avait mĂȘme pas commencĂ© le long voyage qui, de sa rĂ©gion d'origine (Amdo), l'amena Ă  Lhassa seulement le 8 octobre 1939. En revanche, il rencontra le rĂ©gent, Reting RinpochĂ©. Sur l'insistance du scientifique allemand qui voulait une preuve de son succĂšs, le rĂ©gent adressa une simple lettre de courtoisie et quelques prĂ©sents Ă  Hitler. MalgrĂ© cela, il n'y eut jamais de contact officiel entre le gouvernement tibĂ©tain et les nazis. Le fait que SchĂ€fer ne put faire parvenir la lettre du rĂ©gent Ă  Hitler que trois ans aprĂšs son retour suffit Ă  montrer le manque d'intĂ©rĂȘt du gouvernement allemand pour le Tibet. ».
  53. Mutti 2005 : « (
) le quatorziĂšme DalaĂŻ-lama, l'actuel, bsTan adsin rgya mts'o, avait trois ans en 1938 ».
  54. « The Regent granted SchĂ€fer long interviews at short notice, a most unusual practice, during one of which he asked point blank whether Germany would be interested in selling arms to Tibet. » (Reilly, Compte rendu
).
  55. « When the German Tibet Expedition arrived in Shigatse, thousands came out to greet them. » (Hale 2003).
  56. Fabienne Jagou, Le 9e Panchen Lama (1883-1937) : enjeu des relations sino-tibĂ©taines, Publications de l'École Française d'ExtrĂȘme-Orient : Monographies, no 191, 2004, (ISBN 2855396328).
  57. « In any event he claims to have been told by the pro-German regent of Shigatse [
]. » in The Activities of Dr. Ernst Schaefer.
  58. Alex McKay, The History of Tibet: 1895-1959, the encounter with modernity, RoutledgeCurzon, 2003, 737 pages, p. 32 : « As with the Dalai Lama, Regents were appointed at Shigatse during the periods between ruling Panchen Lamas. ».
  59. Francis Younghusband, India and Tibet, Asian Educational Services, 1993, 455 p., chap. 2 Turner's Mission, 1782, p. 27-28 : « To this the Regent replied that the present and the late Tashi Lama were one and the same, and that there was no manner of difference between them, only that, as he was yet merely an infant, and his spirit had but just returned into the world, he was at present incapable of action. [...] Turner spent nearly a year in Tibet, and though he was unable to visit Lhasa owing to the antipathy of the Lamas, he was able to obtain some substantial concessions from the Regent of the Tashi Lama at Shigatse. ».
  60. « Not that mail was SchĂ€fer’s only means of communication: the Chinese legation let him use their radio » (Reilly, Compte rendu
).
  61. « Himmler followed the expedition with enthusiasm and wrote several letters to Schaefer (
). Himmler promoted Schaefer to SS Hauptsturmfuehrer, and on Christmas 1938 broadcast special Christmas greetings to him via shortwave » in The Activities of Dr. Ernst Schaefer.
  62. Bruno Beger, op. cit. : « The arrival of our expedition had been announced beforehand in advance, and for this reason we were welcome and well-received everywhere and provided with the necessary things on our way through the Chumbi Valley, then from Gyantse to Lhasa and from there via Samye across the Yarlung Valley to Shigatse and back again to Gangtok via Gyantse. In Lhasa itself we were received in a very friendly way and got into close contact with government officials and other influential people of the country. ».
  63. « In 1940 a secret warning was issued to German newspapers by Propaganda Minister. It blocked any further reports about expeditions to Tibet : ‘The Reich’s Leader of the SS requests there be no further reports on his expedition to Tibet, until he himself gives the go-sign. The chief task of the Tibet expedition is of a political and military nature, and hasn’t so much to do with the solution of scientific questions. Details may not be revealed.’ » (Hale 2003).
  64. Mutti 2005 : « pour Himmler il importait aussi d'établir le contact avec l'abbé Reting, devenu Régent du pays en 1934, un an aprÚs la mort du treiziÚme Dalaï-lama ».
  65. (en) Ren Yanshi, Nazi Author's Seven Years in Tibet (article initialement publié en mars 1998 dans Beijing Review), reproduit sur le site Embassy of the People's Republic of China in the State of Israel, 14 avril 2008 : « According to an article in the Austrian weekly Wochenpresse, the major task of an expedition Nazi Germany sent to Tibet in 1939 was to investigate the possibility of establishing the region as a base for attacking the British troops stationed in India. The expedition's second major assignment was to verify Heinrich Himmler's Nazi racial theory that a group of pure-blooded Aryans had settled in Tibet. ».
  66. (en) Karl E. Meyer, Nazi Trespassers in Tibet, The New York Times, 7 juillet 1997 : « SchÀfer's team filmed and measured Tibetans, but also prepared maps and surveyed passes for possible use of Tibet as a staging ground for guerrilla assaults on British India ».
  67. Edouard Conte et Cornelia Essner, La QuĂȘte de la race, Hachette, 1995, citĂ© in Charlie Buffet, PolĂ©mique autour du hĂ©ros du film de Jean-Jacques Annaud. Un nazi au Tibet. Heinrich Harrer, l'alpiniste autrichien incarnĂ© par Brad Pitt dans « Sept Ans au Tibet », fut un SS, non pas de circonstance, comme il s'en dĂ©fend, mais de conviction. EnquĂȘte, LibĂ©ration, 20 octobre 1997 : « À deux reprises, poursuit l'historien, la SS Ahnenerbe envoie des expĂ©ditions en Asie centrale. Objectif officiel : recherches botaniques. En rĂ©alitĂ©, il s'agit de trouver par des recherches anthropologiques, des descendants d'Aryens sur les hauts plateaux afghans, puis au Tibet ».
  68. Detlev Rose, op. cit. : « Une dĂ©marche rigoureusement scientifique. (...) Ainsi, par exemple, quand Bruno Beger a photographiĂ© et pris les mesures anthropomorphiques, crĂąnologiques et chirologiques, ainsi que les empreintes digitales, de sujets appartenant Ă  divers peuples du Sikkim ou du Tibet, quand il a examinĂ© leurs yeux et leurs cheveux, quand il a procĂ©dĂ© Ă  une quantitĂ© d’interviews, il a toujours agi en scientifique, en respectant les critĂšres mĂ©dicaux et biologiques de l’époque, appliquĂ©s Ă  l’anthropologie et Ă  la raciologie, sans jamais faire intervenir des considĂ©rations fumeuses ou des spĂ©culations farfelues. (...) Nous pouvons parfaitement Ă©tayer cela en nous rĂ©fĂ©rant Ă  un essai de Beger, sur l’imagerie raciale des TibĂ©tains, paru en 1944 dans la revue « Asienberichte ». Dans cet essai, Beger nous rĂ©vĂšle les connaissances scientifiques gagnĂ©es lors de l’expĂ©dition. D’aprĂšs le rĂ©sultat de ses recherches, les TibĂ©tains sont le produit d’un mĂ©lange entre diverses races de la grande race mongoloĂŻde (ou race centre-asiatique ou « sinide »). On peut certes repĂ©rer quelques rares Ă©lĂ©ments de races europoĂŻdes. Ce sont surtout celles-ci, Ă©crit Beger : « Haute stature, couplĂ©e Ă  un crĂąne long (ndt : dolichocĂ©phalie), Ă  un visage Ă©troit, avec retrait des maxillaires, avec nez plus proĂ©minent, plus droit ou lĂ©gĂšrement plus incurvĂ© avec dos plus Ă©levĂ© ; les cheveux sont lisses ; l’attitude et le maintien sont dominateurs, indice d’une forte conscience de soi » (21). Il explique la prĂ©sence de ces Ă©lĂ©ments europoĂŻdes, qu’il a dĂ©couverts, par des migrations et des mĂ©langes ; il Ă©voque ensuite plusieurs hypothĂšses possibles pour expliquer « les rapports culturels et interraciaux entre Ă©lĂ©ments mongoloĂŻdes et races europoĂŻdes, surtout celles prĂ©sentes au Proche-Orient ». Il a remarquĂ©, Ă  sa surprise, la prĂ©sence « de plusieurs personnes aux yeux bleus, des enfants aux cheveux blonds foncĂ©s et quelques types aux traits europoĂŻdes marquĂ©s » (ndt : cette prĂ©sence est sans doute due aux reflux des civilisations et royaumes indo-europĂ©ens d’Asie centrale et de culture bouddhiste aprĂšs les invasions turco-mongoles, quand les polities tokhariennes ont cessĂ© d’exister ; cette prĂ©sence est actuellement attestĂ©e par les recherches autour des fameuses momies du Tarim). Les remarques formulĂ©es par Beger s’inscrivent entiĂšrement dans le cadre de l’anthropologie de son Ă©poque ; son essai ne contient aucune de ces allusions ou conclusions « mythologiques », contraire aux critĂšres scientifiques ; Beger n’emploie jamais les vocables typiques de l’ùre nationale socialiste tels « Aryens », « nordique » ou « race supĂ©rieure » ou « race des seigneurs ». ».
  69. Detlev Rose, ARS MAGNA: LA SOCIETE THULE LĂ©gende, mythe et rĂ©alitĂ©, 2016 (ISBN 2912164869), p. 267 (Peter Mierau, Nationalsozialistische Expeditionspolitik: Deutsche Asien- Expeditionen, 1933–1945 (Munich: Herbert Utz, 2006)).
  70. Laurent Dispot, Le dalaĂŻ-lama et l’honneur nazi, LibĂ©ration, 6 mai 2008 : « En pleine guerre d'agression contre la Chine japonaise, il s'agit de conquĂ©rir Lhassa comme nƓud stratĂ©gique sur l'axe Berlin-Tokyo ».
  71. RĂ©ponse sur les liens entre le dalaĂŻ-lama et les nazis LibĂ©ration, 6 mai 2008, « Quoi qu'en dise Laurent Dispot, l'expĂ©dition SchĂ€fer fut scientifique et celle de Harrer, une expĂ©dition d'alpinisme. Peut-ĂȘtre l'auteur s'inspire-t-il de mythes propagĂ©s depuis les annĂ©es 90 par certains groupuscules nĂ©onazis, mythes que le gouvernement chinois aime Ă  relayer (Beijng Review mars 1998, «Nazi authors Seven Years in Tibet») ? Le texte de Dispot, comme tous les autres textes de cette sorte, relĂšve de la thĂ©orie du complot. ».
  72. (en) Ren Yanshi, Nazi Authors Seven Years in Tibet, Site Embassy of the People's Republic of China in the State of Israel, 2008-04-14 (publication initiale : Beijing Review, mars 1998).
  73. (en) Gary Wilson, It was no Shangri-La: Hollywood Hides Tibet's True History, December 4, 1997 issue of Workers World newspaper : « The German Nazis hoped to expand into Asia, particularly into India, Nepal and Tibet, leaving the penetration of China to their ally, imperialist Japan ».
  74. Serge Caillet, Bloc-notes d'un historien de l'occultisme.
  75. (en) Katia Buffetrille, note de lecture de McKay Alex (Ă©d.), Tibet and Her Neighbours: A History.
  76. Nico Hirtt, « Je veux une bonne école pour mon enfant » : « Nicot Hirtt est à la fois enseignant, syndicaliste et chercheur marxiste ».
  77. Nico Hirtt, Quand l'ordre religieux rĂ©gnait au Tibet, site de J.-C. Cabanel : « ...durant la Seconde Guerre mondiale, les autoritĂ©s locales tibĂ©taines, bien qu'officiellement neutres, ont objectivement soutenu l'axe Berlin-Tokyo en empĂȘchant l'approvisionnement des armĂ©es chinoises par la route, Ă  partir de l'Inde ».
  78. Michael Harris Goodman, Le Dernier DalaĂŻ-Lama ?, Éditeur Claire LumiĂšre, 1993 (ISBN 2905998261) : « Un mĂ©morandum adressĂ© par le DĂ©partement d'État des États-Unis Ă  l’ambassadeur amĂ©ricain Ă  Choungking adressĂ© le mĂȘme jour l’informait du refus tibĂ©tain d’autoriser l’approvisionnement en Chine prĂ©cisant que le gouvernement britannique Ă©tait prĂȘt Ă  sanctionner le Tibet Ă©conomiquement mais qu’il pensait que la rĂ©ticence tibĂ©taine provenait d’une crainte d’une invasion chinoise, il demanda Ă  son ambassadeur de suggĂ©rer aux Chinois de dĂ©clarer publiquement qu’ils respecteraient l’autonomie du Tibet ».
  79. Laird, Thomas, DalaĂŻ-Lama, Christophe Mercier, Une histoire du Tibet : Conversations avec le dalaĂŻ lama, Plon, 2007 (ISBN 2259198910). « Les TibĂ©tains redoutaient la construction, en temps de guerre, d’une route entre l’Inde et la Chine Ă  travers leur pays, de peur que la Chine ne s’en serve, aprĂšs la fin des hostilitĂ©s, pour envahir le Tibet ».
  80. Roland Barraux, Histoire des DalaĂŻ Lamas - Quatorze reflets sur le Lac des Visions, Éditions Albin Michel, 1993. RĂ©Ă©ditĂ© en 2002, Albin Michel (ISBN 2-226-13317-8).
  81. (en) United States Department of State, Foreign relations of the United States diplomatic papers, 1942. China (1942).
  82. Commission internationale de juristes, La question du Tibet et la primautĂ© du droit, GenĂšve, 1959, p. 103-104 (rĂ©fĂ©rence au MinistĂšre des affaires Ă©trangĂšres des États-Unis : Foreign Relations of the United States, 1942, China (Washington, 1956), p. 630).
  83. (en) Thomas Wieland, "Autarky and Lebensraum. The political agenda of academic plant breeding in Nazi Germany, Host, Journal of Science and Technology, vol. 3, automne 2009.
  84. « The Germans collected anything they could: thousands of artefacts, a huge number of plants and animals, including live specimens. Wienert took four sets of geomagnetic data. Krause studied Tibetan wasps. SchÀfer observed Tibetan rituals, including sky burials (he even bought some human skulls). And they took stills and film footage of local culture, including the spectacular New Year celebrations when tens of thousands of pilgrims descended upon Lhasa ». Brewis 2003
  85. Édouard Conte et Cornelia Essner, La QuĂȘte de la race, Hachette, 1995, citĂ© in Charlie Buffet, PolĂ©mique autour du hĂ©ros du film de Jean-Jacques Annaud. Un nazi au Tibet. Heinrich Harrer, l'alpiniste autrichien incarnĂ© par Brad Pitt dans Sept Ans au Tibet, fut un SS, non pas de circonstance, comme il s'en dĂ©fend, mais de conviction. EnquĂȘte, LibĂ©ration, .
  86. (en) « He gathered a huge amount of pointless information. [...] he recorded the measurements of 376 people and took casts of the heads, faces, hands and ears of 17 more, as well as fingerprints and hand prints from another 350. ». Brewis 2003
  87. « He was forced to pose as a medicine man to win the favour of the Tibetan aristocracy, dispensing drugs and tending to monks with sexually transmitted diseases in return for his research. ». Brewis 2003
  88. « SchĂ€fer (
) kept meticulous notes on the religious and cultural practices of the Tibetans, from their various colorful lamaistic festivals to Tibetan attitudes towards marriage, rape, menstruation, childbirth, homosexuality (and even masturbation). » Levenda 2002, p. 194.
  89. « [
] in his account of Tibetan homosexuality he goes so far as to describe the various positions taken by older lamas with younger boys and then proceeds to inform his audience how homosexuality played a significant role in the higher politics of Tibet. [
] There are pages of such careful observation of the local people engaged in a variety of intimate acts that would otherwise have been performed privately had it not been for the ever-present and watchful eyes of the Master Race. Happily, not all of SchĂ€fer's observations were of the sexual habits of the Lachung and other Himalayan peoples [
] » Levenda 2002, p. 194.
  90. (en) Alex McKay Introduction, in Tibet and Her Neighbours : A History, édition Hansjörg Mayer, Londres, 2003 (ISBN 3883757187), p. 16 : « Balance analysis of this mission has been hitherto unknown, but in the article by Isrun Engelhardt, drawing on German archives, the scientific nature of the mission is emphasised, and her research indicates that Nazi interests in the occult images by which Tibet has gained renown in the West have been much exaggerated. ».
  91. « Dr Isrun Engelhardt, has concluded that the SchĂ€fer Expedition was ‘purely scientific’. It is only because of the historical context of Germany in the 1930s, she argues, that we view its goals as somehow sinister. Engelhardt’s conclusions are based on meticulous and original scholarship. But while the idea of ‘Nazi botany’ or ‘Nazi ornithology’ is probably absurd, other sciences are not so innocent – and SchĂ€fer’s small expedition represented a cross-section of German science in the 1930s. And this has considerable significance. It is now conclusively established that under the Third Reich anthropology and medicine were cold-bloodedly exploited to support and enact a murderous creed. » (Hale 2003).
  92. Detlev Rose : « Le livre de Hale ne rĂ©siste pas, comme nous venons de le dĂ©montrer, Ă  une analyse critique sĂ©rieuse. Cette faiblesse s’avĂšre encore plus patente quand il s’agit d’analyser les thĂšses aberrantes de l’auteur, qui cherche Ă  expliquer l’avĂšnement du TroisiĂšme Reich par les effets directs ou indirects de toutes sortes de thĂšses et thĂ©ories occultistes ou conspirationnistes. », revue Deutschland in Geschichte und Gegenwart, no 3, 2006.
  93. « When Schaefer left Lhasa the Tibetan ruler gave him a letter to Hitler and one to Himmler. He does not recall the exact contents of these letters, but states that they were purely complimentary notes. He also received a present for Hitler consisting of a Lhama dress and a hunting dog » in The Activities of Dr. Ernst Schaefer.
  94. « In August 1939, the five men fled south to Calcutta taking with them 120 volumes of the Tibetan ‘Bible’, the Kangyur, hundreds of precious artefacts and assorted rare animals. At the mouth of the Hoogli River, they boarded a seaplane and began the long journey home – first to Baghdad, then to Berlin. [
] When their aircraft touched down at Tempelhof Airport an ecstatic Heinrich Himmler was waiting on the runway. For the ReichsfĂŒhrer, the ‘German Tibet Expedition’ had been a triumph. » (Hale 2003).
  95. « After his return from Tibet in August 1939, just shortly before the war, Schaefer had a meeting with Himmler. On this occasion Schaefer outlined his plans to launch another expedition in case of war to try to win the Tibetans to the German side. His plan was to fly to Tibet with only a few men and organize a resistance movement along the same lines as Lawrence had done during World War 1 » in The Activities of Dr. Ernst Schaefer.
  96. (en) Joseph Cummins, History's great untold stories, National Geographic, 2006, 367 p., p. 333 : « Wienert, Krause and Geer went back to civilian life and no more was heard of them. ».
  97. « The SS wanted racial classifications of its prisoners, so Beger was sent to Auschwitz to select interesting subjects (
). He made the familiar measurements of the living subjects. Soon after the measurements were taken, these people were gassed and pickled. The idea was to reduce them to skeletons for a large collection that could be systematically compared with the measurements taken from living bodies. As things turned out, the Ahnenerbe technicians at Strasbourg to whom the bodies were sent never got around to turning them into skeletons » (Reilly, Compte rendu
).
  98. Raoul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Fayard, 1988.
  99. « On returning from Tibet, he had been given his own institute, which he named after an anti-semitic Swedish explorer. The Sven Hedin Institute for Inner Asian Research opened in January 1943 ». Brewis 2003
  100. Explorateur suĂ©dois ayant voyagĂ© au Tibet en 1907; par des propos favorables Ă  l'Allemagne nazie il s'Ă©tait efforcĂ© de faire libĂ©rer des juifs dĂ©portĂ©s vers la mĂȘme Ă©poque, cf Sven Hedin.
  101. Victor Trimondi et Victoria Trimondi, Le film SS « Le secret du Tibet », Online Magazine, 2003.
  102. Engelhardt et al. 2007.
  103. (en) la description de l'ouvrage sur le site Serindia Publications : « With illuminating essays by Isrun Engelhardt, Bianca Horlemann, Clare Harris, Claudius MĂŒller, and original reports by the expedition’s Sikkimese interpreter Rapten Kazi, this volume provides insights into the expedition’s movitation, results, and the subjects it aimed to study. ».
  104. (en) Der New Tag du 21 juillet 1939, cité par Alan Baker, in Invisible Eagle. The History of Nazi Occultism, 2000 : « Dr Schafer was also able, for the first time, to bag a Schapi, a hitherto unknown wild goat. ».
  105. Ren Yanshi, op. cit. : « The Heinrich Harrer Museum in Harrer's home town is known to house numerous exhibits of suspicious origin. Beger confirmed that the exhibits were collected by the German expedition prior to 1939 ».
  106. Victor et Victoria Trimondi, « Le film SS Le secret du Tibet ».

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