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RĂ©volution chinoise de 1911

La rĂ©volution chinoise de 1911 ou rĂ©volution Xinhai (chinois simplifiĂ© : 蟛äș„é©ć‘œ ; chinois traditionnel : 蟛äș„é©ć‘œ ; pinyin : XÄ«nhĂ i GĂ©mĂŹng ; dĂ©signĂ©e ainsi du fait du systĂšme de datation du cycle sexagĂ©simal chinois) est une pĂ©riode de bouleversements sociaux et politiques de grande envergure en Chine qui aboutit au renversement de la dynastie des Qing aprĂšs 268 ans de rĂšgne (1644-1912). Cette rĂ©volution a lieu du , date du soulĂšvement de Wuchang, au , date de l'abdication de Puyi, dernier empereur de Chine. Le rĂ©gime impĂ©rial qui gouvernait la Chine depuis des millĂ©naires disparaĂźt, laissant place Ă  la rĂ©publique de Chine.

RĂ©volution Xinhai
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
La rue de Nankin à Shanghai, aprÚs le soulÚvement de la ville, pavoisée des drapeaux à cinq couleurs alors utilisés par les révolutionnaires de Shanghai et du nord de la Chine.
Date –
(4 mois et 2 jours)
Lieu Chine
Cause SoulĂšvement de Wuchang
Résultat Victoire des révolutionnaires
Abdication de l'empereur Puyi
Chute de la dynastie Qing et du régime impérial
Proclamation de la république.
Chronologie
10 octobre 1911 Début de la révolte à Wuchang
12 février 1912 Abdication de Puyi: Proclamation de la république.

Le gouvernement impérial tente de reprendre la main en instituant une série de réformes, notamment la suppression de l'examen impérial, qui bouleverse en profondeur l'organisation des élites chinoises. Mais l'administration apparaßt sclérosée et, surtout, dominée par l'ethnie mandchoue, minoritaire, à laquelle appartient la dynastie Qing. Le ressentiment d'une partie des Chinois hans, qui représentent l'ethnie majoritaire, va grandissant.

Mouvements révolutionnaires précurseurs

Sun Yat-sen avec les membres de la branche singapourienne du Tongmenghui.

À partir des annĂ©es 1890, divers mouvements nationalistes voient le jour : le Xingzhonghui (SociĂ©tĂ© pour le redressement de la Chine ou Association pour la renaissance de la Chine) fondĂ© Ă  Honolulu en 1894 par Sun Yat-sen, ou le Huaxinghui (SociĂ©tĂ© pour faire revivre la Chine), fondĂ© par Huang Xing. En Ă  Tokyo, divers membres des prĂ©cĂ©dentes organisations s'unissent pour fonder le Tongmenghui (littĂ©ralement « sociĂ©tĂ© de loyautĂ© unie », parfois traduit en « ligue jurĂ©e »). Le Tongmenghui axe son action sur trois principes dĂ©finis par Sun Yat-sen : le nationalisme (indĂ©pendance, lutte contre l'impĂ©rialisme Ă©tranger et la domination mandchoue), la dĂ©mocratie (Ă©tablissement d'une rĂ©publique) et le bien-ĂȘtre du peuple (droit Ă  la propriĂ©tĂ© de la terre Ă©gal pour tous). Entre 1895 et 1911, les diffĂ©rentes sociĂ©tĂ©s secrĂštes mĂšnent de nombreux soulĂšvements armĂ©s, qui Ă©chouent sans pour autant dĂ©courager les rĂ©volutionnaires[1].

Drapeau portant l'emblĂšme du Tongmenghui.

Ces mouvements insurrectionnels ne visent pas uniquement Ă  rĂ©former le pays mais Ă  changer l’ordre social et Ă  fonder une rĂ©publique, garantissant notamment les droits de la majoritĂ© han jusque-lĂ  dominĂ©e par la minoritĂ© mandchoue. Ces mouvements ont lieu dans le sud du pays oĂč existent beaucoup de sociĂ©tĂ©s secrĂštes, qui aident les rĂ©volutionnaires, ainsi qu'Ă  Hong Kong, un lieu de passage qui permet des contacts avec l’extĂ©rieur. L’échec de la tentative d'insurrection de Sun Yat-sen Ă  Canton le conduit Ă  s’exiler au Japon. Au cours des dix annĂ©es qui suivent, il cherche des soutiens financiers Ă  travers le monde. L'agitation rĂ©volutionnaire gagne les diasporas chinoises, notamment en Malaisie et aux États-Unis, oĂč des fonds sont collectĂ©s pour le Tongmenghui.

Préludes de la révolution

En 1905, des notables dĂ©cident de construire avec leurs propres fonds des voies de chemin de fer en Chine ; or, en , les autoritĂ©s impĂ©riales, sous l'impulsion du ministre Sheng Xuanhuai, dĂ©crĂštent la nationalisation des voies de chemin de fer, les puissances Ă©trangĂšres voyant d’un mauvais Ɠil l'influence du milieu des notables nationalistes. Les indemnitĂ©s proposĂ©es aux notables chinois leur paraissent insuffisantes : ils crĂ©ent des comitĂ©s de dĂ©fense, notamment au Sichuan. Une ligue pour la protection des chemins de fer est crĂ©Ă©e, mais ses manifestations entraĂźnent l'arrestation de ses dirigeants, suivie de manifestations pour rĂ©clamer la libĂ©ration de ces derniers. La rĂ©pression des manifestations cause plusieurs victimes, radicalisant la contestation. Les sympathies rĂ©volutionnaires gagnent la nouvelle armĂ©e du Hubei, un tiers environ de ses 15 000 hommes soutenant les rĂ©publicains. Le , la nomination du premier cabinet ministĂ©riel, dirigĂ© par le prince Yikuang (en) et composĂ© d'une forte majoritĂ© de Mandchous, est perçue comme une provocation. À cette forte tension politique s'ajoute le dĂ©sastre naturel causĂ© par la crue du Yang-TsĂ© en juillet, qui cause environ 100 000 victimes[2] sans que le gouvernement impĂ©rial apporte de rĂ©ponse Ă  la hauteur. Pour les Chinois, les catastrophes naturelles sont le signe que l'Empereur a perdu le mandat du ciel[3].

DĂ©but du soulĂšvement

Drapeau adopté par les insurgés lors du soulÚvement de Wuchang.

Dans une caserne de Wuchang — une composante de l'agglomĂ©ration de Wuhan —, le , des militaires de l'armĂ©e du Hubei s'insurgent et dĂ©clenchent un soulĂšvement armĂ©. Le gouvernement impĂ©rial tarde Ă  rĂ©agir et, dĂšs le lendemain, la ville est contrĂŽlĂ©e par les insurgĂ©s. Ils proclament la sĂ©cession de la province sous l'Ă©gide d'un gouvernement rĂ©publicain, dirigĂ© par le gĂ©nĂ©ral Li Yuanhong, qui appelle Ă  l'insurrection les autres provinces.

Insurrection générale

Plusieurs provinces chinoises proclament leur indĂ©pendance dans les semaines qui suivent : le , une troupe de rĂ©volutionnaires comptant des soldats de l'armĂ©e du Hubei marche sur Changsha et prend la ville, tuant le gouverneur du rĂ©gime Qing. Le mĂȘme jour, des membres du Tongmenghui lancent une insurrection Ă  Xi'an et achĂšvent de prendre le contrĂŽle de la ville le 23. Toujours le 23, le Tongmengui, menĂ© notamment par Lin Sen, emmĂšne un soulĂšvement des troupes du Jiangxi : un gouvernement militaire est proclamĂ© Ă  Jiujiang. Le 29, une insurrection armĂ©e, comptant Yan Xishan parmi ses reprĂ©sentants, Ă©clate Ă  Taiyuan : le gouverneur du Shanxi est tuĂ© et la province dĂ©clare Ă  son tour son indĂ©pendance. Le 30, aprĂšs la prise de Kunming, Cai E devient le chef du gouvernement militaire du Yunan. Le 31, Nanchang est prise Ă  son tour par le Tongmenghui.

La cour impĂ©riale rĂ©agit en nommant le le gĂ©nĂ©ral Yuan Shikai Ă  la tĂȘte du gouvernement. L'armĂ©e de Beiyang est envoyĂ©e pour affronter les insurgĂ©s. Au cours de la bataille de Yangxia, elle prend Hankou, un quartier de Wuhan. Mais dĂšs le , Yuan Shikai, ne croyant plus Ă  l'avenir de la dynastie Qing, dĂ©considĂ©rĂ©e depuis la guerre des Boxers et sans appui de l'Ă©tranger, entame des nĂ©gociations secrĂštes avec les rĂ©volutionnaires. Le , Huang Xing prend contact avec Yuan et lui propose la tĂȘte de l'État.

Le , l'insurrection Ă©clate Ă  Shanghai, le gouvernement militaire Ă©tant proclamĂ© dans la ville cinq jours plus tard. Le 4, la rĂ©volte gagne le Guizhou. Le 5, le gouverneur du Jiangsu, Cheng De, est amenĂ© par les insurgĂ©s Ă  dĂ©clarer l'indĂ©pendance de la province. Le 6, c'est le tour du Guangxi et le 9, celui du Fujian, oĂč le vice-roi Song Shou se suicide. Toujours le 9, l'indĂ©pendance du Guangdong est dĂ©clarĂ©e, Hu Hanmin prenant la tĂȘte du gouvernement de la province. À la fin novembre, le Sichuan tombe Ă  son tour. Le mĂȘme jour, Li Yuanhong tĂ©lĂ©graphie Ă  tous les gouverneurs insurgĂ©s pour leur proposer de tenir une confĂ©rence Ă  Wuchang et de fonder un nouveau gouvernement central. La confĂ©rence dĂ©bute le , les dĂ©lĂ©guĂ©s s'accordant finalement pour Ă©tablir un gouvernement provisoire. Le , les rĂ©volutionnaires prennent Nankin. Entre-temps, la Mongolie-ExtĂ©rieure profite de la situation pour dĂ©clarer son indĂ©pendance le , Ă©tablissant le khanat de Mongolie autonome : le Tibet expulsera Ă  son tour les autoritĂ©s chinoises en 1912, pour proclamer sa souverainetĂ© l'annĂ©e suivante.

Le , les troupes de Yuan Shikai s'accordent sur un cessez-le-feu avec les révolutionnaires et entament des négociations de paix.

Le 11, les dĂ©lĂ©guĂ©s de dix-sept provinces, venus de Shanghai et Hankou, se rĂ©unissent dans la ville et parlementent Ă  nouveau, s'accordant sur l'Ă©lection d'un prĂ©sident provisoire. Un nouveau drapeau national est choisi : certains rĂ©clament le choix du drapeau bleu Ă  soleil blanc, emblĂšme du Tongmenghui, mais le choix se porte finalement sur le drapeau Ă  cinq couleurs, symbole de l'union de toutes les ethnies chinoises, qui contrebalance la tonalitĂ© jusque-lĂ  anti-mandchoue de l'insurrection contre la dynastie Qing. Un compromis est adoptĂ©, le drapeau au ciel bleu Ă  soleil blanc devenant l'enseigne de vaisseau de la RĂ©publique. L'Ă©lection du prĂ©sident est repoussĂ©e, les insurgĂ©s apprenant que Yuan Shikai est prĂȘt Ă  les soutenir et dĂ©cidant d'attendre sa dĂ©cision.

Le , Sun Yat-sen, jusque-là en exil, arrive à Shanghai, certains révolutionnaires lui proposent d'assumer la présidence. L'élection a lieu le à Nankin, en présence de 45 délégués représentant 17 provinces. Recevant les suffrages de 16 provinces sur 17, Sun Yat-sen est élu président.

Proclamation de la RĂ©publique

Sun Yat-sen en 1912.

Le , Sun Yat-sen proclame la rĂ©publique de Chine, lui-mĂȘme assumant la charge de prĂ©sident provisoire. Nankin devient la capitale provisoire du pays. Sun se rend avec son cabinet sur la tombe de Yongle, empereur de la dynastie Ming et s'adressant Ă  ses ancĂȘtres han, dĂ©clare :

« La politique des Mandchous a Ă©tĂ© une politique extrĂȘmement tyrannique. MotivĂ©s par le dĂ©sir de soumettre perpĂ©tuellement les Chinois, les Mandchous ont gouvernĂ© le pays au plus grand dĂ©triment du peuple. La race chinoise, aujourd'hui, a enfin restaurĂ© le gouvernement du peuple de Chine
 Le peuple est venu ici pour informer Votre MajestĂ© de la victoire finale[4]. »

Plus tard, dans son discours inaugural comme premier président de la république de Chine, Sun Yat-sen annonce « l'unification des peuples han, mandchou, mongol, hui et tibétain »[5].

Abdication de l'Empereur

Acte d'abdication de l'Empereur Puyi.

Le gouvernement impérial ne contrÎle plus que le nord, essentiellement la Mandchourie et les provinces entourant Pékin. Apprenant la nomination de Sun Yat-sen comme président, Yuan Shikai interrompt ses négociations avec les révolutionnaires. Le 16, il échappe à un attentat à la bombe organisé par des militants du Tongmenghui qui le considÚrent finalement comme un ennemi. Yuan reprend alors contact avec les insurgés, les assurant de sa loyauté envers la République. Le , les révolutionnaires font parvenir à Yuan un télégramme réclamant l'abdication de l'Empereur. Sun Yat-sen annonce de son cÎté qu'il abandonnera la présidence à Yuan Shikai si ce dernier obtient l'abdication.

Yuan Shikai parlemente alors avec l'impératrice douairiÚre Longyu, lui expliquant ne pouvoir garantir la vie de la famille impériale en cas de refus : l'impératrice accepte de publier l'édit d'abdication, le gouvernement républicain s'engageant de son cÎté à permettre à Puyi, alors ùgé de six ans, de demeurer dans la Cité interdite, tout en percevant une pension et en continuant de bénéficier de ses serviteurs. Le , l'édit impérial annonçant l'abdication de Puyi est publié : une ligne précise que Yuan Shikai est mandaté pour diriger le gouvernement provisoire.

DĂ©buts difficiles de la RĂ©publique

Le Parlement provisoire accepte Yuan Shikai comme nouveau président. Le , Yuan succÚde officiellement à Sun Yat-sen, déplace à nouveau la capitale du pays à Pékin, et commence à recevoir la reconnaissance du nouveau régime par les pays étrangers. Le , le Tongmenghui et différents groupes nationalistes se dissolvent pour fonder ensemble le Kuomintang.

En , le nouveau parti remporte les premiÚres élections législatives libres : Song Jiaoren, un de ses principaux dirigeants, apparaßt favori pour devenir Premier ministre. Il est assassiné le , les soupçons se portent sur Yuan Shikai.

Au fur et à mesure que la décennie s'écoule, les perspectives pour le renouveau national sont de moins en moins encourageantes. La révolution Xinhai de 1911 ne réalise aucune de ses ambitions. Sa seule « réalisation » aura été le renversement de la dynastie mandchoue.

Les seigneurs du désordre

Dans les provinces, dĂšs le dĂ©but, les rĂ©formistes, comme ceux du Hunan, craignent que le gouvernement de Yuan Shikai ne s'avĂšre qu'une rĂ©plique de l'autocratie des Qing, prĂ©cĂ©demment servie. De fait, Yuan Shikai effectue bientĂŽt un coup d'État et Ă©tablit sa propre dictature militaire. En 1915, la Chine entre ainsi dans le bref Ă©pisode de la restauration impĂ©riale.

Notes et références

  1. Dr Sun & 1911 Revolution.
  2. Catastrophes naturelles et prévention des risques.
  3. Mandat céleste - la Chine.
  4. Thomas Laird, DalaĂŻ-Lama, Christophe Mercier, Une histoire du Tibet : Conversations avec le DalaĂŻ Lama, Plon, 2007 (ISBN 2-259-19891-0).
  5. China White Paper, Tibet:its Ownership and Human Rights Situation, texte du Conseil des affaires de l'État de la RĂ©publique populaire de Chine, septembre 1992, reproduit sur le site de Free Tibet Campaign.

Voir aussi

Bibliographie

  • (zh) ć•†ć‹™ć°æ›žé€šç·šè­Żæ‰€ç·š, é©ć‘œæ–‡ç‰˜æ“·èŠ, 䞊攷, ć•†ć‹™ć°æ›žé€š,‎ , 106 p. (OCLC 9003647)
  • Xavier PaulĂšs, La RĂ©publique de Chine, 1912-1949, Paris, Les Belles Lettres, 2019, chapitre 1

Articles connexes

Liens externes

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